Salut tout le monde, je ne lâche toujours pas cette fic, mais je suis très lente et peu inspirée.
Je viens de finir ce chapitre 13, et coïncidence involontaire (qui m'a motivée à finir ce chapitre), il se passe vers Halloween !
J'ai aussi un chapitre spécial Noël (qui est prévu depuis le début !) mais je pense que vu mon rythme, il arrivera à Noël 2024 (je déconne à moitié).
En tout cas merci si vous continuez de me lire, ça motive.
Sinon, ce chapitre est quand même pas mal centré sur Harry, car c'est mon bibou et que je l'écris avec plus d'aisance que Ginny. Je suis désolée pour les fans de Lunny, mais ce ship risque de devenir secondaire vu mon manque criant d'inspiration pour les deux.
J'ai absolument pas respecté ma résolution des 1500 mots, puisqu'il en fait 4000. Mais au moins vous avez de quoi patienter jusqu'à avril mdr.
Bonne lecture !
-*13*-
- Halloween -
Harry ne resta pas seul très longtemps : une demi-heure plus tard, Ginny était revenue. Elle lui expliqua qu'elle avait dormi chez Angelina avec Ernst, car celle-ci avait prévu un portoloin pour quatre heures du matin.
Elle fut ravie du gâteau lesbien et raconta sa soirée plus que décevante à son meilleur ami. Il était dépité.
- Donc c'est vraiment une ambiance pourrie…
- Mais c'est surtout à cause d'un groupe. Parce que Kathy, Franck et Jeremy, eux, ils sont très sympas ! Et Angelina et Ernst aussi, vu qu'on est arrivé ensemble, on est assez soudés.
- Oui, certes, mais sur une équipe de 13 personnes, y en a cinq que tu supportes…
- Ça fait presque la moitié si on me compte, souligna Ginny.
- Oui, mais le problème, c'est qu'ils ont un peu l'air de diriger le groupe…
- Je resterai là-bas une ou deux saisons et puis on verra ! conclut Ginny.
Elle soupira et décida de changer de sujet.
- Et toi ? Ton date avec Draco ?
Harry s'étouffa avec son gâteau.
- C'était pas un date ! protesta-t-il en toussant dans une serviette.
- Non bien sûr que non. Oh Draco, vient garder mon filleul, viens passer la nuit avec moi, singea-t-elle. Et on pourra faire un gâteau ensemble !
- Arrête ! dit Harry en lui lançant la serviette. Je l'ai juste tenu au courant des avancées de l'enquête !
- T'es tout rouge !
- Non !
Elle éclata de rire et reprit une part de gâteau.
- Oh ça va, je te taquine…
- D'ailleurs, ça s'est mal terminé.
- Ah ?
- Remus est venu chercher Teddy et il s'attendait pas à voir Draco, expliqua Harry avec une grimace. J'aurais dû le prévenir mais ça s'est un peu décidé au dernier moment. Il était vraiment en colère.
- Pourquoi ?
- Il ne veut pas que Draco s'approche de Teddy.
Ginny écarquilla les yeux.
- Mais il a été innocenté pourtant.
- Écoute, je pense qu'il tolère son existence, mais le voir avec Teddy c'est trop pour lui visiblement.
- Et Draco, comment il a réagi ?
- Il est parti immédiatement.
Ginny hocha la tête mais ne dit rien.
Il devait aller le voir, s'excuser, quelque chose. Il avait envie d'aller voir Hermione pour qu'elle l'aide à démêler tout ça, mais il était encore agacé par son comportement. D'autant qu'il lui faudrait alors avoir la conversation, où il lui expliquerait tout ce qu'il lui avait caché ces trois dernières années. Mais il n'en avait pas la force.
