— On y est. Ça va aller ?
— J'ai pas le choix...
— Techniquement si, mais autant le faire maintenant. On ne sait pas ce qui a pris possession de ton corps, Jared, et je préfère que ton nom et le mien soient propres, juste au cas où. Je vous rappelle que Lydia n'a rien trouvé d'anormal chez toi, donc c'est peut-être une forme d'esprit plus puissante qui ne laisse aucune trace sur le possédé.

Ils venaient de descendre de l'avion après un voyage de plus de onze heures et deux escales, une à Los Angeles, et l'autre à Detroit, et ils avaient hâte de rejoindre leur hôtel.

— Quelle heure est-il ?
— Presque vingt-trois heures.

Stiles soupira. Derek, Jared et lui avaient convenu de retrouver Lena à Oshawa, à l'Institut médico-légal de la ville, le lendemain après-midi, où ils avaient rendez-vous avec le procureur de la Couronne, James Pears, et le légiste qui avait eu le corps de Jared dans sa morgue, le docteur Thimothé Langley.

— Venez, allons nous reposer, dit alors Stiles.

Il s'empara de la poignée de sa valise et les deux autres lui emboîtèrent le pas en silence. Ils avaient été silencieux pendant quasiment tout le vol, surtout Jared, qui était terrorisé et qui avait dû prendre un somnifère pour se détendre. Derek l'avait gardé à l'œil pendant tout le voyage et Stiles, habilité à avoir son arme à bord des avions en tant qu'Agent Fédéral, était resté sur le qui-vive, au cas où.

.

Le lendemain à midi, les trois garçons étaient impatients d'en finir. Jared n'avait presque pas dormi de la nuit, quant à Derek, il s'était tellement tourné et retourné que Stiles avait fini par lui demander d'aller dormir sur le canapé.

Après un déjeuner rapide, tout le monde se retrouva donc à l'institut médico-légal de la ville, le seul et unique.

— Salut, Léna. Tu as fait bon voyage ?
— Pas trop mal, et vous ?
— C'était tendu, ils sont pires que des cordes de piano, les deux-là... Revenir ici est apparemment très compliqué et...

Stiles se tut en levant les yeux vers son compagnon. Quand les yeux de celui-ci virèrent au rouge, il lui prit aussitôt le poignet et Lena porta une main à son arme.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda aussitôt Jared en se cachant derrière Stiles.
— Ça pue la panthère ici... renifla Derek.
— Tes yeux, souffla Stiles. Tu vas ameuter tout le monde !

Derek cligna puis baissa le nez et serra les mâchoires. Soudain, il tourna les talons et Stiles jura.

— Léna, reste avec Jared, s'il te plait. Commencez sans nous, on arrive.

La jeune femme opina puis regarda Jared qui n'en menait pas large. Il avait les yeux rouges de fatigue mentale et il tremblait. Si jamais ils tombaient nez à nez avec des panthères-garou, il ne pourra jamais les affronter.

— Jared ? souffla Léna. Jared, je suis là, d'accord ? Il ne peut rien vous arriver...
— Je... Je suis terrorisé, je...

Il ferma les yeux et deux larmes glissèrent sur ses joues pâles. Il s'écroula soudain sur les marches de l'institut et Léna s'assit près de lui et lui prit la main. De son autre main, elle lui caressa la nuque.

— Ça va aller, dit-elle. Reprenez-vous. Nous allons rencontrer ces deux hommes, tout leur expliquer, et demain soir, vous êtes de retour à Fresno.

Jared secoua la tête, mâchoires serrées. Il crispa ses doigts sur ceux de Lena et s'appuya ensuite contre elle. Sa peur était presque palpable et Léna en eut l'estomac qui se serrait. Ce n'était plus de la peur, là, mais une véritable terreur et s'il n'avait pas été avec quelqu'un de confiance, elle savait que Jared aurait pris ses jambes à son cou et aurait probablement sauté d'un pont dans la foulée.

— Chut, ça va aller... dit-elle.

Glissant une main sur la cuisse de la jeune femme, Jared serra les doigts. Léna grimaça en sentant les griffes de la panthère agripper son jean, heureusement de très bonne qualité. Il le relâcha soudain et haleta. Un grondement monta alors de son torse et Lena regarda autour d'elle avec inquiétude, mais lorsque son regard se posa sur le sommet des marches, elle reconnut le procureur de la Couronne qu'elle avait rencontré en visio-conférence quelques jours en arrière.

