Pour la première fois depuis qu'elle était ouverte, la boulangerie Kowalski connaissait une agitation qui n'était pas dûe à la clientèle. L'heure tardive indiquait déjà que cette dernière était fermée depuis un moment. Cependant, cela ne signifiait pas que la boulangerie était vide. Au contraire, ils étaient nombreux à naviguer entre les fours et les comptoirs, à déplacer des tables et des chaises.

Devant la boulangerie, un certain magizoologiste faisait les cents pas, récitant un texte en marmonnant. Il semblait nerveux. Plus qu'à l'ordinaire – et c'était peu dire. La nervosité n'était pas le seul vêtement qu'il avait revêtu, puisqu'il était étonnemment bien habillé. Il avait troqué son fidèle manteau contre une veste de costume noir qui semblait avoir été créée pour lui.

Il semblait alors évident que quelque chose sortant de l'ordinaire se préparait au sein de la boulangerie. Il était vrai qu'une scène semblable n'était pas commune. Si la nervosité du magizoologiste et l'ambiance mouvementée dans la boulangerie étaient de coutume, jamais quiconque n'avait eu l'honneur de voir un Norbert Dragonneau aussi élégant.

Alors qu'il repassait devant la porte de la boulangerie une énième fois, celle-ci s'ouvrit, le faisant sursauter. Son frère, qui venait d'apparaître, lui lança un regard étonné, visiblement amusé par sa réaction.

— Tout va bien ? demanda-t-il à son benjamin en s'approchant de lui.

— Oui, murmura le sorcier d'une voix tremblante.

— Nerveux ?

Il se contenta de baisser la tête, ce qui sembla être suffisant pour donner une réponse à son aîné – quoiqu'il n'en avait, en réalité, pas eu besoin. Il connaissait suffisamment bien son frère pour savoir qu'il était probablement sur le point d'exploser à cause du stress qui ne semblait pas vouloir diminuer en lui.

Thésée posa alors sa main sur l'épaule de son benjamin afin de le rassurer et murmura, le sourire aux lèvres :

— Tout va bien se passer. Tu n'as pas à t'en faire.

Norbert le gratifia d'un sourire, sans être tout à fait rassuré cependant. Son cœur battait encore trop fort et il avait chaud. Trop chaud.

La porte s'ouvrit brusquement, le faisant de nouveau sursauter, mais ce fut cette fois Jacob qui apparut, un air paniqué sur le visage. Il sembla légèrement soulagé de voir Norbert, mais sa voix était encore tremblante lorsqu'il lui demanda :

— Tu as les alliances ?

Pour toute réponse, Norbert sortit les alliances en question de l'une de ses poches avec un sourire maladroit. Le Moldu poussa un soupir de soulagement et le remercia avant de demander :

— Quand devraient arriver les filles ?

— Je crois que la mariée arrive en compagnie de sa demoiselle d'honneur d'en moins d'une heure, fit une voix derrière eux.

Jacob fut le premier à savoir de qui il s'agissait, son regard s'illuminant.

— Vous êtes venus !

Les deux frères se retournèrent et tombèrent nez à nez avec Eulalie, placée devant Nagini et Kama.

— Nous n'allions pas manquer un tel événement tout de même, répondit la professeure en allant enlacer le boulanger.

Thésée et Norbert saluèrent les nouveaux venus à leur tour, eux aussi heureux et surpris de constater qu'ils s'étaient déplacés pour l'occasion. La magizoologiste disparut bientôt dans la boulangerie, pendant que Jacob emmenait Nagini et Kama à sa suite, ne laissant plus que Thésée et Eulalie. Un silence s'installa pendant quelques secondes de trop, mais la professeur finit par le rompre, s'amusant :

— J'ai cru voir un peu de déception sur votre visage, lorsque vous nous avez reconnus, Monsieur Dragonneau. Vous attendiez-vous à voir quelqu'un d'autre ?

La réponse était oui, mais il ne pouvait pas l'admettre ainsi. Il ne tarda pas à lui donner une réponse, qui n'en était pas réellement une :

— Navré de vous avoir offensée. Ce n'était aucunement mon attention.

