Note de l'auteure originale : Je vais commencer à faire une différenciation entre le Harry d'origine et celui qui vit dans le présent et qui n'a de Harry que le nom, car j'ai peur de m'y perdre si je ne m'y mets pas dès maintenant. À partir de maintenant, le Harry original/du passé sera nommé « Sal » ou « Salvazsahar », tandis que le Harry du présent demeurera sous le nom « Harry ».

Pour ceux que ça intéresse (Jay-Werdraght !) : J'ai inventé le nom Salvazsahar en m'inspirant des mots suivants salvaz - salvatore - qui signifie sauveur et sahar qui est un prénom féminin d'origine arabe qui veut dire « l'aube ». Pour ce qui est de Serendu, le nouveau deuxième prénom de Harry, il vient d'une sorte de Gallois avec seren pour « étoile » et du pour « noir ».


starting to live

Quelque part entre l'an 700 et 600 av. J.-C.

– Qu'est-ce que tu fais, Sal ?

Salvazsahar - auparavant connu sous le nom de Harry - détacha son regard de sa tâche.

– Je travaille sur mon troisième cercle runique de renforcement, répondit-il à la question de son père.

Un an était passé depuis la renaissance de Salvazsahar et le début de son apprentissage en tant que druide. Son père lui avait enseigné les potions, les sortilèges, la métamorphose, l'usage des différentes herbes et la théorie des rituels. Il lui avait aussi donné des cours d'arithmancie, d'astronomie et même de combat au couteau. La magie qui usait du Fourchelang et son apprentissage de diverses langues se mêlaient simplement dans tous ses cours.

Mais les choses les plus importantes que Sal ait apprises restaient l'occlumancie et la légilimancie.

Son père avait été très insistant quant à cet apprentissage, car c'était le seul moyen d'empêcher d'autres druides sans pitié de savoir qu'il avait, en réalité, voyagé dans le temps. Au début, l'apprentissage avait été compliqué. Après avoir enfin acquis son bâton, Sal avait pensé que ses leçons deviendraient comme celles qu'il avait à Poudlard, mais il avait eu tort. Rien de ce qu'il apprenait maintenant ne pouvait être comparé à ce qu'on lui avait enseigné à Poudlard. Bien sûr, c'était toujours des sortilèges, mais la plupart d'entre eux consistaient en des chants psalmodiés qu'il utilisait essentiellement au cours des rituels et pour les potions.

Rugir une incantation et se jeter l'un à l'autre des sorts étaient des notions totalement inexistantes à cette époque.

Néanmoins, ça ne voulait pas dire qu'on ne pouvait pas utiliser la magie pour s'affronter. On pouvait tout à fait inscrire dans l'air ses runes ou les graver à même le sol à l'aide de son bâton pour combattre. Et c'était exactement ce qu'on lui avait appris.

Il n'y avait pas de mouvement particulier à retenir pour obtenir le résultat exact qu'il souhaitait et la plupart des sorts qu'il utilisait maintenant quotidiennement ne requerraient pas l'usage d'une baguette de toute façon, notion qui avait eu du mal à rentrer à ses débuts, mais Sal n'avait pas vraiment eu le choix. Avec son bâton, il était incapable de faire appel à la magie comme il le faisait avec une baguette. Il avait essayé. Même un sort aussi simple qu'un Lumos n'avait donné aucun résultat. Et lorsqu'il avait posé la question à son père, Myrddin lui avait répondu que cette manière raccourcie de recourir à la magie devait certainement demander un bâton capable de canaliser la magie et de l'utiliser avec plus de précision que ce qui se faisait à cette époque. C'est donc pourquoi Sal n'avait pu rien faire d'autre que de s'adapter à la manière des druides. Il avait dû apprendre comment dessiner les runes, comment et où les graver lors de véritables rituels et comment utiliser son bâton magique non pas seulement lors des combats entre deux sorciers, mais aussi contre les armes moldues.

Sal aimait et détestait ça avec la même intensité.

Après quelques mois, Sal s'était enfin penché sur les rituels de sang. Ces derniers étaient un passage obligatoire pour tout druide afin qu'il puisse renforcer son corps et sa magie, et également pour éveiller son sang à ces nouvelles pratiques. Sans ces rituels, Sal ne serait pas autorisé à aller au-delà de la théorie.

