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Il avait froid. Froid et il était trempé. Il était aussi fatigué, parce que Queudver avait beaucoup réfléchi ces derniers temps. Les rats étaient des créatures intelligentes, mais ils n'avaient pas une capacité émotionnelle très élevée, ce qui n'aidait pas à gérer leurs réflexions. Il frissonna, essayant de ne pas penser à l'explosion et à toutes les personnes qu'il avait tué, ou à la douleur de s'être coupé le doigt. Il essaya de ne pas penser à Sirius, qui était en train de rôtir à Azkaban, ou à Remus, qui était probablement dans un sale état. Il essaya de ne pas penser à lui-même, qui allait devoir vivre chez les Weasley pendant un moment.
Il avait besoin d'une famille sorcière – une qui ne le noierait pas – et une qui ne le reconnaîtrait pas ou qui était en contact avec quelqu'un qui pourrait. Il avait fallu choisir entre les Weasley et les Lovegood au final et il avait opté pour le premier choix, essayant de ne pas s'apitoyer sur son sort. Il se sentait mal pour Lily et James, mais il n'y avait rien de personnel, et il pensait que la mort était un destin plus agréable que ce qu'ils allaient tous connaître – les Maraudeurs survivants.
Il frissonna et les petites mains chaudes qui le tenaient se serrèrent. Il se tortilla un peu. Il aurait voulu mordre le garçon qui le tenait, mais le garçon avait de bonnes intentions. Il était juste un peu trop brusque. Queudver pouvait accepter ça si cela voulait dire qu'il allait rentrer à l'intérieur il avait froid, il était mouillé et fatigué et sa patte lui faisait mal. Il avait utilisé la baguette de son Maître pour guérir sa main, mais il ne connaissait aucun sort pour atténuer la douleur. Sirius et James avaient toujours donné des potions à Remus pour ça et Peter ne savait pas comment les fabriquer.
« Fred, George ! dit le garçon qui le tenait. Je rentre à l'intérieur. »
A l'intérieur, cela semblait merveilleux et Peter essaya d'encourager le garçon en couinant doucement.
« Salut ! » lança une voix jeune et joyeuse.
Queudver supposa qu'elle appartenait soit à Fred, soit à George.
« Ouais, dit l'autre voix, presque identique sûrement appartenait-elle à l'autre. Salut. »
« Salut Percy ! » dit la première voix.
Queudver, étrangement, se rappela de deux autres garçons qu'il avait connu des garçons avec des cheveux foncés, cependant, et non roux. Il soupira – ou couina, plus exactement.
« Non, souffla le sauveur de Queudver – Percy. Si je rentre, vous devez rentrer aussi. Mère a dit que vous n'êtes pas assez grands pour jouer tout seul dehors. »
« On est assez grands ! »
« Non ! » dit Percy sèchement.
Queudver fut déplacé dans l'autre main de Percy – avec une douceur surprenante cette fois – et d'un coup, son monde se mit à secouer lorsque Percy se mit à courir. Percy tituba avant de se lancer en avant il avait la main serrée autour du poignet de l'un des plus jeunes garçons et le tirait vers la maison.
« Lâche-moi ! cria le jeune garçon. On sera sage, je le promets ! »
« Menteur. » dit Percy, l'air furieux, en continuant de le tirer.
L'autre – celui que Percy ne tenait pas – suivit, comme s'il était incapable d'être séparé de son frère. Ou son jumeau ? Queudver trouvait qu'ils se ressemblaient affreusement.
« Vous n'êtes jamais sages et c'est toujours de ma faute quand vous faites des bêtises. »
Queudver trouva que Percy était un peu dur avec ses frères ils ne devaient pas avoir plus que quatre ans. Percy lui-même ne devait pas avoir plus de six ou sept ans.
« Qu'est-ce qu'il y a dans ta main ? » demanda le garçon libre.
« Un rat. » dit Percy, soudainement joyeux.
« On peut voir ? » demandèrent Fred et George en même temps, l'air surexcité.
« Non, répondit Percy. Il a froid. »
« S'il te plaît. » gémit l'un des deux.
« On veut le voir. » dit l'autre.
« Non, répondit furieusement Percy. C'est le mien. »
Il atteignirent la porte et Percy finit par relâcher le frère qu'il tenait. Ils se mirent tous deux à courir dans la maison, laissant derrière eux une traînée de boue. Ils se jetèrent sur un panier de fruits posée sur la grande table.
« Percy, est-ce que Ron est avec toi ? » demanda une femme en se tournant pour regarder par-dessus le dossier du canapé dans le coin gauche de la pièce.
Il y eut un bruit – le bruit d'un petit enfant – probablement même plus jeune que Harry – qui était malade – et la femme – apparemment la mère de Percy – baissait à nouveau les yeux. Il y avait apparemment un bébé dans ses bras ou près d'elle dans le canapé.
« Oh, Ginny. » dit-elle.
« Ginny est malade ? » demanda l'un des garçons, partagé entre l'inquiétude et le ravissement.
« Cool ! » s'exclama l'autre, rappelant Sirius à Queudver.
« Ce n'est pas 'cool' ! s'écria leur mère, et les deux garçons eurent l'air logiquement penaud. Vous ne vous souvenez pas comme vous êtes mal quand vous êtes malades ? Et elle est loin d'être aussi grande et forte que vous deux. »
Les deux garçons affichèrent un visage accablé et s'approchèrent pour regarder par dessus le canapé.
« Ron, Percy ? »
« Je ne sais pas, répondit rapidement Percy. Mais j'ai trouvé un rat, Maman, regarde- »
Il s'approcha en montrant Queudver à sa mère.
« C'est bien, mon chéri. » dit-elle distraite et il y avait de quoi l'être car Ginny avait recommencé à vomir.
« Il est malade aussi, je pense- »
« Oh, bien, dis à Charlie d'y jeter un œil. » dit-elle sans lever les yeux.