— Vous ne m'avez pas offensée, je vous assure, le rassura-t-elle avec un grand sourire, attendant une autre réponse qui ne sembla pas venir. Helena et Aysha viendront-elles ?

La question surpris le chef du bureau des Aurors qui resta silencieux pendant un instant avant de finalement expliquer :

— Helena est déjà présente depuis trois heures. Elle a aidé à tout aménager et décorer. Quant à Aysha… Personne n'a eu de ses nouvelles depuis des semaines. Depuis que Dumbledore nous a laissé partir le temps qu'il réfléchisse à quoi faire. Enfin, cela, vous le savez, puisque vous étiez chargée de l'aider.

— En effet, approuva la sorcière avec un sourire. Je m'étonne simplement de savoir que, vous aussi, vous n'avez pas eu de ses nouvelles.

— Comment ça, moi aussi ? s'étonna Thésée en fronçant les sourcils.

— Eh bien… commença Eulalie, Dumbledore a essayé de la contacter en vain et Helena n'a pas non plus réussi à la joindre. Je m'étais simplement dit que vous seriez le mieux placé pour avoir de ses nouvelles.

— Moi ?

— Oui, vous. Avais-je tort de penser ainsi ?

— Euh… Eh bien… balbutia Thésée qui cherchait ses mots, encore surpris d'avoir appris cela. Je ne sais pas si je suis le mieux placé pour avoir de ses nouvelles en réalité.

— Oh, je vois.

Il ne saura l'expliquer, mais il était certain d'avoir vu dans le regard de la professeure une lueur de malice. Mais il avait sûrement rêvé. Il se faisait sûrement des idées. Pourquoi était-il si nerveux soudainement ?

— Vous ne savez donc pas si elle viendra, reprit alors la sorcière face à lui, le sortant de ses pensées.

— Je suppose qu'elle nous fera l'honneur de sa présence. Et… je l'espère un peu aussi.

Cette remarque fit sourire Eulalie qui le couva d'un regard apaisant avant de reprendre, le rassurant :

— Je suis presque certaine qu'elle viendra. Elle ne manquerait un tel événement pour rien au monde.

— Vous savez, je ne suis pas sûr que les mariages fassent partie de ce qu'elle préfère dans la vie, murmura-t-il, affichant un sourire triste.

— Ce n'est pas parce qu'il s'agit d'un mariage qu'elle viendra, se reprit la jeune femme. Elle viendra parce qu'il vous réunit tous ensemble pour l'une des choses les plus heureuses que nous pouvons connaître en ces temps sombres. Ce que vous avez vécu, vous unit et vous rassemble. Alors, même si Aysha n'est pas le genre de personnes à se plaire aux mariages, je pense sincèrement qu'elle se plaira à venir à celui-ci.

Thésée était surpris de voir la sorcière parler ainsi d'Aysha, comme si elle la connaissait depuis longtemps, alors qu'elles ne s'étaient toutes deux rencontrées qu'il y a quelques semaines. Il finit cependant par murmurer :

— J'ose y croire.

La professeure lui adressa un dernier sourire avant d'entrer dans la boulangerie à son tour. Norbert ne tarda pas à réapparaître, l'air inquiet. Il se dirigea vers son frère et demanda :

— Ma veste n'est pas froissée derrière ?

— Non, elle ne l'est pas, s'amusa Thésée. Arrête de t'inquiéter. Tu es parfait.

— Ça, je ne vous le fais pas dire, Monsieur Dragonneau.

Les deux frères se tournèrent en même temps vers la source de la voix et furent surpris de voir cette personne face à eux. Elle leur souriait, le regard brillant, vêtue pour l'occasion dans une robe d'un léger vert pastel qui mettait en valeur ses yeux. Thésée ne pouvait détacher son regard alors qu'il ne pouvait s'empêcher de penser que son sourire était probablement le plus beau qu'il n'est jamais vu.

— Tu es magnifique, Aysha, murmura finalement Norbert en venant l'enlacer sans hésitation.

— Ouais, approuva Thésée alors que l'Occlumens se détachait du magizoologiste. Magnifique.

