— Nous y sommes. Je pensais le trouver détruit...
— Pourquoi cela ?

Hans haussa les épaules et mit pied à terre. Il avisa alors un énorme monticule de neige au sommet d'un escalier de glace et hésita.

— C'est le gardien, dit-il en le montrant du menton. Il n'est pas commode du tout et si nous le réveillons, Elsa le saura.

Sebastian hocha la tête et descendit de cheval. Il s'approcha de l'escalier de glace et l'inspecta minutieusement.

— Depuis quand ce palais est-il construit ?
— Environ six ou sept mois, répondit Hans en s'approchant à son tour. Elsa doit l'entretenir à distance, sinon il se serait écroulé, nous sommes quasiment en été...
— Il est magique, même s'il faisait quarante degrés, il ne fondrait pas, répondit Sebastian en posant le pied sur la première marche de l'escalier. Venez, allons voir là-haut.

Hans regarda le monticule de neige au sommet, serra les lèvres, puis secoua la tête.

— Je garde les chevaux, dit-il.
— Comme vous voudrez... soupira Sebastian.

Il regarda vers le sommet de l'escalier et le gravit ensuite. Il observa un moment le monticule de neige et passa son bâton à proximité. Le cristal rayonna, indiquant que ce tas de neige n'en était pas tout à fait un, et le jeune homme décida de tracer sa route. Il gravit le second escalier de glace et se retrouva alors au pied du gigantesque château qu'Elsa s'était construit dans un grand moment de liberté totale.

— Splendide...

Son cristal s'illumina soudain et il l'observa un instant avant le tendre vers le palais. La lueur du cristal s'intensifia et Sebastian sourit.

— Elle est bien plus puissante que je ne le pensais, souffla-t-il. Ce palais... C'est lui son canalisateur ! Elle a concentré quasiment toute sa magie dedans pour le construire, il est littéralement une partie d'elle. C'est impressionnant...

Lentement, le jeune homme monta alors les escaliers qui menaient à la porte d'entrée et la poussa doucement du bout des doigts à l'aide de sa magie, sans le toucher, des fois qu'il puisse de lui-même prévenir Elsa d'un intrus. Il entra ensuite et découvrit un hall d'entrée quasiment transparent qui laissait entrer la lumière déclinante de la journée. On aurait dit une cathédrale, un lustre gigantesque pendait au centre du hall, et scintillait d'une lueur bleutée. De là, deux grands escaliers partaient du sol finement ciselé, pour se rejoindre au premier étage, surplombant une fontaine gelée particulièrement belle.

Sebastian s'imagina que cet édifice n'avait qu'une seule pièce, la chambre de la Reine, mais quand il monta les marches de glace et qu'il passa la seule porte visible, il découvrit une vaste salle du trône avec, au sommet, sur une estrade, un trône magnifiquement élaboré. Un large tapis de neige conduisait de la porte au trône, et sur la gauche de la salle se trouvait un autre escalier que Sebastian monta pour découvrir un étage supplémentaire.

Le jeune homme hésita à entrer dans cette pièce après en avoir poussé la porte. En effet, il n'avait rien d'autre que la chambre d'Elsa devant lui, et malgré le fait qu'il soit un magicien qui avait vécu treize ans seul, il était bien élevé. Après avoir pesé le pour et le contre, il décida d'observer depuis le palier et nota le grand lit rond à gauche, des chevets de glace, une armoire, une coiffeuse ; et en face, un balcon ouvert qui donnait sur la forêt et le soleil couchant.

— Cette femme est... hallucinante, souffla Sebastian.

Il décida alors de retourner auprès de Hans et lui raconta ce qu'il avait découvert sur et dans le palais d'Elsa.

— J'ai compris que ce palais est son canalisateur de magie, dit-il en en caressant le museau de son cheval. C'est comme mon cristal, mais en plus grand.
— Beaucoup plus grand, nota Hans. Cela signifie qu'elle est plus puissante que vous ?
— Oh ça, oui, et de loin, répondit Sebastian. J'ai étudié les Magikers pendant près de dix ans, j'ai épluché tous les livres que j'ai pu obtenir par le biais de ma mère et je n'avais jamais entendu parler d'un canalisateur aussi grand. D'ordinaire, ce sont des cristaux, ou des objets, mais jamais un palais tout en entier !