Queudver sentit la déception de Percy et sentit son bras retomber un peu, son épaule s'affaisser. Percy porta Queudver jusqu'aux escaliers.
« Vérifie si Ron est avec Charlie, s'il te plaît. » s'écria sa mère.
« Charlie saura quoi faire. » assura Percy à Queudver en lui tapotant la tête, ce qui lui donna mal à la tête.
Il couina une fois pour exprimer sa douleur, mais Percy sembla prendre ça comme un encouragement et lui tapota de nouveau la tête, maladroitement.
« Charlie ? » appela-t-il en frappant à la porte au premier étage.
La porte s'ouvrit pour révéler un autre garçon aux cheveux roux – Queudver savait que les Weasley avait beaucoup de garçons, mais franchement, ça en devenait ridicule – qui portait un petit bonhomme riant sur l'épaule.
« Quoi, Perce ? » soupira le garçon – Charlie – l'air ennuyé.
Queudver eut l'impression que Percy n'était pas très populaire dans sa fratrie. Le gamin sur l'épaule de Charlie baragouina quelque chose d'incohérent. Charlie se mit à rire et fit redescendre le garçon – Ron ? – dans ses bras. Ron se débattit un instant, avant de repérer Queudver et de s'installer un peu mieux pour le voir.
« Où tu l'as trouvé ? » demanda Charlie en calant Ron sur sa hanche.
Il tendit une main vers Queudver pour qu'il le renifle et Queudver s'y contraint.
« Dans le jardin, dit Percy. J'ai failli lui marcher dessus. Mais il est gentil, regarde ! »
Il tapota à nouveau la tête de Queudver.
« Doucement. » l'avertit Charlie.
Queudver couina un remerciement, décidant que si Fred et George étaient comme James et Sirius, alors Charlie – le gentil et doux Weasley – était comme Remus.
« Il est malade ? demanda Percy. Il tremble. »
« Désolé, Ron. » dit Charlie en le posant par terre.
Ron tituba en avant pour essayer d'attraper Queudver, mais Percy – par chance – l'éloigna.
« Pose-le sur le bureau, dit Charlie en fouillant dans sa table de chevet. Il y a du journal dessus. »
Percy posa Queudver – comme Charlie lui avait demandé – et Queudver manqua de faire une crise cardiaque. Parmi les journaux utilisés se trouvait une copie de la Gazette une page sur laquelle le visage coléreux de Sirius s'affichait largement.
UNE SOMBRE AFFAIRE, disait le titre, détaillant ensuite la supposée trahison de Sirius envers Lily et James et également son rôle dans la mort de Peter et des moldus de la rue.
Seulement Peter n'était pas mort. Il était bien vivant.
Il avait survécu, oui, mais cela lui avait coûté. Son estime de lui-même lui disait que sa vie ne valait pas celles de ses amis, et son cœur se demandait si cela valait le coup de survivre sans aucun ami avec qui partager sa vie. Peter laissa échapper un couinement de détresse et se mit à nouveau à trembler, en supposant que seul le temps pourrait lui dire. Tout cela était nécessaire.
N'est-ce pas ?
« Il semble un peu stressé. » dit Charlie en écartant doucement Ron.
Les trois garçons observèrent Queudver avec minutie, qui se dandina un peu en se sentant au centre de l'attention.
« Il lui manqua un doigt. » dit Percy.
Le cœur de Queudver s'accéléra et il fit de son mieux pour couvrir l'article sur lequel on l'avait posé.
« Oui, répondit seulement Charlie, permettant à Queudver de se détendre. Alors, tu comptes le garder, Perce ? »
« Oui, j'aimerais bien. » répondit joyeusement Percy.
Le cœur de Peter se serra. Il aurait pu appartenir à Charlie – qui ressemblait à Remus – ou à Fred et George – qui étaient comme Sirius et James – mais au lieu de ça, il allait appartenir à Percy. Percy, l'exclu, Percy, celui qui était mis de côté au profit de ses amis bien plus intéressants – ou dans son cas à lui, de ses frères. Percy, qui était comme Peter.
Et Queudver ne savait pas s'il détestait Percy pour ça ou s'il l'appréciait. Il se déplaça un peu, essayant avec force de ne pas regarder le visage de Sirius, mais ses yeux finirent par le trahir.
« Mourir aurait été plus facile. » dit la photographie, surprenant Peter.
Sa voix résonna dans la chambre de Bill et Charlie, les murs pâles devinrent gris et le bureau en-dessous les pattes de Queudver se transforma en pierre.
Et alors, il s'agissait de nouveau de Peter, non Queudver et il se trouvait dans sa cellule à Azkaban. Il n'y avait aucun des garçons Weasley et il n'avait pas la possibilité de se transformer. Tout était différent la seule chose qui ne l'était pas, c'était que Peter était aussi gelé et mouillé qu'il l'était l'après-midi où Percy l'avait trouvé.
S'il vous plaît, faites que ce soit terminé, s'il vous plaît, faites que ce soit terminé, s'il vous plaît, faites que ce soit terminé …
Tonks croisa les doigts en trébuchant hors de la cheminée, dans la maison de Remus. Transplaner à l'extérieur et passer par la porte aurait été plus poli, mais à six heures du matin après une pleine lune … Et bien, elle avait confiance en Remus, mais elle avait aussi lu suffisamment de choses pour ne pas vouloir tester sa maîtrise lorsqu'il était encore un loup.
Quelqu'un jura, attirant son attention. Remus traversait la porte à l'instant, à l'autre bout de la pièce, ne portant rien d'autre qu'un fin bas de pyjama et plusieurs hématomes. Cependant, il n'était pas seul. Tonks se maudit d'avoir été si stupide après tout ce qui avait été révélé lors du procès et le fait que Remus s'était apparemment caché avec Sirius depuis, elle aurait du s'attendre à voir Sirius ce matin-là. Et pourtant, elle n'y avait pas du tout pensé.
