O Chambre 445, de l'hôtel La beauté du Danube, occupée par Louis Weasley et Allénore Rameaux O
Allénore s'était recroquevillée dans un coin du lit avant de s'endormir, pour laisser à Louis toute la place de s'étendre comme il aimait le faire. Elle avait pris l'habitude de s'enrouler autour de son corps, inconsciemment et profondément endormie, si bien qu'elle se réveillait toujours en le tenant contre elle, sa joue collée contre son dos ou sa poitrine.
Allénore s'était assoupie bien avant qu'il ne rentre et avait pris soin de laisser sur la table de chevet du côté de son lit, un verre d'eau ainsi que l'élastique qui lui avait prêté pour sa coiffure.
Elle se réveilla subitement, le corps de Louis contre le sien, presque tout au bord du lit. Elle ouvrit les yeux, l'esprit paisible. Son expression fut vite remplacée par l'inquiétude, ses sourcils se fronçant. Elle posa une main sur la joue de Louis, commençant à la caresser doucement, pour le réconforter. Il semblait souffrir et était agité. Elle murmura avec toute la gentillesse qu'elle possédait :
— Louis… Je suis là.
Elle étudia son visage. Louis ne semblait pas se calmer. Chance miaulait furieusement et Louis se débattait dans son sommeil. Il gémissait et se lamentait. Il suppliait. Il répétait le prénom de la femme qui l'avait agressé et saigné pendant des jours. Allénore alluma les lumières d'un coup de baguette, baissant leur intensité, et Chance sauta du lit, rassurée de constater que l'humaine de son ami était désormais assez réveillée pour prendre soin de lui.
— Louis ! Louis, c'est moi. Il faut que tu ouvres les yeux.
D'habitude, c'était elle qui faisait des cauchemars. Elle s'était longtemps abreuvée de potion de sommeil, pour ne plus en faire, avant de trop s'y accoutumer et de les abandonner. La période de sevrage avait été terrible et elle s'était plusieurs fois réveillée en sueur, tremblante et dans les bras de Louis.
Il lui arrivait d'en faire aussi, des mauvais rêves. Si réels que Louis ne savait plus où il était, ou si il dormait. Allénore avait alors appris qu'on ne pouvait pas lire, dans les rêves et qu'en cas de doute, c'était ce qu'il fallait faire. Elle lui avait donc écrit des mots, qu'elle avait glissé dans les poches de ses pantalons de pyjamas, sous son oreiller, sur son verre d'eau, sur la tête de lit et partout où elle le pouvait. Mais Louis était si profondément endormi, enraciné dans son rêve, que ses traits se creusaient d'horreur et de douleur.
Il appelait à l'aide, d'une voix éraillée et cassée.
Elle encadra son visage de ses mains et le secoua légèrement. Son front était brûlant. En désespoir de cause, elle acciota le verre d'eau et le renversa sur son visage. Louis sursauta et se releva d'un coup, faisant chuter Allénore par terre. Elle se cogna la tête contre la table de chevet et laissa échapper un cri surpris, qui alerta Chance.
Trop contente de voir que son humain s'était réveillé, Chance sauta de nouveau sur le lit et se glissa entre les genoux de Louis, ronronnant contre son torse nu.
— Allénore ? l'appela-t-il.
Celle-ci se releva et rejoignit le lit en frottant l'endroit où sa tête avait heurté le coin de la table.
— Est-ce que je t'ai blessée ? hoqueta-t-il.
Elle lui prit les mains avec précipitation :
— Non, non, ce n'est pas ta faute !
— Est-ce que ça va ? demanda-t-il.
— C'est plutôt à moi de te poser cette question.
Il insista, la regardant longuement.
— Je vais bien. Et toi ?
Il hocha la tête, la bouche pâteuse et les membres engourdis, lourds. Elle baissa les yeux et escalada son corps pour retourner à son côté du lit. Chance quitta les genoux de Louis pour retrouver la robe noire d'Allénore roulée en boule.
— Tu devrais rentrer, chuchota-t-elle. Louis… Tu étais en train de faire un cauchemar.
