En rétrospective, Loki n'aurait pas dû se plaindre autant de devenir le parèdre de Thor. Comparé au Grand Maître, le Tempétueux est la perle des maris.
Bon, son… hôte ne l'a pas touché, ne serait-ce que du bout des doigts. Mais Loki n'est pas stupide – le Grand Maître veut tout d'abord savourer le fait qu'il a mis la main sur une des créatures les plus rares et convoitées des Neuf Mondes, une vierge des glaces privée de mari ou de famille pour la protéger. Pour l'instant, il est content d'admirer, de détailler son nouveau jouet, mais ça ne suffira plus au bout d'un moment.
Le Maître n'est pas le Collectionneur – il ne se contente pas de laisser les trésors sur lesquels il fait main basse dans l'état où il les a trouvés.
Loki peut gagner du temps, assez pour trouver un moyen de quitter Sakaar, mais dans l'intervalle il est contraint de faire illusion. De laisser croire que l'attention le flatte. D'accepter des cadeaux dont il n'a aucune envie et prétendre qu'il les adore.
Pour un peu, il se croirait à Asgard – où qu'on aille, toutes les cours et tous les politiciens se ressemblent. Des nids de vipères où il ne fait jamais bon de mettre le pied, où un seul faux pas risque de vous valoir une blessure mortelle.
Loki regrette ses gardes jötnar – ont-ils réussi à fuir la soif de sang d'Hela ? Ils avaient tous à craindre de la femme qui admet sans remords avoir envahi de multiples planètes. Et Jormungandr, son origine à moitié Ase suffira-t-elle à le protéger ?
Non, il doit d'abord se concentrer sur sa propre survie. D'abord gagner un lieu sûr, et ensuite, il pourra penser aux siens.
Il pourra laisser la porte ouverte aux cauchemars.
