Lorsqu'il s'éveilla pour la première fois aux alentours de quatre heures du matin, Stiles eut d'abord un peu de mal à se situer. Sa tête était lourde et il mit du temps à remarquer qu'elle reposait sur quelque chose de mou et confortable. Un oreiller particulièrement moelleux. Quelques minutes plus tard, ses yeux s'ouvrirent non sans difficulté et il put constater qu'il se trouvait dans une chambre d'hôpital grâce à la veilleuse qui éclairait la chambre d'une douce lumière tamisée. Ah, je suis vivant, constata-t-il intérieurement, sans aucune émotion. Ses yeux ambrés tombèrent alors sur une silhouette assise près de son lit, dont la tête reposait sur son ventre, tournée du côté opposé au jeune homme de sorte que son visage n'était pas visible. La veste en cuir lui paraissait familière, les cheveux en bataille aussi. Et même sans être un loup-garou, Stiles reconnut l'odeur de Derek. Il ferma les yeux et inspira longuement, laissant la fragrance le submerger, s'imprégner dans son esprit. Peu à peu, les chaînes retenant ses émotions se brisèrent. La tristesse déferla, tout comme la colère, la douleur, la honte… Honte qui ne cessa d'augmenter lorsqu'il vit le bandage autour de son poignet. Qu'est-ce que j'ai fait… ? Pensa-t-il, soudainement horrifié. Sa réelle personnalité prit le dessus, chassant la petite voix malsaine qui l'avait poussé à passer à l'acte. Son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine et sa respiration se coupa un instant alors que les larmes lui montaient soudainement aux yeux. Bordel, il l'avait fait. Il avait osé. Et alors qu'il avait presque réussi, il se sentit très mal. Parce qu'il n'aurait jamais dû faire ça, jamais dû ne serait-ce qu'y penser. Dire qu'il s'était laissé aller à écouter ce côté sombre de lui qui ne demandait qu'à abandonner… Quelle belle erreur. Il s'en voulait, maintenant.
- Merde… Murmura-t-il, les yeux baignés de larmes, qu'il ferma douloureusement.
Il sentit alors du mouvement près de lui, mais choisit de garder les yeux fermés. Dans son état, il était incapable de regarder Derek tant la honte et les remords le submergeaient.
- Stiles, mon cœur… Fit doucement Derek d'une voix pâteuse.
Stiles faillit émettre un petit cri de surprise et d'horreur. Non, il ne voulait pas que Derek soit réveillé, près de lui. Son rythme cardiaque s'emballait, devenait fortement irrégulier. L'anxiété le gagnait, se rajoutant à la honte et aux remords. Il sentit alors une caresse si délicatement effectuée sur sa joue qu'il eut l'impression qu'elle le brûla. Cette douceur… La méritait-il ? Et là, Stiles ne réussit pas à contenir ses pleurs et le son de ses reniflements fut tout sauf discret.
- Mon ange…
Les caresses continuèrent, toutes plus douces les unes que les autres et Stiles craqua :
- Je suis désolé… Je suis vraiment désolé…
Et c'était sincère. Jamais il n'aurait dû se laisser aller à écouter cette petite voix. Mourir n'était pas une solution, bien au contraire. Pourtant, il essaya de se justifier de sa voix tremblante et enrouée :
- J'voulais pas, mais… J'étais fatigué, si fatigué… Et, je sais pas… J'ai cédé à cette voix qui m'disait que c'était mieux comme ça…
Parler était difficile, éreintant. Son acte avait épuisé son corps, mais sa bouche trouvait encore la force de lâcher ces mots qu'il voulait tant dire, ces excuses qu'il avait besoin de faire. Parce qu'il avait peur. Peur que Derek, lassé, l'abandonne. Bordel, il l'aimait tellement qu'il ne savait pas s'il le supporterait. Si tu l'aimais vraiment, tu n'aurais pas fait ça, lui susurra la petite voix. Stiles se crispa. Non, c'était faux, il l'aimait sincèrement, il était simplement… Epuisé de tant subir.
- Ta petite voix a tort, mon ange, répondit Derek avec une tendresse qui bouleversa le jeune homme.
- Bordel, Derek, je t'aime… Vraiment, je te le jure…
- Moi aussi, Stiles, moi aussi.
