L'arrivée inopinée du professeur Dumbledore avait forcé tout le monde à sortir de l'ambiance de fête que cet heureux mariage avait installée. Ils avaient dû tout ranger en vitesse et n'avaient, pour certains, pas pris le temps de se changer pour attraper le premier bateau pouvant les accueillir et les mener vers l'Angleterre. Ils ne purent cependant prendre que celui qui partait le lendemain et prirent ainsi le temps de préparer mieux leurs affaires.
Albus avait filé avant eux, parvenant sûrement à prendre un bâteau avant qu'ils n'arrivent au port. Le professeur avait apparemment était rappelé en vitesse par le directeur de Poudlard, ce qui ne lui avait pas permis de les attendre.
La plupart avait passé la nuit à réfléchir à ce qu'il pouvait bien se passer, s'inquiétant trop pour fermer l'œil. Aysha, qui n'avait pas quitté sa robe, était parti à la quête d'informations, en compagnie de Norbert, ne prévenant que Jacob au moment de partir, si bien que le reste des camarades, rassemblés dans le petit appartement des sœurs Goldstein, attendaient, inquiets, leur retour.
Thésée, lui, ne pouvait s'empêcher de repenser à ce qu'Aysha lui avait dit. Au fait qu'elle pensait devoir nécessairement s'infiltrer dans les rangs de Grindelwald pour trouver April. Une peur immense lui comprimait le cœur et il n'arrivait pas à penser à autre chose, même lorsque Queenie, consciente de ce qui le tracassait, avait essayé de lui changer les idées. Mais l'absence d'Aysha et de son frère n'aidait guère. Trop de facteurs l'empêchaient de se détendre totalement.
Helena, quant à elle, guettait à la fenêtre, dans l'espoir d'apercevoir sa sœur, accompagnée du magizoologiste revenir au plus vite. Elle n'aimait pas la savoir dehors, en pleine nuit, alors que les dangers qui les entouraient restaient immenses.
Elle sursauta lorsqu'une main se posa sur son épaule et se retourna pour voir apparaître le visage de Tina. Celle-ci lui adressait un sourire rassurant, tout en lui tendant une tasse contenant du chocolat chaud. L'américaine n'avait elle aussi pas quitté la robe qu'elle avait enfilé pour le mariage de sa sœur, trop occupée à essayer de rassurer les autres et elle-même. Helena accepta la boisson et la remercia d'un sourire.
— Je suis sûre que tout ira bien, murmura Tina en s'appuyant contre le mur, près de la fenêtre. Aysha n'a pas à s'en faire et Norbert est avec elle, alors, je me rassure en me disant que s'ils avaient un problème, Aysha n'aurait aucun mal à le régler pour eux deux.
Ce ne fut qu'à la fin de sa phrase que des coups à la porte les firent sursauter. Queenie se dépêcha d'aller ouvrir, laissant entrer les deux disparus. Tina fut la première à aller enlacer Norbert, alors qu'Helena et Thésée s'approchaient d'Aysha.
— Bon sang, marmonna Helena. Ne repars plus comme ça, Aysha. Tu nous as fait peur.
Ne semblant pas prendre en considération le véritable danger auquel elle aurait pu être exposée, elle croisa les bras sur sa poitrine, ses lèvres s'étirant en un sourire amusé, et leva un sourcil alors qu'elle lui répondait :
— Pourquoi avez-vous eu peur ? Doutiez-vous que je puisse récolter quelques informations ?
— Nous ne doutions pas de toi, la reprit sa sœur. Mais les dangers dehors sont plus importants que tu ne sembles vouloir le croire. Les partisans de Grindelwald pourraient être partout, sans que nous ne puissions les voir. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose de mal, c'est tout.
— Helena… soupira l'Occlumens. Nous n'avons fait que nous renseigner. Enfin, du moins, essayer. Si Dumbledore sait quelque chose, personne d'autre n'est au courant. Nous sommes allés au… mince, comment ça s'appelle ? Norbert ?
Le magizoologiste, à présent en possession d'une tasse de chocolat chaud lui aussi, se tourna vers son amie, attendant qu'elle lui pose sa question :
— Comment s'appelle l'endroit où nous sommes allés ?
— Le Cochon Aveugle, lui répondit le sorcier.
— Ah, oui, voilà !
