RARs :

Malika-Iblis : Je publie toutes les deux semaines. Ravie que l'histoire te plaise, même si elle est un peu compliquée ^^' Pour l'avoir lu, elle vaut vraiment le coup si tu aimes les retournements politiques d'HP et une bonne exploitation de l'H(h)istoire ^^ Une agréable lecture, des bisous et à la prochaine !

geliahs : Je suis contente que l'histoire te plaise, merci à toi pour ton soutien, une très bonne lecture. Je t'embrasse fort !

Arya39 : Tu m'as beaucoup fait rire avec ton commentaire sur la famille (très) nombreuse de Sal. Et je peux te promettre que ce n'est pas terminé. Avant de retourner chez lui, il va rencontrer pas mal de personnes qui vont lui devenir très chères. Pour ce qui est de la traduction, je suppose qu'elle l'est puisque nous n'avons pas de dictionnaire sur le Gobelbabil (argh, JK, prend donc un peu exemple sur Tolkien, je veux pouvoir parler Fourchelang, moi !). Sur le coup, Harry n'a pas réfléchi et, comme il n'avait jamais donné de nom à une épée, il a sorti le premier qu'il connaissait lorsque le neurone contenant l'information « épée » et celui « nom » se sont connectés XD Aussi, j'aimerais te rappeler que l'auteure brode tout autour de points historiques importants… A-t-il vraiment changé l'Histoire ? Rappelons-nous que l'Histoire est racontée différemment à mesure que le temps passe. Mais je n'en dirais pas plus, les informations que tu convoites arrivent très prochainement. Morganadth (hé, tu l'as bien écrit du premier coup ! j'applaudis !) veut dire qu'il a une relation avec Morgana, on n'en sait pas plus quant à la réelle traduction, mais je pourrais demander à l'auteure si tu le souhaites. Merci encore pour tes petites corrections. Je te souhaite une très bonne lecture, des bisous (son nom lui va tellement bien, monsieur-j'ai-un-ancêtre-qui-se-trouve-être-un-basilic X) Ja ne…

Lils : Je pense que nous ne saurons jamais en détail pourquoi les guerres font rage entre sorciers et gobelins (pitié, pas les cours de Binns…) Mais tu auras la raison principale d'ici… beaucoup de chapitres XD Non, je rigole, pas tant que ça, promis, pas plus de cinq en tout cas. Maintenant, tu as davantage d'informations pour te préparer à la suite et te poser encore plus de questions. Haha, il faudrait garder des notes sur toutes les théories, les questions que l'on peut se poser, etc. Ce serait infini ! Bref, je te souhaite une bonne lecture en tout cas, de gros bisous !

Melody Zik Spirit : Un gros merci à toi, une super lecture, des bisous, la recette du bonheur ;)

Pims10 : Il n'a pas vraiment été adopté par les gobelins, c'est plus une façon de parler qu'autre chose. Myrddin l'a adopté, Arthur aussi, Morgana également, mais c'est sûr que ça va lui donner un avantage quand il retournera dans son époque, et peut-être même avant ? Je ne dis rien de plus, rien du tout X) Des bisous et une très bonne lecture !

AnnaMerteuil : Je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à galérer. Dans ma tête c'est de la bouillie quand j'essaie de faire le tri dans l'arbre généalogique entre présent et passé… Je dois faire des dessins insensés sur du papier, du PAPIER, non mais, on est où là, au 19e XD ? Enfin, j'en gâche plus qu'autre chose pour essayer de m'y retrouver. C'est à partir du moment où tu dois faire des brouillons que tu comprends que ta trame est COMPLIQUÉE, haha ! Je t'embrasse, une très bonne lecture !

