J'avance bien avec le récap, j'ai quasiment terminé la partie la plus longue, et avec l'auteure, nous nous sommes mises d'accord pour nous occuper du plus gros de la partie la plus compliquée pendant les vacances. Je fais ce récap autant pour vous que pour les followers anglophones, donc XD bonjour le boulot XD mais je pense que je pourrais vous le soumettre d'ici janvier, bien que je ne promette rien ^^'

J'espère que tout le monde comprend de quoi je parle XD

Des bisous par milliers~


RARs :

Rome7 : Un énorme MERCI pour tous tes compliments, je ne sais quoi dire de plus si ce n'est que j'ai vraiment de la chance d'avoir des followers comme toi… Aussi, si tu aimes les conflits, j'avais promis une tempête, et tempête il y a ;) Je t'avoue qu'au début je préférais les passages dans le présent, puis ça m'a été égal pendant un long moment par la suite. Comme tu le dis, on en apprend tellement d'un côté comme d'un autre. Mais aujourd'hui je meurs à petits feux de ne pas avoir les chapitres dans le présent à la suite ! L'auteure est légèrement sadique XD surtout vu ce qu'il se passe, vous comprendrez pourquoi dans une petite trentaine de chapitres XD Quoi qu'il en soit, je te souhaite de bonnes fêtes et une très bonne lecture pour ce long chapitre ^^

Lyrellys : Tu en apprendras encore davantage sur le conflit Gryffondor/Serpentard dans ce chapitre, une vraie tempête ! XD Qu'as-tu penser de Lost in the Sand of Time ?! L'auteure est tellement adorable en plus ! C'est grâce à elle en partie que j'ai vraiment commencé à m'intégrer dans la communauté ff. Elle a vraiment créé tout un groupe de fans autour d'elle, et toutes ses fictions sont vraiment supers ! Mdrr instant promo. Où as-tu vu que je n'aime pas le pairing Severus/Hermione ? Parce que j'accepte tous les pairings du moment que l'intrigue tient la route, mettre tout le monde avec tout le monde ne m'a jamais dérangé XD Concernant les Malfoire, tout sera dévoilé à l'avenir, pas d'inquiétudes ! Snape est un personnage sur lequel il est déjà biaisé sachant qu'il l'a connu avant sa transformation. Puis, bien qu'il sache que l'influence de Dumby compte, Snape n'est pas tout blanc. C'est quelqu'un qui en a subit beaucoup et qui a pris toutes les mauvaises décisions ensuite. Sal est bien conscient de sa responsabilité et de sa partialité, et celles-ci ne viennent pas de Dumbledore. Sur ces mots, je te fais de gros bisous, te souhaite d'excellentes fêtes, et une bonne lecture !

tenshi-no-yoru : Les évolutions tant attendus sont dans ce chapitre, mais encore plusieurs surprise (du moins, je pense à une d'entre elles en particulier) t'attende encore les concernant ! Une excellente lecture et de très bonnes fêtes !

Karozthor the Necromagus : Godric est un personnage qui évolue pas mal, et malheureusement, il est très TRÈS influençable. Donc bien qu'il soit ouvert à ce moment-là, cela ne veut rien dire concernant l'avenir. J'avais promis une tempête et tempête il y a ici ! Une bonne lecture et de bonnes fêtes !

lesaccrosdelamerceri : Et Sal n'a pas fini d'en dévoiler ! Godric ne va pas être content XD Des bisous et de bonnes fêtes ;)

Melodie Zik Spirit : Voilà qu'arrive la tempête, bouuuhouuuuhouuuu XD Une bonne lecture et de bonnes fêtes !

adenoide : Merci bien :) Je te souhaite de très bonnes fêtes et une excellente lecture, je l'espère !


Je souhaite à tout le monde de passer les meilleures fêtes possibles, allez, du courage !


prejudice

Quelque part entre l'an 900 et 1000 après. J-C.

Les réels ennuis pointèrent leur nez trois ans après, lorsque Sal décida de faire adopter son projet concernant les demoiselles.

Le Conseil des Hauts Lords était toujours aussi assourdissant qu'à l'habitude, néanmoins, cette fois-ci, au lieu de discuter de questions essentielles, ses membres jasaient à propos de simples rumeurs.

– J'ai entendu dire qu'il y aurait un de ces Sang-Pur immortels errant sur les terres et chassant sorciers et sorcières sans exception, fit Lord Gaunt. Nous devrions considérer ce que nous sommes prêts à faire afin de l'empêcher de rejoindre nos îles. Je me fiche bien qu'il cause des ravages sur le continent, mais cela ne se passera pas ainsi chez nous, pas sous notre règne !

– Êtes-vous certain qu'il s'agit d'un Sang-Pur immortel ? demanda Peverell, un sourcil haussé.

Lord Gaunt renifla de dégoût.

– J'ai aussi entendu dire qu'il a été décapité. Trois jours après, il semble être revenu à la vie pour se venger de ses « bourreaux », répliqua Lord Gaunt, l'air hanté.

Peverell fronça les sourcils.

– Même un Sang-Pur n'aurait pas était en mesure d'y survivre, contra-t-il.

– De toute évidence, vous avez tort ! moqua Lord Gaunt. Et il nous faut protéger notre peuple ! S'il existe bien un Sang-Pur capable de survivre en de telles circonstances, il nous faut trouver un moyen de l'écarter avant qu'il ne nous nuise.

– Je le répète, aucun Sang-Pur ne serait capable d'y survivre, du moins, pas sans l'aide des Arcanes Interdits, objecta Peverell.

– Comme s'il existait un moyen de devenir immortel avec une telle magie ! tonna un autre Lord, suivi par une multitude d'autres voix, approuvant ses propos.

– Il en existe bien un, interrompit finalement la douce voix de Sal. Le silence tomba.

– Vous en semblez bien sûr, fit Lord Selwyn, un sourcil haussé. Sal haussa simplement les épaules.

– J'en ai déjà entendu parler, répondit-il. C'est une vile manière d'obtenir l'immortalité, mais c'en est une.

Lord Gaunt claqua de la langue.

– Pour ma part, je pense que vous êtes un peu trop jeune pour savoir de quoi vous parlez. Croyez-moi quand je dis qu'il n'existe aucune façon de gagner l'immortalité.

Sal ouvrit la bouche pour contester, cependant Lord McGonagall fut plus rapide que lui.

– Il n'a pas tort, mon cher, dit-il. Il n'y a définitivement aucune façon d'obtenir l'immortalité en passant par ce type d'Arcanes.

– Exactement, ce n'est sûrement que ces Sang-Pur et leurs capacités contre nature, fit un autre. Je parie qu'il en existe un de ceux-là possédant le pouvoir de l'immortalité, et c'est sûrement lui qui cause autant de ravages sur le continent.