— Mais c'est le bar clandestin qui rassemblent énormément de criminels ! s'exclama soudain Jacob, ayant suivi leur conversation. Je me souviens, nous y sommes allés avec Norbert, Tina et Queenie pour chercher des informations qui pourraient nous aider à trouver la Demiguise de Norbert. On avait dû fuir en vitesse à cause de ce… mince… comme il s'appelait déjà…
— Gnarlak, répondit Tina, assise près de Norbert, le propriétaire du bar.
— C'est un gobelin, précisa Queenie, comme si l'information avait son importance.
— Tu es allée dans un bar clandestin rempli de criminels ! s'exclama alors Helena, comme si elle n'avait pas fait attention aux derniers commentaires de Jacob et des sœur Goldstein. Cela aurait pu être super dangereux !
— Mais, je ne suis pas sans défense, soupira Aysha en rejetant la main de sa sœur qui s'était posée sur avant-bras. Ce lieu est un vrai puits à informations. J'ai appris plein de choses, d'ailleurs, mais rien sur Grindelwald.
Thésée, qui n'avait pas dit un mot, mais qui était toujours posté devant Aysha, fronça les sourcils. Il se racla la gorge, soudainement intéressé, et demanda :
— Quel genre d'informations ?
L'Occlumens leva la tête vers lui, ne répondant pas tout de suite, et afficha un léger sourire qui se voulait moqueur :
— Eh bien… par exemple… j'ai appris qu'une dénommée Modestie Bellebosse aurait été retrouvée après une longue disparition suite à la mort de sa mère adoptive. Et, d'après ce que j'ai compris, elle est la petite sœur adoptive de Croyance. Heureusement, il paraît qu'elle va bien, mais qu'elle a dû être oubliettée, un truc du genre, même si je n'ai pas trop saisi pourquoi. Ah, et, aussi, certains ont apparemment lancé des paris sur le sort réservé à un dénommé Percival Graves qui était apparemment important au sein du MACUSA. La majorité pense qu'il est mort.
Tina baissa la tête, son cœur se serrant, alors qu'Aysha continuait :
— Gnarlak a aussi dit qu'il y avait des rumeurs selon lesquelles Séraphine Picquery, présidente du Congrès magique des États-Unis, serait entrée en contact avec Dumbledore. Mais, il n'a pas voulu en dire plus, sans que je ne lui donne quelque chose en échange. Comme je suis complétement fauchée et que le seul truc que Norbert avait qui l'intéressait était Pickett, nous sommes partis.
Sur ce, elle haussa les épaules, et alla attraper sa valise qu'elle avait pu poser près de la porte d'entrée avant de repartir avec Norbert. Alors que tout le monde retournait à ses occupations, Helena continuait de fixer sa benjamine, en train de fouiller dans ses affaires pour en sortir une sorte de plaid qu'elle rabattit sur ses épaules. Lorsqu'elle se redressa, leurs regards se croisèrent, mais Helena détourna rapidement le sien, allant s'asseoir dans le canapé, près de Kama qui somnolait.
— Bon, commença alors Queenie qui venait de réapparaître devant eux, comme nous devons passer la nuit ici, nous ferions mieux de dormir. Nous avons eu de la chance que Madame Esposito, la propriétaire, ne nous interpelle pas. En même temps, vu l'heure, elle doit sûrement dormir. Cependant, je ne suis pas sûre que nous pourrons trouver assez de place. Il y a bien le canapé et nos deux lits, mais nous n'avons rien d'autre.
— On s'organisera, ne vous inquiétez pas, Mademoiselle Goldstein, la rassura Nagini qui n'avait pas dit un mot depuis un long moment. Vous devriez être la première à aller vous coucher après la journée que vous avez passée. Et Jacob aussi. Moi… je… Je vais simplement attendre que le soleil se lève.
Tout le monde, même ceux qui la connaissaient depuis peu de temps, savait pourquoi elle ne souhaitait pas dormir ici et ne répondit rien, conscient qu'ils ne pourraient rien y faire et que, justement, il s'agissait sûrement de ce qu'ils pouvaient faire de mieux.
Finalement, Jacob et Queenie tombèrent rapidement dans un sommeil profond, ces derniers s'étant endormis, affalés sur la table de la salle à manger. Tina invita Eulalie à prendre son lit et Kama celui de Queenie alors qu'Helena s'était déjà laissée emportée par le sommeil, assise dans le canapé. Nagini, préféra s'asseoir, elle aussi, à la table à manger, mais s'occupa en gribouillant sur quelques parchemins.