milkiway001 : Hé oui, c'est sûr que ça va l'aider pour la suite, et ça explique aussi en partie le pourquoi du comment du chapitre où il se rend à Gringotts. Tu comprends doucement, mais sûrement : ça ne va être sa seule source de pouvoir, ça non, enfin je n'en dis pas plus, même si j'en ai envie. Parce que de toute façon, vu la complexité de l'histoire, tu ne comprendrais rien à mes babillages X) Sois sûr en tout cas qu'Albus et Tom ne l'apprendront pas avant qu'Harry en décide ainsi. C'est lui qui tire les ficelles à présent ! Je suis contente que tu te poses ce genre de questions à propos de l'épée ^^ Pour ce qui est de sa lignée, je n'en parlerais pas, mais tu en apprendras plus par la suite, promis. Les prochains chapitres s'annoncent pleins de rebondissements (prochains étant, les quinze qui vont suivre haha, je prends large pour pas que tu puisses prévoir). En tout cas, notre chère Amelia n'a pas fini de s'arracher les cheveux comme tu dis, et on risque de la revoir un jour ou l'autre, hm, pas de spoil pas de spoil. Des bisous surtout. Une super lecture à toi, à la prochaine !


Je viens d'aller voir Les Animaux Fantastiques 2, argh... ce qui explique en partie mon retard


returning home to Camelot

43 apr. J.-C.

Lorsque Salvazsahar retourna à Camelot, Arthur se tenait sur son lit de mort.

– Vous êtes revenu, Sal ! le salua Lancelot, surpris. Vous avez entendu les rumeurs le concernant... ? Est-ce que vous êtes là pour votre père, Arthur ?

– Comment va-t-il ? demanda Sal en se débarrassant de la cape de voyage.

– Il est mourant, répondit Lancelot avec sincérité. Nous avons tout fait pour que ça ne sorte pas du château, mais nous ne pourrons pas garder le secret plus longtemps. Il ne survivra pas à une autre quinzaine.

– Allons le voir, dit Sal.

– Bien sûr, se rappela Lancelot, menant leur marche. Tu es son fils et son héritier. Tu as le droit de voir ton père.

Sal fut emmené à l'endroit même où se tiendrait le bureau du directeur dans le futur. Il grimpa les escaliers jusqu'à atteindre la chambre d'Arthur. C'était encore étrange pour lui d'entrer dans la pièce, d'imaginer une étude et de déboucher dans une chambre.

Ladite chambre était richement décorée en rouge et or. Sal ne prêta pas plus d'attention aux couleurs Gryffondor de la pièce et observa l'homme allongé dans un lit imposant au centre.

Arthur était pâle comme la mort.

À son chevet se tenait Myrddin, tout aussi pâle et certainement épuisé par les nuits blanches. Dans un coin, deux autres hommes discutaient à voix basse.

– Atr, salua-t-il son père, Myrddin. Comment va Arthur ?

– Salvazsahar.

Il put voir le soulagement briller dans les yeux de son père même s'ils reflétaient sa tristesse et sa préoccupation.

– Je suis heureux que tu sois rentré à la maison. Arthur va avoir besoin que tu reprennes ses responsabilités en attendant son...

– Arrête, l'interrompit Sal. Ne dis rien. Laisse-moi le voir. Laisse-moi essayer de le soigner.

– Sal…

– Je suis guérisseur, atr. J'ai fait un serment, alors permet moi de le voir, le coupa-t-il une nouvelle fois avant que celui-ci ne puisse ajouter quoi que ce soit. Myrddin semblait abasourdi.

– Un guérisseur ? répéta-t-il. Mais…

– Un Gardien, le corrigea-t-il et la compréhension emplit les yeux de son père. À présent, laisse-moi le voir.

Myrddin s'éloigna et Sal s'installa sur le bord du lit. Il libéra Arthur de ses couvertures et des gazes qui couvraient son torse.

La plaie qui se trouvait en dessous n'était pas belle à voir, tout enflée et suppurante, sans aucun doute infectée par la gangrène. L'infection allait sûrement se généraliser en septicémie. Si ce n'était pas déjà le cas.

Sal soupira de dépit et se mit à fouiller dans sa ceinture pour récupérer les potions et les herbes dont il aurait besoin. Il balaya la pièce d'un regard.

