TU PEUX TOI AUSSI COMMANDER TA FICTION
Oui tu peux toi aussi commander une fiction en te rendant sur notre histoire "Commandes de fictions" ou sur notre forum, et review le mois en cours !
Hé ! Bien le bonjour (ou le bonsoir) à toi qui arrive sur cette histoire ! Prims pop nous a demandé "Sansa vit dans une peur perpétuelle. Mais la peur a quadruplé de volume quand elle tombe enceinte de cet homme. Maintenant elle doit fuir. Qui va lui tendre une main sincère ?"
Marina Ka-Fai, une des auteurs de notre collectif, a décidé répondre à cette commande.
Disclaimer : Game of Thrones est l'oeuvre de George R.R Martin et de David Benioff ainsi que de son compère Daniel Brett Weiss. Parce que sinon, si c'était mon œuvre, Lancel serait un enfant magique prophétisé pour apporter un été éternel à Westeros, il aurait plein d'enfants et serait heureux.
Résumé : Tel le phoenix renaissant de ses cendres, elle vivra, plus belle, plus forte et plus fière. Elle a simplement eu besoin d'une main tendue.
Juste une main tendue
Les deux lignes roses sur le test de grossesse la font pleurer de désespoir. C'est le quatrième. Elle est définitivement enceinte... et elle s'est définitivement punie pour dix-huit ans minimum. Elle aurait dû quitter Joffrey bien plus tôt. Tous les signes sont là: il lui parle comme si elle était une imbécile, une moins que rien, il l'humilie en parole et s'il ne lève pas la main sur elle, cela n'en reste pas moins de la violence. Encore hier, dans un accès de rage, il a claqué une porte, laquelle a fini par lui tomber dessus! Sansa sait tout ça: on s'en va dès la première insulte. Parce que la première est déjà celle de trop. Sauf que derrière, elle a trop bon coeur et il sait en jouer. Il se montre repentant, délicat, attentionné... et devant tous, ils sont le couple parfait.
Et là, elle vient de prendre dix-huit ans parce qu'un enfant enchaîne bien plus sûrement que toutes les cordes.
Elle sort de la salle de bain.
-Sansa, tout va bien?
Elle lève les yeux.
Lancel.
Bordel de merde...
-Bonjour, Lancel. Le barbecue a déjà commencé? Dit-elle, tentant de faire bonne figure
-Non, je suis arrivé plus tôt pour aider Joffrey à l'installer. Mais ça va? S'inquiète-t-il
Elle se force à lui sourire.
-Je suis juste un peu fatiguée, c'est tout.
Les yeux du Lannister se posent sur la porte qui a été mal remise. Il sort un calepin, y griffonne quelque chose avant de le lui donner puis de s'éclipser. Elle s'attend à ce que ce soit son numéro avant de se dire qu'elle l'a déjà ou peut aisément l'obtenir. Non, ce que Lancel vient de lui donner, c'est bien plus grand et bien plus fort:
C'est le numéro d'un avocat qui est spécialisé dans la défense des femmes battues.
Sansa est épuisée mais elle essaye de sourire. Tant qu'elle peut cacher sa grossesse, elle le fait. Dieu merci, elle n'est pas connue pour son amour de la boisson, alors personne ne lui fait la remarque. Elle se lève, habituée à faire la vaisselle pendant que les autres prennent le café lors de leurs grandes réunions de famille. Comme à son habitude, Lancel se propose de l'aider. Là encore, rien d'anormal sous le soleil. Sauf que pour une fois, la jeune femme lui dit oui.
-Deux mains supplémentaires ne sont pas refusées.
Ils ferment la porte, comme elle le fait toujours : Joffrey lui avait déjà reproché de faire trop de bruit pendant ce moment. Dans le cliquetis des assiettes et des couverts, elle ose lui poser une simple question:
-Pourquoi?
-Pourquoi? La vaisselle?
Non, ça, elle le sait très bien: il a été élevé par un homme assez moderne malgré son âge et surtout qui lui a appris à respecter les femmes, que les tâches ménagères sont l'affaire de tous. Oui, Kevan Lannister détonne dans cet environnement, quel dommage qu'elle ne le voit que peu.
-Le numéro.
-Parce qu'on ne ferme pas les yeux face à une femme battue.
-Joffrey ne me bat pas.
-Non, mais il est violent tout de même.
Il pose une assiette sur l'égouttoir.
-Tu as toutes les raisons du monde de ne pas me faire confiance. Je le sais.
Parce qu'il est un proche de Joffrey et parce qu'il n'a pas été non plus son allié. Sous l'emprise de Joffrey, il a répété des mots cruels. Il a su s'en détacher et lui a depuis présenté ses excuses, ne s'attendant pas au pardon.
-Tu ne m'as rien fait de particulier. Elude-t-elle
-Je n'ai rien fait tout court pour toi, c'est encore pire.
-Mais tu fais quelque chose aujourd'hui. Pourquoi?
-Parce que c'est la chose à faire.
Si avec ça, elle ne lui pardonne pas son silence ou l'effet perroquet qu'elle-même a subi. Sous l'influence de Joffrey, elle a été horrible avec Arya.
-Si tu dois partir, je peux te trouver le numéro d'une association d'hébergement d'urgence.
-Tu t'y connais drôlement bien.
Il tourne les yeux vers la porte.
-Ma nouvelle petite-amie est employée une avocate qui travaille beaucoup pour la protection des femmes et des enfants.
Tiens, il a une nouvelle copine, lui? Et à en juger par son air, personne ne le sait.