Aysha lui adressa un sourire malicieux, amusée – et touchée, aussi – par sa remarque. Elle fit un pas vers lui, mais l'ouverture brutale de la porte de la boulangerie les interrompit. Surprise, la Métamorphomage se retourna et vit apparaître Helena, légèrement décoiffée, qui s'écriait :

— Te voilà, enfin, toi ! J'allais finir par croire que tu ne viendrais pas.

— Je n'allais pas manquer le mariage de Queenie et Jacob, tout de même.

— Allez, viens m'aider à finir de tout préparer ! Et tu es splendide, chère sœur !

Amusée, Aysha secoua la tête, le sourire aux lèvres, et suivit son aînée à l'intérieur, jetant un dernier regard à Thésée, surpris d'une telle intervention.

— Tout va bien ? demanda Norbert en fixant son frère, l'air inquiet.

— C'est pour moi que tu t'inquiètes, maintenant ? railla gentiment Thésée en lui adressant un faux sourire, sans savoir lui-même pourquoi il n'arrivait pas à en afficher un sincère.

Les frères Dragonneau rejoignirent ensuite les autres pour les aider à finir de tout préparer. Ils devaient encore placer les derniers plats sur le buffet, récupérer des chaises laissées à l'abandon près d'un mur, répartir quelques bouquets de fleurs… et bien des choses qui ne devraient pas leur permettre de se montrer distraits. Et pourtant, occupé à empiler des assiettes et récupérer les couverts dont ils avaient besoin, Thésée ne cessaient de jeter de discrets coups d'œil à Aysha, ce qui, évidemment, ne passa pas inaperçu.

— Tu pourrais te concentrer sur les préparatifs plutôt que de fixer ma sœur, s'il te plaît ? lui intima Helena qui peinait à cacher son amusement derrière son air sévère.

Thésée détourna les yeux, gêné, et se remit au travail. Helena lui lança un regard suspiçieux avant de poser la pile de serviettes qu'elle avait dans les mains et de parvenir à se faufiler jusqu'à sa benjamine qui aidait Norbert à placer les différents mets sur la table prévu à cet effet. L'espace étant restreint – cela restait l'arrière-boutique d'une boulangerie tout de même –, elle manqua plusieurs fois de se prendre les pieds dans les chaises, mais parvint à atteindre sa sœur qui lui lança un regard étonné.

— Je peux te parler ? la questionna-t-elle alors.

Sans discuter, l'Occlumens posa les macarons et s'approcha de sa sœur qui s'était déplacée dans un coin de la pièce. Elle était intriguée par tout ce manège, ignorant totalement ce qu'elle pourrait bien vouloir lui dire. Elle ne tarda pas à le savoir, car, sans pincettes, Helena l'interrogea :

— Est-ce qu'on a loupé quelque chose entre Thésée et toi ?

Aysha parut surprise, ne s'y attendant visiblement pas, et mit du temps à lui répondre :

— Pas à ma connaissance… bredouilla-t-elle en fronçant les sourcils. Pourquoi ? Aurait-il dit quelque chose ?

— Non ! s'empressa de répondre son aînée avec un grand sourire. Je voulais juste… savoir. C'est le rôle d'une grande sœur, après tout, non ? Enfin… tu vois… m'assurer que tu vas bien… que tu es bien entourée… Tu vois ce que je veux dire.

— Euh… oui… marmonna l'Occlumens en levant un sourcil, profondément intriguée par l'attitude de sa sœur. Tu es sûre que ça va ? Tu es un peu bizarre.

— C'est juste… euh… l'émotion ! Oui ! s'exclama-t-elle exagérément. Je suis tellement heureuse de te revoir et tellement heureuse de pouvoir assister à ce mariage ! Pas toi ?

— Euh… si… Mais, je ne me mets pas dans cet état pour autant. Je continue à dire que tu agis bizarrement. Enfin… plus que d'habitude, je veux dire. Et j'espère que tu as conscience que lorsque que je dis que quelque chose est bizarre, c'est que ça l'est vraiment. Enfin, je suis un peu la spécialiste dans le domaine, je crois.