Les rituels de sang permettaient la protection de son esprit et de son corps lorsque la magie se mêlait aux autres rituels. Ils étaient la base de l'enseignement des druides et chacun devait en passer par là avant de ne serait-ce que penser à se faire appeler « druide ». Sal, de son côté, n'avait pas la moindre idée de ce qui était censé arriver si quelqu'un tentait un rituel sans être passé par ceux de renforcement en premier lieu, et, pour une raison quelconque, il n'avait aucune envie de le découvrir.

Il avait appris à ses dépens que Myrddin et Ollivanneder répondaient à absolument toutes ses questions, même si elles étaient posées pour détendre l'atmosphère et ne cherchaient pas véritablement de réponses. Il avait compris qu'il y avait des choses qu'il était préférable de ne pas savoir… par exemple ce qui se passait si l'on pratiquait un rituel sans avoir pratiqué ceux de sang auparavant, ou encore les différentes coucheries de son père et de son parrain…

– Tu penses que tu en auras terminé avec tes rituels de renforcement du corps d'ici les prochaines lunes ? lui demanda Myrddin.

– Je pense, oui, répondit Sal tout en continuant ses calculs quant à la place qu'avait chaque rune dans son patron.

– Où est-ce que tu en es dans tes runes de conservation ?

Ça aussi, c'était une nouvelle notion pour lui qui servait à améliorer sa mémoire par le biais de runes mentales - pas que Sal en ait réellement besoin en vérité. Depuis sa seconde naissance, il n'avait absolument rien oublié. À la place, il avait commencé à se souvenir. Quotidiennement, des souvenirs de son ancienne vie l'avaient rattrapé, plus clairs que jamais et dans les moindres détails.

Au début, ça avait été des jours oubliés chez les Dursley et à Poudlard ou encore des choses qu'il avait lues ou apprises et dont il ne se rappelait pas, mais après un temps, il avait commencé à se rappeler l'année qu'il avait passée, entouré de ses deux parents. C'était un vrai cadeau pour lui, même s'il se souvenait aussi avec une précision presque cruelle de la tension qui avait tordu leur visage un mois avant leur mort ainsi que le jour où ils étaient passés dans l'autre monde.

Et il ne faisait pas que se souvenir, mais il n'oubliait également jamais rien. Quelles que soient les paroles qu'on lui adressait, il pouvait se le rappeler parfaitement une semaine plus tard. Il se souvenait de chaque leçon qu'on lui avait donnée sur le chemin vers sa nouvelle maison et il avait même pu revenir sur certains détails qu'il n'avait pas compris à ce moment-là et les comprendre plus clairement cette fois-ci.

Cette habileté à mémoriser absolument tout, il la tenait de son père. Maintenant, il comprenait enfin pourquoi Myrddin détestait se répéter : son père n'avait, à l'époque, pas compris pourquoi Sal n'arrivait tout simplement pas à mémoriser aussi vite que lui…

Mais même s'il pouvait enfin comprendre son père sur ce point et pouvait se souvenir de n'importe quoi après l'avoir entendu une seule fois, il n'était pas certain que ça lui plaisait.

Les souvenirs qui avaient afflué n'étaient pas tous agréables, et brusquement, certains actes dans le futur de personnes en particulier lui apparurent sous un nouveau jour.

Il se rappelait maintenant avec netteté l'orientation qu'on lui avait fait prendre lors de sa première année, chaque action faite pour le mener sur le « bon chemin ». À l'époque, on lui avait caché tout ça. Hagrid était un compagnon sympathique bien sûr et l'avait bien aidé en l'éloignant des Dursley et en lui montrant un tout nouveau monde. Mais maintenant, Sal ne pouvait s'empêcher de se demander comment tout ça avait pu arriver. Comment se faisait-il qu'on eût choisi Hagrid pour l'introduire au monde magique ?

Bien entendu, Hagrid était immense et intimidant et ça en avait éloigné plus d'un, mais Sal avait été une cible : une cible qui ne savait absolument pas qu'elle en était une et qui aurait facilement pu être visée par des Mangemorts, même avec la protection du demi-géant.