L'entraînement de l'après-midi d'Appleby, qui concluait la journée, était ouvert au public deux fois par semaine. Les gradins étaient loin d'être pleins à craquer, mais il y avait toujours quelques spectateurs : des fans, des sélectionneurs d'autres clubs, des journalistes sportifs et parfois des proches. Ce mardi-là, Ginny reconnut Ron et Luna parmi les curieux. Son frère avait l'air particulièrement impressionné et elle senti un élan de fierté lui enfler le cœur. Elle ne savait pas trop quoi penser de la présence de Luna. Ç'aurait pu être l'occasion de s'expliquer par rapport à Cho si Ron n'avait pas été là. En tout cas c'était de bonne augure, se persuada-t-elle.
Elle leur fit signe alors qu'elle s'échauffait en courant autour du terrain. Simon la dépassa en ricanant. Une bouffée d'agacement lui monta au visage. De quel droit se moquait-il ? Personne ne venait le voir, lui !
L'échauffement se déroula normalement, même si le faire en public était toujours un peu ridicule. Puis ils passèrent à des exercices plus poussés. Pendant que les poursuiveurs et les gardiens s'entraînaient aux tirs aux buts, des Cognards ensorcelés pour cracher de l'encre s'élevèrent dans les airs. Ils harcelaient les deux attrapeurs, Jeremy et Philip, mais chacun était protégé par un binôme de batteurs. L'objectif était que le maillot de l'attrapeur ne soit pas taché par l'encre du ballon. Ginny protégeait Jeremy avec Kathy tandis que Franck et Ernst protégeaient Philip. C'était une volonté des entraîneurs de casser le binôme habituel que formaient Kathy et Franck afin que les deux nouveaux profitent de l'expérience des titulaires et harmonisent leurs techniques.
Ginny en était satisfaite, d'autant qu'elle tombait avec deux coéquipiers qu'elle appréciait. Le coach siffla et les trios s'élancèrent.
Kathy était très forte, très vive et son style de vol était très direct, brut mais efficace. Grâce aux sorties sur le terrain de voltige avec Harry, Ginny avait appris à suivre son instinct, à anticiper les mouvements des balles et à s'adapter à leur cadence. Aussi son vol était plus fluide, plus souple. Elle s'essaya à voler de manière plus directe, comme sa binôme. Jeremy volait avec beaucoup d'agilité, et la jeune fille reconnut un peu des techniques d'Harry dans son vol.
L'exercice se déroula bien. C'était ludique, suffisamment simple pour passer un bon moment mais avec assez de difficultés pour apporter du piquant. Ginny aperçut quelques journalistes prendre des notes dans leurs carnets. Le coach siffla et les deux équipes atterrirent pour le débrief. Jeremy avait reçu peu d'encre. L'entraîneur fit quelques commentaires sur le trio de Ginny, globalement positifs puis passa au deuxième groupe.
Philip était couvert d'encre noire. Les manches de sa cape gouttaient. L'attrapeur avait le visage fermé. S'il n'était pas un gabarit aussi grand et carré que Franck, il était large d'épaule et faisait bien une tête de plus qu'Ernst. Ce dernier fixait le sol, les joues rougies sous l'encre des Cognards.
- Eh bien messieurs, que s'est-il passé ?
- Ernst a visiblement du mal à utiliser une batte, affirma Philip.
- Non, j'ai juste pris un coup à la main et ça m'a déconcentré.
- Tu es batteur, Ernst, des coups, tu vas en prendre, répliqua le coach. Pourquoi n'as-tu pas de gantelets aujourd'hui ?
- Oui, c'est vrai, ça, où sont tes gantelets, Ernst ? répéta Philip.
- Je ne sais pas.
L'entraîneur soupira.
- Tu voles correctement, mais tu ne mets pas assez de puissance dans tes coups et tu vises mal. Il faut que tu anticipes les trajets des Cognards, pas que tu y réagisses avec plusieurs secondes de retard. Aux sélections, tu y arrivais très bien. Tu as toujours mal à la main ? Montre-moi.
Ernst leva sa main, rouge et enflée. Le coach fronça les sourcils.
- Va à l'infirmerie.
