Stiles se sentait faible, très faible. C'était comme s'il avait couru un marathon, fait de l'escalade, du vélo, peut-être tout à la fois. Faire le moindre effort était épuisant.

Ouvrir les yeux en était un. Et le premier visage qu'il vit n'était pas celui auquel il s'attendait.

- Lyd ? Articula-t-il avec peine, toutefois surpris.

A l'entente de sa voix, la jeune femme, qui regardait ailleurs, tourna automatiquement la tête vers lui. Ses traits auparavant fades et fermés semblèrent s'éclairer dès lors qu'elle le vit réveillé. Et Stiles ne se rendit compte qu'à cet instant qu'elle lui tenait la main.

- Stiles ! Comment tu te sens ? Lui demanda-t-elle aussitôt, comme si c'était sa seule préoccupation.

- Bien, j'suppose…

Sa bouche était pâteuse et parler n'était pas facile. Il releva les yeux et se redressa légèrement avant de regarder autour de lui. Il reconnut avec aisance ces murs qu'il commençait à connaître par cœur, même la couleur de ces draps, cette table de nuit, ce bureau, cette grande fenêtre… Et Lydia était assise près de lui, au bord du lit, elle lui tenait toujours la main.

- Tu nous as fait une de ces peurs ! S'exclama-t-elle.

Stiles fronça les sourcils. De quoi parlait-elle ? Il essaya d'appeler ses souvenirs à lui. La réunion lui revint, ses révélations difficiles même s'il ne s'agissait pas des plus profondes, la défiance de certains, et cette faiblesse, cette si grande faiblesse… Et puis il n'y avait plus rien, juste… La suite, c'était comme s'il n'y en avait pas. Peut-être était-ce de ça dont elle voulait parler. Lydia, semblant deviner son cheminement de pensées, lui expliqua qu'il s'était évanoui en plein milieu de la réunion, ajoutant qu'il avait eu de la chance que Derek le tienne déjà à ce moment-là, auquel cas il aurait pu se faire mal en tombant. Ce mot, ce prénom si cher à son cœur, sembla réactiver toutes les fonctionnalités du corps de Stiles, qui sembla recouvrer bien vite ses forces.

Derek. Derek. Ce nom résonnait en lui et une étrange inquiétude résonna en lui. Mais cette inquiétude, ce n'était pas la sienne. Il en était certain et pourtant, il ne savait même pas comment décrire ça, juste… Il le sentait.

- Où est Derek ? Demanda expressément Stiles, cette inquiétude le prenant aux tripes.

- Il est en bas, avec Amelia et les autres… Tu veux que j'aille le chercher ?

- Ouais, s'il te plaît… Les autres sont toujours là ?

- Pas tous, mais quelques-uns sont restés. Tu nous inquiètes, tu sais, lui dit Lydia en le regardant d'une bien étrange manière.

En fait, c'était un regard que Derek avait déjà eu. Un regard de celui qui savait. Et Lydia avait lu sa lettre. Elle était au courant de son histoire.

- Je suis désolé, s'excusa Stiles en détournant les yeux. J'ai jamais voulu… Être le centre de l'attention.

Il reprenait ces mots qui étaient si vrais et si faux à la fois. C'étaient ceux qui l'avaient marqué, que son père avait prononcé, qu'une partie de la meute avait pensé lorsqu'il avait fait ses aveux. Faux pour lui, vrais pour les autres. Stiles détestait être au premier plan, surtout si cela concernait quelque chose d'aussi grave et intime.

- Et moi, je suis désolée de n'avoir jamais rien vu. Je suis désolée de n'avoir jamais pensé que… Que tu avais été…

Les mots restèrent bloqués dans la gorge de la jeune femme et Stiles retint un soupir de soulagement.

- Tu me crois ? Demanda-t-il avec espoir.

- Bien sûr que oui, souffla-t-elle, la gorge nouée. Je te fais confiance, Stiles. Je t'ai toujours fait confiance. Et ce que tu m'as appris, c'est… Ca ne peut pas être faux. Je sais que tu n'es pas du genre à mentir sur ce genre de sujets.

Stiles, qui s'était assez redressé et reculé pour que son dos soit appuyé sur un coussin contre le mur, se tritura nerveusement les doigts.

- Pourtant, j'ai menti, dit-il. J'ai menti et il s'en est sorti.

- Dans ta lettre, tu as dit que… Ton père ne te croyait pas. Tu as dit que c'était lui qui t'avait forcé à mentir.

