Titre : Le pouvoir des mots

Auteur : Lady Zalia

Disclaimers : Je me liquéfie dans ma chaise… et j'ai mal au pied. Et vous, ça va la canicule ?

Mon médecin pense que je me suis arraché un tendon. Au bout de 3 semaines d'immo, ma cheville est toujours gonflée et douloureuse. J'EN AI MAAAAARRE !

Je garde le moral en vous pondant des chapitres en moins d'une semaine (que je pourrais sans doute écrire en 4 jours si je passais pas la moitié de mon temps à procrastiner), n'empêche que je suis fière de moi. J'espère qu'il vous plaira. Bonne lecture !


Chapitre 7

Harry ouvrit la porte de sa boutique pour tomber nez à nez avec William Peverell, aussi élégant qu'à l'ordinaire. Le Serpentard n'était pas venu le matin, contrairement à ses précédentes visites, de ce fait le libraire ne s'attendait pas à le voir débarquer. La surprise passée, il lui offrit un sourire radieux et s'effaça pour le laisser entrer.

- Monsieur Peverell, quelle bonne surprise ! Bienvenue !

L'alchimiste l'entraîna immédiatement derrière le comptoir pour l'embrasser à l'abri des regards et Harry accueilli son étreinte avec joie. Leur baiser fut aussi passionné que d'habitude, ce fut cependant trop peu à son goût, et il passa un bras derrière la nuque de son amant pour le retenir. C'était sans compter la force de William qui n'eut aucun mal à se défaire de son emprise.

- Tu sais que je n'aime pas les démonstrations publiques. Mais que dirais-tu de venir chez moi ce soir ? Nous pourrions satisfaire nos désirs mutuels après un bon dîner…

Le Gryffondor sentit immédiatement tout son corps réagir à cette idée. Leur première étreinte lui avait laissé un souvenir marquant et il brûlait d'envie de réitérer l'expérience.

- J'accepte avec grand plaisir ! Il faudra que je te rende la pareille à l'avenir… Même si mon appartement fait la taille de ton salon, mon lit est assez grand pour deux.

William sourit et s'écarta de quelques pas, sortant le fameux grimoire de son sac.

- Nous en discuterons plus tard. Pour l'instant, ton travail t'attend.

Harry fit la moue face à l'austérité de ses propos, cependant la vue du grimoire lui rappela ses réflexions de la veille, et il sortit le portrait du cartographe pour illustrer son hypothèse.

- Justement… tiens, regarde… Ça va peut-être te sembler surréaliste, mais… hier, je suis persuadé d'être… comme rentré dans le livre. Alors que je traduisais, j'entendais la pluie qui tombait, les feux de camp derrière moi, le bruit des conversations, l'odeur de l'humidité… Et j'ai vu le cartographe comme je te vois. Il était devant moi, je serais même capable de reconnaître le son de sa voix.

L'alchimiste saisit le dessin pour l'observer avec attention, cependant son visage était parfaitement lisse et Harry ne sut y lire la moindre émotion.

- Effectivement, c'est… singulier. Cependant, il ne s'agit peut-être que d'un enchantement d'illusion placé sur le grimoire. Je ne pense pas qu'il faille nécessairement s'inquiéter, mais simplement être prêt à tout.

Loin de ressentir de la peur, le libraire avait plutôt un regard rêveur.

- Mais c'est génial ! Imagine si on pouvait vivre les livres comme si on y était ! Moi je trouve ça plutôt classe. On pourrait s'évader vraiment, rencontrer ses personnages favoris ! C'est dans ces moments-là que je suis le plus heureux d'être un sorcier. La magie permet de faire tellement de choses qui seraient totalement inenvisageables autrement !

Cette fois, son amant éclata de rire spontanément.

- Tu es bien l'une des rares personnes à arriver à me surprendre régulièrement. Beaucoup seraient effrayés face à un livre possédant un tel pouvoir. Mais toi tu trouves ça merveilleux… Et bien pour ma part, je préfère être prudent. J'ignore si le narrateur va trouver l'origine de ces mystérieux hurlements mais quoi qu'il en soit je reste à tes côtés.

Harry fit un clin d'œil en guise de réponse, s'étirant sommairement avant de s'installer devant son bureau.

- Et bien il est temps de le découvrir. Je compte sur toi pour assurer ma protection.

S'emparant de sa plume, Harry posa le doigt là où il s'était arrêté la veille.

L'absence des cinq mercenaires avait provoqué un certain remous au sein de la caravane. Nous avions déjà dû rationner la nourriture la veille et il ne restait désormais que des biscuits de voyage et tout juste assez de légumes pour faire une soupe claire. Je décidai de nourrir en priorité les mercenaires restants, pour m'assurer leur protection contre d'éventuelles bêtes sauvages. La pluie n'avait pas cessé de tomber et l'obscurité de la nuit s'était encore vue renforcée par une brume épaisse. L'orage tonnait si fort que les autres bruits s'en retrouvaient atténués et même ma baguette me semblait désormais une défense dérisoire face aux ténèbres de cette région reculée.

Parmi mes hommes, quelques-uns avaient voulu s'aventurer plus profondément dans la caverne, estimant qu'ils y seraient plus en sécurité si d'aventure quelque chose de l'extérieur venait à nous attaquer. Je les avais laissé faire, trop fatigué pour lutter et pensant qu'ils ne pourraient de toute façon aller bien loin.

Au beau milieu de la nuit, un terrible hurlement nous réveilla tous. Il s'agissait d'un cri humain, mais il transportait avec lui tant de terreur, tant de douleur, qu'il nous saisit d'effroi. L'un de mes hommes en fut si terriblement touché qu'il s'effondra tout d'un coup, comme foudroyé sur place. D'autres s'armèrent de tout ce qu'ils purent trouver tandis que d'autres encore cherchaient une manière de se cacher. En un instant, la caravane avait sombré dans l'anarchie la plus totale, et dans ma stupeur, je peinais à prendre la moindre décision.

Finalement, j'allumai plusieurs torches pour rassurer mes hommes, et je me rendis jusqu'à l'entrée de la grotte pour y voir les mercenaires en poste.

Cependant ce que je vis alors me pétrifia plus efficacement qu'une Gorgone. À la place où auraient dû se trouver mes hommes, il n'y avait que du sang. Ici, une épée avait été abandonnée, un peu plus loin un arc. Mais nul traces des corps ou d'un quelconque survivant. Le hurlement qui nous avait tous réveillés avait semblé retentir bien au-delà de la grotte. Mais alors comment expliquer la disparition soudaine de nos gardes du corps ? C'était comme s'ils avaient soudainement été enlevés, sans avoir le temps de se défendre ou même sonner l'alerte.

Sur les 12 mercenaires engagés, les 5 envoyés chasser n'étaient pas réapparus et désormais 4 autres venaient de disparaître. Il ne restait donc plus que 3 hommes armés pour assurer notre défense. De notre côté, les 18 membres de l'expédition, moi y compris, n'étions pas des hommes d'action.