Le jeune homme partit avec empressement. Ginny jeta un regard vers Philip. Il eut un petit sourire narquois, qui disparut dès que le coach se tourna vers lui.
Le samedi suivant, la conférence des apprentis Aurors portait sur les malédictions médiévales. Harry n'y prêtait que moyennement attention, son esprit divaguant vers des temps bien plus anciens. Qu'est ce qui s'était passé sur le site d'Eshnunna ? Simple conflit d'intérêts qui dégénère ? Pourquoi Bickermann et Ackerstaff avaient-ils tué leur coéquipier ?
Harry avait un peu poussé l'enquête avec Lorenzo. La victime s'appelait Edgar Clearfaith et était le même genre de personne que ses assassins : un type violent, sans scrupules, dangereux. Est-ce que Clearfaith avait voulu garder le butin pour lui ? Avait-il été témoin de quelque chose qu'il n'aurait pas dû voir ? Avait-il prévu de les trahir ? Ou était-il la première victime de la liste qui obsédait Harry depuis deux mois ?
Les membres de la Griffe ignoraient tout de la mort d'Edgar. Ils savaient juste qu'il était mort assassiné par le duo Klaus et Edmund, mais le corps n'avait pas été rapatrié. Harry était en discussion avec Phillips pour aller enquêter directement en Irak.
Un petit bruit le tira de sa rêverie. Une boule de papier avait atterri sur son bureau.
Il tourna la tête et vit Blaise, assis à sa droite, qui lui faisait un grand sourire et des petits signes.
Il ouvrit le bout de papier et lut :
Distrait aujourd'hui Potter ?
Harry se sentit bêtement rougir. Il décida d'ignorer son camarade.
5 minutes plus tard, la conférencière les libéra, non sans leur demander une étude de cas sur la malédiction de leur choix.
- Tu étais vraiment ailleurs aujourd'hui, tout va bien ?
Blaise s'était avancé vers son bureau, son sac à dos nonchalamment posé sur une épaule.
- Oui, ça va, merci.
- À qui tu pensais ? sourit le Serpentard.
- Aux deux suspects de mon enquête et à une de leurs victimes.
Le sourire de Blaise se figea.
- Ce n'est pas la réponse que j'imaginais.
- Ah oui ?
- Draco m'a raconté votre soirée baby-sitting.
- Il te raconte beaucoup de choses, dis-moi.
- Oh, il me raconte beaucoup de choses, oui, répéta Blaise en souriant de nouveau. Presque tout, en fait.
Harry comprit qu'il sous-entendait quelque chose, mais il ne saisit pas quoi.
- Apparemment le loup-garou ne peut pas le saquer.
- Le loup-garou a de bonnes raisons. Mais j'irai tout de même plaider la cause de Draco, si ça te rassures. Tu lui diras ?
- Compte sur moi.
Il eut l'air de vouloir ajouter quelque chose, mais il se ravisa, toujours avec son satané sourire, et quitta la classe.
Initialement, Harry avait prévu de passer Halloween au square Grimmaurd, soit en compagnie d'un bon film, soit en compagnie d'un bon livre. Mais Ginny avait d'autres plans et refusa de le laisser se morfondre seul alors que les Flèches organisaient une soirée d'Halloween à la moldue. Bien qu'elle ne se sentait pas à l'aise dans son nouveau club, elle voulait s'intégrer et cette fête en était l'occasion.
Elle avait le droit d'inviter des gens, et elle choisit Ron, Hermione et Luna en plus d'Harry. Pour le plus grand soulagement de ce dernier, Hermione déclina l'invitation.
Bien que Ginny l'ait prévenu que la soirée était déguisée, Harry ne s'en préoccupa qu'au dernier moment. Pas d'humeur pour cette soirée, il passa un costume moldu simple, sans cravate.
- En quoi t'es déguisé ? demanda Ginny depuis la cuisine.
- Je ne sais pas.
