Titre : Le pouvoir des mots

Auteur : Lady Zalia

Disclaimers : Et oui, déjà un nouveau chapitre ! Il faut dire que je n'ai pas grand chose d'autre à faire de mes journées à cause de mes maudites béquilles… 😅 Remerciez aussi mamzelle 0EvieHolmes0 pour me motiver quotidiennement à écrire ! 😘

J'adore ce chapitre XD il introduit deux nouveaux personnages. Je vous laisse le découvrir !


Chapitre 5

Le dimanche matin, Harry se réveilla avec une certaine nervosité. Il avait passé le vendredi 31 décembre au soir avec ses amis, Neville, Hermione et Luna, à fêter le réveillon du nouvel an comme ils en avaient l'habitude. Puis avait profité du lendemain pour évacuer tranquillement les effets de l'alcool ingéré la veille et rendre visite à sa mère. Mais ce matin, il avait l'impression qu'une colonie de fourmis avait élu domicile dans son estomac.

William Peverell lui avait dit qu'il viendrait le chercher à 14 heures précisément et il se sentait incapable d'avaler quoi que ce soit. L'homme avait un charisme indéniable et savoir qu'il allait découvrir sa demeure, plongeait Harry dans un mélange d'impatience et d'angoisse.

En fin de semaine, Drago Malefoy était venu pour l'aider à déclencher sa magie sans baguette, mais si le résultat avait été concluant, il restait quelque peu insatisfait de ce que cela impliquait. Il avait pu se rendre compte que sa magie réagissait avant tout à sa colère et à sa peur, mais ces émotions étaient bien loin de celles qu'il ressentait en présence du séduisant alchimiste. Il craignait d'être incapable de reproduire la même prouesse une fois devant lui.

Et dire qu'il avait même sacrifié sa fierté en demandant l'aide de son ancien rival, juste pour voir un sourire sur le visage de son fantasme…

Il utilisa les dernières heures de la matinée pour parfaire le grimoire qu'il comptait remettre à William Peverell. Le recueil était parfait à ses yeux, et il ressentit une vive satisfaction à l'idée de l'avoir terminé. Il y avait consacré presque 10 jours dont la majorité à produire une nouvelle traduction, et quasiment tout son samedi à terminer la reliure. Il avait choisi un cuir noir gravé d'argent pour l'extérieur, et lorsqu'arriva l'heure du midi, il venait de l'envelopper dans un papier de soie vert du plus bel effet.

Entre midi et deux heures, il se changea plusieurs fois avant de finalement opter pour une tunique sorcière de couleur gris anthracite assortie à son pantalon et de bottines noires en cuir de dragon. Il ne savait pas ce que son client avait prévu pour l'entraîner mais il préférait être à l'aise dans ses vêtements. Il s'efforça aussi de coiffer sa tignasse rebelle en la nouant à l'aide d'un lacet de cuir, puis il mit quelques gouttes d'eau de Cologne.

Il était à la fois joyeux et stressé, et lorsque l'alchimiste se présenta à sa porte, il se sentait dans un état second. Sa bouche était sèche et son cœur battait si vite dans sa poitrine qu'il avait l'impression que l'autre sorcier allait l'entendre...

- Bonjour William. Bonne année !

L'homme eut une minuscule seconde de surprise avant de lui sourire.

- Bonjour Harry. C'est vrai que nous sommes le 2 janvier. Cela m'était sorti de la tête. Je vois que vous êtes prêt, et bien allons-y.

- Vous ne fêtez pas non plus le jour de l'an ?

- Comme je vous l'ai dit, je n'ai plus de famille vivante, et mes amis se font rares. J'ai passé une excellente soirée au demeurant et je n'avais aucune envie de risquer de la gâcher par la présence de gens bruyants et potentiellement ivres. Et vous ?

- J'ai passé un agréable réveillon avec mes amis. Mais je vous concède que nous étions ivres et bruyants.

Ils avaient rejoint la rue et l'alchimiste le saisit par la taille afin de le faire transplaner.

- Bienvenue chez moi Harry.

Ils venaient d'apparaître au beau milieu d'un vaste jardin à la flore variée. Des buissons avaient poussé çà et là en un ensemble chaotique mais néanmoins maîtrisé. Les massifs étaient taillés de manière à laisser suffisamment de place pour le passage et il reconnaissait plusieurs plantes utiles en potion et qui requéraient un entretien régulier.

- Vous avez un beau jardin !

- Merci. J'ai la chance d'avoir des jardiniers infatigables pour l'entretenir. Rassurez-vous, vous ne vous entraînerez pas ici. J'ai aménagé un espace où vous ne risquerez pas d'abîmer quoi que ce soit. Mais allons tout d'abord prendre le thé. Je vois que vous avez amené le recueil.

Le libraire le suivit à l'intérieur et découvrit un hall d'entrée vierge de toute décoration. Sur la droite, une arche laissait voir un vaste salon aux murs recouverts de bibliothèques. Un grand bureau était installé en plein milieu, et une vitrine laissait voir plusieurs objets d'apparence ancienne. Il n'y avait que deux fauteuils, idéalement positionnés devant les fenêtres, et William Peverell l'invita à prendre place sur l'un d'entre eux avant de s'asseoir sur le second.

Harry s'apprêtait déjà à lui remettre le fameux recueil, mais son hôte lui fit signe d'attendre et claqua des doigts, faisant apparaître un elfe de maison qui s'inclina respectueusement devant eux.

- Maître. Dana souhaite la bienvenue à l'invité du maître.

- Du thé pour deux.

La petite créature disparut instantanément et l'alchimiste tendit alors la main pour recevoir sa commande. Harry s'était brièvement étonné du ton rude avec lequel il s'était adressé à son elfe, cependant il reprit bien vite contenance et remit le petit coffret entre ses mains.

William en sortit le grimoire avec révérence, ses lèvres plissées en une moue appréciatrice. Il le parcourut du bout des doigts avant d'ouvrir une page au hasard pour l'approcher de son visage. Harry eut l'impression qu'il humait l'encre, puis qu'il cherchait à évaluer la granularité du parchemin.

Finalement, il le referma avant de glisser le plat de la main le long de la couverture, tandis que Harry scrutait son visage dans l'attente de son verdict.

- Alors, qu'est-ce que vous en pensez ?

- Sublime ! Je suis très satisfait d'avoir fait appel à vous, c'est une très belle édition. J'apprécie l'encre verte. La couverture est souple mais semble solide, le parchemin est lisse et je ne vois aucune bavure.

- Il faut bien que je sois à la hauteur de ma réputation ! Ce sont les éditions d'art qui me permettront de me faire connaître et de vivre de ma passion, donc j'ai tout intérêt à les réaliser avec le plus grand soin.

Harry avait beau se justifier, il arborait un large sourire et ses pommettes avaient rosies sous le coup du compliment.

- Harry, je collectionne les éditions rares de livres de contes depuis des années, et je peux vous affirmer que j'ai rarement vu un travail de cette qualité. Sans compter que cela m'a permis d'apprendre à vous connaître.

William Peverell avait plongé ses iris aux reflets rouges dans les siennes, et le libraire sentit son cœur rater un battement.