Il chercha à tâtons le verre d'eau qu'Allénore laissait toujours sur sa table de chevet et le trouva finalement par terre complètement vide. Il réalisa seulement à cet instant qu'il avait les cheveux mouillés et que de l'eau lui dégoulinait du front jusqu'à son torse.
— Je n'aurais pas dû accepter que tu viennes avec moi, regretta-t-elle.
— Je n'ai pas besoin de ton autorisation pour aller où bon me semble, que je sache.
Elle ferma douloureusement les yeux et pinça les lèvres.
— Je voudrais tellement l'avoir en face de moi et …
Allénore était brûlante de rage à son tour. Louis ne se montrait jamais vulnérable, pas s'il pouvait l'empêcher et jamais de sa propre volonté. Il était capable de perdre le contrôle de ses émotions, de les laisser éclater, mais jamais, jamais il ne montrait le moindre signe de faiblesse. Il se cachait toujours derrière ses sarcasmes et son humour, son ego parfois démesuré et sa confiance en lui.
— Est-ce la première fois que tu fais un cauchemar de ce genre ?Que tu rêves d'elle ?
Il grimaça. Louis décida de ne pas mentir, quitte à la blesser, quitte à l'inquiéter et à réveiller cette lueur angoissée dans ses yeux bruns, ainsi que cet instinct qu'elle avait, de faire passer ses propres besoins et désirs après ceux de Louis.
— Non.
— Tu ne m'en as jamais parlé.
— Parce que ce ne sont que des rêves.
— Quand tu me réveilles pour me libérer des miens, ce n'est pas ce que tu me dis Louis.
— Parce que toi… Toi, ce n'est pas pareil.
Il réalisa que ce qu'il venait de dire était ridicule et complètement absurde, et elle le lut sur son visage. Il se sentit honteux et passa une main sur son visage crispé. Il avait mal à la gorge.
— Je ne t'en ai pas parlé parce que j'ai toujours été persuadé que j'allais bien, que tout ça… C'était derrière moi. Je ne pense plus à cette femme depuis longtemps. Je n'ai pas peur des vampires. Mais… ce soir, j'ai croisé une rousse et l'espace d'un instant, j'ai cru que c'était elle, que c'était Cora, qu'elle était peut-être à Budapest et que …
Il ne termina pas sa phrase.
— Est-ce que je peux te prendre dans mes bras ? demanda-t-elle.
Il sourit de l'entendre lui poser la question, et de la voir attendre sa réponse sans le toucher, se retenant même de le faire. Il se laissa glisser sous les draps, pour poser sa tête contre sa poitrine, l'oreille contre son coeur.
— Toujours Allénore.
Elle l'encercla de ses bras, le maintint contre elle jusqu'à ce qu'il trouve une position confortable, blotti, presque imbriqué contre elle, et commença à caresser ses cheveux et à laisser courir ses lèvres sur son front.
Elle le voulait en sécurité.
Et elle aurait donné n'importe quoi pour cela.
— La guérison, ce n'est pas quelque chose de linéaire, Lou'. Tu as le droit d'avoir tes failles et de flancher de temps en temps. Tu es… la personne la plus forte que je connaisse.
— Menteuse.
Elle le gratifia d'une petite tape sur la tête.
— C'est toi, la personne la plus forte que tu connaisses, corrigea-t-il.
— Lou'… Je ne veux pas que cet endroit te rappelle de mauvais souvenirs.
— Je suis allé à un bar, que je fréquentais avec Alza, lorsque nous étions en mission … Ce n'est pas un mauvais souvenir. C'est peut-être…., soupira-t-il en cherchant ses mots. Tout le contexte. Les vampires et les vélanes, ici, qui s'écharpent.
Elle se mit à décrire des cercles dans ses cheveux et démêla quelques mèches. Elle se concentra sur sa respiration pour se calmer, mais sentit la colère naître en elle.
— Allénore ?
Si elle avait eu cette vampire sous les yeux, celle qui avait séquestré et blessé Louis, elle aurait probablement perdu tout ses moyens.
— Tu recommences, Nore, murmura-t-il en relevant la tête et en posant ses lèvres sur sa gorge.