- En soi oui, mais pour lui, mon mensonge, c'est sa vérité. Alors qu'en réalité, c'est l'inverse… Ma vérité, la seule et l'unique, est un mensonge à ses yeux.

- Pourquoi ? Demanda-t-elle, perdue.

Comment Noah Stilinski avait pu forcer son fils à mentir pour sauver un tel salaud ?

- Parce que ce mec, c'était et c'est toujours son meilleur pote et il l'admire. Il l'admire et… Il est incapable de voir du mal en lui, incapable d'imaginer qu'il puisse être capable de faire du mal. A cette époque-là, ça faisait deux ans que ma mère était partie et… Il a pensé qu'il était trop absent et que j'avait cherché n'importe quoi, n'importe quel prétexte pour attirer son attention. C'est vrai qu'à ce moment-là, je faisais beaucoup de bêtises, mais… Jamais j'aurais menti sur un sujet comme celui-là… Jamais j'aurais pu inventer un truc comme ça… Mais il ne me fait plus confiance.

- Nous, on te fait confiance, lui assura Lydia en serrant sa main entre les siennes avec conviction. Et maintenant qu'on sait, on fera tout pour te protéger.

Stiles sourit faiblement. Les paroles de Lydia lui faisaient du bien. C'était une promesse belle et envoûtante, que de savoir qu'on connaissait plus ou moins son histoire et qu'on avait confiance en lui. Alors oui, Kira et Malia avaient peut-être remis en cause la véracité de ses propos mais au moins, il y avait des gens qui le croyaient.

- Allez, je ne vais pas te faire attendre plus longtemps, je vais aller te chercher ton chéri, lui dit-elle en souriant.

Mais dans ce sourire persistait une once de tristesse qui témoignait d'une blessure intérieure. Lydia avait beau faire comme si, elle n'était pas remise des révélations que contenait cette lettre et maintenant qu'elle savait, elle comprenait bien mieux l'attitude et le comportement de Stiles, de plus en plus simples à décoder. Les clés du savoir lui donnaient l'occasion de bien mieux le cerner, ce qui était à la fois une bonne et une mauvaise chose… Parce qu'être au courant lui permettait d'agir correctement, d'appréhender ses réactions et ressentis, mais la mettait également face à l'horreur. Dans un sens, elle comprit le déni de Noah. Stiles était son fils et il avait préféré penser qu'il mentait pour se protéger de ce qui l'aurait sans doute détruit. Mais en faisant ça, c'était Stiles qu'il avait continué de briser. Et Lydia avait eu besoin de discuter un peu de tout ça avec lui. Alors, retenant ses émotions comme elle le pouvait, elle l'étreignit avant de le laisser seul dans cette chambre trop grande pour lui.

Stiles soupira. A l'entente du prénom de Derek, un sursaut d'adrénaline lui avait redonné un semblant de forces, qu'il semblait déjà avoir perdues. Pourquoi était-il aussi fatigué ? Parler avait-il été si éprouvant que cela ? Il ferma les yeux un instant. Il avait un pincement au cœur et cette étrange inquiétude… Il la ressentait toujours. Derek lui manquait, atrocement. Il y avait tant de choses qu'il voulait lui dire… Il ne savait pas pourquoi ça lui prenait, mais il avait besoin de lui parler, et peut-être de lui dire ces choses dont il n'avait pas eu le temps de parler pendant la réunion, à cause de sa perte de connaissance. Et puis, il voulait lui dire à quel point il était génial, extraordinaire, à quel point il l'aimait et toutes ces choses qu'il aimerait faire avec lui. Etait-ce cette étrange inquiétude qui le poussait à avoir envie de tant de choses ? A vouloir parler le plus possible, comme s'il n'en aurait bientôt plus l'occasion ? Il ne fallait pas qu'il pense à ça. Comme Lydia le lui avait dit, la meute ferait désormais tout pour le protéger, parce que des gens le croyaient et ne comptaient pas le laisser tomber, Derek en première ligne. Mais ça, Lydia n'avait pas eu besoin de le lui dire, il le savait déjà au plus profond de lui.

Alor lorsque Derek fit irruption dans la chambre et qu'il referma la porte derrière lui, toute la tension accumulée quitta le corps de l'hyperactif qui laissa échapper un soupir de soulagement. Derek s'installa près de lui rapidement et le prit dans ses bras avec une intensité qui le surprit toutefois. Cependant, il passa ses bras autour de son cou et sourit doucement.