Elle le rejoignit et soupira en le voyant. Elle-même était vêtue d'une robe tablier bleue, déchirée et terreuse par endroit, tachée de faux sang. Ses cheveux étaient attachés en deux longues tresses avec deux rubans rouges. Elle s'était maquillée de manière assez voyante, avec des taches sanglantes ici et là.
- Tu es en quoi ?
- En poupée maudite.
- Et pourquoi tu as de la terre partout ?
- Parce que les propriétaires essaient de se débarrasser de moi, mais je reviens toujours. Tu aurais pu faire un effort !
- Je fais un effort, répliqua Harry. Je viens à cette soirée.
Elle leva les yeux au ciel et saisit la poudre de cheminette. Harry la suivit quelques secondes plus tard.
Ils atterrirent dans l'entrée d'une maison bourgeoise, avec un sol en marbre, de grands miroirs et des plantes vertes qui touchaient le plafond. L'aspect luxueux du lieu était diminué par la musique trop forte et par la décoration de la fête. Des guirlandes de papier crépon orange et noir couraient le long des murs. Des citrouilles sculptées diffusaient un halo orangé de leurs bougies. Des toiles d'araignées en coton pendaient du plafond. Quelques personnes costumées discutaient, mais aux bruits qui provenaient du reste de la demeure, ce n'était qu'une petite partie des invités.
Angelina Johnson, visiblement déguisée en Cléopâtre avec l'œil de Râ peint sur son visage, une toge et des bijoux en lapis-lazuli, les salua et leur tendit des gobelets de bièraubeurre.
- Ron et Luna sont là aussi, c'est trop cool !
Ginny hocha la tête, tout sourire, et le couple suivit la jeune femme dans le salon. Plusieurs dizaines de personnes y éparpillées, certaines en train de danser, d'autres en train de boire, beaucoup simplement occupées à discuter malgré le volume de la musique.
Luna les aperçut et accourut vers le trio, en tirant Ron par le bras. Elle avait tressé ses cheveux en une coiffure complexe, sur laquelle reposait une couronne de brindilles, de feuilles et perles. Elle était vêtue d'une longue robe bleu ciel vaporeuse et elle avait peint sur son visage une sorte de bandeau noire qui recouvrait ses yeux.
Ron, quant à lui, portait un pantalon rayé déchiré, une redingote noire sur une tunique rouge et un tricorne. Il avait un bandeau sur l'œil gauche et s'était dessiné une cicatrice sur la joue droite.
- Tu es déguisée en quoi ?
- En elfe des montagnes ! Et toi Harry ?
- En dépressif.
Luna éclata de rire alors que les deux Weasley échangeaient un regard. Puis les filles aperçurent Kathy Allison, déguisée en mariée sanglante, et traversèrent la pièce pour la rejoindre.
Harry espérait qu'Hermione avait tenu sa promesse et que Ron ne savait rien sur sa rupture avec Ginny.
- T'avais pas envie de venir, j'imagine ? lança-t-il en buvant une gorgée de bière.
- Pas du tout, confirma Harry. Mais Hermione non plus apparemment.
- Elle avait du travail. Et elle n'aime pas trop ce genre de fêtes.
- Tout comme moi, en fait.
- Sauf que toi, ma sœur te mène par le bout du nez, plaisanta Ron.
Harry s'abstint de commenter, car c'était plus que vrai. Il ne fallait pas trop s'attarder là-dessus, ou il allait commencer à vraiment en vouloir à Ginny.
- Ce serait bien qu'on se fasse un dîner tous les quatre d'ailleurs, ça fait longtemps.
Harry acquiesça distraitement. Il ne pouvait pas fuir Hermione toute sa vie.
Soudain, quelqu'un posa lourdement son bras autour de ses épaules. Surpris, Harry se dégagea et sortit immédiatement sa baguette, la pointant vers l'inconnu. Il la rangea immédiatement, ignorant le regard interrogateur de son ami.
- Harry Potter ! Wow, c'est bien toi !
- Calme-toi, gars, on déconne.
