Yo !

Cet OS reprend l'UA avec le rap, cette fois très court sur le thème Matamore.

Bonne lecture !

Sans moi

« Qu'on mette à mort les matamores, des fers aux bras des fiers-à-bras … Bras cassés, bras croisés, bras-dessus bras-dessous, bras de fer … Oui, bras de fer, fier-à-bras, c'est …

— DiDi, tu m'écoutes ?

— Hm ? Oh ! Pardon, Reina. Je suis désolée, qu'est-ce que tu disais ? »

Chloé croise les bras, hausse un sourcil mais ne se répète pas. Elle prend place à côté de Sabrina, qui referme le cahier sur lequel elle était en train d'écrire, mais son amie le lui prend immédiatement des mains.

« C'est quoi, ça ?

— C'est … c'est …

— C'est du rap ?

— Ou-oui. »

Chloé garde un moment le silence, lit les mots qui s'enchaînent parfois, s'alignent, se ressemblent ou riment.

« Tu continues ?

— Je –

— Sans moi ? »

Sabrina baisse les yeux. Les faux ongles de Chloé viennent pincer son menton, la forcer à relever la tête. Elle bafouille.

« Tu … tu avais dit que tu … ne voulais pas … je croyais … »

La fin de la phrase se retrouve avalée par un début de sanglot. La mine de Sabrina est honteuse, ses épaules voûtées et ses mains tendues.

« Tu croyais ?

— Je suis désolée. Je … Je ne vais pas en faire quoi que ce soit. C'est juste pour moi.

— Donc tu n'en feras rien ?

— Non.

— Tu ne vas pas retourner aux open mic sans moi ?

— Non. »

Chloé grimace. Elle trouve une page beaucoup plus noircie que les autres. On lit au centre « Ma Reina ». Beaucoup de rimes en a, des noms et des références que Chloé n'a pas de mal à capter, des compliments. Elle se souvient, petite, comme elle pensait que ça arriverait un jour. Qu'un poète lui écrirait une déclaration d'amour. Elle ne pensait pas que ce serait du rap. Elle ne pensait pas que ça viendrait de sa meilleure amie. Elle pensait, plutôt, que ce seraient les mots d'un admirateur secret, qu'elle les lirait avec un sourire un peu mesquin, et qu'elle les ferait lire en riant à Sabrina. Elle n'aurait pas imaginé, pas une seconde, que des mots puissent à ce point lui donner envie de pleurer de reconnaissance.

« Et pourquoi ?

— Euh …

— Pourquoi tu ne veux pas continuer les open mic ? C'est du gâchis.

— Quoi ?

— Tu as raison. Ce n'est pas une scène qu'il m'intéresse d'occuper. Ce n'est pas l'endroit où je veux briller.

— Je suis désolée.

— Arrête de t'excuser ! Tu deviens agaçante. Laisse-moi parler. Tu as des choses à dire, et tu sais les dire. Pourquoi y renoncer ?

— Je …

— Tu ?

— Je ne veux pas faire ça sans toi ! »

Chloé recule face à la soudaineté de la voix de Sabrina, et elle sait alors que sa meilleure amie ne peut pas mentir.

« Sans moi ? Qu'est-ce que tu racontes ?

— Tu as dit que tu ne voulais pas.

— Ha ! Ah, ça ! Si tu crois que je ne serai pas aux premières loges pour te voir mettre la râclée à des mal élevés, tu te fiche le doigt dans l'œil, ma pauvre.

— Tu viendrais me voir ?

— Qu'est-ce que tu crois ? Je sais bien, moi, je sais que tu serais perdue sans moi. »

.

.

.

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.

Voilà ?

C'est tout court, c'est la faute à ma Maman. C'est Freud qui l'a dit. Ne jetez pas de pierres, c'est une blague.

Bref.

A très vite !