Dans ce chapitre, rencontre avec un de mes chouchous ^-^
J'ai fait pas mal de changements sur ce chapitre avant de le poster, donc si vous voyez des incohérences, n'hésitez pas à me le dire ! Des bisous !
a looting, a ward and goblins again
846 apr. J.-C.
Les cinq cents dernières années, Sal les avait passées à vagabonder.
Il avait commencé par un apprentissage en Irlande pour en apprendre davantage sur les rituels, les potions et les runes. Bien entendu, il y avait des redondances, mais on lui en enseigna également de nouvelles choses.
Suite à cela, il traversa l'Europe en direction du nord. Il rejoignit les Vikings et parcourut l'océan Atlantique vers l'Islande et le Groenland. Puis, il continua à vagabonder plus au sud, visitant les terres qui seraient plus tard celles du Canada, des États-Unis et de l'Amérique du Sud.
Sal avait noué des liens forts avec les habitants de ces territoires, et en retour ceux-ci lui avaient enseigné leurs magies, leurs langues et leurs façons de vivre. Finalement, il en eut assez et remonta vers l'Alaska et, de là, se fraya un chemin jusqu'en État Rus'. Passant par les villages sorciers russes, il intégra une nouvelle fois ce qui deviendrait la Chine. Il parcourut le pays de long en large pour arriver en Inde. Il passa enfin par l'Afrique avant de se décider à retourner dans sa terre natale.
Il connaissait à présent de nombreuses langues qu'il n'avait jamais entendues au cours de ces précédents voyages, en avait actualisé certaines et avait appris de nouveaux alphabets.
Sa potion de savoir [1] avait été grandement améliorée, et ses connaissances en matière de guérison étaient au-delà de ce que quiconque pouvait imaginer.
Il avait aussi, en passant, appris plusieurs stratégies guerrières et quelques sortilèges utiles pour diverses occasions.
Sur le chemin en direction de la maison, il visita les territoires germains, fit le tour de l'Afrique - une nouvelle fois - passant un moment avec les tribus vivant dans ce qu'on appellerait plus tard la Turquie. Ses pas le menèrent ensuite vers l'Europe, en Italie pour être exact.
Il avait prévu de visiter Rome - pour le bon vieux temps - mais lorsqu'il arriva sur place, il n'y avait que chaos et destruction à perte de vue. Les Arabes s'y étaient rendus et avaient tout pillé. Et il n'y avait pas que la partie appartenant aux non magiques qui souffraient des conséquences.
Sal trouva une femme aux abords de Rome. À première vue, elle ressemblait à quelqu'un qui avait voulu fuir les Arabes pour ensuite avoir été capturée et molestée par les mêmes gens qu'elle avait tenté de fuir. L'homme qui se tenait à quelques pas d'elle était mort, tué par l'épée de l'envahisseur décapité. Sal détourna le regard et s'approcha de la femme à la place. Il avait tant de fois été témoin de la mort que les corps n'avaient plus aucune signification pour lui. On apprenait à les ignorer lorsqu'on se battait pour sa vie sur un champ de bataille.
La première chose que Sal nota fut les dents pointues. Des crocs. Vampire, lui avait soufflé son esprit.
Jusque-là, il n'avait pas souvent rencontré de telles créatures lors de ses voyages. La plupart d'entre eux vivaient isolés, loin du reste du monde, dans des nids assez petits pour ne pas se faire remarquer. Il n'avait jamais ressenti le besoin de les traquer pour en apprendre plus.
Il prit une inspiration et s'approcha avec précautions, jusqu'à atteindre la femme qui était roulée en boule sur le sol et qui pressait quelque chose contre sa poitrine. Son dos était couvert de sang, une entaille - certainement faite à l'épée - semblait l'avoir pratiquement coupée en deux. Sal s'étonna qu'elle respire encore - mais, il ne fallait pas oublier ce qu'elle était : les vampires étaient capables de survivre à des choses plus dures que les humains.
Il était encore à quelques pas d'elle lorsqu'elle se tendit et se tourna vers lui. Ses yeux étaient d'un gris froid comme la glace et le transperçaient de toute part. Ses lèvres remuèrent, dévoilant ses crocs, le défiant d'approcher davantage. Sal se figea sur place.
– Je ne suis pas là pour te faire de mal, assura-t-il en latin. Le dialecte avait changé avec le temps, mais il arrivait toujours à se faire comprendre dans cette partie du monde. Laisse-moi panser tes blessures. Je suis guérisseur.
La femme ne fit que davantage lui montrer les crocs.
– N'importe qui peut prétendre l'être, siffla-t-elle. Prouve-le !
Sal la défia du regard en s'inclinant légèrement, sa main droite tout contre son torse - il pouvait sentir battre son cœur sous ses doigts. Une douce lumière éclaira l'endroit où il avait posé sa main, dévoilant son serment sous l'apparence d'une multitude de runes.
La femme l'examina et ses grondements cessèrent.
– Est-ce que tu vas me laisser te venir en aide ? demanda Sal une nouvelle fois.
– Ton serment… pour… tous…, dit-elle, médusée, cherchant son souffle.
– Toutes les créatures, Fir Bolg ou pas, oui, confirma Sal.
Ses yeux s'écarquillèrent à ses mots.