— Jared... ? dit-elle en le repoussant. On nous attend, vous venez ?

Le jeune homme secoua la tête. Léna glissa alors une main dans sa veste noire et en tira une seringue à air comprimé.

— C'est un décontractant, dit-elle. Est-ce que vous en voulez ?
— Je veux avoir toute ma lucidité, je...
— Jared, si vous perdrez le contrôle, Stiles vous tuera...

La panthère hocha la tête. Il se redressa alors, inspira puis souffla profondément et opina ensuite. Léna l'interrogea du regard puis se leva. Il l'imita et chercha Derek et Stiles des yeux.

— Venez, ils nous rejoindront, répondit Léna.

La panthère hocha la tête et ils rejoignirent l'homme en costume qui les attendait plus haut.

— Agent Kennan, je suis ravi de vous rencontrer enfin en chair et en os.
— Moi aussi, Monsieur Pears. Voici Jared Gardien.
— Seigneur... Alors c'est la vérité, vous êtes bien vivant... pâlit l'homme.
— J'ignore comment, Monsieur le procureur, répondit Jared. Je... Je suis désolé, je...
— Jared... Ça va aller, assura Léna en lui prenant les mains. Souvenez-vous de ce que Scott a dit, surtout, on ne s'énerve pas, on ne perd pas le contrôle, d'accord ?
— Le contrôle ? demanda Pears, inquiet.
— Je... Ne vous en faites, je ne vous ferai pas de mal, je... bafouilla Jared.

Il souffla longuement et déglutit.

— Revenir ici me coûte énormément, avoua-t-il alors. Je suis terrorisé, je n'ai aucune idée de ce qu'il s'est passé ces six derniers mois, je...
— Tout va bien se passer, répondit alors le procureur. Le docteur Langley est un ami, c'est un ancien médecin pour enfants, il est très gentil, ne vous en faites pas.
— Au besoin, j'ai une seringue à air comprimé remplie d'un tranquillisant conçu exprès pour lui, répondit Léna. D'accord, Jared ? Si ça ne va pas, dites-le-moi tout de suite.

Jared hocha la tête puis Pears l'observa et se détourna pour rentrer dans le grand bâtiment de pierres blanches. Les deux autres le suivirent et Jared garda la main de Léna dans la sienne pendant tout le temps qu'ils mirent à rejoindre le sous-sol de l'institut.

— Thimoté ! Vous êtes là ?

Il y eut un bruit cristallin et un homme blond taillé comme un rugbyman roula à reculons sur chaise de bureau jusqu'à la porte pour voir qui l'appelait.

— Oh ! C'est déjà quinze heures ? Que le temps passe vite !

Il quitta sa chaise et s'approcha de Pears à qui il serra la main. Il observa ensuite Léna puis Jared et releva le menton.

— Oh, Seigneur... se signa-t-il.
— J'imagine que c'est un sacré choc pour un légiste de voir une de ses autopsies qui marche et qui respire, non ? ironisa alors Pears.
— Ce n'est pas le moment de plaisanter, Monsieur, répliqua Léna, les sourcils froncés.
— En effet, mais il a raison, Mademoiselle...
— Agent Kennan, FBI, répondit la jeune femme.
— Pardon, Agent Kennan. Puis-je ? demanda-t-il ensuite en regardant Jared.

La panthère tremblait de tous ses membres. Léna l'observa un moment. Il inspira puis se tourna vers Langley et souleva son pull. L'épaisse cicatrice au milieu de son ventre fit reculer le médecin légiste.

— C'est définitivement mon cadavre, dit-il, pâle. Comment est-ce possible ?!
— C'est pour cela que je suis ici, répondit Léna.
— Vous ne deviez pas venir avec... ? demanda alors Pears.
— L'Agent Stilinski et Monsieur Hale sont dehors... Chacun son garou, si je puis dire... répondit Léna en roulant des yeux. Ils ne devraient plus tarder.
— Je vois... Des chaise, Thimoté ?
— Oh... Oui, bien sûr, et un truc à boire aussi, fort si possible, ça nous fera du bien à tous !

Il leur montra des fauteuils alignés le long des murs et il amena sa chaise de bureau avant de s'y effondrer. Stiles et Derek apparurent ensuite et s'assirent en silence près de Jared qui se sentit immédiatement soulagé.