Hans, qui ne comprenait pas grand-chose à la magie et qui la craignait un peu, resta silencieux. Il proposa ensuite qu'ils rentrent se mettre au chaud chez Oaken pour se préparer mentalement à faire face à la Reine d'Arendelle le lendemain.

.

Anna était assise à la longue table de la salle à manger du palais. Le couvert était dressé pour deux, comme d'habitude, mais la jeune femme savait que Hans et Sebastian allaient arriver sous peu. Selon l'humeur d'Elsa, ils resteraient pour le repas, ou non.

La nuit avait été courte pour la princesse d'Arendelle. Après le départ de Kristoff, elle s'était occupé l'esprit en rangeant la maison, mais n'avait pas touché aux affaires de celui qui était désormais son ex-mari. Il avait dit qu'il reviendrait les chercher dans quelques jours, alors ils feraient les caisses dans quelques jours.

Quand Elsa avait appris que sa sœur avait rompu ses vœux de mariages, même si, pour qu'ils soient officiels, il fallait passer devant le prêtre royal, elle en fut attristée et furieuse tout à la fois. Non pas parce que cela laissait désormais le champ libre à Hans, mais plutôt parce qu'elle avait été convaincue qu'épouser un homme normal était la meilleure chose que sa sœur ait faite. Pendant plusieurs semaines Elsa s'était demandé si, si elle avait accepté que Hans et Anna se fiancent, le soir de son couronnement, les choses n'auraient pas été différentes. Elles l'auraient été, d'une certaine manière, puisqu'ainsi, elle ne se serait pas énervée, n'aurait pas transformé la salle de bal en champ de pointes de glace, ni provoqué un hiver éternel, terrifiée par ce qu'elle avait fait... Mais elle ne serait pas non plus devenue une si puissante magicienne respectée de tous.

Un bruit sourd fit sursauter Anna et les portes s'ouvrirent alors sur Elsa. Vêtue de bleu, comme toujours, sa sœur la regarda d'un air surpris puis inclina la tête et s'assit en bout de table.

— Tu... n'attends pas Hans et Sebastian ? hésita alors sa sœur.
— Pour ? Non, déjeunons.

Anna voulut répliquer, mais une armée de domestiques déboula dans la salle à manger avec tous les plats du repas. Ils déposèrent tout sur la table devant les deux jeunes femmes puis s'en allèrent et le majordome entreprit de faire le service.

Un coup d'œil sur l'horloge indiqua à Anna qu'il était midi moins dix. Les deux hommes seraient là à l'heure, elle le savait, et ce qu'elle savait aussi, c'était qu'Elsa avait fait exprès d'avancer l'heure du déjeuner de dix minutes pour ne pas avoir à inviter Hans et Sebastian à sa table, comme il était coutume de le faire à Arendelle lorsqu'un visiteur déboulait à l'heure du repas.

Les deux sœurs mangèrent donc dans un silence pesant seulement troublé par le cliquetis des couverts. Lorsque le dessert arriva, un gâteau à la crème, un garde entra et s'approcha d'Elsa pour lui souffler quelque chose à l'oreille.

— Conduisez-les dans l'anti-chambre de mes appartements, dit Elsa. Nous finissons de déjeuner et nous les rejoignons.
— Bien, Madame.

Anna regarda sa part de gâteau puis déposa sa serviette près de son assiette et recula sa chaise.

— Tu m'excuseras, dit-elle. Mais je vais aller accueillir nos invités pendant tu termines de manger.

Le ton était acide et Elsa releva le menton, lèvres serrées. Anna quitta la pièce et Elsa serra ses doigts sur sa fourchette qui se couvrit de givre puis inspira et reprit le cours de son repas.

Agacée par l'attitude de da sœur, Anna traversa le palais et entra dans l'anti-chambre des appartements de la Reine. Elle y trouva Hans et Sebastian, qui pivotèrent en entendant la porte s'ouvrir.

— Ah ! Anna, dit aussitôt Hans avec un sourire. Nous sommes à l'heure, mais on nous a dit d'attendre ici... ?
— Elsa a fait avancer l'heure du déjeuner, dit la rouquine.
— Je vois, répondit le prince.
— Moi pas, dit Sebastian. Cela signifie-t-il quelque chose ?
— Oui, que la Reine d'Arendelle n'a que faire des bonnes manières, répondit Hans, amer, en regardant Anna de façon à la décourager de répondre.
— C'est-à-dire ?
— C'est-à-dire qu'à Arendelle, il est de coutume d'inviter à sa table les visiteurs qui se présentent à l'heure du repas, répondit Anna. Mais il est clair que ma sœur n'a que faire de vous deux...

