Pour une fois, Loki se sent contrarié et assez anxieux de voir partir Thor.

Tout ça, c'est la faute des circonstances : peut-être que son portfolio de divinité ne lui accorde pas le don de voyance, mais le menteur sait néanmoins lire le vent afin de déterminer dans quelle direction soufflera celui-ci. Et le vent qui se lève actuellement annonce une saleté de tornade à l'horizon.

Tout bourrin qu'il soit, le Tempétueux dispose d'une force absolument monstrueuse, le genre que vous êtes content d'avoir de votre côté et que vous ne voulez vraiment pas voir jouer dans l'équipe d'en face. Se voir privé de cette bouée de survie, n'importe qui se sentirait beaucoup plus vulnérable.

Hélas, Thor avait offert un bon argument, bien raisonné (mine de rien, c'est qu'il est en train de mûrir, le brave) : comme quoi, la situation était encore tenable, et tant qu'il reste encore moyen de la conserver tenable, mieux vaut la maintenir activement plutôt que d'attendre que la catastrophe éclate et fasse boule de neige qui se termine en avalanche.

Le Tempétueux était donc parti, et Loki était resté derrière à se ronger les sangs. Contrairement à ce que prêchait Volstagg ainsi que la coutume midgardienne, ça ne le poussait pas à grignoter – en fait, il aurait pu jurer qu'il maigrissait encore plus qu'avant. Tout ce stress, ça lui brûlait des ressources.

Bien sûr, ni Frigga ni le guérisseur jotunn n'étaient contents de lui. Mais qu'est-ce qu'il était supposé faire, si ce n'est attendre que la situation se résolve d'elle-même ? Leur irritation ne faisait que lui couper encore plus l'appétit. Si ça, ce n'était pas du cercle vicieux…

Il lui faudrait prendre son mal en patience, lui qui détestait ça. Les Nornes avaient réellement une dent contre lui – non, à ce stade, c'était toute leur dentition.