- Je suis moi aussi très heureux d'avoir fait votre connaissance. Je n'ai que rarement l'occasion de discuter avec quelqu'un qui partage mes passions, d'autant plus un sorcier.

L'alchimiste lui sourit et le Gryffondor se sentit incapable de détourner le regard. William était si beau à ses yeux ! Il avait une folle envie de l'embrasser, cependant il se sentait incapable de faire le premier pas. Il s'éclaircit la gorge, mais alors qu'il allait reprendre la parole, l'elfe de maison réapparut devant eux, portant un plateau en argent surmonté d'une théière du même métal. Deux tasses de porcelaine blanche étaient posées à l'envers sur leur soucoupe et il émanait de l'ensemble une douce odeur d'orange et de cannelle.

William se contenta de tendre la main, et l'elfe y déposa bientôt une tasse remplie d'un liquide ambré et fumant. Pendant ce temps, le sorcier avait repris la parole, comme si de rien n'était.

- Je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer ce mélange d'objets sorciers et moldus dans votre demeure ainsi qu'à votre boutique. Cependant vous n'avez jamais envisagé d'avoir une relation avec un moldu ?

Harry manqua de s'étouffer avec sa gorgée de thé en entendant la question de son interlocuteur. Sa propre remarque était purement amicale, mais l'alchimiste avait rebondi avec une question très personnelle à laquelle il ne s'attendait pas.

- Ah… Hum… Je… Je suis de sang mêlé et… disons que j'ai pris l'habitude d'utiliser certains objets du quotidien, mais… je pense qu'il serait compliqué de sortir avec un moldu. Trop de choses à lui cacher avant d'avoir la certitude que ce soit le bon, trop de risques qu'il ne parvienne pas à accepter l'existence de la magie une fois la vérité révélée… C'est ma mère qui est née moldue et ma tante n'a jamais accepté que sa sœur soit une sorcière et pas elle. Alors je préfère ne pas me lier avec des moldus… Juste au cas où…

Sous-entendu "au cas où les choses deviendraient sérieuses" ou "au cas où leur réaction lui briserait le cœur"... Il ne pouvait s'empêcher de penser à Dudley, son seul et unique cousin vivant, que sa tante avait élevé dans la peur et la haine des sorciers.

Il releva les yeux alors que William reposait sa tasse sur sa soucoupe en faisant tinter la porcelaine.

- Je suis d'accord avec vous. C'est bien pour cela que je suis encore seul à mon âge. Qui aurait cru qu'il soit si difficile de trouver quelqu'un cultivé aimant la lecture et les voyages ? Bien entendu, quelques sorcières se sont présentées, cependant il leur manquait toujours quelque chose pour me plaire.

Harry sentit un frisson le traverser alors que l'alchimiste semblait le déshabiller du regard. Jusqu'à présent, son client était toujours resté très évasif sur les informations qu'il lui révélait. Mais aujourd'hui c'était comme si le fait d'être dans sa demeure lui avait fait abandonner tout faux-semblant.

Il ne savait trop comment y réagir, cependant William dû prendre son absence de réponse pour un signe encourageant car il bondit presque de son fauteuil et l'incita à reposer sa tasse encore pleine sur le petit guéridon.

- Venez, je brûle d'envie de vous montrer ma collection depuis que nous en avons parlé.

Il l'entraîna pour voir de plus près les livres disposés sur les étagères et Harry oublia tout d'un coup toute sa timidité et ses doutes. William Peverell semblait avoir la plus belle collection du monde à ses yeux, et il ne cessait de lâcher des exclamations stupéfaites tous les 5 mètres.

- Mais c'est vraiment extraordinaire ! J'ignorais qu'il était encore possible de se procurer les originaux de ces contes ! William, vous avez vraiment la bibliothèque la plus incroyable de tout le Royaume-Uni ! Je comprends pourquoi vous m'avez dit que vous connaissiez les sortilèges pour protéger les livres des affres du temps. On ne peut se permettre d'être négligeant lorsqu'on a un trésor pareil entre ses murs !

Ils étaient revenus s'asseoir mais Harry ne semblait pas s'être remis de ce qu'il avait vu. William eut un bref rire.

- Merci. Maintenant que vous êtes au courant, j'espère que vous n'envisagerez pas de me cambrioler. J'y tiens comme à la prunelle de mes yeux.

- Oh non, je ne pourrais jamais faire une telle chose ! J'ai bien trop de respect pour vous. Merci d'avoir accepté de me les montrer. Sans compter votre généreuse proposition de m'entraîner à la magie sans baguette.

- En effet. Venez, si vous avez terminé votre thé, suivez-moi.

Harry avala le reste de sa tasse d'une gorgée avant d'emboîter le pas de l'autre sorcier. Il le conduisit vers l'arrière de sa demeure jusqu'à une vaste étendue de terre battue où plusieurs mannequins attendaient déjà.

À nouveau, le libraire ne put contenir une exclamation de surprise.

- Ouah ! J'espère que vous n'avez pas préparé tout cela juste pour moi ! On dirait ceux qu'utilisent les Aurors pour s'entraîner !

- Non, rassurez-vous, il m'arrive souvent d'avoir besoin de tester une potion de ma création ou un nouvel objet magique et je viens ici pour le faire sans risque. Vous avez un Auror parmi vos connaissances ?

- Les parents de mon meilleur ami l'étaient. Franck et Alice Londubat. Vous en avez peut-être entendu parler, ils sont tous deux morts en service à quelques années d'écart. Il y avait ce genre de mannequins dans leur jardin.

Le visage du Gryffondor avait perdu son sourire à ce souvenir, mais William eut tôt fait de récupérer son attention.

- Je vois. Mais est-ce que ces mannequins pouvaient faire cela ?

D'u coup de baguette, il anima les pantins qui se mirent tout d'un coup à bouger, se plaçant en cercle autour d'eux, et Harry écarquilla les yeux.

- Ils bougent !

- Ils peuvent esquiver et même tenter de vous attaquer si je le leur ordonne. Rien de tel pour maintenir ses réflexes de combat.

Le libraire baissa brièvement les yeux et poussa un soupir.

- Toujours combattre… J'aurais aimé que ma magie se manifeste aussi facilement au quotidien que dans une situation de danger.

- Si vous l'entraînez, je suis persuadé que vous parviendrez à l'utiliser chaque fois que vous le désirerez. Avez-vous essayé d'en refaire depuis notre dernière entrevue ?

- À vrai dire oui… j'ai même réussi. Le sorcier de l'autre jour, Drago Malefoy. Il était à Poudlard en même temps que moi, et même si nous ne cessions de nous chamailler… disons que je le connais. Je lui ai demandé de m'aider à reproduire la situation de la dernière fois en échange d'un livre gratuit, et il est venu vendredi soir. Il est parvenu à me mettre tellement en colère que j'ai dissipé son Incarcerem, je l'ai repoussé et j'ai fait disparaître sa bouche. Je ne savais même pas qu'il existait un sort pour cela !

William sourit largement face à la grimace de Harry.