– Comme je vous l'ai dit, il est impossible de…

– Oh, taisez-vous donc, Peverell ! Nous savons tous que vous êtes un expert les concernant, mais il y a des choses que même vous ignorez !

– Et c'est pour celles-ci que ma sœur est là, claqua Peverell. Cette fois-ci, des ricanements purent être entendus venant de plusieurs directions.

– Eh bien, moi, au moins, je n'ai pas eu la moindre hésitation avant de bannir tous les Sang-Pur de mes terres, raconta un autre Lord. Même si la bête n'est pas immortelle, le fait qu'elle soit encore en vie nous prouve qu'il vaut mieux exclure tout ce qui nous paraît contre nature. Ce que sont les Sang-Pur, comme vous le savez.

Sal renifla, alors que d'autres Lords acquiesçaient à contrecœur.

Lord Selwyn soupira.

L'espace de quelques instants, il y eut une accalmie dans la conversation, puis les Lords décidèrent finalement d'entamer les déclarations officielles.

– Je propose un vote afin de savoir si nous bannissons tout Sang-Pur de notre territoire ou si la décision doit revenir individuellement à chaque Lord et ses terres, fit celui ayant déjà pris l'initiative de les écarter des siennes. Un second Lord appuya sa proposition.

Lord Gaunt et Lord Selwyn froncèrent les sourcils de concert, avant que ce dernier n'accepte finalement d'organiser le vote.

Sal fut horrifié du nombre de personnes ayant voté pour l'exclusion complète et immédiate. Ce ne fut pas suffisant pour instaurer une loi, mais il y en avait déjà bien trop à son goût.

– La proposition de loi est rejetée, conclut Lord Selwyn. Entre autres, nous devrions cesser de nous fier à de simples rumeurs et leur faire prendre une telle ampleur. Il y a bien d'autres sujets d'importance méritant notre attention…

La réunion reprit donc son cours habituel et ils discutèrent des points essentiels, tels que les échanges, l'état des récoltes, la division du territoire, une ou deux propositions de mariage ayant de l'importance pour tous les Lords, et finalement, ils en vinrent à Pou'd Lard.

Ce fut suite aux louanges exprimées par Lord Gaunt à propos de leur académie que Sal décida de frapper.

– Je ne peux que vous remercier, Lord Gaunt, pour vos courtoises paroles, glissa-t-il lorsque ce dernier en eut terminé avec son monologue. Nous les acceptons volontiers. Toujours est-il que tout ne fonctionne pas aussi bien que cela le devrait dans notre chère académie, et je m'excuse par avance à l'idée de miner cette réunion par la proposition que je vais vous soumettre. Mais elle est aussi importante pour moi qu'elle est délicate à concrétiser. La vérité est cependant que ma requête pourrait probablement aider immensément notre établissement à l'avenir, si vous l'acceptez, j'entends bien.

– N'ayez pas d'inquiétudes, Lord Serpentard, fit Lord McGonagall. Faites-nous donc part de votre proposition et nous verrons ensuite s'il nous est plaisant de vous l'accorder.

Sal hocha la tête et se leva. Cela faisait deux bonnes années que le Conseil s'était mis à l'appeler « Lord Serpentard ». Ce n'avait été qu'une raillerie en premier lieu, mais rapidement, Sal et Godric s'étaient vus dépourvu de leur nom de famille d'origine et, un par un, tous les Seigneurs s'étaient mis à adopter les noms dont ils se servaient à Pou'd Lard.

– Vous l'avez dit vous-même : nous apprenons davantage aux jeunes hommes que ne le pourrait un maître seul, commença-t-il. Mais il se trouve que toute cette connaissance est autant un bienfait qu'une atteinte envers nos garçons.

– Une atteinte ?

Les Seigneurs échangèrent des regards confus.

– C'est cela : une atteinte à leur personne. Jusqu'ici, les hommes ayant reçu une éducation par un maître respectaient leurs femmes, car ils savaient qu'elles avaient reçu le même enseignement magique, ici de la part de leur père et non d'un maître. Seulement, j'entends à présent entre les murs mêmes de Pou'd Lard que les dames n'ont plus que pour utilité d'engendrer des héritiers. Ce tout nouveau développement m'interpelle au vu du statut que l'on a toujours accordé aux femmes jusqu'à aujourd'hui en notre société.

Il ne mentait pas vraiment. Il se contentait de déformer légèrement la réalité - sans compter les petites manipulations auxquelles il s'était adonné en envoyant ses Serpentard discuter de ce sujet exact dans les environs des autres fondateurs.

Le feu et la glace soient bénis pour la présente absence des couleurs sur leurs uniformes !

– Lord Gryffondor ? Lord Grim ? fit Lord McGonagall, le ton inquiet. Il était clair qu'il souhaitait leur opinion en la matière.

– J'ai bien peur que Sal n'exagère point, soupira Peverell. Godric, Rowena, Helga et moi-même avons également entendu de tels propos de leurs bouches…

Définitivement, le manque de moyen pour déterminer qui appartenait à quelle maison était une aubaine.

Les Seigneurs présents froncèrent ensemble les sourcils.

– Dites-moi, Lord Serpentard, avez-vous la moindre idée de la manière dont le problème pourrait être résolu ? demanda Lord McGonnagall.

– J'y ai longuement pensé, répondit Sal en inclinant la tête. La solution qui me paraît la plus crédible serait de faire parvenir aux jeunes filles le même enseignement qu'aux garçons. Je propose donc qu'elles aient accès libre à Pou'd Lard.

Un raffut monstre se saisit des aristocrates, et Sal dut lever la main et patienter quelques minutes avant de pouvoir continuer.

– Bien entendu, je suis au fait des problèmes que cela engendrera. Il ne serait certainement pas décent pour les hommes de vivre avec les jeunes femmes. Je vous propose donc qu'elles disposent de leurs propres dortoirs dans leurs maisons respectives. L'entrée à ceux-ci sera enchantée de manière à ce qu'ils ne soient accessibles qu'à elles. Lorsqu'elles se rendront en classe, elles se déplaceront par groupe et un elfe de maison les y accompagnera. Elles siégeront à une table différente dans le Grand Hall et elles seront autorisées à emprunter des livres à la bibliothèque pour les feuilleter dans leurs dortoirs. Le château bénéficiera d'un champ de protection qui empêchera les garçons d'avoir une approche désagréable envers les jeunes filles non mariées ou celles dont ils ne sont pas l'époux. J'ai moi-même imaginé des protections qui feront la distinction entre ce qui est convenable et ce qui ne l'est pas.

Il n'avait pas été simple de les créer et cela lui avait pris une bonne partie de son temps libre ces trois dernières années, mais cela en valait la peine, il en avait la certitude.

– Aussi, tous les instructeurs qui viendront enseigner à Pou'd Lard dorénavant devront faire le Serment de ne pas se conduire de manière inappropriée à l'égard des jeunes à leur charge. Chaque jeune fille se verra donner le nom de l'elfe responsable d'elle si elle souhaite se déplacer seule dans le château ou si elle requiert une assistance lors d'une situation compliquée. De cette manière, la convenance reste épargnée et les rumeurs se dissiperont définitivement.

