Il ne savait même pas pourquoi il se mettait dans un état pareil.
Ce n'était pas vraiment de la colère qu'il ressentait – plus tellement. Après tout, Malekith et ses damnés serviteurs étaient partis rejoindre les Ténèbres éternelles (puisse le Niddhogg les mâcher et remâcher jusqu'à l'avènement de Ragnarök et au-delà) et c'était un peu stupide d'en vouloir à un mort, puisque la rancœur d'un vivant ne lui ferait ni chaud ni froid.
Ce n'était pas non plus de la tristesse. Quand on était triste, on pleurait, on se tordait les mains, on poussait des imprécations à faire rougir les Nornes. On ne restait pas planté là bras ballants.
Loki ne savait pas ce qu'il ressentait, et ça l'irritait. Ça l'inquiétait un peu aussi – quand vous ignorez telle instruction ou telle précaution, ça a une fâcheuse tendance à vous sauter à la figure. Parfois littéralement.
Mais il avait beau s'interroger, se sonder mentalement, son introspection ne le menait nulle part. Il ne savait pas pourquoi la mort de la brute bleue – Angrboda – le secouait à ce point. Pourquoi il ne parvenait pas à arrêter d'y penser.
Pour une fois, il se sentait bizarrement reconnaissant envers Jormungard de faire du bruit et de réclamer que le monde tourne autour de sa diminutive personne. Au moins était-ce une façon de se changer les idées.
