Avertissement pour les délicats : usage de langage ordurier et non-con... Rien d'explicite mais NON-CON !
Vous avez été prévenus...
Lorsque Loki ouvrit les yeux, la femme de chambre occupée à arranger ses couvertures poussa un cri à interrompre le festin des guerriers au Valhalla. Deux minutes plus tard, tout le palais racontait que le prince volé s'était réveillé et mis à parler.
Mengloth se hâta de faire culbuter Thor de son nuage lorsque celui-ci accourut au chevet de son frère.
« La vie, c'est pas comme dans tes sagas de tueurs, le boucher ! Il a ouvert les yeux, d'accord. Maintenant, c'est minimum un mois avant qu'il puisse chier tout seul. »
Sur ce, le guérisseur s'était mis à marmotter d'un air furieux. Angrboda eut un ricanement et s'adressa au prince et au Trio Palatin tout juste arrivé.
« Le vieux croûton déteste les gens bien portants, ils se laissent moins torturer ! Et il déteste encore plus qu'on aille à l'encontre de ses prévisions, ça le fait se sentir bête. »
« Pourquoi conserver un guérisseur si peu amène ? » interrogea Fandral, vaguement intimidé par la brute bleue qui lui souriait de tous ses crocs.
« Parce que le Chien de la Mort a si peur de lui qu'il n'approche jamais ses malades » déclara fièrement le jotunn. « Quand le serviteur du roi remplit son travail, le roi ne le renvoie pas dans son village, il le garde auprès de lui. »
« Pourquoi est-il ici, alors ? » voulut savoir Hogun.
« Mengloth veille sur la famille royale. Son Altesse Laufeyson est membre de la famille royale » répondit Angrboda du ton de qui s'adresse à un demeuré.
Il fallut concéder que le Géant n'avait pas tort, et la discussion s'était close sur ces mots.
Thor n'avait jamais été du genre patient. Plutôt le genre fonceur. Curieusement, il se sentait tout à fait disposé à attendre plus d'un mois pour la guérison de Loki.
Sans doute parce qu'une fois son frère remis d'aplomb, il devrait avouer ce qu'il lui avait infligé.
Hélas, les Nornes semblaient prendre plaisir à le tourmenter.
(peut-être parce que tu le mérites)
Lorsqu'il se rendit à la chambre de son cadet, deux semaines après l'évènement, le jotunn au collier de pierres noires et son congénère mal dégrossi montaient la garde près de la porte.
« Tu viens de manquer une belle tragédie » commenta celui au collier, occupé à curer ses griffes noires à l'aide d'une petite pointe de glace. « L'Agent du Mal vient de passer expliquer la situation qui s'est établi pendant que son Altesse était, ah… indisposée. »
Ce disant, il louchait sur l'Ase blond avec un sourire narquois que Thor aurait voulu faire disparaître à l'aide de Mjollnir.
« Qu'est-ce qu'il lui a dit ? »
Le mal dégrossi haussa les épaules.
« L'essentiel. Que vous étiez mariés. »
Oh, bonheur. Le tempétueux sentit sa bouche s'assécher instantanément. Bon, et bien, inutile de prolonger le supplice. Plus tôt il affronterait la bête, mieux cela vaudrait. Loki avait tendance à entasser pierre sur pierre de rancune, et l'explosion n'était jamais belle à admirer quand il finissait par craquer.
Il entra. Contrairement à toutes les fois précédentes au cours des derniers mois, la silhouette de Loki était complètement dissimulée sous les couvertures vertes de son lit. Réflexion faite, ça valait sans doute mieux. Le dieu du tonnerre n'était pas sûr de pouvoir regarder son cadet dans les yeux.
« Alors. »
La voix de Loki était beaucoup plus rauque que d'habitude, sans doute en raison de sa longue léthargie. Quoique, les jotunns (jötnar Thor c'est ça le pluriel correct) semblaient tous se gargariser avec des cailloux… était-ce simplement une de leurs caractéristiques naturelles ?
« Alors quoi ? » répondit l'Ase.
« Tu veux dire que tu n'es pas venu grimper ta putain jotunn ? » jeta Loki, crachant hargneusement les mots comme autant de projectiles hérissés de barbelés venimeux. « Qu'est-ce que tu attends ? Que je m'étale sur le ventre pour être pris par le cul ? Que je te suce la queue ? »
Thor n'aurait pas su dire ce qui l'horrifiait le plus : que son cadet si bien élevé ait recours à un langage ordurier ou qu'il l'accuse de semblables idées de dépravé.
« Loki » dit-il après s'être ressaisi. « Je ne te toucherais pas. »
Un rire étranglé s'échappa de sous les draps.