Faisant fi de mes scrupules, j'utilisai ma magie pour allumer des feux à l'entrée de la grotte. Éloigner les prédateurs me semblait plus important que préserver le secret à tout prix. Mais alors que je revenais vers le groupe, les regards que me lancèrent mes hommes me firent comprendre qu'une mutinerie était sur le point d'éclater. Même mon cartographe habituellement si aimable me regardait avec rage.

- Monsieur ! Comptiez-vous nous cacher la disparition des mercenaires ?

- Je ne voulais pas semer la panique, tout simplement. Dès demain, nous lèverons le camp malgré la pluie et cheminerons jusqu'au village le plus proche. Nous pourrons y acheter de la nourriture aux paysans locaux.

- Des hommes ont disparu ! J'ai vu les traces de sang ! Comptiez-vous vraiment faire comme si de rien n'était ? Que faisiez-vous à l'extérieur ?

Un autre s'avança.

- Ne vaut-il mieux pas partir tout de suite et revenir sur nos pas ? Ici nous sommes pris au piège, faits comme des rats ! Rien de bon n'arrivera si nous nous enfonçons davantage dans ce maudit pays ! Les chevaux se sont reposés toute la journée, ils arriveront bien à semer des loups. Si nous attendons demain, ils vont se faire dévorer !

Je pris le temps de tous les écouter, désireux de calmer leur colère. J'étais le seul à parler couramment le roumain mais quelques-uns parmi eux avaient suffisamment de notions pour pouvoir se débrouiller. Alors que je les observais, je pris alors conscience de l'absence de plusieurs d'entre eux.

- Une minute ? Où sont Xavier, Marc et Antonin ? Quelqu'un les a-t-il vu ?

Bérénice pointa le fond de la caverne du pouce.

- Hier soir, ils sont partis s'installer au fond. Ils n'ont peut-être pas entendu le bruit ?

Pris d'un terrible pressentiment, je me précipitai vers les amas de roches plongés dans les ténèbres, levant bien haut ma torche pour éclairer devant moi. C'est alors que je tombai sur une scène absolument terrifiante : Une horrible créature quadrupède était en train de se nourrir de mon condisciple. Haute d'1m70 au garrot, sa longue langue noire plongée dans sa chair. Son corps semblait visqueux, comme recouvert de poix, et ses pattes étaient pourvues d'écailles noires et saillantes. On aurait dit le croisement monstrueux entre un reptile et un Sinistros.

Le prédateur leva sa gueule béante vers moi, me permettant de saisir l'effroyable dimension de ses crocs acérés. Une substance bleuâtre s'en échappa tel une bave putride, et je suivis malgré moi le trajet de ce liquide répugnant jusqu'au sol.

Je faillis moi aussi être sa victime, à la fois fasciné et terrifié par cette apparition surnaturelle, cependant je me ressaisis juste à temps, m'emparant de ma baguette pour produire un jet de flamme droit devant moi.

La créature poussa un grondement féroce, cependant ma magie l'avait fait immédiatement reculer, et elle plongea vers le fond de la grotte jusqu'à disparaître de ma vue. Je la poursuivis, confiant quant à ma capacité à la terrasser, cependant elle avait déjà disparu, sans une trace, sans la moindre preuve de sa venue. La paroi était parsemée de nombreuses fissures et aspérités, mais aucune n'était suffisamment grande pour permettre à un loup de passer, et encore moins à la créature massive que j'avais aperçu.

Sidéré, je retournai vers le cadavre de mon condisciple. Sa baguette était encore serrée entre ses doigts, mais ses yeux vitreux manifestaient sa surprise. Il n'avait même pas eu le temps de se défendre. Quant aux deux autres hommes, ils s'étaient purement et simplement volatilisés.

- Harry. Arrête-toi maintenant.

Une main s'était brusquement posée sur son visage, faisant violemment sursauter le Gryffondor, renversant plume et encre au passage. Il pouvait entendre son cœur tambouriner dans sa poitrine et une sueur glacée couler le long de son dos.

Un second bras le ceintura fermement, le forçant à se reculer de son bureau et à se retourner, et il eut un soupir de soulagement en voyant William Peverell devant lui. Le sorcier semblait presque… inquiet, et Harry essuya machinalement les larmes qui perlaient au coin de ses yeux avant de se précipiter dans les bras de son amant.

- Par Merlin… j'ai eu la peur de ma vie.

Pour une fois, ce dernier ne le repoussa pas, bien qu'ils fussent encore dans la boutique, pour le plus grand bien du libraire qui tremblait de tous ses membres.

- Raconte-moi. Qu'as-tu vu ?

- Une créature… Je… J'ignore ce que c'était. Un peu plus grand qu'un hippogriffe, tout noir, avec une peau lisse et luisante comme un amphibien. Il y avait des écailles sur ses pattes, un museau et une mâchoire aussi effrayante que celle d'un dragon. Et c'est capable d'apparaître et disparaître… Ou plutôt… de transplaner. C'était le fond de la grotte, et pourtant Xavier, Marc et Antonin sont morts. Ils auraient dû être en sécurité !

Sa voix prenait des accents hystériques, il le sentait bien, mais il était incapable de se calmer. Il revoyait encore le cadavre de l'autre sorcier, la plaie béante au niveau de sa gorge, et les horribles griffures sur son torse.

- Harry, ça s'est passé il y a des siècles. Ces créatures ne sont pas là, tu ne risques rien.

Le libraire inspira longuement, profitant de l'étreinte du Serpentard. Il se sentait bien entre ses bras, son odeur et sa voix étaient rassurantes.

- Merci. Heureusement que je passe la soirée avec toi. Je crois que je n'aurais pas supporté de rester seul. C'était tellement réaliste… toutes ces sensations !

- Et dire que tout à l'heure tu trouvais cette magie fantastique…

Il fit la moue face à l'air moqueur de son amant.

- Je n'aime pas les histoires d'horreur ! Je suis habitué aux contes pour enfants moi… Et c'est tellement immersif. C'est comme si j'étais Paul de Tudèle, j'oublie tout de ma vie actuelle, j'oublie où je suis, qui je suis… Ça me retourne le cerveau à chaque fois.

- Ne t'inquiète pas, je ne te laisserai jamais seul avec ce livre. Ce soir tu resteras avec moi et demain tu ne travailleras pas dessus. Je crois qu'il vaut mieux y aller progressivement…

Harry hocha la tête, les yeux encore brillants d'émotion. William était si gentil et si attentionné avec lui ! C'est pour cela qu'il voulait l'aider, traduire pour lui ce grimoire qui semblait si important pour son travail. Il n'était ni riche ni puissant, mais s'il pouvait faire quelque chose, il n'allait tout de même pas abandonner sous prétexte qu'il avait peur !