– Tu es… l'un... des... nôtres… ? expira-t-elle.
– Je suis né Fir Bolg, précisa-t-il et elle se détendit.
Il prit ça pour un encouragement et s'approcha un peu plus. Lorsqu'elle ne fit rien pour l'arrêter, il s'agenouilla à sa hauteur. Elle se tendit subitement lorsqu'il approcha sa main d'elle et il sut tout de suite pourquoi. De ses bras, elle protégeait un jeune garçon - de cinq ou six ans tout au plus, un vampire comme elle. Son enfant, supposa-t-il.
L'enfant leva des yeux écarquillés et terrifiés vers lui.
– Est-il blessé ? demanda Sal d'une voix calme, ne faisant pas un geste vers l'enfant et ne s'y adressant pas directement.
Il avait grandi à une époque où il était jugé mal placé d'en faire autant après tout. La femme sembla se détendre un peu. Elle semblait ne pas encore lui faire entièrement confiance, mais paraissait avoir décidé de faire avec pour le moment.
– Je… ne… pense pas, trembla-t-elle et Sal hocha la tête.
– Est-ce que je peux le voir ?
Elle tenta de desserrer les bras pour qu'il puisse correctement voir l'enfant et Sal dut lui venir en aide pour qu'elle y parvienne. Il fronça les sourcils. Ça ne se présentait pas bien pour elle si elle n'arrivait même pas à bouger les bras. Il se tut. Il savait qu'elle ne lui permettrait pas de s'occuper d'elle tant qu'il n'avait pas contrôlé la santé de son enfant - ses yeux le lui disaient.
Sal prit l'enfant dans ses bras et l'examina. Il allait bien, il était simplement effrayé et ses yeux globuleux étaient braqués sur lui. Sal lui fit un sourire et se tourna vers sa mère. En reposant le regard sur elle, il remarqua une nouvelle fois du coin de l'œil le corps de l'homme allongé sur le sol. Il présuma que ce dut être feu le père de l'enfant aux cheveux noirs.
– Il va bien, la rassura-t-il. Je vais m'occuper de toi maintenant. Ton enfant a besoin de toi.
C'était une réalité difficile. Sans le père et le nid, il n'avait aucune chance de survivre sans elle. Un vampire passait les cent premières années de sa vie à sucer le sang qui coulait dans les veines de ses parents ou tuteurs. Ils étaient considérés comme trop jeunes pour chasser avant ça. Sans ce sang, il périrait en quelques jours à peine.
La mère hocha la tête et lui montra son dos. Sal grimaça. Sa colonne vertébrale était brisée et certains de ces organes internes avaient éclaté. Il commença à y faire pénétrer sa magie, tentant de rafistoler ce qu'il pouvait.
Il inscrivit des runes sur le sol et chercha dans sa ceinture des herbes et potions. La plupart ne convenaient qu'aux humains, mais il en avait heureusement quelques-unes qui convenaient aux vampires. Lorsqu'il eut trouvé ce qu'il cherchait, il se tourna vers elle. Normalement, il l'aurait stabilisé avec la magie du sang, mais étant donné sa race, il savait qu'elle ne réagirait pas bien à un tel rituel.
Lui-même étant né Fir Bolg, son sang lui était toxique - aussi toxique que le serait celui d'un Fir Bolg pour un vampire. Il n'y avait qu'une seule exception : les jeunes enfants vivaient du sang de leurs aînées, sang qui leur serait toxique s'ils le buvaient en étant adultes… sauf, bien sûr, s'il y avait été habitué depuis leur plus jeune âge. C'était difficile à expliquer, mais Sal savait au moins ça : le seul sang de Fir Bolg qu'un vampire était capable de consommer était celui de la personne qui l'avait élevé.
Voilà pourquoi il ne prendrait jamais le risque d'utiliser son sang pour la sauver. Si le liquide vital pénétrait son corps, elle en mourrait, empoisonnée. La seule chose qu'il pouvait faire pour elle était d'user de son sang à elle pour dessiner ses runes. Et c'est ce qu'il fit. Il récupéra le sang qui coulait de sa blessure et inscrivit ses runes sur son cou, ses poignets et ses chevilles avant de panser la plaie avec ses herbes et potions. Sur le moment, elle parut aller mieux, mais, subitement, le sort fut rompu dans un son de brisure et son tracé disparu complètement. Il jura dans la langue de sa grand-maman - le fourchelang - en tentant de sauver les runes qui stabilisaient son état.
Il n'en eut pas la moindre chance. Elles se rompirent une nouvelle fois avant même qu'il n'ait eu le temps de les activer.
Sal jura. Il recommença une troisième fois mais ce ne fut pas plus concluant. Il ne pouvait plus se leurrer. Il ferma les yeux, essayant d'oublier la présence de l'enfant à ses côtés qui veillait sur sa mère, ses petites mains dans sa bouche, bavant.
– Tu ne peux pas… aider…, comprit-elle et Sal exhala un souffle tremblant.