- Sa formule est Oscausi. Mais ce qu'il y a d'extraordinaire avec la magie sans baguette, c'est qu'elle permet de s'affranchir des limites comme les formules. Il suffit d'exprimer simplement ce que l'on veut. J'imagine que vous avez crié à votre adversaire de se taire, et votre magie a répondu à votre volonté.

- En effet. Mais j'aimerais pouvoir l'utiliser sans me mettre en colère.

- Lundi dernier, vous ne vouliez pas faire de mal à cette petite moldue. Quelles étaient vos pensées à ce moment ?

- Je voulais la rassurer. Je n'ai pas spécialement pensé au Secret. Je voulais surtout qu'elle arrête de pleurer.

- Ce n'était donc pas une émotion négative. Je suis certain que vous y parviendrez tôt ou tard. Hum, pour l'instant, peut-être pourrions-nous essayer la peur. Avez-vous déjà affronté un Épouvantard ?

Harry fit un geste vague de la main.

- C'est toujours au programme des BUSE de Défense contre les forces du Mal et puis avec mes voyages, j'ai été amené à croiser de nombreuses créatures. Je crois qu'il en faut beaucoup pour me terrifier…

- Un vrai Gryffondor ! Hum… Je ne veux pas vous malmener, et je n'ai sans doute pas autant d'imagination que votre ancien camarade pour vous mettre hors de vous. N'y a-t-il personne que vous haïssez ?

Le libraire prit le temps de réfléchir.

- Huuum… Si vous êtes allé à Poudlard, vous connaissez forcément Albus Dumbledore. Je crois que c'est encore la personne qui parvient le mieux à me faire sortir de mes gonds, presque autant que Drago Malefoy.

- Oh vraiment ?! Moi qui pensais que ce serait le Seigneur des Ténèbres…

- Et bien, je ne sais pas à quoi il ressemble et c'est difficile de haïr un concept… Bien sûr, je déteste les Mangemorts et il m'a pris de nombreuses personnes chères. Mais je n'arrive pas à me le représenter avec des traits humains. Un être aussi abject doit probablement être aussi très laid. Il paraît que la magie noire déforme le corps… C'est aussi pour ça que je ne veux pas l'utiliser.

William fit une étrange grimace, cependant il retrouva rapidement un visage neutre.

- C'est… curieux comme raisonnement. Et pourquoi donc haïssez-vous autant Albus Dumbledore ?

- C'est un hypocrite et un manipulateur. Il incite les gens à faire partie de la résistance et à prendre des risques tout en restant à l'abri à Poudlard. Il ment comme il respire et sacrifierait des familles entières dans sa lutte si cela lui permettait de remporter quelques batailles. J'aimerais que lui et Vous-Savez-Qui s'entretuent une bonne fois pour toute. Cela nous débarasserait de l'un comme de l'autre.

- Et bien, vous ne mâchez pas vos mots. Je peux toujours donner l'apparence du directeur aux mannequins, si vous voulez essayer…

Joignant le geste à la parole, il agita sa baguette pour transformer les pantins en clones d'Albus Dumbledore, provoquant un frisson de dégoût chez Harry.

Il s'avança malgré son appréhension, tâchant de se remémorer sa dernière visite. Il revoyait encore Remus scandalisé par ses propos tandis que le vieux sorcier arborait cet insupportable sourire. William l'avait admirablement bien reproduit, et Harry serra les poings alors que les mannequins avançaient vers lui.

Tâchant de se concentrer sur un sort simple, il visualisa Ventus. Il voulait repousser ses adversaires, les empêcher de s'approcher, cependant leur avancée semblait inexorable. Il tendit les mains en avant mais aucun souffle d'air n'en sortit. En désespoir de cause, il se mit à crier.

- Partez ! Je ne veux pas vous voir, Dumbledore !

Il eut beau fermer les yeux, taper du pied, se concentrer de toutes ses forces, mais rien n'y fit.

Il s'assit finalement à même le sol, dépité, n'osant pas relever les yeux de peur de croiser le regard déçu de William.

- Allons, Harry ! Il ne faut pas baisser les bras pour si peu. Cet exercice n'était manifestement pas suffisamment immersif pour vous permettre d'exprimer vos émotions. Le temps se couvre, pourquoi ne pas rentrer pour déguster un bon brandy ? Peut-être trouverons-nous d'autres idées par la suite ?

Effectivement, la grisaille britannique avait recouvert le ciel, et un vent glacial s'était mis à souffler autour d'eux. Harry se releva avec un soupir avant d'épousseter ses vêtements.

- Je suis navré que vous ayez fait cela pour rien. J'aurais aimé… vous impressionner…

L'alchimiste éclata de rire, mais ce son ne réjouit pas Harry autant qu'habituellement. Il ne pouvait se départir de l'impression que le Serpentard se moquait de lui. Pourtant, lorsqu'il l'attrapa par le poignet pour l'entraîner plus près, il en ressentit un vif plaisir. William le tint quelques secondes contre lui, comme s'il craignait qu'il ne tombe en arrière, et sa voix suave lui arracha un frisson.

- Allons, ne soyez pas aussi dépité. Je vous l'ai dit, je crois en vous. Vous avez déjà réussi à reproduire l'exploit cette semaine, il faut simplement s'entraîner davantage. Et puis, vous m'avez déjà impressionné aujourd'hui par vos talents de traducteur et de relieur.

Sans même qu'il ne s'en rende compte, la main de l'autre sorcier était venue se glisser contre son visage, et lorsqu'enfin ses lèvres vinrent se sceller aux siennes, il écarquilla les yeux.

***/+/***

Voldemort avait largement usé de sa patience. Il avait longuement attendu que le libraire se déclare, il lui avait même tendu des perches, mais il s'était contenté de lui lancer des regards énamourés sans jamais oser initier le premier pas.

Finalement il l'avait embrassé, et Harry Potter s'était empressé de répondre, comme un assoiffé en plein désert. Lui-même se sentit quelque peu gagné par cette fièvre, et il laissa sa main descendre jusqu'à la gorge pour l'inciter à pencher davantage la tête en arrière.

- Vous me plaisez, Harry Potter. Et je ne suis pas du genre à m'intéresser aux moins que rien.

Les joues du Gryffondor avaient rougi, et un sourire quelque peu niais était venu barrer son visage, pourtant il ne manquait pas de charme. Ses yeux verts pétillaient et ses cheveux bruns lui donnaient envie d'y glisser les doigts.

Il se secoua mentalement. Il n'était certainement pas question de sombrer dans la mièvrerie, mais uniquement de jouer la comédie pour amener le libraire à lui traduire le manuscrit d'Eldritch. Cependant, s'il pouvait prendre un peu de plaisir au passage, il n'allait pas se priver.

Le jeune sorcier avait repris la parole, forçant le mage noir à sortir de ses pensées.

- Vous me plaisez aussi beaucoup, William, et… à vrai dire, je ne m'attendais pas à ce que mon sentiment soit partagé. J'aimerais beaucoup que notre relation dépasse le cadre strictement professionnel, si vous voyez ce que je veux dire.

Voldemort lui offrit un sourire amusé.