— Je ne sais même pas par quoi commencer... avoua alors le procureur.
— Par le début ? proposa Stiles.
— Monsieur Pears, voici l'Agent Stilinski. Et Derek Hale, dit Léna.
— Oui, je vous reconnais, répondit Pears. Votre tête est partout dans le pays...

Derek marmonna et Léna observa Stiles qui entreprit alors de raconter l'histoire, mais Derek décida finalement de raconter lui-même depuis le début, depuis cette soirée fatidique où son meilleur ami avait été pris pour cible par des panthères-garous bien décidées à s'amuser un peu...

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— Magnifique...

Langley observait la main de Jared avec un émerveillement plutôt étrange. Après plus de deux heures de discussion, les tensions s'étaient estompées et Jared était beaucoup moins terrifié qu'à son arrivée, mais il demeurait tendu.

— Ça fait mal ? demanda alors le médecin.
— Du tout. C'est comme les chats, on en fait ce qu'on en veut, répondit la panthère en rangeant ses griffes d'un mouvement de la main.
— Vous aussi ? demanda Langley en regardant Derek.
— Mes griffes sont beaucoup moins délicates que les siennes, répondit celui-ci. Je suis un canidé, contrairement à Jared qui est un félidé. Nous sommes cependant aussi dangereux l'un que l'autre, pour le moment.
— Comment ça ? demanda Pears.
— Jared n'est pas encore en pleine possession de ses capacités, répondit Stiles. Pour le moment, et on le comprend, il est plutôt terrifié par sa nouvelle vie et cela prendra du temps à notre Alpha pour l'avoir à sa cause.

Jared baissa le nez.

— Alpha ? demanda Langley.
— Nous faisons partie d'une meute de loups-garous, en Californie, répondit Stiles. Mon meilleur ami est le chef suprême, l'Alpha, et Jared... Eh bien, s'il le désire, pourra en faire partie, lui aussi.
— Alors qu'il est une panthère ? demanda Pears.
— Je suis humain et j'en fais partie, répondit Stiles. Nous avons aussi un Chien de l'Enfer, entre autres...

Les deux hommes se regardèrent sans comprendre puis Langley secoua la tête.

— Comment cela va-t-il résoudre le dossier de meurtre à l'encontre de Monsieur Gardien, Procureur ? demanda-t-il.
— Eh bien, pour commencer, Monsieur Gardien est bel et bien vivant, nous l'avons devant nous, c'est la meilleure preuve que l'on puisse avoir, donc je propose que la charge de meurtre soit abandonnée pour erreur sur cadavre. Nous pensions que le corps retrouvé était celui de ce garçon, mais il ne l'est pas. Du moins, il ne le sera pas officiellement.
— Monsieur Hale est également accusé de fuite, rappela Léna.
— Lié à Jared, répondit Stiles. Il ne serait jamais parti en le laissant agoniser.
— En effet, répondit le concerné.
— Je lui ai demandé de m'achever, avoua alors Jared en le regardant. Ça, je m'en souviens parfaitement...

Un silence s'installa.

— L'as-tu seulement fait ? demanda soudain Stiles.

Derek blêmit.

— Oui je l'ai fait, je m'en souviens ! répliqua-t-il.
— Hey, pas sur ce ton, répondit son compagnon, les sourcils froncés. Je demande parce que nous sommes à la recherche d'un esprit ou de quelque chose qui peut altérer les consciences. Jared est arrivé à BH sans aucun souvenir, après six mois et mon père...
— Votre père ? demanda Langley. Qu'est-ce...
— Mon père est un loup-garou, avoua alors Stiles. Il a été mordu il y a quelques semaines par un Omega de passage et nous avons découvert Jared peu après, totalement amnésique. Nous pensions que l'esprit qui l'a possédé et « amené » jusque chez nous, l'a abandonné devant la tanière de l'Alpha pour ensuite posséder un Omega de passage et s'attaquer à mon père qui patrouillait dans la ville.
— Donc, il y a bel et bien quelque chose de surnaturel qui est à l'origine de la résurrection de Monsieur Gardien, souffla Pears.
— Oui, tout comme vous avez des panthères-garou qui traînent dans votre ville sous la forme d'un petit gang défoncé à l'herbe, grommela Derek. Ces saloperies sont pires que des femmes ! De vraies pestes !
— Eh bien, tu es plus gentil avec les femmes, d'ordinaire... souffla Léna en croisant les bras.