Les Seigneurs échangèrent de nouveaux regards pleins d'incertitudes. L'hésitation était encore palpable.

– N'oubliez pas que ce sont elles qui enseigneront les premières à leurs enfants. Bien avant que les jeunes garçons n'entrent à Pou'd Lard, ce seront elles qu'ils auront en guise de référence sur ce qui s'applique à la magie. De plus, une jeune dame qui en sait davantage sur ce don dénichera certainement un meilleur contrat de mariage qu'une dame qui n'y connaît presque rien. Si elles obtiennent de nouveau une éducation similaire à celle des hommes, leurs mérites s'accumuleront et, lorsque les hommes quitteront notre académie, si le sort le veut bien, ils se considéreront alors comme égaux.

Les nobles partageaient un sinistre regard.

Il les avait coincés. Sal sourit - du moins, c'est ce qu'il fit jusqu'à ce que les premières questions ne soient posées.

Les vingt minutes qui suivirent furent un pur cauchemar. Sal fut interrogé sans aucune pitié avant que les Lords ne décident finalement de reculer le vote de deux jours pour qu'ils puissent considérer l'idée.

Ce temps écoulé, ils cédèrent enfin. Les jeunes filles prendraient le chemin de Poudlard après la moisson. Sal avait finalement gagné ce qu'il avait si longuement désiré ces dernières années.

Quelque temps après, Lord McGonagall proposa de rendre le cursus à Pou'd Lard obligatoire. Il expliqua que si on autorisait aujourd'hui les jeunes filles à fréquenter l'académie, il valait mieux inclure une obligation d'entrée en présentiel à Pou'd Lard pour tout le monde sur le long terme afin que ce statut ne change pas. Ainsi, elles seraient protégées à l'avenir. Les autres aristocrates approuvèrent. Ça n'apporterait rien de bon qu'elles se retrouvent au milieu des conflits claniques, victime de la violence du monde sans qu'elles ne puissent rien y faire.

Là ne fut là que le début de leurs ennuis.

.

Avec l'arrivée des jeunes Ladies, Sal leva enfin le charme dissimulant les dortoirs manquants - chose qui lui valut quelque haussement de sourcils des autres fondateurs. Sal haussa simplement les épaules à cela et sourit de toutes ses dents et Rowena finit par déclarer :

– J'aurais dû m'en douter !

Et sur ces mots, ils s'affairèrent à d'autres tâches.

L'été pendant lequel les filles gagnèrent leur ticket d'entrée fut également celui où ils invitèrent d'autres instructeurs à venir enseigner à leurs côtés. Avec les arrivées supplémentaires, il leur était tout simplement impossible de s'occuper de tout le monde à cinq.

– Bien, fit Godric lors de leur réunion coutumière de débuts d'année se tenant dans la Grande Salle. Nous accueillons trois instructeurs cette année : un professeur d'astrologie, un autre pour l'étiquette et la rédaction, et un dernier de notions et coutumes des créatures magiques.

Godric affichait un sourire béant à l'idée de déléguer le cours d'étiquette et de rédaction à la dame qui allait effectivement le prendre en charge. Depuis qu'ils avaient décidé, un peu plus tôt cet été-là, qu'ils allaient avoir besoin de trouver de nouveaux maîtres, sa première préoccupation s'était résumée à la recherche d'une personne avec de telles compétences. Il avait été tout bonnement extatique lorsque la vieille veuve avait proposé de reprendre l'enseignement en question. Godric, lui, en avait horreur.

– Et peu après Beltaine devrait arriver notre professeur de potions, ajouta Peverell. Sal grimaça. Il ne connaissait pas le moins du monde l'homme qui allait reprendre son cours et cela lui plaisait peu. Il avait eu l'occasion de rencontrer les autres en amont, mais ce dernier faisant une chevauchée sur tout le territoire, Sal n'en avait pas eu la possibilité. Le seul qui le connaissait véritablement n'était autre que Godric - et Sal n'avait pas la moindre confiance en Godric sur ce genre de choses. Après tout, il fallait bien avouer qu'il ne savait même pas distinguer le haut du fond du chaudron.

– Nous avons également reçu une requête des Seigneurs qui souhaiteraient visiter le domaine régulièrement, ajouta Peverell.

– Hors de question, tonna immédiatement Sal. Les autres lui jetèrent un regard perplexe.

– Nous parlons de leurs enfants, Salazar, rappela Helga. Je ne doute pas que cela calmerait les inquiétudes d'un bon nombre d'entre eux, de pouvoir savoir de quelle manière leurs héritiers sont traités.

– C'est bien la première fois depuis la fondation de Pou'd Lard qu'ils font une telle requête. Pourquoi maintenant ? contra Sal.

– Peut-être est-ce parce que leurs filles vont bientôt faire leur rentrée ici ? suggéra doucement Rowena.

Sal fronça les sourcils, un soupir lui échappant.

– Si c'est le cas, ils n'ont qu'à tous venir un jour donné et nous la leur montrerons, claqua-t-il.

Ce fut au tour de Peverell de froncer les sourcils.

– Salazar, souffla-t-il. De multiples requêtes suggèrent une invitation à entrer de nuit comme de jour. Pour notre part, nous trouvions l'idée bonne.

– C'est vrai, ajouta Godric. Tout particulièrement les Sans-Magie. Ils devraient être soulagés de pouvoir venir voir leurs enfants quand il leur plaira de le fai…

– Non ! Aucun Sans-Magie ne mettra un pied sur ces terres !

Sal avait parfaitement conscience qu'il sonnait comme le pire des racistes en ce moment même, mais tout ce qu'il pouvait voir présentement, c'était la lame en fer forgé glacée, le traversant de part en part, tout ce qu'il pouvait entendre, c'étaient les cris de guerre et les hurlements des mourants le jour où il avait donné sa vie pour Camelot.

– Je ne permettrais à personne un accès inconditionnel à ce domaine.

– Salazar !

Godric le dévisageait, une étincelle brûlant dans son regard.

– Nous parlons des parents de nos apprentis !

– Cela. M'est. Égal ! contra Sal en sifflant. Ils n'ont rien à y faire. Ils ne viendront pas ici. Ceci est mon dernier mot !

Godric et les trois autres le regardèrent, les yeux ronds.

– Il s'agit de notre académie ! tonna finalement Godric froidement. Tu n'es pas en droit de décider cela seul. Les autres sont d'accord et nous ferons ce que la majorité décide !

Sal montra les dents.

– Il s'agit avant tout de ma demeure ancestrale ! Tu poursuis des chimères, Godric, je ne renoncerai pas au sacrifice de ma famille simplement pour ton bon vouloir !