Il changea de positon pour effleurer son visage du bout des doigts. Elle se reprit rapidement en constatant qu'elle était en train de lui transmettre une partie de sa colère. Elle rappela ses sentiments à elle, et les renferma sous sa peau, qui se mit à picoter.
— Je suis désolée. Je contrôle mal la polyglomagie… Et aujourd'hui… Aujourd'hui j'ai dû absorber beaucoup de sentiments et de négativité. Et je suis en colère contre cette femme et ce qu'elle t'a fait.
— Ne t'excuse pas.
Elle l'embrassa tendrement, avec une infinie délicatesse, se laissant tomber sur l'oreiller en-dessous de lui. Il s'appuya sur ses épaules, avant de caresser ses bras nus avant de prendre ses mains dans les siennes.
— Dès que cette mission diplomatique sera terminée, on ira dans les endroits de tes plus beaux souvenirs, murmura-t-elle à son oreille. Et on s'en fera d'autres…
Il grimaça une nouvelle fois, visiblement embêté.
— Il se pourrait que j'ai potentiellement d'autres responsabilités avant ça…
Elle haussa un sourcil, intriguée. Il lui vola un deuxième baiser, avant de la laisser lui poser sa question :
— Qu'est-ce que tu as découvert ?
— Les tensions entre les vampires et les vélanes… Je crois que c'est un complot savamment orchestré par des braconniers et que la Présidence magique hongroise ne contrôle plus rien.
Elle l'écouta attentivement, alors qu'il poursuivait, lui expliquant tout ce qu'il avait entendu et vu ces dernières heures. Elle resta silencieuse et muette d'effroi lorsqu'il en vint à décrire la violence des dragons foudre. Il lui caressa les mains tout du long pour calmer son appréhension autant que la sienne.
— Ce n'est pas bon, marmonna-t-elle. Si des braconniers sont mêlés à tout ça, ce n'est pas bon du tout.
— Ce sont probablement des anciens membres des Autres.
— Ne tirons pas de conclusions hâtives, fit Allénore. Il est vrai que les Autres ont toujours voulu se rapprocher des vampires, mais Ed Richards n'aurait jamais exclu les vélanes à leur profit. Il collaborait étroitement avec les deux espèces. Cependant, il n'est pas improbable qu'il ait cherché à les monter les uns contre les autres pour mettre la communauté magique en danger…. Ce serait tout à fait son style. Et donc celui d'anciens membres déterminés à reprendre le flambeau… On n'a toujours aucune trace de Crivey.
Elle était en pleine réflexion et se massa les tempes avec énergie.
Les yeux de Louis étaient braqués sur son visage et il avait une moue plus que sceptique qui lui criait qu'elle se berçait d'illusions et était en plein déni.
— Nous devrions alerter Tommy et James. Ainsi que le Ministère de la magie.
Louis approuva en silence.
— J'écrirai à Charlie demain, pour lui demander s'il a entendu parler de vol de dragons ou d'oeufs.
Allénore opina et lui sourit une dernière fois.
— Tout ira bien.
Ils étaient en train de se rallonger l'un contre l'autre, lorsqu'un cri, de ceux que seule une personne sur le point de mourir pouvait pousser, déchira la nuit encore trop jeune.
O Chambre 437, de l'hôtel La beauté du Danube, occupée Kyoko HirohitoO
Allénore et Louis entèrent dans la chambre Kyoko Hirohito en constatant que la porte était grande ouverte et qu'une marre de sang commençait à s'écouler de celle-ci jusqu'au couloir.
Allénore cria de stupeur, sa baguette entre les mains, en trouvant le corps inanimé et sans vie de la vélane.
— Merlin !
Il se précipita sur la femme et commença à l'examiner, à chercher un pouls ou un signe de vie. Mais elle était déjà morte et ça sentait le brûlé dans l'air.
Allénore restait figée, complètement abasourdie de découvrir le visage de Kyoko lorsqu'elle se transformait en harpie. Elle n'avait jamais vu d'expression si terrifiante et laide. La peau de son crâne semblait avoir fondu sur l'ensemble de son visage. Ses lèvres formaient un bec et son nez crochu était rouge. Mais ce qui marqua Allénore, fut l'absence de la magnifique et longue chevelure noire de Kyoko dont il ne restait que quelques mèches, coupées courts, sur le sol. Ce n'était pas la personne avec qui elle avait sympathisé quelques heures auparavant.
