Notes de l'auteur : Bonjour à tous. Les chapitres mettent un peu plus de temps à venir. L'envie d'écrire est un peu moins présente et je me laisse facilement distraire par autre chose, comme la réouverture de mon forum RP, évènement décidé rapidement, ou le fait que je suis moi aussi tombé dans Star Rail.
Je remercie tous ceux qui me font part de leurs avis dans les reviews des deux versions. Et je me rends compte que je ne donnerais pas satisfaction à tout le monde. Mais j'avoue surtout écrire ce qui m'inspire avant tout.
D'ailleurs, j'en profite pour parler un peu plus de ma façon de faire. Avec les personnages, même si j'essais d'être raccord avec l'œuvre d'origine, je ne cherche pas non plus à l'être totalement. De toute façon, mon point de vue est simple, pour moi, toute fanfiction est par définition OOC, car seul l'auteur du novel peut écrire les persos tels qu'ils sont réellement. Et puis, une fic, c'est aussi pour se permettre quelques fantaisies. Il m'est donc impossible d'écrire des persos de la même manière que l'auteur, un japonais avec une mentalité japonaise, écrivant un novel visiblement conçu pour être tout public. (Le massacre de la Astraea familia façon slasher movie, ça compte pas.)
Je me rends aussi compte que mon histoire avance finalement assez lentement. Mais ça ne me gêne pas, je ne suis pas là pour faire de l'action ou raconter encore une histoire qu'on connait tous, je préfère plus parler du relationnel entre les persos et j'espère que je m'en sors bien sur cet aspect.
Aller, assez de blabla et place au chapitre.
Chapitre 7 : Rencontres surprenantes
Quand Bell était partie s'amuser à la feria, ce n'était pas avec l'idée en tête de se retrouver à jouer à chat avec un silverback tout en protégeant sa déesse. Il avait des tas de questions à lui poser, notamment sur l'origine de la dague qu'elle lui avait donnée, mais pour l'instant, elle avait surtout l'air d'avoir besoin de repos, aussi il préféra mettre ça de côté.
Suivant les conseils d'Ishtar, le jeune homme retourna à la Fertile Maîtresse, afin de savoir si Syr était rentrée et allait bien. De ce qu'il avait compris, il n'y avait pas que le silverback qui s'était échappé et la jeune femme, simple humaine sans bénédiction, n'avait rien pour se défendre.
Bien évidemment, il était très loin de la vérité…
Quand il arriva sur place, il tomba sur Anya, à qui il demanda si Syr était bien rentrée.
"T'as de la chance, elle est revenue juste avant toi nya."
Bell poussa un soupir de soulagement, heureux d'apprendre que son amie allait bien.
"Tant mieux. Est-ce que je peux la voir ? J'aimerais quand même lui rendre son porte-monnaie."
"Bien sûr nya. Par contre, là elle se change, il va falloir attendre un peu. A moins que… tu ne veuilles aller l'espionner en douce monsieur le gigolo ?" dit alors la fille-chat avec un sourire taquin.
"Certainement pas !" Lui répondit instantanément Bell. "Je ne suis pas ce genre de personne !"
"Vrrrrrrraiment ?" Continua-t-elle, visiblement amusée à l'idée de taquiner Bell. Mais ce dernier se contenta de bouder pour marquer sa désapprobation. Il était hors de question de lui répondre si c'était pour lui donner plus de grain à moudre.
"Bell ?"
La voix de Syr se fit entendre alors qu'elle descendait les escaliers.
"Nya ? Dommage pour toi monsieur le gigolo, tu as raté ta chance de l'espionner."
"Je ne le ferais jamais !" Bell était rouge de honte, craignant que Syr interprète mal les propos de la cat people.
"Bien sûr qu'il ne le fera pas Anya !" continua Syr. "Et puis il n'en a pas besoin, il lui suffirait de me le demander…"
"Je ne vous demanderais jamais une chose pareille !"
Visiblement, celle qui aurait dû le sauver semblait plutôt vouloir l'enfoncer encore un peu d'avantage. Et à voir son petit rire, cela devait terriblement l'amuser de le mettre dans l'embarras. Bell s'avoua donc vaincu et passa à autre chose.
"Bon, heureux de voir que vous allez bien. Je vous cherchais pour vous rendre ça, mais je n'ai pas réussi à vous trouver." Bell lui tendit alors son porte-monnaie, qu'elle récupéra.
"Merci Bell. Mais c'est plutôt toi qui m'as fait une belle frayeur, surtout quand je t'ai aperçu t'enfuir avec ce monstre derrière toi."
"Vous m'avez vu ?"
"Oui, en fait, je t'ai même suivi."
"Syr ! C'était très dangereux, vous n'auriez jamais dû faire ça !"
A croire que cette fille était inconsciente. Des monstres étaient apparus en ville et plutôt que de se mettre à l'abri, elle avait préféré foncer tête baissée dans le danger.
"Mais sinon, je n'aurais jamais pu voir ton combat. Enfin, surtout la fin."
"Vous avez vu ça aussi ?"
"Oui. Et je dois dire que tu étais si… cool Bell. En fait… je crois même que je suis tombée amoureuse."
La jeune femme lui glissa ces derniers mots à l'oreille, faisant exprès pour le faire rougir. Mais elle avait oublié un détail, Anya était toujours là et elle avait une très bonne audition, renforcée par son niveau 4. Et surtout, elle n'avait aucun respect pour l'intimité si cela lui permettait de faire une bonne blague.
"Ohhhhhhhhh ! Syr a fait sa déclaration !"
La principale concernée se retourna subitement, les joues rouges, ayant oublié pendant un instant de quoi la féline était capable. Et bien sûr, cela attira d'autres serveuses. Maintenant qu'Anya avait un moyen de l'embêter, elle n'allait pas se priver.
"Félicitations nya ! C'est pour quand le mariage ?"
"M-Mariage !" Fit un Bell très choquée et les joues en feu.
"Allons Anya, c'est beaucoup trop tôt pour le mariage." Compléta Syr.