– Le mieux serait d'ajouter un cercle runique dédié aux soins, indiqua-t-il finalement. L'un des hommes qui se tenaient dans le coin renifla de dédain.

– Je ne pense pas que tu aies l'expérience nécessaire pour prendre une telle décision, petit, se moqua-t-il en grinçant des dents.

Sal ouvrit la bouche pour protester mais Lancelot le prit de vitesse.

– Le prince, Haraldr, dit-il froidement. Je ne tolérerai aucune irrévérence à l'égard du fils et héritier d'Arthur.

L'homme - Haraldr - se tourna vers le chevalier avant de déposer à nouveau son regard sur lui.

– Prince ?! répéta-t-il. Il est le…

– Fils et héritier du roi Arthur, c'est cela, affirma Lancelot. La prochaine fois, réfléchissez donc avant de manquer de respect à quelqu'un !

– Sir Lancelot, commença Sal, ses yeux n'ayant pas quitté son « aîné ». Aussi importante que soit l'étiquette, ce n'est ni l'endroit ni l'heure d'en débattre.

– Bien entendu, mon prince, répondit Lancelot, s'inclinant légèrement devant Sal et celui-ci soupira. Son « aîné » se comportait toujours de cette manière en présence d'étrangers depuis qu'Arthur l'avait adopté.

Ainsi, au lieu de tenter de raisonner Lancelot pour qu'il cesse d'être si formel, il se tourna vers Haraldr.

– Vous êtes guérisseur, je présume ? demanda-t-il d'une voix calme.

– Je le suis, mon prince, répondit l'homme. Nous le sommes tous les deux. Nous nous occupons de votre père depuis qu'il a été blessé. Malheureusement, il n'y a plus rien qu'on puisse faire pour empêcher qu'il périsse, j'en ai bien peur. Je vous prie d'accepter notre bon verdict.

– Je suis moi-même guérisseur, Guérisseur Haraldr, répliqua Sal. Ces blessures sont peut-être graves, et peut-être que ce sera au-dessus de mes capacités de lui venir en aide, mais il y a toujours une chance pour que mon père s'en sorte. Ce sera un peu risqué, mais ça ne peut pas être pire que ça ne l'ait déjà de toute manière.

– Vous êtes peut-être guérisseur, mon prince, mais vous êtes encore jeune. Vous n'avez aucune expérience…

– La Bataille du Grand Nord, le coupa-t-il et le guérisseur le fixa étrangement.

– Pourquoi mentionnez-vous une bataille qui s'est jouée entre les druides du royaume voisin et les gobelins, mon prince ? Elle s'est déroulée il y a déjà huit ans, si je ne me trompe pas, se rappela le guérisseur, confus.

– Savez-vous combien de gobelins sont morts lors de cette bataille ?

L'homme renifla de dédain.

– Inexplicablement, très peu. Ils devaient avoir avec eux un petit prodige de la guérison ce jour-là.

Sal fit un sourire en coin.

– Le guérisseur en question n'était autre que moi, dit-il. (Lancelot, Myrddin et les deux guérisseurs le regardèrent, abasourdis.) Alors, je vous en supplie, ne me dites pas que je n'ai pas assez d'expérience pour faire face à la situation, Guérisseur Haraldr.

– Mais… mais tout de même…

– Je vais tenter de le soigner à ma manière, interrompit-il les balbutiements du deuxième guérisseur. Quoi qu'il arrive, ça ne peut empirer, alors qu'est-ce qui m'en empêche ? Je pense avoir prouvé que j'étais en mesure de faire des miracles, qu'avez-vous fait d'extraordinaire, vous, messieurs ?

Les deux guérisseurs balbutièrent avant d'incliner leur tête.

– Comme vous voulez, mon prince, dit Haraldr. Mais nous partirons avant que vous ne commenciez si vous le voulez bien. Nous ne souhaitons pas être dans la ligne de tir lorsque le roi trépassera.