« Tu ne t'es pourtant pas gêné, quand je dormais. C'est comme ça que tu les préfères, Thor ? Quand elles ne couinent pas ? Quand elles sont sans défense ? »
« Je n'avais pas le choix » tenta de protester le prince blond. « Tu étais malade, tu ne te serais jamais réveillé… »
« Tu n'avais qu'à ME LAISSER CREVER ! »
Thor recula d'un pas comme si son interlocuteur venait de le gifler physiquement.
« Tu ne peux pas penser ça. »
A nouveau, un rire étranglé.
« Pourquoi non ? Je préfère encore être un monstre mort qu'un monstre que le roi grimpe selon son bon plaisir. »
« Comment oses-tu te traiter de monstre ? » protesta le tempétueux. « Tu es tout excepté ceci. »
« Vraiment ? »
Sans prévenir, les couvertures furent rejetées sèchement, exposant le haut du corps de Loki.
Thor avait toujours fermé les yeux à chaque fois qu'il avait humilié son petit frère, incapable de le regarder tandis qu'il lui infligeait l'outrage. Regarder le corps dans lequel son cadet serait désormais piégé était au-dessus de ses forces.
Il vit deux yeux rougeoyants enchâssés dans un visage scarifié jeter des éclats rubis avant de se détourner, trop honteux pour soutenir ce regard étranger.
« Tu vois » commenta Loki, le ton brusquement las. « Disparais, Thor. Laisse-moi en paix. »
L'Ase n'avait encore jamais exécuté commandement avec autant d'abandon.
Loki savait qu'il n'aurait pas dû se réveiller. Il savait que c'était un cauchemar qui l'attendrait lorsqu'il reprendrait conscience, mais il en ignorait l'étendue.
A présent, il savait.
Il aurait de loin préféré demeurer le second prince d'Asgard, l'érudit dont se moquait tous les guerriers, incapable de rivaliser avec son si parfait frère aîné, se cachant derrière ses mots et ses tours de magie plutôt que d'aller étriper les gens quand l'envie lui en prenait. A la place, il était devenu un monstre rabougri, infirme et tout juste bon à mouiller le dard du futur roi.
Il en aurait pleuré.
(mais peut-être que tu ne mérites pas mieux)
Il serra les dents lorsqu'il entendit grincer la porte. Voici qu'était venue l'heure de son abaissement.
Il aurait pu étrangler le guérisseur quand celui-ci lui avait annoncé que son frère l'avait grimpé tous les jours de son coma et continuerait à le grimper chaque soir jusqu'à ce qu'il ait récupéré assez de forces pour se tenir debout et marcher. A peine capable de gigoter pathétiquement, il s'en était abstenu.
Il ferma les yeux de toutes ses forces lorsqu'il sentit le matelas plier sous un poids nouveau. Un soupir s'échappa dans l'obscurité de la pièce.
« Loki… »
« Finis-en » cracha Loki, luttant pour empêcher sa voix de se briser.
Un second soupir se fit entendre avant que les draps ne glissent du corps qu'ils dissimulaient, le dévoilant dans toute sa hideuse nudité. Il faillit sursauter quand deux mains brûlantes lui écartèrent les cuisses.
(finis-en finis-en finis-en)
Loki tenta de reprendre le contrôle de sa respiration alors qu'il percevait le contact chaud sur une partie de son entrejambe dont il n'avait jamais soupçonné ou désiré l'existence – s'efforçant de ne pas penser au fait qu'il allait être monté comme une pucelle le soir de ses noces et pas en douceur connaissant Thor, et quelle raison avait celui-ci de se retenir avec un Géant des Glaces, une bête n'avait pas droit de supplier et d'implorer grâce…
(pitié)
Et puis une lance chauffée à blanc s'enfonça dans ses entrailles. Loki se raidit et tenta de s'arc-bouter contre le matelas mais rien à faire, Thor avait toujours été plus lourd que lui, toujours plus fort et ses coups faisaient toujours plus mal que ceux des autres et Loki ne pouvait plus penser à rien d'autre qu'à l'incandescence qui lui fouaillait les entrailles.
Un pleur parvint à franchir le barrage pourtant scellé de ses lèvres tandis que la brûlure commençait sa métamorphose, commençait à devenir agréable, et il ne voulait pas aimer ça, il ne pouvait pas, comment pouvait-il s'accrocher à sa colère et à sa haine s'il aimait ça comme une garce prise à l'improviste par le premier qui passe, comment pouvait-il réclamer justice pour le tort infligé s'il jouissait d'être violenté ?
Mais la flamme lui embrasa le ventre, lui remonta la poitrine, lui durcit les mamelons, lui incendia la gorge et colora en écarlate le rideau noir de ses paupières, et lorsque Thor se retira, Loki versait des larmes presque fumantes, assommé de plaisir, de remords et d'horreur.
