Titre : Le pouvoir des mots

Auteur : Lady Zalia

Rappel du chapitre précédent : Harry a découvert la vérité sur "William" alias Voldemort grâce / à cause de Hermione. Après un combat, Voldemort emprisonne Harry et l'oblige à continuer la traduction du grimoire sans quoi il ira torturer ses amis. Mais notre cher Gryffondor décide de se blesser volontairement en se coupant le poignet dans l'espoir de s'évanouir et ainsi retarder la traduction... De son côté, Paul de Tudèle et son équipe sont en bien mauvaise posture. Le seigneur Vasilescu les invite à une fête en l'honneur de Cthulhu et découvrent de bien sanglantes coutumes.

Ekateri : Merci pour ta review ! Je suis heureuse de voir que tu aies apprécié le chapitre précédent ! ^^ Bonne lecture !


Chapitre 11

Voldemort marchait d'un pas vif pour rejoindre son bureau, étrangement pressé de retrouver le libraire. Après ces 2 jours entiers à ses côtés, il lui avait été inconfortable de l'abandonner alors qu'il replongeait dans le grimoire. Bien entendu, il était en compagnie de ses quatre plus fidèles Mangemorts, mais l'impression de malaise ne l'avait pas quitté de tout l'après-midi, comme un horrible pressentiment courant sous sa peau.

Il avait eu beaucoup de choses à faire, des sorciers à voir et des expériences à mener, sa journée avait été pour le moins productive, mais à présent tout ce à quoi il aspirait était de serrer le Gryffondor entre ses bras et le posséder de toutes les manières possibles.

Bien entendu, ce n'était plus possible. Depuis le matin même et suite à la découverte de la vérité par Harry, cette agréable parenthèse dans son quotidien de Seigneur des Ténèbres s'était refermée. Malheureusement. Mais cela ne pouvait pas l'empêcher d'y songer. Serait-il seulement possible de le récupérer ?

Avec un imperceptible soupir, il pénétra dans la pièce où se trouvait l'objet de ses pensées, et la première chose qu'il vit fut l'étrange brume qui avait envahi la pièce. Elle n'était pas opaque à proprement parler, car il pouvait toujours discerner Harry ainsi que ses 4 Mangemorts, cependant elle flottait au-dessus du sol, comme un nuage de fumée, et il était impossible de ne pas la remarquer.

Malgré cela, les 4 Mangemorts semblaient parfaitement calmes et d'ailleurs ils n'avaient même pas réagit à son entrée. Ils étaient restés stoïques, comme s'il était parfaitement invisible, et Voldemort mit quelques secondes avant de comprendre qu'une puissante illusion était à l'œuvre.

D'un coup de baguette, il ouvrit grand la fenêtre, et d'un second il jeta un Ventus qui dissipa la brume, sous les exclamations stupéfaites des quatre sorciers.

- Maître, qu'est-ce que… ?

- Monseigneur !

- Potter !

C'était Drago qui avait hurlé, et le mage noir se retourna immédiatement pour voir ce que la brume avait dissimulé jusqu'alors. Deux mains sanglantes étaient sorties du grimoire et tenaient la tête du libraire. Bien évidemment, celui-ci était totalement absorbé par la traduction, sa main droite continuant d'écrire sur le cahier sans quitter le livre des yeux, cependant on aurait dit que le grimoire voulait l'attirer en son sein, et cette fois Voldemort n'hésita pas. D'un coup de baguette, il attira Harry Potter jusqu'à lui avant de projeter le livre au loin, libérant brutalement le jeune sorcier de son emprise.

Celui-ci sembla soudainement reprendre son souffle, yeux écarquillés et corps tremblant.

- Wil…

Le Gryffondor s'était immédiatement interrompu et avec une vigueur surprenante, avait bondi pour s'extraire de son étreinte. Bien entendu, le violent retour à la réalité l'avait impacté, et il s'écroula sur lui-même avant de pouvoir faire le moindre pas supplémentaire. Il était livide, et lorsqu'il tenta de s'appuyer sur ses mains pour se redresser, un gémissement de douleur le stoppa dans son geste.

Voldemort aperçut alors l'entaille qui courait à travers son poignet gauche, et il s'empressa de saisir le libraire par le bras pour l'immobiliser.

- Qu'est-ce que c'est que ça ! Drago, transplane à la boutique de Severus et ramène moi une potion de régénération sanguine. Et vous, comment cela a-t-il pu se produire alors qu'il était sous votre surveillance !

Bellatrix semblait mortifiée. Elle s'était agenouillée devant lui, rapidement imitée par les deux autres, et tirait nerveusement sur ses longs cheveux bouclés.

- Maître ! Je suis tellement désolée ! Nous n'avons rien vu, cette brume… nous a totalement hypnotisés ! Je n'ai aucune excuse, nous vous avons déçu…

Il leva la main pour stopper sa logorrhée. Si le grimoire avait été la cause de tout ceci, il aurait été étonnant que le libraire soit encore en vie. Or, sa seule blessure était une coupure nette, pile au niveau du poignet… Il jeta un Legilimens informulé au jeune sorcier et écarquilla les yeux en voyant la vérité.

- Il se l'est fait tout seul ! Il a essayé de se supprimer et le grimoire a réagi à son sang… Sombre idiot !

Il résista à l'envie de torturer le libraire. Il était déjà suffisamment affaibli comme cela. Cependant cela n'empêcha pas ce dernier de reprendre la parole en le fusillant du regard.

- Je n'ai pas essayé de me supprimer, juste de te faire chier ! C'est dommage, on dirait que ça a bien failli fonctionner…

Son regard était narquois, mais Voldemort le connaissait tout de même suffisamment pour deviner qu'il s'agissait d'une pure bravade de sa part. Il n'avait sans doute pas imaginé une seule seconde que le grimoire était capable de réagir à la présence de son sang et était à peine conscience d'à quel point il avait failli mourir.

Rageur, il pointa sa baguette sur les trois Mangemorts encore inclinés devant lui et les foudroya chacun d'un Doloris, trouvant un minuscule apaisement dans leurs gémissements de douleur.

- Je vous avais confié la surveillance de Harry Potter et vous n'avez même pas remarqué qu'il s'était ouvert les veines ! Mais quelle bande d'incapables ! Je ne peux même pas vous faire confiance sur une tâche aussi simple !

Il les frappa à nouveau de sa magie, jusqu'à ce qu'ils n'essayent même plus de se relever. Puis il reprit le libraire dans ses bras. Cette fois, il ne fit pas un geste pour le repousser, sans doute trop faible pour tenter quoi que ce soit, et Voldemort le recouvrit de sa cape après l'avoir assis sur une chaise. Sa peau était glacée et il tremblait de tous ses membres. Se saisissant de son poignet, il jeta un Vulnera Sanentur pour refermer la plaie avant de lui offrir un regard sévère.

- C'était stupide ! Le grimoire a profité de ton sang pour essayer de te faire disparaître ! C'est un artefact de magie noire au cas où tu ne l'aurais toujours pas remarqué. Un peu plus et tu aurais été enfermé à l'intérieur !