- Je le ferai ! Je suis un Gryffondor et je t'... J'ai envie de le faire, pour toi.

Il avait failli lui dire qu'il l'aimait, alors que cela ne faisait que quelques jours qu'ils étaient ensemble… Il claqua ses deux mains sur ses joues pour se remettre de ses émotions, et s'écarta du Serpentard. Entre-temps, la nuit était tombée, et un coup d'œil à la pendule l'informa qu'il était presque l'heure de fermer boutique.

- Aucun client ne s'est présenté de l'après-midi. Sinon tu te doutes bien que je t'aurais sorti du livre.

- Merci d'être resté à mes côtés tout ce temps. Ça ne gêne pas trop tes hommes que leur patron soit si souvent absent ?

William eut un étrange rictus.

- Non, ils ont leurs ordres et savent qu'ils n'ont pas intérêt à me déranger pour des futilités. Heureusement, la plupart d'entre eux sont suffisamment intelligents pour être autonomes dans leurs tâches quotidiennes.

- Ça doit être confortable d'avoir de tels hommes de confiance. Ce n'est pas évident de nos jours et c'est pour ça que je n'ai aucun employé. Mon ami Neville tient une boutique d'herboriste, et il m'a raconté de ces choses… Plusieurs de ses apprentis se sont révélés être des voleurs ou des arnaqueurs, prêts à s'en prendre à lui pour se faire de l'argent. Ça fait froid dans le dos.

- Il faut parfois être ferme pour se faire respecter. Par chance, mes employés ne sont pas comme ça. Ils sont fiers de faire partie de mon entreprise et sont conscients qu'ils auraient tout à perdre s'ils me trahissaient. Nous formons une sorte de grande famille, d'ailleurs il arrive souvent que plusieurs générations travaillent pour moi. Je suis un guide et un mentor pour eux.

Harry eut un regard rêveur.

- À t'entendre parler comme ça, ça me donnerait presque envie d'abandonner ma librairie pour travailler pour toi ! Juste pour savoir, combien est-ce que tu paierais un pauvre traducteur comme moi ?

Le regard de William rougeoya un instant, et il s'empara de ses poignets dans un geste de pure convoitise.

- Oh, pour pouvoir te garder tout entier pour moi, je pourrais t'offrir un salaire de 400 Gallions par mois. Cela te semble-t-il suffisamment alléchant ?

Le libraire écarquilla les yeux.

- C'est presque le double de mon chiffre d'affaires mensuel ! C'est sacrément tentant, mais je ne crois pas qu'il serait très sage d'avoir son petit ami comme patron. Et puis j'aime trop ma liberté pour la sacrifier, même contre un très confortable salaire.

- Je me doutais que tu ne renoncerais pas aussi facilement à ta chère boutique. Mais tu as raison, il vaut mieux que tu ne sois qu'un employé temporaire. Ainsi je n'aurais aucun scrupule à te dévoyer une fois ta mission terminée. Pouvons-nous y aller ?

- Je ferme la boutique et je vais passer vite fait à l'appart pour prendre quelques affaires. Je n'en aurais pas pour longtemps.

***/+/***

Voldemort avait pressé le libraire pour transplaner jusqu'à chez lui, mais contrairement à d'habitude, ça n'avait pas été que par pure caprice de sa part. Il avait plaisanté et l'avait embrassé pour détourner son esprit, mais pour la première fois depuis bien longtemps, il n'avait pu s'empêcher d'être inquiet.

Lorsqu'il avait stoppé le libraire dans sa traduction, il avait réagi dans l'urgence, et il n'était pas sûr de vouloir savoir ce qu'il se serait passé s'il ne l'avait pas fait. Il avait vu la terreur se peindre peu à peu sur ses traits, puis il avait entendu le hurlement. Un hurlement qui avait semblé dangereusement proche. À présent, ils venaient d'apparaître dans son jardin, et il poussa un bref soupir de soulagement.

Avec un peu de chance, les manifestations surnaturelles n'avaient lieu qu'à l'endroit où le grimoire était traduit, et il suffisait de transplaner pour les maintenir à l'écart… Avec un peu de chance, Harry pourrait ignorer pendant quelques jours encore l'horrible vérité attachée à ce livre impie.

Pour l'heure, il n'avait aucune certitude et ne pouvait que suivre son instinct, mais il comptait faire ce qu'il fallait pour préserver le libraire de ces monstres tout droit issus du folklore roumain, quitte à ne plus le lâcher d'une semelle.

- Tu as passé un après-midi éprouvant, tu prendras bien un verre ?

Selon comment se déroulait la soirée et les réactions du jeune sorcier, il n'excluait pas de le droguer pour mieux assurer sa protection, cependant pour l'heure il voulait juste faire en sorte qu'il se détende.

- Je t'avoue que je me sens frigorifié. Je préférerai un thé.

- Libre à toi. Dana ! Du thé pour deux au salon.

- Pas de cognac finalement ?

Il l'attira vers lui pour l'embrasser, électrisé par son regard espiègle.

- Je t'accompagne. Puisque tu es là, je ne peux tout de même pas boire seul !

Harry s'était laissé faire, se lovant même dans ses bras, comme s'il savourait son étreinte. Il n'avait aucune raison de l'en déloger, et il transforma son fauteuil en méridienne d'un coup de baguette. Il voulait s'asseoir tout en le gardant à ses côtés et le jeune sorcier sembla approuver. Sa peau était froide et ses bras couverts de chair de poule.

Voldemort pouvait encore sentir l'odeur subtile de la peur sur sa peau et il raffermit son emprise autour de la taille fine de son amant. Il se sentit bientôt durcir face à ce corps pressé contre ses cuisses, mais il se contenta de caresser son torse à travers ses vêtements.

Lorsque le thé arriva, Harry se leva pour avoir une assise plus stable, mais la légère rougeur sur ses joues prouvait qu'il avait parfaitement senti son excitation. Il s'éclaircit la gorge, manifestement désireux de penser à autre chose.

- Tu aimes le Quidditch ?

- Absolument pas. Je n'ai jamais éprouvé le moindre intérêt pour ce sport.

- Ah. J'étais plutôt bon à une époque. J'étais attrapeur pendant toute ma scolarité à Poudlard et à un moment, j'envisageais même de devenir professionnel.

- Une chance que tu aies renoncé. Nous nous ne serions jamais connus.

Le libraire eut un petit rire.

- Je pense que je m'y serais vite ennuyé. Je n'aime pas la routine, alors devoir m'entraîner tous les jours… On m'aurait renvoyé faute de sérieux. Cela dit, j'aime beaucoup voler, donc si à l'occasion tu as envie d'une balade dans les airs, n'hésite pas. J'en serais vraiment heureux.

Le mage noir ne se dérida pas le moins du monde. Il était parvenu à développer une formule pour se libérer des balais magiques, cependant il ne pouvait se permettre de le dévoiler au libraire. Par ailleurs, le vol ne représentait pour lui qu'un intérêt purement pratique, et il n'avait aucune envie de vagabonder à travers la campagne britannique pour le simple plaisir d'admirer le paysage.