Pour toute réponse, Stiles sanglota de plus belle, incapable d'aligner deux mots de plus. Il n'arrivait pas à savoir si Derek était sincère et ça lui brisait le cœur. En fait, il l'imaginait dire ça pour le rassurer, pour le pousser à se calmer. Stiles ramena sa main libre vers son visage, essuyant ses joues baignées de larmes. Il imagina alors ne pas être le seul épuisé de la situation. Peut-être le lycanthrope en avait également assez de tout ça, de ce fardeau qu'il était. Mais ce n'était pas la faute de Stiles si les bagages de son passé étaient aussi lourds et entêtants : il n'avait jamais voulu ça. Jamais. Et il s'en voulut d'imposer ça à Derek, qui n'en menait pas large avec la perte de sa famille.
- Hey, Stiles, hey, calme-toi…
Retrouvant peu à peu les sensations dans le reste de son corps, Stiles gémit. Son poignet lui faisait mal, il le piquait. Et lorsqu'il essaya de bouger sa main, il se rendit compte qu'elle était étreinte. Encerclée par la main de Derek.
- Je te crois, continua doucement le loup, je sais que tu n'as pas vraiment voulu ça.
Stiles rouvrit lentement les yeux en sentant sa douleur s'en allait. Au début, il ne le vit pas à cause de la lumière tamisée et de sa vue floutée par les larmes mais il finit par se rendre compte que la peau du visage de Derek était un peu trop colorée. Foncée, par endroits. Le choc le prit lorsqu'il essuya ses yeux et qu'il vit clairement le visage partiellement tuméfié de son loup fatigué dont les cernes n'aidaient pas à lui donner bonne mine.
- Derek ! S'exclama-t-il, affolé.
Alors qu'il se redressait difficilement, sa main libre se posa avec délicatesse sur la joue blessée de du bêta qui, s'il ressentit une quelconque douleur, ne montra rien. En fait, son regard transpirait simplement l'inquiétude. Une inquiétude viscérale qui avait dû le ronger pendant des heures. Effaré, Stiles oublia temporairement sa douleur à lui, sa tristesse, sa honte et ce fut à son tour de s'inquiéter.
- Mon dieu, Derek… Souffla-t-il.
Ses doigts longs et fins passèrent, effleurèrent les bleus, éraflures, chaque trace de coup sur son visage, le tout avec retenu. Il voulait tout, sauf lui faire mal. Derek ferma les yeux dans un soupir, comme s'il appréciait le toucher de Stiles. Il pencha même sa tête comme pour la pousser complètement contre la main de l'hyperactif, qui retint son souffle un instant.
- Tout va bien, finit-il par lâcher, les yeux toujours fermés.
- Non, tout va pas bien, tu… Tu t'es battu… Dit Stiles avec horreur.
- Je vais bien, ne t'en fais pas.
Il rouvrit alors les yeux qui, sous la lumière tamisée de la chambre, parurent presque ambrés, comme ceux de Stiles. Il posa alors sa main sur celle de son humain, dont l'air épuisé ne lui échappa pas et il comprenait. Perdre du sang l'avait affaibli et le léger sédatif qui lui avait été administré lors de son admission à l'hôpital n'avait pas dû aider. De sa main libre, il regarda l'heure sur son portable avant de relever les yeux vers Stiles.
- En tous les cas, continua-t-il doucement, ce n'est pas le moment pour parler de ça. Il est quatre heures du matin, Stiles, il faut que tu dormes, que tu te reposes.
- Et toi ? Demanda aussitôt l'hyperactif, les larmes séchées, mais la voix toujours aussi faible et rauque. Rentre au loft, toi aussi il faut que…
- Je resterai ici, avec toi.
- Mais…
- Pour moi, ça ira, tenta de le rassurer Derek. Dors, maintenant.
Le loup baissa la tête et déposa un doux baiser sur la main de Stiles, qui ne put pas s'empêcher de lâcher :
- Alors viens…
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Lorsque Lydia débarqua dans la chambre en compagnie d'Isaac aux alentours de midi, un sourire sincère naquit sur son visage. Si, de son côté, le bouclé ne souriait pas, l'on voyait une étincelle de joie briller avec mesure dans ses yeux bleus.