En réalité, rien ne ferait plus plaisir à Freya, mais pour se marier avec Bell, il faudrait d'abord qu'elle mette au pas sa familia surprotectrice.
Et comme un malheur ne vient jamais seul, Ryuu, qui avait aussi une bonne ouïe, vint d'un pas précipité, même si elle n'avait entendu que la moitié des mots.
"Comment ça Syr ? Tu vas te marier ? Avec monsieur Cranel ? Mais… mais… c'est beaucoup trop tôt !"
"Ryuu…" commença Syr, sentant venir le gros quiproquo.
"Est-ce que… c'est parce qu'il doit assumer ses responsabilités ?"
Tout le monde regarda d'un air médusé l'elfe qui semblait partir dans ses délires.
"Par les cieux ! Mon avertissement fut trop tardif ? Il t'a déjà déversé sa luxure ?" La voix de Ryuu devenait tremblotante alors qu'elle semblait s'imaginer beaucoup 'd'horreurs'. "Est-ce qu'il t'a… tenu la main plus de cinq minutes ? Ou pire, i-i-i-il t'a embrassé… sur la joue ?"
A voir la façon dont elle rougissait et bégayait, cela devait déjà être très indécent pour elle.
"Ce ne sont pas des elfes Ryuu." Lui fit alors remarquer Lunoire, amusée par la tournure des évènements.
"Tu veux dire que ce serait encore pire ? Par les cieux, est-ce qu'il t'aurait plaqué contre un mur, a-a-a-avant de mettre sa main…" l'elfe déglutit, comme si elle était terrifiée à l'idée de continuer sa phrase. "…sous ta robe ? Indécent ! Vous êtes l'indécence incarnée monsieur Cranel !"
"Vous êtes la seule qui s'imagine des trucs bizarres ici !" Répliqua le jeune homme, au moins aussi rouge qu'elle.
"Mooooh ! Ryuu, arrêtes de dire des bêtises…" lui dit Syr, les joues rouges et jouant à la perfection le numéro de la jeune femme soi-disant prude, mais qui n'attendait que ça.
"En fait, Ryuu cache bien son jeu nya." Se mit à dire Chloé avec un air amusé. "Elle fait la prude, mais elle a plein d'idées coquines en tête."
Et le signal fut donné pour une grande engueulade entre les serveuses, sous le regard de Bell qui ne savait plus très bien comment défendre sa réputation. Et également sous le regard de Mia, derrière son comptoir. Dans un premier temps, la naine fut tentée de faire comme à son habitude, à savoir gueuler très fort pour remettre de l'ordre. Mais en voyant la mine de chien battu de ce pauvre Bell, elle lui prépara plutôt une grande pinte de jus de baies qu'elle lui tendit.
"Tiens gamin, prend un verre, ça ira mieux après."
"Merci…"
Et ce fut d'un air dépité par toutes ces bêtises que Bell tenta de noyer ses soucis dans sa boisson non-alcoolisée…
Il fallut une heure de plus pour parvenir à sortir l'elfe de ses délires. Chose qui n'était pas évidente avec Syr qui en rajoutait une couche avec ses répliques volontairement ambigües et les autre serveuses qui aimaient visiblement taquiner tout le monde.
Fort heureusement, au bout d'une heure, mama Mia siffla la fin du match en gueulant très fort et tout ce petit monde retourna au travail. Bell quitta donc l'établissement sous le regard fuyant et gêné de Ryuu, pas vraiment certain que le malentendu soit résolu.
Bell se sentait épuisé, la journée avait été longue et le combat fut assez violent. Il s'en était sorti relativement indemne, bien qu'il ait quand même prit des coups. Il sentait déjà les courbatures qui allaient l'attendre le lendemain.
Maintenant qu'il avait du temps pour réfléchir, il s'intéressa enfin à l'arme que sa déesse lui avait donnée. Il inspecta la lame et aussi son fourreau, ce qui lui permit de voir une signature bien particulière, celle qui le faisait baver depuis un moment. "Héphaïstos". Du coup, beaucoup de choses devenaient bien plus claires.
Sa fatigue s'envola soudainement et le jeune homme hâta le pas, il avait maintenant plein de questions à poser à sa déesse.
Mais son excitation retomba quand il arriva à la Demeure Astrale. Ce n'était pas comme s'il avait voir sa déesse ce soir. Elle était épuisée et devait très certainement se reposer à Belit Babili. De plus, elle avait déjà mis à jour son statut lors du combat, elle n'avait donc aucune raison de venir le voir.
"Bienvenue à la maison Bell !"
Ou pas en fin de compte…
Le jeune homme eut droit à une salutation digne d'Ishtar, c'était à dire la version qui incluait qu'il se retrouve le nez fourré au milieu de sa poitrine alors qu'elle lui faisait un gros câlin.
"D-Déesse ?"
"Et oui, c'est moi. Surpris ?"
"Non, étrangement, je commence à avoir l'habitude avec vous."
"Moooo ! Fais au moins semblant !" Dit-elle avant de le relâcher.
Et Bell commençait réellement à s'habituer aux lubies de sa déesse, ainsi qu'à sa capacité à faire des choses inattendues.
"Je pensais que tu serais plus content de me voir."
"Je le suis. Mais ne devriez-vous pas vous reposer ?"
"Si, c'est exactement mon idée. Ici, au calme, loin du tumulte assourdissant de ma demeure."
Belit Babili n'était pas vraiment le lieu le plus calme de la ville, tout comme le quartier des plaisirs en général. La Demeure Astrale avait l'avantage d'être bien plus silencieuse. Même si la déesse ne disait que la moitié de la vérité. Elle désirait du calme, oui, mais elle voulait surtout être avec Bell. Peut-être aurait-il besoin d'un peu de réconfort après une journée aussi mouvementée.
"Je vois."
"Tu as pu retrouver ton amie ?"
"Oui." répondit-il avec un air légèrement épuisé.
"Un souci ? Elle n'allait pas bien ?"
"Oh ! Si, tout va bien, mais il y a une elfe qui me colle une drôle de réputation."