- Dites m'en plus.

Pour peu, il se serait presque attendu à voir de la fumée sortir de ses oreilles. Ses lèvres étaient encore rougies de leur précédent baiser et il ressentit le désir de réitérer l'expérience. Le libraire semblait à court de mots, cependant il lui laissa le temps de mettre de l'ordre dans ses pensées.

- Hum… Nous ne sommes plus des adolescents. J'ignore quelles sont vos obligations mais… J'aimerais vous voir en dehors des heures d'ouverture de la boutique, vous inviter à dîner et pourquoi pas s'offrir quelques moments de plaisir mutuel. Partager quelques bons livres, visiter des coins sympas… Ce genre de choses.

- Vous m'intéressez. Bien que mon temps libre ne soit pas aussi vaste que vous semblez le croire, je suppose que je pourrais vous consacrer quelques soirées. Veillez cependant à ne pas laisser vos anciens camarades aller et venir dans votre appartement. Je n'aime guère me donner en spectacle.

- Bien entendu. Je préviendrais mes amis. Ils ne se seraient pas permis de rentrer chez moi à n'importe quelle heure, vous savez. Mais je vous donnerai accès à ma cheminée et je leur dirai de ne plus venir à l'improviste.

Le mage noir sourit. Il allait peu à peu l'éloigner de ses précieux amis et de sa famille pour devenir le centre de son monde. Il allait l'isoler pour le rendre dépendant de lui et l'empêcher de prendre conscience de sa manipulation. Il allait faire de Harry Potter une poupée entre ses doigts. Pour l'heure, il avait surtout envie de goûter son corps, mais il allait l'heure n'était pas encore venue…

De retour dans sa demeure, il lui servit un généreux verre de brandy avant de s'en verser un lui-même.

- Buvez, votre peau était glacée, cela vous réchauffera.

Il regarda le jeune sorcier vider le verre d'une traite avant de le lui remplir à nouveau. Il avait eu une brève grimace au contact de l'alcool mais lorsqu'il avait à nouveau tourné la tête vers lui, son sourire était lumineux.

- Il est bon ! Ce n'est pas mon alcool préféré mais je sais reconnaître une bonne bouteille. Ne le dites jamais à ma mère, mais j'ai profité de mes voyages pour goûter des alcools de presque tous les pays. Une fois en Roumanie, un vieux sorcier m'avait offert un petit tonneau d'hydromel pour me remercier d'un service, et alors que je campais en pleine nature, j'ai soudainement entendu un bruit étrange à l'extérieur de ma tente. En sortant, j'ai vu une étrange créature ressemblant à un ours, la truffe enfoncée dans le tonnelet éventré. J'ai fait apparaître une gerbe de flamme à côté d'elle pour la faire fuir, mais de la fumée noire est tout d'un coup sortie de sa fourrure et elle a disparu en emportant mon hydromel avec elle. En revenant, j'ai demandé à Hagrid s'il connaissait cette créature, mais même lui n'a pas su me répondre.

- Si j'en juge par votre description, c'était sans doute un Fourmeux. Vous avez eu de la chance qu'il ne vous attaque pas dans votre sommeil. Ces créatures ont des griffes acérées et des crocs non moins dangereux.

- Ahah, oui j'imagine. Mais malgré mes voyages, je n'ai jamais été attaqué par des créatures ou des animaux. Je crois qu'ils doivent sentir que je ne leur ferais aucun mal. D'ailleurs, vous m'avez dit que vous avez un python domestique. Est-ce que je pourrais le voir, si ça ne vous dérange pas ?

Voldemort sourit largement. Il allait voir si le Gryffondor était aussi courageux qu'il ne le prétendait.

- Pourquoi pas. C'est une femelle. En cette saison, elle passe le plus clair de son temps roulée en boule sur un tapis devant la cheminée. Elle est assez massive, donc généralement je la garde à l'étage pour ne pas effrayer mes invités.

- Vous attisez ma curiosité. J'ai toujours éprouvé une certaine fascination pour les serpents. Ils sont assez mystérieux, vous ne trouvez pas ?

Le mage noir hésita un instant, la main dans sa poche, prêt à jeter un sortilège de faux-souvenirs.

- Que penseriez-vous si je vous disais que je parle fourchelang ?

La bouche du libraire se tordit en un O de stupeur, mais qui laissa cependant rapidement place à une expression de fascination extatique.

- Vraiment ? C'est génial, quelle chance vous avez ! Cela doit être fantastique de pouvoir communiquer ainsi avec son familier ! J'ai toujours eu l'impression que ma chouette me comprenait, mais ce n'est tout de même pas la même chose que parler le même langage.

- Vous êtes un sorcier curieux, Harry. La plupart des gens ont une réaction nettement moins positive que vous. Je me souviens encore de la méfiance de mes camarades de Poudlard lorsqu'ils l'ont appris.

Le libraire haussa les épaules.

- Bah, j'ai appris à ne pas me fier aux réputations. Un ami de mes parents est un loup-garou, et c'est quelqu'un d'adorable et de très cultivé. D'ailleurs vous savez qu'en Finlande, les métamorphes sont considérés avec le plus grand respect ? Je pars du principe qu'on ne choisit pas ce que l'on est et que cela ne conditionne en rien la manière dont nous nous comportons.

- Quelle sage réflexion. Venez. Elle s'appelle Nagini.

Son familier était effectivement assoupie dans sa chambre, telle qu'il l'avait prédit, et il lui fit signe d'approcher tout en tenant le libraire par la nuque.

Elle avait relevé son museau en l'entendant ouvrir la porte, et à présent elle humait l'air de sa langue pour identifier le nouveau venu.

- Maître. Est-ce là la proie qui doit être amadouée ?

- Oui. Pour l'instant, il n'est pas question de lui faire du mal. Approche un peu.

De son côté, Harry avait écarquillé les yeux en la voyant, et s'il avait eu un bref mouvement de recul à sa vue, il s'était ensuite à nouveau avancé d'un pas, mains derrière le dos, comme s'il devait se retenir pour ne pas la caresser.

- Par Merlin, je n'en ai jamais vu d'aussi grand ! Elle est magnifique !

Voldemort ne s'attendait pas à une réaction aussi positive, et il ressentit une certaine satisfaction. À défaut de venir de Serpentard, le libraire était au moins capable de percevoir la beauté de la majestueuse reptile…

- Merci. Je lui ai dit que vous étiez un invité, mais évitez tout de même de venir ici à l'improviste. En temps normal, elle se promène librement dans le domaine, et il m'a fallu quelques années avant qu'elle ne cesse d'attaquer mon elfe de maison.

Aucun Mangemort ne venait jamais ici et Harry Potter n'avait pour l'heure aucun indice sur la localisation exacte de sa demeure, mais il préférait être prudent, au cas où il viendrait à l'apprendre par la suite... Le jeune sorcier hocha la tête, sans lâcher Nagini des yeux, et Voldemort le ceignit d'un bras pour le rapprocher un peu plus de lui. Il émanait de sa peau un parfum léger, des fragrances de camomille, de bois et de miel. Obéissant à une pulsion, il approcha ses lèvres pour embrasser la peau offerte, provoquant une myriade de frissons chez sa victime.