Sur cela, il disparut de la Grande Salle dans un tourbillon, incapable de poser un seul regard de plus sur ses amis.

Il leur avait parlé, encore et encore, de la magie spirituelle qui ancrait les protections du château - n'avaient-ils donc jamais réfléchi à ce que cela pouvait bien signifier ?

Il n'arrivait pas à croire que Godric et les autres étaient prêts à détruire le champ de protection du château - champ qui les gardait à l'abri de tout danger, soit dit en passant - simplement pour adopter les consignes données par le Conseil des Hauts Lords !

Godric l'ignora plusieurs jours, même plusieurs semaines après leur dispute - chose que l'entièreté de l'académie découvrit dès lors que les jeunes revinrent.

Rowena et Helga eurent une approche quelque peu différente à ce sujet. Au lieu de rester plongée dans un mutisme et un froid glaçant à son égard, elles essayèrent encore et toujours de le faire changer d'avis sur l'admission des parents à Pou'd Lard.

Ce fut Rowena qui craqua la première.

– Tu te comportes comme un véritable enfant, Salazar ! cria-t-elle, frustrée. Pourquoi ne nous écoutes-tu donc pas ? Même toi devrais être en mesure de comprendre que s'ils avaient la possibilité de nous rendre visite quand il leur plaît de le faire, cela faciliterait grandement nos rapports avec le Conseil !

– Je me moque bien de ce qu'en pense le Conseil, répondit calmement Sal. Je vous l'ai dit il y a déjà plusieurs semaines déjà : je ne céderai pas. Je ne changerai pas non plus d'avis simplement parce que vous le souhaitez.

– Nous avons fondé cet endroit pour enseigner aux plus jeunes ! Tu ne peux pas te permettre de refuser l'entrée à certains d'entre eux pour le simple fait que leurs parents veulent faire le tour de l'académie en amont !

– Et je te l'ai dit : les parents peuvent venir s'ils le souhaitent ! Qu'ils viennent donc un jour donné, et non quand il leur en prend l'envie !

– Mais enfin… !

– Je doute qu'un maître ait jamais toléré que les parents d'un apprenti s'introduisent chez lui quand ils le voulaient pour voir leur enfant !

– Bien sûr que non ! Mais la situation est différente !

– Elle ne l'est pas ! siffla Sal. Et je ne céderai pas. Si vous voulez imposer une telle condition, allez donc trouver un autre château ! Ils ne viendront pas, et c'est mon dernier mot sur le sujet !

Après cela, Rowena cessa à son tour de lui parler.

Helga, quant à elle, l'observait, perplexe.

– Tu ne nous as jamais rien refusé, dit-elle. Pourquoi le faire maintenant ?

– Parce que jusqu'à présent, vos décisions étaient encore raisonnables, répondit Sal. Aujourd'hui, vous êtes aveuglés par les propos des Lords.

Helga fronça les sourcils.

– Je ne pense pas que ce soit le cas, fit-elle. Qu'y a-t-il de déplaisant à l'idée de laisser les parents voir leurs enfants ? Ils ne feront pas le moindre mal…

Sal renifla, méprisant.

– Tu n'as pas la moindre idée de la manière dont fonctionnent les barrières sous lesquelles tu vis, alors dis-moi : comment peux-tu savoir que cela ne causerait aucun mal ? Et dois-je encore me répéter en disant qu'ils peuvent venir une ou deux fois ? Suite à cela, il n'y a plus aucune raison pour qu'ils reviennent.

Helga poussa un simple soupir.

– Tu ne fais pas ton âge quand tu parles de la sorte, Salazar, dit-elle. J'ai bien conscience que tu es pour le moins possessif à l'égard de ce château, mais être possessif et agir comme tu le fais sont deux choses bien différentes.

Sal fronça le nez. Après ça, ce fut au tour d'Helga de cesser de lui adresser la parole.

Salvazsahar n'en démordait pas. Il savait ne pas pouvoir flancher, même lorsque deux mois encore après la rentrée, Godric commença à lui siffler des « sectaire » et des « intolérant » à tout va lorsqu'il comprit que Sal n'allait pas changer d'avis.

Cela le blessait d'être traité de la sorte - non seulement par Godric, mais aussi par les deux femmes. Et pourtant Sal ne pouvait céder. S'il le faisait, il aurait à détruire le champ spirituel afin que les parents puissent entrer, et c'était bien une chose qu'il se refusait à faire.

Mais c'était aussi la seule façon qu'il avait de respecter le souhait des autres fondateurs. Il y aurait certainement des parents qui pourraient pénétrer le domaine sans détruire les protections, bien sûr - ceux-là mêmes ayant besoin d'un sanctuaire et ayant des intentions pures -, mais le reste d'entre eux seraient dans l'incapacité d'entrer sans que Sal ne les y autorise. Et il ne pouvait pas se permettre de garder éternellement l'entrée du domaine pour qu'ils puissent entrer…

– Tu as une bonne raison de le leur refuser, pas vrai ? fit Peverell un soir. Sal était à l'extérieur, assis sur un rocher près du lac. Il sursauta lorsqu'il entendit soudain la voix de Peverell à côté de lui.

Peverell n'avait jamais rien dit à propos de la querelle qui opposait les fondateurs. L'homme n'avait pris le parti de personne, en fin de compte. Non, il avait plutôt décidé de traiter Sal comme il l'avait toujours fait.

Sal haussa les épaules.

– Quand donc ai-je fait quelque chose sans raison valable ? demanda-t-il doucement, posant un regard perdu sur le lac. Demain sonnait le jour de Beltaine, et celui qui suivait annonçait l'arrivée du nouveau professeur de potions.

– Je ne me souviens pas t'avoir jamais vu faire quelque chose de pareil, répondit Peverell tout aussi calmement. Pourquoi ne leur cèdes-tu pas ?

Il s'agissait là d'une question, non d'une accusation, pourtant Sal hésita quand même. Il poussa un soupir et leva les yeux vers le ciel, vers le champ les protégeant, invisible à l'œil nu.

– Les protections spirituelles… sais-tu comment elles sont créées ? questionna-t-il, décidant d'expliquer ses raisons une bonne fois pour toutes.

Peverell haussa les épaules.

– Pas vraiment. Je sais qu'un sacrifice est nécessaire pour leur édification. Je ne sais pas exactement comment elles sont faites et de quelles manières elles fonctionnent, mais je doute que même toi tu le saches parfaitement.

Sal poussa un soupir et se massa les tempes avec lassitude.

– Je sais comment elles l'ont été, dit-il. Je sais exactement comment elles ont été créées.

Peverell lui lança un regard abasourdi.

– Comment ça ? N'est-ce pas ton père qui les a composées ?

Sal sourcilla.

– Les protections de sang sont les siennes, dit-il.

Peverell lui lança un regard étrange.