Norbert et Tina, quant à eux s'assirent à terre, le magizoologiste regrettant d'avoir laissé sa valise à Poudlard, sachant qu'il n'avait pas le droit de la ramener à New York. Ils chuchotaient entre eux, ne tardant pas à s'assoupir à leur tour.
Aysha, assise sur le bout du canapé somnolait sans réellement dormir, alors que Thésée, assis sur le fauteuil, lisait un magazine, sans vraiment savoir de quoi il parlait, ne pouvant s'empêcher de jeter des coups d'œil furtifs à la sorcière, un sourire doux sur les lèvres.
L'Occlumens sembla se réveiller totalement au moment où Jacob laissa échapper un ronflement plutôt bruyant. Elle dut cligner des yeux plusieurs fois, luttant contre ce qu'il lui restait de sommeil. Elle rabattit de nouveau son plaid sur elle, combattant visiblement le froid.
— Tout va bien ? chuchota alors Thésée, signalant sa présence. Tu n'as pas quelque chose de plus chaud dans ta valise pour pouvoir te changer ?
— Si. Mais ma valise est en bazar et j'ai un peu la flemme de chercher.
Thésée eut du mal à contenir son rire et Aysha attrapa la première chose qu'elle vit – un coussin – pour le lancer sur lui. Il n'eut pas le temps de le réceptionner, se le prenant en pleine figure, ce qui amusa grandement la sorcière qui eut, à son tour, bien du mal à se retenir de rire.
Attrapant fermement le coussin et posant le magazine, l'homme se leva et lança un regard de défi à la jeune femme face à lui, celle-ci s'arrêtant de rire en comprenant ce qui allait arrivait.
— Thésée Dragonneau, vous n'avez pas intérêt, murmura-t-elle en levant un doigt, un sourire malicieux sur les lèvres.
— C'est toi qui a commencé, répondit-il en s'approchant d'un pas.
— Des gens dorment ici, marmonna Helena, visiblement pas totalement sortie de son sommeil.
Aysha dut se pincer les lèvres pour ne pas rire, mais le regard qu'elle échangea avec Thésée ne lui permit pas de se retenir plus longtemps. Elle plaça sa main devant sa bouche pour l'étouffer et Thésée en profita pour lui lancer le coussin.
L'Occlumens se leva alors, ayant arrêté de rire pour prendre un air sérieux. Le plaid tomba au sol, mais le froid lui importait peu à présent.
— Vous l'aurez cherché, Monsieur Dragonneau.
— Vous savez que vous n'êtes pas seuls, fit alors la voix de Nagini. Je n'ai pas vraiment envie de voir quoi que ce soit d'inapproprié.
Les joues de Thésée rosirent instantanément, alors qu'Aysha se chargeait de lui répondre :
— Je ne sais pas ce que vous vous imaginez, mais je ne vois pas ce qu'il y a d'inapproprié.
Nagini la fixa avec un regard éloquent pendant de longues secondes, avant de se replonger dans ses gribouillages. Aysha leva les yeux au ciel avant d'attraper son plaid et d'inviter Thésée à la suivre. Sans trop savoir à quoi s'attendre, le sorcier s'exécuta et se retrouva bientôt à s'asseoir par terre, à côté d'elle, appuyé contre le mur, non loin de Tina et Norbert.
L'Occlumens étala le plaid sur ses jambes et murmura :
— Tu m'as manqué, tu sais, pendant ces quelques semaines.
Thésée la fixa, surpris, avant de répondre, d'une petite voix :
— Toi aussi, tu m'as manqué.
— Ouais, c'est ça, railla la sorcière en lui poussant gentiment l'épaule. Je suis sûre que c'était des vacances pour toi de ne plus m'avoir sur le dos. Plus de baignade dans le lac tout habillé, plus d'intrusion dans tes pensées… Ouais, de vraies vacances.
Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, se remémorant ses souvenirs, qui n'avaient, étonnement, rien d'amer.
— Ouais, enfin, du coup, c'était un peu ennuyant de ne plus se faire enguirlander, répondit-t-il avec un immense sourire.
— Moooo, j'ai manqué à Thésée Dragonneau, s'amusa Aysha en tapotant la joue du sorcier. Je savais que tu ne pouvais pas te passer de moi.
Thésée leva les yeux un ciel, un large sourire sur les lèvres, avant de lui répondre :
— Prenez pas trop la grosse tête, Mademoiselle Wilson.