Helena leva un sourcil, ne sachant pas quoi répondre sur le moment. Un sourire se dessina sur ses lèvres, comme pour combler le silence qui s'était installé entre les deux sœurs avant de se décider à le rompre :

— Oui, je sais que je suis bizarre. Mais c'est de famille, alors, je n'y peux rien.

Amusée par sa remarque, Aysha la poussa gentiment en appuyant sur son épaule avec son poing. Ses lèvres aussi avaient laissé un sourire les étirer. Helena laissa échapper un léger rire avant de reprendre son sérieux et de lui faire remarquer :

— Nous devrions peut-être nous remettre au travail. Nous n'avons plus beaucoup de temps.

— Ouais, ma bizarre de sœur. Remets-toi au travail.

La sorcière, qui s'était déjà éloignée, se retourna pour lui tirer la langue. Sa benjamine leva les yeux au ciel, ne parvenant pas à arrêter de sourire, alors qu'elle retournait auprès de Norbert. Ce dernier venait de faire tomber le contenu d'une assiette de macarons, s'était abaissé pour les ramasser et avait cogné sa tête contre la table en se redressant.

— Euh… Norbert… hésita Aysha, partagée entre l'amusement et l'inquiétude. On a encore besoin de toi, ne te tue pas avant.

Le magizoologiste se frottait le crâne, à l'endroit du coup, mais son visage fit disparaître tout signe de douleur pour laisser sa place à un sourire léger. Sa nervosité pouvait cependant encore se lire à la manière dont il ne cessait de se balancer sur ses pieds. Aysha lui adressa un sourire rassurant et s'approcha davantage pour lui attraper le bras, au niveau du coude.

— Tout va bien se passer, murmura-t-elle sur un ton doux. Tu vas être parfait. Comme toujours. Il te suffira d'être toi-même.

— Je… Oui… Non… balbutia-t-il en laissant tomber ses bras le long de son corps. Je sais… C'est juste… que… je ne peux pas m'en empêcher…

Aysha le fixa un instant, une faible lueur apparaissant dans ses yeux. Il y avait, dans la manière dont elle l'observait, un sentiment d'affection plus grand qu'elle n'oserait elle-même l'avouer. Elle finit par lui attraper la main, consciente qu'il n'arriverait pas à se calmer dans tout le remue-ménage qui les entourait. Elle le tira ainsi en dehors de la boulangerie, lui permettant de retrouver son souffle et d'apaiser les battements de son cœur à l'air frais. Elle le laissa un instant se calmer avant de s'approcher de nouveau de lui et de s'amuser :

— On pourrait presque croire que tu es la personne qui va se marier.

La sorcière leva un instant les yeux au ciel, comme si elle réfléchissait, ses sourcils se fronçant, avant qu'elle n'ajoute, prenant un air innocent :

— Même s'il faut admettre que je serais la plus heureuse au monde si cela était le cas.

Norbert, à présent calme, lui adressa un sourire qu'elle lui rendit. Ce dernier s'agrandit lorsqu'elle aperçut quelque chose derrière le magizoologiste. Elle recula de quelques pas, laissant son ami dans l'incompréhension avant qu'il ne se retourne. Il sentit alors son cœur faire un bond. Queenie et Tina approchaient. Queenie était belle, mais Tina…

Tina était sublime.

Il ne pouvait décrocher son regard de la jeune femme qui avançait auprès de sa sœur. Il entendait son cœur battre si fort qu'il pourrait presque jurer que tout le monde dans la rue pouvait l'entendre.

Une fois à sa hauteur, la Legilimens salua le sorcier, un grand sourire sur les lèvres, et le remercia d'être venu, ce qui le poussa à détourner son regard de Tina pour le poser sur Queenie. Il la salua en retour, complimentant sa robe, et la laissa s'approcher d'Aysha à qui elle s'adressa :

— Merci à vous aussi d'être venue, Mademoiselle Wilson. Nous ignorions si vous auriez la possibilité de nous faire l'honneur de votre présence. Nous savions que vous étiez très occupée depuis que nous nous sommes quittés à Poudlard et il m'avait semblé que vous n'aviez pas été joignable non plus.