Les deux importuns étaient Timothy Klamp et Simon Munroe, déguisés respectivement en momie et en vampire. Malgré l'agacement évident d'Harry, la momie lui tenait toujours l'épaule et lui tapota la poitrine.
- T'es déguisé en quoi ?
- En comptable.
Les deux joueurs ricanèrent.
- Munroe, t'as fait de supers tirs aux buts pendant la rencontre avec les Canons en mai dernier, lança Ron.
- Ahah, merci. C'est vrai qu'ils sont forts, mais je pense que cette année on peut les battre.
- Surtout avec ma sœur dans l'équipe !
- Ta sœur ? répéta le vampire.
- Ah oui, Ginny Weasley, sourit Timothy. C'est vrai qu'elle est bonne.
Les deux comparses rigolèrent une nouvelle fois, sous les regards choqués d'Harry et de Ron.
- En tant que batteuse évidemment ! précisa Simon, hilare.
- Ouais…
- Ça va, mec, on déconne ! Même si c'est vrai que j'ai pu lui rouler une pelle !
- Pardon ? s'étrangla Harry.
- Eh ! protesta Ron.
- À la soirée d'inté, pour le jeu de la bouteille, t'inquiètes, tempéra Timothy avec un sourire narquois. Je te la volerai pas. Elle est dingue de toi.
- T'as vraiment de la chance, hein ! renchérit Simon en lui tapant sur l'épaule.
- Je sais. Y a intérêt à ce que vous l'emmerdiez pas, répliqua Harry.
Surpris, les deux jeunes hommes reculèrent, les mains en l'air en signe d'apaisement.
- Wow, non, bien sûr ! On se permettrait pas ! protestèrent-ils.
- Enfin bref, on se recroisera plus tard, hein, conclut Simon devant le manque d'enthousiasme évident de ses deux interlocuteurs.
- C'est ça ouais, répondit Harry, amer.
Simon et Timothy s'éloignèrent, alors que les deux Griffondors restaient silencieux.
- Comme quoi, il ne faut jamais rencontrer ses idoles, marmonna Ron.
- Pardon, mais si Simon Munroe est ton idole, tu as vraiment aucun goût pour le quidditch.
Ron pouffa et se reprit aussitôt.
- Ils sont vraiment odieux.
Il avait à peine finit sa phrase que Jane Brewer, habillée en diablesse, et Todd Solace, en archange, alpaguèrent Harry.
Deux heures s'écoulèrent ainsi. Toute l'équipe de Ginny vint le voir, lui parler, le toucher, mais aussi d'autres inconnus de plus en plus hardis à mesure que la soirée avançait. Toujours la même curiosité, les mêmes platitudes, les mêmes plaisanteries douteuses. Ron finit par s'éclipser et Harry se trouva seul, à regretter ses livres sur les potions mésopotamiennes et le calme du square Grimmaurd et à affronter des admirateurs ingrats et alcoolisés qui ignoraient son malaise croissant.
Aucune trace de Ginny, de Luna, d'Angelina, ou de n'importe qui qui aurait pu calmer le jeu diplomatiquement. Il avait beau s'éloigner du salon, dans le jardin, la cuisine, la salle de bain, il y avait toujours quelqu'un qui le reconnaissait et voulait absolument lui parler. Sa mauvaise humeur finissait éventuellement par les faire fuir, après plus ou moins de temps, jusqu'au curieux suivant. Tous repartaient en chuchotant entre eux, lui lançant des petits regards qui se voulaient discrets, visiblement déçus par la rencontre.
La musique, la fumée des cigarettes, l'odeur d'alcool et le harcèlement des autres finirent par avoir raison de la patience d'Harry. Ginny l'avait traîné là pour sa gloire personnelle, mais elle n'était nulle part en vue. Les autres s'amusaient et visiblement, il ruinait l'ambiance. Il avait l'impression qu'une pointe lui était rentrée dans le crâne et il se sentait la crise d'angoisse qui menaçait de l'engloutir. Déjà, un sombre ressentiment lui enserrait la poitrine. Il avait fait assez d'efforts pour cette soirée de merde, il n'en pouvait plus.