Il ne répondit pas, se contentant de détourner le regard. Évidemment, il avait tout fait pour le détourner de cette idée durant les semaines passées, donc son manque de méfiance était compréhensible… Mais il devait mettre les choses au clair, pour ne plus jamais qu'il réitère un tel geste. Se suicider était une chose, mais se promettre volontairement à une éternité d'angoisse en étant prisonnier d'un livre maudit était une autre.

Drago revint bientôt avec le remède, et Voldemort le fusilla du regard. En voilà un qui avait évité la punition. Cependant il avait été le seul à l'alerter sur la situation et il réprima son envie de lui jeter un sort. Il lui arracha la fiole de potion des mains et força Harry à l'ingurgiter.

Comme la veille, le libraire reprit rapidement des couleurs, et il se félicita d'avoir un sorcier aussi talentueux que Severus comme Mangemort.

- Puisqu'aucun d'entre vous n'est manifestement suffisamment perspicace pour détecter un sortilège d'illusion, je vais donc devoir me charger de la protection de Potter seul. Vous m'avez déçu, maintenant disparaissez de ma vue !

Il attendit que les 4 Mangemorts aient quitté la pièce avant de frictionner Harry pour le réchauffer. Le libraire semblait épuisé par son incursion dans le grimoire, sa perte de sang et les derniers événements survenus dans sa vie. Il grimaça faiblement sous son étreinte mais sans doute sa détresse était-elle trop forte, car ses doigts se refermèrent sur ses vêtements pour l'empêcher de s'éloigner.

- Je te déteste et ton grimoire est horrible.

- Je sais, mais tu devrais t'estimer heureux, tant que tu travailleras pour moi, je prendrais soin de toi, alors sois gentil, laisse-moi te protéger.

- À quoi bon. Quand j'aurais terminé, tu me tueras.

Sa voix était faible et le mage noir détesta cela. Ce ton désespéré était si différent du Harry Potter qu'il avait appris à connaître…

- Tout dépend de toi. Tu pourrais décider de me rejoindre, accepter de devenir Mangemort. Je pourrais oublier tes insultes et tes bravades… Ce serait le meilleur moyen de protéger tes amis et ta famille…

Sa voix s'était faite chuchotante, et il inspira longuement alors que ses lèvres retrouvaient la gorge du jeune sorcier. Avec satisfaction, il nota la légère accélération de sa respiration tandis qu'il frôlait la peau. Il pouvait bien le haïr, il avait été son amant pendant plusieurs semaines et son corps ne l'avait pas oublié.

- Arrête ça ! Je ne veux plus rien avoir affaire avec toi ! Ta guerre est contraire à tous mes idéaux. Je ne tuerai jamais en ton nom.

Il ne l'avait pas repoussé cependant, et Voldemort s'infiltra dans la brèche de sa détermination.

- Dommage. Tu es un sorcier puissant et tu sais te battre. C'est un gâchis de tes capacités, sans compter que tu aimes ça. Tu peux te leurrer, mais j'ai vu en toi. Tu n'es pas seulement téméraire, tu recherches l'adrénaline, tu es accro au danger. Tu aurais pu deviner qui j'étais ou ce que ce grimoire était réellement, tu as eu plusieurs indices… Mais tu n'as pas cherché à vérifier mon identité, car tu aimes les sensations que je t'ai fait ressentir, et tu n'as jamais songé à abandonner la traduction car cela te permettait de sortir de cette vie monotone. À mes côtés, tu pourrais te sentir plus vivant que tu ne l'as jamais été. Toutes ces sensations, je pourrais te les offrir.

Harry avait fermé les yeux et le mage noir lui laissa le temps d'intégrer ses insinuations. Il allait souffler le chaud et le froid avec l'intrépide libraire pour l'inciter à craquer. Faire planer la menace de le tuer ou de torturer ses proches d'un côté et lui offrir la possibilité de tout ce qu'il avait toujours rêvé de l'autre.

Il le relâcha et s'éloigna de quelques pas pour ramasser le grimoire laissé à terre. Les mains avaient disparu et plus une seule goutte de sang ne subsistait sur ses pages, comme si le parchemin les avait absorbées. Il le referma après avoir marqué la page, et récupéra le carnet contenant la traduction avant de tout mettre dans son sac enchanté. Désormais il n'était plus question de laisser Harry travailler sur le grimoire en présence de quiconque d'autre que lui, ni même de le laisser seul tant qu'il ne serait pas absolument certain qu'il ne coure aucun danger.

Ses affaires rangées et son bureau remis en place, il retourna vers le Gryffondor pour le forcer à relever la tête.

- Nous allons rentrer à la maison. Tu as besoin de te reposer. Sois tranquille, je n'exigerai pas de toi une réponse dans l'immédiat.

Il vit quelque chose qui ressemblait à du soulagement dans ses yeux verts, et lorsqu'il le prit contre lui, il le sentit se laisser aller… Un peu.

Profitant qu'il ne puisse voir son visage, Voldemort laissa ses lèvres s'étirer en un sourire perfide. Il craquerait… Ce n'était qu'une question de temps. Il était humain après tout…

Il les fit transplaner jusqu'à chez lui, réapparaissant au beau milieu du champ de bataille qui avait été le leur quelques heures plus tôt. Harry Potter l'avait obligé à utiliser les grands moyens contre lui en manquant d'incendier sa demeure, et pourtant il se tenait sagement immobile entre ses bras, le visage appuyé sur sa clavicule en un geste presque enfantin.

Sa détresse morale, la fatigue et la douleur physique avaient fait fondre sa rage, le laissant vulnérable à ses manipulations perfides. Il était tard mais il savait qu'il n'avait rien avalé depuis son déjeuner le matin même, et il le soutint jusqu'au salon où il l'installa sur une chaise. Son nouvel elfe avait fait du bon travail, car il était passé par le couloir et plus aucune trace du combat ne subsistait.

- Flamby ! Prépare un repas léger pour lui, en vitesse.

- Je n'ai pas faim. Je ne veux rien manger.

- Tu as perdu beaucoup de sang. Tu as besoin de reprendre des forces, et tu mangeras, de gré ou de force.

Harry le fusilla du regard, mais lorsque l'elfe lui ramena un bol de soupe et un sandwich, il engloutit le tout avec appétit.

Le repas ingurgité cependant, il s'affala doucement sur son siège, et Voldemort comprit qu'il ne pourrait pas exiger qu'il reste éveillé plus longtemps.

Il ne chercha pas à résister lorsqu'il le souleva, et il ne sembla pas plus réagir lorsqu'il le déposa sur le lit. Cependant lorsqu'il s'assit à ses côtés pour retirer ses propres vêtements, il sentit le libraire tressaillir, comme s'il reprenait contact avec la réalité.

- Je ne veux pas dormir avec toi, nous ne sommes plus ensemble.

- Tu vois une autre chambre peut-être ? Ah moins que tu ne préfères dormir à la cave, enchaîné un mur comme un vulgaire animal ?