— Elle a dû avoir très peur…, marmonna Allénore.
Elle se pencha vers le corps et lui ferma les yeux.
Ses émotions flottaient encore dans l'air et comme des piques, se plantaient dans la chair d'Allénore cherchant à pénétrer sa peau et engourdir son cœur.
— Non, rectifia-t-elle. Elle était terrifiée.
Louis et elle levèrent deux doigts à hauteur de leur bouche et les baissèrent ensuite jusqu'à leurs coeurs.
Le salut des vélanes.
— Que s'est-il passé ? s'exclama James, essoufflé. Oh putain Merlin ! Ça pue le cochon grillé !
Il pointa du doigt le cadavre. Tommy le bouscula pour passer devant lui :
— T'es Auror James, bon sang. Reprends-toi. Sécurise les lieux.
Il se tourna vers Allénore et Louis. Il prit Allénore par les épaules et commença à inspecter son corps, à la recherches d'éventuelles blessures :
— Tu n'as rien ?
— Je n'ai rien, le rassura-t-elle en acceptant son étreinte.
Il la défit quelques instants plus tôt, les poings sur les hanches :
— Mais qu'est-ce que vous faîtes ici, vous deux ? En pleine nuit ?
— Je vais bien moi aussi, si jamais mon état de santé te préoccupe, le taquina Louis.
Il se gratta la tête avec un sourire en coin et Allénore prit soudainement conscience du fait qu'elle ne portait qu'un pyjama assez fin. Elle croisa les bras sur sa poitrine, mal à l'aise et bredouilla quelques mots incompréhensibles.
— Et vous alors ? renchérit Louis en cachant Allénore derrière lui.
— C'était notre tour de patrouille, expliqua Tommy. Et vous deux ? C'est quoi votre excuse ?
— On a entendu un cri. En sortant de notre chambre on a découvert la porte de Kyoko grande ouverte. On a touché à rien. Louis a seulement essayé de la réanimer.
Tommy s'accroupit pour examiner le corps.
— Il y a une trace de morsure dans le cou, commença Louis.
Il lança un long regard à Allénore, entendu et déterminé. James se mit à inspecter les lieux et lança quelques sorts, qui révélèrent quelques éclaboussures de sang ainsi que des traces de sorts défensifs.
— Sa chambre était ultra protégée… La personne qui est entrée ici devait connaître tous les enchantements et comment les contrer, réfléchit-il à voix haute.
— Ou alors ce n'était pas quelqu'un…
Tommy et James se tournèrent vers Louis alors que la garde magique hongroise commençait à arriver. Quelques clients de l'hôtel s'étaient amassés devant la porte, observant la macabre scène.
— JE N'AI RIEN FAIT ! JE SUIS INNOCENT !
Allénore se précipita à l'extérieur de la chambre, marchant pieds nus dans le sang de la victime pour découvrir Lilian, encerclé par plusieurs sorciers. Sa chemise blanche était rouge et poisseuse. À la commissure des lèvres, il avait encore un mince filet de sang qu'il essuya d'un geste rageux à l'aide de son coude.
— LÂCHEZ-MOI !
Allénore accourut vers lui, en cillant d'incompréhension :
— Mais que faîtes-vous ?
— On l'a retrouvé en train de s'échapper ! expliqua l'un des gardes.
— Cet homme est un représentant de la délégation des vampires de Paris. Il bénéficie de l'immunité pol…, commença Allénore.
— Il était parmi la foule agglutinée devant la chambre lorsqu'il nous a vu ! Il était sur le point de s'enfuir !
— JE N'AI RIEN FAIT !
— Lilian…, murmura Allénore sans y croire.
Elle lui désigna sa chemise et comme s'il prenait conscience de son état, se mit à pâlir.
— Ce n'est pas ce que tu crois. J'étais dans ma chambre avec … et … Je me suis réveillé dans le couloir. J'ai entendu un cri et … Je t'assure que ce n'est pas moi. Ça ne peut pas être moi.