– Non, confirma-t-il sans pour autant élever la voix. Je suis désolé, mais il n'y a rien que je puisse faire pour empêcher le pire d'arriver…
– Mon… enfant…, dit-elle. Elle rassembla ses forces et sa main tremblotante se tendit vers son fils. Sal fit s'approcher le garçon jusqu'à ce qu'elle puisse prendre sa main dans la sienne. Le jeune enfant la fixa, comprenant sans qu'on ait besoin de mots pour lui expliquer que quelque chose n'allait pas, mais sans comprendre quoi.
– Môman ? questionna-t-il d'une voix hésitante.
– Guérisseur, souffla-t-elle et Sal accrocha son regard au sien.
– Dis-moi ce que vous voulez que je fasse, ma dame, pressa-t-il, un mal le traversant à la seule pensée qu'il était bien incapable de l'aider. Cette journée ne serait qu'un cauchemar de plus à ses nuits.
Pour toute réponse, elle laissa tomber la main de son fils et s'empara de celle de Sal à la place. Avant qu'il ne puisse l'en empêcher, elle planta ses crocs dans son poignet. Du sang jaillit de la blessure et Sal frémit dans un mouvement de recul, mais elle le tenait fermement, avec plus de force qu'il pensait qu'elle n'en possédait encore. Puis, soudainement, elle croqua son propre poignet et mélangea leur sang en les rapprochant.
– Bois… mon… enfant…, siffla-t-elle et le garçon obéit, habitué à être nourri par sa mère. Cependant, ce ne fut pas au poignet de sa mère qu'il s'abreuva, mais celui de Sal. Celui-ci dévisagea l'enfant, l'observant le nourrir de leurs sangs mêlés, puis de celui de sa mère et de retourner à son poignet.
– Qu'est-ce que… ?!
– Ton… enfant…, expira-t-elle. Anastasius… ton… enfant…
Et sur ces mots, ses paupières se fermèrent et elle ne bougea plus. Sal observa son avant-bras et l'enfant qui y avait planté ses crocs.
Son enfant ?!
SON enfant ?!
– Fabuleux, murmura-t-il en Fourchelang d'un ton sarcastique. J'ai toujours voulu avoir un fils - et un vampire qui plus est !
Le garçon - Anastasius, songea Sal - ne parut pas comprendre. Il continua de se nourrir pendant plusieurs instants avant de s'arrêter. Sal soupira, soigna son poignet et plongea sa tête dans ses mains.
– Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi ? l'interrogea-t-il dans une question rhétorique. Le garçon le fixa de ses grands yeux.
– Papa ? figura-t-il après un temps. Sa voix était aiguë, il semblait nerveux.
– Je suppose qu'on peut dire ça désormais, soupira Sal. Il posa son regard sur le corps de la femme décédée. Je pense que nous devrions aussi enterrer tes… anciens... parents...
Il se releva et se tourna vers l'homme. Il les réunit l'un avec l'autre avant de brûler les corps.
Lorsque ce fut terminé, Sal souleva l'enfant, le pressant dans ses bras, avant de tourner les talons. À ses yeux, Rome avait définitivement perdu de son charme, et ce, pour un petit bout de temps.
– Rentrons à la maison, Anastasius, dit-il à l'enfant au creux de son bras.
– Maison ? répéta le garçon.
– Oui, à la maison. En Bretagne.
– Môman ? demanda-t-il d'un ton hésitant.
– Maman est partie, Anastasius. Maman et papa sont au paradis maintenant. Ils ne reviendront plus.
– Paradis ?
Sal soupira en pointant le ciel bleu.
– Pendant la nuit, tu pourras peut-être les voir, qui t'observent et veillent sur toi. Tout ce que tu auras à faire, c'est de trouver l'étoile la plus étincelante de toutes.
L'enfant ne répondit pas et plongea son nez dans le creux de son cou. Sal était certain qu'il n'avait pas saisi toutes ses paroles. L'enfant n'avait que cinq ou six ans après tout, il était encore bien trop jeune pour comprendre le concept complexe qu'était celui de la mort.
Au moins, avait-il compris que ses parents l'avaient quitté pour de bon. Sal pouvait déjà prédire la phase d'adaptation qui allait s'en suivre.
Il soupira en y pensant, marchant à grandes enjambées. Peut-être devrait-il trouver une maison sur ces terres et y rester jusqu'à ce que l'enfant soit assez âgé pour voyager jusqu'en Bretagne, qui sait…
Finalement, Sal se décida pour un petit village près de la Forêt-Noire dans ce qu'on nommerait plus tard l'Allemagne. Le village n'était pas bien grand et n'était habité que par des personnes dotées de magie. Au commencement, les villageois furent méfiants. Anastasius était trop petit pour pouvoir prétendre en toute circonstance qu'il était humain. Tous gardèrent leurs distances, nerveux d'approcher les « deux vampires ». Cela prit presque trois ans pour qu'ils comprennent que Sal n'en était pas un et qu'il n'avait pas à s'inquiéter en ce qui concernait l'enfant, puisqu'il ne commencerait pas la chasse avant trois siècles environ. Jusque-là, Sal représentait son unique poche de sang.
Ce dernier prit peu à peu l'habitude de nourrir le garçon. Le sang était une substance très puissante et, en temps normal, un druide ne s'en défaisait pas avec tant d'aisance. Mais si c'était pour nourrir l'enfant… Ce fut étrange au début, mais surtout parce qu'on avait toujours appris à Sal les pouvoirs que possédait ce liquide et ce qui pouvait arriver si quelqu'un d'autre s'en emparait pour son propre intérêt.