– Il n'y a pas de telles protections sur le château si ce n'est les nôtres, Salazar, le contredit-il. Je n'en connais peut-être pas beaucoup sur le tissage de boucliers, mais de celui-ci, je n'ai pas de doutes.

Sal passa à nouveau sa main sur son visage.

– Les barrières spirituelles sont basées sur de simples protections de sang. Ces derniers se transforment en champ spirituel lorsque… lorsque…

Il s'interrompit et se frotta la poitrine. Son cœur battait la chamade. Il pouvait entendre les cris de guerre du passé et le son que faisaient les mourants. Il pouvait sentir le fer glacé pénétrer son torse et il pouvait sentir son cœur s'arrêter.

– Salazar ?

Il sursauta et le souvenir s'effaça. Peverell lui jeta un regard soucieux.

– Salazar… que vient-il de se passer à l'instant ?

– C'est sans importance. (La voix de Sal était enrouée.) Pardonne-moi.

Peverell fronça les sourcils.

– Que voulais-tu dire avant que… avant que tu ne cesses de parler ?

Et à cette question, la douleur fantôme qu'il ressentait et le sifflement dans ses oreilles revinrent.

Il bataillait contre ce passé qui tentait de l'avaler et maudit sa mémoire eidétique.

– Salvazsahar.

La tête de Sal se releva d'un seul coup lorsqu'il entendit son véritable nom être prononcé par Peverell.

– Est-ce que tout va bien ?

Les mains de Peverell se posèrent doucement sur celle de Sal tandis que celui-ci frottait toujours inconsciemment l'endroit juste au-dessus de son cœur.

– Es-tu blessé, Salvazsahar ?

Son nom fut adressé gentiment, avec prudence. Il était étrangement douloureux d'entendre à nouveau son vrai nom sur les lèvres d'une autre personne - d'une personne sobre.

– Tout… tout va bien, pardonne-moi, Peverell.

L'autre homme ne le crut de toute évidence pas. Il tira sur la tunique de Sal et la lui retira pour regarder en dessous. Sal eut besoin de quelques secondes avant de comprendre ce que faisait Peverell, et il fut bien trop en retard pour l'arrêter.

Les larges yeux inquiets de Peverell croisèrent les siens.

– Quand est-ce que cela est-il arrivé ? demanda-t-il doucement, examinant toujours Sal de près, ses yeux courant sur la cicatrice sur son torse - celle qu'il avait frottée.

Sal vissa son regard dans le sien.

– Ce n'est moins « quand » que « où » et « pourquoi », Peverell, corrigea-t-il l'homme sinistre.

– Dis-moi, où était-ce ? Dis-moi pourquoi cela est-il arrivé ? répéta Peverell, une étincelle de sincérité et de tristesse dans le regard.

Sal hésita un autre instant, les hurlements du champ de bataille le traversant.

– Cela s'est passé à quelques kilomètres d'ici, répondit-il tout bas. C'est arrivé, car j'ai dû protéger le château et ceux y résidant.

Les yeux de Peverell le jaugèrent.

– Le champ spirituel…

Sal n'était pas sûr de savoir s'il s'agissait d'une question ou d'une affirmation, mais il y répondit quand même.

– Il fut créé à la mort de mes pères et à la mienne, par notre désir de rendre le château inaccessible à l'ennemi, continua-t-il toujours sur le même ton.

Cela lui valut un halètement sec, et une main chaude toucha l'affreuse balafre barrant son torse en signe d'interrogation.

– Je fus percé dans le dos par une épée, raconta Sal en regardant le ciel clair. Elle s'est enfoncée directement dans mon cœur. N'importe quel autre homme en serait mort… et l'espace d'un instant j'ai l'ai été. Je n'ai simplement pas pu le rester, voilà tout.

– L'immortalité, fit lentement Peverell. Tel que le Conseil l'a énoncé.

Sal rit faiblement.

– Je n'avais rien anticipé. Je suis juste… né ainsi.

Peverell se tut pendant un moment avant de pousser un soupir.

– Donc, les barrières spirituelles…, dit-il, cherchant à compléter le puzzle.

– … sont nées de notre sacrifice, continua Sal. Si je faisais ainsi que les autres veulent, il me faudrait les détruire. Je devrais détruire le dernier héritage de ma famille pour la soif de pouvoir de quelques seigneurs arrogants.

Peverell haleta de nouveau, et Sal trouva enfin la force de relever les yeux vers lui. De la compréhension et de l'horreur brillaient dans le regard de l'autre homme. Sa chaude main sur son torse glissa jusqu'à se poser sur son épaule.

– Je leur parlerai, promit Peverell. Même eux ne pourraient rester en mauvais termes avec toi en apprenant ce qu'il t'en coûterait respecter leur volonté.

Sal renifla simplement.

– Je leur ai fait part de la vérité il y a de ça plusieurs semaines déjà, Peverell, dit-il amèrement. Ils n'en ont que faire.

Peverell pressa ses lèvres en une fine ligne.

– C'est faux, objecta-t-il. Ils ne comprennent tout juste pas ce que ces barrières représentent. Je vais leur dire que ta famille s'est sacrifiée pour elles. S'ils n'écoutent pas, alors je leur parlerai de ton propre sacrifice et je leur dirai que je ne peux l'ignorer pour le capricieux désir des Hommes.

Sur ces mots, il se redressa et s'en alla en direction du château.

– Et s'ils ne veulent toujours rien entendre ? fit Sal.

– Dans ce cas, j'exprimerai moi-même mon refus au Conseil, répondit Peverell sans se retourner. Certaines choses sont bien trop précieuses pour être effacées par une volonté déraisonnable.

Les explications eurent raison d'eux, et bientôt, tout redevint comme avant. Les années passèrent et la tentative amorcée avec les jeunes filles fut couverte de succès, ainsi Sal exprima son désir suivant après s'être assuré que plus personne n'émettrait la moindre protestation.

Il voulait qu'ils inscrivent dans la loi que Pou'd Lard ne serait jamais soumise à aucune institution légale présente ou à venir. Les lois encadrant Pou'd Lard seraient inaltérables.

Quelques jours plus tard, les cinq fondateurs signèrent le contrat du Conseil des Hauts Lords assurant l'indépendance de leur académie et de leurs apprentis vis-à-vis de tous conflits futurs. C'était une mesure de sécurité que tous pensaient excessive, mais Sal avait insisté, et Lord Serpentard, comme on l'appelait en ce temps-là, avait depuis longtemps gagné la réputation de toujours obtenir ce qu'il souhaitait - les premières pierres de cette dernière remontaient d'ailleurs à l'histoire de l'introduction des jeunes filles à Pou'd Lard.

– Et tu te dis non ambitieux ! avait dit Peverell une fois le contrat scellé. Débattre avec le Conseil jusqu'à ce que Pou'd Lard deviennent presque un pays à elle seule et la sécuriser à tel point que même un rat ne pourrait pénétrer ses terres sans être remarqué !