Derek et Stiles formaient un tableau aussi beau qu'adorable. Le lit une place était étroit, mais ils se le partageaient tout de même. Le bémol, c'était leur fatigue palpable. Même Derek Hale, lycanthrope de son état, n'avait pas été réveillé par l'ouverture de la porte qu'il aurait pourtant dû entendre facilement – elle grinçait. Les deux tourtereaux devaient être vraiment épuisés et avoir accumulé un certain nombre d'heures de sommeil en retard. Stiles était encerclé par les bras de Derek qui le serrait contre lui avec une tendresse palpable. Sa veste en cuir reposait sur une chaise et l'on voyait clairement les muscles de ses bras. Leurs sentiments à tous deux étaient clairement visibles, même dans le sommeil. Et Lydia réfléchit alors à l'acte de Stiles, ce qui atténua sa joie. Elle tourna la tête vers Isaac et lui chuchota d'aller au fast food du coin acheter quelques petites choses. Mieux valait manger ça que la nourriture que leur proposerait l'hôpital, dont le mauvais goût et la consistance dépasseraient toujours la légende. Le bouclé hocha la tête et sortit en faisant le moins de bruit possible. Il en profita pour envoyer un petit message à Peter, qui gardait toujours Amelia au loft.
Lydia s'assit tranquillement sur le fauteuil dans le coin de la chambre et faillit se ronger les ongles. Puis, elle se rappela que cette pratique abîmerait sa manucure parfaite et renonça. Depuis que Stiles avait tenté de mettre fin à ses jours, l'anxiété ne la quittait plus et elle mettait les bouchées doubles en termes de maquillage, de vernis et toutes ces choses. D'un point de vue extérieur, elle semblait aller bien. Toujours belle, pimpante, propre sur elle. Seule son odeur la trahissait en permanence. Stiles, c'était un peu comme son meilleur ami et elle ne cessait de repenser à la discussion qu'ils avaient eue sur le balcon du loft. La manière dont il avait commencé à s'ouvrir lentement à elle l'avait touchée et elle pensait naïvement que ça l'aurait aidé. Là, dans cette chambre, elle se rendait compte que son mal-être était beaucoup plus profond et que quelques confessions ne suffiraient pas à l'apaiser. Stiles avait besoin de s'ouvrir en entier et pas qu'à Derek. Et puis cet effroyable épisode qu'il avait raconté au loup dans le salon, qu'Isaac, Scott et elle avaient entendu… Elle savait que tout était lié et le peu qu'elle avait écouté l'horrifiait. Alors, en soi, elle comprenait. Elle comprenait qu'il en avait juste assez mais qu'en même temps, il n'avait pas vraiment voulu mettre un terme à son existence. Il avait simplement cédé à une pulsion plus forte que les autres.
Alors, elle fut heureuse que Derek soit resté avec lui. Ses sentiments étaient réels, c'était certain. Toutefois, si on lui avait dit quelques mois plus tôt que l'hyperactif constellé de grains de beauté pouvait plaire au loup sexy qu'était Derek, elle n'y aurait pas cru. Parce que Derek Hale était si secret que chaque nouvelle information sur lui était une surprise. Stiles avait, semble-t-il, percé sa carapace, libérant petit à petit différentes facettes méconnues du loup. Ce qui inquiétait toutefois Lydia, si l'on mettait cette histoire sordide de côté, c'était l'absence de guérison de Derek. Son visage restait tuméfié et était plus coloré que jamais. Outre les bleus, ses plaies étaient recouvertes de croûtes et étaient bien loin de cicatriser. Le shérif Stilinski, bien qu'humain, n'y était pas allé de mainmorte… Mais pourquoi diable était-il toujours dans cet état-là ? A l'heure actuelle, ses blessures ne devraient déjà plus être que de lointains souvenirs.
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Derek et Stiles s'éveillèrent doucement quelques heures plus tard, en fin de journée. Ils étaient seuls, Lydia et Isaac étaient partis il y a un moment. Toutefois, ils avaient laissé un petit mot témoignant de leur passage, à côté d'un sac en papier d'où émanait une odeur agréable. Derek se leva doucement et s'en approcha. Un léger sourire étira ses lèvres abîmées.
- On va se régaler, dit-il.
- Perso, j'ai pas très faim, répondit Stiles d'une voix un peu ensommeillée.
- Tu vas manger quand même, rétorqua le loup d'un air tranquille.
