turning Dobby
Harry et Reg revinrent dans le Surrey, au milieu d'un parc de jeu situé non loin de la maison des Dursley. Harry scruta les alentours. Avec le temps pluvieux qui s'abattait sur la région, les rues étaient complètement désertes.
– Ça devrait suffire, déclara-t-il en sortant une troisième baguette, avec laquelle il disposa des sorts les empêchant d'être aperçus ou entendus.
– Qu'as-tu en tête maintenant, S… Harry ? demanda Reg en étudiant avec intérêt les barrières tout juste forgées. Tes sorts de protection sont vraiment incomparables ! Je doute pouvoir tous les identifier, ce qui est un exploit étant donné les quinze années que je viens de passer à ne pouvoir rien faire d'autre que lire.
– Je t'apprendrais peut-être un jour, lui répondit-il de manière distraite. Mais pour l'instant, il y a plus important à faire. Il me faut rapidement trouver quelqu'un de confiance qui pourra m'aider à concrétiser mes plans.
– Et qui suis-je censé être, au juste ? Dois-je comprendre que tu ne me fais pas confiance ? s'indigna Reg, quelque peu blessé.
– Je ne doute pas de ta bonne fois, Reg, répliqua Harry en secouant la tête. Tu n'as pas quitté mon côté depuis le jour où je t'ai sauvé et tu ne m'as jamais donné de raisons de douter de ta franchise. Non, il me faut simplement quelqu'un de loyal qui peut aller et venir où il le souhaite sans être vu. J'ai besoin d'un parfait espion qui soit à la fois un fidèle ami. Tu as tes capacités, Reg, mais tu as aussi tes limites, comprends-le bien.
– Tu as peut-être raison…, lui accorda-t-il. Pourquoi pas Kreattur ? C'était le vieil Elfe de maison de ma mère.
– Mais il est lié à ton frère, rétorqua Harry. Ce ne serait pas une bonne idée.
– Peut-être... néanmoins...
– Ne t'en fais pas. Je sais exactement qui appeler, le rassura Harry. Dobby !
L'instant d'après, un « crac » sonore retentit et une petite créature à l'air un peu déjantée apparut devant eux.
– Monsieur Harry Potter a appelé Dobby ? dit-il qui n'avait d'yeux que pour Harry.
– Hm… c'est bien moi, Dobby, lui répondit le brun, incertain de ses paroles. Est-ce que… tu es toujours un Elfe libre, Dobby, pas vrai ? l'interrogea-t-il finalement.
– Bien sûr, Harry Potter, monsieur ! affirma l'Elfe. Dobby aime beaucoup être un Elfe libre plutôt qu'être aux ordres du maître Malfoy, Dobby est un Elfe libre !
– Je vois. Souhaites-tu la mort ? demanda-t-il, curieux. Ne serait-il pas plus raisonnable de reprendre le service auprès d'un être doué de magie afin de pouvoir réapprovisionner tes réserves ?
Dobby cligna ses grands yeux.
– Monsieur Harry Potter sait comment la magie des Elfes de maison fonctionne ? demanda-t-il, étonné.
– Bien évidemment.
– Donc monsieur Harry Potter a appelé Dobby pour conclure un accord ? clarifia l'Elfe, une lueur folle brillant dans ses yeux.
– C'est bien ça, confirma Harry. Et j'aimerais que tu demandes à Winky si ça l'intéresse également. J'ai besoin de quelques fidèles Elfes de maison pour m'aider dans ma quête.
– Monsieur Harry Potter a besoin de Dobby et de Winky ? répéta Dobby avant de sourire d'un air exalté. Je reviens tout de suite, monsieur. Je vais chercher Winky.
Et dans un second « pop », il disparut.
– Donc, c'est ça ton plan, des Elfes complètement barjos ? dit Reg en souriant.
– J'ai besoin de personnes pouvant me contacter où que je sois sans se faire repérer, les Elfes de maison s'avèrent tout simplement répondre à mes critères ! Et à propos de leur soi-disant « folie », il faut bien l'être un peu pour me suivre, tu le sais mieux que personne, n'est-ce pas, Reg ? déclara Harry, un sourire diabolique aux lèvres.
– Hé ! s'écria l'autre, mais Harry l'ignora et continua à parler.
– J'ai réussi à travailler seul jusqu'à présent, mais ce n'est plus possible maintenant que les choses commencent à réellement bouger et que je retourne à Poudlard. J'ai besoin de quelqu'un qui puisse s'occuper de mon courrier et qui puisse également m'emmener là où il m'est impossible d'aller seul.