Sirius, ex-tueur en série, rajusta sa prise sur Remus – Tonks remarqua que ce dernier n'avançait pas vraiment seul – et adressa à Tonks un regard nerveux, presque défiant, et attendit pour voir ce qu'elle allait faire.
« Salut. » dit-elle, perdant sa voix à la fin du mot.
« Bonjour. » répondit calmement Sirius sur un ton qui n'indiquait rien de particulier.
Ses yeux se tournèrent vers la cheminée, puis vers la porte qu'ils venaient de franchir. Ils se fixèrent pendant un long moment, avant qu'il ne grimace et s'avance, très lentement, pour aider Remus à s'allonger sur le canapé trop étroit.
« Il va bien ? » demanda Tonks en faisant un pas en avant.
« Arrête. » dit Sirius en levant la main.
Tonks s'exécuta.
« Il a toujours un … euh … instinct animal. »
Tonks dévisagea Remus, qui avait l'air épuisé, mais parfaitement humain.
« Dans sa tête, ajouta Sirius. Il s'est transformé depuis seulement cinq minutes, mais ça prend un moment avant qu'il retrouve ses esprits. S'il te sent, les choses pourraient se compliquer. »
« Oh, dit-elle. Pourquoi toi, tu peux- »
« Je sens toujours le chien, dit Sirius en lui adressant un sourire fatigué. Ou du moins assez pour que ça ne le fasse pas tiquer. »
Ses yeux balayèrent la pièce du regard, comme s'il cherchait une issue.
« Qu'est-ce que tu fais ici ? » demanda-t-il.
Les yeux de Tonks se posèrent sur Remus et pendant un moment, elle retrouva un sourire très familier sur le visage de Sirius. C'était le même qu'arborait Harry quand elle l'avait rencontré dans le bureau de Bones.
« Je suis venue voir Remus, dit-elle inutilement. Je savais qu'il serait là, alors- »
« Savais ? Comment ? » demanda Sirius sèchement.
Tonks se mit à rougir.
« Un sort, expliqua-t-elle. Fol-Oeil m'a aidé à le mettre en place. »
Un coin de la bouche de Sirius se retroussa lorsqu'il entendit ça. Il jeta un œil à la cheminée avant de soupirer.
« Je peux te servir quelque chose ? Un petit-déjeuner ? Du thé ? »
« Oh, euh, non, ça va. » dit Tonks.
Sirius hocha la tête, un peu gêné.
« Merci quand même. »
Il haussa les épaules. Sur le canapé, Remus grogna et entreprit de se retourner. Il serait tombé, mais à peine Tonks eut-elle le temps de pousser un cri de surprise que Sirius l'avait déjà rattrapé et réinstallé.
« Tu as déjà fait ça plusieurs fois. » constata Tonks.
« Quelques fois. » confirma Sirius en relâchant le coude de Remus.
Il attrapa un coussin et le plaça sous la tête de Remus, avant de l'observer pendant un moment. Tonks l'observa également et ne put s'empêcher de remarquer comme Remus avait l'air de mieux se porter, par rapport à la dernière pleine lune. Elle ne pouvait voir aucune blessure sévère sur lui – juste quelques petites sur ses épaules et ses bras – bien que ses côtes arboraient des hématomes assez moches.
Ils retombèrent dans un silence inconfortable. Tonks examina Remus à distance, essayant de déterminer l'étendu des dégâts et Sirius s'éloigna pour récupérer un sac-à-dos posé dans un coin, avant de commencer à en sortir des fioles. Tonks reconnut du Dictame, mais aucune des autres bouteilles. Sirius sortit également une baguette.
« Où as-tu- »
« C'est celle de James. » répondit Sirius sans lever les yeux.
Tonks pinça les lèvres et Sirius sembla le ressentir, car il eut l'air un peu fautif tout en agitant la baguette de James. Les coupures de Remus se refermèrent et la désapprobation de Tonks se changea en une admiration hésitante. Remus laissa échapper un nouveau bruit, cette fois plus un murmure qu'un grognement, tandis que Sirius soignait également ses bleus.
« Tu as déjà fait ça plusieurs fois aussi. » dit-elle en s'asseyant sur l'un des fauteuils.
Sirius la regarda, mais ne répondit rien. Remus se réveilla quelques minutes plus tard, l'air incroyablement désorienté. Sirius lui parla un peu – et semblait un peu gêné, si les regards en coin qu'il adressait à Tonks pouvaient indiquer quelque chose – lui demandant où il avait mal, comment il se sentait et s'il avait besoin de quelque chose.
Pour réponse, il n'obtint que quelques grognements, gémissements variés et tentatives de paroles, mais cela semblait avoir du sens pour Sirius, qui se mit à rire et offrit à Remus des potions de son impressionnante collection. Tonks se contenta de les observer tous les deux. Sirius était un mystère pour elle. Elle l'avait connu fut un temps, très longtemps, mais l'homme devant elle était très différent du Sirius dont elle se souvenait. Il était même différent du Sirius qu'elle avait vu lorsqu'elle était de garde au Ministère.
Le Sirius de son enfance était bruyant et constamment en train de rire, tandis que celui-ci était calme et plutôt sérieux – même s'il fallait l'avouer, cela était peut-être du à la longue nuit qu'il venait de passer. Et bien qu'il soit sûr de lui dans la manière de s'occuper de Remus, il semblait ne pas savoir que faire de Tonks, maintenant qu'elle n'avait plus la mission de le surveiller. Cet homme était méfiant, ce qui n'était une caractéristique qu'elle lui aurait attribué.
Et Remus … Même Remus était différent. Sa personnalité était la même et il n'avait pas vraiment changé physiquement – il était toujours le même, en fait – mais elle n'aurait pas imaginé qu'il se serait levé pour défendre Sirius au procès, alors elle ne le connaissait apparemment pas autant qu'elle le pensait. Elle avait encore beaucoup à apprendre sur son ami.