Alors qu'il sortait les sandwiches encore bons de la poche, le loup entendit son humain lâcher d'un ton inquiet :
- Tu n'as pas encore guéri…
Dos à lui, Derek se mordit légèrement la lèvre inférieure. Oui, il le savait. Ses blessures le tiraillaient assez pour qu'il s'en rende compte.
- Tout va bien, répondit-il, ça met juste un peu de temps.
- Pourquoi ? Demanda tout de suite Stiles.
Sans le voir, Derek pouvait aisément deviner son air aussi inquiet que perdu. Décidant de ne pas lui rajouter de charge mentale supplémentaire, il lui répondit alors qu'il manquait cruellement de sommeil en ce moment, qu'il fallait simplement qu'il se repose. Parce qu'en réalité, il n'avait aucune idée de la raison pour laquelle sa miraculeuse capacité de guérison lupine lui faisait défaut. Sa fatigue devait effectivement jouer, mais il était conscient qu'il n'y avait pas que ça.
Stiles parut se satisfaire de sa réponse, bien que son odeur gardait encore un peu cette fragrance inquiète.
Derek s'assit à côté de Stiles sur le lit et tous deux commencèrent à manger ce qu'Isaac et Lydia leur avait acheté. Durant le repas, la langue de Stiles finit par se dénouer et fut rapidement abordé le sujet sensible et récent qui n'était autre que sa tentative de suicide. Une fois de plus, il s'excusa à maintes reprises et tenta d'expliquer à Derek le pourquoi du comment de la chose. Il fut d'une honnêteté exemplaire comme s'il avait peur de mentir – ironique lorsque l'on pensait à ces années durant lesquelles prononcer la vérité le terrifiait – et détailla chacune des étapes de sa précédente réflexion. Ainsi, il espérait faire comprendre au loup que, non, il ne voulait pas vraiment faire ça. Qu'il n'avait pas à modifier son rythme de vie pour s'obliger à le surveiller, qu'il n'avait pas besoin d'une assistance médicale adaptée. Stiles fut clair dès le début : il n'irait pas voir de psychologue ou quelque autre connerie que ce soit. Aller à Eichen serait la pire chose à ses yeux et ne ferait que l'achever.
Si ses mains n'arrêtèrent pas de trembler et si sa voix ne fut pas vraiment très assurée, la force qu'il mit dans son récit fit naître une lueur d'admiration dans les yeux du loup-garou, qui lui caressait distraitement la joue. Stiles, lui, ne le regardait pas. La honte quant à son geste continuait de l'habiter.
En début de soirée, Melissa vint leur rendre visite. Elle soigna un peu le visage de Derek qui n'avait toujours pas entamé sa guérison et parla à Stiles de la visite future d'un psychologue et d'un psychiatre. D'après elle, c'était la procédure normale suite à une tentative de suicide. Stiles s'y opposa tout de suite, la voix peu assurée. Derek lui serra la main en guise de soutien.
- Voyons Stiles, il faut le faire. Tu dois suivre une thérapie, voir des professionnels qui pourront t'écouter, te comprendre… Tenta-t-elle.
- Pour l'écoute et la compréhension, j'ai Derek. S'il vous plaît, Melissa, ne m'obligez pas à faire ça… Je ne recommencerai pas, dit Stiles, désemparé.
- Stiles, ce n'est pas à moi de décider, soupira Melissa.
Il savait ce qu'il avait fait, avait conscience de la portée de son geste. Puis, il devint blanc comme neige, livide. Un semblant d'énergie sembla le ranimer et la panique put aisément se lire sur son visage :
- Non, s'il vous plaît, faites quelque chose ! Il va m'envoyer à Eichen ! Il n'hésitera pas… Il n'hésitera pas et moi, ça me tuera…
- Qui ? S'enquit l'infirmière, un peu déconcertée quant à l'attitude changeante de Stiles.
- Son père, cracha douloureusement Derek en posant sa main sur la cuisse de l'hyperactif.
Melissa rit doucement. Stiles et Derek la regardèrent, abasourdis.
- Alors c'était ça qui t'inquiétait ? Ça va aller, Stiles. Avec ce que Scott m'a raconté, tu penses bien que j'ai pris mes dispositions pour que l'unique responsable de cette décision ne puisse pas être ton père, le rassura-t-elle en lui prenant tendrement la main.