Sal haussa simplement les épaules.

– Alors, veuillez disposer immédiatement, répondit-il, ses pensées toutes ailleurs. J'ai d'autres choses à faire. Sir Lancelot, j'ai besoin de pommes, d'une poignée de terre et de romarin. Cela devrait être suffisant pour renforcer les runes.

– Il sera fait selon vos désirs, mon prince, répondit Lancelot avant de quitter la pièce pour allait quêter un servant qui lui ramènerait ce dont il avait besoin. Les deux guérisseurs quittèrent la pièce après lui. Myrddin, quant à lui, resta là où il se trouvait.

– Es-tu sûr de toi, mon fils ? demanda-t-il doucement.

Sal inclina la tête.

– Il est possible que ça tourne mal, mais je suis presque sûr qu'il guérira.

Myrddin hocha la tête et reprit.

– Dois-je quitter la pièce ?

– Ce ne sera pas nécessaire. Tant que tu ne t'approches pas du lit, ça devrait aller, répondit Sal. À ce moment précis, Lancelot réapparut et Sal commença à tracer son cercle runique. Il vit les sourcils de son père se hausser lorsque le cercle commença à prendre forme sous la besogne incessante du bâton de Sal.

– Je n'ai jamais vu de cercle de ce type auparavant, souffla Myrddin, et Sal, l'ayant entendu, sourit faiblement.

– Je l'ai imaginé après avoir vu à quel point la blessure d'Arthur était profonde.

Myrddin l'observa, interdit.

– Tu l'as imaginé ? Ce n'est pas quelque chose que tu as appris lorsque tu étais…

– C'est une combinaison de plusieurs cercles de mon répertoire, répondit Sal. Ça devrait faire l'affaire.

Il s'empara d'une de ses dagues et se mit à découper les pommes jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une purée. Il ajouta le romarin et une poignée de terreau, puis se mit à couvrir le dernier cercle de sa préparation.

– Une protection contre les Forces du Mal, constata Myrddin, la compréhension se lisant dans le ton de sa voix. Un moyen de renforcer le cercle runique contre l'infection, je me trompe ? Je n'aurais jamais pensé à quelque chose de la sorte.

Sal laissa son père s'émerveiller et activa le cercle avec quelques sifflements en fourchelang.

Guide-moi dans ma tâche, siffla-t-il. Guéris. Protège. Détruis toute chose attentant à la vie.

Le cercle s'illumina et s'activa.

Sal se tourna vers Arthur, tout mourant et inconscient qu'il était, et reprit la dague qu'il avait utilisée pour les pommes et le romarin. Il ouvrit la plaie sans même nettoyer la lame au préalable. La préparation laissée sur le métal gorgea la plaie et la magie du cercle réagit instantanément en se mettant à siffler à son tour. La gangrène commença à disparaître là où la pomme et le romarin avaient touché la plaie à une vitesse bien supérieure à celle à laquelle elle l'aurait fait sans implication de la magie.

Seulement, certaines parties étaient bien trop profondément infectées et l'assainissement magique ne fut pas intégral. Sal se mordit la lèvre et trancha ces parties à l'aide de sa lame. La vue était insupportable et la manœuvre prit un peu de temps, mais finalement, la plaie en ressortit parfaitement assainie, bien qu'ensanglantée. Le sang s'écoulait rapidement et Sal savait très bien que si cela continuait, Arthur en mourrait.

Il n'y avait qu'un moyen d'arrêter ça.

– Pardonnez-moi, père, confessa-t-il au second homme qui l'avait adopté avant de prendre une potion et de la faire boire au Pendragon. Un philtre de mort vivante ; il permettrait à Arthur de rester inconscient durant toute la durée de son calvaire.

Une flamme apparaissant dans sa main gauche, il reprit sa dague et l'y plongea. Lorsqu'elle fut assez chaude, Sal revint vers Arthur et pressa la lame contre la plaie.