Alors pourquoi lui ?

Pourquoi pas McGonagall, Professeur Flitwick, ou même Snape ?

Et comment se faisait-il qu'il n'ait jamais rien entendu sur ce tout nouveau monde avant ce jour-là ?

Ne se devait-il pas de connaître certaines coutumes, la culture ou même l'histoire du monde magique avant d'entrer à Poudlard ?!

Sal poussa ses réflexions dans un coin de son esprit avant de retourner à la question que lui avait posé son père.

– Je vais composer la première série ce soir, l'informa-t-il. J'ai déjà préparé les potions et le cercle de rituel sera libre dans la soirée, donc je ne devrais pas rencontrer de problèmes.

Ils s'étaient tous deux posés à Loandom dans leur propre habitat. Le village était entièrement peuplé par des sorciers et Sal commençait à suspecter que l'endroit deviendrait le Chemin de Traverse dans son propre futur. Aujourd'hui, en ces lieux, tout le monde voyait Sal comme le fils de Myrddin.

Sal n'avait été présenté à personne avant de subir sa seconde naissance donc ils ne le connaissaient qu'ainsi. Et pas une seule fois avait-on remis en cause leur affiliation mutuelle. Son accent, lorsqu'il parlait le cymraeg, s'était considérablement atténué après le rituel et les autres langues qui étaient parlés sur l'île lui étaient venues presque naturellement.

À présent, un an plus tard, Sal parlait couramment le cymraeg et le breton comme s'il était né à cette époque, dans cette contrée. Il pouvait parler la plupart des autres langues parlées en Britannia et était maintenant en plein dans son apprentissage de la langue égyptienne. Après ça, son père lui avait promis qu'ils s'attaqueraient au latin, au grec et au vieux norrois.

Sal n'était pas vraiment pressé de s'y mettre, mais il ne protestait pas. Son père lui avait rappelé qu'un jour, il voudrait certainement quitter Loandom pour chercher un moyen de rentrer chez lui et il ne savait pas où il devrait se rendre pour le trouver, donc tout ce travail était en prévision de ce jour.

– Et quand est-il des renforcements de ta magie ? le questionna son père et Sal se concentra de nouveau sur les runes inscrites sur le sol devant lui.

– J'ai posé la première couche il y a deux mois déjà. La seconde est prête, je dois juste attendre que le rituel de conservation soit passé et se soit stabilisé, répondit-il vaguement. Et j'ai aussi commencé l'éveil du sang.

– C'est bien.

Sal leva les yeux vers son père quand il entendit le ton troublé qu'il avait employé.

– Quelque chose te dérange, atr ? demanda-t-il.

– En vérité, oui, avoua son père avant de s'asseoir à ses côtés à même le sol. Je voulais te parler de quelque chose en particulier.

– Dis-moi, s'enquit Sal tandis qu'il stoppait ses calculs. Il posa le bout de bois dont il s'était servi pour dessiner ses runes et se mit à écouter sérieusement.

– C'est à propos de toi… à propos de ton corps, commença Myrddin. J'ai remarqué que tu n'as pas du tout vieilli depuis que tu es arrivé ici.

Salvazsahar cligna des yeux, perdu, et Myrddin chassa une mèche de cheveux du visage de son fils. Ses cheveux avaient beaucoup poussé depuis son arrivée et tombaient maintenant sur ses épaules.

– Je n'ai pas… Je n'ai pas vieilli ? répéta Sal, pas certain d'avoir bien compris.

– C'est ça, tu n'as pas vieilli, confirma Myrddin. Je n'étais pas certain au début, mais je t'ai observé durant l'année que tu as passé ici et tu n'as pas vieilli d'un seul jour depuis que je t'ai trouvé.

– Ça… ça veut dire que je vais avoir quinze ans pour l'éternité ?! conclut Sal, incertain des sentiments qui l'envahirent à cette révélation.

– Je n'en suis pas certain, avoua son père. Mais j'ai une théorie.

– Une théorie ?