- Je crains que nous n'ayons pas cela en commun. Pour ma part je déteste voler et tous les moyens de locomotion sont préférables à celui-là à mes yeux.

- Mais comment as-tu fait lors de tes voyages à l'étranger ? Tu n'as tout de même pas utilisé les transports moldus ?!

- Non, bien sûr que non. J'avais un balai sur moi. Mais je préférais encore marcher. C'est comme le transplanage. On ne le fait pas par plaisir.

Harry but une longue gorgée de thé, sans doute pour se donner contenance. Il semblait déçu et Voldemort s'amusa de cette réaction enfantine.

- Moi je déteste presque tous les autres moyens de transport magiques. Transplaner c'est désagréable, le Portoloin c'est vraiment le pire et la poudre de Cheminette me donne toujours le tournis. Mais quand je vole, quand je vois les centaines de mètres de vide sous mes pieds, je trouve ça grisant. Le vent, le paysage, la sensation de liberté… Je continuerais à faire mes balades seul, alors. Tu ne m'as jamais dit, tu as grandi dans un milieu sorcier ou moldu ? Même sans voyager, il y a peut-être des coins sympas que nous pourrions nous faire mutuellement découvrir au Royaume-Uni.

Le mage noir hésita à lui dire la vérité. Il détestait ses origines moldues mais il serait sans doute compliqué d'inventer toute son enfance s'il lui posait davantage de questions. Il lâcha un imperceptible soupir. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas fait autant d'efforts pour obtenir quelque chose de quelqu'un, mais pour une étrange raison, son instinct lui chuchotait qu'il pouvait lui faire confiance.

- J'ai grandi dans un milieu moldu. Ma mère était une sorcière mais elle est morte à ma naissance. J'imagine que j'aurais peut-être quelques endroits à te faire visiter.

- Ma mère m'a fait visiter des endroits aussi bien moldus que sorciers. Tu connais le tunnel d'arbres d'Halnaker, dans le Sussex ? Ou la porte de Durdle dans la crique de Lulworth ? Bon, c'est un peu touristique, mais les moldus n'y viennent guère en hiver et le plus satisfaisant, c'est d'y transplaner ou d'atterrir sur place quand c'est fermé au public.

À l'extérieur, une bourrasque de vent attira leur attention, et Voldemort ne manqua pas le violent frisson qui traversa le jeune libraire.

- Il pleut encore, et la nuit s'annonce agitée. Que dirais-tu de prendre un bon bain chaud pour nous délasser avant le diner ?

Manifestement enchanté par sa proposition, Harry s'empressa de terminer sa tasse de thé, une magnifique rougeur sur ses joues pâles.

- Oh ! Ce serait génial ! J'ai encore la chair de poule depuis tout à l'heure.

Sans plus tarder, il l'entraîna jusqu'à la salle de bain où il alluma le robinet d'un coup de baguette. Il se souvenait encore lorsqu'il avait découvert la salle de bain des préfets à Poudlard. Il n'avait connu que des douches communes depuis sa naissance, et malgré la trivialité des lieux, il n'avait pas pu s'empêcher d'en être fasciné. Il avait donc inclus une grande baignoire dans sa demeure et aujourd'hui il savait très exactement comme il allait en profiter.

Lorsqu'il se retourna, Harry avait déjà commencé à se déshabiller, et il se sentit électrisé à cette vue. Il attendit que le jeune libraire se retrouve complètement nu pour le plaquer contre lui, empoignant le galbe de ses fesses pour le surélever légèrement. Ce dernier gémit, mais il le fit taire d'un nouveau baiser avant de le transporter jusqu'au bassin à présent rempli.

Avec un sourire espiègle, il le laissa tomber dans l'eau, sachant que la baignoire était suffisamment profonde pour qu'il ne se blesse pas, et il se déshabilla à son tour.

Harry avait éclaté de rire en atterrissant dans le bassin, se débattant un instant avec la mousse qui avait envahi sa tête avant de nager jusqu'au rebord, se calant contre la paroi pour l'observer.

Voldemort eut tôt fait de retirer ses vêtements, et il emprunta les marches pour descendre progressivement dans l'eau, savourant le plaisir au contact du liquide chaud contre sa peau. Il rejoignit son amant en un instant, pressant leur corps nu l'un contre l'autre en un soupir de contentement mutuel. Il se sentait bien. Malgré tout ce qu'il avait entrepris ces dernières décennies, malgré l'immortalité et la puissance, il savait encore apprécier le confort dont il jouissait actuellement.

Le corps nu du jeune libraire tout contre lui, la passion qui animait ses traits, les halètement ravis qu'il laissait échapper, la manière dont il répondait à ses baisers… Il avait carré les épaules et étendu ses bras sur le carrelage pour se maintenir à flot, permettant au mage noir d'explorer son corps en toute liberté. Ce dernier ne s'était pas gêné. Il avait caressé ses hanches, glissé le long de ses cuisses, frôlé ses testicules, malaxé ses fesses, jusqu'à finalement saisir son sexe pour le comprimer entre ses doigts. Il se montrait impérieux dans tous ses gestes, mais son amant ne semblait pas s'en plaindre, se contentant de rester offert sans même essayer de lui rendre la pareille, comme terrassé par le plaisir.

De cette manière, il avait l'impression qu'il lui appartenait tout entier, et cette idée lui procura un intense sentiment de satisfaction. Il aurait voulu faire de lui un Mangemort pour être certain qu'il ne s'éloignerait plus jamais de lui, le garder sous son autorité et pouvoir plonger son sexe dans ce corps chaud chaque fois qu'il lui en prendrait l'envie.

Il sourit et apposa ses lèvres sur la gorge offerte, suçant la fine membrane de peau jusqu'à y apposer une marque. Pour l'heure, il ne pouvait se contenter que de cela, mais à en juger par ses gémissements enthousiastes et les réactions de son sexe, le libraire avait apprécié la sensation.

Voldemort abandonna la verge tendue pour le pénétrer d'un doigt, et Harry lâcha le rebord du bassin pour s'accrocher à son cou. Le mage noir avait hâte d'enfoncer son sexe dans ses chairs souples, cependant il se contint pour le préparer au mieux.

- Tu aimes ça, n'est-ce pas ? Tu en voudrais plus ?

- Oui ! William, je t'en prie ! Prends-moi !

Satisfait de l'intensité de son désir, il les ramena jusqu'à un endroit où ils avaient pied puis, de quelques gestes vifs, il le retourna contre la paroi du bassin avant de s'introduire en lui. Par Salazar, que c'était bon…

Il entama sans attendre de lents va-et-vient en son sein, provoquant une litanie de mots décousus chez sa victime. Il gémissait, prononçait son pseudonyme, haletait, ou se contentait de syllabes sans aucun sens, mais cela ne faisait que renforcer l'impression de puissance chez Voldemort qui éclata de rire, pris d'une euphorie soudaine.