Il savait qu'il ne l'aurait jamais laissé seul après ce qui était arrivé aux Inferi, mais il voulait l'effrayer pour l'inciter à accepter cette solution.

Harry prit quelques secondes pour répondre, refusant soigneusement de le regarder.

- D'accord mais je t'interdis de me toucher.

- Comme il te sierra. J'aurais bien besoin de me détendre après une journée pareille, mais j'ai beau être Lord Voldemort, je préfère mes amants consentants. Je me contenterais de dormir à tes côtés. Ce fut une journée mouvementée pour nous deux…

Il siffla pour attirer Nagini qui ne tarda pas à apparaître.

- Bonsoir, Maître.

- Bonsoir ma belle. Surveille Harry Potter durant la nuit. S'il tente de faire quoi que ce soit, préviens-moi. La proie a découvert la vérité aujourd'hui, mais je veux tout de même essayer de le rallier à ma cause. Il est toujours nécessaire à mon plan et il est hors de question qu'il m'échappe ou ne soit tué.

- Bien Maître.

Son familier se roula en boule aux pieds du Gryffondor qui tressaillit. Il s'était habitué à sa présence mais ne pouvait s'empêcher, légitimement, de la craindre, et il avait bien raison.

- Si tu tentes quoi que ce soit, Nagini a pour consigne de t'immobiliser donc ne fais rien de stupide.

Le libraire ne prit même pas la peine de répondre. Il s'était détourné pour ne pas le regarder et avait commencé à retirer ses vêtements, sommairement. Manifestement il comptait dormir avec son t-shirt et son caleçon, comme une pucelle craignant pour sa vertu. Le mage noir le contempla avec un rictus moqueur. En vérité, il brûlait d'envie de le revendiquer comme sien, maintenant qu'il y avait goûté, mais il ne comptait aucunement le forcer. Comme pour le reste, il allait l'amadouer pour l'inciter à accepter. Susciter la luxure, provoquer son désir et l'exhorter à s'offrir à lui.

Lui-même se déshabilla totalement, s'étendant de tout son long alors que Harry s'était recroquevillé sur le bord en position fœtale. Voldemort pour sa part se contenta de s'adosser à la tête de lit pour lire. Dans les jours à venir, il comptait bien tenter le Gryffondor par des caresses et des frôlements, mais ce soir il avait besoin de repos, il était suffisamment lucide pour le voir. Il espérait d'ailleurs que les monstres du livre le laissent tranquille pour la nuit. Un Harry Potter remonté contre lui était une chose. Un Harry Potter haineux et sur les nerfs à cause d'une nuit blanche en était une autre. Il n'avait vraiment pas besoin d'un prisonnier prêt à exploser face à la moindre provocation…

***/+/***

Il était épuisé. Il voulait dormir, vraiment. Sombrer dans le sommeil pour oublier, ne serait-ce que quelques heures, sa réalité merdique. Le fait que son ex-petit ami était Lord Voldemort en personne, qu'il avait couché avec l'assassin de son père et de Sirius, et qu'il avait mis ses amis en danger par sa faute. Qu'il avait travaillé pour lui pendant près de deux semaines sans s'en rendre compte et qu'il était obligé de continuer pour lui fournir une nouvelle arme.

Il n'avait jamais songé à se suicider, mais sa situation lui semblait inextricable. Il repensa à sa proposition et soupira. Il était hors de question d'accepter. Jamais il ne pourrait s'abaisser à s'agenouiller devant lui…

Il imagina son père et Sirius l'observer depuis les limbes. Que pouvaient-ils bien penser ? Que lui conseilleraient-ils ?

Il serra les poings sous les draps. Ce n'était pas comme ça qu'il allait trouver le sommeil. Et dire que l'homme était juste derrière lui, entièrement nu, comme s'il ne représentait pas le moindre danger. Comme s'il était parfaitement normal de se coucher dans le même lit que son ennemi. Fichu psychopathe arrogant !

Il pouvait sans mal imaginer son corps parfait, son torse imberbe et finement musclé, le galbe de ses cuisses…

Harry réprima l'envie de donner des coups de poings dans le matelas ou de s'étouffer avec son oreiller. Il était cinglé. Il devait avoir vrillé, c'était pas possiblement autrement ! Il avait découvert que son petit ami était un mage noir complètement sadique et malgré ça il continuait à le désirer !

Il soupira à nouveau, se forçant à se remémorer son immersion dans le grimoire d'Eldritch. À choisir, il préférait encore faire des cauchemars que de fantasmer sur le parfait connard dont il occupait le lit…

Il savait que Paul de Tudèle avait survécu, mais il se demandait comment il allait s'y prendre pour s'échapper de ce village impie et surtout où se trouvait ce fameux rituel tant désiré par Voldemort. Il ne restait qu'une partie dans le grimoire et après avoir traduit les passages en français, en allemand et en russe, il allait passer sur la partie en roumain.

De ce qu'il en lisait, le narrateur ne semblait pas intrinsèquement mauvais en soi, mais dans ce cas, comment expliquer qu'il ait laissé un tel grimoire derrière lui ? Le fameux rituel dissimulé dans ses pages appartenait-il réellement au domaine de la magie noire ou était-il tout simplement trop puissant pour être révélé à n'importe qui ?

Perdu dans ses multiples interrogations, il ne sentit pas son esprit sombrer doucement dans le sommeil, trop fatigué pour lutter.

Il était dans l'une des rues de la ville, et il remontait une traînée sanglante laissée sur le sol. Il savait instinctivement que quelque chose était derrière lui. Quelque chose de sombre et dangereux. Pourtant, plutôt que de s'enfuir, il lui semblait vital de savoir à qui appartenait tout de ce sang.

Tout autour de lui, la ville était d'une quiétude surnaturelle. Pas un bruit, pas un pépiement d'oiseaux, pas même le bruissement du vent entre les branches. Tout était terriblement silencieux et le bruit de ses pas sur le sol se répercutait entre les murs, trahissant sa présence aussi sûrement que des cris.

Progressant toujours plus loin en direction du cœur de la cité, il arriva devant le puits béant qui descendait dans les entrailles de la terre. Il savait que leur temple se trouvait là, et que s'il s'y aventurait, il ne pourrait probablement pas en ressortir. Cependant il se lança dans les marches, suivant toujours plus loin la macabre piste écarlate.

Arrivé dans le couloir, il put percevoir les récitations de l'oraison malfaisante qui devait avoir lieu dans la chapelle, et malheureusement les traces de sang l'y menaient tout droit !

Pressant le pas, il déboucha dans l'immense salle, s'efforçant de ne pas regarder la monstrueuse statue. Tous les fidèles étaient agenouillés, leur capuche jaune rabattue sur leur visage, il se fit la réflexion qu'il pourrait peut-être passer inaperçu s'il en possédait une. Il transfigura sa tenue en longue cape et s'avança doucement entre les fidèles, priant pour qu'aucun d'entre eux ne s'étonne de son comportement.