– Tu n'appartiens pas à cette époque et même si tu as subi une seconde naissance ici, tu ne devrais pas exister parce qu'il n'y a aucun chemin qui mène à ton existence en ce temps, précisa-t-il. Je pense donc que ton corps est plongé dans une sorte de stase jusqu'à ce que tu retournes à ton époque. Ça voudrait dire que tu es capable de grandir mentalement parlant, mais que ton corps ne suivra pas jusqu'à un moment précis.

– Mais… mais qu'est-ce qui arrivera si je meurs ? s'inquiéta Sal.

– Si j'en crois ma théorie, il se peut que tu sois incapable de mourir jusqu'au jour où tu retourneras chez toi. Le temps ne peut pas te toucher jusqu'alors. Mais quand tu reviendras là-bas, ton corps recommencera certainement à vieillir normalement.

– Donc, je vais rester un garçon de quinze ans durant les prochains millénaires ? s'horrifia Sal.

– Normalement, je dirais oui, répondit Myrddin. Mais il y a une chance qu'une fois que tu es éveillé ton sang, tu puisses gagner un contrôle sur ton vieillissement. Comme les phénix qui décident quand ils souhaitent vieillir et quand ils souhaitent renaître, tu pourrais peut-être être capable de changer ton âge. Mais nous ne pourrons prouver ça qu'après avoir finalisé le rituel d'éveil. Jusque-là, j'ai bien peur que tu ne vieillisses pas d'un jour de plus.

– Que dirons-nous aux autres ? se tracassa l'ancien Gryffondor.

– Je ne leur ai jamais dit ton âge. Si tu finalises ton rituel d'éveil d'ici deux ans, au plus, et je suis certain que tu en es capable, nous n'aurons rien à leur dire, soutint Myrddin. Ils penseront simplement que tu étais plus jeune qu'ils ne l'avaient pensé jusque-là.

– D'accord… si tu penses que tout va bien se passer alors, répondit Sal après un moment de silence. Myrddin lui sourit et ébouriffa ses cheveux avant de se relever.

– Termine ce rituel ce soir et commence à travailler sur les autres, dit-il. Je suis certain qu'en temps voulu, tout ira mieux.

.

Myrddin avait une fois de plus eu raison. Deux ans plus tard et toujours une quinzaine d'années à son compteur, Salvazsahar avait finalement, après une longue et épuisante nuit, terminé d'inscrire les runes destinées à l'éveil sur son corps.

Il était, une fois n'est pas coutume, assis sur l'autel au milieu du cercle rituel depuis midi du jour d'avant. La nuit arrivait enfin à son terme et le soleil commençait tout juste sa course.

Son corps entier le tiraillait et du sang coagulé recouvrait son corps comme le ferait une seconde peau. Ses bras, son torse, ses pieds et son visage étaient couverts de runes et l'un des cercles les plus compliqués était gravé dans son dos, tout juste entre ses omoplates. Chaque entaille dans sa peau était nette et de taille minime. Sur certaines parties de son corps, elles s'accordaient en cercles, en ondulations ou en d'autres motifs plus symétriques.

Sal savait d'ores et déjà cette fois que les entailles guériraient d'elles-mêmes et que les runes disparaîtraient sous sa peau comme l'avaient fait toutes celles qu'il avait placées sur son corps ces deux dernières années.

Il y était enfin, à la dernière étape de l'éveil de son sang - le premier, pour le moment - puis, ensuite, il pourrait finalement se faire appelait druide, même si, lui, devrait recommencer un nombre incalculable de fois le procédé au cours des années à venir. La magie qui puisait dans les runes de sang était la seule qui pouvait le protéger contre le contrecoup de la pratique des rituels. Ces runes lui permettaient de renforcer son emprise sur la magie qui était sienne et sur son corps, mais aussi de renforcer son esprit et sa mémoire et lui permettait d'éveiller l'héritage de la créature qui sommeillait dans son sang - celui des Fir Bolg - héritage qui pourrait sans doute lui être utile dans sa tâche.

Ces runes allongeaient son espérance de vie grâce aux divers renforcements et grâce au lien très puissant qu'elles forgeaient entre le sang de ses ancêtres et son âme. C'était donc légitime de répéter les runes au cours des années à venir pour lui puisque ça lui permettrait d'absorber en lui chaque nouvelle expérience, chaque nouvelle notion qui pourrait lui profiter lorsqu'il pratiquerait des rituels. Plus de runes de sang il assimilait, plus il aurait de contrôle sur les rituels qu'il pratiquait, c'était aussi simple que ça.