Derek marmonna.

— Pour en revenir à la mort de Monsieur Gardien, je peux assurer qu'il était bel et bien mort quand on me l'a amené, dit alors Langley. Je... Une minute.

Il quitta sa chaise et alla fouiller dans un meuble à tiroirs. Il en revint avec un dossier qu'il tendit à Léna.

— Le rapport d'autopsie, dit-il. J'y ai noté tout ce que j'ai trouvé sur le corps à son arrivée, et tout ce que j'y ai trouvé pendant et après l'autopsie.

Léna hocha la tête et entreprit de feuilleter le dossier.

— Cadavre mâle, un mètre soixante-seize, cheveux bruns, yeux bleus, environ vingt ans, lut-elle. Cause de la mort, os hyoïde brisé, n'a pas souffert. Noté une cicatrice fraîche en forme de morsure sur l'épaule gauche, profondeur anormale pour une morsure humaine, suspecte morsure de chien. Test de rage demandé. Négatif.

Derek grogna et Langley tourna les yeux vers lui.

— Traces de salive trouvées dans la plaie, reprit-elle. Envoyé pour analyse. Docteur, l'analyse est-elle revenue ?
— Oui, la salive était bien d'origine animale et le test pour la rage était négatif, par contre, l'analyse sanguine a révélé des traces d'une protéine inconnue.
— Protéine que vous trouverez dans mon sang, répondit Derek.
— La même ?
— Non, je vous l'ai dit, nous ne sommes pas de la même race. Mais elle sera similaire, en effet. C'est grâce à elle que nous pouvons shifter.

Ses yeux rougirent et Langley pâlit, tout comme Pears.

— Magnifique... souffla celui-ci. Qu'êtes-vous, Monsieur Hale ?
— Un loup-garou. Un Alpha Supérieur.

Pears plissa un œil.

— Je pense que tu peux leur faire confiance, dit alors Stiles. Nous sommes deux agents fédéraux avec des armes au fin fond d'un building où personne ne va jamais, j'imagine qu'ils sont dignes de confiance...
— Quand bien même nous serions armés, nous n'aurions aucune chance, répondit Langley, mal à l'aise. N'est-ce pas ?
— Face à moi, si, mais pas lui, répondit Jared.
— Pardonnez-moi le parallèle, Monsieur Gardien, mais vous me faites penser à un chaton apeuré...
— Je me fais le même effet, je vous rassure... J'ai hâte que tout se finisse, que je puisse me terrer dans mon lit jusqu'à ce que je me réveille enfin...
— Jared...

Léna lui prit la main et pinça les lèvres. Il déglutit et soudain, quitta sa chaise en faisant bondir tout le monde. Il s'éloigna dans la vaste salle médicale et Derek lui emboîta le pas. Sous les yeux des quatre humains, il le prit rudement dans ses bras et l'enserra. Jared grogna et lui planta ses griffes dans le dos. Stiles grimaça puis détourna la tête et croisa le regard de Pears.

— Faisons une pause, proposa soudain Langley.

Léna et Stiles hochèrent la tête puis Stiles sortit dans le couloir et Pears le rejoignit.

— C'est votre mari ? dit-il.
— Le loup ? répondit Stiles. Mon compagnon, mais c'est tout comme. Nous nous connaissons depuis près de dix ans maintenant.
— Je vois... C'est difficile d'endurer cela ?
— Le mal-être de Jared est insupportable et Derek est son meilleur ami tout en étant son meurtrier... Il ne se pardonnera jamais de l'avoir achevé, pis encore, d'avoir fui au lieu d'être resté avec lui.

Pears pinça les lèvres.