Il savait qu'il devait aller plus loin, entre les pattes de la créature, et son rythme cardiaque s'accéléra alors que le sang sur le sol se faisait plus brillant. Il approchait du but. Son ami était là, quelque part, sans aucun doute gravement blessé, mais vivant…

Il l'espérait de toutes ses forces et se mit à courir, faisant fi de toute prudence. Derrière lui, les prières s'étaient tues, remplacées par des chuchotements, cependant il était presque arrivé au bout de la salle.

C'est alors qu'il le vit. William… Voldemort… son ex-petit ami… l'homme qui l'avait trahi… l'homme qu'il aimait encore… Il était étendu devant lui, sur une large table de pierre. Son corps était terriblement mutilé, son torse maculé de sang et son visage tordu en une expression de pure souffrance.

- Non ! Non ! Je ne veux pas te perdre !

Malgré ses suppliques, son regard était vitreux, et son corps parfaitement immobile. Mort. Définitivement mort.

Cependant ses hurlements avaient alerté les cultistes derrière lui et ils s'avancèrent vers lui comme un seul homme, leurs longs bras tendus en avant révélant des mains difformes. Il courut, tentant tant bien que mal de rejoindre le couloir, mais déjà ils le rattrapaient, leurs doigts osseux s'enroulant autour de ses chevilles comme des serres.

Progressivement immobilisé par leur étreinte, terrassé par la douleur et le désespoir, il hurla…

Il hurlait encore lorsqu'il se réveilla, trempé de sueurs et de larmes, se débattant entre les draps jusqu'à ce qu'un corps chaud se colle contre le sien.

- Harry. Ce n'était qu'un mauvais rêve. Tu es en sécurité.

La voix était veloutée… apaisante… et il se laissa bercer quelques secondes, le temps que son rythme cardiaque ne se calme. Il n'avait pas oublié de qui il s'agissait, mais il se sentait trop épuisé pour lutter, pas alors que ses sentiments le faisaient encore souffrir et qu'il l'avait vu mort quelques instants plus tôt.

Son cauchemar avait été si réel…

Il avait ouvert les yeux mais avait gardé le regard dérobé, fixé sur le mur blanc à sa droite. Il ne voulait pas prendre le risque de le voir malgré la pénombre. Après quelques secondes d'immobilité parfaite, il essuya rageusement ses larmes, mais à peine avait-il amorcé un geste que l'étreinte rassurante avait disparu. Voldemort semblait croire qu'il était calmé, qu'il allait se rendormir, cependant il s'en sentait incapable. C'était comme se tenir en équilibre sur une poutre au milieu d'une étendue noire et terrifiante. Il avait l'impression que la moindre inattention de sa part, la moindre somnolence allait le faire retomber dans un inconscient peuplé de cadavres et de figures monstrueuses.

Serrant les dents, il tenta d'endiguer le sentiment d'angoisse qui l'envahissait, mais sa respiration s'était déjà emballée. Lui qui se figurait être un courageux Gryffondor avait actuellement l'impression de n'être qu'un enfant apeuré par la nuit, et cette idée le rendait malade. Il plaqua ses mains contre ses lèvres, refusant de laisser échapper le moindre gémissement qui pourrait laisser à penser qu'il pleurait, cependant le mage noir devait avoir deviné son tourment intérieur, car l'entoura bientôt de son bras gauche pour le coller contre son torse.

- Dors, Harry.

- Je n'y arrive pas. C'est ce maudit grimoire. Il me donne des cauchemars. J'ai l'impression que je vais devenir fou…

Sa voix partait dans les aigus, et il expira longuement alors que la main de Voldemort glissait sous son t-shirt.

- Tu dois apprendre l'Occlumancie pour protéger ton esprit. Je t'enseignerai les bases demain. Mais pour cela, il faut que tu sois suffisamment reposé.

- Pourquoi ferais-tu une chose pareille ?

Les caresses s'étaient arrêtées, et il attrapa sa main en un geste instinctif, par crainte qu'elle ne s'éloigne à nouveau.

- Je n'ai aucun intérêt à ce que tu deviennes fou, Harry. N'est-ce pas rassurant de savoir que je te protégerais envers et contre tout ? Je suis le sorcier le plus puissant de Grande-Bretagne. Même le pouvoir du livre ne peut rien contre moi.

- Je ne veux pas devenir Mangemort. Mais je ne veux pas mourir, et tu me tueras dès que la traduction sera terminée. Éveillé ou endormi, ma vie est un cauchemar.

Derrière lui, il entendit un soupir, et Voldemort le força à se retourner pour lui faire face. Le mage noir se trouvait dos à la fenêtre, néanmoins la lueur de la lune pénétrait suffisamment dans la chambre pour permettre à Harry de distinguer son visage. Aussi beau que mortellement dangereux.

- Et si je te promettais de ne pas te tuer ?

Il ne cilla pas. Pourquoi ferait-il ça ? Pour l'empêcher de sombrer, rien de plus… Lui donner un espoir, quelque chose à se raccrocher pour continuer à avancer. Il fit la moue.

- Je serais bien crédule d'y croire.

- Et si je faisais un serment inviolable pour t'en convaincre ?

Une lumière au bout du tunnel. Il y aurait quelque chose après tout ça. Il ne se sentait pas capable d'oublier son aventure avec le Seigneur des Ténèbres, mais il pourrait continuer à vivre. Le soulagement que lui procura cette idée fut comme un électrochoc et il écarquilla les yeux.

Répondant à un besoin viscéral, à ce soulagement qui l'avait envahi, il embrassa Voldemort. C'était une pulsion irrépressible, la réponse à ce trop plein d'émotions qui l'avait ballotté tout au long de la journée. Il lui semblait vital d'oublier la réalité pendant quelques secondes, de reprendre son souffle. Faire comme si rien de tout cela n'était arrivé. Il avait besoin de se sentir en sécurité, choyé, aimé. De replonger dans cette illusion si douce. Et le mage noir répondit à son baiser.

Doucement, comme pour ne pas le brusquer. C'était presque le baiser le plus tendre qu'ils avaient partagé, et lorsqu'ils se détachèrent, il le regretta immédiatement.

- Tu as toujours l'intention de jouer la comédie ?

- N'est-ce pas ce que tu veux ? Tu aurais préféré que je te repousse ?

- Je ne sais pas. Si ce n'est pas sincère, ça fera encore plus mal après…

- Et si ça l'était ? J'aurais eu mille façons de t'inciter à traduire le grimoire, Harry. Au départ, je voulais simplement gagner ton amitié. Et puis j'ai commencé à te désirer. À convoiter ton corps. Je ne joue pas la comédie.

D'un geste ferme, le Serpentard empoigna son poignet pour l'inciter à descendre jusqu'à son entrejambe, et Harry haleta en sentant une imposante érection se dévoiler sous ses doigts.

Il ferma les yeux, incertain de la réaction à adopter. Il pourrait sans doute succomber à la luxure et laisser le mage noir profiter de son corps. Plus qu'une envie, c'était une nécessité impérieuse. Celle de ressentir une émotion positive, du plaisir, quelque chose qui le fasse sortir de ce marasme mental qui l'avait envahi après la révélation de Hermione.