— Faut bien avoir une grosse tête pour faire entrer mon cerveau.
— Ah oui, j'avais oublié que le tien était totalement rempli d'air.
— T'es gonflé, fit mine de s'offusquer Aysha.
— Bah, non, du coup, c'est toi.
— J'étais sûre que tu allais la sortir. Vous êtes vraiment trop prévisible, Monsieur Dragonneau.
— Et toi, t'es gonflée.
Aysha lui donna un coup de pied et son visage se tordit en une grimace. Thésée attrapa alors le plaid et le jeta au visage d'Aysha qui, en le retirant, était totalement décoiffée.
— Jolie coupe, se moqua gentiment le sorcier.
L'Occlumens leva un sourcil et leva le bras pour passer sa main dans les cheveux du sorcier, celui-ci essayant de la repousser alors qu'elle le décoiffait avec un grand plaisir. Il finit par attraper son poignet et le tira vers le haut, ce qui rapprocha le corps de la jeune femme de lui.
Leurs visages étaient l'un en face de l'autre, si proches que leurs souffles se mêlaient. Les battements de leur cœur s'accélérèrent et leurs yeux ne semblaient pas vouloir se quitter. L'atmosphère semblait être devenue électrique alors qu'ils s'observaient sans vouloir rompre le contact visuel. Aucun d'eux n'osait bouger.
— Hum, hum, fit alors Nagini qui semblait toujours les voir de là où elle était assise.
Thésée lâcha le poignet d'Aysha, les joues rouges, tandis qu'elle se relevait, tenant fermement le plaid.
— Euh… je vais… balbutia-t-elle sans le regarder.
Elle ne termina pas sa phrase et s'éloigna pour aller rejoindre le canapé, laissant Thésée seul, toujours assis sur le sol. Il eut du mal à totalement revenir à lui, son cœur battant encore la chamade. Il fallait qu'il se calme. Sinon, il pourrait exploser. Il en était certain.
Cependant, intérieurement, il ne pouvait s'empêcher de maudir Nagini.
— Arrête de gesticuler comme ça, fit la voix d'Aysha qui observait Norbert se déplacer partout dans la pièce. Je peux savoir ce que tu fabriques ?
— Pickett me fait la tête et je ne sais pas où il est passé.
Tina s'approcha du sorcier et sourit, montrant quelque chose du doigt : le Botruc se pendait par les bras à une étagère. Le regardant avec amusement, il murmura :
— Coquin, va.
Il se dépêcha de l'attraper et ajouta :
— Désolé d'avoir dit que tu avais mauvaise mine.
— C'est bien, l'interrompit Aysha. Il a du caractère. Il ne se laisse pas faire.
— Tiens, intervint Thésée qui se trouvait à côté d'elle, ça me rappelle quelqu'un.
L'Occlumens lui lança un regard malicieux et leva la tête d'un air faussement boudeur. La porte s'ouvrit subitement, faisant sursauter Helena qui lisait Le Pacte de Sang de Sarah Davies et Jacob qui fit tomber l'objet qu'il tenait dans la main. Albus Dumbledore apparut alors et la Métamorphomage se tendit immédiatement, ce que ne manqua pas de remarquer son voisin, dont les doigts effleurement le dos de sa main pour la rassurer.
— Merci à vous d'être venus aussi vite malgré tout ce qui était normalement prévu.
— On ne pourrait rêver mieux qu'une intervention du célèbre Albus Dumbledore pendant l'heureux et mérité mariage de Queenie et Jacob Kowalski, railla Aysha. Surtout pour des nouvelles aussi merveilleuses que celles qu'il nous apporte.
Le professeur se tourna vers son ancienne élève, surpris d'un tel commentaire de sa part. Il savait que la jeune femme lui en voulait pour bien des choses et il ne pouvait pas dire qu'il ne méritait pas cette rancœur.
— Je m'en excuse de nouveau.
— Vous auriez au moins pu attendre le lendemain, non ? lui fit remarquer Helena qui avait posé son ouvrage à côté d'elle.
— Et risquer de ne pas vous avoir tous ensemble ? J'ai eu du mal à garder le contact avec certains d'entre vous. Y aller pendant ce mariage m'assurait de vous y trouver tous.
— Un plan ingénieux si ce n'est que vous avez gâché la meilleure chose de cette année, répliqua l'Occlumens.