— Comment ça se passe, de devenir un... garou ?
— On ne sait pas vraiment, répondit Stiles en haussant les épaules. Un Alpha mord un humain, son venin se diffuse dans son sang et modifie son ADN, parfois ça marche, et parfois, ça rate. Jared n'a pas supporté la transformation, il a agonisé toute la nuit avant que Derek ne consente à le soulager de sa douleur... La panthère qui l'a mordu ne devait pas être suffisamment forte et son venin n'a pas fait son travail comme il aurait fallu.
— Comment se remet-on d'une telle chose ? Comment peut-on un jour se pardonner d'avoir tué son meilleur ami ?
— Je vous dirais cela dans quelques années, Monsieur, répondit Stiles avec un mince sourire. Heureusement, notre Alpha est pétri de bienveillance, ses loups le respectent et même les forces de l'ordre...
— Votre père... Est-il comme Monsieur Gardien ? Aussi déboussolé ?
— Non. Au début si, mais il a choisi de reprendre sa vie comme avant, il est le Shérif, il ne peut pas tout abandonner comme ça pour courir les bois avec une bande de jeunes gens... Il s'est soumis à mon Alpha, il lui obéira s'il lui donne un ordre, mais Scott ne fera jamais ça. Il a d'autres loups pour cela, dont son fils et son frère.

Pears fronça les sourcils et Stiles lui expliqua que Liam et Isaac étaient considérés comme tels, car ils étaient les deux loups les plus proches de Scott. Ils étaient ses yeux, ses oreilles et sa voix, quand bien même ils aient quasiment le même âge que lui .

— Ils sont ses Lieutenants et de ce que j'ai pu voir, quand ils disent quelque chose, c'est Scott qui parle, acheva Stiles avec un sourire. Il y a une telle dévotion dans une meute, Monsieur le procureur, vous ne pouvez même pas imaginer à quel point les loups sont reconnaissant envers leur Alpha.
— Mais ils en ont peur, pourtant.
— Vous craignez votre supérieur, non ? Moi aussi. C'est la même chose pour une meute et son Alpha, mais eux, ils ont les rugissements et les coups de griffes en plus. Croyez-moi, quand un Alpha rugit, même les humains obéissent.

Pears esquissa un sourire. Derek apparut alors et passa un bras autour des épaules de Stiles.

— Où est Jared ? demanda celui-ci.
— Roulé en boule dans un coin de la salle d'autopsie, mais le doc est avec lui.
— Léna les surveille ?

Derek opina. Il observa alors Pears qui le regardait de haut en bas.

— Désolé d'être curieux, Monsieur Hale, mais vous nous avez dit être un... Alpha Supérieur, en quoi cela consiste-t-il exactement ?
— Je possède une capacité que les autres loups n'ont pas. Ce gène me vient de ma mère, Alpha Supérieur de son temps. Elle est morte dans l'incendie de notre manoir familial par des Chasseurs, il y a près de vingt ans maintenant.
— Et vous avez quoi de plus que les autres ?
— Je me transforme en loup, tout simplement, répondit Derek. Mais je ne préfère pas vous montrer, je n'ai pas envie que les caméras de sécurité gardent ma véritable forme en mémoire et que je sois également fiché sous cette forme.

Pears plissa le nez.

— Les loups, ce n'est pas ce qui manque dans le coin... marmonna-t-il.

Derek esquissa un rictus. Il tourna ensuite la tête vers Stiles qui leva son visage vers lui et lui sourit. Après un baiser, le loup retourna dans la salle et Stiles soupira.

— Je ne sais pas comment vous faites pour supporter tout ça, soupira Pears en retour, se laissant glisser contre le mur pour s'asseoir sur le sol. L'idée-même que des êtres humains soient capables de se transformer à moitié en animaux sauvages me terrifie...
— Cela terrifie tout le monde au début, puis nous apprenons à vivre avec, à nous servir leurs capacités, à nous reposer sur eux.
— Vous avez dit que la police de votre ville leur faisait confiance ?
— Pas pour tout, mais comme la ville entière est le territoire de Scott, ainsi que sa campagne alentours, quand la police cherche quelqu'un, elle a plus vite fait de demander à Scott d'envoyer ses loups renifler l'air pendant les policiers sillonnent les rues du centre-ville.
— C'est donc un atout pour vous.
— En effet. Sans Derek, sans les loups de Scott, mon père serait mort à l'heure qu'il est.
— Vous me racontez ?
— Pas aujourd'hui, nous sommes ici pour Jared, mais un autre jour, si vous voulez ? Peut-être qu'une invitation dans une tanière serait mieux qu'une histoire ?

Pears eut un tic et Stiles sourit. Léna demanda soudain s'ils pouvaient reprendre et les deux hommes rejoignirent Jared et tout le monde s'assit sur le sol carrelé, en rond, comme des enfants de dix ans, pour continuer à discuter, le pichet de café posé entre eux.