Mais il savait aussi que ce serait mal et qu'il allait s'en vouloir. Culpabiliser.

Il soupira longuement, toujours prisonnier de l'étreinte de Voldemort. Le sexe semblait chauffer au creux de sa paume, et il le caressa du bout des doigts.

Comment un être aussi immoral et cruel pouvait-il être aussi beau ?! C'était injuste, mais maintenant qu'il était tombé dans le piège, il devait faire un choix : Souffrir ou lâcher prise. Il avait déjà succombé à ses charmes. Serait-ce un si grand péché s'il s'y abandonnait de nouveau ?

Le mage noir n'attendit pas la fin de sa réflexion, et il commença à se caresser avec sa main toujours prisonnière, provoquant de délieux frissons dans son corps du Gryffondor. Sa proximité, sa chaleur, son odeur… Tout cela ne l'aidait pas à réfléchir posément à la situation, et il finit par craquer.

- Très bien. Alors… Prends-moi. Fais-moi tout oublier. Je veux juste…

Ne plus souffrir. Ne plus avoir peur. Mais la fin de sa phrase avait été étouffée par un baiser passionné. Possessif. Impérieux. Le baiser d'un mage noir.

- Tu es à moi.

Et en même temps, il avait fait disparaître ses vêtements d'un sort, et lorsqu'il écarta ses cuisses d'une main et enfonça un doigt en lui, le geste lui arracha un gémissement étranglé. À présent, il se rendait compte à quel point sa résistance avait été futile. En seulement quelques mots, quelques baisers, Voldemort l'avait rendu aussi dur que lui. Et maintenant il l'invitait par ses mouvements à le doigter plus profondément, ses doigts resserrés autour du drap, les jambes arquées pour lui donner plus de place. Son amant se montrait aussi doux, aussi désireux de lui offrir du plaisir qu'auparavant, mais à présent il y avait quelque chose d'autre. Ce frisson d'adrénaline, cette excitation de se dire qu'il couchait avec le Seigneur des Ténèbres. Il ne pouvait pas nier que ça lui plaisait… Un peu. Savoir que c'était le mage noir le plus puissant et le plus craint du Royaume Uni qui était penché sur lui…

Les doigts furent remplacés par son sexe, et il haleta alors que la pression se faisait plus forte. Ça venait… cette impression de déconnecter son cerveau, de ne plus penser à rien. Juste profiter de cette volupté qui l'emplissait, le laissait pantelant et obnubilait son esprit.

- Oui… C'est bon…

- Dis-le.

Voldemort l'avait redressé pour le coller contre son torse, et il sentait sa magie frôler sa peau, occasionnant de milliers de petits picotements. Soudain, des dents pincèrent sa gorge, et il rouvrit les yeux, croisant les prunelles carmines à quelques centimètres de son visage. Le mage noir s'était immobilisé, attendant manifestement quelque chose de sa part, mais Harry avait du mal à réfléchir, alors que son sexe était profondément ancré en lui.

- Dire quoi ?

- Dis mon nom. Dis que tu m'appartiens.

Contre toute attente, Harry sourit. Maintenant qu'il y repensait, William n'avait eu de cesse de le revendiquer comme sien et de lui faire avouer ses désirs à haute voix. Comme s'il avait eu besoin d'une confirmation, d'avoir la certitude qu'il était consentant et qu'il lui offrait son corps en pleine conscience. Besoin de le dominer…

Le mage noir avait raison, il avait fermé les yeux sur de nombreux indices… Il avait accepté William ainsi, il accepterait Voldemort de la même manière.

- Voldemort, dans ce lit je t'appartiens.

- Seulement dans ce lit ?

Il faillit éclater de rire face à son regard espiègle.

- Peut-être... La baignoire et le canapé aussi… Aaaah bon sang…

Les mouvements en lui avaient repris. Amples et profonds, juste comme il les aimait. C'était si bon que cela mettait son sang en effervescence, réveillant sa magie et excitant ses sens. Dans les bras du mage noir, il avait trouvé l'exaltation. L'union parfaite, l'apothéose charnelle. Rien ne pourrait jamais surpasser le plaisir qu'il ressentait à l'heure actuelle, il en était persuadé.

Voldemort le pilonna encore et encore, de plus en plus vite, de plus en plus violemment, et Harry resserra ses bras autour du corps svelte de son compagnon, souhaitant que cette impression de plénitude ne le quitte jamais.

Après un moment hors du temps, comme en apesanteur, le corps du libraire se crispa avant de jouir, terrassé par un orgasme fulgurant. Son amant le suivit presque instantanément et ils restèrent ainsi serrés l'un contre l'autre dans cette chaleur confortable.

Lorsqu'il s'endormit, il ne se posait plus de questions. Il avait couché avec Voldemort et ce n'était ni la première fois, ni probablement la dernière. Pourquoi culpabiliser ? Il ne faisait pas de mal ni ne participait à l'effort de guerre du mage noir. Quant à la traduction du grimoire, il y était contraint et forcé, car même s'il partageait son lit, son amant avant gardé sa baguette et il ne comptait pas lui rendre sa liberté tant qu'il n'aurait pas terminé.

Mais parallèlement, il se sentait bien, en sécurité, mais surtout, désiré par un homme qui avait déjà la richesse, le pouvoir et, à ce qu'on disait, l'immortalité. Comment ne pas en être honoré ?

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Voldemort se réveilla avec un puissant sentiment de satisfaction. Il avait l'impression d'avoir obtenu un pouvoir extraordinaire et il se sentait euphorique, son corps inondé par l'endorphine.

Après l'avoir attaqué et lui avoir jeté ses émotions au visage, Harry Potter s'était à nouveau offert à lui. Pleinement conscient, pleinement consentant. Il l'avait appelé par son nom, celui qu'il avait choisi, et ils avaient couché ensemble de la plus agréable des manières.

Quand il le voyait dormir paisiblement à ses côtés, il avait l'impression que la journée de la veille n'était qu'un cauchemar, cependant c'était bel et bien arrivé. Le libraire avait découvert la vérité et il n'avait eu d'autre choix que de le faire prisonnier. Désormais, il n'était plus question qu'il retourne à sa boutique ni même qu'il ne lui rende sa baguette. Amant ou pas, il devrait rester à ses côtés nuit et jour jusqu'à ce que le grimoire soit entièrement traduit.

Et même ensuite, il comptait bien garder Harry sous son giron. L'éloigner de tous ses proches pour devenir le centre de son monde. De toute façon, il doutait fort que Lily Potter accepte de voir son fils sortir avec le Seigneur des Ténèbres en personne, de même que ses amis qui tenteraient sans doute de les séparer.

Avec amusement, il traça du bout des doigts le contour de son visage, et le Gryffondor frémit sous la légère caresse. Il papillonna bientôt avant de se réveiller totalement, ses yeux verts plongeant immédiatement dans les siens.