— Tu faisais partie de ceux que je n'arrivais pas à contacter, Aysha, lui fit remarquer le professeur. Je suis navré, vraiment, mais si j'avais attendu la fin de ce mariage, je crains que je n'aurais pas pu te revoir.
— On se demande pourquoi.
— Revenons au sujet de notre venue, intervint Kama qui semblait perdre patience. Nous ne sommes pas là pour nous disputer ou dire qui est coupable de quoi. Je crois que ce qui nous attend est bien plus grave que cela.
Il y eut un silence qui fut bientôt rompu par le professeur :
— En effet. Grindelwald gagne de plus en plus de pouvoir et de partisans. Il joue avec les faiblesses de tout le monde afin de pouvoir les avoir dans ses rangs, pas par peur, mais par adoration. Et vous savez ce qui approche, non ? Je veux dire… L'élection qui aura bientôt lieu.
— Vous parlez de l'élection du nouveau chef de la Confédération magique internationale ? demanda alors Helena.
— Oui.
— D'accord, reprit Aysha. Mais je ne saisis pas bien le rapport. Grindelwald prévoit de s'y présenter ? Ce serait du suicide. Il est recherché et sa tête est mise à prix.
— Oui. Mais il gagne vraiment beaucoup de pouvoir et d'influence. Je crains qu'il ne parvienne à retourner les choses à son avantage pour y parvenir.
— Vous craignez ? répéta l'Occlumens. Si nous sommes là parce que vous craignez quelque chose qui n'arrivera que très peu probablement, j'aurais préféré rester aux États-Unis.
— Je sais que tu es en colère contre moi, mais ce n'est pas une raison pour rejeter à ce point tout ce que je dis, commença à s'énerver Dumbledore. Je ne vous aurais pas convoqués si je ne pensais pas cela important.
— Et, alors quoi ? On a un plan ? Parce que je veux bien m'embarquer encore dans votre aventure, mais je ne vais pas y aller à l'aveuglette.
— J'ai peut-être une idée, admit le professeur. Pour l'instant, je veux simplement que vous soyez informés, que vous récupériez toutes les forces dont vous aurez besoin et que vous m'accordiez un peu de temps avant de réunir tout ce dont j'ai besoin.
— De temps ? s'étonna Thésée. Je doute que Grindelwald attende qu'on se lance à sa poursuite. Si ce que vous dites est vrai, il faut agir vite.
— Oui. C'est vrai. Mais il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. On se souvient de ce qu'il s'est passé la dernière fois que nous sommes partis sans avoir de plan.
Tout le monde comprit qu'il parlait d'April ce qui provoqua un lourd silence. Aysha secoua la tête et se mit à fixer le sol ce que remarqua le professeur. Il l'interrogea alors :
— Tu as quelque chose à nous dire ?
L'Occlumens leva la tête, un sourire étrange étirant ses lèvres.
— Oui. Mais vous direz encore que je suis folle, alors, je préfère éviter.
— Oh non, marmonna Helena. Sérieusement, on en a déjà parlé. April est morte. Il faut que tu le comprennes et l'acceptes.
— Mais je ne veux pas le comprendre, ni l'accepter, répliqua sa sœur. Ce n'est pas parce qu'on la vue mourir devant nous qu'elle est vraiment morte.
Elle marqua une pause, semblant se rendre compte de ce qu'elle venait de dire, et reprit sous le regard désabusé de son aînée :
— Dit comme ça, ça paraît idiot. Mais, c'est vraiment ce que je pense.
— Elle est morte devant nous, Aysha. On l'a vue mourir. Grindelwald lui a lancé le sort de mort.
— Et pourquoi ont-ils pris son corps ? Qu'ont-ils à cacher ? Pourquoi Grindelwald nous a laissés partir après ça ? Vous ne trouvez donc pas ça étrange ?
— Il y a un tas de raisons qui pourraient l'avoir poussé à faire ça, répliqua Helena en s'approchant de la Métamorphomage. Tu te fais du mal. Je sais que c'est dur. April et toi, vous étiez vraiment proches. Il faut que tu acceptes qu'elle n'est plus parmi nous.
Aysha s'avança et son air énervé effraya quelque peu son aînée qui se mit à reculer.
— Je refuse de l'accepter.
Alors qu'Helena se retrouvait contre le mur, elle poussa un soupir et tendit le livre qu'elle lisait à sa sœur :
— Je ne veux pas participer à ta chute.
Aysha attrapa le livre, l'arrachant des mains de son actuelle propriétaire.
