Titre : Le pouvoir des mots

Auteur : Lady Zalia

Disclaimers : L'univers de Harry Potter ne m'appartient bien évidemment pas.
Pairing [Voldarry] dont les points de vue vont alterner. Rating M. Genre : Aventure, Romance.

Compte tenu de l'UA, certains personnages sont un peu différents du récit original. Bellatrix sera un peu moins folle (mais pas moins fanatique), du fait qu'elle n'a pas passé 10 ans à Azkaban. Voldemort est aussi plus stable, puisque son corps n'a pas été brutalement détruit par un bébé. Lucius est resté le bras droit de Voldy et Drago a été élevé avec la présence constante du mage noir et des Mangemorts, en particulier de sa tante Bellatrix, ce qui l'a empêché de développer ce caractère de fils à papa froussard. Je pars du principe que devenir Mangemort est la norme pour tous les enfants de Mangemorts, mais aussi une véritable volonté de leur part puisque Voldemort dirige le Royaume-Uni en secret. Je rappelle que l'histoire se passe en 2010 donc tous les "ados" des romans ont une trentaine d'années.


Chapitre 2

Voldemort devait retrouver ses fidèles, cependant il prit le temps de s'admirer de pieds en cape avant de sortir. Il mettait toujours un point d'honneur à vérifier que son apparence corresponde toujours à ce qu'il voulait inspirer à ses Mangemorts : Le juste milieu entre la peur et l'admiration.

Avec le temps, la magie noire avait corrompu certains de ses traits, et ses yeux bruns avaient pris la couleur du sang. Cependant, grâce à d'autres sortilèges, il avait pu conserver ce physique qui lui permettait si facilement de fasciner ses victimes : Des cheveux bruns mi-longs, une peau pâle et lisse, dénuée de toute imperfection, un sourire alternativement charmeur ou cruel.

Impossible pour un observateur ignorant de deviner son âge, bien qu'il approche de ses 84 ans…

Comme toujours, il avait revêtu sa longue robe noire au galon liseré d'argent, et Nagini, son familier, s'était hissée jusqu'à ses épaules, son corps massif pendant le long de son torse.

Il transplana à peine sorti de sa demeure, apparaissant un clignement plus tard devant un autre bâtiment aux allures tout aussi sinistres. Deux gargouilles enchantées gardaient la double porte d'entrée et celles-ci s'ouvrirent devant lui, révélant un hall carrelé de marbre noir. Des murmures filtraient à travers la grande porte sur sa droite, mais lorsqu'il la passa, le silence se fit instantanément. Ses fidèles, tout du moins les plus proches d'entre eux, étaient tous réunis ici, sagement assis sur leur chaise dédiée, attendant leur maître comme des élèves studieux.

Voldemort les contempla avec délectation, passant sur leurs visages alternativement tendus ou extatiques. Certains seraient récompensés ce soir encore, tandis que d'autres recevaient leur juste châtiment, acceptant la douleur qu'il leur infligerait sans même songer à se rebeller.

Cela faisait 40 ans qu'il avait mis en place son système, gouvernant les sorciers depuis l'ombre, accroissant ses pouvoirs pour devenir le mage noir le plus puissant de tous les temps. À présent, il était immortel mais de toute façon cela faisait plusieurs décennies que plus personne n'avait osé le défier…

Il rejoignit sa chaise située tout au bout et s'y assit, laissant Nagini étendre ses anneaux au beau milieu de la table. Les hommes et les femmes qui étaient installés la suivirent du regard, éloignant prudemment leurs mains hors de son trajet, et Voldemort tapota brièvement le bois de ses ongles pour accaparer leur attention.

- Mangemorts. J'avais donné des missions à plusieurs d'entre vous. J'attends vos rapports.

Le premier à prendre la parole fut Barty Croupton Junior, et son sourire dément assura Voldemort de sa réussite mieux que des mots.

- C'est une victoire, maître. L'Auror Airk Thaughbaer est mort, enfin ! Après tant d'années à résister, nous sommes cette fois parvenus à le tuer. Et le plus satisfaisant, c'est que personne ne retrouvera jamais son corps. Nous avons dissous jusqu'au moindre de ses os, et cela grâce à une potion hautement corrosive inventée par Severus.

Le visage du Seigneur des Ténèbres s'étira en un sourire sadique.

- Bien. Il ne devrait plus rester grand monde capable de s'opposer à nous, désormais. Le recrutement d'Aurors fidèles à notre cause avance-t-il bien, Corban ?

Le dénommé Corban Yaxley hocha la tête.

- Tout à fait, maître. 75% de l'effectif du Département de la Justice Magique est favorable à nos prises de position et 60% d'entre eux sont totalement à notre solde.

- Ces chiffres peuvent encore être améliorés. Aspica, Noctus, qu'en est-il de votre propre mission ?

Aspica Lee prit alors la parole.

- Comme prévu, la première école primaire sorcière a ouvert au mois de septembre. Les jeunes sorciers de sang pur et de sang mêlé y sont séparés et aucun né moldu n'y est bien entendu accepté. Pour l'instant, aucune contestation ne s'est manifestée sur le contenu de l'enseignement. Les enfants apprennent à écrire, compter, reconnaître la faune et la flore de notre monde ainsi qu'une histoire remaniée et des chants patriotiques à la gloire de la magie et de la suprématie des sorciers sur les autres races.

À nouveau le Seigneur des Ténèbres hocha la tête.

- Très bien, ils feront de bonnes futures recrues. Abernathy ?

Abernathy Flint se leva en même temps que Laxus Crabbe et Tacian Goyle. A eux trois, ils formaient la tête du commando dédié aux actions les plus visibles de son "gouvernement".

- Maître, nous avons le plaisir de vous dire que l'opération à Blackpool s'est déroulée avec succès. Les géants ont accepté de participer à ce test qui s'est révélé très concluant. Les moldus ont cru à un séisme et la Gazette du sorcier n'en a pas dit un mot. L'onde de choc a occasionné de lourds dégâts sur toutes les infrastructures moldues à 5km à la ronde.

- Intéressant. Je pense que nous devrions mener d'autres tests pour voir si les moldus remarquent quelque chose. Lucius, je t'avais confié à toi aussi une tâche, n'est-il pas ?

Lucius Malefoy, son épouse Narcissa, ainsi que Bellatrix Lestrange se levèrent de concert et ce fut le blond qui prit la parole en premier.