Ils s'observèrent quelques secondes ainsi avant que Harry ne détourne le regard avec une moue boudeuse.

- Pourquoi tu me réveilles aussi tôt ? Ce n'est pas comme si tu allais m'autoriser à aller à ma boutique.

- En effet, cependant il est tout aussi inenvisageable que tu passes la journée seul ici. Tu vas m'accompagner partout où j'irais car je ne compte certainement pas perdre mon temps en flâneries inutiles.

- Grandiose, je vais découvrir ton quotidien de Seigneur des Ténèbres.

Son ton était acide et Voldemort ne put s'empêcher de sourire.

- N'était-ce pas le souhait que tu avais émis l'autre jour ? Savoir ce que je faisais de mes journées…

- Ca, c'était avant que je sache que tu étais le roi des connards.

Le mage noir sortit sa baguette de sa manche, et eut la satisfaction de voir le jeune sorcier avoir un mouvement de recul. Cependant il se contenta de lui fournir une pile de vêtements propres avant de la désigner du menton.

- Tu as de la chance de coucher avec moi. J'aurais déjà torturé quiconque d'autre pour moins que ça. Habilles toi correctement et ne traînes pas si tu veux que je te laisse le temps de déjeuner.

Le libraire maugréa quelque chose et roula sur le lit pour récupérer ses vêtements. Manifestement il ne comptait pas négocier ni se récriminer…

Il s'éclipsa quelques minutes dans la salle de bain, et lorsqu'il ressortit il était habillé à la Serpentard, d'une robe sorcière noire qui mettait sa carrure svelte en valeur. Le galon sur les manches était de la même couleur que ses yeux et la Marque des Ténèbres était brodée dans le dos d'un fil d'argent.

Voldemort eut un sourire appréciateur et Harry secoua la tête en levant les yeux au ciel.

- Obsédé…

- Cette nuit, cela ne te dérangeait pas tant que cela, si je ne m'abuse…

Il rosit légèrement mais croisa les bras, comme pour réprimer un sourire.

- Sérieusement, il fallait aussi que tu décides de mes vêtements ?!

- Tu vas me suivre tout au long de journée donc j'aime autant que tu sois correctement habillé. Et puisqu'on en parle, tu vas devoir apprendre à fermer ta bouche. Prends un livre ou ton matériel à dessin, mais je ne tolérerais certainement pas des interventions inutiles ou encore moins ton insolence devant mes hommes, sinon je t'attache et je te bâillonne.

- Compris.

Sa voix était grinçante mais le mage noir jugea qu'il ne devait pas être vraiment en colère, car il le suivit jusqu'à la salle à manger sans se faire prier. Son nouvel elfe avait déjà mis la table telle qu'il l'avait exigé, et ils déjeunèrent face à face dans un confortable silence.

- Nagini viendra avec nous, elle restera à tes côtés, comme protection supplémentaire.

- C'est vrai ce qu'on dit, que tu es un descendant de Salazar Serpentard ?

- Bien sûr, pourquoi crois-tu que je parle le fourchelang !

- Tu veux dire que c'est inné ? Tu ne l'as pas appris ?

- De ce que j'ai compris, tous les descendants de Salazar le parlent dès la naissance. On ne peut pas apprendre le fourchelang, je crains que tu ne doives te faire à cette idée.

Il sourit, persuadé que le libraire aurait aimé pouvoir l'apprendre, et la petite moue déçue qu'il arbora lui confirma cette idée.

- Norbert Dragonneau, le magizoologiste, prétend qu'il arrive à comprendre et dire certains mots.

- Je ne l'ai jamais rencontré, mais son vocabulaire est sans nul doute très limité. Quand je pense fourchelang, je ne traduis pas. Mon esprit transforme mes mots en sifflements qui prennent sens pour les serpents.

- Tu as déjà discuté avec d'autres fourchelangs ?

Il eut une pensée méprisante envers son oncle, Morfin Gaunt, qu'il avait fait emprisonner à Azkaban. Quant à son grand-père, il n'était déjà plus qu'une loque lorsqu'il l'avait rencontré…

- Non. Ma mère est morte à ma naissance et je n'ai jamais eu de contact avec ma famille maternelle. Maintenant finis les questions, termine de déjeuner.

Après le repas, il laissa Harry piocher un grimoire dans sa bibliothèque, ainsi qu'un carnet à dessins parmi ses affaires, puis il le fit transplaner jusqu'à sa résidence secondaire. Il avait plusieurs Mangemorts à convoquer et comptes rendus à écouter. Il espérait que son prisonnier se tiendrait tranquille.

Voldemort avait obtenu un équilibre précaire durant la nuit. Il avait promis de ne pas le tuer en échange de quoi Harry terminerait la traduction sans rechigner, cependant s'il se montrait trop injuste ou cruel avec lui, il y avait de grandes chances pour que le libraire refuse de coucher avec lui à l'avenir, et il n'avait pas non plus envie de perdre cela.

Il avait sciemment évité de lui rappeler son chantage concernant ses amis et sa famille pour ménager son humeur, mais il ne pouvait pas tout tolérer non plus…

Lorsqu'ils arrivèrent dans sa salle de réunion, les lieux étaient encore déserts et il attira le jeune sorcier jusqu'au bout où il invoqua une chaise dans un coin de la pièce, à proximité de son propre trône.

- Tu resteras ici toute la journée mais je ne serai pas en réunion jusqu'à ce soir. Tu pourras parler et te dégourdir les jambes lorsque nous serons seuls mais souviens-toi que je fais de nombreuses concessions pour rendre ta captivité plus confortable. Tout cela pourrait disparaître si tu ne te montres pas à la hauteur des efforts fournis.

- Ouai ouai, j'ai compris…

Il soupira, comprenant qu'il ne pourrait guère obtenir beaucoup de déférence de la part du Gryffondor avec des menaces. Il allait devoir la jouer autrement.

- Je connais bien des sortilèges pour priver de sa langue un sorcier trop bavard. Cependant je réserve d'autres usages à la tienne…

Brusquement, il le plaqua contre le mur pour l'embrasser, et la satisfaction le gagna lorsqu'il le sentit y répondre.

Ils se séparèrent rapidement cependant. Ses hommes n'allaient pas tarder à arriver et il n'était pas question qu'ils le surprennent avec un amant…

- Tu devrais commencer à lire le livre sur l'Occlumancie que je t'ai prêté. Nous aurons le temps d'en discuter plus tard. Cela t'aidera contre les cauchemars…

Harry lui répondit d'un simple hochement de tête et s'assit sur la chaise avant de sortir ses affaires de son sac. Son elfe lui avait même préparé un sandwich et un thermos de thé… Il ne se rendait pas compte à quel point son statut était impensable pour un prisonnier.

Il fit apparaître un coussin aux pieds du libraire et Nagini alla s'y installer alors que les premiers Mangemorts apparaissaient. Voldemort s'empressa de rejoindre sa place et la réunion put bientôt commencer.