- Oh Harry, c'est si bon d'être en toi !

Il lui avait pris tant d'êtres chers, il incarnait tout ce qu'il haïssait et pourtant c'était avec lui qu'il couchait et c'était lui qui lui offrirait la jouissance ce soir.

Il remonta une de ses mains pour empoigner sa gorge, le forçant à pencher la tête en arrière, puis il mordilla le lobe de son oreille avant de descendre plus bas, pinçant brièvement la chair de son cou entre ses dents. Il n'avait pas cessé ses allées-et-venues, et Harry semblait bien trop profond dans son plaisir pour s'offusquer de ces petites marques de domination malsaine.

Finalement, il accéléra le rythme jusqu'à provoquer la jouissance chez son partenaire, le suivant peu après dans l'orgasme. Lorsque ses chairs s'étaient resserrées autour de sa verge, ça avait été comme si un courant magique avait brusquement traversé ses reins, le plongeant dans la frénésie jusqu'à être lui aussi assouvit. Il l'avait serré avec une telle intensité que ses doigts avaient sans doute laissé quelques traces sur ses hanches, pourtant le jeune sorcier ne semblait pas s'en soucier, savourant encore la volupté qui venait de le saisir.

- Par Merlin, tu vas me tuer si tu continues à m'offrir de telles séances de sexe…

Voldemort rit, l'entraînant jusqu'aux marches pour s'allonger à ses côtés.

- Je m'en garderais bien, tu es bien trop important à mes yeux.

"Important pour mon plan de domination absolue du Royaume-Uni…"

Ils restèrent encore quelques minutes dans cette agréable langueur, puis ils se décidèrent à sortir du bain pour aller dîner. Comme chaque fois que le libraire était invité à manger, le repas fut délicieux et ils passèrent une agréable soirée à lire, confortablement installés dans le salon.

Voldemort devait bien reconnaître que le Gryffondor était d'une compagnie agréable. Compte tenu de son faible degré de patience, il s'était attendu à devoir le droguer ou l'ensorceler pour ne pas dévoiler son plan, cependant le libraire était discret et pouvait passer des heures à lire dans un parfait silence.

Entre sa journée de travail, leur séance de sexe torride et surtout son immersion dans le grimoire d'Eldritch, Harry était exténué, si bien qu'il tomba littéralement de fatigue aux alentours de 23 heures. Il était encore tôt pour le mage noir, qui n'avait jamais vraiment sommeil, cependant il se doutait que le jeune sorcier ne tiendrait pas toute la nuit éveillé. Il lui proposa de rejoindre sa chambre tout en prétextant vouloir lui-même continuer à lire. Quand bien même il aurait été épuisé, il se méfiait bien trop des conséquences de la traduction d'aujourd'hui pour dormir ne serait-ce qu'une seule seconde. Il avait prévenu Nagini qu'une créature hostile risquait de survenir au cours de la nuit, et il s'était installé juste devant la porte de la chambre, baguette à portée de main.

Les protections de son manoir étaient remontées au maximum, pourtant il pressentait que cela ne suffirait pas contre la magie du grimoire. Cependant, lorsque l'appel de son familier résonna à travers leur lien, il aurait préféré avoir tort.

Il pénétra dans la chambre en trombe, baguette dégainée, et eut tout juste le temps de déployer un bouclier autour du lit avant de voir une silhouette noire et massive s'y écraser.

La bête se tourna vers lui, prête à repartir à l'attaque, et Voldemort eut cette fois le temps de détailler son assaillant. Il s'agissait de la même créature que Paul de Tudèle avait décrite dans son grimoire, et il tenta de la foudroyer d'un sort, espérant la tuer sur le coup. Cependant ce fut comme si son ennemi s'était évaporé juste avant que l'attaque ne le touche, désorientant un instant le mage noir. Il la retrouva au coin de la pièce, pattes avant légèrement repliées sur elles-mêmes, prête à bondir.

Malgré son apparence massive et bien qu'elle ne semblât pas avoir d'œil, la créature était rapide et réagissait avec un instinct surnaturel. Le mage noir retenta un sortilège de foudre, mais à nouveau elle s'était téléportée pour ressortir depuis un autre angle de la pièce. Il rugit de fureur, désavantagé par la configuration des lieux. Il aurait préféré combattre à l'extérieur pour laisser s'exprimer sa magie, car ici il ne pouvait ni détruire le sol, ni faire s'effondrer le plafond ou encore moins incendier la pièce. Il devait préserver le lit où se trouvaient Harry et Nagini, tout en combattant un ennemi dont il ignorait l'étendue des capacités.

À nouveau, la créature tenta d'attaquer son amant, cependant elle ne semblait pas pouvoir pénétrer le dôme de protection, car elle rebondit contre la barrière magique avec un jappement guttural. Parallèlement, les bruits du combat avaient fini par réveiller le jeune sorcier, et son premier réflexe avait été de se recroqueviller au niveau des oreillers pour s'éloigner de la menace. Mais alors que Voldemort pensait qu'il resterait prostré tout le long du combat, ce dernier s'était brusquement redressé, baguette tendue en avant pour éclairer la pièce.

- William !

La créature semblait craindre la lumière, ou peut-être avait-elle compris qu'elle était en infériorité numérique, car elle se volatilisa instantanément dans le coin le plus proche.

Voldemort attendit quelques instants au cas où elle réapparaîtrait, puis il s'aperçut que le libraire semblait en état de choc, et il s'empressa de dissiper le bouclier pour s'agenouiller sur le lit.

- Elle semble partie, tu peux te rendormir. Je veille sur toi.

Il lui jeta un regard de pur effroi, les yeux écarquillés et la silhouette tremblante. Il était resté figé, sa baguette toujours tendue vers l'endroit où la créature avait disparu.

- COMMENT VEUX-TU QUE JE ME RENDORME ! LA CRÉATURE ! C'ÉTAIT LA CRÉATURE DU GRIMOIRE ! ELLE EST SORTIE DU LIVRE ! ELLE A ESSAYÉ DE M'ATTAQUER !

- Du calme, Harry. Je suis là, je ne quitterai pas la pièce. Je te protégerai toute la nuit s'il le faut.

- Mais si elle attaque en plein jour ! Et puis tu vas bien être obligé de dormir à un moment où un autre ! Elle est parvenue à rentrer dans la chambre !

- Nagini reste là, elle saura réagir si je m'assoupis. Ces créatures me semblent plus avoir un comportement de charognard. Elles cherchent à attaquer les proies endormies, car elle n'a pas insisté quand tu t'es réveillé, tout comme face au narrateur dans le grimoire.