– C'est pour cela que tu mobilises ces Elfes, comprit Reg. Mais pourquoi deux d'entre eux ?
– Parce qu'ils sont libres, lui répondit Harry en haussant les épaules. Ils me seront tous deux utiles, j'en suis certain.
– Je te connais mieux que ça, Harry. Dis-moi la vérité, pourquoi deux ?
– Pour espionner ma cible maîtresse, bien entendu, répondit finalement Harry. Ainsi que tous ceux ayant un lien avec lui. Peut-être même trouverons-nous des alliés en chemin.
Reg soupira en secouant la tête de droite à gauche.
– Ne penses-tu pas en savoir déjà bien assez comme ça ?
– Il vaut mieux être paré à toutes éventualités, rétorqua Harry. J'en connais peut-être beaucoup sur mon ennemi, mais ça ne me fera pas de mal de continuer à le surveiller. On ne peut pas prévoir qu'il ne change pas de plan d'ici là.
– Et qu'est-ce que tu es censé être, hein, Harry ? Un super espion ?!
Harry sourit follement.
– Rien de tout cela, répondit-il. Mais j'ai déjà assez combattu au cours de ma vie pour savoir qu'en connaître trop vaut mieux que pas assez. Et parfois, ces informations que tu récoltes peuvent apporter plus que des connaissances : elles peuvent te donner de précieux alliés.
– Tu es complètement dingue, Harry, déclara Reg en secouant la tête une seconde fois.
– Oh, merci bien, ça fait toujours plaisir de l'entendre dire, répliqua Harry avant qu'un « crac » sonore ne se fasse entendre et que les deux Elfes ne surgissent de nulle part.
– Je travaillais, Dobby, s'écria Winky en tentant de se défaire de la prise de l'autre Elfe. Pourquoi m'as-tu amené ici ?!
Harry examina l'Elfe femelle quelques instants. Elle avait un teint atroce, d'énormes cernes creusés sous ses yeux injectés de sang et portait une sorte de robe jaune pâle à l'air sale. Entre ses mains, elle tenait un torchon d'une propreté douteuse dont elle avait dû se servir quelques minutes auparavant pour s'occuper du ménage.
– Je travaillais ! Je travaillais ! continua-t-elle de crier d'un ton coléreux et désespéré.
– Et je suis certain que tu t'en sortais très bien jusqu'ici, s'en mêla finalement le « Gryffondor » pour la calmer.
Winky s'arrêta brusquement et le dévisagea d'un regard perçant.
– Non, lui dit-elle, les yeux remplis de larmes. Winky a été un mauvais Elfe. Winky n'a pas assez bien travaillé.
– Tu n'as rien de plus à prouver, répliqua Harry en tendant sa main vers la petite créature en pleurs. Je voudrais pouvoir te compter dans ma famille, si tu le veux.
Winky examina la main tendue, puis le regarda, lui, incapable de comprendre ses paroles. Puis, la compréhension brilla dans ses grands yeux qui s'agrandirent d'un seul coup.
– Vous ne pouvez pas me vouloir moi, monsieur, lui dit-elle. Je ne suis pas un bon Elfe.
– Ce n'est pas mon avis, rétorqua Harry, la main toujours tendue vers elle. Et ma proposition est toujours valable.
Winky continua de passer son regard de la main au visage du sorcier devant elle. Soudainement, son visage s'éclaira et le désespoir qui semblait peser sur ses épaules parut s'évaporer.
– Vous voulez vraiment de Winky, monsieur, demanda-t-elle. Vous voulez que Winky devienne votre Elfe de maison ?!
– Tout à fait, lui répondit Harry, n'ayant toujours pas relâché sa main. C'en fut assez pour elle et avec le visage rayonnant comme un soleil, elle s'en empara vivement.
– Deviens membre de ma famille, deviens un membre de ma maison. Tu me serviras et ma magie sera tienne, tu me seras fidèle comme je te le serai, notre amitié sera réciproque, et ce, pour le restant de nos jours. Qu'il en soit ainsi, siffla calmement Harry.
Les yeux de Winky s'agrandirent de nouveau.
Harry savait qu'elle n'avait pas compris la moindre de ses paroles étant donné qu'il les avait prononcées dans la langue des Serpents, mais elle avait à présent parfaitement conscience de ce qu'il attendait d'elle.