La manœuvre produit un chuintement et la chair se mit elle aussi à brûler, mais l'hémorragie fut évitée.

– Qu'est-ce que… ! lança Lancelot, les yeux écarquillés.

– Je devais arrêter l'écoulement du sang, expliqua Sal, et la façon la plus efficace de le faire est de cautériser la plaie.

Il examina la blessure. Elle avait l'air bien mieux ainsi. Pas entièrement guérie, mais définitivement plus belle qu'auparavant. Sal souffla de soulagement et ajouta des runes sur les poignées, le front et les chevilles d'Arthur avec le sang de celui-ci même. Il frotta quelques herbes contre la plaie et ajouta des runes sur le torse du Pendragon juste à l'endroit où se trouvait son cœur.

– Qu'est-ce que tu fais ? murmura Lancelot.

– Une purification par le sang, répondit Sal. Ce n'est pas la manière la plus simple de procéder, mais c'est la meilleure chance d'Arthur.

Et sur ces mots, il se perdit dans ses incantations.

Tandis que son chant se prolongeait, il usa d'une autre potion qu'il étala sur le torse de son père.

Finalement, après ce qui lui parut être une éternité, une fumée noire commença à s'élever de la poitrine d'Arthur.

Dès lors qu'elle entra en contact avec le cercle, elle s'évapora dans un sifflement.

Lorsque le dernier nuage ébène quitta le corps du roi, celui-ci se mit à briller d'une lueur jaune pâle et Sal arrêta ses incantations après l'évaporation de la dernière émanation.

Sal se mit à trembler, il se sentait complètement vidé et son corps était couvert d'une épaisse pellicule de sueur. La guérison n'était pas achevée, et ce fut pourquoi il retourna à sa tâche, avec la même ténacité qui l'avait fait tenir dans tout ce qu'il avait entrepris jusque-là.

À ce moment précis, Sal aurait souhaité ne pas avoir eu recours à son pouvoir de vieillissement. Il en avait usé pour paraître aussi âgé qu'il aurait dû l'être aux yeux de l'entourage d'Arthur. Changer son âge était une manœuvre magiquement épuisante et soigner la blessure d'Arthur juste après n'avait rien de simple. Mais Sal savait qu'il n'aurait pu faire autrement. Il aurait été dans l'incapacité totale d'expliquer pourquoi il avait une fois encore rajeuni s'il s'était montré sans se soucier de vieillir ses traits.

Sal se détourna de cette pensée et retourna à son patient. Il s'empara d'une autre potion et la fit pénétrer là où se trouvaient les runes peu avant : sur ses poignées, son front, ses chevilles et son torse. Puis il recouvra la plaie d'une énième potion et l'emballa dans des gazes. Il fit avaler à son père différentes mixtures avant de briser le premier cercle.

– Maintenant, nous ne pouvons plus que patienter et voir si cela s'améliore, termina Sal d'une voix faible en se levant, tanguant.

– Tu es épuisé, s'inquiéta Myrddin.

– C'est vrai, confirma Sal, se frottant les paupières. L'un d'entre vous pourrait-il rester auprès de lui ? Si sa condition s'empire, je veux être le premier informé.

– Et si ça s'améliore… quand se réveillera-t-il ? l'interrogea Lancelot, regardant Sal comme s'il le voyait pour la première fois.

– D'ici deux ou trois semaines, répondit-il sincèrement. Le philtre de mort vivante suffit à lui seul à le plonger dans un état végétatif pour au moins une quinzaine, mais il n'y a aucune garantie que ça ne prenne pas davantage de temps.

– Si ça prend autant de temps pour s'en réveiller, pourquoi lui as-tu administré ? le questionna Myrddin.

Sal poussa un soupir.

– Il doit guérir. Lorsqu'il se réveillera, il voudra certainement se lever, mais nous devons par tous les moyens l'en empêcher. L'agonie qu'il aurait ressentie suite à ma méthode de guérison en aurait rendu plus d'un fou. Je n'aurais jamais tenté ça sans le philtre.