— Eh bien… il est vrai que j'étais assez occupée ces derniers jours. Mais jamais je n'aurais pu manquer un tel événement. Surtout que vous êtes sublime, Mademoiselle presque Kowalski. Votre robe vous va à merveilles.

Elle lui tendit la main et la Legilimens la prit, les larmes aux yeux.

— Nous devrions rentrer à l'intérieur, vous ne pensez pas ? lui proposa Aysha en jetant un regard discret au magizoologiste qui voulait sûrement dire toi, reste-la avec Tina.

— Bien sûr ! s'extasia Queenie qui n'avait visiblement pas besoin de lire dans les pensées pour comprendre ce que voulait réellement Aysha. Je vous suis.

Toutes deux adressèrent un sourire espiègle à Norbert et Tina avant de s'éloigner et d'entrer dans la boulangerie, les laissant seuls.

Le magizoologiste resta un instant silencieux, fixant le sol, avant de lever la tête vers l'Auror face à lui. Il ne put empêcher un immense sourire de s'étaler sur ses lèvres et ses yeux se mirent à briller. Tina sourit à son tour en repassant une – la – mèche de cheveux derrière son oreille.

— Tu… Tu es magnifique, finit par murmurer Norbert, sentant son cœur s'apaiser, comme si, maintenant que la jeune femme était avec lui, tout allait bien.

Tina parut enchantée par ce commentaire et répondit d'une petite voix :

— Tu n'es pas mal non plus.

Il émit un léger rire, imité par Tina. Finalement, cette dernière s'approcha et vint enlacer le magizoologiste qui parut surpris.

— Je suis heureuse de te voir, ajouta l'Auror en se détachant.

— Je suis des plus heureux aussi.

Tina rit. Un rire doux qui résonna un instant dans l'esprit de Norbert. Il la regardait, sans pouvoir décrocher ses yeux de cette femme qui envahissait ses pensées. Il la vit alors sortir quelque chose. Une rose blanche. Elle s'approcha et vint délicatement la placer au niveau de la poche poitrine de sa veste. Pickett sortit sa tête, surpris.

Cette fois, Norbert regardait les mains de la jeune femme qui accrochaient avec douceur la fleur.

— Parfait, murmura-t-elle en reculant. J'espère que Pickett n'y voit pas d'inconvénient.

— Je suis sûr que non.

Le Botruc afficha ce qui semblait être un sourire, comme pour appuyer la réponse du magizoologiste, mais cela passa inaperçu, alors il prit un air boudeur et alla se réfugier dans la poche.

Leurs regards ne pouvaient se détacher l'un de l'autre, comme si une force puissante les en empêchait. Tina, cependant, s'approcha de nouveau de l'homme et vint lui prendre la main. Ce contact enchanta grandement le magizoologiste qui se laissa tirer à l'intérieur de la boulangerie. Lorsque la porte se ferma derrière eux, Queenie et Jacob apparurent et s'approchèrent d'eux :

— On vous attendait. Il ne manque plus que vous.

Un large sourire se dessina sur les lèvres de la Legilimens, tandis que le boulanger regardait un instant les mains liées des deux sorciers, affichant un sourire fier. Il fit même un clin d'œil à Norbert qui baissa la tête, ne pouvant cacher son propre sourire. L'arrivée d'une autre personne le poussa cependant à se redresser et il vit apparaître son frère derrière le couple face à lui. Thésée se faufila jusqu'à lui, mais s'adressa d'abord à Tina :

— Je suis ravi de voir mon frère en si belle compagnie.

Qu'est-ce qu'ils pouvaient tous être des commères, se dit intérieurement Norbert, ses joues devenant aussi rouges que le coquelicot sur le bord de la route face à chez lui. Il se tourna vers Tina qui semble s'être empourprée autant que lui, mais tous deux n'eurent pas à donner de réponse, car Aysha choisit ce moment pour apparaître, s'écriant :

— Vous vous magnez ?! Je commence à avoir faim, alors si vous continuez à traîner, je ne peux pas vous garantir que le buffet restera intact.