- Hey, je suis là, je vais bien, lui dit-il doucement, en riant un peu.

Mais le regard de Derek n'était pas joyeux, bien au contraire. Et Stiles comprit que ce qu'il avait ressenti, c'était l'inquiétude de son loup. Elle le rongeait, creusait des cernes sous ses yeux fatigués, l'empêchait de dormir correctement, s'ancrait dans son comportement. Derek vivait moins, se sacrifiait à cause de cette inquiétude. Et une hypothèse un peu folle mais plausible vint s'insinuer à l'intérieur de Stiles.

- Tu m'as fait peur, lui dit simplement le loup en le serrant fort contre lui.

- Je sais mais je vais bien, le rassura l'hyperactif. C'était juste… Eprouvant. Parler devant eux… C'est pas comme parler devant toi, c'est pas aussi simple.

- C'est pour ça que j'aurais dû le faire à ta place, maugréa Derek.

- Non, il fallait que je le fasse. Même si j'ai pas eu l'occasion de tout dire, au moins… Au moins ça venait de moi et je pense que c'était important que ce soit moi qui parle. Au moins, ils me croient et… Peut-être que ça aura eu plus d'impact.

- Ouais, mais à quel prix ? Demanda le loup en ancrant ses yeux si particuliers dans ceux, ambrés, de son humain.

Stiles ne répondit pas, tout simplement parce qu'il ne voyait pas l'intérêt de la question de Derek. Toutefois, ses doigts vinrent caresser avec douceur la peau abîmée du loup. Vraiment, ça ne lui allait pas…

- Stiles, t'as dix-huit ans, commença Derek en le regardant sérieusement.

L'hyperactif continua de caresser sa joue avec délicatesse, attendant de voir où il voulait en venir. Derek se colla un peu plus à lui et déposa un doux baiser sur son front avant d'avoir l'air d'enfin apprécier ses caresses. Puis, il reprit :

- T'as passé sept ans à vivre dans le mensonge, pour ton père et ces derniers temps, tu as enchaîné et tu continues d'enchaîner les épreuves.

Jusque-là, Stiles suivait et ne voyait rien de nouveau. Pour ainsi dire, Derek ne lui apprenait rien de nouveau. C'était même triste, parce que songer à sa vie ne lui faisait actuellement ni chaud ni froid. Il avait tant vécu, était si fatigué que c'était presque comme si tout était normal. Néanmoins, il ne dit rien, attendit que Derek continue, en caressant cette fois distraitement ses cheveux, pelotonné contre lui. Sa chaleur lui avait manqué.

- Chaque jour, Stiles, je te vois faiblir. J'ai l'impression que tu plonges chaque fois un peu plus et que… Tu ne remontes pas vraiment.

Par ce fait, il faisait indirectement allusion à sa tentative de suicide à moitié désirée et Stiles se tendit.

- J'ai simplement besoin de temps, lui dit l'hyperactif pour le rassurer.

- Et j'aimerais que tu t'en accordes, fit le loup avec aplomb. Je veux vraiment que tu prennes du temps pour toi. Je veux te protéger et que tu te ménages. C'est pour ça que j'aurais aimé que tu me laisses parler à ta place.

- Je comprends mais tu sais, je sais des choses… Des choses que tu ne sais pas non plus.

Derek le regarda, confus. Stiles reprit :

- Et j'ai pas eu le temps de les dire parce que… Mon cerveau a eu un court-circuit je crois, haha…

Son rire nerveux n'était pas vraiment rassurant.

- Stiles, reprit Derek d'un air sérieux. C'est bien la preuve que tu es à bout. Alors ces choses, tu vas me les dire et je vais les transmettre. Il est hors de question que tu vives ça une nouvelle fois. Tout à l'heure, je t'ai senti faiblir dans mes bras, je t'ai senti t'évanouir et je ne veux plus vivre ça. J'ai eu peur, Stiles, comme cette nuit, quand je t'ai trouvé par terre, dans la salle de bain.