- En effet, mon seigneur. Et j'ai le plaisir de vous annoncer que mon épouse a peut-être trouvé une solution pour traduire le grimoire d'Eldritch…

Il n'eut même pas le temps de terminer sa phrase que Bellatrix l'interrompit avec son enthousiasme habituel.

- C'est un sorcier, mon seigneur ! Il habite à Godric's Hollow et tient une librairie. Il nous a assuré être capable de traduire la plupart des langues parlées en Europe. Il serait sans doute à même de retranscrire ce fameux grimoire.

- Et bien, comment se fait-il que ce sorcier ne soit pas déjà devant moi ?

Narcissa Malefoy prit le relai.

- Il refuse de traduire quoi que ce soit d'autre que des contes pour enfants, même contre une grosse somme de Gallions. Et comme il s'agit d'une opération délicate, nous nous sommes dit qu'utiliser l'Impero ou le menacer serait contre-productif.

Voldemort fit un geste de la main, manifestant par là son impatience.

- Effectivement… Comment se nomme-t-il ?

- Harry Potter, mon seigneur.

Drago Malefoy releva soudain la tête.

- Harry Potter ? Il était à Poudlard la même année que moi. Un Gryffondor jusqu'au bout des ongles. Je doute que vous obteniez quoi que ce soit de lui par la force, je l'ai vu résister à un Imperium lancé par Théodore Nott en 7e année. Et il déteste cordialement tous les Mangemorts car son père aurait été tué de votre baguette, mon seigneur.

Le mage noir se plongea dans ses souvenirs. Effectivement, le nom de Potter lui était familier… Cependant la traduction de ce grimoire était primordiale. Il plissa les yeux.

- Drago… Toi qui le connais si bien… Tout à l'heure, tu me diras tout ce que tu sais sur ce Harry Potter. Tout le monde a une faiblesse et il ne fera pas exception.

- Bien maître.

Voldemort écouta les rapports de ses différents généraux pendant encore plusieurs minutes, puis il donna de nouvelles directives avant de se diriger jusqu'à son bureau en compagnie de Nagini et du fils de son bras droit.

Drago était un jeune Mangemort prometteur. Il avait pris la marque dès sa majorité et s'était révélé assez intelligent pour rapidement monter en grade. Lucius l'avait bien élevé, et il ne perdait jamais une occasion pour se rendre utile, Voldemort avait donc une relative confiance en lui.

- Alors Drago. Aurais-tu une idée de comment forcer Harry Potter à faire ce que l'on veut ?

Le blond s'était immédiatement agenouillé tandis que lui-même s'était assis dans son fauteuil.

- Et bien… Si Potter a une faiblesse, je dirais que ce sont ses amis.

- Tu veux dire, prendre ses amis en otage ? Ou utiliser l'Imperium sur eux ?

Drago grimaça.

- Euh non… Il s'en apercevrait et trouverait le moyen de les libérer d'une manière ou d'une autre. Je pensais plutôt à gagner son amitié. Harry Potter est ce genre de sorciers capable d'aller jusqu'au bout du monde pour ses amis. Du temps de Poudlard, je l'ai déjà vu en train de traduire intégralement un grimoire de botanique en latin juste pour faire plaisir à l'un d'eux. Si vous trouvez quelqu'un capable de se rapprocher de lui, il n'y a rien qu'il ne lui refuserait, j'en suis persuadé.

- Et toi bien entendu, tu n'en fais pas partie !

Le jeune sorcier secoua la tête avec un air scandalisé.

- Potter était à Gryffondor et faisait partie de l'équipe de Quidditch. Sa meilleure amie est une Sang-de-Bourbe et il traînait aussi avec le demi-géant Hagrid. Nous avons toujours été rivaux.

- Je vois… Est-ce un sorcier puissant ?

- Je dirais relativement compétent. En magie pure, il n'est pas mauvais, mais il est incapable d'utiliser des informulés. Pour l'avoir plusieurs fois affronté en duel, il compense cette faiblesse par sa rapidité et son astuce, mais je doute qu'il se soit beaucoup entraîné depuis son départ de Poudlard. Après tout, ce n'est qu'un libraire…

Il avait prononcé les derniers mots avec l'une de ces moues méprisantes signées "Malefoy" et le mage noir eut un rictus amusé. Lucius, Bellatrix et Drago étaient bien les rares à oser manifester leurs émotions aussi ouvertement devant lui.

- Intéressant. J'irai moi-même observer ce libraire pour juger de la situation. Je ne suis pas certain qu'il y ait parmi nous quelqu'un de suffisamment subtile et patient pour nouer une amitié, sauf peut-être Bartemius… Nous verrons si cela est réellement nécessaire. Tu peux disposer.

Drago se releva et le salua d'une courbette avant de quitter la pièce tandis que Voldemort se plongeait dans ses pensées.

Voilà bien longtemps qu'il ne s'était plus lui-même impliqué pour obtenir quelque chose, préférant habituellement déléguer cela à ses Mangemorts, mais pour une fois, cela serait peut-être amusant. Il était curieux de rencontrer ce sorcier qui méritait à la fois tant de mépris et de respect de la part du jeune Malefoy. Il était évident que Harry Potter ne laissait pas Drago indifférent, sans quoi il n'aurait pas réagi aussi promptement à l'évocation de son nom.

D'ailleurs, il se souvenait d'une demande de grâce de Severus Rogue pour une sorcière du nom de Lily Potter, et il nota mentalement de l'interroger à ce propos. Comme toujours, il était resté imperturbable en entendant le nom de Harry Potter, mais peut-être savait-il des choses à son sujet…

Le mage noir parcouru son bureau du regard, tombant sur le grimoire original dont il souhaitait à tout prix obtenir la traduction. Ce n'était pas un recueil de magie noire en soit, mais on disait que les formules et rituels qu'il contenait octroyaient le pouvoir de contrôler le temps. Il avait dû parcourir le monde pour obtenir les 4 parties de l'ouvrage car son pouvoir avait été jugé tellement puissant qu'il avait été fragmenté des siècles plus tôt pour empêcher le premier venu d'utiliser les connaissances qu'il détenait.

Chaque partie était rédigée dans une langue différente allant du roumain au français, et malgré la multitude de connaissances acquises au cours de sa longue vie, Voldemort ne voulait rien laisser au hasard. Au vu de la complexité du rituel, il avait besoin d'une personne capable de lui traduire les mots avec exactitude, sans quoi tous ses efforts pourraient être réduits à néant.