- Tu as sans doute raison, mais s'il te plait, reste près de moi…

Il avait resserré ses doigts autour de ses vêtements, comme pour l'empêcher de partir, et Voldemort se sentit un instant perplexe face à cet élan de confiance. Soudain, alors même que le jeune libraire commençait à se calmer, un cri aigu et des bruits de chutes d'objets retentirent depuis l'autre extrémité de la demeure, faisant sursauter les deux sorciers. Voldemort se redressa immédiatement, comprenant en un instant l'origine du vacarme.

- Par Salazar, cette bestiole est en train de s'attaquer à mon elfe… DANA ! Viens ici !

- Quelle horreur ! Je sais que je t'ai demandé de rester avec moi mais… On ne peut tout de même pas la sacrifier !

Il était hors de question d'abandonner Harry Potter pour aller sauver son misérable serviteur, mais si au contraire il pouvait s'en servir comme leurre pour la tuer, cela rendrait au moins sa disparition utile… Il attendit quelques secondes pour voir si son elfe allait les rejoindre, avant de redescendre du lit.

- Elle est peut-être déjà morte, mais je vais tout de même voir. Ne t'inquiète pas, je remets le bouclier et je reviens vite.

Il se désillusionna avant de transplaner, espérant prendre la créature par surprise. Effectivement, lorsqu'il réapparu dans la cuisine, ce fut pour trouver la pièce transformée en champ de bataille. L'elfe avait dû être saisie dans son sommeil, car des traces de sang signalaient les différents endroits où elle avait transplané dans l'espoir de fuir la créature. Cependant elle avait dû succomber à un nouveau coup de griffe, car son corps était étendu dans un coin de la pièce, parfaitement immobile, ses yeux globuleux grands ouverts en direction du plafond.

Comme il l'avait espéré, la créature était encore présente, occupée à se nourrir à l'aide de sa longue langue. L'organe, aussi noir que le reste de son corps, restait enfoncé dans le corps de sa victime, comme si le monstre voulait en aspirer le contenu, et Voldemort jugea que c'était le moment idéal. Se concentrant pour donner suffisamment de puissance à son sort, il foudroya la créature qui ne put cette fois esquiver.

Le monstre s'écroula sur sa dernière victime avant de se transformer en une poussière noire et poisseuse, et une terrible odeur envahit la pièce. Immédiatement, le mage noir fit léviter les résidus jusqu'à une fiole qu'il glissa dans l'une des poches enchantées de sa robe sorcière. Il n'avait jamais entendu parler d'une telle créature malgré ses études et ses voyages, et il était curieux de questionner ses Mangemorts les plus érudits.

Jetant un dernier regard dépourvu de la moindre compassion en direction de son elfe, il incendia le cadavre avec un soupir. Il allait devoir demander à Lucius de lui en procurer un nouveau au plus vite…

Il retourna dans la chambre sans tarder, retrouvant un Harry Potter au beau milieu du lit, pétrifié en position assise. À en juger par l'expression de son visage, il était effrayé, mais il tenait sa baguette d'une main ferme et ne tremblait pas. Nagini s'était enroulée autour de lui dans une attitude protectrice et la scène lui arracha un petit sourire. Il passa sa main sur le sommet du crâne de son familier en une brève caresse.

- Merci ma belle, tu as fait du bon travail. Tu vas pouvoir dormir tranquille, Harry, j'ai tué la créature. Par contre, elle a eu mon elfe. Je tâcherai d'en récupérer un autre rapidement, mais je crains que tu ne doives préparer ton petit déjeuner seul demain matin…

- NON ! La pauvre, mais c'est horrible ! Est-ce que tu veux que je vienne avec toi pour l'enterrer ?

Le mage noir lui jeta un regard perplexe, incertain de comprendre le sens de cette phrase. Après quelques secondes, il parvint à la conclusion qu'il parlait du corps de l'elfe, et il secoua la tête, sourcils froncés.

- Qu… Non… je m'en suis déjà occupé. Tu ferais mieux de te recoucher, tu as besoin de repos.

Le jeune sorcier soupira, se massa un instant les tempes avant de consentir à s'allonger. Il semblait cependant préoccupé par ses pensées, car il avait gardé les yeux ouverts, et arborait une moue soucieuse. Voldemort était resté quelques secondes à l'observer, mais lorsqu'il fit mine de partir, Harry le rappela d'une petite voix.

- Et toi, tu n'es pas fatigué ? Tu ne viens pas dormir ?

Le mage noir eut un soupir muet avant de se détourner et retirer ses vêtements. Il aurait préféré lire, mais son amant semblait trop secoué pour rester seul.

- Si, j'arrive. Viens contre moi.

Il écarta les bras pour accueillir le libraire qui s'empressa de s'y pelotonner avant de fermer les yeux. Après plusieurs longues minutes où plus un bruit ne résonna dans la demeure, Voldemort se détendit légèrement. Dormir avec Harry Potter n'était sans doute pas très constructif, mais ce n'était pas si désagréable…

***/+/***

Harry se réveilla le lendemain matin avec la désagréable sensation de n'avoir que bien trop peu dormi. Son amant était encore à ses côtés, mais il s'était assis contre la tête du lit pour pouvoir lire plus confortablement. Le Gryffondor papillonna des yeux et bailla longuement, méditant à propos des événements survenus pendant la nuit.

Sur le coup, il avait été horrifié, terrorisé même. Mais à présent que le jour s'était levé, ces souvenirs semblaient moins effrayants. Après tout, la créature avait été rapidement mise en fuite et semblait craindre la magie…

Il soupira et contempla William, intégralement nu dans le lit, et resta quelques secondes fasciné par son physique élégant. Avec une vue aussi agréable, il lui était difficile de ressasser ses sombres pensées bien longtemps…

Il rougit légèrement au souvenir de leur "bain" de la veille, et lorsque le Serpentard tourna son regard carmin vers lui, un sourire espiègle au visage, Harry eut l'impression qu'il n'avait eu aucun mal à lire ses pensées.

- Je te préviens, si tu ne te lèves pas, ce n'est certainement pas moi qui vais t'y inciter. J'ai déjà bien trop envie de te kidnapper pour t'obliger à rester continuellement à mes côtés…

Harry éclata de rire avant de se redresser, déposant quelques baisers sur le torse offert de l'alchimiste au passage.

- Même si j'adore me réveiller à tes côtés, il faut bien que j'aille travailler ! Je m'ennuierai beaucoup trop si je ne le faisais pas.

Il récupéra ses vêtements, tentant d'ignorer le regard concupiscent de son amant, puis alla faire un brin de toilette avant de s'habiller. Cependant, alors qu'il s'apprêtait à sortir, la voix de William le stoppa dans son geste.

- N'oublie pas que je n'ai plus d'elfe et que je ne déjeune pas moi-même. Tu peux essayer de fouiller la cuisine pour trouver où sont rangés les aliments, mais ça sera peut-être plus rapide pour toi de déjeuner chez toi…

Le libraire perdit immédiatement son sourire.

