Chapitre 17
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Ana était perplexe. Hans venait de lui raconter sa rencontre avec le jeune homme aux pouvoirs de glace.
— S'il t'a attaqué, c'est qu'il s'est senti menacé, dit la jeune femme. Tu as dit ou fait quelque chose qui aurait pu le pousser à se défendre ?
— J'ai empiété sur son "territoire", surtout, répondit Hans en grimaçant. Ana, c'est la première fois que je vois en vrai une autre personne que ta sœur qui peut manier la glace... Quand je t'en ai parlé, chez moi, c'était une rumeur, une légende, et là je me rend compte que c'est vrai, qu'ils existent...
Ana dodelina de la tête puis soupira et quitta son fauteuil.
— "Ils", dit-elle. Disons qu'il y en a au moins deux dans le monde et que par le plus grand des hasards, il se trouve que c'est un homme et une femme.
— Attend, il y a pire, répondit le jeune Prince. J'en ai appris un peu sur lui, entre deux attaques au javelot de glace...
Ana le regarda et se rassit lentement quand il lui annonça que Sebastian était le frère de Savinna, sa propre épouse, et qu'il avait été contraint de fuir le palais et la famille royale sans quoi il serait monté sur le trône, étant plus âgé que sa sœur.
— Un Prince ! s'exclama Ana. Ce garçon est un Prince, Hans !
— Non, répondit celui-ci. Il était un Prince, il ne l'est plus, il a été renié, pour son bien. Écoute, j'ai posé des questions à Savinna, elle a refusé de me répondre, elle n'a qu'une idée en tête, le faire tuer. Alors j'ai demandé à sa mère, et la Reine m'a expliqué toute l'histoire en estimant que comme je l'avais rencontré et que je faisais désormais partie de la famille, j'avais le droit de savoir.
— Il est vraiment comme Elsa ?
— Oui, et il y a un nom pour les gens comme lui, répondit Hans. "Magiker", comme il l'a dit lui-même. Je crois que c'est le mot pour dire sorcier ou magicien, dans l'Ancien Langage, mais de toute façon, s'il y a un nom pour les désigner, alors il y en a probablement d'autres dans le monde.
Ana était abasourdie. Le fait qu'il existe quelqu'un d'autre comme sa sœur était déjà exceptionnel, mais qu'en plus ce soit un garçon, qu'il soit issu d'une famille royale, et qu'en plus il ait été, plus ou moins comme Elsa, mis de côté par les siens...
— Ça fait beaucoup à encaisser, dit Hans en voyant la mine déconfite de son amie. Je sais, moi aussi, j'ai du mal, mais peut-être que si ta sœur...
— Ma sœur ne viendra jamais ici, Hans, elle ne quittera pas Arendelle pour rencontrer un garçon, même un qui possède les mêmes pouvoirs qu'elle. Tu la connais, enfin, elle est bien trop fière...
— J'aurais surtout dit têtue, mais bon...
Anna esquissa un sourire et secoua la tête.
— Tu penses que je pourrais le rencontrer ? demanda-t-elle. En vérité, je suis venue ici pour ça, donc ce serait bien...
— Nous pourrions aller nous promener dans les bois et pousser jusqu'à sa grotte, mais il a été clair, la dernière fois, mon bras s'en souvient encore... grimaça le Prince.
Il posa sa main sur son épaule et Ana soupira. Elle quitta alors son fauteuil et s'approcha de la fenêtre. Le paysage enneigé qu'elle voyait ne la changeait pas d'Arendelle, actuellement sous la neige, mais en voyant un enfant faire un bonhomme de neige dans la cour du palais, elle songea Olaf.
— Si seulement j'avais pu emmener Olaf, dit-elle en croisant les bras. Il aurait sans doute réussi à convaincre Sebastian que je dis la vérité et que ma sœur est bel et bien comme lui... Tu es vraiment sûr qu'il ne la connait pas ?
Hans secoua la tête.