Le temps était une chose bien trop subtile pour être manipulé à la légère, car une action inconsidérée dans le passé pouvait le faire disparaître purement et simplement…

Le mage noir se plongea dans la lecture d'un nouveau rouleau de parchemin, caressant distraitement Nagini roulée en boule sur ses genoux. Il irait rendre visite à ce Harry Potter dans les jours à venir, mais pour l'heure il pouvait se concentrer sur ses objectifs secondaires. Rien ne menaçait son royaume, pas même Dumbledore qui ne s'aventurait presque plus hors de Poudlard. Et puisqu'il avait vaincu la mort elle-même, restait-il seulement quelque chose capable de le terrasser ?

***/+/***

Le lendemain, en début de soirée, Voldemort se rendit jusqu'à la demeure de Severus Rogue sans même s'annoncer. Il savait que le potionniste travaillait nuit et jour pour parfaire son art et il le respectait pour cela. S'il n'était certainement pas le plus zélé parmi ses Mangemorts, il était intelligent, talentueux et efficace, et c'était ce qui l'avait conduit à lui offrir cette faveur par le passé.

Près de trente ans auparavant, alors qu'il s'apprêtait à punir James Potter pour sa résistance, Severus l'avait supplié d'épargner Lily Potter, l'épouse de ce dernier. Il avait accepté, assassinant le sorcier alors qu'il était seul, de sorte que personne ne puisse savoir ce qu'il était advenu de lui.

Voldemort n'avait même pas retenu son visage mais il se souvenait vaguement du sorcier. Il s'était opposé à lui à plusieurs reprises et avait été un désagréable grain de sable dans ses plans. Il l'avait vaporisé sans même lui laisser le temps de sortir sa baguette, et aujourd'hui son fils était potentiellement le seul à pouvoir l'aider… Le Destin avait parfois un humour singulier…

Entrant dans la maison du potionniste, il le trouva dans son laboratoire, comme il s'y attendait. Ce dernier ne sembla même pas surpris de le voir, se contentant de jeter un sort de stase sur son travail avant de s'incliner, baguette posée contre son torse.

- Monseigneur. Que me vaut l'honneur ?

- Severus. Tu as entendu comme moi le nom prononcé par Bellatrix et Narcissa lors de la réunion d'hier. Je me suis souvenu que tu m'avais demandé d'épargner une certaine Lily Potter par le passé. Aurais-tu quoi que ce soit d'intéressant à me dire sur son fils ?

- Je crains ne pas pouvoir vous aider à ce sujet, maître. Si j'ai revu cette sorcière à quelques reprises, elle me suspecte fortement d'être un Mangemort, et je n'ai jamais eu le moindre contact avec son fils. Je ne sais rien de plus que ce que l'on vous a raconté hier, à savoir qu'il est le propriétaire d'une librairie située à Godric's Hollow, et qu'il se spécialise exclusivement en livres pour enfants. Je ne m'y suis pas intéressé, mais si vous me l'ordonnez, je pourrais mener une enquête.

Le mage noir fit un vague mouvement de la main.

- Inutile, pour une fois je préfère m'en occuper moi-même. Ce grimoire est trop précieux pour laisser passer cette opportunité à cause de maladresses.

Intérieurement, il était aussi curieux de voir s'il pourrait amadouer le jeune sorcier malgré son refus initial. C'était un petit challenge à ses yeux et il espérait bien que le résultat serait à la hauteur de ses efforts…

Il abandonna son Mangemort et retourna chez lui pour élaborer son plan. Il aurait aimé en apprendre davantage avant une première approche, mais tant pis, il récolterait lui-même les informations à la source…

***/+/***

Le lendemain matin, le seigneur des ténèbres s'habilla d'une tenue élégante sans être ostentatoire : Pantalon noir cintré, tunique noire au galon d'argent arrivant jusqu'aux genoux et long manteau noir brodé de runes le long du col. Il voulait se donner une apparence de luxe sans l'exubérance des tenues de Lucius et il s'admira comme d'habitude dans le grand miroir de l'entrée avant de flatter Nagini d'une caresse.

- Désolé ma belle, aujourd'hui tu ne peux pas m'accompagner. Je dois amadouer une proie.

- Pourquoi l'amadouer et ne pas simplement prendre par la force, maître ?

- Parce que c'est une proie qui possède des compétences dont nous avons besoin. N'aie crainte, qu'ils soient terrifiés ou fascinés, tous finissent par me tomber au creux de la main. Cela ne représente qu'un léger contre-temps avant d'obtenir le pouvoir ultime.

Il transplana jusqu'à Godric's Hollow et recomposa un sourire affable avant de marcher jusqu'à la fameuse librairie. Pour un premier contact, il voulait gagner la confiance de sa cible, et pour cela il devait mettre toutes les chances de son côté.

Arrivé devant la boutique, il prit quelques secondes pour observer la grande devanture transparente. Des figurines de sorciers en carton volaient à travers la vitrine en un mouvement répétitif tandis que des livres étaient exposés sur des nuages cotonneux, leurs pages se feuilletant d'elles-mêmes.

Voldemort eut une brève moue méprisante avant de passer la porte qui carillonna à son entrée. Une voix claire résonna immédiatement depuis le bureau situé à sa gauche.

- Bonjour monsieur ! Bienvenue à la malle aux contes ! Que puis-je pour vous ?

Le mage noir s'approcha pour examiner le sorcier assis. Son visage jovial était encadré par une chevelure aussi noire que la sienne, mais dont les mèches mi-longues partaient dans tous les sens. Le plus gros de sa tignasse était maintenu en chignon par un pinceau savamment placé tandis qu'une paire de fines lunettes à la monture argentée barrait son visage. Ses yeux avaient la couleur d'un Avada et ses pommettes étaient gonflées par son sourire. Sa peau arborait un léger bronzage, peu compatible avec la météo britannique, et une cicatrice assez récente longeait sa mâchoire.

Voldemort posa une main sur le comptoir.

- Bonjour. On m'a dit que vous étiez capable de trouver des contes venant de tous les pays. Connaîtriez-vous par hasard l'histoire de Baba Yaga ?

Immédiatement, les yeux du jeune sorcier pétillèrent et il leva le doigt avec un air docte.

