Nilfheim est étriquée. Bon, Hela est probablement partiale, vu qu'il s'agit de sa prison – non, sa cage, car n'est-elle pas une bête enragée à parquer dans un coin ? Même par une guerrière digne d'une exécution en bonne et due forme.

Du moins est-ce l'opinion de ce traître qu'elle appelait autrefois son père. Mais qu'en a-t-elle encore à faire, de son avis ? Bientôt, ça n'aura guère plus d'importance.

Bientôt, il sera mort, et ses sortilèges avec lui, et elle sera libre.

Ça commence comme un souffle – un râle d'agonisant, quelque chose qui fait frissonner les éternelles brumes de la planète déserte et morne.

Et puis, les sortilèges commencent à ployer, à se déformer sous le poids de son pur pouvoir – le pouvoir du sang royal d'Asgard, de la première-née du Roi – la cage d'envoûtements gémissant et recrachant la force de sa prisonnière, d'abord par hoquets miséreux, puis en torrents de plus en plus virulents.

Puis la digue se rompt, les flots se déchaînent, emportant les restes de l'infrastructure entière, et Hel Odinsdottir prend son premier souffle sans laisse autour de son cou depuis des millénaires.

Si seulement elle pouvait tuer l'auteur de ses jours de ses propres mains, ce serait parfait pour parachever cette journée, mais hélas, il a eu l'outrecuidance de lier sa force vitale à la prison elle-même.

Néanmoins, elle peut toujours dépister un écho de lui – un écho de la lignée royale – il a eu un autre enfant – plusieurs autres, peut-être.

Elle était donc remplaçable ?

Hela croyait n'avoir plus de larmes à verser. Elle ne pleure pas, mais à l'intérieur de sa poitrine, quelque chose de glacé, inerte et délaissé se durcit et se dessèche encore un peu plus, juste avant que la colère ne monte en elle.

À défaut d'Odin, elle peut toujours détruire la lignée inférieure engendrée par celui-ci. C'est presque attentionné de sa part, elle ne manquera pas de lui envoyer ses compliments avec les têtes de ses rejetons.