Myrddin hocha la tête, la tête perdue dans ses pensées.

– Je vais te raccompagner, dit-il finalement. Si je n'en fais rien, j'aurais bien trop peur que tu n'arrives jamais jusqu'à ta chambre. Tu t'endors déjà presque debout.

Et c'est exactement ce qu'il fit. Sal fut conduit jusqu'à sa chambre et dans son lit. Il tomba dedans sans même prendre le temps de se changer et s'endormit dès que sa tête toucha l'oreiller.

Myrddin sourit doucement et changea précautionneusement les vêtements de son fils pour que son sommeil ne soit pas perturbé. Lorsqu'il en eut terminé, il se pencha vers lui et embrassa sa tempe.

– Tu es un petit miracle, mon enfant, susurra-t-il. Un jour, ton influence s'étendra au reste du monde des druides. Mon unique chagrin est de ne pouvoir assister à ça.

Et sur ces mots, il quitta le chevet de son fils et retourna à celui d'Arthur. Il avait pour certitude le rétablissement prochain du roi. Sal avait prouvé qu'il ne laisserait certainement pas son second père mourir si facilement, et il savait son fils avoir une volonté assez forte pour ramener Arthur dans le monde des vivants s'il lui en prenait l'envie…

C'est exactement ce qui arriva. Arthur se remit petit à petit de sa blessure tandis que Sal prenait sa place et régnait en maître sur son royaume. Lorsque la santé d'Arthur le lui permit, Sal s'empressa de rendre le trône à son père.

– À présent que j'ai retrouvé ma juste place, il ne me reste plus qu'à dénicher une nouvelle épée et tout ira à nouveau pour le mieux, plaisanta Arthur lorsqu'il reprit son titre pour la première fois depuis son affrontement. Sal ferma les yeux et tâta sa ceinture, libérant sa lame se faisant.

– Vous pouvez prendre celle-ci, proposa-t-il. Vous êtes mon père, il est donc normal que vous la portiez si tel est votre bon plaisir.

Arthur scruta longuement l'épée avant de s'en emparer d'une main hésitante et de la dresser.

– Une lame magnifique, remarqua-t-il à voix basse. Sal hocha la tête.

– Elle a été forgée par les gobelins, indiqua-t-il.

– Dans ce cas, je ne peux accepter, refusa Arthur. Elle est tienne de plein droit.

– Elle m'a appartenu pendant huit longues années, répondit Sal. Il est temps qu'elle soit maniée par les mains d'une fine lame.

– Tu n'es pas mauvais épéiste toi-même, fils, dit le Pendragon et Sal se moqua d'un reniflement dédaigneux.

– Je ne me bats qu'avec des dagues, père. Je n'ai jamais été une fine lame comme vous l'êtes, même si je sais m'en servir dans la mesure du possible. En combat réel, face à vous ou à Sir Lancelot, je n'aurais aucune chance.

– Tu es encore jeune…

– En outre, je n'ai aucun talent avec une épée, avoua Sal d'une voix calme. Je ne serais jamais aussi doué que d'autres pourraient l'être et vous allez devoir l'accepter comme je l'ai fait il y a longtemps de cela.

Arthur soupira simplement.

– J'en ai bien conscience, fit-il. Mais tout de même…

Sal referma la main de son père sur la poignée.

– Prenez-la, dit-il. Vous êtes mon père, vous avez tout droit de porter Exccaliebor.

– Excalibur ? Libérée du rocher ?

Sal renifla en riant.

– Ce n'est pas du latin, père, dit-il

– Ça ressemble au latin pour « libéré du rocher », souligna Arthur. Quel sens donnes-tu à Excalibur dans ce cas ?

– Exccaliebor, c'est simplement le nom que porte mon épée, le pressa-t-il. Arthur l'observa pendant quelques instants supplémentaires, puis approuva et s'en empara entièrement.

– Je te remercie, mon fils, lui rendit-il avec tendresse. Sal sourit doucement.