La voix de Derek était tout sauf plate, fade. Ses émotions y étaient visibles, encore plus que dans son regard qu'il voulait sérieux mais qui était surtout torturé. Et pourtant, les bras qui serraient le corps de l'humain contre lui tremblaient presque. Sa peur pour lui était viscérale et elle le toucha, vraiment. D'une main caleuse aux phalanges abîmées et toujours bleuies, Derek caressa la joue de Stiles avant de se pencher sur lui et de l'embrasser. Stiles, d'ores et déjà séduit, ferma les yeux et laissa le loup mener la danse. C'était doux, tendre, fragile. Amoureux. Une main derrière la nuque de Derek, Stiles le poussa à prolonger le baiser, tant c'était bon. De petites décharges électriques le parcoururent avec délice. Derek l'agrippa par la hanche et se plaça au-dessus de lui mais sans aucune arrière-pensée. C'était juste… Normal. Les deux mains agrippant ses cheveux bruns, Stiles gardait les yeux fermés et participait avec délice, y mettait même la langue, sans se rendre compte que la température commençait à monter. Il était juste bien avec Derek et sa fatigue était à moitié présente. Alors il le laissa l'embrasser, ne réagit pas lorsqu'il passa sa main sous son pull et caressa sa peau brûlée par endroits. Un frisson d'excitation le parcourut et il rouvrit paresseusement les yeux lorsque lui et Derek se séparèrent par manque d'air. Son regard vitreux rencontra celui, presque fiévreux, de son loup. Sa main caressa sa joue et Derek fondit à nouveau sur ses lèvres avec une passion folle. Conscient de la manière dont cela pouvait dérailler, Stiles se crispa un peu mais n'arrêta pas Derek pour autant. A vrai dire, il ne savait pas s'il serait capable de l'arrêter en cas de dérapage et… En aurait-il envie ? Il n'en avait aucune idée… Et cela lui fit peur.

Derek dut sentir la peur dans son odeur, parce que ses gestes se firent plus légers et moins nombreux. De toute manière, il ne comptait pas aller plus loin : les limites de Stiles, il les connaissait plus ou moins. Ce qu'il savait par-dessus tout, c'était que Stiles n'était pas prêt et ça, il s'en foutait, tout simplement parce que coucher avec lui n'était pas ce qu'il voulait le plus au monde actuellement. Non, sa priorité, c'était de le protéger et il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour cela. Dans un nouveau baiser qui se fit extrêmement doux, il essaya de lui faire comprendre qu'il n'allait rien lui faire. Il ne fit rien de plus que ce qu'il faisait déjà et ajouta simplement plus de douceur. Il avait bien senti l'excitation montante de Stiles à un moment et il fallait être honnête : elle l'avait électrisé, si bien qu'il avait dû brider son loup dont les envies s'étaient réveillées. Mais ça allait, c'était parfaitement gérable.

Se reculant, Derek s'installa à côté de son humain. Il avait aimé être sur lui mais il ne voulait pas que Stiles continue de se faire de fausses idées sur ses intentions. Il était hors de question qu'il pense à cela et qu'il finisse par avoir peur de lui. En le prenant dans ses bras et en déposant des baisers papillons sur ses joues et son petit nez retroussé, Derek lui chuchota :

- Je n'irai pas plus loin que ce que tu veux, Stiles. Jamais.

L'hyperactif eut l'air outré un instant mais se rappela bien vite que se plaindre des capacités sensorielles des loups était inutile, car elles ne diminueraient pas. Puis, il comprit que Derek cherchait à le rassurer et il se détendit complètement dans ses bras en lui assurant qu'il le savait. Il préféra toutefois être honnête :

- J'ai beaucoup aimé et j'ai ressenti un truc… Quelque chose de nouveau. Mais je sais que… Je peux pas, pas encore. Je sais que je progresse, grâce à toi, mais je sais que c'est pas encore ça.

En disant cela, Stiles prit un air penaud. Derek, lui, sourit un peu. Il aimait la franchise de son humain et préférait cela plutôt qu'une excuse toute prête, un mensonge pour camoufler ses peurs.

- Mais je te jure que je ferai des efforts, continua l'hyperactif.

- C'est pas la peine Stiles et puis on est pas pressés, lui rappela le loup.

- Je sais, mais j'ai envie. J'ai envie de me dire qu'on pourra un jour… Peut-être, tu vois ? J'ai envie de me dire que je peux peut-être arriver à dépasser ça.

- Tu y arriveras, lui assura Derek en caressant ses cheveux châtains. Ne te mets juste pas la pression et ne te précipite pas. Tu ne dois pas essayer d'y arriver par obligation. Il faut que ça soit une envie sincère.

- Mais j'ai envie de te faire plaisir, lui avoua l'adolescent. Je ne veux pas que tu attendes trop longtemps…

- Tu me fais déjà plaisir en te battant pour t'en sortir, Stiles. Pour moi, c'est ça qui compte. Le reste, ça n'a pas d'importance.