- Bien entendu ! Un célèbre personnage du folklore russe. Une puissante sorcière présente dans plusieurs contes. On dit d'elle qu'elle est la gardienne du royaume des morts et la maîtresse des bêtes de la forêt.

Sa main était recouverte de peinture et Voldemort chercha machinalement sa baguette des yeux, mais elle était simplement posée dans un pot à crayon, à la vue de tous. Drago avait sans doute raison en suggérant qu'il n'était sans doute pas habitué à combattre pour sa vie… Il remonta les yeux pour croiser son regard.

- Je vois que vous connaissez votre sujet. Je voudrais un recueil rassemblant tous les contes liés à ce personnage, avec une traduction la plus fidèle possible par rapport à l'original. Il paraîtrait que vous parlez russe ?

Le libraire eut un sourire supérieur.

- En effet, vous cherchez à me tester ? Fort bien, vous ne serez pas déçu. Avez-vous des exigences particulières quant aux matériaux utilisés pour le livre ?

- Un simple cuir et parchemin suffira. Seul le contenu m'intéresse et j'apposerai moi-même des enchantements pour le rendre plus résistant si nécessaire. On m'a tant vanté vos mérites que je suis curieux de vous voir à l'œuvre. Quand comptez-vous commencer ?

- Et bien je n'ai pas vraiment de travail urgent en ce moment et je viens justement de terminer cette illustration, donc je peux commencer aujourd'hui même. D'ailleurs, j'ai pour habitude d'illustrer mes contes. Dois-je illustrer celui-là aussi ?

- Aucune illustration. Seul le texte m'intéresse.

Harry Potter fit une moue déçue et Voldemort s'amusa d'à quel point le jeune sorcier était transparent. Toutes ses émotions s'affichaient sur son visage sans aucun filtre et il n'avait presque pas besoin de Legilimancie pour savoir qu'il était sincère dans ses paroles.

Il invoqua un tabouret pour s'installer plus confortablement et observer le libraire dans son travail, et ce fut cette fois la surprise qui se peignit sur les traits du Gryffondor.

- Ah… Euh… Pas que cela me dérange mais cela va prendre plusieurs heures, vous savez, et je n'aurais pas terminé d'ici ce soir…

- Je n'ai aucune affaire en souffrance actuellement, et je vous l'ai dit, je veux vous voir à l'œuvre.

- Ah, très bien… Dans ce cas, je m'y mets tout de suite. Hum… Voudriez-vous une tasse de thé ?

- Sans façon.

Les joues de l'autre sorcier se colorèrent de gêne.

- D'accord. Je vais chercher les originaux alors.

Il enfila une paire de gants et se dirigea vers une porte étroite située sous l'escalier. Elle comportait une petite roue crantée en son centre et il la tourna à gauche et à droite avant d'entrer dans ce qui semblait être un coffre-fort géant. Cependant, loin des piles de Gallions auxquelles Voldemort s'attendait, il contenait en réalité plusieurs centaines de grimoires soigneusement rangés. La petite pièce avait manifestement subi un sortilège d'extension car elle semblait bien plus profonde que son emplacement ne laissait supposer.

Harry Potter en ressortit avec une pile de grimoires entre les bras qu'il posa précautionneusement sur son établi. À en juger par la couverture, tous étaient écrits en cyrillique et une fois installé devant son bureau, le libraire se saisit du premier de la pile sans une once d'hésitation.

Le mage noir parlait russe, et c'était précisément pour cela qu'il lui avait confié cette mission. À travers sa traduction, il pourrait juger du talent de Harry Potter de lui-même, et en même temps passer du temps à ses côtés. Il devait trouver une manière de le rendre redevable au point qu'il accepte de lui traduire le grimoire d'Eldritch et c'était aussi pour cela qu'il avait décidé de le côtoyer.

Il y avait plein d'objets à la fois moldu et sorcier sur son bureau, comme des crayons à papier ou de couleur ainsi qu'une bouteille thermos, mais aussi des plumes auto-encreuses et un Rapeltout. Sous le comptoir, une image animée attira son attention et Voldemort se pencha pour l'identifier. Il s'agissait du calendrier des "Dieux du Quidditch" et le mois de décembre représentait un joueur entièrement nu sur son balai, son casque judicieusement tenu au niveau de son entrejambe.

Lorsqu'il intercepta son regard, le libraire fit un bruit de souris qu'on écrase avant de s'éclaircir la gorge.

- Hum c'est… un cadeau. Un ami me l'a offert pour me taquiner…

Il tendit le bras pour mettre ledit calendrier dans un tiroir, le visage rouge vif de gêne, et Voldemort s'amusa du mensonge effronté qu'il venait de proférer. Les secrets honteux pouvaient toujours être un levier de chantage pour qui savait appuyer au bon endroit, mais cela fonctionnait surtout sur les personnalités publiques, tels que les hommes politiques ou les vedettes populaires. Il n'y avait aucune chance qu'un tel procédé fonctionne avec ce petit libraire de pacotille, cela dit c'était toujours une information intéressante à retenir… et pourquoi pas une manière de le lier à lui.

Le mage noir afficha un sourire bien loin des pensées inquiétantes fomentées par son esprit pervers.

- Ahah, il n'y a rien de mal à admirer de belles anatomies, même si, entre nous, les joueurs de Quidditch sont généralement trop musclés à mon goût.

Comme il s'y attendait, le jeune sorcier écarquilla les yeux et ouvrit la bouche pour parler avant de la refermer sans qu'aucun son n'en soit sorti. Finalement, voyant qu'il n'osait reprendre la parole et s'était repenché sur son grimoire, Voldemort attira son attention par un léger éclaircissement de gorge.

- Pardon, je ne voulais pas vous mettre mal à l'aise, bien au contraire. J'espère que ma présence ne vous indispose pas trop.

Cette fois, Harry Potter releva la tête jusqu'à croiser son regard.

- C'est moi qui vous prie de m'excuser, j'ai passé les dernières semaines à parcourir le monde en solitaire et mes compétences sociales s'en sont trouvées quelques peu amoindries. Vous ne m'avez pas mis mal à l'aise, rassurez-vous. Je ne m'attendais simplement pas à ce sujet de conversation. Pour ma part, l'enveloppe physique n'est pas un critère primordial à mes yeux. J'ai beaucoup voyagé et j'ai rencontré des gens abjects trop souvent dissimulés sous une apparence charmante.