Tommy se positionna entre Allénore et Lilian, montrant sa plaque d'Auror aux sorciers qui retenaient le vampire. Il lança un sortilège à sa chemise, faisant voler une goutte de sang jusqu'à lui, qu'il enferma dans un flacon. James en tenait un autre, absolument identique :
— Ça correspond, annonça-t-il à vois basse à son collègue. C'est le même sang.
— Non, sanglota Lilian. Je ne me souviens de rien mais… Je n'ai pas pu faire une telle chose. Je …
Allénore s'approcha de lui, contourna Tommy qui la retint par le bras.
— Je te crois, Lilian. Je vais te sortir de là, lui promit-elle.
Les gardes étaient en train de le traîner et les mains menottées, le vampire ne se débattait même plus comme hébété et hagard. Dans ses yeux verts, on ne pouvait lire qu'une profonde tristesse.
— Où l'emmenez-vous ? demanda Allénore aux gardes.
— À la prison d'Utolsó lehelet, indiqua l'un d'eux. Il sera interrogé.
— Non, s'exclama férocement une femme.
Habillée d'une chemise de nuit en dentelle blanche, ses cheveux blonds coupés au carré encadraient un visage gracile, un visage de poupée de porcelaine aux lèvres naturellement vermeil.
— C'en est assez. Les vélanes réclament justice. Tuer l'une des notres… Notre représentante élue, ici même, alors que vous avez proclamer des grands discours de paix entre les vampires, les vélanes et les sorciers… C'en est assez !
Sa voix stridente déchira le coeur de Louis. La détresse de cette femme était si palpable qu'Allénore se mit à trembler. Il la rejoignit et la serra contre lui avec force, lui chuchotant de respirer en même temps que lui.
— Kyoko était notre représentante, répéta la vélane d'une voix blanche.
Des larmes creusaient ses joues roses et pouponnes.
— Les vélanes réclameront justice, soyez en certains !
Ces mots sonnèrent un glas de justice mortuaire qui n'appelait finalement qu'à la vengence.
— Ce vampire sera jugé par un tribunal compétent, assura un garde. Le crime ayant eu lieu dans l'ambassade, c'est la Présidence magique hongroise qui a compétence pour connaître de…
La vélane se mit à crier suivi par de nombreuses autres et Allénore se boucha les oreilles, incapable d'entendre autant de souffrance et de peine concentrées et résonnant en un si petit espace. Louis reconnu la jeune femme qui l'avait salué la veille et qui avait rougi. Loreleï. Elle fixait le cadavre avec une expression figée d'horreur et de terreur, les lèvres tremblantes. Il posa ses mains sur celles d'Allénore, pour la protéger du bruit et se rapprocha d'elle. Il l'obligea à le regarder et posa deux doigts dans son cou, au niveau de son pouls, l'encourageant à le contrôler autant que possible. Il lui murmura d'inspirer et il fit se défroncer ses sourcils, en les dessinant de son pouce, détendant son visage petit à petit, jusqu'à s'éloigner pour constater qu'elle avait repris sa respiration.
— C'était l'une de nos soeurs ! vociféra une nouvelle vélane. Nous nous rangerons toutes derrière Paquita pour que justice soit enfin faite, fit-elle en posant une main sur l'épaule de la blonde.
L'une d'elle se jeta sur Lilian avec rage, le frappant plusieurs fois, avant d'être écartée par Tommy et James qui la maîtrisèrent à l'aide de sort. Allénore, désemparée, s'approcha de la jeune femme, qui avait probablement le même âge qu'elle et commença à se concentrer sur les battements de son coeur pour l'apaiser :
— Je peux vous aider à atténuer la peine… Est-ce que vous me le permettez ?
La gifle qu'Allénore reçut la fit tomber à terre et le silence se fit. Louis l'aida à se relever et l'extirpa de la foule, sa baguette pointée vers la vélane, prêt à l'attaquer. Tommy s'était positonné entre elles deux pour faire barage.
— Si vous ne remettez pas ce vampire aux vélanes, ce sera le sang et la guerre, déclara Paquita. Vous avez vingt-quatre heures pour nous le remettre. Après ça, le monde entier entendra parler du fait qu'alors qu'elles étaient sous la protection même de l'ambassade hongroise, une vélane a trouvé la mort alors qu'elle se battait pour nos vies.