"Comment ça ?"
Bell lui raconta alors les multiples quiproquos avec Ryuu, ce qui fit bien évidemment rire aux éclats Ishtar, amusée par les déconvenues de son enfant.
"Déesse !" Fit le garçon outré.
"Je crois que cette fille ne pense pas à mal. Je crois même qu'elle t'aime bien."
"Ça me parait difficile à croire."
"Les elfes se contentent généralement d'ignorer les gens qu'ils n'aiment pas et vu l'attention qu'elle te porte…"
"Vous m'excuserez de ne pas vous croire cette fois."
"Comme tu veux."
La déesse n'insista pas davantage, le garçon aurait bien le temps de se faire sa propre idée sur le sujet. Bell enleva alors le couteau à sa ceinture, il était temps pour lui de satisfaire enfin sa curiosité.
"Déesse. C'est… c'est bien ce que je crois ?" dit-il en lui montrant la signature sur le fourreau.
"Tout à fait. Une arme signée Héphaïstos."
"C'est génial ! Mais je croyais que…"
"C'était avant que je me rende compte à quel point tu es différent. Et ce n'est pas une simple arme de qualité. C'est une arme créée spécialement pour toi. Elle va grandir et évoluer avec toi. Dans la pratique, seul quelqu'un avec ma bénédiction peut s'en servir. Mais ça, tout le monde n'a pas besoin de le savoir."
"C'est… C'est génial." dit-il tout en observant l'arme attentivement et les nombreuses runes à sa surface. "Elle a un nom ?"
"Hmmm ? Maintenant que tu le dis, j'ai oublié de lui en donner un. Eh bien, c'est l'occasion ou jamais, des idées ?"
Bell resta à réfléchir un moment, mais il n'avait rien d'intéressant qui lui venait en tête. Enfin, si, plein de noms qui avaient l'air cools sur le papier, mais qui étaient tous des délires de petit garçon qu'il n'assumerait jamais en public.
"Je sèche un peu déesse. Voyons voir… si seuls des gens avec votre bénédiction peuvent l'utiliser… pourquoi pas… 'Dague d'Ishtar' tout simplement ?"
"Hmmm… Il y a de l'idée, mais je ne suis pas fan. J'ai certes une haute opinion de moi-même, mais de là à carrément donner mon nom à une arme, je trouve ça un peu égocentrique."
Ailleurs en ville, une petite déesse à couettes et grosse poitrine se mit soudainement à éternuer. Une déesse dont la situation devenait de plus en plus compliquée et qui se sentait de plus en plus tentée à l'idée d'aller au moins écouter ce qu'Ishtar avait à proposer.
Cette dernière était justement en pleine réflexion sur le nom à donner à cette arme. Arme qui lui avait tout de même coûté l'équivalent d'un mois de bénéfices du quartier des plaisirs. C'était dire à quel point l'arme avait coûté cher… et à quel point Ishtar était fortunée.
"Voyons voir… puisque cette arme est faite pour toi, un membre du Delebat, donc un représentant de mon côté astral… 'Dague de l'astre du soir' ? Non, trop long. Je sais ! Pourquoi pas 'Dague astrale' tout simplement ?"
Bell resta un instant silencieux, considérant l'option choisie par la déesse.
"Oui, ça m'a l'air bien. C'est simple, mais un peu poétique et la symbolique est claire. Ça me va !"
"Très bien" lui fit la déesse sur un ton enjouée. "Cette arme sera donc la Dague Astrale à partir de maintenant."
"Et je vous promets d'en prendre grand soin déesse."
"Je n'en doute pas."
Cette fois-ci, Ishtar n'avait même pas eu besoin de lui dire pour Bell aille rapidement au bain. Entre la course-poursuite et le combat, il était sale et rêvait juste d'eau chaude et de savon pour laver aussi bien son corps que sa fatigue.
Bien évidemment, à peine cinq minutes après qu'il soit rentré, la porte s'ouvrit pour laisser passer Ishtar, sans que cela ne déclenche le moindre mot du garçon.
"Ara ? Tu ne dis rien Bell ? Pas de cri ? Pas de saut au plafond ?"
"Vous savez, même moi, je ne suis pas aussi naïf et ce n'est plus une surprise quand on s'y attend."
"Effectivement."
"Et vous ne voulez vraiment pas vous couvrir un peu ? Je ne sais plus où regarder moi…" fit le jeune homme, les joues en feu, alors que sa déesse s'approchait, nue, bien évidemment.
"C'est simple, tu peux regarder absolument partout Bell." Répondit-elle en prenant une pose de pin-up pour le provoquer encore un peu.
Et bien évidemment, Bell répondit en lui tournant le dos. Elle faisait vraiment tout pour le mettre mal à l'aise avec ses blagues.
"Tu sais Bell, plus tu boudes, plus j'ai envie de t'embêter."
"Ça s'appelle du harcèlement !"
La déesse lui répondit alors avec un petit rire amusé. Elle aimait le taquiner, mais elle ne lui ferait jamais de mal. Si elle se permettait d'être ainsi avec lui, c'était parce qu'il ne détestait pas ça dans le fond.
"Tu préfèrerais que je sois une déesse hautaine qui te traite comme un pion et ne consent à te recevoir que pour mettre à jour ton statut en fonction de mon humeur ?"
Ce qui était déjà la façon de faire d'un bon paquet de divinité. Bell ne répondit rien, il savait que sa relation avec Ishtar était quelque chose de privilégié. Elle comblait un vide affectif dans sa vie, un trou creusé dans son cœur après la brutale disparition de son grand-père.
"Je voulais aussi que tu saches que je t'ai trouvé très courageux aujourd'hui et ce que tu as fait était impressionnant."
"Merci Déesse. Je suis juste content qu'on s'en soit sorti."
On ne devient pas un héros simplement en le voulant, mais par ses actes. Bell n'avait pas sauvé Ishtar avec l'idée que cela ferait de lui un héros, mais uniquement par désir sincère de la protéger.
"Du coup, je vais te récompenser en te lavant."