Il pensait pouvoir faire comme d'habitude et ignorer le libraire durant celle-ci, mais il comprit rapidement que ce ne serait pas aussi simple. Harry avait joué le jeu et était resté silencieux, mais sa présence, aussi discrète soit-elle, n'avait pas manqué de distraire certains Mangemorts, et même son autorité n'était pas suffisante pour totalement empêcher ses hommes de l'observer à la dérobée.

Par ailleurs, ses serviteurs n'étaient pas les seuls à être déconcentrés par le Gryffondor. Alors qu'il venait d'envoyer un Doloris bien mérité à l'un de ses hommes pour le punir de son échec, il avait senti Harry se crisper derrière lui. Il n'avait même pas eu besoin de se retourner pour l'imaginer, les mains plaquées sur les oreilles dans le vain espoir de ne plus entendre les hurlements de douleur. Cela lui avait gâché tout son plaisir et il avait mis fin au maléfice prématurément tout en tâchant de rester aussi stoïque que d'habitude.

Le libraire était tellement humain, tellement généreux et bienveillant qu'il s'émouvait d'un rien et s'offusquait presque de la moindre de ses décisions. S'il avait conservé le silence comme il le lui avait ordonné, il était évident qu'il était scandalisé tant ses valeurs étaient opposées aux siennes.

À la fin de la réunion, Voldemort se sentait écartelé entre son propre tempérament et la manière dont cela se répercutait chez son amant. Il avait toujours refusé de faire des concessions pour qui que ce soit et le fait de s'y sentir contraint l'avait fatigué et énervé, cependant il ne pouvait se permettre de passer ses nerfs sur lui. Il n'oubliait pas non plus qu'il lui avait promis de prêter serment, et au vu du caractère borné de Harry, ce dernier refuserait tout bonnement de traduire le reste du grimoire s'il ne le faisait pas.

À la fin de la réunion, il fit signe à l'un de ses Mangemorts de le suivre.

- Severus. Avec moi, dans mon bureau. Harry, tu viens avec nous.

Au vu de la grimace qu'il voyait sur le visage du Gryffondor, il s'attendait à un torrent d'insultes une fois seuls…

La porte de son bureau refermée, il observa les deux sorciers et songea avec amusement à quel point leur attitude était différente. Severus Rogue se tenait droit, le visage légèrement penché pour ne pas croiser son regard alors que Harry s'était immédiatement appuyé contre le mur, bras croisés, le toisant avec un mépris palpable.

- Harry, je t'avais dit que je consentirai à faire un Serment Inviolable avec toi pour te prouver ma bonne foi. Severus sera notre enchaîneur.

Le potionniste eut une minuscule réaction de surprise, et le mage noir put sans peine comprendre sa stupeur. Jusqu'à présent, il avait toujours utilisé ce rituel pour forcer quelqu'un à réaliser quelque chose pour lui, et non le contraire !

Aujourd'hui, il n'avait pas d'autre choix, et même si c'était à lui de prêter serment, il s'efforça de croire que ce n'était pas si différent de d'habitude. Ignorant l'impression de malaise qui grandissait en lui, il tendit la main pour serrer celle du libraire.

- Moi, Lord Voldemort, jure de protéger ta vie jusqu'à ce que tu aies terminé la traduction du grimoire d'Eldritch. De plus, je jure de ne rien faire pour attenter à ta vie, y compris une fois ta tâche terminée.

Deux fils dorés s'enroulèrent immédiatement autour de leurs mains liées pour symboliser ces promesses, cependant Harry refusa de lâcher son poignet.

- Et mes amis et ma mère ?

- Précise ta pensée.

- Tu ne leur feras aucun mal si tu traduis ton fichu grimoire, n'est-ce pas ?

- Hors de question que je m'enchaîne à un tel serment alors que tes proches pourraient m'attaquer.

Le Gryffondor prit une expression féroce, mais Voldemort le força à relâcher son poignet.

- On peut tout à fait combattre quelqu'un sans le tuer, tu sais ! Ce n'est pas comme si tu étais sans défense !

- Ça suffit ! Tu as ma parole que je ne chercherais pas à leur faire du mal tant que tu respecteras la tienne, c'est déjà bien assez. Mais si tu refuses de me croire, et trahis ta promesse, ou si tu réitère le même geste stupide qu'hier, soit certain que je le ferai, et j'y prendrai grand plaisir.

Harry sembla sur le point de répondre quelque chose, mais le mage noir avait pressenti sa réaction et avait tendu sa baguette en plein sur son visage pour lui jeter un sortilège de mutisme, sous les yeux éberlués de son Mangemort. Rogue ne devait jamais l'avoir vu aussi magnanime, et Voldemort le fusilla du regard.

- Je compte sur toi pour garder le silence sur tout cela, Severus. L'obtention du rituel contenu dans le grimoire d'Eldritch est ma priorité absolue. Je suis prêt à faire quelques concessions pour cela, y compris tolérer le comportement de monsieur Potter. Je crois que tu en sais quelque chose…

Le potionniste inclina la tête et lui offrit un sourire acerbe.

- Oh, si Harry Potter ressemble à son père autant moralement que physiquement, je ne peux qu'imaginer combien cela doit vous coûter.

À côté d'eux, le libraire semblait se récriminer de la plus virulente des manières, heureusement il ne pouvait se défaire du maléfice sans baguette, et Voldemort attendit que son Mangemort ait quitté la pièce avant de le dissiper.

- Tu es vraiment un connard !

- Tu l'as déjà dit.

- Beaucoup de gens doivent sans doute le penser…

- Et généralement ils ont suffisamment de jugeote pour ne pas le dire à haute voix. Ou alors ils ne restent pas bien longtemps vivants après. Tu n'imagines pas la chance que tu as…

Il s'était avancé et avait plaqué le Gryffondor contre le mur, immobilisant son visage d'une main sur la gorge. Il aurait aimé l'embrasser mais Harry avait froncé les sourcils et gardait les dents serrées.

- Une chance ? Je suis ton prisonnier, tu menaces mes proches et tu m'obliges à faire quelque chose contraire à mes valeurs !

Avec un imperceptible soupir, Voldemort se recula d'un pas.

- J'imagine que tu es suffisamment lucide pour savoir comment je traite mes prisonniers. Tu fais figure d'exception, Harry. Crois-moi…

Il ne savait même pas pourquoi il se montrait aussi magnanime, en vérité. Il aurait très bien pu enlever n'importe lequel de ses amis et le torturer sous ses yeux pour le faire travailler, mais pour une raison qu'il ne parvenait à comprendre, l'idée de blesser le libraire le répugnait.

Perdu dans ses pensées, il laissa sa main descendre mollement jusqu'à ce que la voix de son prisonnier le fasse relever la tête.

- Ton Mangemort, c'est le propriétaire de la boutique de potion, sur l'Allée des Embrumes, n'est-ce pas ? Pourquoi a-t-il parlé de mon père ?

- De ce que je sais, ils étaient à Poudlard à la même époque et ils se haïssaient. Je crois bien que Severus convoitait ta mère, et il n'a jamais pardonné à ton père de l'avoir épousé. Cela t'étonnera peut-être mais c'est lui qui m'a supplié d'épargner Lily Potter, il y a 30 ans…

Harry soupira.