Sirius agita la baguette de James une nouvelle fois et finit par la ranger dans la poche de sa robe. Tonks était consciente qu'il bougeait, mais son attention était attirée par Remus qui s'était soudainement immobilisé ses yeux bruns et brumeux étaient tombés sur Tonks et elle lui adressa un sourire timide. Il ne lui répondit pas. En fait, il pâlit et détourna le regard.
« Patmol, dit-il rapidement avec une voix rauque. Sirius. »
Sirius lança un regard amusé en direction de Tonks, avant de regarder Remus, les coins de sa bouche se retroussant un peu. C'était un sourire très agréable, mais il y avait véritablement quelque chose de rusé dedans, et cela rendit Tonks nerveuse. Remus renifla et le sourire de Sirius s'élargit.
« Non. » dit Remus.
Il jeta un regard en coin à Tonks de nouveau, avant de sauter sur ses jambes. Sirius était prêt à le rattraper – Tonks pouvait le dire à la façon dont il s'était tendu – mais il avait aussi l'air un peu défiant.
« Assieds-toi avant de te blesser, idiot. » dit Sirius.
« Ne me traite pas comme un bébé. » lança Remus, visiblement grognon.
Tonks eut l'impression d'avoir loupé quelque chose – un geste, une odeur, une expression, quelque chose – parce que Remus avait l'air bien plus irrité que la situation ne le méritait.
« N'agis pas comme un bébé. » répliqua Sirius.
Il arqua ensuite un sourcil comme s'il mettait Remus au défi de le contredire. Remus grogna et fit un pas en direction de la cheminée, avant de réaliser apparemment que c'était trop loin et d'abandonner. Il ne s'assit cependant pas et ne regarda pas Tonks. Au lieu de ça, il fusilla Sirius du regard, comme si quelque chose de mauvais était arrivé que c'était de la faute de Sirius. Sirius lui lança un sourire narquois.
Tonks, ayant de plus en plus l'impression de manquer quelque chose, et de plus en plus comme si elle s'incrustait dans ce moment entre amis, se leva. Les yeux des deux hommes lui tombèrent dessus.
« Visiblement, j'ai choisi le mauvais moment pour venir- »
« Oui. » répondit simplement Remus.
« Non. » dit Sirius, la voix pleine de convictions.
« Sirius. » dit Remus.
C'était quasiment une plainte. Tonks se sentit rougir. C'était évident que Remus ne voulait pas d'elle ici et bien qu'elle pouvait le comprendre – elle l'avait ignoré pendant des semaines – cela lui faisait quand même mal car elle avait elle-même accepté de lui parler lorsque la situation était inversée. Elle l'avait au moins laissé essayer.
« Oh, pour l'amour de ... »
Sirius s'éloigna, en le fusillant du regard, attrapa un coussin sur le fauteuil le plus proche et le lança – avec une force considérable – sur Remus. Il l'atteignit en plein torse et ce fut suffisant pour le faire retomber sur le canapé, où il s'assit, le souffle coupé.
« Doucement ! » s'écria Tonks, mais Sirius ne sembla soit pas l'entendre, soit ne pas s'en soucier.
« D'accord, dit Sirius, l'air agacé. D'accord. »
Il ramassa son équipement médical et le fourra à nouveau dans son sac-à-dos.
« Je rentre à la maison – seul – et tu seras le bienvenu quand vous aurez pu discuter. »
« Sirius, s'exclama Remus en se levant de nouveau. J'ai besoin de repos- »
Sirius ouvrit la bouche pour dire quelque chose d'autre, mais la referma après avoir croisé le regard de Tonks. Elle frémit un peu, se sentant – de nouveau – comme si elle interrompait quelque chose. Sirius souffla bruyamment – et furieusement – avant de s'avancer et de passer un bras sous l'épaule de Remus. Remus eut l'air véritablement soulagé et Tonks se sentit un peu perdue. Sirius n'aida pas Remus à se rendre à la cheminée, cependant il le traîna jusqu'au couloir.
« Désolé pour lui. » dit sinistrement Sirius.
« Sirius ? demanda Remus, l'air sincèrement perplexe. La cheminée est par là. »
Il se tourna et croisa le regard de Tonks. Celle-ci eut presque l'impression qu'il lui demandait silencieusement de l'aide. Elle haussa les épaules elle ne comprenait pas suffisamment la situation pour savoir comment aider et elle laissa donc Sirius emmener Remus dans une autre partie du cottage.
« Alors la fenêtre ? » finit par dire Remus, en chancelant contre Sirius.
Tout lui faisait mal et sa tête résonnait. Sirius leva les yeux au ciel et ne répondit rien jusqu'à ce qu'ils atteignent la chambre de Remus. Sirius le laissa alors tomber sur son lit, sans cérémonie, et donna un coup de pied dans la porte pour la fermer. Sirius ne se rendit pas à la fenêtre cependant. Il resta là, debout, l'air à la fois furieux, impuissant et amusé. Remus essaya de se placer dans une position plus confortable, mais abandonna presque immédiatement car cela lui demandait un effort un peu trop important.
« Patmol- »
« Si tu n'étais pas en train de te remettre, je t'aurais jeté un sort. » lui lança Sirius.
Remus lui adressa un regard interrogateur.
« Trois semaines, répondit Sirius, perdant encore un peu plus Remus. Trois foutues semaines à écouter des excuses minables, à repousser une liberté complète, juste à cause de ton foutu complexe d'infériorité ?! »
Sirius ne parlait pas très fort – Dora ne serait sans pas capable de l'entendre – mais il était quand même suffisamment bruyant pour faire grimacer Remus.
