Chapitre 10
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Assise sur son lit, Anna priait pour que la tempête se calme. Les mains crispées au bord du matelas, elle écoutait les bruits du bateau, incapable de dormir. Depuis plusieurs heures maintenant, une tempête faisait rage, et comme il était souvent coutume, le Capitaine ne faisait rien pour l'éviter. Il laissait son navire aller là où le vent et les vagues le poussaient, en priant pour ne pas arriver sur des hauts-fonds. Les vagues se fracassaient donc sur le pont dans un bruit de tonnerre et la pauvre Anna était terrorisée.
Soudain, on toqua contre la porte de la cabine, et la porte pivota.
— Altesse, tout va bien ?
— Non, répondit Anna.
— Faut-il vous tenir compagnie ? demanda le garde royal.
Il tituba en entrant dans la pièce et s'accrocha au montant du lit. Il observa alors Anna et la découvrit blanche, les yeux fermés, les mâchoires crispées.
— Je m'en occupe, dit alors un homme.
— Prince Hans ? demanda le soldat.
— Allez vous recoucher, je vais tenir compagnie à son Altesse, répondit Hans.
— Comme vous voudrez...
Le soldat ne discuta pas et quitta la cabine. Quelques jours plus tôt, Anna avait révélé à son escorte qui était Hans, et s'ils avaient été furieux au début, ils avaient rapidement réalisé que cet homme repartait dans son pays, et qu'Anna allait faire en sorte qu'il ne revienne plus jamais à Arendelle. Depuis, ils le laissaient approcher la jeune Princesse, mais ils gardaient quand même un œil sur lui, au cas où.
— Viens, dit alors Hans en s'asseyant au bord du lit près d'Anna.
Il passa son bras dans son dos et l'attira à lui. Il tira ensuite la couverture sur lit et s'enveloppa dedans en recouvrant Anna dans la foulée. La jeune femme résista une seconde puis se coula contre lui et Hans se laissa glisser sur le dos. Anna passa son bras autour de son torse et appuya sont front contre son flanc.
— Ce n'est qu'une tempête, dit alors le jeune homme. Ce n'est rien...
— J'ai perdu mes parents dans une tempête, dit Anna en soupirant.
Il y eut alors un bruit sourd, quelques part dans le bateau, sans doute un objet qui tombe dans une cabine, et Anna ferma les yeux fortement. Hans resserra alors sa prise sur elle, profitant égoïstement que la jeune femme encore éprise de lui, ne soit rien qu'à lui pendant les deux prochaines semaines.
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Le calme ne revint que bien après que le soleil se soit levé, et même si les vagues étaient bien moins hautes que pendant la nuit, le vent continuait de souffler par rafales en faisant bondir le vaisseau en avant à intervalles régulières.
Agrippée au montant de son lit, Anna tentait désespérément de s'habiller. Elle avait passé la nuit serrée dans les bras de Hans, dans sa robe qu'elle avait mise pour quitter Arendelle. Elle avait donc grand besoin d'une tenue fraiche, et surtout, de faire une brin de toilette.
Hans l'avait laissée quelques minutes plus tôt pour aller voir s'il n'y avait pas besoin d'aide, sur le pont, et la jeune femme repensa brusquement à la nuit passée.
C'était la première fois, depuis qu'ils se connaissaient, qu'ils passaient un moment aussi intime ensemble. Quand bien même ils n'avaient pas dormi, ils avaient tout de même passé la nuit serrés l'un contre l'autre, enroulés dans la même couverture... Si le bateau avait coulé, nul doute qu'on les aurait retrouvés étroitement enlacés...
Les rouges rouges, Anna secoua la tête. Non, elle n'avait pas le droit de faire ça, elle n'avait pas le droit d'avoir de telles pensées ! Elle était mariée et elle aimait Kristoff plus que tout, mais...
— Mais j'aime aussi Hans.
La jeune Princesse se regarda dans le miroir et ferma les yeux. Elle regarda ensuite le plafond pour s'empêcher de pleurer, et elle pria, tout en finissant sa toilette, que ce voyage allait lui permettre de faire le tri dans ses sentiments. Elle en était presque rendue à prier pour découvrir quelque chose sur Hans qui soit si honteux, que cela lui en coupe tout sentiment pour sa personne ! Seulement, elle savait parfaitement que le Prince Hans des Îles du Sud était un garçon irréprochable...
Après sa toilette, elle sortit donc sur le pont pour prendre l'air, et même si le navire gîtait généreusement, il fallait que toutes les mains disponibles aident, qu'elles soient royales ou marines.
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Le vent tomba quasiment complètement vers la fin de la matinée et un silence pesant s'abattit sur le navire. Les voiles à peines gonflées, il avançait à une lenteur indéfinissable, mais il avançait quand même, et ce calme laissait du répit aux passagers du navire.
Assise sur une caisse, Anna déjeunait de poisson cuit et de quelques légumes bouillis. Ce n'était pas fameux, mais me navire royal n'ayant pas été armé depuis la disparition des parents des deux jeunes princesses, il avait fallut faire avec les moyens du bord, et embaucher rapidement du personnel qui aurait tout le temps de ses qualifier pendant le voyage.
— Tu avoueras que nous sommes bien loin des repas de palais...
Anna sourit. Hans s'assit en face d'elle, à même le pont, et posa sa gamelle entre ses jambes. Il soupira en regardant autour de lui, puis leva le nez vers le ciel.
— La tempête est passée, dit-il. On devrait avoir du beau temps jusqu'au prochain grain...
— Tant qu'il ne nous passe par le fond, ça me va, répondit Anna avec une grimace. Tu as prévu quelque chose cet après-midi ?
— Dormir, et toi ?
Anna sourit. La nuit avait été très courte pour tout le monde et nul doute que même les matelots allaient faire un petit somme de quelques heures, sur le pont...
— Je demanderai bien si tu veux partager avec moi, dit alors Hans. Mais ce serait malvenu de ma part... Après tout, tu es une femme mariée, à présent...
Anna baissa le nez.
— C'est la deuxième fois que tu me dis cela, Hans, et à chaque fois, je sens de l'amertume dans tes paroles. Mais tu suis que je n'aurais pas pu t'épouser, n'est-ce pas ? Pas après ce que tu nous a fait...
Hans baissa le nez.
— Tu sais quoi ? dit-il alors. J'ai cru comprendre que tu cherchais un époux à ta sœur...
— C'est Kristoff qui t'en a parlé, je suppose...
— Oui. Mais tu sais quoi, il se pourrait bien que j'aie quelqu'un pour elle...
Anna secoua la tête.
— Hans, c'est gentil, mais ma sœur ne veux rien entendre... Elle refuse tous les prétendants...
— Je pense que celui que je vais te présenter, pourrait lui plaire.
— Et qu'est-ce qui te fais dire cela ?
Hans sourit.
— La rumeur voudrait que ce garçon, enfin jeune homme, possède des pouvoirs magiques, à l'instar de ta sœur...
— Des pouvoirs... de glace ?
Hans haussa les épaules. Il entreprit ensuite de raconter ce qui se disait, dans les. Îles du Sud, à propos de ce jeune homme apparemment doté de capacités que nul autre n'avait...