Sebastian serra les lèvres.

— Plus j'en apprend sur cette femme et plus j'ai envie de lui montrer qu'elle n'est en rien supérieure aux autres dans ce bas monde, dit-il.
— Ah non ? ricana Hans. Moi je l'ai déjà vue en colère, Sebastian, et je n'ai aucune envie de recommencer.
— Certes, mais toute Reine qu'elle est, il y a des protocoles à appliquer et vous le savez tous les deux aussi bien que moi !

Sebastian s'empara soudain de son bâton et quitta l'anti-chambre.

— Sebastian ?! s'exclama Anna.

Hans et elle se jetèrent dans le couloir, surpris, et suivirent le magicien jusqu'à la salle à manger où il entra sans même se faire annoncer. Les portes se refermèrent au nez d'Anna qui rentra le menton, à trois centimètres du bois blanc.

— Anna, dit alors Hans en lui prenant le coude. Par ici.

La jeune femme leva les yeux vers lui et le prince lui indiqua de le suivre. Ils sortirent sur la terrasse et s'approchèrent des grandes baies à croisées qui donnaient dans la salle à manger.

— Faut s'attendre à quoi ? demanda alors Anna.

Elle eut sa réponse quand un jet de glace heurta les vitres dans un bruit cristallin. Des voix éclatèrent ensuite dans la pièce, celle d'Elsa prenant le dessus régulièrement. Soudain, les vitres tremblèrent et Anna recula.

— Ils vont se battre dans la salle à manger ! s'exclama-t-elle. Il faut les arrêter.

Elle se jeta sur la porte au bas de la fenêtre et tira solidement sur la poignée gelée. Quand elle l'ouvrit, elle fit un bond de côté lorsqu'un javelot de glace lui passa devant et se fracassa sur les dalles de la terrasse.

— Vous avez un sacré culot de rentrer chez moi comme ça ! s'exclama alors Elsa. Vous n'êtes rien, Sebastian ! Je vous avais demandé d'attendre que je vienne !
— Et je n'ai rien à attendre de personne ! répliqua le jeune homme. Je ne suis pas un prince, je suis un Magiker, comme vous, et vous devriez montrer plus de respect envers vos pairs ! Vous êtes une personne si froide et si hautaine, Elsa d'Arendelle !

Elsa poussa un cri de colère et Sebastian se protégea de son bras quand une pluie de pointes glacées fondit sur lui.

— Partez de mon palais ! hurla soudain Elsa. Quittez mon royaume !

Sebastian ne répondit pas et posa son bâton sur le sol. Le cristal s'illumina et un tourbillon de neige se rua sur Elsa qui se plia en deux en se protégeant de ses bras, cinglée par des milliers de petits glaçons aussi effilés que des épingles.

— Arrête ! s'exclama alors la jeune Reine.
— Tu es peut-être plus puissante que moi, mais je maitrise beaucoup mieux mes pouvoirs, répondit Sebastian en approchant de la jeune femme, l'obligeant à reculer. La colère qui bout en toi ne te rend pas service ! Elle ne fera pas revenir tes parents, elle n'effacera pas les années de solitude dont tu t'es toi-même punie pour avoir blessé ta sœur, elle ne fera pas disparaître de la surface de cette planète les gens que tu détestes !

Elsa recula d'un pas, robes et cheveux malmenés par la tempête qui tourbillonnait autour d'elle.

— Assez ! s'exclama-t-elle soudain en tendant les bras.

La tempête se dispersa aussitôt et Elsa regarda Sebastian, mauvaise.

— Je peux t'aider, dit alors celui-ci. Je peux t'apprendre à contrôler tes pouvoirs, je peux t'apprendre à former des cristaux de glace aussi fin et délicats que les flocons de neige, je peux t'aider à retrouver la paix, Elsa d'Arendelle. Tout ce que tu as à faire, est de me laisser faire.
— Je n'ai pas besoin d'aide ! répliqua la blonde. Je suis très bien ainsi, je contrôle toute ma vie dans ses moindres détails, c'est très bien comme ça !