Le mage noir en profita pour rebondir sur ce nouveau sujet de conversation, avide d'en apprendre davantage.

- J'ai moi aussi beaucoup voyagé. Dans quels pays vous-êtes-vous rendus ? À moins bien sûr que vous ne préféreriez-vous concentrer sur la traduction ?

Le libraire avait froncé les sourcils, tapotant l'espace blanc sur sa feuille de papier du bout de son crayon-gomme.

- Non, pas vraiment… je veux dire, je n'ai pas tellement besoin de me concentrer, tant que vous n'exigez pas que je vous regarde tout en parlant… Le russe ne me pose plus vraiment de problème, je réfléchissais simplement à la manière la plus élégante de traduire le mot ухажеры. Avec mon dernier voyage, j'ai terminé mon tour de tous les pays d'Europe, de l'Islande à la Grèce et de la Russie jusqu'au Portugal. Précédemment j'avais visité l'Asie, et maintenant je rêve de parcourir la péninsule arabique et le continent Africain. Dans un avenir lointain pourquoi pas les Amériques, mais voyager aux États-Unis est devenu affreusement contraignant depuis quelques années…. Mon rêve est de rassembler les contes de tous les pays du monde et de les faire découvrir aux moldus comme aux sorciers.

- C'est une drôle de vocation. Pourquoi voulez-vous tant que les moldus connaissent nos contes ou que les sorciers découvrent ceux des moldus ? Dans la plupart de ces histoires, les sorciers sont représentés comme des êtres hideux et stupides qui ne font que le mal autour d'eux. Ce n'est pas quelque chose que je souhaiterais partager aux jeunes générations.

- C'est vrai dans leurs versions originales. Mais je ne me contente pas de traduire, j'adapte aussi légèrement l'histoire. Je livre aux moldus comme aux sorciers des contes qui véhiculent une image positive de la magie. C'est sans doute un vœu pieu, mais je me dis que si le Secret venait un jour à tomber, mes contes inciteront peut-être certains enfants à nous tendre la main au lieu de nous craindre.

Voldemort serra les dents, se gardant de dire tout haut à quel point cette idée était stupide à ses yeux. Pour l'instant, il avait besoin de gagner sa sympathie. Il aurait bien l'occasion de venir brûler sa librairie une fois le manuscrit traduit…

- Vous avez parcourus de nombreux pays, parlez de nombreuses langues et ne semblez pas craindre de voyager des semaines durant… Si ce n'est pas indiscret, n'avez-vous jamais eu envie de vivre dans un autre pays que la Grande Bretagne ? Avec la présence du Seigneur des Ténèbres et de ses partisans, certains aimeraient sans doute mener une existence loin des menaces qu'ils représentent.

Harry Potter se stoppa dans son écriture, réfléchis un instant puis haussa les épaules.

- Et bien, il y a encore ma mère et mes amis ici. Je ne veux pas les abandonner, et je ne me sens pas particulièrement menacé personnellement. Je n'ai rien à voir avec Vous-Savez-Qui, je ne suis qu'un paisible libraire de livres pour enfants. Mais si je devais choisir un nouveau pays où vivre, je pense que je choisirais l'Allemagne. J'ai adoré le Berlin sorcier, par exemple. En ce moment, le Chemin de Traverse a bien triste allure malgré la période estivale. Vous dites avoir aussi voyagé, quel a été votre pays préféré ?

Piqué par la discussion, le mage noir prit quelques secondes pour réfléchir.

- J'ai beaucoup aimé la Russie. Je l'ai visité à l'époque où le pays était un immense empire et j'y ai passé plusieurs mois.

Ce qu'il ne disait pas, c'était qu'il avait voulu suivre les traces de Gellert Grindelwald et découvrir les secrets cachés à Durmstrang. Ignorant tout de ses pensées, le libraire lui adressa un sourire malicieux.

- J'imagine donc que vous savez parler russe, n'est-ce pas ?

- En effet. Je serai donc à même de juger la qualité de votre traduction.

Loin de paraître inquiet ou même étonné, le jeune sorcier lâcha un bref éclat de rire.

- Je m'en doutais. C'est amusant comme les gens veulent à tout prix que je leur prouve mes capacités en ce moment. Avez-vous une raison particulière de vouloir me tester ?

- Uniquement pour juger si vous êtes aussi talentueux qu'on le dit. J'aime les contes car il s'y cache généralement une part de vérité. Les histoires originales sont aussi impitoyables envers les faibles et les simples d'esprit tandis que les plus intelligents triomphent des obstacles dressés sur leur route. Ce sont des valeurs que je respecte.

- Je vois ce que vous voulez dire. Les contes rétablissent une certaine équité. Les bons sont récompensés, les méchants sont punis. À côté de ça, je trouve aussi parfois que notre monde est terriblement injuste. Mais je continue à espérer qu'un jour quelqu'un vaincra le mal…

- Mais vous n'avez jamais songé à faire partie de la résistance ?

À nouveau, Harry pouffa.

- Voilà un sujet de conversation bien dangereux pour quelqu'un que vous venez à peine de rencontrer. Mais je n'ai rien à cacher. J'ai juré à ma mère de ne jamais faire partie de la résistance. Je ne serai jamais le preux chevalier qui terrassera le sorcier maléfique. Mais parlons de choses plus légères, voulez-vous ? Vous qui avez visité de nombreux pays, quelle a été la gastronomie que vous avez préférée ?

Les heures suivantes furent remplies de conversations diverses et variées et Voldemort s'inventa peu à peu une vie pour correspondre à l'idéal de sympathie et d'ouverture d'esprit qu'il était censé incarner. Il raconta qu'il était alchimiste et qu'il avait parcouru le monde uniquement dans l'optique d'acquérir de nouvelles connaissances. Il prétendit qu'il était âgé d'une quarantaine d'années, qu'il n'avait plus de famille vivante et que sa nourriture préférée était le steak tartare à la française. Mais il révéla tout de même qu'il avait été à Serpentard à Poudlard et qu'il possédait un python en guise de familier, estimant que ce genre d'informations ne pouvait pas lui porter préjudice.

La journée arriva finalement à son terme et malgré tous les mensonges proférés pour le bien de son objectif, le mage noir avait l'étrange sentiment d'avoir passé un meilleur après-midi que depuis bien longtemps.

- Et bien, cette journée a été plus satisfaisante que je ne l'aurais cru. Vous êtes une personne fascinante, M. Potter.