C'est ainsi qu'un sourire se peignit sur son visage.
– Ainsi soit-il, termina-t-elle et une brume dorée quitta le corps de l'Elfe et entra dans celui du « rouge et or ».
L'instant d'après, une lueur mortellement verdoyante ressemblant à s'y tromper à ses émeraudes entoura son petit corps, puis la lueur s'évanouit petit à petit et au lieu de la forme désespérée qu'elle avait été, un Elfe heureux et en bonne forme se tenait devant Harry.
– À mon tour ! s'exclama Dobby en souriant follement.
Harry abandonna la main de Winky et tendit la sienne vers Dobby. Il répéta son engagement et après que Dobby ait agréé, une lumière verte vint l'envelopper à son tour. Puis tout revint à la normale, Dobby rayonnant toujours d'un sourire enjoué.
– Qu'est-ce que le maître veut-il que l'on porte ? s'enquit Winky, tout aussi passionnée.
– Cela m'importe peu, répondit Harry. À vrai dire, je ne suis friand ni des chiffons ni des torchons. Mais il vaudrait mieux que vous continuiez à vous vêtir comme vous le faites actuellement.
Winky cligna ses grands yeux et Harry perçut rapidement son incertitude.
– À Poudlard, il vous faudra épier certaines personnes et me remettre certaines lettres en mains propres sans que le directeur ou qui que ce soit d'autre ne s'en rendent compte, clarifia-t-il. Lorsque nous n'aurons plus à nous cacher, nous choisirons ce que vous porterez ensemble, d'accord ?
– Maître Harry ne veut pas que Dumble-dore sache que nous sommes devenus vos Elfes de maison ? demanda Winky.
– Exactement, confirma Harry. J'ai besoin de vous à Poudlard, or, là-bas ne résident que deux sortes d'Elfes : les Elfes libres et ceux qui sont rattachés à l'école.
Winky se mit à sourire de nouveau.
– Comme nous ! souligna-t-elle. Je ferai comme le maître a demandé. Que peut faire Winky pour vous ?
– L'un d'entre vous apportera mes lettres à Gringotts ou dans un bureau de poste et me rapportera les réponses à Poudlard. Celui-là devra également me rendre d'autres services comme faire mes achats ou livrer certaines choses à un certain nombre de personnes. L'autre me servira d'espion. Je veux tout savoir sur le directeur de Poudlard, toutes ses découvertes et tous ses plans à venir. Je donnerai à celui-ci un magnétophone afin qu'il puisse enregistrer ce qui se dit pendant les réunions. Celui-ci devra également recueillir des informations concernant l'heure et le lieu où se tiennent ces réunions. Le mieux resterait que vous échangiez vos places par intermittence afin de déjouer les doutes du directeur. Lorsque vos tâches seront accomplies, il vous suffira de retourner à Poudlard et de faire comme si de rien n'était.
Dobby et Winky échangèrent un regard avant d'acquiescer de concert.
– Oui, maître Harry ! affirmèrent-ils en chœur.
– Dobby va commencer tout de suite, déclara Dobby avant de disparaître soudainement.
– Winky, elle, va attendre d'être appelée, dit-elle avant d'ajouter calmement : Winky retourne travailler !
Ainsi, elle disparut à son tour.
– Formidable ! s'exclama Reg dès qu'eurent entièrement disparu les deux créatures. Maintenant ce n'est pas un, mais bien deux Elfes un peu trop inspirés que nous avons sur les bras ! Et Merlin seul doit savoir comment tu as réussi l'exploit de dénicher les deux seuls Elfes à l'esprit suffisamment dérangé de tout le Royaume-Uni !
– Je me suis contenté d'observer le terrain, et ce, pendant une longue période de temps, répondit Harry avec suffisance. Si tu l'avais fait toi aussi, tu n'aurais également eu aucun mal à les trouver.
Reg frissonna sous le ton employé.
– Bien heureusement, cette affligeante tâche ne m'est pas revenue, souligna-t-il en suivant le brun qui s'était mis sur le chemin de Privet Drive. Et quel soulagement…
.
Plus tard dans la soirée, Harry s'empara du dossier qu'il avait obtenu lors de sa visite à Gringotts. Celui-ci comportait toutes les informations existantes sur les comptes de « Harry Potter », le garçon qui n'existait plus, dorénavant.
Mais peu importait, puisque ce dossier était un élément crucial pour lui.