– Vous êtes mon père. Vous êtes mon roi. Vous avez tous les droits de posséder une arme de valeur, et celles créées par les gobelins sont les meilleures qu'on puisse forger.

Après cela, il quitta la Grande Salle, laissant à Arthur le plaisir de manier son épée. Il ne fallut pas plus de quelques mois pour que la légende de la célèbre épée sortie du rocher - Excalibur - voit le jour dans l'esprit des habitants de l'île. Des siècles plus tard, cela deviendrait bien sûr la base des contes arthuriens.

– Vas-tu rester ? demanda Myrddin qui l'avait suivi après qu'il ait quitté la Grande Salle.

Sal cessa d'avancer. Il ne se retourna pas et continua de fixer un point dans la direction vers laquelle il marchait. Il savait bien que Myrddin était un homme d'un grand âge et qu'il ne vivrait plus encore très longtemps. Il pouvait presque déjà voir la Mort se cacher dans son ombre, l'observant.

– Je resterai, répondit-il enfin d'une voix douce. Je ne t'abandonnerai pas si tu veux que je reste, atr.

– Tu n'y es pas forcé. Je sais bien que tu cherches encore un moyen de retourner dans ton foyer, là où se trouvent passé, présent et futur, dit Myrddin sereinement.

Sal tourna les talons et plongea son regard dans celui du plus âgé.

– Tu es mon père, atr, fit-il. Je t'aime. Je ne m'en irais pas tant que tu auras besoin de moi. N'oublie pas : j'ai une vie dans ces deux époques, mais pour toi, seul compte ma présence ici, car je ne serai plus à tes côtés lorsque je retournerai chez moi.

Le vieil homme soupira de dépit.

– Je ne veux pas être un fardeau pour toi, Sal, dit-il.

– Tu ne l'es pas, répliqua Sal. J'ai encore tout le temps du monde pour retrouver mon époque. Je resterai jusqu'à ce que ma présence ne te soit plus nécessaire.

Ainsi, comme promis, Sal resta au château.

Il demeura aux côtés de ses pères tandis que le royaume prospérait, paisible, et ne fuit pas non plus lorsque la guerre montra le bout de son nez. Il resta jusqu'à ce qu'en l'an 60, les Romains viennent envahir la Bretagne et commencent à s'approprier non seulement les terres des non magiques, mais aussi celles des sorciers et sorcières - pas qu'il y avait une très grande délimitation entre eux à ce moment-ci de l'Histoire…

Il ne s'en alla pas non plus lorsque Medrawd vint quérir la présence d'Arthur pour réclamer sa digne place au côté du roi, et il resta également lorsque ce dernier refusa de reconnaître Medrawd comme son fils et héritier.

– Pourquoi avez-vous fait ça ? fut la seule question que lui posa Sal après que Medrawd s'en soit allé en fanfares.

– Il a beau être mon fils légitime, ce n'est certainement pas mon héritier, avait calmement répondu Arthur.

– Mais enfin…

– C'est toi mon héritier. Tu es mon fils aîné. Et même si Medrawd avait hérité de ma magie, je ne l'aurais pas considéré comme tel pour autant…

– Comment...

– Je l'ai vu dès qu'il est venu quérir sa digne place. Il se soucie plus de lui que de qui que ce soit d'autre. Il n'a pas un cœur assez altruiste pour avoir accès à cette magie. S'il en avait hérité, mais qu'il n'avait pas exigé sa place, je l'aurais accueilli à bras ouverts dans mon royaume. Il est de mon sang, après tout, bien que je n'ai jamais eu la moindre intention d'épouser sa mère.

– Je ne pense pas qu'il ait compris pourquoi tu l'as ainsi rejeté, souligna-t-il avec sincérité. Il connaissait son frère. Et il savait que Medrawd n'allait pas se faire prier pour éprouver de la rancune à l'égard d'Arthur de l'avoir renié.