Hans et Anna, debout près de la porte ouverte dans la haute fenêtre, étaient silencieux. Anna s'avança alors, se défaisant des mains de Hans qui s'était préparé à la protéger de son propre corps au cas où la glace se mettrait à voler dans tous les sens.

— Non, Elsa, dit alors la jeune princesse. Il a raison, tu as besoin d'aide.

Elsa tourna la tête vivement et se redressa en reconnaissant sa sœur.

— Je croyais que la colère que j'avais déclenchée en toi était passée, tu étais redevenue ma sœur, mais ce n'était qu'une façade et il a simplement fallu que Hans refasse surface dans nos vies pour que...

Elle se tut et Elsa la regarda étrangement.

— Je pensais que tu avais juste besoin de temps, reprit alors la rouquine. Que tu avais encore du mal à te faire à la vie de Reine, que mon mariage et mon départ du palais t'avaient perturbée, mais en fait, tu...

À nouveau, elle se tut et Hans posa une main sur son épaule.

— Anna m'a demandé de te trouver un mari, Elsa, dit-il alors. Ou à défaut, un ami. J'avais entendu parler d'un homme ayant les mêmes pouvoirs que toi et j'avais promis à Anna de le chercher pour elle, mais avec mon mariage, je n'ai pas eu le temps... Jusqu'à ce que je tombe sur Sebastian par hasard. Vous êtes pareils, tous les deux, vous contrôlez les mêmes éléments, vous...
— L'épouser n'était pas dans les conditions pour je vienne à Arendelle, marmonna alors Sebastian en croisant les bras.

Elsa lui jeta un coup d'œil et nota que son bâton tenait debout tout seul près de lui. Elle tourna ensuite les yeux vers sa sœur et ouvrit la bouche pour parler quand un grand cri de joie se fit entendre. La seconde suivante, Olaf s'aplatissait entre les quatre jeunes gens dans un bruit mou et un silence pesant.

— Friskette ? demanda Sebastian.
— Ah non ! Moi c'est Olaf, et j'adore les câlins ! s'exclama le bonhomme de neige en se relevant. Oh... petit souci d'assemblage...

Il saisit sa tête et la remit à l'endroit avant de regarder Sebastian d'un air songeur.

— Je te connais pas toi... dit-il. Oh... Tiens donc, un revenant ! ajouta-t-il en regardant Hans. Je te croyais en train de pelleter du fumier !
— Olaf ! le réprimanda aussitôt Anna. Hans a purgé sa peine depuis longtemps et il a compris la leçon. Excuse-toi, s'il te plaît.
— Bah ! répondit le bonhomme de neige en haussant les épaules.
— D'où tu viens, comme ça ? demanda alors Elsa en se redressant.
— Des montagnes, je jouais avec des enfants...

Il regarda Elsa, puis pivota et regarda les autres personnes et fronça les sourcils.

— J'ai interrompu quelque chose ? demanda-t-il d'un air soupçonneux.

Anna croisa alors le regard de Sebastian qui esquissa un sourire en inclinant le menton. Il attrapa son bâton et le dirigea le cristal sur la glace et la neige qui recouvrait toutes les surfaces de la salle à manger.

— Oh ! s'exclama alors Olaf en voyant apparaître un bonhomme de neige. Mais... ?
— Olaf, je te présente Friskette, dit alors Anna en s'agenouillant devant les deux bonhomme de neige. Friskette, voici Olaf.
— Enchantée de te connaître, Olaf ! claironna aussitôt Friskette en tendant le bâton qui lui servait de main droite.

Olaf hésita, chercha de l'aide chez Elsa, mais n'en trouva pas. Il regarda alors Friskette avec la désagréable impression de se regarder dans un miroir, à l'exception des grands yeux bleus, puis il tendit la main et serra celle tendue.

— À vous deux maintenant, dit alors Anna en se relevant. Assez de glace pour aujourd'hui, serrez-vous la main et allons boire quelque chose de chaud et discuter comme les gens civilisés que nous sommes, magie ou pas.

Elsa croisa les bras, boudeuse. Sebastian esquissa un sourire victorieux et Anna soupira. Pendant une seconde, elle fut tentée d'appeler un garde, puis elle se souvint d'une chose que faisait son père quand Elsa ne s'était pas encore isolée et qu'elles refusaient d'obéir, trop insouciantes enfants.