O Chambre 445, de l'hôtel La beauté du Danube, occupée par Louis Weasley et Allénore RameauxO
Allénore s'était rapidement douchée et habillée dans la salle de bain de sa chambre d'hôtel. Elle séchait ses cheveux à l'aide d'un sort et grattouillait les oreilles de Chance, qui avait décidé d'être infidèle à Louis. Ce dernier l'avait en fait enjoint de calmer la jeune femme, qui était encore plongée dans ses pensées et rejouait en boucle les événements qui s'étaient déroulés quelques minutes à peine.
— Lilian est innocent, fit Louis.
— Le sang correspond, lui rappela James.
— Ça ne veut rien dire, intervint Tommy.
— Je sais, grommela-t-il. Laissez-moi terminer ! Cela veut dire que quelqu'un cherche à le faire accuser et à déclencher une guerre entre les vélanes et les vampires. Et qui aurait intérêt à faire une telle chose ?
— Les Autres, répondit Allénore d'une voix éteinte.
Il était inutile de nier l'évidence désormais.
— Tout était parfait ! reprit James. Le timing, le sang sur le chemise de Lilian… Il est un coupable bien trop parfait. La Présidence magique hongroise ne s'embarassera pas d'une enquête… J'ai discuté avec l'un des gardes : ils sont en sous-effectifs et il m'a fait comprendre qu'il n'avait aucune confiance en ses supérieurs. D'après lui, cela fait quelques temps que les gouvernants hongrois agissent étrangement …
— Mais si ce n'est pas Lilian qui a tué Kyoko… Qui est-ce ? demanda Tommy.
Louis leva les yeux vers son meilleur-ami.
— Un dragon foudre.
Allénore pleurait silencieusement tout en passant ses doigts entre les poils mi-longs de Chance. Ses origamis s'étaient réveillés et dansaient tout autour d'elle.
— Un dragon foudre ? répéta Tommy.
— Quand nous sommes entrés dans la chambre, ça puait le corps brûlé, lui rappela Louis
— Ces petites choses bleues ? Je croyais que leurs décharges chatouillaient à peine ! fit Tommy.
— Plus maintenant…
Il échangea un regard entendu avec Allénore qui lui offrit un sourire d'encouragement. Louis répéta alors pour la deuxième fois ce qu'il avait apprit la veille. Il n'omit aucun détail, donnant les noms dont il disposait et les informations qu'il avait pu glâner. Après avoir écouté son récit, Tommy soupira lourdement :
— Évidemment, fallait que tu te foutes dans ce genre de merdier…
Louis haussa les épaules, un sourire en coin.
— Ça veut dire que quelqu'un a introduit un dragon foudre dans l'hôtel, nota James. Et avec les gardes qui grouillent de partout, cela m'étonnerait qu'il ait pu sortir d'ici. Ils ont fermé toutes les issues dès que nous avons lancé un periculum avec Tommy. Personne ne peut entrer ou sortir jusqu'à nouvel ordre. C'est le protocole ?
— Et Lilian ? l'interrogea la polyglomage.
— Les départs pour Utolsó lehelet sont préparés au moins cinq jours à l'avance : c'est sur une île, de la mer Adriatique. La pratique de la magie y est impossible… Cela demande une trop grande logisitique pour que le voyage se fasse si rapidement, répondit James. Cette prison ferait passer Azkaban pour un centre de loisir.
Allénore frissonna.
— Ça veut dire qu'un dragon foudre se balade probablement dans l'hôtel avec le meurtrier de Kyoko…
— Ce n'est pas exclu. Il peut aussi avoir eut des espions, des alliés qui l'auront fait sortir, nota le jeune Auror.
— James a raison. S'il a pu s'enfuir, il faut remonter la piste et trouver les braconniers.
— On ne peut pas agir sans mandat, sans rien ?
— En tant que diplomate, je dispose d'une immunité, mais elle ne s'étend à aucun de vous trois, les alerta Allénore.