Cette remarque en fit sourire plus d'un. Thésée se tourna vers l'Occlumens et s'approcha d'elle, le sourire aux lèvres, avant de lui lancer, sur un ton taquin :

— Espèce d'estomac sur pattes.

Prenant un air exagérément offusqué, Aysha le poussa gentiment, laissant un sourire gagner ses lèvres alors qu'elle répliquait :

— Espèce de… non… je n'ai pas envie de t'insulter. J'ai peur d'insulter l'insulte en faisant ça.

Thésée eut du mal à se retenir de rire, sincèrement amusé par sa réponse. Aysha lui adressa un sourire espiègle et se retourna rapidement, le fouettant volontairement avec sa chevelure. L'Auror resta debout, à la regarder s'éloigner, son sourire ne pouvant quitter ses lèvres, alors que Jacob et Queenie se décidaient à les suivre, rapidement suivis par Tina. Norbert vint alors se placer à côté de son frère et le fixa, amusé, pendant quelques secondes :

— Quoi ? le questionna alors Thésée, en posant son regard sur lui.

— Non, rien, répondit le magizoologiste en haussant les épaules, ayant du mal à masquer son sourire.

Il s'éloigna pour rejoindre les autres et Thésée ne tarda pas à faire de même, conscient qu'on allait l'attendre s'il restait comme un idiot debout dans la boulangerie.

Il arriva rapidement dans l'arrière-boutique, qui malgré sa petite taille avait réussi à accueillir six chaises et une table pour le buffet – visiblement l'une des choses qui intéressaient le plus Aysha. D'ailleurs, l'Auror se faufila pour aller s'asseoir entre Eulalie et Aysha qui jouait avec un morceau de sa robe. Tout le monde avait pris place. Tina et Norbert se postant debout près de Jacob et Queenie, ne pouvant s'empêcher de s'échanger des regards et des sourires. L'atmosphère était un mélange d'euphorie, d'angoisse et d'attente qui rendait difficile la possibilité de se détendre totalement.

Thésée jeta un regard à Aysha qui le remarqua et fronça les sourcils, ne semblant pas comprendre pourquoi il la regardait. Pour seule réponse, il lui adressa un sourire et se reconcentra sur ce qu'il se passait devant lui, même s'il préférait regarder la personne à sa droite. Réalisant ce qu'il venait de penser, il sentit ses joues virer au rouge et il fut ravi que personne ne le regardait à cet instant.

Jacob, un sourire niais collé sur le visage, ne pouvait détacher son regard de Queenie alors qu'il commençait à réciter ses vœux :

— Queenie… Chérie… Ça n'a pas toujours été facile entre nous. Il y a eu des hauts et des bas. On n'a pas toujours été d'accord. L'avenir sera, je l'espère, meilleur. On est sûr de rien quant à ce qui pourrait se passer. Mais, moi, je suis sûr d'une chose…

Son regard dériva sur Norbert qui ne put lui apporter aucun soutien tant il était lui-même stressé. Alors, il reprit :

— La première fois que je t'ai vue… j'ai été frappé par la personne que tu étais. Tu es une femme remarquable. Magnifique. Magique. Et je ne dis pas ça seulement, car tu es une sorcière évidemment. Je suis sûr que, peu importe ce qui nous arrivera, je ne cesserai jamais de t'aimer et de te protéger.

Il s'arrêta, observant la réaction de Queenie qui ne pouvait que sourire, les larmes aux yeux. Mais elle sembla retrouver rapidement ses moyens, car elle prit la parole, la voix tout de même tremblante à cause de l'émotion :

— Jacob… Trésor… Difficile de rivaliser avec ce que tu as dit. Je ne peux pas dire grand-chose de plus. Tu es un homme bon et pur. Plus que quiconque que je n'ai pu rencontré jusqu'ici. On a traversé tant d'épreuves et on en traversera encore. Ensemble. Pour toujours. À jamais.

Sa voix se brisa et Jacob en profita pour s'approcher et l'embrasser.