"Vous… vous voulez dire en me frottant le dos ?" Demanda-t-il sur un ton trahissant son inquiétude. Mais il n'eut en réponse qu'un rire coquin de la déesse.
"En me frottant le dos n'est-ce pas ?"
Mais malheureusement pour lui, rien n'était aussi simple et Ishtar partit à l'assaut de son corps, éponge et savon en main. S'en suivit alors un rodéo assez fou, ponctué par les suppliques de Bell.
"Non… Déesse… arrêtez ça ! Stop ! Vous n'avez pas besoin de laver cette endroit !"
Une dizaine de minutes plus tard, les deux étaient assis côte à côte dans le bain, Ishtar fredonnait gaiement pendant que Bell, mort de honte, se cachait le visage derrière ses mains.
"Je ne pourrais plus jamais me marier…"
"Mais si. On fera même une jolie petite cérémonie à chaque femme que tu feras rentrer officiellement dans ton harem."
"Vous n'allez jamais arrêter avec cette histoire de harem ?"
"Evidemment, je serais toujours là pour t'encourager à réaliser tes rêves."
"On ne peut pas plutôt garder ça dans mon sombre passé ?"
"Mauvaise idée, le passé nous rattrape toujours Bell. Et puis tu es un aimant à femmes, alors assume petit coquin."
"Ne dites pas ça comme si je le faisais exprès !"
"Je crois que c'est ça le plus fou…"
Le garçon avait une sorte d'aura qui lui permettait de faire facilement succomber les femmes, c'en était presque… divin. Était-ce le résultat de l'éducation de son grand-père ? Une bénédiction cachée ? Peu importait à Ishtar, dans tous les cas, ce serait toujours très amusant à regarder.
Et bien évidemment, après avoir envahi la salle de bain, Ishtar se sentit bien évidemment obligée de continuer à envahir son espace vital en dormant dans son lit. Sans lui laisser le choix évidemment. Bell s'y attendait et il était trop fatigué de sa journée pour argumenter. La course-poursuite, le combat, la pression sur les nerfs. Le garçon était physiquement et mentalement épuisé. Alors, malgré la présence d'Ishtar, il s'endormit assez rapidement et plongea dans un sommeil profond.
Mais ce ne fut pas le cas de la déesse qui devait se confronter à ses propres problèmes.
Bell dormait, allongé sur le côté, respirant lentement, le corps complètement détendu. Ishtar était allongée contre son dos, l'une de ses mains enlaçait délicatement le garçon, s'étant infiltré sous son haut pour caresser doucement son ventre. La déesse constata que les abdominaux du jeune homme commençaient à se dessiner de plus en plus clairement. Et cela ne l'aidait pas du tout, pire, cela ne faisait qu'augmenter sa frustration.
Au début, il y avait eu la découverte, l'affection que Bell suscitait chez elle. Mais maintenant, elle se confrontait à quelque chose d'autre, son propre désir envers le jeune homme. Comme elle l'avait dit à Héphaïstos, les dieux ne pouvaient pas échapper à leur nature profonde. Et cela était aussi vrai pour elle.
Ishtar était une déesse de la beauté et de la fécondité. De ce fait, elle représentait aussi la sexualité. Si elle s'adonnait aux plaisirs de la chair, ce n'était pas par caprice ou à cause de son caractère, du moins, pas entièrement. Mais c'était aussi dû à sa nature. Quand une déesse comme Ishtar se prenait d'affection sincère pour quelqu'un, elle ressentait naturellement le désir de s'unir physiquement à cette personne.
Bell lui faisait envie… terriblement envie. Elle le voulait entièrement. Sentir ses mains sur sa peau, la douceur de ses baisers… le sentir en elle pour une danse d'amour passionnée.
Cependant elle avait juré qu'elle ne le forcerait pas et qu'elle se contenterait de le taquiner jusqu'à ce qu'il sente au fond de lui un désir similaire. Mais en faisant ça, elle allait à l'encontre de sa nature profonde. Sa retenue était devenue frustration. Et la frustration commençait à devenir douleur.
Le visage à moitié enfoncée dans la chevelure de Bell, une main sur le ventre du jeune homme, la déesse, constatant qu'il était bien endormi, laissa son autre main descendre naturellement entre ses cuisses.
Doucement, silencieusement, elle se laissa aller à quelques plaisirs solitaires. Faire ça en étant collée à lui, alors qu'il dormait profondément… La déesse eut un peu honte de son geste. Mais la honte amenait également une autre forme de plaisir, celle qui accompagnait l'interdit et le risque.
Mais ce pauvre palliatif était bien la seule chose qui apaisait présentement sa frustration et sa douleur, même un peu.
Un jour, elle parviendrait surement à décoincer Bell, lui faire admettre ses envies et ce jour-là, elle serait là pour l'accueillir dans la chaleur de son étreinte. Mais en attendant, sa présence et ses adorables petits ronflements devraient suffire…
De son côté, Tammuz aussi commençait à souffrir de plus en plus des changements chez sa déesse, enfin, à sa manière.
Il était longtemps resté le favori d'Ishtar, son plus proche conseiller et son amant régulier. Il lui avait littéralement tout donné, son corps et son âme. Et voilà que ce gamin arrivait et qu'il monopolisait l'attention de sa déesse. Au début, il avait cru comme tout le monde que ce ne serait qu'une passade, un jouet amusant dont elle finirait par se lasser.
Mais elle changeait et son affection pour Bell semblait devenir quelque chose de durable. Techniquement, il était toujours l'amant de la déesse et lui avait bien comprit que, contrairement à ce que Lena disait, Bell n'était pas encore capable de jouer ce rôle.
Il aurait donc dû se sentir privilégié, mais il n'en était rien. La déesse couchait toujours avec lui, mais il comprenait de plus en plus qu'il n'était qu'un vulgaire remplaçant. Que pouvait-il y avoir de pire que de faire l'amour à une femme qui pensait clairement à un autre ?