Le libraire lui adressa un de ces sourires solaires qu'il n'avait eu de cesse de lui offrir au cours de leur conversation.

- Merci. J'ai moi aussi passé un agréable moment, bien que je n'aie sans doute pas travaillé aussi rapidement que d'habitude. C'est agréable de rencontrer quelqu'un qui partage la même passion pour les voyages. D'ailleurs, je ne connais même pas votre nom.

- Peverell. William Peverell. Inutile de m'envoyer un hibou, je repasserai pour connaître l'avancement de ma commande.

- Je n'aurais probablement pas terminé d'ici avant deux ou trois jours, mais n'hésitez pas à venir me rendre visite. La librairie est assez bien fournie, et peut-être y trouverez-vous une lecture à votre goût.

Voldemort quitta la boutique et transplana sans attendre, retrouvant avec satisfaction le calme de sa demeure. Ce n'était pas tant que la présence du libraire avait été désagréable, mais devoir museler certaines de ses réactions naturelles avait été fatiguant. Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus eu à jouer la comédie avec qui que ce soit, ni ne serait-ce qu'interagir avec quelqu'un qui ne s'aplatissait pas de terreur devant lui.

Mais parallèlement, il avait apprécié de pouvoir converser avec un autre sorcier cultivé et qui ne se contente pas d'acquiescer servilement au moindre de ses propos.

Il caressa Nagini qui était venu l'accueillir à la porte et alla s'installer dans l'unique fauteuil qui meublait son salon, parcourant du regard les multiples bibliothèques face à lui. Nul doute que le jeune sorcier aurait adoré venir ici. Il pouvait presque l'imaginer, ses yeux brillants d'enthousiasme, se retenant à grande peine de tous les sortir de leurs rayonnages avant de les feuilleter avec avidité.

Il y avait bien un aspect sur lequel il n'avait pas menti, il adorait les contes. Durant son enfance à l'orphelinat, cela avait été la seule littérature à laquelle il avait eu accès. Les contes lui avaient permis d'apprendre à lire, avaient ouvert son esprit à la magie et aux créatures fantastiques. Ces choses que les enfants plus âgés considéraient avec dédain, il s'y était accroché avec rage, espérant de tout son petit cœur d'enfant qu'elles deviennent un jour réalité.
Et lorsqu'il était entré à Poudlard, lorsqu'enfin il avait rejoint ce monde qui était le sien, son cœur s'était forgé d'une résolution nouvelle : Faire disparaître la société des moldus et leur monde médiocre et terne. Une fois suffisamment puissant pour masquer toute trace de ses méfaits, il était allé voir ses anciens camarades de l'orphelinat pour leur montrer, leur prouver une bonne fois pour toute qu'il avait raison. Tous ceux qui s'étaient moqués de lui pour sa crédulité, tous ceux qui s'étaient amusés à ses dépens en volant ou déchirant ses livres de contes. Il leur avait donné une bonne leçon… Il avait noyé leurs esprits fragiles sous des visions cauchemardesques jusqu'à les briser, puis il les avait abandonnés au détour d'une rue, tel des coquilles vides et amorphes. Pour eux, la survie avait été pire que la mort…

Dans sa bibliothèque personnelle, il possédait quelques recueils particulièrement rares, comme un rouleau original des Mille et Une Nuits, ou encore un grimoire de la main même des frères Grimm. Il avait tué leurs précédents propriétaires ou même pillé quelques musées moldus pour les obtenir, mais à ses yeux, ses animaux ne méritaient pas de posséder de telles œuvres. À l'aide de sa magie, il avait redonné leur solidité aux parchemins fragilisés par le temps avant de les ranger dans sa bibliothèque enchantée et désormais il était le seul à pouvoir les admirer.

Nagini se hissa jusqu'à ses épaules, interrompant le fil de ses pensées.

- Alors maître, la proie a-t-elle été amadouée ?

Il esquissa un sourire.

- Pas tout à fait, mais ça ne saurait tarder.

Il repensa à la réaction du libraire quand il lui avait avoué avoir un python comme animal domestique : Il avait éclaté de rire et s'était exclamé qu'il aimerait la rencontrer. Voldemort serait presque tenté de la lui présenter juste pour voir s'il tenait le même discours face à elle. La plupart des sorciers se retrouvaient paralysés par la peur et même ses Mangemorts qui y étaient pourtant accoutumés ne restaient jamais seuls en sa présence.

Qui sait, s'il ne lui donnait pas satisfaction, peut-être aurait-il l'occasion de mener cette expérience…

***/+/***

Le lendemain, le mage noir mena ses activités habituelles, n'ayant que peu de temps pour laisser vagabonder ses pensées. Gouverner le pays dans l'ombre avait son lot d'activités fastidieuses et lorsqu'enfin il s'accorda un moment de répit, l'après-midi touchait déjà à sa fin.

Confortablement installé dans son bureau, il ne put s'empêcher de penser au libraire. Il avait prévu un petit attentat au Chemin de Traverse la veille du réveillon, histoire de rappeler son bon souvenir à la population britannique, et il serait sans doute fâcheux que le jeune sorcier figure parmi les victimes…

Sa boutique fermait à 18h et l'attentat avait lieu à 18h30 précises. Il ne serait pas bien compliqué de le retenir une petite demi-heure, histoire de s'assurer qu'il n'ait pas prévu de s'y rendre inopinément…

Il transplana sans tarder, apparaissant l'instant d'après dans la petite ruelle qui passait derrière la boutique. Harry Potter semblait être quelqu'un d'assez perspicace et alors qu'il réfléchissait à une raison pour expliquer sa venue tardive, un bruit d'explosion tout proche le fit brusquement presser le pas.

Pendant une seconde, il se demanda s'il ne s'agissait pas de l'un de ses Mangemorts désireux de faire du zèle, cependant lorsqu'il arriva dans la rue principale de Godric's Hollow il comprit qu'il en était tout autre.

Harry Potter se trouvait face à 5 sorciers avec des airs de bandits de grand chemin. Ils avaient tous une partie du visage dissimulée par un bandana et portaient de longs manteaux à capuche. Leurs vêtements étaient de couleurs disparates et ils parlaient dans un anglais approximatif, marqué par un lourd accent slave.

- Tu vas le payer, Potter ! Tu vas regretter d'avoir ennuyé le clan Wójcik !