— On peut écrire par lettres de feu à oncle Percy, proposa James. Sa chambre est au troisième étage et il a autorité pour nous missionner sur cette enquête. Lilian est un ressortissant franco-britannique… Ce serait légal.
Allénore hocha la tête et se releva, les cheveux désormais secs.
— Je reste ici, pour rechercher le dragon foudre.
Louis se retint de lui dire que c'était une mauvaise idée, et surtout, que c'était beaucoup trop dangereux. Mais il se ravisa. Il aurait été trop hypocrite de sa part de lui demander de rester en sécurité alors que lui-même prévoyait de se mettre en danger :
— Je vais renourner au Marché, avec Tommy. Il y avait une adolescente, là-bas : elle semblait bien connaître les dragons foudre … Peut-être qu'elle en saura plus sur le braconnage et les personnes qui possèdent des dragons foudres ou peuvent en détourner des bars clandestins. Son père est le propriétaire du bar.
James se rapprocha d'Allénore en lui souriant :
— Ça veut dire qu'on fait équipe ! se réjouit-il.
Son ventre gargouilla et il la prit par les épaules :
— Ça te dit de commencer nos recherches par le restaurant ?
Elle approuva silencieusement et laissa Chance rependre sa place habituelle, entre les jambes de Louis qui s'était approché d'elle. Il avai enfilé l'un de ses hauts à elle, l'un de ses préférés, qu'il avait rentré dans un pantalon noir. Sur le haut blanc, il y avait une énorme fleur rose et l'inscirption pick me, juste au-dessus. Cette vision lui donna étrangement un certain courage.
— Si vous trouvez le dragon foudre, neutralisez-le. Ne cherchez pas à le calmer ou à le dresser. Ils ne sont pas comme les spécimens que nous connaissons. Ceux que j'ai vu… Ils étaient fous. Rusés et intelligents, mais fous et prêts à tout pour réduire en pièces ce qui trouve à leur portée. Faites très attention.
Louis se tourna vers Allénore, en fronçant les sourcils :
— Je te connais. Ne sois pas inconsciente, je t'en supplie !
Tommy grogna, souhaitant défendre sa cousine :
— Tu peux parler Louis ! T'es toujours insconscient et déraisonable.
— Moi ? s'offusqua Louis, une main sur le coeur. . T'as des exemples ?
— Oh je sais pas… , fit semblant de réfléchir Tommy. Laisse moi réfléchir … Tiens, cette fois, où t'as bu une potion préparée par Fred pour un stupide paris !
— On avait 13 ans. Et c'était marrant !
— Ta peau est restée rose pendant deux semaines ! s'exclama Tommy.
James était mort de rire et Louis avait un sourire fier et arrogant :
— Ta peau est vraiiment restée rose pendant deux semaines ? répéta Allénore.
— Je brillais même dans le noir ! fit Louis.
James hocha la tête en ricanant, confirmant les propos de son cousin.
— Parfois quelques irresponsabilités rendent la vie digne d'être vécue !
Il embrassa plusieurs fois Allénore, ignorant son cousin et son meilleur-ami, et elle lui répondit à chaque fois, caressant ses épaules avec une infinie douceur.
— Sois prudente, lui demanda-t-il très sérieusement.
— Sois prudent toi aussi, chuchota-t-elle tout doucement.
James et Tommy s'esclaffèrent et se regardèrent l'un l'autre, imitant le couple :
— Sois prudente, fit Tommy en une parfaite copie du ton de Louis.
— Seulement si tu l'es, reprit James d'une voix mièvre.
— Je vais vous tuer, grogna Louis sans se retourner.
— Ça, pour le coup, ce ne serait pas très prudent, ricana James.
On aurait pu croire qu'ils prenaient tous les deux la chose peu au sérieux, à rire ainsi si légèrement. Mais il n'en était rien.
C'était parce qu'ils avaient peur et craignaient les prochaines vingt-quatre heures, qu'ils s'autorisaient un dernier moment de répit avant la tempête.
— Si jamais on meurt, commença Tommy, je voudrais que mes derniers mots soient assez mémorables pour marquer des générations entières.
— Les miens seront probablement «oups» ou «oh putain de merde», songea Louis.
Allénore hocha la tête. Elle n'aurait pu être plus d'accord.