– Eh bien, il fallait tout de même que j'empêche leur invasion, répondit Sal. Aucun Seigneur, aucun Sans-Magie, aucun Sang-Pur, aucun sorcier et aucune sorcière n'ayant pas son droit d'accès dans notre académie ne devrait être en mesure d'entrer sans être repéré.

– Comme si nous autoriserions le moindre Sang-Pur à entrer, de toute manière, renifla Godric.

Sal serra les dents.

– Pourquoi ne pourrions-nous pas ? demanda-t-il calmement.

Il connaissait Godric ! C'était un homme de bonté, un peu naïf, il est vrai et parfois bien trop rapide à accepter une version de la vérité plutôt qu'une autre, mais un homme bon…

– À cause des histoires ! N'as-tu donc jamais entendu parler des monstres qu'ils sont réellement ?

Ces mots furent comme un coup de poing en plein ventre.

Des montres.

Atr, aimant et au cœur tendre.

Grand-maman, glaciale, mais pleine d'affection.

Grand-papa et sa douce voix.

Son merveilleux fils.

Des monstres.

– Comment peux-tu savoir qu'ils en sont ? demanda-t-il, toujours aussi calme.

Au cours des dernières années, le ressentiment envers les Sang-Pur n'avait fait que croître. Surtout depuis le nombre de meurtres commis par un cruel Sang-Pur inconnu sur le continent. Sal avait tenté de garder un œil sur l'affaire, mais même avec ses réprimandes, les enfants avaient continué à les traiter comme des monstres en parole - s'ils n'utilisaient pas déjà le mot en lui-même, cela va sans dire.

– C'est ainsi qu'ils sont contés dans les histoires, c'est tout, Sal, répliqua Godric. Et je ne mettrai pas nos apprentis en danger pour pouvoir les accueillir à Pou'd Lard. Jamais, tu m'entends ! Jamais un seul Sang-Pur ne posera le pied ici !

– Ce n'est pas à toi d'en décider, Godric, rétorqua Sal froidement avant de disparaître. Il aurait dû confronter son ami sur la question, il le savait. Il aurait dû, mais il n'arrivait même plus à le regarder dans les yeux. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il entendait de telles paroles de la bouche de Godric et jusqu'alors, il l'avait chaque fois remis à sa place. Mais aujourd'hui, tout était différent.

Des monstres.

Il ne savait ni pourquoi ni à quel moment Godric avait adopté le courant de pensée actuel contre les Fir Bolg et les Sang-Pur. Il savait simplement que c'était arrivé. Sal s'était souvent demandé si c'était parce que Godric en savait peu sur les Fir Bolg.

Peut-être que s'il en apprenait plus…

Sal secoua la tête et décida de faire ce qu'il faisait toujours ses derniers mois lorsqu'il était bouleversé par l'intolérance autour de lui et incapable de se battre contre plus longtemps : il disparaissait au septième étage, là où Peverell et lui effectuaient des expérimentations.

Ils les avaient entamées après leur rencontre près du lac, et depuis lors, ils avaient une salle attitrée, cachée au fin fond du château pour que personne ne tombe sur leurs expérimentations par hasard. Du moins ç'avait été une salle au début. Il n'était plus sûr de la manière de nommer la construction en question - après qu'elle ait été recouverte de chaînes et de cercles runiques, sans compter la magie du sang et les potions expérimentales.

Et ça n'avait certainement pas été Sal qui avait fait tout le travail. Peverell était à l'origine du projet et le dirigeait. Sal se contentait de mettre en forme ce que Peverell imaginait.

Encore quelques derniers détails, et ils pourraient enfin activer la matrice. Sal espérait simplement qu'ils n'allaient pas faire exploser le château ce faisant…

Sans le savoir, la pièce en question deviendrait dans le futur une vraie légende. La Salle Va-et-Vient, de son nom - la Salle sur Demande.

Jusqu'à ce que ce jour vienne cependant, elle serait pour Sal, la salle dans laquelle il déballait toute sa frustration envers Godric et ses apprentis intolérants au possible.

.

Trois semaines avaient passé et Sal était en plein cours de potions - le maître que Godric avait engagé était un véritable incapable. Si Sal avait eu son mot à dire, l'homme en question aurait déjà quitté Pou'd Lard depuis longtemps, mais les autres avaient insisté sur les superbes compétences de l'enseignant et avait réfuté tout ce que Sal avait pu leur dire - et c'est là que ça arriva.

Les protections s'activèrent et se mirent à bourdonner de vie. Quelque chose avait trouvé refuge sur le domaine.

Sal se leva de sa chaise et fit un tour de classe pour voir à quel stade les potions de chacun en étaient. La plupart d'entre elles étaient presque achevées.

Bien.

– Encore cinq petites minutes, dit-il. Puis, il attendit ensuite que le dernier apprenti ait quitté la salle avant de la fermer et de se diriger vers la petite hutte qu'il avait construite pour ceux en demande d'asile.

La vue à laquelle il fut confronté fut loin de ce à quoi il s'était attendu. C'était un troupeau de Centaures, pas seulement des hommes et des femmes, mais des enfants également, se tenant devant la hutte avec circonspection, patientant. C'était une des nouvelles protections qui guidait les réfugiés jusqu'à la hutte et leur donnait l'impression de devoir attendre là jusqu'à ce qu'ils soient accueillis.

Et comme toujours, c'était le rôle de Sal d'en faire autant, puisqu'il était après tout Seigneur de ces terres, bien que sa demeure ancestrale se soit aujourd'hui transformée en académie.

Sal s'arrêta à quelques pas d'eux, puis s'inclina.

– Je vous souhaite la bienvenue, étrangers, les salua-t-il calmement. Je me nomme Salvazsahar Emrys, Seigneur de ce domaine. Soyez les bienvenus sur mes terres.

Les Centaures ne semblaient pas savoir quoi penser de lui. Finalement, un sinistre et vieux Centaure s'avança, ses yeux perçants suivant les moindres gestes de Sal.

– Je suis Morowen, Salvazsahar Emrys, dit-il. Dites-moi, Seigneur de ce domaine, nous chasseras-tu de tes terres ?

Sal fronça les sourcils.

– Vous chassez ? répéta-t-il sans comprendre. Mon domaine est un sanctuaire pour quiconque en a besoin. Dites-moi donc, pourquoi devrais-je vous chasser ?

Les Centaures échangèrent des regards agités, mais Morwen continua de froidement le fixer.

– Car c'est ainsi que les sorciers traitent les miens ces temps-ci, cracha-t-il. Ils nous chassent de nos foyers, et où que l'on aille, nous ne pouvons leur échapper.

Ça ne plaira pas à Godric.