Il sortir sur une terrasse et transplana, sans même prendre la peine de dire au revoir ou de prévenir qui que ce soit.
L'air frais de la nuit d'automne apaisa un peu Harry, mais il se sentait toujours fébrile quand il appuya sur la sonnette de l'apothicairerie. Le carillon tinta. Un bruit grinçant résonna quelque part au-dessus de lui. Il leva le nez et aperçut Draco, appuyé contre la rambarde de sa fenêtre.
- Qu'est-ce que tu fais là ? lança-t-il, sans la moindre animosité.
À l'étonnement d'Harry, le potionniste semblait heureux de sa visite. Surpris, certes, mais agréablement surpris.
- Je peux monter ?
D'un coup de baguette, le Serpentard déverrouilla la porte, qui s'ouvrit avec un déclic.
Harry s'engouffra dans la boutique et monta les escaliers, son angoisse se délitant déjà pour laisser place à une douce appréhension. S'il était nerveux, c'était uniquement à cause de la soirée qu'il venait de quitter, rien de plus.
Draco lui ouvrit, et Harry aurait pu jurer qu'il se retenait de sourire. Sa tenue décontractée, un pull en grosse maille sur un pantalon large, contrastait avec la tenue de soirée qu'il portait. Draco ne manqua pas de le remarquer puisqu'il lui fit un signe interrogatif du menton.
- J'ai été invité à la soirée d'Halloween des Flèches, c'est mon déguisement.
- Oh, tu es déguisé en quoi ?
- Je ne sais pas. En moldu.
Le potionniste eut un petit rire et le laissa entrer.
- Je fais un thé, comme d'habitude ?
- Comme d'habitude ? Ce n'est que la deuxième fois que je viens.
- Deux fois, ça commence à faire une habitude.
Harry ne sut que répondre, mais son cœur se réchauffa d'une douleur douce. Draco prit son silence pour une réponse puisqu'il lança la bouilloire.
- Alors, cette soirée ? Qu'est-ce qui était si horrible pour que tu viennes te réfugier ici ?
- Tout. Les gens principalement. Ginny m'avait prévenu, y a un petit groupe de mecs absolument infects, qui m'admire, bizarrement.
- Ah oui ?
- Très moqueurs. Je sais pas si c'est le contexte, ce qu'ils avaient bu ou quoi, mais si ils sont comme ça en entraînement, je sais pas comment elle va tenir.
- Ça explique pourquoi Cho était contente de se barrer, commenta Draco en lui tendant une tasse et un sachet de thé.
Harry acquiesça distraitement. La bouilloire siffla et le potionniste se pencha pour servir l'eau.
- Puis bon, Halloween c'est jamais un moment facile pour moi mais ce soir c'était un peu trop.
Draco lui lança un regard interrogateur, avant de réaliser à quoi –à qui, il faisait référence.
- Oui. Oui, évidemment.
Ils burent chacun quelques gorgées en silence.
- C'est terrible, mais je n'avais pas du tout pensé à ça.
- C'est normal.
- Non, mais maintenant qu'on se connaît mieux, c'est pourtant évident, mais ça ne m'a pas traversé l'esprit.
- Ne t'inquiète pas, c'est pas grave, assura Harry. Je crois que personne n'y fait vraiment attention.
- Personne ?
- En tout cas personne ne m'en parle à Halloween, et j'ai généralement pas envie qu'on m'en parle non plus, donc ça va.
- Même Ron et Hermione ? Ou Ginny ?
- Non, même eux. Je leur ai jamais dit que ça pouvait être délicat parfois et j'ai pas envie de gâcher leur plaisir en faisant encore mon numéro de pauvre petit orphelin malheureux, soupira-t-il.
Draco fronça les sourcils.
- Enfin, c'est pas anodin quand même.
Harry soupira de nouveau et croisa les bras.
