Ouvrant les yeux, Stiles s'assit brusquement dans le lit en plaquant ses mains sur son visage, le souffle court.

— Hey... souffla Derek en allumant la lampe. Stiles...

Le jeune homme se redressa quand la main du loup lui caressa le dos, puis il se retourna et se rallongea contre lui.

— Encore un cauchemar ? demanda Derek.
— Ouais... Je ne sais pas d'où ils viennent, je pensais m'en être débarrassé...
— C'était quoi cette fois ?
— La Bête du Gévaudan.
— Mason donc...

Stiles soupira et passa son bras gauche autour de large torse de son compagnon. Celui-ci lui caressa le bras, pensif.

— Peut-être que tu devais demander à Deaton de t'aider ? suggéra-t-il.
— C'est un Druide, qu'est-ce qu'il y connaît en rêves ?
— Les rêves disent quelque chose, ils avertissent les gens, et surtout pour nous, ils ne sont pas à prendre à la légère. Après, te concernant, c'est peut-être le fait d'être revenu à Beacon Hills, tout simplement...

Stiles baissa les yeux puis se mit sur le dos et observa les murs et les plafonds fatigués de son ancienne chambre d'adolescent. Finalement, le Shérif avait accepté que Derek vienne dormir ici de temps en temps, par égard pour son fils, mais Stiles préférait de loin le large lit de son compagnon dans l'appartement de Peter...

— Tu pourras te rendormir ? demanda alors Derek en baillant largement.
— Non, je ne pense pas... Je vais descendre.
— Comme tu veux.

Derek se tourna alors face au mur et Stiles observa la triskèle tatouée dans son dos. Il serra les lèvres, déposa un baiser sur le bras musclé puis quitta le lit en enfilant un bas de survêtement..

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L'aube trouva le jeune homme sur le canapé, l'ordinateur sur les genoux. Il était peut-être en arrêt suite à sa blessure, mais il pouvait toujours travailler un peu et le DPCS étant submergé de mails, de vidéos et de messages téléphoniques de gens terrifiés pensant avoir vu une créature surnaturelle et demandant ce qu'ils devaient faire, que même un agent en congé maladie était d'une aide précieuse.

Une porte à l'étage tira Stiles de son écran et il sourit à Beth quand elle apparut en robe de chambre, nouant ses cheveux blonds sur sa nuque.

— Mais tu es déjà levé ? s'étonna-t-elle.
— J'ai fait un cauchemar et pour ne pas déranger Derek, j'ai préféré descendre...

Beth opina puis proposa du café, mais le jeune homme refusa. Sa belle-mère travaillait dans une des nombreuses écoles primaires de Beacon Hills, elle embauchait à sept heures et il était six heures du matin. À huit heures, le Shérif déposerait les deux fillettes dans leurs écoles respectives puis retournerait enfin travailler, pour son plus grand bonheur.

— Comment va papa ? demanda alors Stiles.
— Il a très hâte de retourner au commissariat et je crois que ses collègues lui ont préparé une petite fête, d'ailleurs.
— Ah, c'est sympa ça.
— Oui, très, surtout qu'il est officiellement blessé d'un coup de couteau par un voyou, donc il n'a aucune raison de demeurer plus longtemps en arrêt.
— Heureusement surtout qu'il gère très bien son loup, répondit Stiles en se levant.
— Ça aussi, sourit Beth. Tu retournes te coucher ?
— Oui, j'ai froid et j'ai envie de profiter un peu de Derek.
— Quand nous serons tous partis, vous aurez la maison pour toute la matinée, sourit la jeune femme. Ne répète surtout ça pas à ton père !

Stiles rigola doucement puis remonta dans sa chambre et écouta les éventuels bruits dans la chambre de son père et de ses sœurs, mais tout le monde semblait dormir encore. Il se glissa donc dans sa chambre qui, un mois et demi après son arrivée, ressemblait de nouveau à une chambre et moins à un cagibi.
Sans bruits, il se glissa sous les couettes et Derek grogna quand il glissa son bras froid autour de son torse.