– Si c'est vraiment le cas, alors vous êtes les bienvenus à rester sur mes terres, répondit Sal. Il savait que Rowena, Helga et Peverell n'en feraient pas cas, et il n'avait aucune envie de demander sa permission à Godric. Sachez seulement que nous accueillons un bon nombre d'enfants ici, donc veuillez ne pas être hostiles envers eux, même s'ils le sont avec vous.

Morowen le dévisagea.

– Tu dois savoir que nous comptons parmi les Sang-Pur, n'est-ce pas ? demanda-t-il finalement à Sal, l'incrédulité perçant sa voix. Il semblait que le troupeau avait croisé la route de bien trop de sorciers hostiles pour ne pas être mal à l'aise en sa présence.

Sal hocha simplement les épaules.

– J'en suis moi-même un, dit-il. De sang-mêlé, mais un Sang-Pur malgré tout.

Le chef de la troupe - Sal était sûr que c'était ainsi que Morwen était considéré - inclina la tête après avoir entendu cela et se tourna vers les siens. Quelle que soit la discussion qu'ils eurent, Sal n'en entendit rien, mais lorsque Morwen se tourna à nouveau vers lui, il avait enfin pris sa décision.

– Nous aimerions rester si nous le pouvons, dit-il. Serait-il convenable que nous habitions les bois ?

Le regard de Sal se tourna vers la forêt à sa droite.

– Il nous faudra certainement y entrer pour la chasse et la récolte des ingrédients de potions.

Le Centaure hocha la tête.

– Nous avons l'habitude de partager nos bois avec des sorciers. Puis, si vous tolérez notre présence, nous pourrions même aider à la chasse de temps à autre.

Sal réfléchit quelques secondes à sa proposition, puis acquiesça.

– Qu'il en soit ainsi, alors, dit-il. Et soyez assurés que je parlerai aux enfants à notre charge pour qu'ils n'entrent pas dans la forêt sans être accompagnés d'un adulte. Nous ne vous dérangerons pas inutilement.

Cette fois, le Centaure inclina la tête directement, le soulagement s'inscrivant sur son visage.

– Je te remercie une nouvelle fois, Seigneur du domaine. Les miens et moi-même te sommes redevables.

Sal n'objecta pas, ç'aurait été insultant pour le Centaure s'il l'avait fait - du moins, des traditions qu'il connaissait, c'était toujours le cas, et il ne voyait pas pour quelle raison cela serait différent pour les Centaures.

Ainsi, il se mit en marche à leur côté jusqu'à atteindre la forêt et retourna ensuite au château.

Godric l'attendait dans le hall d'entrée. Il avait de toute évidence entendu une partie de sa conversation avec les Centaures.

– Qu'est-ce que cela veut-il dire ? gronda Godric, n'essayant même pas d'être discret.

– Ils avaient besoin d'un endroit où rester, ainsi, ils restent, répondit froidement Sal. D'après le regard que posait Godric sur lui, il aurait à se battre, bec et ongles, pour que Godric l'écoute, mais il ne pouvait pas retourner en arrière. Il devait esquisser une limite et honnêtement, il n'en pouvait plus de faire face à un mur depuis presque deux ans.

– Ils avaient besoin d'un endroit où rester ? Ils avaient besoin d'un endroit où rester ! Voilà donc ton excuse ?! As-tu ne serais-ce que penser aux enfants que nous protégeons entre ces murs ? siffla Godric.

– Bien sûr que j'y aie pensé. Ils ne seront pas une menace pour eux, répondit Sal en soupirant.

– C'est ce que tu crois, Salazar ! Mais regarde-les ! Ils ne sont pas normaux… il n'y a qu'à les voir ! Ce sont des Sang-Pur - ils n'ont aucun droit de se trouver sur le domaine de Pou'd Lard !

– Pou'd Lard est un sanctuaire, Godric. Pour. Tout. Le. Monde, siffla Sal en retour, le Fourchelang à la limite de chaque mot. Ils ont tous les droits de se trouver en ces lieux s'ils sont dans le besoin d'un refuge !

– Ah oui, et tu vas me dire ensuite que nous devrions prendre leurs rejetons en tant qu'apprentis ! moqua Godric, glacial. Je le vois d'ici : un troupeau de bêtes trottant le long des escaliers de Pou'd Lard.

– Ce ne sont pas des bêtes ! répliqua durement Sal. Que t'arrive-t-il, Godric ?! Tu n'étais pas comme cela lorsque je t'ai rencontré !

– Peut-être ai-je grandi !

– De toute évidence, ton intolérance oui !

– Je ne suis pas intolérant !

– Tu l'es, Godric ! Nous parlons d'enfants, et tu dis d'eux qu'ils sont des « bêtes » !

– Devrais-je utiliser le mot « monstre » à la place ? siffla furieusement Godric.

– Ce. Sont. Des. Enfants, Godric ! Des enfants !

– Ils ont des sabots !

– Parce que ce sont des Centaures ! contra Sal. S'ils étaient des Vampires, ils n'auraient certainement pas de sabots, et je les aurais accueillis quand même !

– Des Vampires ?! Tu me dis que si un Vampire se présente et demande à intégrer Pou'd Lard, tu dirais « oui » ?!

– Bien évidemment !

– Dans ce cas, c'est à toi de me dire à quoi exactement tu penses, Salazar ?! Des Sang-Pur à Pou'd Lard ?! cria Godric. Je n'autoriserai aucun de leurs enfants à y mettre un pied !

– Ce ne sont que des enfants, Godric ! contra âprement Sal. Des enfants, comme tous les autres sang-mêlé ! La seule différence est leur filiation ! Je ne les exclurai pas pour la simple raison qu'ils ont deux parents de sang pur au lieu d'un seul !

– Nous n'aurons aucun enfant descendant d'un Sang-Pur dans mon académie ! cria Godric. Je n'ai pas besoin d'un enfant qui en mord d'autre ou je ne sais encore quelle horreur ! Les Sang-Pur sont des êtres dangereux ! Ils ne sont pas humains ! Tu ne peux pas leur apprendre à l'être ! Ce sont de véritables montres !

– Des monssssstres ?! répéta Sal en sifflant. Il savait qu'ils divergeaient complètement de leur discussion d'origine, mais cela faisait longtemps qu'il attendait de mettre les choses au clair avec Godric. Des monssssstres ?! Comment oses-tu !

– Comment oses-tu ! répéta Godric. As-tu la moindre idée de ce que Peverell et moi perdrions s'il venait à ce savoir que nous acceptions les enfants de Sang-Pur ? Nous serions socialement ruinés !

– Bien ! Dans ce cas, mets-les donc tous à la porte ! Si tu ne veux pas d'enfants de Sang-Pur ici, alors je ne veux pas des sang-mêlé ! Leur sang est contaminé, après tout !

Il n'en pensait pas un mot, mais il ne pouvait plus s'arrêter. Le ressentiment avait couvé ces dernières années et il ne pouvait plus retenir ses paroles, même s'il le souhaitait.