- William…

Le timbre du libraire était légèrement plus aigu que d'habitude, et Voldemort sourit en sentant sa fébrilité. Il serait bientôt prêt à être cueilli… Mais il allait attendre que le fruit soit mûr à point.

- Harry… Non pas que je trouve votre compagnie désagréable, mais j'ai malheureusement des obligations pour ce soir. La lumière de la lune ou du soleil est une notion importante en alchimie, et je ne peux pas reporter ces expériences à plus tard. Je crains que nous dussions mettre fin à ce rendez-vous…

Immédiatement, le visage du jeune sorcier s'était transformé, exprimant sa déception mieux que des mots.

- Oh, déjà ! J'ai passé un excellent après-midi en votre compagnie… Et j'ai vraiment hâte de vous revoir. J'ai été heureux de rencontrer Nagini, mais plus que tout pour le début de cette relation. N'hésitez pas à me prévenir de vos disponibilités. Je suis libre tous les soirs de la semaine.

Il le raccompagna jusqu'au hall d'entrée où il le plaqua contre un mur pour l'embrasser avec autorité, et Harry lui répondit immédiatement.

Voldemort s'amusa de son regard enamouré. Il semblait déjà prêt à tout lui accepter… Désormais il suffisait de provoquer en lui la juste dose de frustration pour le mettre à ses pieds.

- J'en suis heureux, Harry. Rassurez-moi, vous êtes capable de transplaner après ces deux verres de Brandy, n'est-ce pas ?

- Oui, ne vous inquiétez pas pour moi. Je serais fidèle au poste demain matin. À bientôt, William.

- À bientôt, Harry.

Il observa attentivement l'autre sorcier jusqu'à ce qu'il disparaisse, avant de pointer sa baguette en l'air pour rétablir la protection de son domaine.

Cela avait été une après-midi constructive et assez agréable. Il ressentait lui-même une certaine impatience à l'idée de posséder le jeune libraire, mais la tâche qu'il voulait lui confier était bien plus importante qu'une simple partie de jambes en l'air, aussi plaisante soit-elle. Harry n'avait aucun moyen de le contacter, il allait donc pouvoir le laisser mariner quelque temps, pour le bien de son objectif ultime.

***/+/***

Harry réapparut à bon port, dans la rue juste derrière sa boutique, l'esprit dans un état second. Outre l'alcool, c'était surtout ce mélange d'euphorie et de déception qui le rendait hagard. William Peverell n'avait cessé de souffler le chaud et le froid. Il lui avait dit qu'il lui plaisait mais semblait vouloir maintenir le vouvoiement. Il lui avait fait visiter sa demeure et l'avait même emmené dans sa chambre avant de brusquement le renvoyer chez lui sous prétexte qu'il avait du travail. Alors qu'il s'attendait à pouvoir enfin concrétiser son fantasme, il s'était contenté de le tenir contre lui et de lui offrir quelques baisers… Trois malheureux baisers et deux verres d'un brandy probablement hors de prix. C'était tout ce qu'il avait pu obtenir… Il passa sa main le long de sa nuque. Il pouvait encore ressentir ses lèvres frôler sa peau… Une sensation bien trop fugace à son goût.

Dépité, il regagna son appartement, fortement tenté à l'idée d'accompagner sa soirée par quelques verres d'alcool. William Peverell… Son nouveau petit ami était un Serpentard un peu guindé mais ô combien désirable ! Beau, riche, cultivé, intelligent, amateur de voyages. Il avait pu découvrir sa demeure qui faisait au moins 6 fois la taille de son appartement, sa collection qui aurait fait pâlir d'envie les plus prestigieux musées du monde et son python géant suffisamment grand pour dévorer un homme adulte.

Il ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'il lui trouvait. Après tout, il n'était qu'un libraire… Certes, il réalisait des éditions rares de livres de contes, mais il n'avait rien d'exceptionnel… Il espérait seulement que William n'était pas avec lui par pur intérêt littéraire.

Le visage de sa meilleure amie apparut dans ses pensées, lui suggérant d'enquêter sur l'alchimiste, cependant il l'a chassa d'un geste vague. Il voulait lui faire confiance, commencer cette relation sur des bases saines. Et il ne comptait pas céder à la paranoïa ambiante. De toute façon, il semblait avoir bien assez d'argent pour s'acheter tous les livres qu'il désirait.

Harry se prépara un sandwich au cheddar et au rosbeef et se cala devant la TV avec un verre d'hydromel. Ce n'était clairement pas la soirée dont il avait rêvé la veille, mais il allait devoir s'en contenter…

Le lendemain matin, il se réveilla dans son canapé, l'esprit embrumé par la multitude d'émotions ressenties la veille, cependant il s'empressa de prendre une douche froide pour se remettre les idées en place. À présent que son petit ami risquait de passer à tout moment, il ne pouvait plus se permettre de négliger son apparence.

Il se lava et enfila une tunique propre en songeant qu'il allait devoir consacrer une soirée à nettoyer et ranger son linge. Puis il prit un petit déjeuner avant de descendre à sa boutique avec entrain. William venait souvent dès l'ouverture, et il était hors de question d'être en retard !

Une fois le rideau de fer levé, il regarda avec espoir à droite et à gauche avant de faire la moue. Son petit ami n'était nulle part en vue, mais peut-être viendrait-il plus tard… ?

La matinée se passa avec lenteur, sans que William ne vienne lui rendre visite, mais alors qu'il allait fermer boutique pour le midi, ce fut pour voir un visage familier passer le pas de sa porte. Il s'agissait de Venusia Wilkins, l'une des dernières Auror intègres en faction au Royaume Uni, et il la salua avec un sourire. Il la connaissait car elle avait été collègue de Franck et Alice Londubat ainsi que de Sirius, et elle avait été beaucoup présente pour lui et Neville durant les années qui avaient suivi leur mort.

- Venusia ! Salut ! Que me vaut le plaisir ?

- Salut Harry. Je suis désolé, c'est en tant qu'Auror Wilkins que je viens aujourd'hui. Connaissais-tu un individu du nom de Wladyslaw Odonic ?

- Ouai, un braconnier polonais à qui j'ai donné une bonne leçon. Pourquoi cette question ?

La sorcière fit la grimace.

- Tu ne m'aides pas là… Il y a quelques jours, le Département de contrôle et de régulation des créatures magiques a été appelé à Authorpe, dans le Lincolnshire, pour un nombre anormalement élevé de Diricos, Focifères et Jobarbilles dans les environs. Au départ, ils pensaient qu'un vieux sorcier avait simplement laissé échapper sa ménagerie, mais en fouillant un peu, ils ont trouvé les cendres d'un camp de braconniers dans la forêt de Tothill. C'est à ce moment que j'ai récupéré l'affaire. De la tente principale, il ne reste plus rien, mais en fouillant aux alentours, on a retrouvé des parchemins signés de la main d'un certain Wladyslaw Odonic. Il y avait notamment des informations sur toi et ta boutique, avec les preuves très nettes qu'ils organisaient quelque chose contre toi… C'est sérieux, Harry, il faut que tu comprennes que pour l'instant, tu es mon suspect principal…

- Quoi ! Mais je ne les ai même pas blessés ! Ils ont attaqué ma boutique y a deux semaines de ça et je leur ai juste lancé des maléfices de duel de Poudlard ! Ils sont repartis entiers, j'ai un client qui peut le témoigner. Et j'avais bien autre chose à faire que d'aller incendier leur tente en pleine période de Noël, je ne savais même pas où elle se trouvait !