- Tu sais, la plupart du temps, ça va. Je n'y pense pas trop. L'année de mes 21 ans, ça a été dur, parce que c'était leur âge quand ils sont morts, et que j'ai réalisé à quel point c'était jeune. Et même aujourd'hui, ça me fait bizarre d'être plus vieux qu'eux.
- Oui, c'est pas facile j'imagine…
- Et là, je sais pas, je me suis retrouvé à cette soirée, avec des gens que je connaissais pas, voire que j'aimais pas… Ils étaient tous déguisés, à boire, à crier… Déjà en temps normal, j'aime pas ce genre d'événements mais là y avait un tel décalage entre eux et moi, je commençais à me sentir de plus en plus mal, j'avais envie de pleurer.
Draco n'avait probablement pas envie d'entendre tout ça, alors Harry se dit qu'il valait mieux abréger.
- Donc j'ai décidé de partir, j'avais pas la force d'aller sur leur tombe ou de retourner au square Grimmaurd tout seul. Puis je me sentais pas d'aller voir mes autres amis, de tout expliquer depuis le début, et je sais pas, je me suis dit qu'avec toi ce serait plus facile.
Le potionniste hocha la tête.
- Mais bon, je vais arrêter de te saouler avec ça et de jouer au pauvre petit orphelin…répéta-t-il.
- Tu ne me saoules pas, le coupa Draco. Si t'as besoin d'en parler, parle.
Il avait définitivement besoin d'en parler mais il sentait que s'il le faisait, s'il se lançait là-dedans, ça finirait dans un chaos d'émotions. Il réservait ça pour sa psy.
- Je préfère parler d'autre chose. D'autant que j'ai quelque chose à te proposer.
- Ah oui ?
- Il existe à Paris, au Louvre plus précisément, une sorcière experte des potions mésopotamiennes. Je me suis dit que ce serait intéressant de lui poser quelques questions.
- Donc tu as encore besoin de moi ? sourit Draco.
- Oui. Vu que tu as analysé la potion. Et que tu es mon consultant.
- Quand ?
- Cette semaine ou celle d'après, selon ce que me dit…
Un bruit de verre brisé les interrompit. Harry saisit sa baguette immédiatement. Ça venait du salon. En une seconde, la tension était montée. Ils se regardèrent, les yeux écarquillés et le cœur battant.
Harry fit signe à Draco de rester dans la cuisine. Il s'aventura à pas de loup dans le salon.
L'apprenti Auror crut d'abord que le sol était inondé. En effet, une épaisse fumée violette le recouvrait et s'agitait comme une mer traversée de vaguelettes. L'air piquait, et Harry sentit ses yeux s'embuer. Par réflexe, il remonta sa veste sur son nez, pris d'une mauvaise toux.
L'une des fenêtres avait un carreau cassé. Sur le sol, on pouvait voir, ou plutôt deviner, une sorte de bâton avec deux boules de verre aux extrémités, dont s'échappait la fumée à gros bouillons.
De plus en plus confus, Harry voulut retourner dans la cuisine pour s'y calfeutrer, mais Draco l'avait suivi et se mis à tousser. Ses pensées s'embrouillaient mais il essaya de lui faire comprendre qu'il fallait sortir et échapper à cette inondation fumeuse, qui grimpait et leur arrivait maintenant jusqu'au genou.
Le potionniste, les yeux larmoyants, dodelinant de la tête, s'adossa au chambranle de la porte et se laissa glisser au sol. Il tenta de se retenir en agrippant la veste d'Harry, mais celui-ci était trop faible pour résister. Il s'agenouilla à sa suite, essayant lui aussi de s'accrocher quelque part, au mur, au col de Draco. Sa conscience se délitait, seules subsistaient l'odeur âcre et doucereuse de la fumée qui lui brûlait les poumons et le tissu rêche du pull de Draco, emprisonné dans son poing.
Il cessa de lutter et tomba dans un puits sans fond.
Oui je termine sur un cliffhanger, oui c'est cruel. Pardonnez-moi.