« Maintenant, continua Sirius en lançant un regard exaspéré à Remus. Si tu étais inquiet à cause du Ministère, j'aurais pu comprendre. Ce que tu as fait pour moi pendant le procès, quand tu leur as parlé de … de Lunard … c'était énorme. »
Remus ne le contredit pas, parce que c'était la vérité. Il ne le regrettait pas, mais une grande partie de lui aurait préféré que ce ne fut pas nécessaire.
« Et je sais que le Ministère n'est pas vraiment exempt de préjugé- »
Remus renifla.
« -alors j'aurais pu comprendre que tu veuilles te cacher d'eux. »
« Bien. » dit Remus.
« Mais ce n'est pas de ça qu'il s'agit. » dit Sirius en adressant à nouveau un regard exaspéré à Remus.
C'était un regard que Remus avait adressé à Sirius – et à James – de si nombreuses fois au fil des années et il se demanda s'il leur avait aussi donné envie de se cacher. Remus jeta un œil à ses couvertures et considéra de s'y cacher, mais il supposa que Sirius l'aurait vite délogé.
« J'ai senti quand tu as vu Dora, dit Sirius en inclinant la tête. C'est d'elle que tu te cachais. »
« Non. » mentit Remus.
« Si, dit Sirius. Merlin sait pourquoi de ce que tu m'as dit, vous êtes proches tous les deux. J'aurais cru que tu aurais été heureux de la voir ici, pas que tu m'aurais demandé de te faire sortir par la fenêtre. »
« Étions, dit Remus. Nous étions proches. Elle me détes- »
« Évidemment qu'elle ne te déteste pas, sinon elle ne serait pas assise dans ton salon. »
Remus avait un très bon argument pour le contredire, mais il n'arrivait absolument plus à se souvenir de ce que c'était.
« Je l'ai trahi- »
« Personne ne t'a forcé à faire quoi que ce soit. » dit Sirius, plutôt froidement.
Remus se rendit compte trop tard qu'il l'avait probablement offensé. Il força sa tête douloureuse à penser à quelque chose à dire avant de ruiner une autre amitié, mais rien ne lui vint à l'esprit.
« Tu m'as aidé – et je t'ai déjà dit à quel point j'étais reconnaissant pour ça – parce que tu l'as choisi. Tu n'avais pas de problème avec ça pendant le procès, mais ensuite, tu as passé presque un mois caché chez moi parce que tu avais peur de ce qui pourrait arriver si tu essayais de justifier tes choix à Dora … ? Je veux dire, sérieusement ? »
Remus lui lança un regard noir, parce que tout cela semblait stupide quand ça sortit ainsi de la bouche de Sirius.
« De quoi tu as peur ? »
« Elle ne comprendra pas. » dit Remus.
« Ou peut-être que tu ne veux pas qu'elle comprenne. »
« Ne sois pas ridicule, dit Remus. Tu ne sais pas- »
« C'est moi qui suis ridicule ? » demanda Sirius.
Remus jeta un nouveau coup d'œil à ses couvertures.
« Et je ne sais pas ? Je pense que j'ai une idée plus précise que toi là-dessus, Lunard ! Je pense que tu ne veux pas lui parler parce que tu sais que vous allez être parfaitement capables de réparer ces petits malentendus. Et je pense que ça te fait peur, parce que tu sais que ça va vous mener à d'autres conversations, à d'autres situations, comme celles de la dernière pleine lune- »
« Non. » dit Remus.
« Et tu penses toujours – pour des raisons que j'ignore – que tu ne mérites pas ce genre d'ouverture d'esprit et tu penses qu'elle peut faire mieux que toi- »
« Elle peut. Je suis un mauvais ami. »
« Les mauvais amis, s'écria Sirius. Ne se dressent pas devant la moitié de la communauté sorcière et ne révèlent pas leur plus grand secret pour aider d'autres amis. »
Remus ne trouva rien à redire à cela.
« Tu te trompes, dit Remus, en pensant à autre chose. On parle ouvertement là et je ne te repousse pas. »
« Si ton amitié est vraiment si mauvaise, alors pourquoi est-ce que je la mérite ? Et Matt ? Soit tu nous considères aussi mauvais- »
Remus laissa échapper un gémissement de protestation.
« -soit ce n'est pas ton amitié avec Dora qui t'inquiète, espèce d'abruti. »
Sirius lui lança un regard qui voulait apparemment tout dire, mais Remus ne suivait plus. Sirius agita ses mains en l'air et se mit à faire les cent pas devant la porte. Remus ferma les yeux, car cela lui donnait le tournis. Finalement, Sirius reprit la parole.
« Tu sais quoi, tu as raison. Je m'imagine visiblement des choses et toi, comme tu l'as dis, tu n'es évidemment pas inquiet à l'idée de parler ouvertement, alors tu n'as donc aucun problème avec Dora. »
« Exactement. » répondit Remus, satisfait.
Sirius lui lança un regard réprobateur.
« Exactement, confirma Sirius en levant les yeux au ciel. Alors tu n'auras aucun souci à gérer les choses avec elle, n'est-ce pas ? Parce que vous êtes amis et tout ça, n'est-ce pas ? »
Remus fronça les sourcils, réalisant trop tard où cela allait le mener.
« Non, attends- »
Sirius ouvrit la porte et s'éloigna dans le couloir.
« Patmol ! »
Remus entendit Sirius dire quelque chose à Dora, avant d'entendre la cheminée s'activer. Remus sauta sur ses pieds. Sirius n'était pas vraiment parti, pas vrai ? Sirius s'était comporté comme un bon ami et avait renvoyé Dora, n'est-ce pas ? Il chancela jusque dans le couloir, utilisant le mur comme support. Le salon était vide, à l'exception de Dora qui piétinait à côté du fauteuil, ne sachant visiblement pas si elle voulait s'asseoir ou rester debout. Son expression s'éclaira à la vue de Remus, qui fronça les sourcils et observa la cheminée.