Ce matin-là, quand Bell partit pour le Donjon, l'homme l'avait suivi. Tammuz serrait le poing, ressentant de plus en plus de colère à l'égard du garçon. Malgré son petit exploit de la veille, il restait encore un morveux impuissant face à lui. Ce serait tellement simple de s'en débarrasser maintenant.
L'homme était prêt à laisser parler sa soif de sang quand une voix se fit entendre derrière lui.
"N'y pense même pas."
La voix était celle d'Aisha, adossé contre un mur, le regardant sévèrement.
"Si tu t'imagines que le faire disparaitre va t'apporter l'amour d'Ishtar, tu te trompes. Cela t'attirera juste sa fureur et un tourment sans fin."
"Elle l'oubliera très vite." Dit-il simplement, comme s'il essayait de se convaincre de ce fait.
"Il n'y a décidément pas plus sourd que celui qui ne veut rien entendre. Ce gamin n'est pas qu'une passade, une lubie ou quoi que ce soit du genre. Il est bien plus maintenant."
Sa déclaration ne fut accueillie que par un rire moqueur de l'homme.
"Tu le défends maintenant ? Ce gamin te plait ou quoi ? Je croyais que seuls les hommes forts t'excitaient."
"Si tu crois que c'est mon seul critère, tu es un idiot." Fit-elle avec un petit sourire narquois. "J'aime les hommes forts, mais qui ont aussi cette pointe de sauvagerie, les vrais fauves. C'est pour ça qu'aussi fort soit-il, un gentil toutou ne parviendra jamais à m'exciter."
L'insulte était évidente, mais Tammuz serra les dents et préféra en rester là. Se battre contre Aisha maintenant serait un mauvais coup à jouer. Tout comme s'attaquer au gamin. Avec un grognement, il fit donc demi-tour, bien décidé à attendre son heure. Elle finirait par venir tôt ou tard.
Aisha le regarda partir en silence. Elle-même était en plein questionnement ces derniers temps et il fallait qu'elle prenne aussi une décision. Elle était peut-être encore sous le contrôle du charme d'Ishtar, mais elle restait quand même en partit maîtresse de son destin. Et si elle voulait avoir les moyens de ses ambitions, elle ne pouvait plus se permettre de rester à la traine derrière des gens comme Tammuz ou Phryne.
Ce jour-là, Bell passa un bon moment dans le Donjon afin de tester sa nouvelle arme. Elle n'était pas seulement puissante, elle semblait totalement adaptée à sa main, comme si elle était un prolongement naturel de son corps. De plus, son tranchant était vraiment exceptionnel, elle passait à travers le cuir et les écailles des monstres comme si c'était du beurre.
Sans compter qu'avec la belle augmentation de statistiques qu'il avait obtenue, les premiers étages n'avaient plus rien d'un défi pour lui. Ce fut donc une journée très lucrative pour le jeune homme, qui rentra chez lui de bonne humeur, loin de soupçonner les forces dans l'ombres qui le surveillaient… ni la surprise qui l'attendait chez lui…
"Je savais que je me faisais avoir… Je savais que je me faisais avoir !"
"De quoi parles-tu Hestia ?"
"Tu te fiches de moi Ishtar ? C'est quoi cette tenue !"
"Une tenue de soubrette Hestia. Et je ne vois pas où est le soucis, je t'en ai donné une vraie, pas celle adaptée aux jeux de certains de mes établissements."
Effectivement, quand il rentra chez lui, Bell trouva sa déesse, accompagnée d'une autre femme. Petite, cheveux noirs, et sa tenue ne parvenait pas à masquer le fait qu'elle avait été très gâtée par la nature. Une femme présentement vêtue d'une tenue de soubrette. Et comme Ishtar le lui disait, sa tenue n'avait rien d'affriolant, c'était une tenue de servante tout ce qu'il y avait de plus classique, couvrant l'intégralité du corps, avec une robe descendant jusqu'aux chevilles. Le fait qu'Ishtar puisse avoir à disposition une tenue aussi sage paraissait même étrange en un sens.
"Elle est même bien plus sage que ta petite robe blanche habituelle. Une tenue très osée d'ailleurs pour une déesse vierge."
"C'est pas parce que je suis une déesse vierge que je dois avoir honte de mon corps ! Je suis pas cette prude frigide et misandre d'Athéna !"
"Tu marques un point."
C'était effectivement le cas, des trois déesses vierges, Hestia était la moins coincée des trois. Si Artémis se méfiait grandement des hommes, elle pouvait admettre une certaine tolérance, très limitée, à leur égard. Quant à Athéna, elle était l'incarnation même de la misandrie et aucun homme n'avait intérêt à l'approcher à cinq cents mètres à la ronde sans une bonne excuse. Hestia, elle, vivait simplement comme elle l'entendait.
"Mais ça n'explique toujours pas pourquoi je dois m'habiller en soubrette !"
"Parce que je t'ai engagé pour ce travail. Vois-tu, Bell est actuellement le seul occupant de cette maison et je sais qu'il se sent obligé de s'occuper des corvées en plus de ses journées dans le Donjon, j'ai donc besoin de quelqu'un pour entretenir la Demeure Astrale !"
"Demande à tes autres enfants alors ! Y'a bien quelqu'un dans ta familia qui va le faire !"
"Je pourrais. Mais j'aimerais quelqu'un de plus… neutre en un sens. Et puis, ça t'arrange toi aussi, vu que tu cherches du travail."
"Je n'ai jamais dit que je cherchais…"
"Ou alors, tu préfères continuer à manger des croquettes de patates tout en vivant dans la vieille église en ruine qu'Héphaïstos consent à te laisser occuper ?" lui fit Ishtar, la coupant dans son élan, tout en lui rappelant sa situation très… compliquée.
"Un travail honnête, avec logement et toute commodités incluses, sans lien avec un établissement de plaisir. Cette demeure est la base du Delebat, la nouvelle branche de ma familia dédiée à la seule exploration du Donjon. Tu vois ? Je ne t'ai jamais menti."
Après avoir observé en silence cet échange quelque peu surréaliste à ses yeux, Bell se décida enfin à s'immiscer dans la conversation.