Avec le temps, les villageois commencèrent à accepter Sal et Anastasius. Le jour où il découvrit qu'ils avaient enfin été intégrés, fut aussi celui où Sal apprit le nom qu'on leur donnait au village.
– Sanguinis ! L'un d'entre eux l'avait appelé. Sal Sanguinis, une minute !
Sal se stoppa cette fois-ci, se tournant vers le villageois.
– Sanguinis ? s'étonna-t-il. De sang ?
Il l'appelait « de sang » en latin ?
L'homme avait simplement haussé les épaules.
– Tout le monde vous appelle comme ça, toi et ton fils, avait répondu l'homme. Ce n'était pas la première fois qu'on prenait Anastasius pour son fils. Je suis simplement venu te prévenir qu'il y aura un rassemblement d'ici trois lunes au village. Est-ce que tu y seras ?
À partir de ce jour, Sal et Anastasius furent officiellement désignés sous le nom de « Sanguinis » dans l'esprit des villageois. Ils commencèrent ainsi à interagir avec eux, mais Sal gardait en tête qu'il leur faudrait partir dans quelques années tout au plus. Anastasius devait voir le monde avant d'être assez âgé pour commencer la chasse. Sal refusa également d'élever l'enfant dans la peur des humains et des autres créatures, comme semblait l'avoir été les autres vampires. Cela prit encore dix ans de vie au village avant qu'Anastasius n'eût assez grandi pour voyager avec lui.
Ils parcoururent l'Europe pendant un moment et lorsqu'il eut atteint ses vingt ans - bien qu'il en paraissait toujours quinze puisqu'il fallait aux vampires presque une quarantaine d'années pour entrer dans l'âge adulte - Sal décida qu'il était temps pour lui de voir la terre où lui-même avait grandi.
Ainsi, Sal retourna en Bretagne.
Il y était finalement revenu, mais dans le même temps, il se retrouva également au milieu d'un conflit opposant gobelins et sorciers. Sal ne pouvait pas imaginer pourquoi ces deux espèces se faisaient sans cesse la guerre. À l'époque, lorsqu'il avait quitté ses terres, un temps de paix avait été finalement instauré, et voilà que maintenant - à peine cinq cents ans plus tard - ils avaient repris les armes les uns contre les autres.
Sal n'avait malheureusement pas été épargné par ce spectacle. Le destin avait fini par le mener à traverser un champ de bataille sur lequel le deuil était tout fraîchement porté par les blessés. Sal fit alors ce qu'il avait toujours fait : il s'arrêta pour aider. Il soigna gobelins et sorciers sans faire de différences entre les deux espèces, peu intéressé par la cause de leur conflit. Il avait appris à son fils quelques bases pour soigner les mutilés sans approfondir son enseignement, car il savait que l'intérêt qu'il avait pour cette branche de la magie était faible. Mais ça ne l'avait pas empêché de forcer quelques connaissances dans sa petite tête, car il savait qu'elles pourraient lui être utiles à l'avenir.
Puis, lorsqu'il eut terminé de soigner les guerriers des deux fronts, il s'en alla, ne voulant pas s'impliquer cette fois-ci, surtout avec Anastasius sur les talons...
Néanmoins, ce fut en fin de compte la route qu'il emprunta qui l'y obligea.
Sal et Anastasius étaient arrivés au beau milieu d'une dispute entre gobelins et sorciers en pleine forêt. Les gobelins étaient en plus petit nombre : il y avait trois guerriers qui tentaient tant bien que mal de mettre à l'abri quatre femmes et sept enfants. Les sorciers, quant à eux, étaient une vingtaine et semblaient déterminés à venir à bout des premiers.
Sal soupira.
– Attends-moi là, Ana, dit-il à son fils. Je vais m'en occuper.
– Mais…
– Pas de mais, Anastasius, l'interrompit Sal à voix basse. Tant que je te nourris, tu m'obéis, c'est compris ?
Le garçon le fixa avec un air renfrogné, typique de l'adolescence, mais finit par acquiescer.
Sal frotta ses tempes, tentant de faire disparaître son mal de crâne naissant, et dissimula ses affaires derrière un buisson. Il y cacha Anastasius et s'avança dans la clairière où la dispute prenait place.
Sa main gauche s'empara d'une de ses dagues forgées par les gobelins et l'autre agrippa son bâton magique.
– Ne pensez-vous pas que se battre de cette façon est quelque peu injuste ? demanda-t-il froidement en dévisageant les sorciers.
– Ça ne te concerne pas, étranger, l'un avait dit, parlant avec un accent si prononcé qu'il eut du mal à comprendre.
Mais ce n'était pas le sorcier qui avait un accent, Sal par contre… La langue avait sans doute encore évoluée...
Il soupira à cette constatation : encore un autre dialecte à remettre à jour…
Mais, il n'avait pas le temps pour ça pour le moment, son langage dépassé devrait lui suffire pour cette fois.
– Ça me concerne quand je vous vois traiter d'autres êtres doués d'intelligence de cette manière, rétorqua-t-il, essayant de prendre les mêmes accents que le sorcier.