- Du coup j'imagine que tu n'as pas la quarantaine…

Il avait l'air désabusé, et Voldemort éclata de rire.

- Tu imagines bien. Est-ce si important ?

- Comparé au fait d'avoir couché avec le Seigneur des Ténèbres, c'est le cadet de mes soucis. Mais… c'est ta vraie apparence, au moins ?

- Ça l'est. Tu ne soupçonnes pas tout ce que la magie noire peut faire. Rester éternellement jeune n'en est qu'un aperçu. Je pourrais t'apprendre certains secrets…

Le Gryffondor gémit brièvement, alors que les doigts du Serpentard se faisaient plus audacieux, descendant de plus en plus bas jusqu'à s'infiltrer dans robe. Voldemort s'était à nouveau rapproché, et tandis qu'il le caressait, ses lèvres étaient venues frôler sa gorge, laissant parfois échapper une langue mutine.

Harry pencha la tête pour lui offrir un meilleur accès, et s'il devait être parfaitement lucide des manipulations de son amant, il avait retrouvé son sourire.

- Je ne serai jamais d'accord… avec tes idées de domination… et toutes les parties de jambe en l'air n'y feront rien.

La main du mage noir s'était glissée dans son caleçon, et son souffle se coupa brusquement lorsqu'elle se referma sur son sexe.

- J'aime les défis…

La voix du Serpentard n'était plus qu'un chuchotement, hypnotisant doucement sa proie qui ne fit pas un geste pour le repousser. Son emprise était impérieuse, ne lui laissant aucune possibilité de se soustraire, mais il ne semblait de toute façon en avoir aucune envie.

Avec un sourire concupiscent, Voldemort embrassa les lèvres offertes puis alla mordiller la chair tendre de sa gorge, buvant les brefs gémissements de son amant. Il y avait quelque chose de grisant à profiter ainsi de lui alors que quelques Mangemorts se trouvaient encore dans la salle d'à côté.

D'ailleurs, à peine avait-il pensé cela que deux coups brefs furent frappés à sa porte, l'interrompant immédiatement dans son geste. Avec une grimace courroucée, il relâcha immédiatement sa poigne. Il était hors de question que ses hommes s'imaginent quoi que ce soit…

D'un mouvement de tête, il intima au libraire d'aller s'asseoir dans un coin tandis qu'il regagnait sa place derrière son bureau. Heureusement, Harry avait eu la présence d'esprit de remettre ses vêtements en place, car il ne s'imaginait guère le lui ordonner à haute voix.

- Entrez.

Le Mangemort responsable de l'interruption était Drago Malefoy, et alors qu'il s'inclinait devant lui, une exclamation moqueuse brisa soudain le silence. Loin de manifester la moindre gêne pour ce qu'ils venaient de faire, le Gryffondor toisait son ancien camarade avec un mépris flagrant, comme s'il était parfaitement normal qu'il se permette une telle chose devant le Seigneur des Ténèbres en personne.

D'un geste de baguette, Voldemort le rendit à nouveau muet tandis que le fils de son bras droit serrait les poings, se retenant sans doute à grand peine d'insulter son prisonnier.

- Maître. Je venais vous exposer les résultats de la dernière mission que vous m'avez donnée. Puis-je parler devant Potter ?

- Fais comme s'il n'était pas là. Ce n'est qu'un prisonnier, il n'ira nulle part ailleurs.

À son grand dam, le sortilège de mutisme ne l'empêchait pas de faire des grimaces, et il s'en donnait à cœur joie, au point que le mage noir finit par le suspendre par les pieds, tête en bas et poignets attachés dans le dos. À cause de ses pitreries, il n'avait pas écouté un traître mot de ce que son Mangemort venait de lui expliquer, et il dû brièvement se concentrer pour se remémorer la nature de la mission qu'il lui avait confiée.

- … Maître ?

- Je n'ai pas de temps à te consacrer. Tu me feras un rapport écrit.

- Bien maître. Vous estimez donc qu'il n'est pas nécessaire d'intervenir tout de suite ?

Impossible de se souvenir… Il espérait de tout cœur que ce n'était pas quelque chose d'important. Il jeta un coup d'œil au Gryffondor secoué par un fou rire muet. Il n'avait aucun respect pour ses Mangemorts, mais il était plus que temps de lui rappeler qui il était.

- Si tu estimes qu'il représente un danger imminent pour notre cause, tue-le et s'il a besoin d'être menacé, tue un de ses proches. Je te laisse autonome sur cette mission, ne me déçois pas.

Immédiatement, Harry s'était immobilisé, et le mage noir savoura les effets que ces quelques mots avaient suffi à provoquer. De son côté, Drago s'était à nouveau incliné avant de quitter la pièce, et Voldemort tourna la silhouette en lévitation jusqu'à croiser son regard.

D'un mouvement nonchalant, il dissipa le maléfice qui l'empêchait de parler, mais le laissa néanmoins attaché.

- Alors Harry, tu ne trouves plus ça aussi drôle ?

Il le fusilla du regard.

- Je savais que tous les Malefoy faisaient partie de tes larbins. Et dire qu'il se pavanait à Poudlard… Maintenant il ne sert qu'à faire tes basses besognes !

- Drago et Lucius sont de bons éléments, ils me sont loyaux et savent se montrer efficaces. C'est bien pour cela que je leur accorde une partie de ma confiance, et ils ont toutes les raisons d'en être fier. Tu peux bien te moquer d'eux, mais n'oublie pas qu'ils sont mon bras armé, et que je ne suis pas quelqu'un de magnanime.

- Tu as tué… Tu as ordonné un meurtre comme ça… Comment peux-tu avoir si peu de respect pour une vie humaine ?!

- Ce n'est qu'un insecte à mes yeux. Un insecte nuisible qui se trouve sur mon chemin. À l'avenir, tu te rappelleras de manifester le respect qui m'est dû, n'est-ce pas Harry ? Tu as un statut privilégié, mais tu es bien le seul…


Fin du chapitre 11

Boulot Boulot Boulot… Ça ne fait que 2 semaines que les cours ont repris et j'ai l'impression que ça fait déjà 1 mois XD. Tellement de choses à penser… 😣😤 Heureusement je trouve encore du temps (et de l'énergie) pour écrire !

J'aime beaucoup le début du chapitre et surtout ce nouveau rapprochement entre Harry et Voldy ! Par contre je suis un peu plus mitigée sur la fin... Je jongle avec le caractère de Harry qui méprise Voldemort et ses Mangemorts, mais qui a toujours des sentiments pour lui et se trouve bien malmené par le grimoire et a besoin de câlins. 😅 Lui aussi est un peu perdu, et il y aura une discussion importante dans le chapitre suivant. Désormais des évènements vont s'enchaîner jusqu'à entamer la 2e partie de l'histoire, je pense vers le chapitre 13/14... 😏

N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! Débizous ! 😘