3 octobre

« Attends, tu m'aimes ? » « Je t'ai toujours aimée » (« Wait, you love me ? » « I always have »).

Laslow x Peri (Conquête)


C'était faux de penser que la nature badine, inconsciente et gênée de Laslow se frottait mal à la violence gratuite et aux effusions de sang.

Et il était effectivement un être qui n'aimait pas tuer et meurtrir sans aucune raison. Il savait que la mort était susceptible de frapper à tout moment et il avait perdu suffisamment de monde dans sa vie pour ressentir de l'effroi à la simple idée d'en voir mourir d'autres.

Mais en vérité, les natures portées sur la vengeance et l'étripage d'ennemis à la chaîne ne le repoussait pas tant que ça.

Il avait honte de l'admettre, mais c'était quelque chose de vraiment familier.

Son père était comme ça. Il avait des cheveux blancs – comme les siens, mais qu'il avait dû malheureusement faire teindre –, des yeux petits, un sourire confiant et une voix badine mais froide quand il s'apprêtait à tuer quelqu'un. Et il aimait bien tuer des gens, même s'il ne pouvait pas le faire tout le temps à cause de la paix relative entre différentes périodes de guerre.

Et c'était quand même le meilleur père du monde. Laslow l'aimait plus que tout dans sa vie et c'était évident qu'il avait été charmé par l'inconscience au combat et la joie de vaincre de Peri.

« Attends, tu m'aimes ? s'étonna la jeune femme aux cheveux bleus et roses. »

Elle avait compris qu'il voulait passer le reste de sa vie avec elle et qu'il la voyait comme une femme, pas une enfant immature et à qui il fallait toujours faire la morale. Mais elle n'avait pas compris qu'il l'aimait vraiment, comme Niles aimait Corrin, comme Messire Xander et son épouse s'aimaient, comme les parents de Laslow s'étaient aimés et comme ses parents à elle s'étaient chéris à leur tour. Il était amoureux d'elle.

« Je t'ai toujours aimée, admit Laslow en posant sa main sur la sienne. Depuis la première fois que je t'ai vue. Il y avait quelque chose en toi de tellement réconfortant... »

Il finit par décider avec elle d'avoir un enfant. Il n'aurait pas pensé qu'elle puisse être assez mature pour devenir mère, très franchement, à leur première rencontre. Là où son père tuait et maudissait pour de bonnes raisons et possédait une grande empathie, pour les animaux et les plantes notamment, et s'attristait du décès des autres, Peri, elle, faisait régner les bains de sang sans aucun motif, parce qu'elle le voulait.

En fait, elle était durablement traumatisée par la mort de sa mère, à l'assassinat de laquelle elle avait assisté dans son enfance.

Tout comme Ricken et les Veilleurs l'avaient fait réaliser à Henry, Xander, Laslow et les autres avaient montré à Peri que l'amour qu'on portait aux autres existait chez tout le monde. Ils pleuraient la perte de leurs familles et de leurs amis quand ils venaient à mourir pendant les guerres et leurs ennemis ressentaient la même chose. Il ne fallait pas qu'ils abusent de leur pouvoir de tuer l'adversaire pour protéger leurs idéaux car ils privaient ainsi des hommes de leurs frères, des femmes de leurs maris, des amis de leurs consœurs… des filles de leur mère.

Peri avait fini par le comprendre et la vie qui avait un jour éclos au creux de son ventre avait renforcé ce sentiment, au lieu de la rendre de nouveau meurtrière pour protéger sa fille. Et cette enfant en avait bien besoin, car Soleil était habituée de pulsions violentes, comme sa mère et son grand-père. Elle ressentait une colère pour leurs ennemis qu'elle avait du mal à contrôler… et elle n'était pas toujours très correcte avec les filles qu'elle fréquentait.

Mais Peri était là pour lui faire entendre raison.

« La raison ? Oui, la raison c'est très bien. Ça permet d'éviter les débordements d'émotions, annonça doctement Henry la première fois qu'il croisa sa belle-fille. Mais je suis surpris que ce soit Iñigo qui t'y ai entraînée. C'était loin d'être son fort, avant son départ, surtout avec les autres f…

-Henry, ne dis pas n'importe quoi ! le reprit Olivia en lui donnant un coup de coude dans les côtes. Tu ne croyais quand même pas que notre fils n'allait jamais gagner en maturité de toute sa vie ?

-Oh ! En tout cas, je vois qu'il tient sa gentillesse de vous, beau-papa et belle-maman, avait répondu Peri, rayonnante. »

Mais, en attendant, Laslow était assis avec sa femme près d'un cours d'eau tranquille. Ils avaient tous les deux leurs mains entrelacées sur le ventre de Peri. Pour un peu, avec tout ce qu'ils avaient vécu et perdu, ça aurait pu leur sembler presque complètement surréaliste de croire que leur avenir était paisible. Mais ils s'étaient promis de rester toujours ensemble quand la guerre serait finie, qu'ils s'occuperaient de leurs enfants et leurs efforts avaient enfin rendu tout ça possible.