De là où il se trouvait, Voldemort ne pouvait pas voir le visage du libraire, et s'il s'avançait davantage, les différents protagonistes ne manqueraient pas de le remarquer.

D'un côté, il ne voulait pas que son traducteur se retrouve blessé dans une rixe face à des vulgaires bandits, mais d'un autre côté, il était curieux de voir ce qu'il valait en duel magique… Par mesure de précaution, il se désillusionna et s'avança de quelques pas, baguette à la main. Mais alors qu'il réfléchissait encore à la manière dont il allait se débarrasser des bandits sans trahir sa nature de mage noir, un éclat de rire moqueur l'incita à tourner les yeux en direction de Harry Potter.

Loin de sembler effrayé, le jeune sorcier arborait un large sourire, comme si on venait de lui raconter une plaisanterie désopilante. Sa baguette était à la main, mais il s'était penché en avant pour s'appuyer sur ses genoux, son visage contrastant totalement avec la situation.

De fait, l'état de la librairie était assez impressionnant. Toute la devanture avait explosé et des éclats de verre, de bois et de papier jonchaient la rue tandis qu'une fumée noirâtre s'échappait encore de l'intérieur.

À en juger par sa tenue, Harry Potter avait été pris par surprise. Il ne portait ni cape ni manteau, et la bruine qui tombait sans discontinuer était en train d'imbiber le haut de sa veste. Les manches de sa chemise étaient relevées pour lui laisser une plus grande liberté de mouvement, et un pinceau dépassait de la pochette située sur son torse.

Il fit un geste nonchalant de sa baguette, sans lancer de sort cependant, néanmoins quelques bandits eurent un mouvement de recul, et cela fit redoubler l'intensité de son rire.

- Vraiment ? Le clan Wójcik vous a envoyé jusqu'ici pour se venger ?! Vous êtes vraiment pathétique. Je vous ai déjà battus sur votre propre terrain et vous croyez réellement pouvoir m'avoir dans mon pays ? Mais je veux bien reconnaître que vous m'avez pris par surprise, et vous avez mis un sacré bazar dans ma boutique. Et rien que pour ça, je vais vous botter le cul ! Descendo, Protego ! Expelliarmus ! Repulso !

Ces idiots avaient attendu que le libraire finisse de parler pour l'attaquer, et ils eurent beau tenter de se mettre à couvert ou parer ses attaques, le jeune sorcier visait juste et enchaînait les sorts avec une vitesse remarquable. Sans utiliser le moindre sortilège de magie noire, il jouait avec ses ennemis comme avec de vulgaires poupées de chiffon et il n'y en eut bientôt plus qu'un en état de se battre, les autres étant soit assommés, soit solidement attachés.

Potter quant à lui semblait intouchable, parant, déviant ou esquivant systématiquement les attaques qui lui étaient faites, et il avait même l'air de s'amuser.

Voldemort devait bien reconnaître qu'il était loin d'être aussi mauvais que ne l'avait supposé Drago. Il n'avait pas semblé le moins du monde effrayé à l'idée d'affronter cinq adversaires en même temps et les avait défaits sans difficulté.

Celui qui semblait être le chef des bandits abaissa son bandeau et cracha par terre, le souffle court par l'intensité du duel.

- Zginiesz, sukinsynu !

Potter grimaça.

- Quelle vilaine insulte que voilà ! Limacius Eructo ! Oscausi !

Les deux maléfices atteignirent la cible, le premier générant des limaces directement dans la gorge de sa victime tandis que le second avait fait purement et simplement disparaître la bouche du malheureux. En l'absence d'une autre issue, les limaces se déversèrent dans l'estomac du bandit qui perdit rapidement ses couleurs, les yeux écarquillés face à l'horreur de sa situation. Sous la panique, il tenta à nouveau d'attaquer par quelques sortilèges informulés, mais il ne parvint pas à toucher son adversaire et il tomba bientôt en avant, les deux mains sur son estomac, incapable de se tenir sur ses jambes.

Harry Potter se retourna, un sourire espiègle au visage, et tendit la baguette en direction de sa devanture ravagée.

- Une bonne chose de faite. Maintenant, remettons un peu d'ordre. Reparo ! Ordo libris !

Immédiatement, les étagères se remontèrent d'elles-mêmes, et la vitrine se reforma. Les grimoires s'envolèrent jusqu'aux rayonnages et les décors de papier et de carton reprirent leurs places. En quelques coups de baguette, tout était redevenu exactement comme la veille, si ce n'est les cinq sorciers étendus au beau milieu de la rue. L'un était assommé, un autre était pétrifié, deux étaient attachés dans une position entravant tout mouvement et le dernier se traînait misérablement sur le sol en gémissant.

Le libraire le rattrapa en quelques enjambées et le libéra des deux maléfices avant de lui mettre un coup de pied dans les flancs. Le bandit recracha immédiatement plusieurs limaces avant de lâcher sa baguette et lever sa main en l'air.

- Proszę, przestań ! Poddaję się ! Pitié, je me rends !

- Bien… Je veux être certain de bien me faire comprendre, car je ne le répèterai pas. Tu vas récupérer tes hommes et quitter le pays. Opuścić kraj. Si je vous revois une nouvelle fois ici, je vous envoie à Azkaban. Je suis certain que même vous, vous connaissez sa réputation. Retournez en Pologne et abandonnez le braconnage une bonne fois pour toute. Si vous ne le faites pas, je le saurais…

- Compris ! On va partir. On le fera plus !

Il ponctua sa réponse par quelques limaces supplémentaires et rattrapa sa baguette d'une main tremblante. Il lui fallut quelques minutes supplémentaires pour se relever, puis il se dirigea lentement vers ses hommes à terre, le visage humide de larmes et de sueur mêlés. Harry Potter, de son côté, s'était simplement détourné de lui, comme s'il était évident qu'il ne l'attaquerait pas une fois dos à lui. C'était tout bonnement absurde aux yeux de Voldemort qui garda sa baguette pointée en direction du bandit jusqu'à ce que celui-ci eut transplané avec ses acolytes. Il était toujours désillusionné, et il mit fin à son sortilège, apparaissant comme si de rien n'était devant la boutique.

Le libraire lui adressa un sourire avenant, passant sa main gauche dans sa chevelure en une vaine tentative de la remettre en place.