- Le fait que tu les ai laissé repartir entiers ne prouve pas que tu n'y es pas retourné pour te venger. Bien sûr, je te connais, mais tu sais que mon chef me met constamment la pression. Il m'a encore menacé de me renvoyer hier. Je ne peux pas taire l'affaire sous prétexte que t'es le filleul d'un ancien collègue !

Harry soupira longuement. La première semaine de l'année commençait décidément bien mal.

- Et comment je dois m'y prendre, pour prouver que je suis innocent, au juste ?

- Dans l'idéal, il faudrait retrouver le vrai coupable, mais je suppose que je pourrais te relâcher après un témoignage sous Veritaserum. Ferme ta boutique, je vais t'emmener au Ministère.

Le libraire maugréa.

- Puisque c'est si gentiment proposé… Je suppose que je n'ai pas le choix. Allons-y.

L'Auror le fit transplaner jusqu'au Ministère où ils longèrent la statue de la Fraternité Magique pour se diriger jusqu'aux ascenseurs. Comme d'habitude, les lieux étaient bondés, et Harry s'efforça d'ignorer les regards suspicieux de certains sorciers. Heureusement que Venusia ne l'avait pas attaché.

Ils arrivèrent finalement au département de la justice magique et il put sentir l'Auror se tendre soudainement à ses côtés. Il allait lui demander ce qui n'allait pas lorsqu'il vit un sorcier à l'allure austère s'avancer vers eux d'un pas vif.

- Auror Wilkins ! Peut-on savoir ce que vous fabriquez ?

- Monsieur Yaxley ! Je fais mon travail ! Je viens d'appréhender un suspect dans l'affaire du camp de braconniers qui a été incendié.

- Mais je n'y suis pour rien !

L'homme en costume sombre lui jeta un bref regard, mais Harry ne l'avait jamais rencontré et il comptait bien clamer son innocence aussi souvent que nécessaire, si cela pouvait lui permettre de sortir plus vite. Le dénommé Yaxley sembla ignorer son intervention car il s'était déjà retourné vers Venusia.

- Quel est son nom ? Vous avez des preuves ?

- Harry Potter, monsieur. Il a lui-même reconnu, je cite, avoir donné une bonne leçon au groupe de braconniers, et on a retrouvé un parchemin prouvant qu'ils prévoyaient de se venger. On a le mobile du crime.

Harry allait à nouveau tenter de se défendre, mais pour une raison étrange, l'homme écarquilla brusquement les yeux à l'entente de son nom, comme s'il venait d'entendre quelque chose de terrifiant.

- Relâchez-le immédiatement ! Ce n'est pas votre coupable !

- Quoi ! Mais monsieur… !

- Ne m'obligez pas à répéter ! Une dernière erreur de ce genre et je vous mute au service de détournement de l'artisanat moldu, me suis-je bien fait comprendre ?

Venusia avait l'air scandalisée, quant à Harry, il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il lui arrivait. Il n'y avait absolument aucune raison qu'il se retrouve dans les petits papiers d'un haut gradé du ministère, pourtant celui qui semblait être le chef des Aurors avait annoncé sa libération à la simple évocation de son nom !

L'Auror fit immédiatement demi-tour pour l'entraîner vers la sortie, et il se laissa faire. Venusia Wilkins le connaissait depuis des années, il se doutait donc qu'elle allait avoir quelques questions à lui poser…

Ils regagnèrent la zone de transplanage en quelques minutes et Harry tenta maladroitement de réconforter la sorcière.

- Écoute, je te jure que je n'ai aucune fichue idée de ce qu'il vient de se passer. J'ai encore le temps de déjeuner avant de rouvrir la boutique. Tu veux venir à l'appartement ?

- Harry… Je suis désolée mais… Je te pensais coupable. Et que pour une fois… pour une fois j'allais être félicitée pour mon travail. Alors…

- Venusia, enfin, tu me connais ! Tu crois vraiment que j'aurais pu incendier tout un camp de braconniers juste pour me venger ?! J'y suis pour rien, je pensais qu'ils avaient quitté le pays. La période de Noël est toujours très chargée à la boutique, j'avais bien autre chose à faire que d'aller pourchasser qui que ce soit ! Et je n'avais jamais rencontré ce monsieur Yaxley, je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle il t'a demandé de me libérer. Peut-être qu'il m'a confondu avec quelqu'un d'autre ?

L'Auror semblait dépitée, à mi-chemin entre l'exaspération et le désespoir.

- J'en doute fort, mais allons discuter autre part. Ici les murs ont des oreilles…

Ce fut cette fois Harry qui dirigea le transplanage, et il les fit apparaître dans la rue arrière de son immeuble. Il conduisit l'Auror jusqu'à son appartement et se mit en œuvre de préparer le repas tandis que son invitée regardait autour d'elle.

- Je fais des nouilles sautées, ça te va ?

La sorcière soupira.

- Ça sera parfait, merci. Tu es toujours aussi accueillant, décidément… Pour répondre à ta dernière question, mon chef a réagi en entendant ton nom, donc il a dû l'apprendre d'une manière ou d'une autre. Et si je me fie à mon expérience, les gens qu'on m'ordonne de libérer sont rarement innocents. Harry, puisque tu es manifestement intouchable, je ne peux plus t'inculper pour quoi que ce soit. S'il te plait, réponds-moi franchement, est-ce que tu aurais trempé dans des affaires louches ? Je sais que tu es capable d'aller loin pour des livres rares…

Le libraire se retourna vivement.

- Alors là je t'arrête tout de suite, j'ai arrêté de piller des tombes ! J'ai fait ça qu'une fois, et c'était pas comme si le propriétaire allait le regretter ! Le grimoire allait tomber en poussière !

- J'espère bien ! C'était une tombe gobeline et la famille avait porté plainte contre vous, je te rappelle ! Ta mère et moi avions eu toutes les peines du monde à la leur faire retirer…

Durant sa 6e année, il était allé explorer des catacombes avec Neville et Luna et ils s'étaient retrouvés prisonniers à cause des systèmes de sécurité magiques mis en place pour éviter les pillages. Aujourd'hui ils riaient encore à ce souvenir, mais sur le coup sa mère avait été furieuse, sans parler d'Augusta Londubat, la grand-mère de Neville.

Harry secoua la tête.