- C'est vrai… La pauvre, je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est de ma faute. Si je n'avais pas été ici, elle serait encore en vie.

Il n'avait pas fini sa phrase que William s'était levé pour venir se poster devant lui, et Harry lui trouva un air intimidant malgré sa nudité.

- Je t'interdis de penser ça. Tu ne pouvais pas savoir que la créature allait sortir du livre et encore moins s'attaquer à elle. J'espère que tu ne comptes pas abandonner ?

- Non. J'ai dit que je voulais t'aider. J'ai presque terminé la partie en français et il reste encore celles en roumain, russe et allemand. Mais maintenant, on va être plus prudent. Je ne veux plus que quiconque perde la vie à cause de ce grimoire.

- Je te rassure, je n'ai aucune envie de perdre davantage de serviteurs dans cette entreprise. Une chance d'ailleurs que nous ayons été ici et non à Godric's Hollow. J'imagine le massacre qu'aurait pu faire une telle créature au beau milieu d'une ville…

L'alchimiste avait eu un étrange sourire en disant cela, et Harry pâlit brusquement.

- Par Merlin… Dans ce cas, je resterai dormir chez toi chaque fois que je travaillerai sur le grimoire. Est-ce que cela te convient ?

- Bien entendu, à vrai dire, je serais même rassuré si tu passais désormais toutes tes nuits à mes côtés. Aujourd'hui, je vais te laisser vaquer à tes occupations habituelles. Tu as bien avancé hier, et si je ne m'abuse, l'expérience a été un peu éprouvante. Pour ma part, j'ai des choses à faire et d'ailleurs, je ne serais sans doute pas disponible avant 22 heures. Je te laisse te débrouiller de ton côté pour te sustenter, je viendrais te chercher pour passer la nuit ici.

- Je pourrais nous faire la cuisine, tu sais ! Je vais déjeuner à mon appart ce matin mais je ferai quelques courses ce soir. Tu pourrais m'indiquer la localisation de ta maison… Ce serait plus simple que de venir me chercher chaque fois.

William sembla un instant peser le pour et le contre avant de finalement relever son visage de deux doigts sous le menton.

- Très bien, je vais te le dire. Mais sache de toute façon que mon domaine est sous Fidelitas, donc même si tu voulais le répéter, tu ne pourrais pas.

- Tu n'as même pas confiance en moi ?! Je sais garder un secret. Tu as donc si peur que quelqu'un vienne dérober ta précieuse collection ?

- Harry, je mène des recherches extrêmement importantes et mes travaux ont bien plus de valeur que tu ne pourrais l'imaginer. En vérité, tu es le premier à mettre les pieds ici et je ne tolérerai jamais personne d'autre.

Le libraire avait perdu son sourire.

- Je vois. Donc si j'en viens à vivre ici, je ne pourrais jamais y inviter mes amis… Dommage. Mais si c'est important pour toi, je peux l'accepter. Et je suis honoré que tu m'acceptes à tes côtés.

- Bien. La maison s'appelle "Le Manoir Ophidien", et elle se situe sur une île incartable de l'archipel des Orcades, en Écosse. Aux yeux des moldus, ce n'est qu'une étendue de roche escarpée, vierge de toute végétation, et même les sorciers qui survoleraient par hasard la zone y verraient la même chose. Ça me garantit une certaine tranquillité d'esprit. D'ailleurs, je ne m'attendais pas à ce que des créatures extérieures puissent apparaître ici, mais il faut croire que cette vieille magie est plus puissante que mes protections…

- Ça ne te fait pas peur ? Le fait que d'autres créatures inconnues puissent apparaître ainsi…

- Non. S'il ne s'était agi que de moi, j'aurais même continué à traduire ce livre jour et nuit pour libérer d'un seul coup tous les monstres qu'il renferme, mais je sais que tu n'es pas moi, et ma plus grande préoccupation est ta protection.

Son amant avait encadré son visage de ses mains, l'hypnotisant de son regard. Soudain, il le plaqua contre le mur le plus proche pour l'embrasser, et Harry ne fit pas un geste pour s'en soustraire. Il avait l'impression que ses caresses rendaient son sang incandescent, court-circuitant une partie de sa raison pour le transformer en adolescent bourré d'hormones. Il avait beau être un adulte équilibré et responsable, quand l'alchimiste le touchait, plus rien n'avait d'importance.

William finit par le libérer de son emprise, un sourire moqueur aux lèvres.

- Eh bien, Harry, tu ne devais pas aller travailler ?

Le Gryffondor secoua la tête pour se changer les idées, évitant tant bien que mal de regarder le corps encore dénudé qui se trouvait devant lui.

- Tu me pervertis ! Je reviendrai ce soir. Bonne journée William.

Il le salua d'un signe de main avant de s'élancer dans les couloirs jusqu'à la sortie. Il avait une journée bien chargée devant lui. Outre son travail, il voulait contacter ses amis pour leur parler des derniers changements survenus dans sa vie, mais aussi mener ses propres recherches sur le grimoire d'Eldritch. Il y avait trop de choses étranges à son propos, et s'il n'avait pas osé questionner son amant, il n'en restait pas moins curieux de son histoire.

Il transplana jusqu'au Chaudron Baveur pour rejoindre les rues moldues de Londres en quête d'un Starbucks. Il commanda un grand Chaï Tea Latte et un Cinnamon Roll, puis il rejoignit Godric's Hollow. Il avait encore un peu de temps et il put passer par son appartement pour mettre en route une machine de linge et écrire ses lettres. Il ne rédigea qu'un bref message pour Hermione, Neville, Luna en revanche il écrivit un courrier plus long à l'attention de Minerva McGonagall, la directrice adjointe de Poudlard.

Dans les lettres à ses amis, il les informa tout d'abord qu'il était en couple avec le fameux alchimiste qu'il avait déjà évoqué, et risquait donc d'être plus souvent absent de chez lui. Il leur proposa cependant de se retrouver un soir dans la semaine ou un samedi après-midi pour en discuter. Dans son courrier au professeur McGonagall, il lui demanda l'autorisation de consulter la bibliothèque de l'école pour une recherche liée à son travail, sans donner plus de détail. Il lui avait déjà fait de telles demandes par le passé et elle avait toujours accepté sans chercher à le questionner, il n'y avait donc aucune raison qu'elle réagisse différemment cette fois. Après tout, la bibliothèque de Poudlard était la seule bibliothèque magique du Royaume-Uni et durant sa scolarité, il avait déjà vu des chercheurs s'y rendre pour y obtenir des informations.

Il rejoignit sa boutique et la journée se déroula agréablement. Il vendit quelques livres et reçut une commande. Il s'agissait d'une lithographie à réaliser pour le mariage d'une jeune moldue qui fréquentait assidûment sa boutique, et il accepta avec joie. Le dessin était justement ce qu'il lui fallait pour se changer les idées après les horreurs générées par le grimoire d'Eldritch…

Le professeur McGonagall lui répondit avant midi, et Harry décida de profiter de l'absence de l'alchimiste pour s'y rendre le soir-même. Après tout, ce dernier lui avait bien précisé qu'il ne dînerait pas avec lui et ne déjeunait pas non plus, et il lui restait bien assez de réserves dans son appartement pour se dispenser de faire les courses.