– Toi ! hurla Godric et il sortit son épée. Comment oses-tu insulter nos apprentis de cette manière !

– Cela. M'est. Égal ! siffla Sal. Ils m'insultent à longueur de journée ! Pourquoi devrais-je m'en empêcher cette fois-ci ? Ils sont exactement comme toi ! J'ai supporté tes insultes depuis bien trop longtemps ! Je n'en ai plus rien à faire ! J'abandonne, je n'arriverais pas à te changer ! Tais-toi, je t'en pris, tais-toi !

– De quoi parles-tu ?! contra Godric. Je ne t'ai jamais insulté ! Pourquoi le ferais-je ?!

– Tu ne m'insultes pas ?! Toi, tu ne m'insultes pas ?! siffla Sal. Tu me traites sans cesse de monstre et tu oses me dire que tu ne m'insultes pas ?! Tu traites mon fils de monstre ! Mon père ! Mes grands-parents ! Répète ? Ce monstre n'est pas assez humain pour comprendre les paroles d'un bigot de sang-mêlé tel que toi !

– Bigot de sang-mêlé ?! répéta Godric. C'est toi qui m'insultes maintenant ?!

– Et si c'était le cas, qui s'en soucierait ?! répliqua Sal. Je n'ai aucun scrupule à te dire la vérité quand il le faut !

– La vérité ?! La vérité ?! Quelle vérité ?!

– La vérité que tu refuses de voir ! siffla Sal. Regarde un peu nos apprentis ! Ils sont peut-être doués, mais ils pourraient devenir excellents en apprenant au contact des enfants de Sang-Pur d'autres manières d'user de leur…

– Je. Ne. Veux. Pas. De. Sang-Pur. Dans. Ma. Maison ! tonna Godric.

– Bien ! Ils seront dans la mienne ! Qu'importe ! S'il le faut, je rejetterai tous les sang-mêlé et je ne prendrais que les Sang-Pur !

– En t'entendant, on croirait que tu penses que nos apprentis n'en valent pas la peine s'ils sont de sang-mêlé !

– Je viens juste de dire qu'ils pourraient bénéficier des Sang-Pur durant leur parcours ! contra Sal. Les Sang-Pur savent des choses que les sang-mêlé ne pourront jamais…

L'épée de Godric se pressa contre la gorge de Sal. Un filet rouge coula jusqu'à sa clavicule.

– Je n'aurais jamais cru que tu étais d'une telle partialité, espèce de p…

– Godric !

Godric s'interrompit en plein milieu de sa phrase et leva les yeux. Tout en haut des escaliers se trouvait Helga, les regardant de ses yeux ronds effrayés.

– Helga ! Godric… que se passe-t-il, enfin ?!

Peverell s'arrêta derrière sa femme, examinant la scène qui se tenait en face de lui.

– Godric, pourquoi pointes-tu ton épée sur le cou de Salazar ?

– Pour la simple et bonne raison que j'en ai assez de sa manière partiale de voir les choses ! répondit Godric, enragé.

Ma manière partiale de voir les choses ?! La mienne ?! siffla Sal. Jusqu'alors, je n'ai jamais, ô grand jamais fait preuve de partialité ! Comment oses-tu m'accuser moi lorsque c'est toi qui regardes un enfant et vois un monstre ?! Quand c'est toi qui regardes mon fils et qui vois en lui un monstre ?!

– Ton fils ? Ton fils ?! Je n'ai jamais rencontré ton fils !

La lame transperça la peau plus profondément, mais Sal ne bougea pas d'un millimètre. Il ne montra aucunement la douleur qui pulsait - physique comme émotionnelle.

– Non, dit-il à voix basse. Tu ne l'as jamais rencontré, mais tu l'as pourtant traité de monstre !

– Pourquoi aurais-je fait cela ?

La confusion remplaça peu à peu la rage dans la voix de Godric.

– Qu'en sais-je ! Je ne pensais pas non plus te voir un jour faire preuve de tant de partialité ! Pourquoi… pourquoi, Godric, me traites-tu si facilement de monstre, dis-le-moi !

Peverell et Helga hoquetèrent.

– Godric, qu'as-tu fait ?! s'exclama Helga, vissant son regard sur son frère et sur le trouble qui le traversait.

– Comment ? Mais… je n'ai jamais dit chose pareille ! affirma-t-il en baissant légèrement son épée pour que la lame vienne reposer sur l'épaule de Sal.

Sal dévisagea l'homme devant lui, toujours aussi furieux et blessé.

– Je n'en ai pas la moindre idée, et pourtant c'est ce que tu as fait ! Tu m'as hurlé de tels mots au visage. Et tu en as fait de même pour mon père, mes aïeuls et pour mon fils ! Alors, je t'en pris, cesse de te demander pour quelle raison j'en ai après toi !

– Je ne ferais jamais une chose pareille… ! Cette discussion portait sur les Sang-Pur et leur engeance à Pou'd Lard ! Ça n'avait rien à voir avec ta famille !

– Eh bien, apparemment, tu ne connais pas la dernière, Godric ! Je suis un Sang-Pur ! Mon père était un Sang-Pur ! Mes grands-parents aussi ! Mon fils ! Je suis peut-être d'un sang plus mixé que celui d'un Sang-Pur, mais j'en reste tout de même un ! Je ne pensais pas que tu puisses me considérer comme une bête incapable d'agir humainement !

Et sur cela, Sal tourna les talons et quitta le château. Il avait besoin d'espace. Il avait définitivement besoin d'espace et de quelque temps à distance de Godric.

Il avait enduré suffisamment de choses pour la journée.

– Je n'arrive pas à croire que tu lui aies dit qu'il n'était pas suffisamment humain pour être considéré comme tel ! tonna Helga, fixant son frère de ses yeux accusateurs. Prie donc qu'il ait la patience de te pardonner, car si ce n'est pas le cas, tu ne poseras plus un seul pied à Pou'd Lard, je m'en assurerai !

Elle lui tourna le dos et reprit le chemin dont elle était venue.

– Mais enfin…, fit Godric. Mais… je pensais… je ne pensais pas qu'un Sang-Pur puisse agir de manière si… normale… Les histoires… Je… je…

– Tu n'es qu'un idiot, Godric, soupira Peverell. Comment peux-tu être assez stupide pour croire en des contes de fées… ?

– Mais… attends…

Godric jeta un regard désemparé vers Peverell.

– Ne nous fais pas l'affront, ni à Rowena ni à moi, de chercher du réconfort à nos côtés ! Après tout, je suis un Sang-Pur également. Et d'après ce que j'ai entendu, je ne suis pour toi rien de plus qu'une bête sauvage à tes yeux… !

Sur ces mots, il partit, laissant Godric debout, seul, au beau milieu du hall d'entrée, l'air perdu, démuni et lourd de sa propre culpabilité.

Ce fut le jour où Salazar Serpentard quitta finalement l'enceinte de Pou'd Lard.