– Tu ne sembles pas avoir entendu la nouvelle, un autre avait dit. Le Haut Conseil des Lords a décidé qu'ils n'étaient pas comme nous. Nous leur sommes supérieurs, nous avons le droit de les traiter comme bon nous semble !
– Ah oui… dans ce cas alors, rit Sal, cachant sa colère par son sarcasme. J'ai donc aussi le droit de traiter ceux qui me sont inférieurs comme je le souhaite si je comprends bien.
Il ne s'embarrassa pas de sorts compliqués. Au lieu de ça, il griffonna quatre symboles sur le sol : deux runes scandinaves, un hiéroglyphe hérité des Égyptiens et un symbole maya, et les envoya percuter les fauteurs de troubles.
Les sorciers ne comprirent pas ce qui leur arrivait. Un instant plus tôt, ils achevaient les gobelins à coup de railleries, le suivant, ils s'envolaient jusqu'aux arbres pour y être ligotés.
Sal les regarda, de toute sa hauteur, avec ses émeraudes à l'éclat mortel.
– J'admets qu'il me sied de traiter des êtres inférieurs tels que vous : comme il me plaît, siffla-t-il froidement. Les sorciers le dévisagèrent, incrédules.
– Qu'est-ce… qu'est-ce que vous faites ?! l'un d'entre eux bafouilla. Nous ne sommes pas de pitoyables créatures, contrairement à eux !
L'homme tenta de pointer du doigt les gobelins, mais l'arbre qui l'enserrait l'en empêcha.
– Oh, ne l'êtes-vous pas ? questionna-t-il mielleusement. Je pensais pourtant que vous m'étiez inférieur, vous n'êtes pas des Lords et en tant que tel, je vous suis supérieur.
Pas qu'un Lord lui soit réellement égal, étant donné qu'il se trouvait être le fils d'Arthur Pendragon… mais ce n'était pas ce que Sal tentait d'inculquer aux sorciers. Il les fixa d'un regard verdoyant mortel.
– Bien sûr, étant qui je suis, même un simple Lord m'est inférieur, décida-t-il tout de même d'ajouter, simplement parce qu'il le pouvait. Alors, je vous prie, dites bien à vos Seigneurs que la lignée des Originels décline son offre de coopération. Emrys vous envoie ses salutations.
Une fois qu'il en eut terminé, il se tourna vers les gobelins.
– Mes frères ! Y a-t-il des blessés ? s'inquiéta-t-il dans leur dialecte. L'expression du gobelin changea, il s'avança vers lui, son arme toujours pointée vers l'avant.
– En quoi cela te concerne-t-il, étranger ? cracha-t-il avec un fort accent. Sal ferma les yeux de dépit, encore une autre à ajouter à sa liste.
– Je suis guérisseur, donc cela me concerne, répondit-il, usant des traditions gobelines pour répliquer.
– Toujours est-il que tu es aussi un sorcier, rétorqua le gobelin. Leurs soignants n'utilisent pas la même médecine que nous.
Sal savait qu'en temps normal, le gobelin aurait gagné un point - néanmoins, il n'avait jamais aimé la simplicité.
– Je ne suis pas un simple sorcier. Je suis un ami, un frère, expliqua-t-il. J'ai combattu aux côtés des gobelins il y a de ça cinq cents ans. J'ai presque donné ma vie pour sauver votre chef de nation. Je ne suis pas dépourvu d'honneur comme ceux-là.
– Tu les prétends différent de toi ? répéta le gobelin, dubitatif, gardant une poigne mortelle sur son arme.
– Je ne suis pas né sorcier, répondit-il avec sincérité. Mon père était druide, né Fir Bolg. Ma mère était l'une des Originelles. Je ne peux prétendre au titre de sorcier avec un tel héritage. Je suis né Fir Bolg.
Sal espéra que cette réponse leur suffirait. Il n'était pas certain que les créatures continuaient à se nommer Fir Bolg entre elles, toutefois, c'était comme cela qu'on le lui avait appris et il n'en changerait pas tant qu'il pouvait encore s'exprimer en toute liberté.
– As-tu un nom, étranger ? demanda le gobelin et discrètement Sal soupira de soulagement. Qu'il requiert son nom était signe qu'il croyait que ses paroles détenaient une part de vérité.
– Je suis Salvazsahar Emrys, dit-il avant de se tourner et de faire un clin d'œil à son fils. Voici mon fils adoptif : Anastasius Sanguinis. Votre commandant en chef m'a aussi donné un nom gobelin : Morganaadth.
Les gobelins qui zyeutaient son fils se tournèrent subitement vers lui, l'espoir et l'incrédulité passant dans leurs yeux.
– Quel était le nom du celui qui t'a nommé et qu'est-ce que son fils t'a-t-il offert lorsque tu es parti ? le même gobelin le questionna, une sorte de tension ressortant dans sa voix, mélangée à un espoir naissant.
– Il se nommait Gringooed, répondit Sal. Son fils, Vayland m'a offert une chambre forte dans votre banque et ceci.
Il leur montra la dague, sa pointe tournée vers le sol.
Le gobelin tendit sa main et Sal lui donna l'arme. Des yeux experts examinèrent la lame courte et fine, qui était entourée du brouillard obscur qu'elle dégageait. Il passa ses doigts sur la lame et le nom s'y inscrit avant de la lui rendre.