- Non mais sérieusement, je n'ai pas cramé les braconniers ! Si j'avais voulu leur faire du mal, je l'aurais fait lorsqu'ils m'ont attaqué, au moins j'aurais eu l'excuse de la légitime défense ! Je te le jure sur tout ce que tu veux. Et je suis aussi stupéfait que toi pour ton chef. Je reviens à peine de voyage et Dumbledore n'arrête pas d'essayer de me recruter dans son ordre pourris. Y a bien Narcissa et Drago Malefoy qui sont venus m'acheter des livres mais je pense pas que ça suffise à me faire libérer…

Il mit rapidement la table et mangèrent avec appétit, l'un et l'autre quelque peu secoués par les derniers évènements. Harry était vexé d'avoir été suspecté, quant à Venusia, elle ne semblait pas décolérer. Elle plantait régulièrement les aliments de sa fourchette avec hargne, au point que Harry se demanda si elle n'allait pas finir par ébrécher l'assiette.

Finalement, l'heure de reprendre le travail arriva, et l'Auror jeta un dernier regard autour d'elle.

- Bon… Si quelque chose te revient en tête, n'hésite pas. Quelqu'un qui voudrait te protéger, peut-être ?

Le visage de William Peverell apparut immédiatement dans son esprit, mais il s'empressa de l'en chasser. Quand bien même l'alchimiste aurait été capable d'incendier le camp de braconniers pour le protéger, ils ne sortaient ensemble que depuis la veille, et il ne l'imaginait pas violer la loi par pur esprit chevaleresque.

- Franchement, je vois pas. Tu connais mes amis. J'imagine quand même que je ne dois pas être le seul à ne pas aimer les braconniers. Désolé de ne pas pouvoir t'aider davantage.

- Je vois. Je vais retourner enquêter alors… Peut-être que je pourrais attraper le vrai coupable, pour une fois…

Harry regagna sa librairie tandis que l'Auror disparaissait. Il avait un peu pitié d'elle, cependant il ne voyait vraiment pas quoi faire pour l'aider.

L'après-midi se passa tranquillement, mais Harry ne pouvait s'empêcher de revoir le visage de Yaxley, presque effrayé par sa présence. Harry Potter n'était pas un nom si commun que cela, et comme l'avait fait remarquer Venusia, il avait réagi à son nom et non à son visage… Y avait-il donc quelqu'un de suffisamment important au ministère pour obliger le chef du département de la justice magique à le libérer quel que soit son crime ?

Cette pensée ne le quitta pas du reste de la journée et lorsqu'il rentra chez lui le soir, il sut par avance qu'il aurait bien du mal à se concentrer sur une traduction. Mais alors qu'il allait s'installer devant la télévision, le bruit d'un hibou toquant contre sa fenêtre détourna son attention.

Il espéra un instant qu'il s'agissait de William, cependant il reconnut bientôt le hibou de Remus Lupin, et son enthousiasme redescendit en flèche.

Cher Harry

J'aimerais beaucoup t'inviter à dîner pour prendre de tes nouvelles. J'ai bien compris que ma venue avec Dumbledore la dernière fois ne t'a pas fait plaisir, et j'en suis navré. C'est un grand homme malgré ce que tu en penses.
Serais-tu disponible demain soir ? Je te promets qu'il ne sera pas là et que nous ne parlerons pas de l'Ordre. Je voudrais simplement passer du temps avec toi, comme au bon vieux temps.

En te souhaitant une bonne soirée, avec toute mon affection.

Remus.

Harry soupira avant de prendre une plume et un parchemin afin de lui répondre. Il avait été si furieux suite à la dernière visite du lycanthrope qu'il avait refusé de le voir durant la période de Noël, et il ne lui avait même pas fait parvenir son cadeau. Il savait que c'était avant tout de la faute du directeur mais il gardait malgré tout une certaine rancune envers son parrain de substitution. De plus, il avait dit à William qu'il était disponible tous les soirs de la semaine et même si l'alchimiste ne s'était pas présenté de toute la journée, il ne voulait pas se priver d'une opportunité de passer la soirée à ses côtés.

Il pesa le pour et le contre avant de finalement accepter. Si William venait à se présenter le lendemain, il pourrait toujours annuler…

Le lendemain matin, son petit-ami ne donna pas davantage de signe de vie et Harry se plongea dans le travail pour ne pas y penser. Il avait encore de nombreuses œuvres à traduire parmi celles qu'il avait ramenées de son voyage, et sa passion pour les contes lui permit de s'occuper efficacement l'esprit. Cependant, au moment de fermer boutique, il ne put s'empêcher de repenser à lui. Si seulement il avait un moyen de le contacter ! William ne lui ayant même pas donné son adresse, il ne pouvait y transplaner, et aucune de ses cheminées n'était reliée au réseau. Il avait déjà essayé de lui envoyer une chouette la semaine précédente pour l'avertir que son recueil serait terminé, mais Frigg était revenue avec son message toujours accroché à la patte, comme si elle n'avait pas pu trouver le destinataire.

Il nota mentalement de lui poser la question la prochaine fois qu'il le verrait, et alla se changer avant de transplaner chez Remus. Cela lui faisait tout de même plaisir de revoir l'ami de ses parents et il s'attendait à passer une bonne soirée en sa compagnie.

Le loup garou habitait dans une maison isolée au beau milieu de Galloway Forest Park. Il n'y avait aucune habitation avant plusieurs dizaines de kilomètres et Remus avait choisi de construire sa demeure dans la région la plus accidentée pour être certain de ne croiser aucun randonneur lors des nuits de pleine lune. Le paysage était magnifique et Harry prit quelque temps pour regarder autour de lui, une fois arrivé à destination. L'air sentait les conifères et le feu de cheminée et le ciel laissait admirer une myriade d'étoiles.

- Bonsoir Harry !

Il sortit de sa contemplation pour trouver Remus Lupin juste derrière lui, porte grande ouverte.

- Salut Remus ! Bonne année ! C'est toujours un plaisir de venir chez toi !

L'autre sorcier le serra brièvement dans ses bras avant de l'inviter à entrer. À l'intérieur, une délicieuse odeur de soupe de maïs flottait dans l'air. Harry s'empressa de retirer son manteau et se diriger vers le salon pour se réchauffer, et quelle ne fut pas sa surprise d'y trouver un homme déjà confortablement installé.

L'inconnu se leva pour le saluer, et Harry écarquilla les yeux. Il devait faire dans les 2 mètres de haut, et sa musculature était parmi les plus impressionnantes que le libraire ait jamais vu. Ses bras nus malgré la saison laissaient entrevoir une multitude de tatouages aux motifs celtiques. Ses cheveux mi-longs bruns étaient suffisamment longs pour former une tresse sur l'arrière de son crâne tandis que les côtés étaient rasés à blanc. Ses yeux bleus avaient la clarté d'un fjord norvégien, et Harry s'y perdit une seconde avant de reprendre contact avec la réalité.

La pièce avait beau être vaste, il dégageait une telle aura que sa présence avait quelque chose d'oppressant, faisant perdre ses mots au libraire pourtant prolixe.

- Bonsoir. Je suis Aren. Le petit ami de Remus.

Il avait tendu la main en avant, et il avait fallu le retour du loup garou pour que Harry reprenne ses esprits et finisse par la lui serrer.

- Euh, bonsoir. Je suis Harry, Harry Potter. Remus ne m'avait pas dit qu'il avait trouvé quelqu'un.