– Je lui ai dit qu'il serait le bienvenu lorsqu'il arrêterait de demander les choses, surtout lorsque je ne suis pas forcé de les lui accorder, répondit le roi d'un ton toujours aussi calme. S'il n'arrive pas à comprendre cela, alors il n'a pas sa place ici.

À peine un cycle de lune plus tard, Medrawd revint, les Romains sur ses talons, et avec la ferme intention de détruire tout ce que son père avait pu construire.

Tandis que Sal était parti aux côtés d'autres druides défendre des villages avoisinants, et que les villageois fuyaient jusqu'au château dans lequel ils pourraient se réfugier, Arthur et Medrawd commencèrent à combattre.

Lorsque Sal comprit qu'ils étaient en train de perdre la bataille, il fit la seule chose qu'il pouvait faire. En tant que fils d'Arthur et fils de Myrddin, les deux protecteurs de Camelot, il avait également un accès illimité aux barrières de protection. Il rentra en connexion avec celles-ci et les somma de dissimuler Camelot et le village qui le jouxtait où s'étaient réfugiés nombre de villageois, espérant de tout cœur survivre et ne pas être trouvés par les Romains.

Sal sentit Myrddin l'assister dans sa tâche, l'aidant à masquer le château et le village qu'on nommerait Pré-au-Lard dans un lointain futur.

Ce fut un coup d'épée venant de derrière qui pénétra son armure. Cela faisait des heures qu'il se battait et son noyau magique était affaibli après avoir été aussi exploité.

Il combattait contre un prêtre romain à l'instant - un druide romain. C'était un mage guerrier et il était définitivement un meilleur combattant que lui… et plus encore puisque Sal ne pouvait pas concentrer toute son attention sur le combat au risque de révéler Camelot à l'envahisseur.

Sal eu de nombreuses difficultés à être à la hauteur lors du combat. Malgré tout, il tenait tête à l'ennemi. Il se battait avec de petites lames et le mage avait du mal à réagir à temps face aux coups rapides que Sal lui infligeait. Et peut-être aurait-il remporté le combat si une autre épée n'avait pas été comprise dans l'équation…

L'épée qui pénétra finalement son armure, le métal brillant sous ses yeux et la lame qui ressortait de l'autre côté par sa poitrine était celle d'un autre druide qui avait rejoint leur affrontement lorsque Sal esquivait sort après sort que l'ennemi lui jetait frénétiquement

Sal observa la lame qui le transperçait de toutes parts. Le métal était rougeoyant de sang. Son sang.

L'épée disparut et Sal s'écroula sur le sol.

Il ne pouvait pas respirer. Il ne sentait plus son cœur battre.

Mon cœur, songea-t-il tandis que tout s'obscurcissait autour de lui. Il a percé mon cœur.

– Pathétique, dit une voix appartenant à quelqu'un se tenant au-dessus de lui, avec amertume en latin.

– Tais-toi donc, le stoppa une autre voix dans la même langue. Il n'a rien fait qui lui vaudrait qu'on lui manque de respect sur son lit de mort.

– Il était pathétique ! J'ai pu le tuer d'un seul coup d'épée !

Une main caressa avec douceur les cheveux habituellement tressés de Sal.

– Il était puissant. Sa magie est encore palpable dans l'air. Quoi qu'il ait tenté de nous dissimuler, il y est parvenu. Nous ne le trouverons jamais, même si nous revenons des années après sa mort.

– Mais…

– Un sacrifice, continua l'autre d'une voix calme. Il s'est sacrifié pour cacher ce qu'il ne voulait pas que l'on découvre. Il nous aurait achevés facilement s'il n'avait eu à faire ça…

Quelque chose fut pressé entre les mains figées de Sal.

– Pour que ton voyage soit paisible, mon cher ennemi, pria la douce voix. Tu as gagné ton entrée dans l'autre monde. Faites que son âme ne se perde pas en chemin.

L'obscurité l'enveloppa enfin et il expira son dernier soupir. Sa conscience s'évanouit...