Bruce n'était pas un spécialiste en mythologie scandinave, mais il avait vaguement entendu parler du Crépuscule des Dieux ou Ragnarök, principalement en raison des efforts de Wagner pour devenir le compositeur d'opéra le plus assommant de toute l'histoire humaine – enfin, il disait ça mais il n'était jamais allé à l'opéra, il se contentait de jouer les perroquets.

Le jour où les divinités étaient supposées mourir. Un jour de cataclysme et de renouveau pour l'Univers, car de nouveaux dieux verraient le jour afin de remplacer les anciens disparus.

Très franchement, à voir la foule de femmes, d'enfants, de vieillards et d'éclopés qui se pressaient les uns contre les autres dans le vaisseau, c'était difficile d'imaginer un avenir glorieux – de se représenter Asgard telle que la décrivaient les poètes et Thor lors de ses brefs séjours sur Terre.

Ils ressemblaient juste à un camp de réfugiés, comme il en existait des dizaines sur la troisième planète du système solaire originel de Bruce ; des réfugiés épuisés, se demandant ce qu'ils allaient devenir, si asile leur serait accordé quand ils parviendraient à trouver une destination dépourvue d'hostilité à leur égard.

Thor voulait les amener sur Terre. C'était son droit, il était leur nouveau Roi et ce qu'il décidait serait obéi, mais intérieurement, Bruce nourrissait de gros doutes concernant l'avenir des Asgardiens une fois que ceux-ci imploreraient SHIELD de ne pas les mettre à la porte.

Oh, SHIELD ne les repousserait pas – toute une foule de superhumains leur tombant dans les bras, une population qu'ils pouvaient étudier après l'avoir parquée dans une réserve, pourquoi s'en priver ? Et si ce n'était pas SHIELD, ce serait quelqu'un d'autre, quelqu'un comme le père de Betty – le scientifique ne pensait vraiment pas que le Général Ross s'était calmé avec l'âge.

Peut-être en guise d'escale, le temps de reprendre leur souffle. Bruce devrait suggérer cela à Thor, ou bien avec Loki et Frigga – ces deux-là semblaient plus enclins à écouter la voix du malheur.

Dans l'intervalle, Bruce se retrouvait à jouer le rôle qu'il avait assumé pendant ses années de fuite autour du globe, celui du médecin improvisé. Un poste encore plus précaire que d'habitude, vu qu'il n'y connaissait pas grand-chose à l'anatomie alien et que les Asgardiens attendaient d'un guérisseur qu'il leur parle herbes et passes mystiques.

Enfin, ces réfugiés étaient moins fragiles que l'humain moyen, alors Bruce ne devrait pas causer trop de dégâts même en se donnant du mal.