- Monsieur Peverell ! Bonsoir. Toutes mes excuses pour cette agitation. Par chance, aucun de mes clients n'a été blessé…

- Monsieur Potter. Je ne vous comprends pas. Pourquoi les avoir laissés partir ? Vous les avez humiliés, ils saisiront sans doute la prochaine opportunité pour se venger.

- Peut-être. Vous vous inquiétez pour moi ? C'est gentil, mais je commence à les connaître. Ils sont plus bêtes que méchants, et plus habitués à capturer des créatures sans défense qu'à véritablement se battre pour leur vie. Ils craignent même les gardes-chasse polonais, c'est vous dire…

- Vous ne les avez même pas blessés alors qu'ils utilisaient la magie noire contre vous. Vous êtes vraiment un sorcier singulier…

Le jeune sorcier éclata d'un rire clair.

- Ah, vous étiez là depuis le début ?! Vous auriez pu me donner un coup de main. Ahahah ! Et bien comme ça, je leur ai prouvé que la magie noire n'était pas plus puissante et ne permettait pas de gagner un duel. J'ose espérer que ça leur servira de leçon.

Voldemort fronça les sourcils, incapable de rester stoïque face à de tels propos.

- C'est absurde ! La magie noire est puissante. Refuser de l'utiliser, c'est se priver d'une arme qui vous sera peut-être un jour nécessaire pour survivre. Quant à votre duel, vous sembliez parfaitement vous en sortir de vous-même. Je serais intervenu si vous aviez été en mauvaise posture.

Le plus jeune haussa les épaules.

- Peut-être. Mais je ne veux pas l'utiliser à moins d'y être absolument contraint. Il y a bien suffisamment de sortilèges pour s'amuser sans avoir recours à la magie noire, ne pensez-vous pas ? Je crois que ce bandit se souviendra longtemps de notre duel. Mais je manque à mes obligations élémentaires. Que puis-je pour vous ?

Le mage noir jeta un Tempus qui afficha le cadrant d'une horloge dans le vide.

- Je venais pour m'enquérir de votre progression, mais je n'ai pas pris conscience de l'heure, je ne pensais pas qu'il était aussi tard. Je suppose que je vais vous laisser fermer boutique pour ce soir.

Il était presque 19h et le Chemin de Traverse devait être plongé dans le chaos à cette heure, cependant même si Harry Potter s'y rendait, il ne risquerait rien. Ses Mangemorts avaient pour seule mission de faire exploser la boutique de matériel de Quidditch avant de quitter les lieux, et les Aurors avaient probablement déjà quadrillé la rue en faisant mine de chercher des indices…

Le libraire s'étira l'air de rien, parfaitement inconscient des pensées malsaines de son interlocuteur.

- Votre présence ne me dérange pas, mais il est vrai que je m'apprêtais à fermer. N'hésitez pas à repasser demain. Je n'aurais sans doute pas terminé la traduction, mais je serai heureux de discuter avec vous.

Voldemort réprima un sourire qui aurait pu paraître inquiétant. Son plan se déroulait exactement comme il le voulait. Le libraire semblait déjà l'apprécier et il allait lui rendre visite aussi souvent qu'il le faudrait pour transformer cette sympathie en amitié. Avec la Legilimancie, il pouvait lire sans peine les aspirations du jeune sorcier, ce qui rendait les choses encore plus faciles. Il appréciait de pouvoir fréquenter une personne cultivée, avec le même goût pour les voyages que lui. Quelqu'un qui ne le juge pas malgré son attrait pour le danger et n'hésitant pas non plus à transgresser quelques règles si cela permettait d'atteindre son objectif.

Le mage noir n'avait presque pas à mentir tant ce portrait était proche de qui il était réellement. Harry Potter était comme lui… Similaire mais aussi si différent.

Contrairement à lui, il était fondamentalement bon, refusant de blesser ou faire souffrir qui que ce soit, même ses ennemis. Il accordait le pardon à tous et n'hésitait pas à s'interposer face à ce qu'il estimait être une injustice. Il était d'ailleurs étonnant qu'il ne se soit pas encore confronté à l'un de ses Mangemorts, et sans cette promesse faite à sa mère, sans doute aurait-il rejoint la résistance depuis bien longtemps…

Ce soir-là, Voldemort ne put s'empêcher d'imaginer ce qui se serait passé s'il avait décidé de tuer la mère de Harry Potter malgré les suppliques de Severus. Le libraire était manifestement un sorcier puissant qui, même s'il n'était pas capable d'utiliser la magie informulée, lançait ses sorts avec puissance et rapidité. Il connaissait de plus une grande variété de sortilèges et ne craignait pas le combat.

S'il avait été orphelin, il aurait probablement été un combattant acharné pour le camp du bien. Aujourd'hui, si son principal intérêt était ses capacités de traducteur, il n'aurait pas été contre l'idée de le dévoyer pour lui faire rejoindre son camp. Cependant il était aussi suffisamment réaliste pour comprendre qu'il était bien trop intègre pour cela.

Une fois le grimoire d'Eldritch traduit, il irait lui-même l'assassiner, afin d'être certain qu'il ne lui mette jamais des bâtons dans les roues… Juste par mesure de prudence…


Voilà le point de vue de Voldy. ^^ J'ai reçu tellement de votes pour le chapitre 2 je suis vraiment touchée et hypée ! MERCI pour toutes vos reviews ! 😍😘
Je réponds aux reviews par message privé, mais merci aussi à Elendil, Henri et Hirondhell ! N'hésitez pas à me poser des questions, je vous répondrai en fin de chapitre ! Merci pour vos compliments et encouragements pour cette nouvelle histoire. Ca me fait vraiment chaud au coeur et ça me motive de fou ! 💙

J'espère ne pas vous avoir déçus avec cette première rencontre entre les deux protagonistes. Harry avec sa candeur semble être une cible facile pour notre mage noir, mais son combat contre les braconniers vous a prouvé qu'il n'était pas tout à fait sans défense. 😉 À dans deux semaines pour le chapitre 3 !
Désormais les points de vue alterneront entre Harry et Voldy. D'ailleurs je m'amuse beaucoup dans le chapitre 3 et j'espère qu'il vous fera rire. ^^

Ah et pour les connaisseurs, "Le grimoire d'Eldtrich" est bien un nom inspiré de la mythologie lovecraftienne. Il se pourrait que le fameux pouvoir que Voldemort désire si ardemment soit quelque chose de bien sombre... 😏😈