— Tu es gelé... marmonna-t-il en se tournant sur le dos.

Stiles se serra contre lui et soupira.

— Il est quelle heure ? demanda le loup.
— Six heures et quelques, mais ne t'en fais pas, Beth vient de me confier que nous allions avoir la maison pour nous toute la matinée...

Derek rigola doucement, encore endormi, puis se tourna vers Stiles et l'agrippa entre ses puissant bras, dos à lui, pour l'étreindre solidement. Le plus jeune sourit en ignorant la douleur de ses côtes encore blessées et tira son oreiller sous sa tête avant de se rendormir.

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— Tu ne réponds pas ?

Stiles grogna puis soupira. Un bras passa au-dessus de lui et attrapa le téléphone sur la table de nuit qui vibrait.

— Portable de Stiles... dit-il d'une voix un peu endormie.
Je rêve, vous êtes encore couchés, tous les deux ? répliqua une femme à l'autre bout.
— C'est Léna, soupira Derek en tendant l'appareil à Stiles.

Celui-ci soupira et s'assit au bord du lit en prenant l'appareil tout en se frottant le visage.

— Salut Léna...
T'es pas sérieux, il est dix heures et vous êtes encore couchés...
— Je sais, mais je n'ai pas dormi de la nuit à cause d'un cauchemar, alors ne juge pas, s'il te plaît.
Je ne te juge pas, c'est juste que d'habitude, tu es debout avec le soleil.
— Hm, pour le coup, je l'ai vu se lever, le soleil... Passons, tu as quelque chose pour moi ?
À vrai dire, c'est une bonne chose que Monsieur Hale soit avec toi, ça le concerne.

Derek fronça les sourcils et se redressa sur les coudes comme Stiles mettait le haut-parleur.

— Tu es sur haut-parleur, Léna, on t'écoute, dit-il.
Parfait. Alors j'ai des nouvelles concernant les deux laborantins, pour commencer. J'ai déjà prévenu Monsieur McCall. Par contre, je n'ai pu retrouver qu'Anise, apparemment, Thomas n'est plus aux Etats-Unis.
— Ce n'est pas grave, répondit Derek. Anise était plus agréable que lui, de toute manière.
Bon, tant mieux. Je l'ai contactée il y a deux jours, je vais attendre sa réponse et je vous rappellerai. Ensuite, concernant votre mandat d'arrêt, Monsieur Hale, les nouvelles sont plutôt intéressantes et je n'ai tiré aucune ficelle pour cela.
— C'est-à-dire ? demanda Stiles en regardant son compagnon.
Le corps de Jared a été retrouvé dans une décharge publique, trop abîmé pour être identifié.

Stiles se mit à bailler et demeura figé, bouche ouverte.

— Je te demande pardon ? fit-il. Jared est chez Derek...
Je reformule, répondit Lena. Un corps a été retrouvé dans une décharge publique à l'extérieur d'Oshawa, il y a deux jours, comme il n'y a qu'un seul dossier criminel en cours dans cette ville, du moins, un seul cas de meurtre avec un cadavre qui s'est fait la malle de la morgue, flanqué d'une vilaine morsure animale au bras, les autorités ont décidé que ce corps était celui de Jared. Il n'est pas identifiable et son ADN ne correspond pas, mais ils s'en fichent.
— C'est légal ça ? demanda Derek.
Absolument pas, mais bon, faute de grives on mange des merles, comme on dit.
— Je vois... Ça change quoi pour moi ?
Eh bien... Malheureusement, rien pour le moment, cependant, j'ai réussi à obtenir une entrevue avec le Médecin Légiste d'Oshawa, et le procureur de la Couronne. Ça risque de ne pas vous plaire, mais je pense qu'il faut leur dire la vérité, au moins à ces deux-là. Je vous attends donc à Oshawa, avec Jared, la semaine prochaine en dix à onze heures du matin au bureau du procureur de la Couronne. Un avion militaire vous attendra à Fresno pour vous conduire sans escale là-bas.
— Léna, c'est... commença Stiles.
Oui, je sais, mais je n'ai aucun autre moyen de blanchir Monsieur Hale, Stiles, répondit la jeune femme. S'il le faut, on recréera une identité à Jared, mais je pense que pour le bien de tous, petit à petit, d'autres personnes de confiance doivent être mises au courant de ce qu'ils sont. Surtout qu'il y a cette bande de panthères qui traîne dans la ville et si jusqu'à maintenant elles se sont tenues à carreau, il se peut qu'elles recommencent et le procureur doit savoir.