— C'est le mariage le plus étrange auquel j'ai pu assister, commenta alors Aysha. Enfin, c'est aussi le seul, mais, tout de même.

Thésée ne put pas réponse, car tout le monde autour d'eux commençaient à s'agiter pour aller féliciter les mariés, fêtant leur union. Tina et Norbert s'approchèrent l'un de l'autre et n'eurent pas besoin de mot pour se comprendre.

— Je suis vraiment heureux pour eux, murmura le magizoologiste.

Tina se contenta de hocher la tête avant de s'approcher davantage pour déposer ses lèvres sur celles du sorcier.

— Moi aussi, répondit-elle finalement après s'être écartée.

Norbert l'observa s'éloigner sans un mot, celle-ci rejoignant sa sœur et Eulalie. Il sursauta lorsque Jacob lui tapota l'épaule. Le sorcier se tourna vers lui et lui sourit :

— Félicitations pour votre mariage, dit-il en se grattant le crâne. Je suis vraiment heureux pour vous.

— Et nous le sommes pour Tina et toi.

Jacob jeta un coup d'œil à sa droite, son sourire s'agrandissant alors qu'il marmonnait.

— Et visiblement, ces deux commères aussi.

Norbert suivit le regard du boulanger et vit alors qu'Aysha et Thésée l'observaient, un immense sourire sur les lèvres, comme si deux parents venaient de voir leurs enfants faire leurs premiers pas.

— De vrais commères, marmonna Norbert, amusé, alors qu'ils détournaient les yeux.

L'expression d'Aysha changea alors qu'elle fixait à présent ses mains, posées sur ses jambes. Cela n'échappa pas à Thésée dont le visage laissa alors apparaître un air inquiet alors qu'il lui demandait :

— Tout va bien ?

Elle ne répondit pas tout de suite, tentant de lui adresser un nouveau sourire, mais celui-ci ressemblait davantage à une grimace.

— April aurait dû être là, finit-elle par murmurer. Elle n'est pas très mariages ou tout ce genre d'événements et ne serait sûrement venue que pour le buffet, mais… elle aurait dû être là. Ne serait-ce que pour se plaindre et se moquer de nous.

— Je sais… répondit Thésée sur un ton doux en venant lui attraper les mains.

Les yeux qu'elle posa alors sur lui accélérèrent les battements de son cœur, mais il dut s'efforcer de continuer :

— N'est-elle pas en partie avec nous, malgré tout ?

— Ça ne suffit pas. Depuis que Dumbledore nous a laissés partir, j'ai passé mes journées à essayer de trouver des preuves qui m'aideraient à leur faire comprendre qu'elle est toujours en vie. Mais je n'ai rien trouvé. Et je ne sais toujours pas comment je peux faire pour aller la chercher sans…

Elle s'arrêta, ce qui inquiéta le sorcier.

— Sans quoi ? l'interrogea-t-il.

— Sans m'infiltrer dans les rangs de Grindelwald.

Thésée ouvrit la bouche, surpris. Elle ne pouvait sérieusement pas penser à faire une telle chose ?

— Ce serait trop dangereux, finit-il par dire.

— Je sais. Mais, en attendant, c'est ma seule option.

Elle ne laissa pas le temps au sorcier de rétorquer quoi que ce soit, car elle se leva et sortit de la boulangerie. Thésée ne tarda pas à la suivre, la retrouvant à l'extérieur. Il la rejoignit et murmura :

— Aysha…

Mais il n'eut pas le temps de répondre. Tous deux venaient de remarquer qu'ils n'étaient pas seuls. Quelqu'un était assis sur le banc du trottoir d'en face. Ils s'échangèrent un regard étonné avant de s'approcher de l'homme qui les fixait. Aysha marmonna bientôt, sur un ton si tranchant qu'il était impossible de passer à côté de l'anthipathie qu'elle éprouvait envers cette personne :

— Dumbledore…

Le professeur leur adressa un regard navré qui leur parut sincère, mais qu'aucun d'eux ne voulait prendre en considération. Il finit par annoncer :

— Je suis sincèrement désolé de déranger un si bel événement. Mais nous avons un problème. Grindelwald est en train de gagner.