Il ouvrit donc la chemise et en feuilleta le contenu avec attention, haussant les sourcils devant ses toutes nouvelles découvertes ; le relevé de compte de la chambre de l'ancien Harry. La dernière fois qu'il avait vu ce relevé datait de la mort de James et Lily Potter en 1981.
Aujourd'hui, ce rapport n'avait plus rien à voir et il semblait que quelqu'un se soit permis de se servir dans les fonds du garçon sans grand scrupule. Bien sûr, il restait bien assez d'or pour que Harry puisse aller à Poudlard, mais l'argent qui avait été mis de côté pour la personne qui aurait à l'élever, s'il arrivait quelque chose à Lily et James, avait complètement disparu. D'un côté, cela était plutôt cohérent étant donné que les Dursley avaient bien dû s'en occuper.
Cependant le relevé lui indiquait clairement que seule une petite portion leur avait été attribuée afin qu'ils puissent acheter à Harry ses fournitures d'école. Le reste de cette fortune avait servi à l'après-guerre.
– Comme si James et Lily n'avaient pas déjà assez donné, maugréa-t-il. Rien d'étonnant à la haine que les Dursley me portent et portaient à « Harry ». L'ancien Harry leur avait coûté bien trop cher depuis qu'ils l'ont recueilli...
Bien sûr, Vernon avait obtenu un meilleur job depuis, et les Dursley avaient commencé à mieux s'en sortir avec deux enfants à nourrir. Mais Harry se souvenait également d'une période pendant laquelle Pétunia avait dû laisser l'ancien Harry et son cousin chez Mrs Figg pour pouvoir aller travailler, l'espace de quelques heures. Ce fut la promotion que Vernon avait réussi à avoir, lorsque l'ancien Harry avait atteint l'âge de quatre ans, qui les avait sortis de la panade et avait rendu leur vie telle qu'elle était aujourd'hui. Et seul Harry les avait fait peiner jusque-là…
Rien d'étonnant non plus qu'ils haïssent autant tout ce qui se rapporte à la magie, pensa-t-il. Et puis, qu'ils ne reçoivent presque rien de ce qui reste de l'héritage de « mes parents » pour ne serait-ce que prendre soin de moi n'a pas dû les aider à les penser autres que rebelles et chômeurs…
Harry constata avec soulagement que Dumbledore ne devait pas savoir que les Potter possédaient une fortune plus importante que ce qui se trouvait dans sa propre chambre forte.
Je savais bien que Dumbledore n'était pas une personne de confiance, en fin de compte, songea Harry avant de continuer à feuilleter la paperasse.
À l'intérieur se trouvait une copie du testament de Lily et James Potter dans lequel étaient inscrits les noms des personnes qui pourraient prendre sa garde dans le cas d'une incapacité de ses propres parents. Bien entendu, le premier nom ne fut autre que celui de Sirius, le parrain de Harry. Néanmoins, il apparaissait que Dumbledore ne devait pas avoir prêté la moindre attention aux suivants.
– Alice et Frank Londubat, lut Harry à voix haute.
Il savait qu'ils avaient été torturés à la folie quelques mois après la mort de « ses propres parents », mais peut-être auraient-ils été un choix judicieux pour Harry en attendant, puisque juste après le drame la garde serait automatiquement passée à Augusta Londubat, la grand-mère de Neville.
– Amelia Bones, continua-t-il.
Dans son cas par contre, rien ne l'empêchait de prendre le petit Harry sous son aile.
Le dernier nom de la liste le fit presque grogner.
– Alastor Maugrey… quelle vie ç'aurait été !
Le brun était absolument certain qu'il aurait entraîné l'ancien Harry à devenir Auror aussitôt qu'il aurait su mettre un pied devant l'autre.
– Au fond, tout aurait été mieux que les Dursley…
Mais Dumbledore avait balayé les vœux de Lily et James et avait placé Harry exactement là où il l'avait voulu : aussi loin de toute forme de magie que possible.
– Eh bien, ainsi est venu le temps pour la vérité d'être exposée au grand jour, murmura le brun en s'emparant d'un bout de parchemin.
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Mon très cher ami,
Celui qui t'a volé il y a trois ans se trouve avoir également volé ce que tu as perdu il y a quatorze ans.
Ton vieil ami.
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Il scella la lettre avec un sourire aux lèvres puis appela Winky et la lui confia. Il avait encore quelques affaires à régler avant de quitter Privet Drive... et pour de bon cette fois-ci...