Il transplana donc en direction de Pré-au-Lard, peu après 18 heures et se rendit à pied jusqu'à Poudlard, ragaillardi par un agréable sentiment de nostalgie. Minerva McGonagall se trouvait dans la grande salle en train de surveiller les devoirs des élèves, et il alla la saluer avant de rejoindre la bibliothèque. Mme Pince avait manifestement pris sa retraite, car une jeune sorcière était assise à sa place, et Harry alla se présenter à elle.

- Bonjour Madame. Le professeur McGonagall m'a autorisé à venir consulter la bibliothèque pour une recherche.

- Monsieur Potter. En effet, on m'a prévenu de votre visite. Vous connaissez les lieux, je crois, vous êtes un ancien élève.

- Tout à fait ! Je vous remercie.

Il s'installa à une table à l'écart et commença par aller chercher l'énorme livre sur les sorciers et sorcières célèbres. Il voulait savoir qui était Paul de Tudèle et s'il avait laissé des traces dans l'histoire, mais cela ne faisait pas 10 minutes qu'il était installé qu'Albus Dumbledore débarqua à son tour, se dirigeant immédiatement vers lui.

- Harry Potter, quelle bonne surprise ! Minerva m'a prévenu que vous seriez dans nos murs. J'espère que vous resterez dîner.

Immédiatement, Harry avait perdu son sourire, cependant il n'oubliait pas qu'il était cette fois sur le domaine du vieux sorcier. Il ne pouvait pas se permettre d'être impoli s'il voulait continuer à y avoir accès.

- Professeur Dumbledore. À vrai dire, j'espérai mener ma recherche rapidement pour pouvoir rentrer chez moi pas trop tard. Il y a encore du travail d'illustration qui m'attend.

- Je comprends, votre boutique fonctionne bien. J'en suis heureux. Je peux peut-être vous aider… Sur quoi porte votre recherche ?

Harry eut une seconde d'hésitation. William ne lui avait rien dit à propos du grimoire, à part qu'il contenait un très ancien rituel alchimique. Son petit-ami restait très secret sur son travail et les seules informations qu'il avait pu en obtenir étaient celles qu'il avait lui-même glanées au cours de sa traduction : Le titre inscrit sur la couverture, le nom de l'auteur et la date à laquelle il avait été rédigé.

- Je ne voudrais pas user de votre temps… Je cherche des informations sur un certain Paul de Tudèle. C'est un explorateur français qui serait le premier sorcier à avoir exploré la Roumanie et documenté le folklore local.

- Son nom m'est familier, en effet. J'ignorais que vous vous intéressiez… à l'histoire. Mais où avez-vous vu ce nom, si ce n'est pas trop indiscret ?

- Je l'ai simplement lu sur un recueil de contes qu'un de mes clients m'a confié et ça m'a intrigué. Je n'en avais jamais entendu parler et je voulais vérifier qu'il s'agissait réellement de légendes roumaines ou s'il avait lui-même inventé ces histoires.

Le mensonge lui venait naturellement, motivé par son antipathie vis-à-vis du directeur. Il n'aimait pas ses questions et sa présence l'empêchait de mener les recherches qu'il désirait. Il n'avait pas l'intention de parler du grimoire d'Eldritch, mais il aurait aimé pouvoir faire un tour dans la réserve pour savoir si un livre y faisait mention…

Il avait continué de feuilleter le livre sur les sorciers et sorcières célèbres pour se donner contenance, mais il ne trouvait pas le nom de Paul de Tudèle. Lorsque Dumbledore reprit la parole, il ne put s'empêcher de relever la tête.

- Vous ne trouverez pas ce sorcier dans ce livre, son nom a été volontairement effacé de l'histoire. Je serais curieux de connaître l'identité du client qui vous a demandé cette traduction, car à ma connaissance Paul de Tudèle n'a jamais publié le moindre… recueil de contes.

- Comment pouvez-vous savoir cela, si son nom a été effacé de l'histoire ?

- Vous l'ignorez peut-être, mais j'ai l'alchimiste Nicolas Flamel parmi mes amis, et il a fréquenté l'académie de Beauxbatons à la même époque que ce monsieur de Tudèle. C'est étrange cette coïncidence car il m'a raconté récemment l'histoire de cet homme et des savoirs interdits qu'il a tenté d'utiliser. Quel est donc le titre de ce recueil que l'on vous a demandé de traduire ?

Harry recula instinctivement. Il avait la désagréable impression que Dumbledore essayait d'extirper les secrets directement depuis son esprit, et il regretta de ne pas pouvoir transplaner depuis l'intérieur du château. Il se repencha sur le livre en faisant mine de chercher quelque chose.

- Ah, j'ai peut-être dû confondre alors, tout simplement. Le recueil est sobrement intitulé "Contes des Carpates". Je n'ai pas d'autre information à vous fournir, et il se fait tard, je ne vais pas vous déranger plus longtemps… Merci pour votre accueil, professeur.

Il alla reposer le livre sur les sorciers et sorcières célèbres pour en prendre un autre sur l'histoire de la Roumanie sorcière qu'il demanda à emprunter. Il ne voulait pas rester une seule seconde de plus à proximité du vieux directeur, mais alors qu'il allait quitter les lieux, celui-ci le retint.

- Harry… Je sais que vous refusez de faire partie de l'Ordre, mais méfiez-vous tout de même de ne pas accepter n'importe quel contrat. Vos capacités font de vous un outil dont certaines personnes peu recommandables pourraient faire un bien néfaste usage…

Il ne prit même pas la peine de se retourner ni de lui répondre, se contentant de se hâter jusqu'à la sortie. Il était partagé entre son antipathie vis-à-vis de Dumbledore et ces quelques informations qu'il lui avait données. Quel était ce mystérieux rituel que William voulait absolument traduire ? Il se promit de chercher davantage, ne serait-ce que pour protéger son amant des créatures monstrueuses qui en sortaient…


Fin du chapitre 7

Alors, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Enfin le lemon tant attendu entre Harry et Voldy ! 😁 Mais aussi la première véritable attaque... 😏

J'ai changé la catégorie de l'histoire pour la mettre en Crossover Harry Potter / Cthulhu Mythos, est-ce que vous pensez que ça va décourager des gens de la lire, ou au contraire attiser la curiosité de nouveaux lecteurs ? Bon, ça reste avant tout une aventure entre Harry et Voldy hein. Une romance tordue, quelques éléments perturbateurs... N'empêche que je m'éclate à l'écrire et j'adore lire vos commentaires ! #^_^# (je me répète, peut-être ?)

J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Débizous !