« Remus ? » dit Tonks, hésitante.
« Ce sale traître misérable, grogna Remus. Il est parti, pas vrai ? »
Elle acquiesça. Il grogna et se laissa tomber la tête la première contre le canapé.
« La prochaine fois, rappelle-moi de le laisser aux Détraqueurs, lui dit-il, sa voix étouffée par le tissu. Ça lui ferait les pieds pour m'avoir laissé douloureux et fatigué. »
Dora se mit à rire et Remus, qui s'était attendu à des cris ou à ce qu'elle disparaisse également, leva les yeux vers elle. Elle s'empressa de reprendre une expression impassible – littéralement, car elle fit disparaître ses yeux, son nez et sa bouche – et Remus renifla, si surpris qu'il ne put s'en empêcher.
« Tu anticipes la prochaine fois ? » demanda-t-elle, quand son visage retrouva son apparence normale.
« Tu l'as rencontré ? » demanda Remus en inclinant la tête vers la cheminée.
Dora sourit de nouveau.
« Il y aurait forcément une prochaine fois. »
« Il est différent de ce dont je me souviens, fit remarquer Dora. Plus vieux. »
« Harry lui a fait du bien. Ils se sont fait du bien mutuellement, en fait, dit Remus, avant de froncer les sourcils. Mais c'est toujours un abruti. »
« Et tu le laisseras aux Détraqueurs, c'est ça ? » demanda Dora, l'air amusé.
« Exactement. » confirma Remus.
Ils se dévisagèrent l'un l'autre et sourirent. Remus sentit finalement son sourire disparaître.
« Dora, je ne sais pas comment commencer à m'excuser- »
Dora s'approcha et se percha sur l'accoudoir du canapé.
« C'est pas grave. » dit-elle.
Elle n'avait pas l'air en colère et Remus – qui s'était attendu à ce qu'elle confirme – se sentit un peu confus.
« Les fautes sont partagés, je pense. »
« Par moi surtout. »
« Par toi surtout, confirma-t-elle avec un petit sourire, avant de secouer la tête. Est-ce qu'on peut éviter ça ? Ça m'embête un peu, mais je sais pourquoi tu as menti et j'aurais sûrement fait la même chose si la situation avait été inversé. Je suis désolée et t'es désolé, pas vrai ? »
La bouche de Remus frémit, mais il se força à garder un visage impassible.
« Ce n'est pas si simple- »
« Si, ça l'est. » dit Dora en croisant les bras.
Ses cheveux prirent une teinte orangée, ce que Remus comprit comme une indication de son agacement.
« Pourquoi ça ne devrait pas l'être ? »
« Parce que. » dit platement Remus.
La matinée n'avait pas été simple pour lui les gens tiraient avantage du fait qu'il avait du mal à exprimer des arguments cohérents.
« Bien argumenté, dit-elle en levant les yeux au ciel. Je pense que c'est simple. »
Remus eut l'impression que ça l'était et abandonna un peu à contrecœur. Elle se mit à sourire largement, sentant apparemment qu'elle avait gagné, et se pencha pour le prendre dans ses bras.
Il lui rendit le câlin et même s'il avait l'impression de devoir être embêté par le fait qu'il venait de perdre la dispute, il ne voyait pas comment être en bons termes avec Dora pouvait être une mauvaise chose. Il secoua la tête et abandonna l'idée.
Ah ! pensa-t-il. Sirius n'avait visiblement aucune idée de ce dont il parlait.
Tonks fit son arrêt habituel devant le box de Robards en allant en cours. Elle n'avait toujours pas compris pourquoi lui avait un box, alors que Fol-Oeil et Dawlish – qui possédaient le même statut que Robards – disposaient de bureau, mais était réticente à demander.
« Salut. » dit-elle en tapant sur le mur.
Robards, qui avait la tête penchée vers son bureau, bougea et leva la tête. Il avait un morceau de parchemin collé au visage et s'empressa de le décoller. Il s'éclaircit ensuite la voix, l'air un peu embarrassé.
« Bonjour, Tonks. » dit-il sur un ton bourru.
« Comment … euh … Comment ça va aujourd'hui, monsieur ? » demanda-t-elle, inquiète.
Il avait une barbe mal taillé, des cernes sous ses yeux verts et ses cheveux n'avaient visiblement pas été peigné depuis plusieurs jours.
« On a connu mieux, dit-il sèchement. Je cherche – crois-moi, je cherche – mais c'est juste que- »
Il s'arrêta pour bailler.
« -je ne trouve rien. Elle a pris des leçons avec Black ou quelque chose comme ça. »
« Oh. » dit Tonks, le visage défait.
Une partie de sa bonne humeur – gagnée pendant sa matinée passée avec un Remus fatigué et irritable – disparut.
« Je ne peux même pas demander à Black lui-même, soupira Robards en poussant quelques papiers sur son bureau. Parce qu'aucun de nous ne sait où le trouver lui aussi. »
Il lui lança un regard fatigué.
« Par hasard, tu ne saurais pas quand il a prévu de venir pour son procès ? »
« Non. » répondit Tonks.
Robards eut l'air déçu.
« Remus ne l'a pas mentionné, continua-t-elle sur un ton d'excuse. Je pourrais lui demander la prochaine fois que je le verrais, si vous voulez ? »
Elle réalisa alors qu'elle n'avait aucune idée de quand cela se produirait – il l'avait quitté sans aucun moyen de le contacter, bien que les protections autour de sa maison marchent toujours.
« Ce serait- »
Robards se frotta les yeux et bailla à nouveau.
« -utile, merci. »
« Pas de problème. » dit-elle.
Elle murmura son mot de passe pour son Sidekick, avant de froncer les sourcils. Elle était presque en retard.
« Euh ... »
Robards agita la main, son attention à nouveau sur un morceau de parchemin sur son bureau.