Et il l'embrassa, encore. Cependant, il ne rata pas l'embardée que fit le cœur de Stiles à l'entente de ses mots.

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- Franchement, tu veux que je sois honnête ? Je suis d'accord avec Stiles, lâcha Isaac.

Derek soupira. Il était bien loin, ce moment câlin et parlotte dans le lit avec son humain adoré. Ils étaient descendus, avaient retrouvé les autres, mangé avec eux et certains étaient partis. Ne restaient que Lydia, Peter, Isaac et Scott. Derek tourna la tête vers son oncle, dans l'optique de l'embrigader, de le convaincre d'être de son côté. Son air presque implorant poussa Peter à mettre ses mains devant lui et à lâcher :

- Désolé mon neveu, je me range dans leur camp. Stiles est très convaincant quand il le veut.

En fait, personne n'était d'accord avec Derek. Scott, un bras autour des épaules de l'hyperactif, sourit. Stiles avait de bons arguments, mais surtout, ce n'était même pas la peine de les exposer : en fait, tout le monde s'accordait sur l'absence de normalité de la situation. Excédé, Derek lâcha :

- Mais puisque je vous dis que ça va…

- Mon cœur, s'il te plaît, fit Stiles en s'approchant.

Sans se soucier du regard des autres, l'hyperactif prit ses mains entre les siennes et le regarda dans les yeux. Derek, peu habitué à une démonstration affective en public aussi directe de la part de Stiles, vit naître quelques rougeurs sur ses joues. De loin, Lydia et Isaac sourirent en se regardant. C'était mignon.

- Il faut que tu ailles voir Deaton. Je t'accompagnerai s'il le faut. Tu as beau dire ce que tu veux, c'est pas normal.

Derek, encore un peu trop perturbé par l'utilisation du surnom intime devant les autres, eut du mal à répondre, ce qui laissa le temps à Scott d'ajouter :

- Stiles a quand même guéri plus vite que toi, alors qu'il est humain. Pour guérir moins vite qu'un humain, il faut quand même le faire.

Derek leva les yeux au ciel et Stiles décida de changer drastiquement de tactique :

- Ok, j'ai compris. Tu te souviens de cette fois où j'étais chez Lydia et tu ne voulais pas que je rentre seul ? Tu te souviens de l'ultimatum que tu m'as posé pour que j'accepte de rentrer avec elle ? Même menace de ma part. Si tu ne vas pas chez Deaton, tu sais ce qui t'attend.

A l'air outré que prit Derek au souvenir de son « plus de bisous », Stiles sut qu'il avait gagné et le loup se fit la réflexion que son petit-ami était diabolique. Il regarda ses mains, toujours dans celles de l'hyperactif, avant d'ancrer à nouveau son regard dans le sien.

- T'oserais pas, tenta-t-il toutefois.

Mais au fond, il savait qu'il était vaincu.

- Ce serait mal me connaître, rétorqua Stiles en esquissant un rictus.

Derek soupira, résigné, et Peter éclata de rire. Scott regarda Stiles d'un air nouveau. Son meilleur ami était-il vraiment devenu si diabolique ? En tout cas, il était fier de lui, car il savait que ce qu'il vivait n'était pas simple et il était également rassuré de le voir sourire. Parce que cela voulait dire qu'il n'abandonnait pas, qu'il pouvait aller mieux. En fait, c'était aussi ce que pensaient Lydia et Isaac. Peter, lui, suivait l'histoire de loin mais restait conscient des choses. Et tout le monde rit, participa à se moquer gentiment de Derek. Stiles lui sauta dans les bras et le remercia de ne pas être suicidaire.

Les trois loups et la banshee décidèrent de rester pour la soirée – Lydia avait envie de s'occuper d'Amelia qu'elle adorait véritablement – et l'ambiance détendue leur fit oublier durant l'espace de quelques heures la menace qui planait sur Stiles. Sans même se concerter, tous firent des efforts pour s'amuser, varier les activités, les discussions, les jeux. Parce qu'instinctivement, tous voulaient que Stiles oublie ses malheurs le temps d'une soirée. Stiles, cet adolescent qui leur avait fait peur en s'évanouissant au beau milieu de la réunion, qui cachait des horreurs indicibles, qui peinait à avancer dans la vie à cause de ses mensonges. Stiles, cet ami loyal qu'ils ne laisseraient plus tomber.

Et lorsqu'ils le virent rire aux éclats devant une plaisanterie d'Isaac, tous sourirent et oublièrent à leur tour que la vie n'était pas toujours rose.