— C'est ça les mines, donc... Pas très accueillant.
Stiles esquissa un sourire et fit signe à son père de le suivre.
— Je n'étais jamais venu ici, pourtant, je pensais connaître cette ville.
— Tu ne peux pas tout connaître par cœur. Ah, les autres sont là.
— Shérif, Stiles, salua Scott.
— Vous utilisez les mines depuis longtemps ? demanda le Shérif.
— Depuis quatre ans environ ? Je voulais un endroit sécurisé pour les nouveau-nés, sans trente-six sorties et de préférence un endroit qu'ils puissent démolir sans alerter toute la ville.
Stilinski hocha la tête, les mains dans les poches de son jean. Il observa les environs et nota soudain la présence de Jared, un peu plus loin, avec Derek. Il renifla et Stiles posa une main sur son bras.
— Oui, je pue, je sais ! répliqua Jared.
Scott se mit à rire puis regarda sa montre et proposa aux quatre nouveau-nés de s'installer sur les matelas posés près des murs.
— On y va, dit ensuite Derek. On reste dehors, au cas où.
— Entendu.
Derek passa son bras sur les épaules de Stiles et l'entraîna en dehors des mines, à travers un long boyau aux odeurs de cendres humides. Le soleil couchant les accueillit quand ils sortirent et Derek entraîna son compagnon sur la gauche, vers un petit campement où se trouvait Liam et Isaac.
— Tiens, les tourtereaux...
Stiles tira la langue à Liam et se laissa tomber près de lui sur un rondin recouvert d'une couverture fatiguée.
— On se fait l'effet des jeunes papas qui auraient amené leurs gosses à la première rentrée d'école, s'esclaffa soudain Isaac.
— Ce n'est pas faux, sourit Liam. Moi c'est mon père que j'ai amené à l'école !
— Pareil, répliqua Stiles en s'esclaffant.
Les quatre garçons se mirent à rire joyeusement puis Isaac ouvrit une glacière et distribua des bières à la ronde tandis que Liam installait un trépied sur le feu pour faire cuire des brochettes.
— Comme s'en sort ton père ? demanda alors Liam.
— Étonnement, très bien, répondit Stiles. Beth a un peu peur de lui, mais ça va passer, elle est habituée aux loups, donc ça devrait aller.
— Et tes sœurs ?
— Elles adorent l'idée d'avoir un papa « badass », comme a dit Marian, sourit Stiles.
— Ah ouais, parce que le Shérif, ça ne leur suffit pas ? demanda Derek.
— Leur père était un Marine, c'était déjà un bon truc aussi, répondit Isaac.
— C'est vrai, mais un Shérif doublé d'un loup-garou, j'avoue que ça claque.
Les autres opinèrent et Derek jeta un œil en direction de l'entrée de la mine et Stiles le bouscula du genou en buvant sa bière.
— Je vais finir par croire que tu te préoccupes plus de Jared que de moi, dit-il.
— Abruti, souffla le loup.
— Dis, Derek, il vient d'où ton pote, d'ailleurs ? demanda Isaac.
— Oshawa, en Ontario. Il est né à Montréal, et quand ses parents ont divorcé, il est parti avec son père pour Oshawa.
— Et t'es arrivé là-bas comment, toi ? demanda Liam en buvant sa bière.
— J'ai suivi une meute d'Omega pendant un temps en me faisant passer pour un Alpha solitaire, mais ils passaient leur temps à se disputer et j'en ai eu assez alors je suis parti, j'ai pris un bus au hasard de ce qu'il me restait comme argent et j'ai atterri à Oshawa.
— Et pourquoi une épicerie ?
Derek haussa les épaules.
— On n'a pas tous la chance de finir au FBI, tacla-t-il.
— Ouch, ça tire à balles réelles ! s'esclaffa Liam.
— Il n'empêche que j'ai galéré pour devenir un Agent, répondit Stiles en tirant la langue à son compagnon. Il y a tellement de gens qui sont obtus et qui refusent de croire qu'il n'y a pas que des humains sur cette planète, qu'il y a aussi des êtres surnaturels comme des Banshees, des loups-garous, des vampires, très probablement, mais allez le prouver sans pouvoir en présenter un sans risquer qu'il finisse dans un laboratoire.
Il saisit la main de Derek dans la foulée et celui-ci serra les mâchoires.
— Quand je l'ai vu dans cette pièce capitonnée, le corps couvert de plaies au sang séché... Je suis devenu fou et j'ai pointé mon arme sur le Colonel James. Comment peut-on faire autant de mal à un être vivant sans avoir le moindre remord ? Il a fallu que Scott rugisse et terrorise une trentaine de personnes pour que quelqu'un se bouge...
— Tu ne risques pas d'avoir des problèmes à avoir pointé ton arme sur un militaire ?
— Non, sinon on m'aurait déjà contacté, répondit Stiles. Je pense que sauver la vie d'un innocent des tortures d'un Colonel zélé, c'est plus important. Au mieux je serais suspendu sans salaire le temps que le Colonel soit jugé.
— Scott m'a dit qu'il avait laissé les laborantins lui prendre du sang et tout, c'est vrai ? demanda Liam.