"Mais Déesse, on ne peut pas lui faire ça…"
"De quoi parles-tu Bell ?"
"Je veux dire… Dame Hestia est déesse. On ne peut pas lui faire passer le balais."
"Correction, c'est une déesse fauchée qui doit apprendre à travailler pour gagner sa vie, faute d'avoir une familia pour l'aider."
"Je suis juste là, tu sais, arrête de me narguer."
La fondation de sa familia était encore un sujet sensible pour Hestia, car toutes ses recherches se révélaient catastrophiques pour le moment. Entre les pervers qui regardaient un petit peu trop sa poitrine, les gens qui voulaient une falna pour des raisons peu louables en profitant d'une nouvelle déesse sans influence et autres choses du genre, Hestia n'était pas vraiment en veine en ce moment.
"Vois ça comme une situation transitoire te permettant d'avoir une situation stable pour chercher plus sereinement tes premiers enfants."
Ishtar ne pensait vraiment pas qu'Hestia viendrait vraiment la voir pour trouver du travail. L'autre soir, au banquet de Ganesha, elle lui avait dit ça sérieusement, mais sans vraiment y croire. Alors ce fut une surprise quand la petite déesse vint la trouver ce matin-là. Ishtar sut alors ce qu'elle devait faire, la mettre dans la Demeure Astrale.
Les rêves l'avaient orienté vers Bell. Des rêves dans lesquels le garçon portait une falna avec l'emblème divin d'Hestia sur le dos. Cela devait avoir un sens. Même si elle avait changé, Ishtar avait encore de nombreux ennemis et des engagements gênants pouvant se retourner contre elle. Au moins, si la situation dégénérait et qu'il lui y arrivait quelque chose, Hestia pourrait toujours récupérer Bell pour le garder en dehors des problèmes.
Les choses ne feraient alors que revenir à leur place initiale…
"D'accord, je veux bien me farcir les corvées. Mais même si ce n'est pas un établissement de plaisir, ce garçon reste un de tes enfants, alors qu'on soit clair, je ne fais pas le service de nuit !"
En réaction, Bell fut choqué et Ishtar se contenta de rire.
"Mais-mais-mais… je ne vous demanderais jamais ça !" lui fit Bell, rouge d'indignation. Il commençait à en avoir un petit peu marre qu'on le prenne pour un gigolo.
"Ishtar a forcément dû t'initier à plein de choses, n'essais pas de mentir à une déesse !"
"Je n'ai jamais rien fait avec ma Déesse !"
La déclaration de Bell provoqua un grand silence dans la pièce. Hestia s'apprêtait à lui passer un énorme savon pour un tel mensonge, mais elle était une déesse, elle pouvait détecter instinctivement les mensonges directs. Et là, elle savait qu'il disait la vérité.
"Rien du tout ?"
"Je n'ai rien fait d'indécent à ma Déesse."
"Pour mon plus grand malheur…" fit alors Ishtar avec une pointe de dépit dans la voix. Certes, depuis qu'il était son enfant, la définition de ce que Bell qualifierait d'actes indécents commençait à fluctuer, mais pas assez pour offrir à Ishtar ce qu'elle voulait.
"Attends. Toi. Elle. Pas de trucs cochons ?" fit-elle tout en les désignant tous les deux du doigts l'un après l'autre. La nouvelle était tellement choquante qu'Hestia en avait perdu sa grammaire sur le coup.
"Non, rien !" Insista alors le garçon, retournant un peu plus le couteau dans la plaie pour sa déesse qui n'attendait que ça de son côté.
"Pour l'instant en tout cas…" glissa alors Ishtar avec une pointe de taquinerie dans la voix.
"Déesse !"
Hestia n'était pas au bout de ses surprises, car en les regardant interagir, elle découvrait une Ishtar qu'elle ne connaissait absolument pas. Taquine, joueuse, mais adorable en un sens. C'était ce gamin qui avait fait ça ? Et si oui, par quel miracle ? La petite déesse parvint tout de même à retrouver ses esprits et revint dans la conversation.
"Bon, très bien, j'accepte ce travail pour le moment. Mais qu'on soit d'accord, dès que je trouve des enfants pour fonder ma familia, je partirais immédiatement."
"Ça me convient." Lui répondit Ishtar.
"Et toi ! Ne t'avise pas d'utiliser ce visage adorable pour essayer de me séduire !" dit alors Hestia en désignant Bell, les joues légèrement rouges. Ishtar nota alors que même Hestia n'était pas totalement insensible au charme de Bell.
"Je n'en ai pas l'intention ! Je ne suis pas un gigolo !" répondit-il à Hestia avant de se tourner vers Ishtar. "C'est votre faute déesse ! A force de dire des bêtises, les gens imaginent n'importe quoi !"
"Je ne suis en rien responsable de ta mignonnerie." Fit Ishtar avec un sourire amusé.
Et au fond d'elle, elle se sentait aussi rassurée, avec Hestia et sa personnalité bruyante, la maison allait devenir bien plus animée…
Et pendant que Bell gérait ses propres soucis, un autre homme devait lui aussi gérer les siens. Comme le lui avait demandé sa déesse, Allen enquêtait pour en apprendre plus sur Bell, mais les résultats étaient assez mitigés.
Il n'avait rien apprit de vraiment concret sur le garçon, mais avait tout de même découvert qu'il avait une bonne réputation au sein du quartier des plaisirs et que tout le monde l'adorait, au point qu'il commençait à changer un peu les choses malgré lui. Un bon exemple de ce changement était le comportement de la fille de joie qu'Allen venait voir en guise de couverture pour sa surveillance.
Avant, c'était une fille malheureuse, presque désespérée, qui attendait avec impatience qu'Allen la rachète enfin pour la libérer de sa condition. Mais depuis quelques temps, elle avait changé, elle était plus enjouée, plus détendue et ne faisait même plus une seule allusion à son rachat. Quand Allen parvint enfin à orienter la conversation sur Bell, ce fut pour finir sous un déluge de compliments à l'égards du garçon. Il eut dont le plaisir de découvrir qu'il était trop mignon, super gentil, adorable, serviable et que tout le monde l'adorait. Il n'était pas difficile de comprendre que cette prostituée s'était aussi prise d'affection pour lui et commençait à oublier Allen.