— Il n'a eu aucune réaction quand j'ai parlé d'elle, pis encore, il a dit que si un autre Magiker existait, il le saurait, comme je l'ignore, par contre.
— Est-ce que tu crois qu'ils auraient un lien entre eux, un truc de magicien quelconque ? demanda Ana en croisant les bras sous sa poitrine.
— Je ne suis pas magicien, mais cela ne m'étonnerais pas, répondit Hans en haussant les épaules.
Ana plissa la bouche puis retourna s'asseoir près de son ami et lui demanda de lui parler de son mariage et surtout, de sa si charmante épouse...
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Ana dut patienter une semaine avant que Hans soit en mesure, à cause de ses nouvelles fonctions, de sortir pour une balade à cheval dans les bois. Par politesse, Savinna fut invitée, mais elle répondit qu'elle n'allait surtout pas prendre le risque de se blesser ou de se tuer en montant sur l'un de ces monstres, avant de partir, le nez en l'air.
— Elle est vraiment particulière, dit Ana en se hissant sur sa monture.
— A qui le dis-tu... soupira Hans en se grattant le nez. Heureusement, mes devoirs conjugaux ont été exécutés, à présent, je fais ce que je veux.
Ana plissa le nez. Hans lui fit une grimace en retour puis ils quittèrent la cour du palais en direction des sentiers de promenade.
— Je peux te poser une question ? demanda Ana alors qu'ils venaient de passer le pont levis du palais.
— Si c'est pour me demander si je compte avoir un enfant avec elle, alors la réponse est non, répondit le Prince roux. Tu es la seule personne avec qui j'ai envie d'avoir des enfants, Ana, mais je sais que ce ne sera jamais possible, à moins que Kristoff ne disparaisse ou te rendre ta liberté, ce qui ne risque pas d'arriver de sitôt.
Il claqua de la langue et son cheval pressa le pas. Ana serra les mâchoires. Quelques semaines en arrière, elle n'en avait parlé à personne, mais elle s'était crue enceinte, avant que cela ne se révèle négatif. Étrangement, en constatant l'évidence, elle en avait été soulagée et elle avait ensuite fondu en larmes en s'insultant copieusement. Quel genre d'épouse était-elle à redouter de tomber enceinte de son mari parce qu'elle était amoureuse d'un autre homme et qu'elle espérait, au fond d'elle, que les choses changent malgré des apparences solides ?
Soufflant par le nez en provoquant un long filet de vapeur, la jeune femme rejoignit Hans qui l'attendait un peu plus loin sur le chemin, et ils quittèrent les environs de la ville rapidement.
Dans le palais, en cet instant, par une fenêtre de son appartement, Savinna maudissait Hans et Ana de toutes les misères qu'elle pouvait imaginer.
— Cela ne sert à rien, ma fille.
— Mère ! Ce mariage est un fiasco complet ! Vous n'auriez jamais dû accepter ! s'exclama la jeune femme en pivotant.
— Les Îles des Mers du Sud sont nos alliés maritaux depuis des siècles, Savinna, répondit la Reine Kristina. Tu étais destinée à épouser l'un de leurs Princes.
Savinna serra les mâchoires.
— Vous n'auriez pas dû bannir Bash, mère, dit-elle alors en croisant les bras. Maintenant, je me retrouve avec une espèce d'hurluberlu roux qui est fou amoureux d'une fille qui me ressemble, mais pas de moi, sa propre épouse !
— C'est à toi de faire ce qu'il faut pour qu'il t'aime, Savinna, répondit Kristina, les sourcils froncés. Tu as mauvais caractère, tu es hautaine et orgueilleuse, nous pensions avec ton père que le mariage te rendrais plus gentille et plus douce, mais c'est tout le contraire, et cela me désole car j'ignore où je me suis loupée dans ton éducation.
Savinna baissa le nez. Sa mère tourna soudain les talons et quitta la chambre. La jeune femme reporta son attention dehors, mais Hans et Ana n'étaient plus en vue.
