Hello !
Alors, rien à voir avec les OS précédents, hein, c'est totalement indépendant du reste du recueil cette fois !
Pour la Nuit du FoF, sur le thème Armoire !
Bonne lecture.
Mon Narnia
J'ai vu Narnia quand j'avais six ans, je me souviens très bien. Quand ils arrivaient pour la première fois tous ensemble à Narnia, ils avaient de beaux manteaux de fourrures. La Reine Blanche était sublime, avec sa grande robe et son chocolat chaud et ses loukoums. Elle me faisait penser à ma mère.
Je suis sortie de la salle, je ne comprenais pas bien pourquoi ils n'étaient pas restés à Narnia. Quitte à vivre à une époque sans internet, autant vivre avec de jolies robes : voilà ce que je pensais. Je ne m'en souviens pas, mais on m'a raconté. Je n'avais pas mis les deux pieds dehors que j'ai crié « Papa ! Je veux une armoire magique ! », et il a été tout embêté. Il m'a offert l'armoire la plus belle, la plus chère qu'il ait pu trouver. Mais elle n'était pas magique. Alors j'ai exploré l'hôtel.
J'ai fait toutes les chambres vides, et toutes les pièces où je n'avais pas le droit d'aller. Et j'ai trouvé LA pièce. La pièce la plus interdite de toutes les pièces interdites de la maison.
Dedans, ça sent le cuir et le Chanel N°5. Ce n'est jamais humide, et il fait toujours bon. C'est une armoire, une armoire géante qui donnait sur mon Narnia. L'armoire de ma mère.
J'avais sept ans quand j'ai appris que ça s'appelait un dressing, quand c'était aussi grand, mais je préférais parler d'armoire, ça lui donnait des allures mystérieuses. Il y avait des robes de créateur à n'en plus finir, des dizaines des carrés Hermès collector, des malles de chez Vuitton, des tailleurs Chanel et plus de chaussures que je ne pouvais en essayer en une seule journée. Une armoire à trésors, une armoire magique.
Quand on entre dedans, on entre dans un autre monde, un monde où tout est beau, où les miroirs m'admirent et où le temps ne passe pas. Comme Narnia, vraiment.
L'été de mes huit ans, ma mère est partie en voyage à New-York et a oublié de revenir. Moi, je suis partie en voyage dans son armoire, et j'ai voulu y rester. Quand ils ont réussi à me faire revenir dans le monde réel, j'avais perdu douze kilos et je savais reconnaître des escarpins Dior au toucher. J'étais mince, enfin mince comme ma mère, et j'avais appris à me maquiller.
Mais dans le monde réel, Maman n'était plus là. J'ai volé une photo dans le bureau de mon père, et je l'ai collée à un miroir dans l'armoire magique. J'ai pris des lunettes de soleil mouche. J'ai commencé à mettre du parfum.
Peu importe si dans le monde des autres, Maman ne nous aime pas. Moi, j'ai mon Narnia, j'y vais et la photo de Maman me sourit, si, si, tu me souris, quand je franchis ce portail vers toi, et tu me dis « Tu es belle, ma fille », et je te dis que je sais, et tu me dis « Je suis fière de toi » et je te dis, tu sais, je ne serais personne sans une Maman aussi formidable.
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Voilà ?
Bon, bon, bon.
Souvent ici, j'ai écrit des OS où Chloé est très lucide sur sa propre condition, mais cette fois … j'arrive moins à parler de cette période d'illusion, mais j'aime bien essayer en tout cas. Bref.
A bientôt !