« Je reviendrais- »
« Demain, termina Robards. Je sais. »
Tonks s'en alla, se dirigeant vers le couloir qui menait à l'entrée dans le placard à balais.
« Bonjour. » dit Yaxley, lorsque Tonks s'approchait d'elle et de Ben.
Ils avaient tous les deux l'air épuisé et Florence, sans surprise, n'était pas là.
« Salut. » répondit Tonks.
Ben resta silencieux pendant un moment, comme s'il essayait de déterminer par quoi commencer.
« J'ai vu Robards. » dit-il finalement.
Yaxley fronça les sourcils en le regardant.
« Il- »
« Je viens d'y aller. » soupira Tonks.
Le regard de Ben s'obscurcit.
« Un désastre, pas vrai ? »
« Il dormait quand je suis arrivée. »
Les coins de la bouche de Ben s'affaissèrent et Yaxley posa une main sur son épaule, tout en adressant un regard triste à Tonks.
« Vous n'avez pas l'air plus en forme tous les deux. Nuit compliquée ? »
Ben passa une main dans ses cheveux et regarda Yaxley.
« Florence a disparu. » dit-il.
N'importe qui d'autre aurait ri, mais après Melvin, après McKinnon et après Remus – qui avaient déjà deux disparitions à son actif en quelques semaines – les personnes disparues n'étaient plus un sujet qui prêtait à rire aux yeux de Tonks.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » murmura-t-elle.
« On travaillait tard hier soir, occupés à surveiller un type qui vise des moldus. Lyra et Florence ont été prises dans un duel. Le type a eu Florence avec quelque chose et il s'est enfui. On a pensé que c'était seulement un sortilège de Stupéfixion, mais elle n'était pas bien elle était malade, elle tremblait et ça n'a fait que s'empirer … Et Kingsley a été touché par quelque chose – il est à Sainte-Mangouste – et quand on a fini par le stabiliser, notre homme avait disparu et Florence avec lui. »
« On a trouvé son Sidekick, mais on ne sait pas si elle est partie ou si elle a été enlevé, dit Yaxley, anxieuse. On a vérifié son appartement, Sainte-Mangouste, le Ministère tout entier- »
« Vous avez cherché des signatures magiques ? » demanda Tonks.
Cet horrible sentiment dans son estomac était de retour et bien trop familier.
« Sur les lieux ? Ouais : portoloins, dit Ben. Une vingtaine, tous activés en même temps et tous des destinations différentes. »
« Faits par qui ? »
« J'sais pas, répondit Ben. Les traces montraient juste la couleur des portoloins. »
« La couleur des portoloins ? » répéta Tonks, plus confuse que perturbée pour la première fois.
« Ouais, tu sais, bleu pâle. »
Tonks frissonna elle avait développé une aversion pour la couleur bleue grâce à leur affaire Greyback. Elle manqua de leur dire qu'il s'agissait sûrement juste de la signature magique de Florence qu'ils avaient repéré, mais ne le fit pas, parce que cela aurait mené à des questions ennuyeuses.
« Comme quand ils s'activent et qu'il y a cette couleur ? » ajouta Ben, mais Tonks ne l'écoutait plus.
Car le fait que le bleu pâle se trouve à l'endroit des portoloins voulait dire que Florence était celle qui avait créé ces portoloins et cela l'intriguait pour une raison qu'elle n'arrivait pas à saisir.
C'est idiot, cela dit pourquoi partirait-elle en plein milieu d'une enquête ? Et alors, elle réalisa Ben avait dit que Florence avait été malade et tremblante, et qu'ils s'étaient dit que le sort en était responsable. Et si ça n'avait pas été le cas ? Et si Florence avait du partir ? En raison de ses nombreuses heures à s'inquiéter pour Remus, Tonks était particulièrement consciente du fait que la pleine lune avait eu lieu la veille au soir.
C'est impossible. Sauf que si, c'était possible. Combien de fois Florence avait-elle loupé son réveil ou été malade ? Plus de fois que Tonks ne pouvait compter, franchement. Et combien de fois avait-elle senti quelque chose ou quelqu'un pour l'identifier ? Tonks essaya de se rappeler si elle avait déjà vu Florence tenir une mornille et en était incapable.
Et mon pull, se souvint Tonks. Elle avait passé l'après-midi avec Florence – Melvin et Keith – avant d'aller au camp, ce qui expliquait pourquoi le pull de Tonks avait senti comme la discrète Smoky. Tonks en était presque certaine.
Donc Florence est – à priori – Smoky, pensa-t-elle, et la panique commença à s'installer en elle. Pas parce que son amie était un loup-garou, mais parce que son amie était – à priori – une tueuse. Tonks et Fol-Oeil allaient devoir l'arrêter et bien qu'elle ait fait une faveur au monde sorcier, elle devrait quand même arrêter la formation et allait se retrouver à Azkaban.
Seulement si je la dénonce, réalisa Tonks, avant de se renfrogner, n'aimant pas ni l'idée de la laisser libre, ni celle de la dénoncer.
« Tonks ? dit Ben en posant une main sur son épaule. C'est rien, on va la retrouver. »
Tonks laissa échapper un petit rire, son esprit s'éclaircissant et espéra que ce qu'on allait leur apprendre aujourd'hui n'allait pas être trop intensif elle avait besoin de temps pour penser.
« Entrez. » s'exclama Albus, lorsqu'un des instruments posés sur la table dans le coin étincela.
Il entendit une inspiration bruyante et surprise de l'autre côté de la porte, avant qu'elle ne s'ouvre lentement pour laisser entrer deux enfants – un garçon et une fille – qu'il ne connaissait pas.
« Vous êtes le professeur Dumbledore ? »
« En effet, ma chère, dit-il en souriant. Et à qui ai-je l'honneur de parler ? »
« Je suis Sarah et voici Ethan. »
Le garçon – Ethan – agita la main timidement, les yeux rivés sur Sarah, et Albus inclina la tête, décidant qu'il était trop tôt pour demander pourquoi ils n'avaient pas mentionner leur nom de famille.