– Je te remercie, Morganaadth, accepta-t-il. Je suis Ragnuk Ragnaadth Vaylandadth Gringoodadth. C'est mon grand-père qui t'a fait ce cadeau. Je suis commandant en chef à présent. Je te présente ma famille : mes frères, ma sœur ainsi que leurs épouses et leurs enfants. Je te souhaite le bon retour chez nous, frère de clan.
– Je t'en remercie, Ragnuk, apprécia Sal en s'inclinant légèrement. Il dévisagea les autres gobelins. Est-ce… est-ce qu'il y a des blessés ?
– Mon fils, répondit leur chef, mais j'ai bien peur que tu ne puisses pas changer sa destinée. Ses blessures sont trop importantes.
– Laisse-moi donc en décider, répliqua Sal.
Les autres gobelins échangèrent un regard avant de le guider jusqu'à l'enfant qu'ils avaient tous tenté de défendre. Celui-ci était couché sur le sol, du sang s'écoulant d'une plaie profonde à l'estomac. De là où il se trouvait, Sal pouvait déjà voir que les organes internes étaient touchés. Ce n'était rien qu'un simple guérisseur sorcier puisse soigner. Même un soigneur gobelin abandonnerait devant un tel désastre.
Mais Sal n'était ni l'un ni l'autre. Il avait des siècles d'expérience. Il n'était pas certain de pouvoir guérir l'enfant, mais il était certain que si quelqu'un pouvait y arriver, c'était bien lui.
– Ce ne sera pas une tâche aisée, mais je pense être capable de lui venir en aide, dit-il après avoir conjuré son sac à dos sans même lever les yeux de la blessure mortelle. Je ne peux rien vous promettre, mais laissez-moi au moins essayer.
Il pouvait désormais, nettement voir l'espoir poindre dans les yeux du gobelin. Il jeta un coup d'œil en direction de son propre fils. Celui-ci se tenait en retrait dans la clairière, l'air mal à l'aise. Il lui indiqua de ramener le reste de ses affaires et c'est ce qu'Ana fit pendant que Sal tournait son attention sur le gobelin.
– C'est une blessure profonde, Morganaadth, nota le gobelin, sceptique. Ma femme est guérisseuse et même elle n'a rien pu…
– Je demande juste à essayer, rien de plus, répliqua Sal. Ragnuk lança un regard à son fils mourant puis de nouveau à Sal.
– Faites alors, Morganaadth. Ça ne pourra pas être pire de toute manière.
Sal hocha la tête, prit ses affaires des mains de son fils et chercha les herbes qui lui étaient nécessaires. Il se tourna vers le milieu de la clairière et se mit à inscrire runes, hiéroglyphes et symboles à la hâte sur le sol. Il les entoura de cercles runiques, de pentagrammes et d'autres lignes. D'un mouvement de son bâton, la terre se changea en pierres de rituel.
Sal se tourna vers l'enfant et le releva pour l'allonger sur l'autel. Lorsque la famille du garçon s'approcha, il les arrêta juste avant le cercle externe.
– Ne pénétrez pas le champ runique, les alerta-t-il. Rien ne doit venir le contaminer.
Ils réagirent immédiatement en faisant un bond vers l'arrière.
– Qu'est-ce ? le questionna Ragnuk.
– Des soins rituels, répondit Sal. Je ne suis pas certain qu'il y en ait encore quiconque qui les pratique, mais c'est ce qu'il me faut.
– Un rituel de magie noire ? hésita Ragnuk.
– Pas noire, répliqua Sal. Je ne vais pas sacrifier quoi que ce soit pour le faire. Les rituels n'ont jamais appartenu entièrement à la magie noire. Il y a toujours du noir et du blanc dans toutes choses.
Sur ses mots, il activa les runes. Le temps à l'intérieur des cercles cessa de s'écouler et, avec lui, le sang du garçon. Le cercle le plus large désinfecta la zone et les autres équilibrèrent le flux magique, de manière à ce que celui-ci ne le perturbe pas dans ce qu'il s'apprêtait à faire. Sal se tourna vers ses herbes et potions et en sortit plusieurs.
– C'est une potion de sommeil, indiqua-t-il au garçon. Et cette herbe permettra d'endiguer la douleur.
Il leva l'herbe vers son visage.
– Mâche l'herbe en premier avant d'avaler la potion. Après ça, tu ne sentiras plus rien et tu t'endormiras tout doucement, compris ?
Il savait que la combinaison qu'il donnait au garçon pouvait être dangereuse, mais son stock était limité et c'était le mieux dont il était capable avec ce qu'il avait.
Le garçon fit comme indiqué et pas une minute plus tard, ses paupières papillonnèrent avant de se fermer.
Sal attendit tout de même cinq minutes de plus pour être certain qu'il s'était assoupi et ne ressentait plus rien. Puis il s'empara d'une de ses dagues et entailla son propre poignet. Le sang fut versé sur le cercle intérieur. Les cercles se mirent à briller les uns après les autres.
Sal dessina des runes avec son sang sur le front du garçon et fit de même sur ses poignets et chevilles. Il répéta les mêmes runes aux mêmes endroits sur lui.