Sal inspira profondément et desserra son emprise sur la dague qu'il avait guidée par la force de sa volonté - et surtout grâce à un peu de magie - dans son dos pour qu'elle y inscrive les runes nécessaires à l'éveil. La dague s'écrasa sur l'autel dans un cliquetis et Sal se leva, brisant le cercle dessiné à même le sol ce qui eut pour effet de détruire les puissantes runes de protection engravées. Immédiatement, une douleur sans nom prit vie à l'intérieur de lui. Mais Sal savait que ça devait arriver. Le cercle le protégeait peut-être de ce genre d'effet, mais une fois brisé, il était tout aussi vulnérable qu'au premier jour.

Sal vint donc se rallonger sur l'autel et ferma les yeux. Briser le cercle runique n'était que la première étape avant qu'il ne puisse activer ses propres runes. S'il ne l'avait pas détruit, les deux auraient tout simplement interagi l'un avec l'autre et ç'aurait pu lui être fatal. Mais maintenant que ce danger était écarté, Sal pouvait enfin se concentrer sur ses gravures. S'ils les avaient faites correctement, la douleur devait en principe disparaître, mais s'il s'avérait qu'il s'était trompé dans ses calculs… eh bien, dirons-nous qu'il n'aura même plus à s'en soucier.

Sal se concentra sur son noyau et laissa la magie s'insinuer dans chacune de ses runes. Cela fut suivi d'une douleur qui le déchira presque de l'intérieur. Ses yeux, ses oreilles et ses dents commencèrent à brûler, puis sa poitrine et le bout de ses doigts suivirent juste après. Sa peau semblait presque étinceler sous les flammes.

Pendant l'espace de quelques secondes, Sal crut qu'il avait échoué et qu'il en payait maintenant le prix, mais l'instant d'après, la douleur commença à refluer et se dissipa peu à peu.

Sal cligna des yeux, fixant le bout de ses doigts, mais rien n'avait changé. Puis il les passa sur ses oreilles et il sut que ça avait fonctionné. C'était un détail que beaucoup ne remarqueraient pas, mais Sal pouvait sentir sous sa peau le bout plus pointu qu'arrondi, tout comme les elfes. Il tourna ensuite son attention sur ses dents qui lui paraissaient un peu plus tranchantes, mais rien de bien différent.

On verra bien ce que ça donnera, pensa Sal avant de cligner des yeux. Une ombre semblait s'échapper aux extrémités de son champ de vision. Qu'est-ce que… ?

– Tu sembles avoir hérité de mes yeux, entendit-il et il releva la tête pour voir son père approcher. Sa vision fit comme un zoom et soudainement, il put voir son père avec plus de netteté qu'il ne l'avait jamais vu auparavant. Une étrange aura écarlate, orange et blanche semblait l'envelopper.

– Qu'est-ce qui… ?

– Les yeux du Basilic, lui répondit son père. Les tiens ont toujours leur teinte émeraude, pas que je m'attendais à ce que cela ne change, mais ils sont maintenant tout aussi mortels pour une autre créature que le sont ceux des Basilics.

– Ça veut dire que je peux tuer… avec mes yeux ?! s'horrifia-t-il.

– Ôter la vie d'un regard et soigner avec tes larmes, je parie, confirma le plus âgé. Exactement comme moi. Tu as peut-être même hérité du venin du Basilic, il faudra qu'on vérifie ça. Mais d'abord, il faudrait que tu closes ta seconde paupière avant que qui que ce soit n'approche.

– Une seconde paupière ? s'interrogea Sal.

– Tu dois voir leur ombre lorsque tu clignes des yeux.

– Ah !

Sal se concentra sur ses paupières et les ferma sans effort. À sa grande surprise, il pouvait voir nettement à travers elles. La seule différence était que l'aura autour de son père avait subitement disparu.

– Qu'est-ce que c'était que cette aura que je voyais ? interrogea-t-il son père.