Le chat avait beau dire que seul sa déesse comptait, c'était quand même un petit peu vexant.
Mais il parvint tout de même à obtenir une info viable, à savoir l'endroit où il vivait, un endroit appelé la Demeure Astrale, ainsi que l'emplacement de cette dernière.
Voyant qu'il n'obtiendrait aucune autre information ici et que de toute façon, la fille ne semblait plus être si intéressée par lui, il estima qu'il était temps de changer de crèmerie. Et donc de trouver un nouveau point d'observation pour accomplir sa mission.
Cela le mena donc au seul bordel qui lui permettrait d'observer la fameuse maison, un endroit appelé le Soupir de Minuit.
Quand Allen rentra dans les lieux, il était vêtu d'un cape à capuche, ce qui n'était pas extraordinaire en soit, beaucoup de visiteurs du quartier préféraient faire preuve d'une certaine discrétion. L'établissement était un endroit standard, rien de très luxueux, mais pas non plus un truc infâme. Les lieux étaient propres, l'effort était mis sur une certaine ambiance pour mettre le visiteur à l'aise.
Vu l'heure qu'il était et en se fiant aux sons, il comprit que l'établissement était déjà bien fréquenté pour ce soir-là, mais cela ne le dissuada pas pour autant. Dès qu'il fut entré, une femme vint vers lui. Une prum, élégante, raffinée, ses cheveux bleu nuit encadrait un visage dégageant une certaine maturité. Eventail à la main, elle marchait d'une démarche à la fois souple, élégante et séductrice.
"Bienvenue au Soupir de Minuit cher visiteur. Est-ce votre première fois chez nous ?"
"Oui." Fit-il d'une voix neutre, presque désintéressée.
Neela était du genre physionomiste, c'était utile pour se souvenir des clients réguliers ou des indésirables. Le Cat People n'était pas un habitué, sinon, elle se serait souvenu d'avoir reçu le Vana Freya dans son établissement. Car oui, elle connaissait aussi la plupart des aventuriers célèbres, même si les règles implicites du quartier lui indiquaient de faire comme si ce n'était pas le cas. Chacun était libre de venir profiter des plaisirs de ce quartier sans être jugé. Mais un membre aussi haut placé de la Freya familia l'inquiétait un petit peu. Malheureusement, elle ne pouvait pas non plus le chasser.
"Vu l'heure, je suis au regret de vous dire que la plupart de nos filles sont déjà occupées. Je n'ai malheureusement plus qu'une seule personne à vous proposer, cela vous convient-il ?"
"Ça fera l'affaire." Répondit-il en déposant une bourse de valis sur le meuble à côté. Allen était venu pour enquêter sous couvert d'être un client. Il n'avait pas l'intention de faire du zèle en faisant semblant de s'intéresser à une fille particulier, la première venue suffirait, une catin n'était qu'une catin après tout.
"Très bien cher invité, veuillez me suivre alors."
Allen suivit alors la prum qui le guidait vers les étage. Pour le moment, tout se passait bien, s'il se fiait à son sens de l'orientation, à la disposition des rues alentours et à la structure du bâtiment, la chambre où elle le guidait devrait avoir une fenêtre lui donnant un bon point de vue.
"Nous y voici, la chambre Douceur de minuit. Je vous souhaite de passer un agréable moment cher invité."
Neela était professionnelle jusqu'au bout. Courtoise, souriante, accueillante. Elle savait recevoir les clients, il lui accordait au moins ça.
Quand Allen rentra dans la chambre, ce fut en s'attendant à tomber sur une fille au sourire faux, espérant vite en finir, avec l'espoir de ne pas tomber sur un taré. Il savait déjà comment il allait s'y prendre. La jouer taciturne, ne pas lui sauter dessus, faire croire qu'il voulait juste un peu de compagnie, voire jouer au timide, avant d'aller s'assoir à côté de la fenêtre en prenant son air cool et mystérieux. Cela avait marché la première fois, il n'y avait pas de raison que ça ne fonctionne pas à nouveau.
Mais à peine quelques pas faits dans la chambre, il fut accueilli par une paire de seins moelleux dans laquelle il se retrouva le visage fourré bien malgré lui alors des bras l'enlaçaient et qu'une voix enjouée lui parlait.
"Alors c'est toi mon compagnon pour ce soir ? Ne t'en fais pas, maman va bien s'occuper de toi." Lui dit alors une weretiger aux formes légèrement rondes.
Allen ne s'attendait tellement pas à ça qu'il ne sut pas comment réagir. Pourquoi cette fille lui avait sauté dessus ? D'où sortait cette généreuse poitrine ? Et comment ça 'Maman' ?
Reprenant ses esprits, le chat se dégagea de l'étreinte et fit deux pas en arrière.
"Ho ? On est un peu timide ? Ne t'en fais pas, maman Dezra sait très comment mettre les gens à l'aise." Lui dit-elle avec un grand sourire maternel.
Les calculs d'Allen étaient bons, mais il venait visiblement de tomber sur une variable aléatoire. Cette femme n'était clairement pas une prostituée ordinaire et il ne savait pas trop comment la gérer.
De son côté, Neela avait un petit sourire mystérieux. Elle n'avait pas du tout prévu la visite du Vana Freya, mais le destin avait voulu que Dezra soit la seule personne disponible. Le balancer dans la chambre de l'excentrique adepte des kinks bizarres serait un bon moyen d'empêcher l'homme de faire n'importe quoi, car même lui devrait bien réfléchir à ses réactions.
Et effectivement, Allen était perdu, au point qu'il n'arrivait même pas à râler. Son ancienne favorite était une fille malheureuse qui avait tenté quelques avances en espérant le lier plus à elle, mais sans véritable amour et Allen avait pu facilement prendre l'ascendant psychologique sur elle pour avoir la paix. Mais là, il était face à une véritable allumée avec des idées très bizarres en tête.