— Oui, il s'est laissé faire pendant plusieurs heures, il était totalement épuisé après et j'ai veillé sur Derek toute la nuit à l'hôpital de la base pendant qu'il dormait sur un banc.
— Ton amie, Léna, a veillé sur Scott, sourit alors Liam. Tu crois que tu pourrais la faire revenir pour lui ?
Stiles rigola.
— Léna n'est pas du tout prête à devenir une compagne de loup, dit-il, amusé. Du reste, je n'ai pas nouvelles depuis qu'elle est rentrée à Washington.
— Et pour mon mandat ? demanda Derek.
— Non plus, je les appellerai après Noël, c'est une période un peu bizarre en ce moment, les gens sont là et pas là en même temps, c'est compliqué de travailler.
Derek opina, lâcha la main de Stiles et récupéra sa bière entre ses pieds avant d'en boire une grande lampée. Stiles l'observa une seconde puis baissa le nez et regarda sa montre avant de regarder le ciel.
— La lune se lève, dit-il. Ça va aller ?
— On tiendra le coup, répondit Isaac en opinant.
— Liam ?
— Je vais aller dans la mine, juste au cas où. À demain.
— À demain.
Le plus jeune quitta le camp après avoir terminé sa bière et pénétra dans le boyau de la mine pour rejoindre Scott, le Shérif Stilinski, Jared, et deux autres nouveau-nés, Matt et James, des jumeaux dont l'un se mourrait d'un cancer.
— Tiens, te voilà, dit l'Alpha en regardant Liam approcher.
Il se vautra contre lui en soupirant puis Scott reporta son attention sur les jumeaux qui étaient adossés l'un à l'autre, concentrés. À l'âge de seize ans, Matt avait développé un cancer du poumon sans jamais avoir fumé de sa vie, mais ayant vécu auprès de parents peu consciencieux qui fumaient toute la journée sous leur nez. Inopérable, le cancer avait progressé en un rien de temps durant l'année écoulée à cause d'une grosse pression suite aux examens de fin de lycée, et Matt s'était retrouvé à l'hôpital en soins palliatifs. Il ne lui restait plus que quelques mois à vivre et son frère, anéanti à l'idée de le perdre, avait alors songé à l'ultime solution, demander à Scott de le mordre pour lui sauver la vie. Matt avait cependant refusé, sauf si James se faisait transformer lui aussi afin qu'ils puissent continuer à vivre ensemble et ne jamais être séparés. Scott les avait donc laissés avec Ethan et Aiden pour qu'ils discutent du fait de devenir des loups-garous ensemble.
— Comment ça se passe dehors ? demanda soudain Scott.
Liam glissa sur le dos et posa sa tête sur la jambe du jeune Alpha en soupirant.
— J'ai un peu peur que Stiles soit submergé par Derek et Isaac, mais il a son arme, donc...
— Il ne leur tirera pas dessus, répondit Scott. Mais Derek ne lui fera aucun mal, il se maîtrise bien mieux qu'un loup normal, même moi, et s'il le faut, ils partiront courir les bois pour ne pas risquer de le blesser.
Liam opina puis demeura silencieux, pensif. Scott l'observa avant de poser sa tête contre le mur dans son dos; le plus jeune sortit ensuite son téléphone pour jouer dessus. Aussi profond dans la mine, il n'y avait pas de réseau, mais l'objet fournissait tout de même une occupation, Jared ayant prévu des livres et en ayant donné un au Shérif.
.
La nuit fut longue et si les premières heures de la pleine lune se passèrent plutôt bien, rapidement, la tension à l'intérieur de la grotte fut électrique et les grognements et les soufflements des jeunes loups étaient douloureux à entendre.
Agrippé à Scott, Liam comptait sur lui pour l'apaiser du mieux possible, car malgré les années, cette période demeurait un gros point d'interrogation pour lui puisque son état durant les trois nuits de la pleine lune ne dépendait que de son niveau de colère et de stress juste avant.
— Ça va aller...
Scott tenait Liam contre lui tout en observant les autres. Les jumeaux se serraient l'un contre l'autre en grimaçant de douleur, Jared semblait serein, mais il était tendu, cela se voyait aux veines de son cou.
— Shérif, tout va bien ?
— Pour le moment, oui...
Liam sortit soudain ses griffes et Scott fronça les sourcils.
— Calme-toi, dit-il.
— Ça a l'air si facile pour toi, dit alors Jared. Je ne pensais pas que je serais affecté moi aussi, mais j'ai l'impression que mes entrailles sont en feu...
— À qui le dis-tu, souffla l'un des jumeaux. C'est encore pire que la chimio...
Scott esquissa un sourire et les encouragea à continuer de parler afin de se changer les idées.
— Est-ce qu'on s'habitue ? demanda alors Stilinski.
— Oui, avec le temps on apprend à mieux maîtriser sa bête. Certains préfèrent courir dans les bois toute la nuit pour se défouler, d'autres souffrent, attachés à un radiateur...
Les souvenirs de ses premières pleines lunes remontèrent à l'esprit de Scott et il pinça les lèvres. Il entreprit alors de leur raconter ses premiers moments en tant que loup-garou tout en serrant Liam contre lui...