- Il faut dire que tu ne m'as pas laissé en placer une la dernière fois que nous nous sommes vus. Tu veux boire quelque chose ?

- Un verre d'hydromel, s'il te plait. Alors, ça fait longtemps que vous êtes ensemble ?

Harry s'installa autour de la table basse en compagnie du colosse et Remus ne tarda pas à réapparaître avec deux verres à la main. Une bouteille flottait derrière lui et il servit Harry ainsi que lui-même avant de s'asseoir. Il s'était installé aux côtés de son compagnon, et le libraire eut un sourire attendri en voyant le regard qu'ils s'étaient mutuellement portés.

- J'ai rencontré Aren il y a plusieurs mois de cela. Je ne voulais pas t'en parler avant que ça ne devienne vraiment sérieux entre nous, mais…

- Remus a fini par comprendre que je ne le laisserai plus jamais partir.

Aren avait ponctué sa phrase en passant un bras possessif autour de la taille du lycanthrope pour le rapprocher encore davantage, comme si la présence de Harry aurait pu être une menace de quelque manière que ce soit.

- Et bien je suis heureux pour vous. Remus, ça me fait plaisir de te voir comme ça. Tu as meilleure mine, je trouve.

- Aren prend soin de moi, et il m'a appris à m'accepter. J'ai l'impression de revivre. Mais parlons un peu de toi, Harry, raconte-nous ton voyage. Aren, Harry a fait le tour de tous les pays d'Europe, c'est bien ça Harry ?

- En effet, j'adore parcourir le monde. C'est comme une nouvelle naissance chaque fois que l'on découvre un pays. Je découvre une nouvelle langue, de nouveaux paysages, une nouvelle gastronomie, de nouvelles créatures fantastiques… Je voyage pour recopier les contes des différents pays que je traverse. Toutes les légendes, les mythes fondateurs, les histoires pour enfants… Je les collectionne, les traduit, les illustre pour permettre à tous de les découvrir.

- C'est un beau métier ! Tu es une sorte de scalde des temps modernes. Les gens comme toi se font rares à notre époque.

- Merci ! Et vous, que faites-vous comme métier ?

- Je… chasse.

- Vous chassez des animaux sauvages ?

- Non, je suis chasseur de prime. À l'origine, j'étais venu ici pour traquer un sorcier malfaisant, mais j'ai rencontré Remus, alors j'ai rempli ma mission et je suis resté.

La dernière intervention d'Aren avait laissé place à un léger blanc, uniquement troublé par le bruit des buches craquant dans l'âtre. Remus était partit dans la cuisine, et il revint bientôt avec un petit jambon qu'il découpa en fines tranches sous le regard affamé de Harry.

- Et toi alors, Lily m'a dit que tu avais quelqu'un en vue ?

- Misère, moi qui espérais qu'elle ait oublié… C'est tout nouveau, nous ne sortons ensemble que depuis dimanche. C'est un alchimiste de 43 ans, il s'appelle William Peverell. Il a déjà fait le tour du monde et a une collection de contes absolument extraordinaire.

Le lycanthrope rit doucement face à l'air rêveur du dernier des Potter.

- Ta mère avait l'air de prendre plutôt bien le fait que tu sois gay. Tu vois, tu avais tort de t'inquiéter.

Harry grogna. Remus et son instinct de loup l'avait détecté alors qu'il était encore à Poudlard. Harry lui avait fait faire la promesse de ne jamais le dire à sa mère et il avait tenu sa parole.

- Ouai, elle m'a dit qu'elle s'était faite à l'idée. Au final c'est Luna qui a mis les pieds dans le plat, mais ce n'est pas plus mal. Peut-être que c'est le bon, cette fois.

- C'est tout ce que je te souhaite, mon cher Harry…

La soirée se passa tranquillement, mais Harry ne pouvait se départir d'une impression étrange vis à vis d'Aren. Depuis son arrivée, l'homme n'avait bu ni n'avait mangé quoi que ce soit, se contentant de les observer et de participer à la conversation tandis qu'eux même s'installaient à table. De plus, malgré son air cordial et son attachement manifeste à Remus, il y avait quelque chose dans son regard qui mettait Harry mal à l'aise, au point qu'il n'arrivait pas vraiment à se détendre. Il n'avait trop osé poser de question, mais lorsque Remus amena le dessert avec seulement deux assiettes, il ne put s'empêcher de l'interroger.

- Tu ne manges rien, Aren ?

- J'ai malheureusement un régime alimentaire très particulier. Ne t'en sens pas vexé, tu ne me verras sans doute jamais manger.

Il avait eu un petit rictus en disant ça, et Remus avait souri avec bonhomie.

- J'ai enfin trouvé quelqu'un avec qui partager ma vie sans avoir à partager le contenu de mon assiette. Aren a vraiment toutes les qualités.

Harry ne put s'empêcher d'éclater de rire, connaissant la difficulté de son ami à se procurer suffisamment de viande pour satisfaire son estomac de lycanthrope. Mais alors que Remus était en train de servir le café, le bruit d'un corbeau tapant contre le carreau attira soudain leur attention.

Avant même que les deux Gryffondors aient pu réagir, Aren s'était levé et avait récupéré le message que transportait le volatile. Le message semblait succinct, et il s'empressa de le chiffonner avant de le mettre de sa poche.

- Désolé, je dois y aller… C'est le boulot.

- À cette heure-là ?!

Harry avait écarquillé les yeux tandis que le sourire de Remus s'était voilé.

- Fais attention à toi.

- Je rentrerais, ne t'inquiètes pas pour moi, mon loup…

Il serra la main de Harry et embrassa Remus d'un baiser passionné avant de quitter la maison, un simple manteau de cuir noir sur les épaules.

Son départ avait donné lieu à quelques secondes de silence, jusqu'à ce que le libraire reprenne la parole.

- C'est bizarre son métier, non ?

- Je ne peux rien te dévoiler de plus que ce qu'il t'a dit. Tout ce que tu dois savoir, c'est que c'est un homme bien. Il m'a sauvé… Il m'a accepté tout entier.

- Alors je lui fais confiance. Tu le mérites, Remus.


Fin du chapitre 5

Kyaaa je suis ultra fan d'Aren. Il va avoir un rôle à jouer par la suite, mais j'ai même envie d'écrire un OS pour raconter sa rencontre avec Remus. Merci 0EvieHolmes0 de me le prêter, puisqu'il s'agit à l'origine d'un de ses personnages. ^^

La relation entre Harry et Voldy a enfin débuté. À la base j'avais prévu de les faire coucher ensemble dès le chapitre 5 mais Voldy ne couche pas le premier soir 😂😂 et surtout Saya m'a suggéré de créer un peu de frustration et j'ai suivi son idée (Si vous cherchez la suite de Tick Tick BOOM, elle ne publie plus que sur Wattpad sous le nom SayaCreativ).

Réponse aux reviews guest :

Ekateri : Merci pour ta review et ton enthousiasme ! Je suis heureuse que le début de l'histoire t'ai plu ! ^^ J'espère que la suite te plaira tout autant !