— Je vais compter jusqu'à trois, dit-elle. Sinon...
— Sinon, quoi ? ricana Elsa. Tu vas nous punir ? Je suis ta Reine, ne l'oublie pas.
— Reine ou pas, si je dis aux gardes que tu as perdu l'esprit et le contrôle de ses pouvoirs, ils t'arrêteront et tu le sais.

Elsa prit un air choqué, Sebastian aussi, mais il ne dit rien. Ce n'était pas pour lui cette dispute, mais uniquement entre les deux sœurs.

— Serrez-vous la main, ordonna alors Anna sans méchanceté. Je n'ai pas ramené Sebastian ici pour que tu le transformes en statue de glace !
— Tu l'as ramené pour en faire le Roi d'Arendelle, c'est autre chose ! siffla Elsa.

Sebastian ouvrit la bouche pour répliquer, mais Hans lui signe que non et l'enjoignit ensuite à le suivre. En silence, ils allèrent s'asseoir dans les fauteuils près de la cheminée et laissèrent les deux sœurs se disputer et régler leurs comptes.

L'intermède fut bref, Elsa coupa court à la discussion d'un geste du bras qui gela le bas de la robe d'Anna, la collant au tapis, avant de tourner les talons et de quitter la pièce à grandes enjambées en semant derrière des gros flocons de neige.

— Un coup de main, princesse ? demanda alors Sebastian.
— Je veux bien... répondit Anna en croisant les bras.

Le jeune homme agita la main et la glace de la robe fondit en inondant le tapis vert. Anna soupira alors et alla s'asseoir près du feu, en tailleur sur le canapé, boudeuse.

— Je ne sais plus quoi faire d'elle, dit-elle au bout d'un moment.
— Laissez-moi faire, répondit Sebastian en inclinant la tête. Je sais ce qui ne va pas chez elle, c'est cette rage qu'elle a en elle, et je sais comment l'en débarrasser.
— Comment ? demanda Hans, intrigué. Elle a déjà beaucoup utilisé ses pouvoirs par le passé, pour se défendre, certes, mais...
— Mais ce n'est pas suffisant, répondit le jeune homme blond. J'ai vécu seul pendant treize ans, rappela-t-il avec un soupir. Moi aussi j'ai été furieux, hors de moi, j'en voulais au monde entier, mais surtout au Roi des Îles du Nord pour m'avoir fait mettre dehors. J'en ai voulu à ma mère aussi, longtemps, jusqu'à ce que j'apprenne à contrôler mes pouvoirs et que je constate que ce n'était pas la colère qui les rendait puissants, mais le calme et la concentration. La Reine Elsa n'a ni l'un ni l'autre ici.
— Elle vit seule coupée de tous, pourtant, répondit Anna, étonnée. Je ne vis plus au palais depuis mon mariage et...
— Ce palais est plein de domestiques qui vont et qui viennent toute la journée, coupa Sebastian. De plus, elle ne supporte visiblement pas votre personne, Prince Hans, et cela la met encore plus en rage. Elle s'enfonce dans une spirale de rage infernale qui lui grignote le cœur petit à petit et qui l'empêche de penser rationnellement. Qu'elle ne veuille ni mari ni enfants, c'est une chose et c'est son droit en tant que femme, mais en tant que Reine, elle ne peut pas s'y soustraire.

Anna se mordit la joue, pas tout à fait convaincue, mais sûre d'une chose, que les prochaines semaines allaient être riches en explosions de magie glacée dans le palais...

— Très bien, dit-elle alors en décroisant ses jambes. Mais je vous suggère d'aller faire ça dans son palais de glace. Ce château est à ma famille depuis des générations, je n'ai aucune envie qu'il implose sous la puissance de deux Magikers aussi butés l'un que l'autre.
— Il en sera ainsi, dans ce cas, répondit Sebastian en inclinant le menton. Puis-je vous suggérer de vous établir ici, afin de garder le trône au chaud ? demanda-t-il ensuite.

Anna haussa les épaules.

— Je suis la sœur de la Reine après tout, c'est un peu mon devoir de la seconder... répondit-elle.

Sebastian sourit et s'appuya contre son dossier. Anna tendit alors le bras et tira sur un ruban près de la cheminée. La porte s'ouvrit quelques secondes plus tard sur un domestique qui apportait une table basse supportant un service à chocolat chaud et des biscuits.