Stiles opina, un peu ennuyé, puis Léna leur souhaita une bonne journée et raccrocha. Stiles posa son bras sur son genou, pensif.

— C'est risqué, admit alors Derek. Mais on n'a pas le choix. Si Jared avait été réellement mort, j'aurais sans doute fini par me rendre, mais il est vivant et ceux qui me cherchent doivent le savoir et ils ont le droit de comprendre.
— Tu crois ?

Derek hocha la tête. Il jeta ensuite un coup d'œil au réveil puis repoussa les couvertures et quitta le lit.

— Allez, debout, je n'ai pas l'intention de demeurer au lit jusqu'au retour de tes parents. Déjà qu'avec ton père, c'est tendu, alors je n'ai pas envie de tenter le diable.

Stiles sourit et observa son compagnon s'habiller avant de l'imiter, après quoi ils descendirent se préparer à déjeuner.

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Alors que les deux garçons regardaient une émission de divertissement à la télévision, calés l'un contre l'autre, le téléphone de Stiles vibra sur la table basse et il se pencha pour le récupérer.

— C'est Scott, il veut nous voir tous les deux cette aprèm, vers trois heures.
— Pourquoi ?
— Je lui demande...

La réponse ne se fit pas attendre.

— Ah, c'est au sujet de Léna, apparemment, elle a eu une réponse d'Anise, mais ce n'est pas celle qu'on attendait.
— C'est-à-dire ?
— Il nous en parlera sans doute cet après-midi, répondit Stiles en reposant le téléphone. Pour le moment, j'ai envie de profiter de toi.

Derek sourit et entoura son compagnon de son bras.

— Tu sais, dès notre première rencontre, je me suis dit qu'il y avait quelque chose entre toi et moi, mais j'ai toujours refusé de le croire, dit-il alors. T'étais un gamin, moi j'étais un loup-garou pétri de problèmes familiaux...

Le loup roula des yeux.

— Aujourd'hui, t'es un homme et moi j'ai toujours des problèmes familiaux, mais...

Stiles se redressa et enjamba les jambes de Derek en s'asseyant sur ses talons.

— Mais aujourd'hui, ce n'est plus hier et même si ce n'est pas encore demain, j'ai envie d'être avec toi, peu importe le temps que ça durera. Je sais que tu es dangereux, je sais parfaitement que tu peux me blesser ou même me tuer dans un accès de colère, mais je prends le risque parce que même si la dernière fois que je t'ai vu remonte à sept ans, tu n'as jamais quitté mes pensées, Derek Hale...

Derek inspira.

— Whoa... Ça c'est une déclaration d'amour ou je ne m'y connais pas...

Stiles rigola puis l'embrassa vivement avant de retourner à sa place sur le canapé pour qu'ils finissent la matinée sereinement. À midi, Derek quitta la maison et Stiles entreprit de préparer le repas pour son père, Beth mangeant à la cantine de son école. Le Shérif s'étonna d'ailleurs que son fils ne mange pas avec lui.

— On s'est levés tard, répondit simplement le jeune homme.
— Beth m'a dit qu'elle t'avait trouvé sur ton ordinateur à travailler quand elle s'est levée ce matin, tu as encore fait un cauchemar ?