Il referma l'entaille et commença à chanter.
Les runes se mirent à scintiller.
L'espace de quelques instants, la clairière brillait comme en plein jour, puis la lumière changea pour un rouge chatoyant.
Le garçon était à présent intimement lié aux forces de Sal. C'était un processus fatiguant, mais au moins, cela assurerait que son âme resterait accrochée à son corps - et c'était là la seule chose qui comptait.
Sal prit une profonde inspiration, attendit deux minutes supplémentaires puis entreprit de nettoyer les plaies. Elles n'étaient pas belles à voir - et bien plus létales qu'elles ne le paraissaient au premier abord. Sal dut faire appel à tout son savoir pour guérir ses blessures. Prenant soin de garder le flux magique du jeune gobelin stable, il soigna organe après organe, s'arrêtant de temps à autre pour rétablir l'harmonie entre eux.
À certains moments, il prenait un instant pour se souvenir de la manière dont les organes internes interagissaient entre eux et ce à quoi ils ressemblaient.
Les divers runes, hiéroglyphes, et symboles se mêlaient aux sorts en différentes langues, aux herbes et aux potions.
Puis finalement, le dernier organe reprit sa forme d'origine.
Sal inspira une nouvelle fois profondément avant de faire apparaître une aiguille qu'il stérilisa dans le feu et démarra un laborieux processus pour recoudre les extrémités de la plaie. Il savait qu'il existait des sortilèges pour le faire, mais il n'osait pas s'en servir. Cela risquerait d'entraver le travail de soin interne et il ne pouvait pas se le permettre.
Le garçon devrait vivre avec quelques cicatrices peu discrètes, mais c'était toujours mieux que d'y passer. Et peut-être Sal pourrait-il plus tard s'en occuper à coup de sortilèges lorsque les organes seraient entièrement remis. Pour le moment, elles devraient guérir naturellement.
Il désinfecta la suture et banda ses blessures avant de rompre avec précaution le cercle runique et d'effacer les runes sur le front, les poignets et les chevilles du gobelin. Lorsqu'il en eut terminé, il fit de même avec celles dessinées sur son propre corps. Le sang utilisé pour les runes scintilla une dernière fois avant de s'éteindre en petites étincelles écarlates qui s'envolèrent au gré du vent.
– Vous pouvez vous approcher à présent, informa-t-il la famille de gobelin. Aussitôt l'eut-il dit qu'ils se précipitèrent sur le garçon, la mère s'arrêtant juste devant lui, sans le toucher.
– Comment va-t-il ? demanda-t-elle, la voix tremblante. Sal ouvrit la bouche pour répondre mais en décida finalement autrement et lui fit un grand sourire.
– Que dirais-tu de lui demander toi-même ? proposa-t-il, le sourire toujours collé aux lèvres en observant le garçon ouvrir les yeux. Comment te sens-tu, mon garçon ?
– Étrange, répondit-il. Je n'ai pas mal, mais il y a quelque chose qui me serre la poitrine.
– Ça doit être les bandages, répondit Sal en riant légèrement. Je n'ai pas pu soigner les blessures externes puisque ça risquait d'entraver la guérison des blessures internes. Elles devront guérir naturellement, j'en suis désolé.
– Mais il vivra ? demanda Ragnuk avec espoir.
– Eh bien, il est réveillé et il semble bien se porter, donc si aucun mal ne lui est fait, tout devrait bien se passer, répondit Sal. Mais dites-moi, comment cela se fait-il qu'il soit retrouvé dans cet état ?
– Nous vivons tout près d'ici, répondit Ragnuk. Mon garçon venait s'amuser dans cette clairière. Je n'ai aucune idée ce qui a bien pu se passer. Tout ce que je sais, c'est qu'il n'est pas revenu quand il aurait dû. Le reste de ma famille et moi avons immédiatement entamé les recherches. Il était comme ça lorsque nous l'avons enfin trouvé. Ma femme a bien tenté de le soigner lorsque ces truands ont débarqué et nous ont encerclés. Ensuite, tu es arrivé. Voilà tout ce que je sais.
– Ils sont venus et m'ont attaqué pendant que je jouais, compléta le garçon. Ils m'ont laissé en vie... Je pense qu'ils attendaient qu'on vienne me chercher pour tous nous avoir.
Les mots du garçon étaient effroyables et étaient ceux d'une personne bien plus âgée que celui du garçon d'après ses estimations.
Pour Sal, le gobelin n'était qu'un autre de ces enfants qui avaient mûri au-delà des années. Il soupira. Il détestait ça. Les enfants devraient rester exactement cela : des enfants. Ils devraient être en mesure de jouer, rire et vivre comme bon leur semblait. Ils ne devraient pas avoir à être sur leurs gardes lorsqu'ils jouaient ou craindre pour leur vie…
Il chassa ses pensées et se concentra une nouvelle fois sur le présent.
– Eh bien, nous ne le reverrons pas de sitôt, dit-il froidement en jetant un regard aux sorciers enchaînés qui lui renvoyaient un regard empreint d'horreur. Lorsqu'ils se libéreront, ils ne penseront jamais plus à faire le moindre mal, soyez-en sûr.
– Comment ? questionna Ragnuk, le regard également fixé sur les sorciers. Que leur as-tu fait ? Je pensais que tu les avais seulement faits prisonniers.