Et de ses yeux ébènes dont elle avait transmis la couleur et la douceur à Scott, elle le couva du regard, telle la mère qu'elle aurait pu être pour lui. Stiles ne se détendit pas complètement. Néanmoins, sa panique s'envola. Ne restait que l'anxiété dévorante. Et même s'il était soulagé concernant le fait que son père ne puisse pas décider de son sort, il n'en restait pas moins qu'il stressait. Et puis, Melissa venait de lui avouer à demi-mots que Scott lui avait révélé certaines choses. Que savait-elle ? Que pensait-elle ? Le sourire qu'elle arbora le poussa à ouvrir la bouche pour demander d'une voix tremblotante :
- Que… Qu'est-ce qu'il vous a dit ?
Tout en caressant sa main et sous le regard légèrement apaisé et curieux de Derek, Melissa perdit un peu de son sourire.
- Un père qui décide d'abandonner son fils au moment où celui-ci a le plus besoin de lui n'a pas à prendre de décision le concernant, répondit-elle à moitié.
Stiles se raidit. Elle avait beau avoir raison, il ne savait pas quoi en penser. Pour le détendre, Derek lui déposa un doux baiser sur sa joue et, instantanément, Stiles ferma légèrement les yeux avant de poser la tête sur son épaule et de regarder d'un air un peu stressé l'infirmière qui lui tenait la main. Celle-ci, en voyant l'affection profonde que se témoignaient Derek et Stiles, comprit qu'elle avait fait le bon choix.
- Il ne m'a pas dit grand-chose, assez toutefois pour que je puisse comprendre que tant qu'il sera dans le déni, ton père ne sera pas apte à prendre de décisions te concernant. Tu sais, Stiles, je t'aime beaucoup. Tu es comme mon second fils et je veux que tu saches que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider et ton père n'aura pas son mot à dire.
Ces mots, Stiles avait toujours rêvé de les entendre. Ils s'enroulèrent autour de son cœur meurtri et lui firent encore plus de bien qu'ils ne l'auraient fait en temps normal. Ses yeux si expressifs s'humidifièrent légèrement et il serra fort les doigts de cette femme dont le regard rempli d'amour maternel déposait une fine couche de chaleur supplémentaire sur son cœur.
- C'est pour cette raison, continua-t-elle, que tu ne peux pas décider tout seul de la suite, tu es encore trop fragile. Par contre, Derek le pourra.
Le loup la regarda, étonné et, de sa main libre, caressa distraitement les cheveux de Stiles qui restait toutefois tendu. Oui, il comprenait, bien sûr, mais… Et si Derek choisissait quelque chose qui ne lui plaisait pas ?
- De ce que Scott m'a dit, tu es celui qui prend le plus soin de Stiles en ce moment. Tu le loges chez toi, tu l'as soigné, dit-elle, le regard posé sur les brûlures incrustées dans les bras de Stiles, tu le protèges, tu fais attention à lui… Tu l'aimes beaucoup.
Ces derniers mots firent rougir Stiles, mais pas Derek. Loin d'être gêné, il assumait complètement ce qu'elle sous-entendait.
- Alors choisis ce que tu penses être le mieux pour lui.
D'un même mouvement, les deux hommes se regardèrent. Les yeux de Stiles transpiraient d'un mélange d'amour, de douleur et d'anxiété. Ceux de Derek étaient un océan calme, tranquille. Il avait déjà pris sa décision. Il reporta ses yeux si clairs sur Melissa et déclama d'un ton sans appel :
- Stiles n'ira voir personne. Ce n'est pas ce qu'il lui faut en ce moment.
- Soit, accepta l'infirmière en lâchant doucement la main de l'hyperactif. Mais si jamais tu as besoin de parler à quelqu'un un jour, Stiles, tu sais que tu peux bénéficier de toute l'aide que tu veux.
Le soulagement de Stiles fut palpable, en particulier lorsqu'il déclama d'une voix peu assurée mais sans trembler :
- Je connais la meilleure des thérapies.
Lorsqu'il tourna la tête vers Derek, celui-ci y vit une lueur nouvelle. Pas de la luxure, de la joie, de la tristesse ou quoi que ce soit d'autre.
Non. C'était une lueur grave et déterminée. Stiles avait une idée derrière la tête et Derek sut d'instinct qu'il le soutiendrait malgré les épreuves.