Le lendemain, Sansa prétextera auprès de Joffrey avoir envie de passer quelques jours à Winterfell. Il ne la retiendra pas.
De là, elle prendra contact avec le conseil indiqué par Lancel.
Une semaine après, un cri de rage emplit le domicile conjugal : Joffrey vient de se voir assigner à une audience pour une ordonnance de protection.
Le monde de Joffrey s'écroule et surtout, il voit dans le regard de ses proches du dégoût, de la déception. Le Juge a cru Sansa. La peste qu'est cette femme! Winterfell, mon oeil! Elle a juste fui pour ensuite aller pleurer!
-Comment as-tu pu?
Il y a dans la voix de Cersei un véritable dégoût.
Sansa a accumulé preuve sur preuve, obtenu des attestations de témoins multiples, et ce traître de Lancel lui a fourni les photos de la porte!
-Comment as-tu pu...
Alors qu'elle-même a été victime des coups de Robert et n'a pu s'en libérer qu'à sa mort. Peut-être est-ce à cause de cela? Les traumas ont tendance à devenir générationnels. Sauf que Tommen ne frappe pas, lui. Joffrey soupire: pourquoi personne ne veut-il comprendre qu'il l'aidait à devenir meilleure? Sans lui, elle ne serait rien du tout!
Une ordonnance de protection dure normalement six mois.
Le Juge l'a étendue à un an... le temps que Sansa accouche en toute tranquillité dans le cas où elle décide de mener sa grossesse à terme.
Parce que ça aussi, elle la lui a faite à l'envers.
Déjà, des enfants, il n'en veut pas, donc elle le lui a fait dans le dos. Après, il n'entend pas reconnaître l'enfant, avoir des droits dessus, donc elle peut bien saisir le Juge aux Affaires Familiales pour se voir confier l'exercice exclusif de l'autorité parentale et réserver ses droits, ça lui fera du travail pour rien, elle le mérite.
-Tu es sûre de toi?
Sansa ne blâme pas Lancel pour sa question, elle est légitime. Il est vrai qu'avorter "la libérerait" totalement de Joffrey. Et l'enfant n'aurait pas à souffrir d'être lié à cet homme violent et manipulateur. Mais voilà, ce bébé est aussi le sien et elle ne se sent pas capable de vivre avec cette perte.
-Oui, je suis sûre.
-Et pareil pour ta demande?
Elle est en train de préparer la future audience JAF qui découle toujours des ordonnances de protection quand des enfants sont impliqués dans de tels conflits. La violence de Joffrey et sa perversité ont été confirmées. L'exercice exclusif de l'autorité parentale devrait être acquis. Elle ne demande pas de pension alimentaire cependant : elle n'en veut pas. Elle a le soutien de ses parents, elle a son héritage, elle n'est pas à plaindre et surtout, elle ne veut pas lui donner une arme avec laquelle il pourrait lui faire du mal. Enfin, elle ne demande pas à ce que ses droits soient réservés. Elle voudrait qu'il puisse voir leur enfant. C'est pour cela qu'elle envisage un droit de visite médiatisé : le bébé serait déposé dans une structure neutre et Joffrey le verrait, entouré d'éducateurs spécialisés, jamais seul et sans pouvoir sortir. Cela serait deux heures, deux fois par mois.
-Un enfant ne change pas ses parents. Ce n'est pas son rôle. Mais je veux lui donner une chance d'être un père à défaut d'être un géniteur. Je veux donner cette chance à mon enfant. Si Joffrey ne la saisit pas, je ferai réserver ses droits après. On ne pourra pas me reprocher après de ne pas l'avoir fait.
-Tu es une bien meilleure personne que nous tous.
Elle lui sourit.
-Je me demandais... Est-ce que tu accepterais d'être le parrain de l'enfant?
Les yeux du Lannister brillent sous le choc et l'émotion. Cela le touche d'autant plus qu'il croit réellement en la foi des Sept Dieux.
-Tu... Tu en es certaine?
-Tu m'as tendu la main. Tu m'as donné une clé. Et tu as été là tout du long si jamais je trébuchais malgré l'emprise que Joffrey a pu avoir sur toi aussi. Tu m'as sauvée et tu as sauvé mon bébé, donc oui. Oui, je suis sûre.
-Ca serait un honneur, Sansa.
L'audience JAF n'a pas eu lieu.
Elle n'a pas eu lieu pour la simple et bonne raison que Joffrey est mort avant.
Il était sorti un soir avec des amis et avait conduit en état d'ébriété, causant un terrible accident. Les autres s'en sont sortis. Lui, non. Sansa éprouve une certaine tristesse : elle pense à sa fille, laquelle ne le connaîtra jamais. Elle n'en aura pas eu la chance. Elle aurait mérité de le voir juste une fois. De son père, elle a hérité les couleurs. L'accouchement a été long, pénible mais la petite Alysanne est en bonne santé et elle fait la très grande fierté de son parrain, lequel est un parrain gâteau et sa compagne, même si elle n'a aucun lien, n'est pas en reste. La jeune mère laisse Cersei voir l'enfant, toujours accompagnée. La violence de Joffrey n'a pas à détruire plus qu'elle ne l'a déjà fait. Pour l'instant, elle n'ose pas se projeter dans une relation amoureuse. Elle a besoin de temps, de soin aussi. Mais un jour, elle refera confiance et cette fois-ci, à la bonne personne.
Elle ne survivra pas.
Elle vivra.
Tel le phoenix renaissant de ses cendres, elle vivra, plus belle, plus forte et plus fière.
Elle a simplement eu besoin d'une main tendue.