« Un plaisir. » dit Albus.
Il agita sa baguette, surprenant les deux enfants – une autre chose étrange – et fit apparaître des chaises.
« S'il vous plaît, asseyez-vous. »
Sarah hésita, mais s'avança et prit place. Après un instant, Ethan suivit son exemple. Albus utilisa ce répit pour réfléchir à leur identité, mais il ne conclut aucunement.
Sarah était la plus âgée, pensa-t-il – elle avait peut-être douze ans – tandis qu'Ethan n'avait pas l'air d'avoir plus de dix ans. Ils n'avaient pas l'air d'être de la même famille les cheveux de Sarah étaient blonds très clairs – presque de la teinte des Malefoy – et Ethan avait les cheveux d'un brun si pâle qu'ils avaient presque l'air gris. Les yeux de Sarah étaient bruns – et tristement hantés – et ceux d'Ethan étaient bleus. Il était mince, tandis que Sarah était plus ronde.
« Vous êtes confus. » dit Ethan, croisant le regard d'Albus pour la première fois depuis qu'il était entré.
Albus se mit à sourire, se sentant un peu troublé.
« En effet, je suis un peu perdu. » avoua-t-il.
Sarah et Ethan échangèrent un regard.
« Nous venons nous inscrire à votre école. » dit Sarah avec assurance.
Ethan s'éclaircit la gorge et Sarah se mit à rougir, l'air soudainement hésitante.
« Pour apprendre la magie. Si vous voulez bien de nous, bien sûr. »
Elle s'arrêta et observa Albus pendant un instant.
« Nous avons les lettres. Montre-lui. » aboya-t-elle.
Ethan, à la surprise d'Albus, ne frémit pas et ne sembla pas surpris le moins du monde par son ton. Au lieu de ça, il sortit deux parchemins sales et chiffonnés de sa poche et les lui montra.
Il s'agissait de lettres de Poudlard. Une destinée à Sarah Walker et l'autre à Ethan Runcorn. Albus prit une seconde pour se demander si Ethan était le fils d'Albert, mais il décida de remettre cette question à plus tard. Il reposa son attention sur les lettres. Celle d'Ethan était en ordre il aurait onze ans en février et était attendu à la rentrée de septembre. La lettre de Sarah, en revanche, était vieille de deux ans elle aurait commencé l'année passée. Les lettres n'avaient plus non plus d'enveloppes, alors Albus ne pouvait voir où elles avaient été envoyé. Sa curiosité à propos des deux enfants grimpa en flèche.
« Les deux sont authentiques, dit-il en rendant les lettres à Ethan. Je ne vois aucune objection à votre admission, Monsieur Runcorn. Par contre, la vôtre présente quelques difficultés apparentes, Miss Walker. Puis-je vous demander pourquoi vous n'avez pas commencé l'école l'année dernière ? »
« Les choses étaient différentes. » dit-elle.
« Comment ? » demanda-t-il doucement.
Pendant un instant, il pensa qu'elle allait refuser de répondre – sa mâchoire s'était serrée et son nez retroussé – mais elle sembla alors se reprendre et bougea un peu sur sa chaise.
« Père était en vie. » dit-elle, la tristesse atteignant à nouveau ses yeux.
« Je suis désolé pour vous. » répondit Albus, essayant – et échouant – à nouveau de comprendre ce qu'il s'était passé.
« Vraiment ? » demanda-t-elle.
Il avait quelque chose dans sa voix qui était presque défiant. Ethan les fixèrent tous deux, l'air nerveux.
« Vous ne savez même pas qui était notre père. »
Notre père .. ? se demanda Albus.
« Dans tous les cas, dit-il doucement en se sachant sur une pente glissante. Perdre un membre de sa famille n'est jamais facile. »
Sarah sembla satisfaite de sa réponse, puis pensive. Ethan avait toujours l'air anxieux, même si cette fois, Albus trouva quelque chose de familier dans le garçon, bien qu'il ne comprenne pas quoi. Quand Albus tourna les yeux vers Sarah, elle sembla imperturbable. Les enfants qui n'étaient pas mal à l'aise lorsque Albus utilisait ce que Minerva et Severus appelait son regard à rayons X étaient rares. La réaction d'Ethan était bien plus normal il semblait diminuer sous le regard d'Albus et cela ne fit qu'augmenter cette impression familière. Albus réalisa finalement pourquoi.
Il y avait quelque chose chez Ethan qui lui rappelait Remus. Peut-être était-ce le fait qu'il était aussi maigre que Remus à son âge ou peut-être était-ce son manque d'assurance face aux inconnus ou peut-être était-ce sa simple expression. Le sourire d'Albus était léger et troublé, mais il était sincèrement heureux d'avoir compris ce qu'il se passait.
« Il a compris. » murmura Ethan, en regardant Sarah.
Les deux eurent l'air un peu effrayé, bien que Sarah avait aussi l'air défiante.
« Et bien ? dit-elle, de manière autoritaire. Vous allez nous accepter ? »
« Peut-être. » dit Albus, laissant glisser une once de réprimande dans sa voix.
Sarah s'agaça et Albus décida de ne pas réessayer cela à nouveau.
« J'ai quelques inquiétudes, comme vous pouvez le comprendre, mais j'ai aussi déjà été dans cette situation – ou dans une situation très similaire, en tout cas – et je sais qu'un arrangement comme celui que vous proposez peut non seulement marcher, mais être couronné de succès. »
Sarah et Ethan échangèrent un long regard, tandis qu'Albus s'adossait à sa chaise et croisait les mains. Sans surprise, ce fut Sarah qui reprit la parole.
« Quelles inquiétudes ? » demanda-t-elle.