– La chaleur corporelle, l'éclaira-t-il avant de prendre entre deux doigts le menton de son fils.

– Tu as d'intéressantes oreilles, dis donc, s'amusa-t-il. Un héritage de tes ancêtres elfiques certainement. Le reste devrait apparaître en temps voulu.

– Il y a plus ?

– Bien sûr qu'il y a plus, mon fils. Tu n'en es seulement pas conscient pour l'instant, répliqua Myrddin. Mais la chose la plus importante est ton habilité à contrôler ta croissance. Concentre-toi sur ton corps et tente de le faire vieillir.

Sal ferma les yeux et se concentra, tentant de s'imaginer un peu plus vieux qu'il ne l'était. Au début, rien ne se passa, puis un picotement tirailla sa peau avant de s'évanouir et il rouvrit les yeux.

– Ça a fonctionné ? s'enquit-il.

Myrddin l'examina de haut en bas.

– Oui, ça a marché, confirma-t-il et Sal sentit une vague de soulagement s'emparer de lui. Il n'y avait plus aucune chance que quelqu'un découvre qu'il ne pouvait pas grandir maintenant…

– Essaie de rajeunir une nouvelle fois, le conseilla Myrddin. Il faut que nous sachions si ça marche aussi dans ce sens.

Sal hocha la tête et ferma les yeux une nouvelle fois. Une fois de plus, il ressentit le même pincement contre sa peau et lorsqu'il rouvrit les yeux, son père acquiesça.

– Bien, dit-il en s'éloignant de Sal. Un problème de moins.

– Est-ce que tu peux le faire toi aussi ? demanda Sal, curieux.

– Oui, répondit simplement Myrddin. Mais n'oublie pas : même si tu as l'air d'être plus âgé, ça ne veut pas dire que ton corps l'est vraiment. La stase est toujours présente, et même en ayant l'air d'avoir vingt ans, tu en auras toujours quinze, compris ?

– Donc, même si je change mon âge, ça n'aura aucun impact le jour de ma mort ? demanda Sal.

– Non, confirma Myrddin. Quand ton corps aura vécu très longtemps, il restera vieux, même si tu auras l'air de n'avoir que quatorze ans.

– C'est compris.

– Maintenant, rentrons à la maison. Ton parrain nous attend pour te féliciter. Nous n'oserions pas le faire attendre, si ?

– Bien sûr que non, affirma Sal en se relevant et en revêtant ses habits. Sur le chemin du retour, ils s'arrêtèrent au bord d'une rivière pour que Sal puisse se débarrasser du sang qui avait séché sur sa peau.

Lorsqu'ils arrivèrent chez eux, Ollivanneder les attendait patiemment.

La vie continua et, finalement, après dix ans, Sal et son père quittèrent une nouvelle fois Loandom pour partir en voyage. Pendant quelques centaines d'années, ils voyagèrent ensemble, découvrant l'Égypte, Rome et les pays du Nord à la recherche d'un moyen pour Sal de rentrer chez lui.

Ils ne trouvèrent absolument rien.

Personne n'avait jamais entendu parler de voyage dans le temps et ils n'avaient donc trouvé aucun moyen de retourner à son époque. Lorsque Myrddin décida qu'il avait assez vagabondé et retourna en Britannia, Sal se tourna vers l'est et visita ce qui deviendrait bien plus tard la Chine, le Japon et l'Inde.

Il ne retourna pas chez lui avant quelques siècles, et ce fut donc en 370 av. J.-C. que Myrddin put enfin revoir son fils lorsque celui-ci décida qu'il était temps pour lui de faire une pause.

En ce temps, Sal avaient appris une multitude de langues étrangères et leurs écritures, avait été à la rencontre de diverses coutumes et de magies dont personne n'avait jamais entendu parler en Britannia. Il avait appris les arts matériels à leur paroxysme et avait appris la connexion qui s'établissait entre le corps, l'esprit et la magie. Ses connaissances s'en trouvaient décuplées, mais rien de ce qu'il avait appris ne lui avait donné un seul indice sur un moyen de retourner dans son époque.

Il n'y avait tout simplement personne qui avait déjà voyagé dans le temps.