— C'est juste parce que vous refusez de voir autre chose que l'issue la plus logique et facile. Vous ne vous fiez qu'à ce que vous avez vu. Vous prétendez que ce que j'ai pu voir ou comprendre est faux. Vous prétendez que si je m'évertue à dire qu'elle est encore en vie c'est parce que je suis folle.
Alors que l'Occlumens pivotait sur ses talons, retournant près de Thésée qui ne pipait mot, son aînée reprenait :
— Ce n'est pas l'issue la plus logique et facile. C'est l'unique issue. Si tu refuses de croire en sa mort, c'est parce que tu refuses de la laisser partir. Comme papa, maman. Comme Rose. Comme ton mari. Comme Leta. Je ne suis pas idiote, Aysha. Mais toi, tu t'évertues à l'être.
— Helena, l'interrompit Thésée sur un ton dur. Tu te rends compte de ce que tu dis ?
— Oh, mais je t'en prie. Joue les hypocrites. Tu penses exactement comme moi tu es juste trop…
Elle s'arrêta.
— Trop quoi ? l'interrogea l'Auror.
— Trop rien, répondit-elle.
— Eh bien, le trop rien que je suis pense sérieusement qu'il faudrait un peu plus écouter ce que raconte Aysha.
Helena ouvrit la bouche en grand, profondément blessée et surprise par les propos de l'homme.
— L'encourager dans cette idée ne l'aidera pas, Thésée, finit-elle par reprendre. Ça ne lui fera que plus de mal.
— Combien de fois avons-nous refusé d'écouter Aysha parce que nous pensions que ce qu'elle disait était impossible et complètement fou ? Combien de fois nous sommes-nous retrouvés face à l'évidence que nous étions en faute ? Nous. Pas Aysha.
— Je veux bien croire qu'on a fait des erreurs, mais April est morte. Lui donner des espoirs quant à sa survie c'est lui faire plus de mal encore.
— Lui répéter que ce qu'elle dit et fou, c'est lui faire du mal, répliqua le sorcier.
Un silence s'installa alors, tandis qu'Helena et Thésée se foudroyaient du regard. Norbert fixait son frère avec étonnement, ne sachant trop quoi penser de ce qu'ils venaient de dire. Tina, elle, regardait Aysha dont le regard était totalement vide et posé sur le professeur Dumbledore. Ce dernier, d'ailleurs, semblait profondément perdu et blessé par la tournure de la discussion. Il était vrai que parler aussi ouvertement et sans pincette de la fille qu'il avait recueillie et qui était prétendue morte pouvait être douloureux.
— Helena, Thésée, fit alors l'Auror américaine. Je ne pense pas qu'il ne soit nécessaire de se déchirer ainsi. Peut-être devrions-nous en discuter plus calmement en acceptant d'envisager toutes les options.
L'aînée des Wilson sembla prise au dépourvu, tandis que Thésée reculait pour revenir à sa place, près d'Aysha. Celle-ci ne put masquer un sourire, tandis qu'il baissait la tête.
— Merci, Mademoiselle Goldstein, reprit alors le professeur Dumbledore d'un air perdu. Je pense qu'il faut sérieusement qu'on retrouve notre calme. Tous. Helena, je ne crois pas me tromper en disant que ta sœur et toi êtes censées recevoir Sofia Taylor bientôt. Si vous n'avez pas oublié.
— Évidemment que nous n'avons pas oublié, marmonna l'aînée.
— Il faut vraiment que ces tensions cessent, sinon, partir en mission contre Grindelwald sera encore plus compliqué, car vous verrez en vos alliés des ennemis.
Son regard se posa un instant sur Aysha avant qu'il ne continue :
— Avant de vous laisser partir, je voulais vous prévenir que quelqu'un nous vient du MACUSA pour nous aider. Il a une mission un peu différente qui constitue à trouver le vrai Percival Graves – même s'il est prétendu mort par beaucoup.
Aysha fronça les sourcils, se souvenant d'avoir entendu parler de Percival Graves au Cochon Aveugle. Dumbledore fit alors aller sa baguette et la porte s'ouvrit sur un homme, encore assez jeune, qui se tenait droit comme un i, mais qui arborait un timide sourire gêné. Il entra dans la pièce et Jacob sentit les doigts de Queenie serrer davantage les siens. Il ne comprit que lorsque Tina s'avança d'un pas et s'étonna :
— Achilles ?