Quelles étaient ses options ?
Fuir ? Et puis quoi encore ! Hors de question pour lui d'abandonner sa mission maintenant.
Repousser la fille ? Visiblement inefficace, car elle revenait à la charge.
La repousser plus méchamment ? C'était tentant, mais même lui savait que c'était une mauvaise idée. Faire preuve de violence ici ne ferait qu'attirer l'attention sur lui et serait totalement contre-productif.
Il n'avait pas le choix, il allait devoir essayer de la gérer, en espérant que ses nerfs allaient tenir.
"Hors de question de t'appeler maman !"
"C'est ce qu'ils disent généralement. Mais après, ils ne peuvent plus s'en passer."
Mais c'était quel genre de cinglé et elle recevait quel genre de tarés habituellement ? Où est-ce qu'il avait mis les pieds ? Ça semblait compromis pour se poser près de la fenêtre avec un air cool et mystérieux. Présentement, il était trop occupé à reculer, avant que son dos ne touche le mur et que l'autre folle ne s'approche de plus en plus.
"On pourrait y aller… plus doucement ?"
"Ne t'en fais pas mon chaton, maman est toujours très douce…"
Quelques heures plus tard…
Allen fixait le plafond, les yeux grand ouvert. L'homme était nu comme au jour de sa naissance. La prostituée un peu cinglée dormait, elle aussi nue, en le tenant dans ses bras comme une grande peluche.
Que s'était-il donc passé ? Il était Allen Fromel, le Vana Freya. L'un des plus puissants aventuriers d'Orario, le plus rapide qui soit et l'un des plus caractériels (en droite concurrence avec Bete Loga). Alors comment ? Comment avait-il fini dans cette situation ? Et pourquoi son esprit semblait avoir… oblitéré ce qui s'était passé les dernières heures ?
Et bien évidement, il n'avait pas du tout eu le temps d'espionner quoi que ce soit par la fenêtre.
Hagard, il parvint à se lever, se rhabiller et quitter les lieux comme un zombi. Quand elle le vit partir dans cet état, Neela, la responsable des lieux, ne put retenir un petit sourire victorieux derrière son éventail. Il faudra qu'elle pense à rajouter une petite prime à Dezra pour son excellent travail. Même si la weretiger n'avait rien fait de plus que de simplement être elle-même.
Ce jour-là, Freya mit un long moment à comprendre pourquoi Allen avait demandé à la voir en privé avant de se prosterner, front au sol, en la suppliant de le pardonner pour lui avoir faillit et avoir succombé aux avances d'une autre femme qu'elle.
Une fois que la déesse parvint enfin à lui tirer les vers du nez et comprendre ce qu'il s'était passé, elle se contenta d'éclater de rire. Pour le coup, elle ne savait ce qui était le plus drôle entre la situation elle-même ou les réactions quelque peu démesurées de son enfant.
Mais tout cela fut tellement amusant à ses yeux qu'elle pardonna bien volontiers Allen… non sans l'enjoindre à continuer sa surveillance, ce qui rendit l'homme étrangement blême.
Et pendant que Freya accordait une audience inattendue à un de ces enfants, Ishtar en faisait de même. Assise sur son trône, Aisha était agenouillée devant elle et venait de finir de parler pour exposer sa requête.
"Une expédition contre l'Amphisbanea ?"
"Oui ma déesse. D'après nos informations, la créature vient tout juste de réapparaitre et j'estime qu'une expédition de certaines de nos berberas contre lui pourrait être une bonne chose. Ce monster rex pourrait constituer un défi intéressant pour permettre à plusieurs d'entre nous de gagner en puissance, avec de potentielles montées de niveau à la clé."
"Cela me parait sensé, mais pourquoi maintenant ?"
"Au vu de nos… projets, j'ai estimé qu'il était nécessaire que nous gagnions en puissance afin de maximiser nos chances."
"Effectivement. Comptes-tu emmener aussi Haruhime ?"
"Non, ma déesse, je n'estime pas sa présence nécessaire."
"Pourquoi donc ?"
"La magie d'Haruhime ne dépend pas vraiment de son niveau, elle n'a donc pas besoin de gagner elle-même en puissance. De plus, j'estime que trop dépendre d'elle actuellement serait une erreur, nos berberas ont besoin de savoir se débrouiller sans elle. De plus, l'augmentation de puissance qu'elle accorde par sa magie étant fixe, gagner nous-même en force sera tout aussi bénéfique."
La déesse resta silencieuse un petit moment, réfléchissant à la proposition d'Aisha. Elle n'avait rien contre son idée, elle se demandait plutôt ce qui justifiait son envie soudaine de faire bouger les choses. Bien que ne pouvant pas lui désobéir directement, l'amazone avait fait le choix d'une certaine passivité ces derniers temps.
"Très bien, je valide ton projet. L'amphisbanea ne sera pas un adversaire intéressant pour Phryne, aussi elle n'ira pas et puisque c'est ton idée, tu l'assumeras jusqu'au bout en prenant le commandement de cette expédition."
"Bien ma déesse."
"Dans ce cas, je te laisse jusqu'à demain pour préparer cette expédition pour un départ au plus tard après-demain. D'autres vont vouloir profiter du retour de ce monster rex, alors il ne faut pas se faire devancer."
"A vos ordre ma déesse."
Le délai était très court pour préparer ce genre d'expédition, mais cela restait faisable. La familia avait les ressources nécessaires. Le plus dur était de préparer le groupe qui irait affronter l'amphisbanea.
Samira et Lena pour commencer, ainsi qu'une bonne partie des berberas de niveau 2 et 3. Bien sûr, elle n'essaierait pas de faire venir Bell. D'une part, Ishtar n'accepterait probablement pas de le laisser partir dans le Donjon en compagnie des Berberas et surtout, malgré les progrès rapides qu'il semblait faire, il n'était pas encore prêt pour un tel défi…
Lentement, mais sûrement, les choses commençaient à bouger.