Stiles s'assit de l'autre côté de l'îlot en opinant.

— Je pensais qu'en acceptant ce qui m'a toujours lié à Derek, ça passerait, mais certaines nuits, c'est l'horreur, je revis tout ce que j'ai vécu avec Scott, la Bête du Gévaudan, les Cavaliers, le Kanima...

Le jeune homme soupira.

— Tu n'es ici que depuis un mois, laisse le temps aux souvenirs de se refaire une place. Tu n'avais plus repensé à tout ça depuis cinq ans, c'est normal que tout te revienne au galop. Surtout avec tout ce qu'il s'est passé dernièrement.

Stiles baissa le nez.

— Papa, je sais qu'avec Derek c'est compliqué entre vous, dit-il. Mais quand je l'ai vu dans ce laboratoire, je...

Stiles se frotta le visage et renifla.

— Si je n'avais pas eu de conscience, le Colonel James serait mort d'une balle dans la tête, acheva-t-il. Je n'ai toujours pas compris comment on pouvait faire subir autant d'horreur à une personne sans avoir de cas de conscience...
— L'argent, la loyauté, ça fait avancer n'importe qui. La peur aussi. Derek est un homme très impressionnant, même sans savoir ce qu'il est, répondit Noah. Sa seule présence calme radicalement certaines personnes.

Stiles esquissa un sourire.

— Je l'aime tellement, papa... souffla-t-il en clignant des paupières. Je ne pensais jamais dire ça un jour, mais je suis tombé amoureux d'un garçon et je l'ai ignoré pendant sept ans, sept longues années pendant lesquelles j'aurais pu être beaucoup plus heureux.

Stilinski serra les lèvres.

— Tu le savais depuis début au fond de toi, dit-il. Si cela peut te rassurer, je n'ai rien vu non plus, mais je l'ai compris quand Beth m'a raconté dans quel état elle t'avait trouvé lorsque que tu as découvert que Derek était retenu dans la Zone 51. Ça lui a brisé le cœur.
— Je sais...

Stiles esquissa un sourire avant de se mettre à pleurer. Son père contourna aussitôt le comptoir et le prit dans ses bras pour l'étreindre solidement.

— Ça va aller, dit-il. Tu vas t'habituer à l'idée, tu vas arriver à faire taire l'usine à gaz qui te sers de cerveau et lui dire merde, j'en suis sûr. Derek n'est pas plus perturbé que ça, lui, et tu devrais prendre exemple.
— J'ai passé cinq ans avec Lydia, papa, répondit alors Stiles en se redressant.

Il attrapa une feuille d'essuie-tout et se moucha bruyamment.

— Derek est resté seul depuis son départ de Beacon Hills, reprit-il.
— Il a vécu trois ans avec Jared, rappela le Sherif.
— Ils sont amis, rien de plus, ils sont presque comme des frères, plus encore maintenant que Jared est comme lui. Tu sais papa, Derek est comme ça uniquement avec moi et j'en suis presque fier parce que comme tu as dit, c'est un sacré morceau, il est impressionnant, et moi à côté, je suis presque chétif. On est dépareillés, mais notre couple est agréable malgré tout, on se complète.

Stilinski sourit puis retourna à sa place pour finir de déjeuner.

— Comment s'est passé ton retour ? demanda alors Stiles en se servant de l'eau.
— Très bien, ils m'ont fait un accueil presque royal, j'ai passé vingt minutes à raconter mon agression puis le devoir nous a rappelés et nous avons coupé court aux festivités.
— Personne ne se doute de rien ?
— Non, mais Parrish m'a tenu à l'œil toute la matinée...
— Scott le lui a demandé, répondit Stiles en haussant les épaules. En tant que Chien de l'Enfer, il est largement capable de maîtriser un loup nouveau-né.

Stilinski pinça la bouche et hocha la tête avant de finir son repas et d'accepter le café que son fils proposa.