– C'est exact, répondit Sal. Et ils revivront chaque crime qu'ils ont commis, prisonnier autant de leur corps que de leur esprit avant que les arbres ne les relâchent. Leur punition débutera au lever du soleil.
Ragnuk frissonna.
– Rappelle-moi de ne jamais, ô grand jamais, m'attirer tes foudres, dit-il. Je ne suis peut-être qu'un gobelin mais je préfère encore qu'une lame me transperce l'estomac à ça.
– Oh, mais ça ne les tuera pas, assura Sal en haussant les épaules. Ce coup mortel ne les achèvera pas pour cette fois ; ils ne feront qu'en avoir la nette impression. Je ne doute pas qu'après ça, ils soient encore capables de s'enfuir. Ils ne feront que revivre nuit après nuit les mêmes horreurs jusqu'à ce qu'ils regrettent après tout.
– Contente-toi de me demander ma dague le jour où je te fais du tort. Je te la donnerai sans rechigner pour que tu puisses en finir avec moi, sommes-nous d'accord Morganaadth ? commenta Ragnuk. Ce sera bien certainement préférable à cette punition.
Sal haussa simplement les épaules.
– Comme il te plaira, chef de clan, répondit-il, indifférent avant de se tourner vers l'enfant gobelin.
– Tu devras rester au lit pendant les prochains jours. Tu pourras t'asseoir, mais seulement lorsqu'on t'aidera à le faire. Toutefois, je te conseille d'attendre un peu que les sorts aient fait leurs effets et que les blessures ce soient au moins un minimum refermées.
– Qu'en est-il de sa magie ? demanda sa mère.
– Dès qu'il sera entièrement guéri, il ne devrait pas avoir de problèmes à s'en servir. Mais je lui déconseille de la pratiquer durant au moins une quinzaine. Ma magie pourrait interférer avec la sienne et ce n'est vraiment pas quelque chose que l'on pourrait souhaiter.
– Et maintenant, dis-moi, que vas-tu faire, Morganaadth ? demanda Ragnuk. Sal haussa de nouveau les épaules.
– Je viens tout juste de rentrer en Bretagne, expliqua-t-il. Je pensais rester le temps de réapprendre les langues qu'on y parle. Elles semblent avoir quelque peu changé depuis la dernière fois que j'étais sur ces terres. Actualiser mon vocabulaire va prendre un petit peu de temps. Peut-être proposerai-je mes talents de guérisseur…
– Que penserais-tu de rester avec nous pour la nuit ? Tu pourras encore te décider demain après tout...
L'espace d'un instant, Sal pensa à simplement décliner l'offre, mais il savait que cela serait considéré comme insultant de le faire. Il abdiqua.
Ainsi, fut-il de nouveau embarqué dans une guerre opposant sorciers et gobelins, épluchant les champs de bataille pour soigner les blessés, défendant femmes et enfants, et travaillant de concert avec les guérisseurs gobelins. Quant à son fils, il trouva de quoi faire et devint chercheur. Les gobelins lui avaient tout appris et il avait même commencé à travailler dans leurs archives. Sal ne l'en empêcha pas. Son propre père ne l'avait jamais poussé vers une profession plutôt qu'une autre et il adopterait le même traitement pour son fils. Si Anastasius souhaitait être un érudit et vivre sa vie au milieu de poussiéreux parchemins, alors qu'il en soit ainsi. Sal ne lui interdirait pas. C'est ainsi qu'ils commencèrent à s'éloigner l'un de l'autre, et bien plus encore lorsqu'à trente-deux ans il apprit à chasser tout seul. Après cela, Anastasius revint le voir seulement de temps à autre pour être nourri, mais ces rencontres s'espaçaient de plus en plus à mesure que le temps passait - particulièrement avec le travail de Sal sur les champs de bataille et celui d'Anastasius dans les archives, tous deux travaillant parfois à des milliers de kilomètres l'un de l'autre.
Alors Sal soignait, fouillait les champs de bataille et aidait les gobelins. Sa dernière action fut d'être le parti neutre dans les négociations de paix. Mais celles-ci ne prendraient place que cinquante ans plus tard.
[1] = Potion qui lui permet d'apprendre avec plus d'efficacité
IMPORTANT : Cela fait 20 chapitres (21 en fait) que cette fiction a démarré. Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureuse que l'histoire vous plaise et que vous continuiez à me suivre malgré l'attente entre les chapitres… Je vous en suis vraiment reconnaissante, car je pense que cette fiction a énormément de potentiel en dépit de la difficulté à comprendre ce qu'il se passe, parfois ^^' C'est pour cela que si vous le souhaitez, je propose de faire un message groupé à l'auteure dans lequel je réunirai et traduirais si vous n'êtes pas à l'aise avec l'anglais, les messages que vous avez à lui faire passer, et les questions que vous avez à lui poser également, puisque, après tout, n'étant que la traductrice, et surtout cette fiction étant en cours, je ne suis pas au fait de tout ce qui va se passer et de tous les liens entre divers éléments de l'histoire. Je découvre cela en même temps que vous, bien que dans des chapitres plus lointains.
Je vous embrasse très fort, tous, et une merveilleuse année… !
