Chapitre 12

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— Me ferais-tu l'honneur d'aller visiter les îles avec moi, ce matin ?

Anna, les mains dans les dos, sourit en hochant la tête. Elle était debout à l'entrée d'un box, dans les écuries royales, et Hans était en train de s'occuper de son cheval. Le jeune homme lui avait expliqué les mois de calvaire qu'il avait endurés après son retour d'Arendelle, et Anna s'était sentie terriblement désolée pour lui... avant de se convaincre qu'il l'avait mérité.

Une semaine s'était écoulée depuis l'arrivée du navire royal de la Reine Elsa d'Arendelle. Représentée par sa sœur cadette auprès du Roi des îles du Sud, et la jeune femme semblait se plaire dans ce pays ensoleillé où même la nuit, les gens vaquaient dans les rues.

Depuis son arrivée, Hans l'avait traînée dans toutes les boutiques de la capitale, et elle avait pas mal de choses à ramener à Arendelle, des cadeaux pour Kristoff, pour Elsa, pour Sven et même pour Olaf, le petit bonhomme de neige ! Elle avait aussi plusieurs nouvelles robes, des manteaux et des chaussures, et Hans avait refusé qu'elle débourse le moindre cent.

— Tu sais que mon mari va t'en vouloir ?
— Ce sont des cadeaux, Anna, il n'a aucune raison se râler.

La jeune femme sourit. Elle s'écarta ensuite du passage et Hans sortit en tenant un grand cheval blanc derrière lui. Anna le regarda. Ce n'était pas la même race que les robustes chevaux d'Arendelle. Ici, ils étaient fins, élancés, et nerveux.

— Cet animal me fait peur, tu sais ?
— Il est évident que les chevaux de mon pays ne sont pas le mêmes que les tiens... Vos chevaux sont faits pour survivre dans la neige et le froid. Ici, il fait chaud quasiment toute l'année et les chevaux se sont adaptés... Tu ne veux vraiment pas monter avec moi ?
— Non, je vais te suivre en calèche...

Hans hocha la tête puis se hissa sur sa montre et Anna grimpa dans une petite calèche au toit amovible, tirée par deux chevaux aussi élancés que celui de Hans. Le cocher claqua de la langue et l'attelage se mit en marche.

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— Altesse, je vous présente le Duc de Belham, un très cher ami de ma famille.
— Prince Hans, ne soyez pas aussi modeste, répondit un vieil homme appuyé sur une canne. Je ne suis qu'un vieux gâteux qui entend mal.
— Je suis néanmoins ravie de vous rencontrer, dit Anna en tendant la main.

Le vieil homme la serra brièvement avec un sourire puis Hans demanda s'il connaissait un endroit où la jeune femme pourrait profiter des bienfaits des îles. Le Duc leur indiqua les bains, mais Anna plissa le nez à l'idée de se baigner dans une eau où d'autres personnes avaient déjà barboté. Hans décida alors qu'ils iraient passer le reste de la journée à la plage et Anna s'en trouva ravie. En effet, avec le temps si froid en permanence à Arendelle, il était très compliqué de se baigner, même l'été. Seuls les plus courageux osaient, et Anna n'était pas de ceux là...

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— C'est étrange...
— C'est la première fois que vous portez un costume de bain, Altesse ?

Anna hocha la tête et se regarda dans le miroir de sa chambre. Une domestique l'aidait à se changer pour aller à la plage avec le Prince, et la jeune femme avait été très surprise en découvrant le vêtement bordeaux sur son lit...

— Et on peut se baigner avec ? demanda Anna en pivotant. C'est vraiment très... moulant.

La domestique rigola en opinant.

— Dans les endroits privés, vous pouvez retirer la jupe, mais à la plage, vous devez la garder, dit-elle. De même que vous ne devez pas défaire vos cheveux ou les mouiller. Je vais vous mettre un foulard qui les protégera tout en vous protégeant du soleil.

Anna hocha la tête. Elle n'aimait pas particulier l'eau de toute façon, donc aucun risque qu'elle ne pique une tête...

— Le prince...
— Il a droit de vous regarder et il ne va certainement pas s'en priver, si vous voulez mon avis, Madame. Vous êtes une très belle femme !

Anna rigola. La domestique lui passa alors un caraco par-dessus le haut du maillot de bain puis elle lui demanda d'enfiler sa robe par-dessus le tout, qu'elle pourrait se défaire dans une cabine prévue à cet effet, sur la plage.

Une fois prête, la jeune femme quitta ses appartements et rejoignit Hans dans la cours du château. Comme il lui présentait son bras et l'entraînait en direction du château, la jeune femme fronça les sourcils.

— La plage n'est-elle pas de ce côté ? demanda-t-elle en montrant les grandes portes.
— Si, mais nous, nous avons une plage privée, et c'est beaucoup plus calme, surtout quand aucun de mes frères n'est dans les environs...

Anna haussa un sourcil puis hocha la tête avec un sourire avant de se laisser remorquer. Elle remarqua alors que Hans avait un panier d'osier dans l'autre main, et elle en conclu qu'il devait contenir ce qui serait leur petit goûter de l'après-midi.

— Serons-nous seuls ? demanda-t-elle alors.
— Non, ma mère a refusé tout net dès l'instant où j'ai dit que je t'emmènerai te baigner, répondit le jeune Prince. Et elle a raison, tu es mariée, Anna, et j'ai perdu mon droit à te courtiser.
— Tu ne l'a pas perdu, Hans, répondit alors Anna en baissant le nez. Tu l'as... laissé passer. Tu étais trop occupé à chasser ma sœur pour t'apercevoir que j'aurais été prête à faire de toi le Roi d'Arendelle sur une simple demande.

Hans regarda le sol puis inspira et Anna serra ses doigts sur son bras. Le jeune homme grimaça alors et ils franchirent une porte. Anna lui lâcha le bras pour s'engager dans un étroit escalier de pierre, et elle s'arrêta de marcher quelques pas plus loin.

— C'est magnifique, dit-elle en regardant la mer et la plage de sable jaune, juste au pied de l'escalier de grès.
— Cela n'a rien plus rien d'exceptionnel quand tu l'as toujours vu, répondit Hans en lui faisant signe d'avancer.
— Tu es contrarié ? demanda alors Anna.
— Non. De moins, pas contre toi, ne t'en fais pas. Allez, avance, et regarde où tu poses les pieds, si je te renvoie à ta sœur en petits morceaux, elle va faire s'abattre sur le monde une ère glaciaire...
— Tu es méchant avec elle, Hans, répondit Anna en posant le pied dans le sable en bas des marches. Ma sœur a changé, les gens n'ont plus peur d'elle...
— Elle a changé, oui, mais elle me déteste toujours autant et je suis certain que ses colères sont toujours aussi dévastatrices qu'il y a trois mois.

Anna préféra ne rien répondre et se dirigea vers le bord de l'eau. Elle regarda autour d'elle, puis Hans, et elle lui sourit quand il posa le panier sur le sol. Aussitôt, un homme s'approcha pour installer un auvent en toile blanche, puis un grand tapis de lin sur le sable. Une femme s'approcha ensuite en proposant à Anna de l'aider à se défaire de sa robe, lui indiquant une cabane en planches posée non loin. Anna accepta avec un coup d'œil pour Hans qui s'était déjà détourné pour s'occuper du panier de victuailles.