5 octobre
x + 1 (x + 1 : Explanation below : x times someone did something and that very one time they didn't)
M!Corrin & Léo
Normalement, ce prompt correspond à un trope de fanfic précis et apparemment courant dans certains fandoms, dont je n'avais jamais entendu parler, mais moi j'avais littéralement pensé à x + 1 sans rien d'autre derrière. Donc je fais ça.
« Mais enfin, Corrin, comment peux-tu buter sur un principe aussi fondamental ? finit de se décourager Léo en laissant retomber près de son flanc son bras, qui tenait une perche servant à atteindre les recoins les plus hauts du tableau à craie. Tu es bon en philosophie, en Histoire, en littérature, en chimie et en sciences et tu ne comprends pas les formules mathématiques à base de x ?
-Ce n'est pas ça, le détrompa son frère avec une bonne dose de fausses excuses. Ça me prend juste un peu plus de temps que pour toutes les autres choses que tu m'as enseignées. Recommence, s'il te plaît. Cette fois, je suis sûr que je vais y arriver. »
Léo pinça les lèvres, sceptique. Il aimait vraiment bien faire cours à son frère, Corrin était tellement gentil et enthousiaste. Lui-même était très exigent en matière d'études et il commençait à se demander s'il n'avait pas un peu trop forcé la dose. Corrin était fatigué, il frottait ses paumes contre ses joues pour se maintenir en état et il le fixait sous des paupières mi-closes. Ses yeux rouges avaient un éclat différent dans la lumière changeante des lampes à huile.
« Bon, nous allons procéder autrement, décréta Léo en abandonnant sa perche sur le bureau.
-Quoi ? Depuis quand tu as de la considération pour les méthodes d'éducation positive ? le titilla Corrin, l'embout de sa plume appuyée sur son menton.
-Arrête de dire n'importe quoi. En plus, tu te mets de l'encre partout. Non, je pense juste que tu n'arriveras pas à grand-chose si nous poursuivons dans ce style d'études pour ce soir.
-Ah non ? Et tu deviens indulgent, en plus ?
-Qu'est-ce qui te prend, aujourd'hui ? Va m'attendre dans mes appartements au lieu de dire des bêtises. Enfin, si tu arrives à retrouver le chemin. Ça fait des mois et tu ne t'es toujours pas habitué à la grandeur du château. »
Le prince dragon haussa les épaules et se traina dans la grande pièce d'études jusqu'à la porte. Il faillit se casser la figure en trébuchant sur absolument rien au moment de sortir et Léo leva les yeux au ciel, mais il ne pouvait pas s'empêcher de se sentir un peu inquiet malgré tout.
Il prit la peine de ranger ses livres et ses manuels avant de sortir, pousser le tableau dans un coin, ranger les craies dans leur boîte et souffler les lampes. Il n'en garda qu'une, qui lui servit à sortir des recoins les moins fréquentés du palais, donc les moins éclairés, jusqu'aux artères principales, aux quartiers des domestiques à son service et, finalement, jusqu'à sa chambre.
Corrin était roulé en boule sur son lit et essayait de faire rentrer dans la couverture de laine les mailles rebelles qui s'obstinaient à en ressortir par endroits. La fatigue devait lui faire perdre un peu le contrôle de son corps de dragon, à moins que ce ne soit un regain d'énergie, et sa queue couverte d'écailles se balançait derrière lui au rythme de ses tentatives.
« Mon frère ! l'appela fermement son cadet en s'approchant, un manuel de maths sous le bras. Laisse cet édredon tranquille, il ne t'a rien fait. »
La queue de Corrin disparut aussitôt et il se redressa.
« Non, reste, lui intima Léo en le voyant faire mine de descendre du lit. Je crois que nous avons besoin d'un endroit plus confortable pour étudier qu'un bureau et une chaise.
-Quoi ? s'étonna son frère. Tu es sérieux ?
-Bien sûr. Pourquoi tu me regardes comme ça ? Tu ne vas quand même pas te faire prier, non ? D'habitude, c'est Camilla, Élise et toi qui aimez ce genre de niaiserie…
-Oui, et pas toi, c'est justement ce qui m'intrigue, rétorqua Corrin avant d'obtempérer. Mais je suis tellement fatigué…, ajouta-t-il en se glissant sous l'édredon, que je ne peux que t'en remercier.
-Oui, j'ai remarqué… »
Léo attrapa un crayon et une liasse de feuilles et ôta ses bottes pour pouvoir grimper dans son lit. Son frère dormait déjà à moitié et il redressa ses oreillers pour l'aider à se concentrer un peu.
« Bien, regarde attentivement cette formule une nouvelle fois, enchaina-t-il en pointant son crayon sur les lettres et les chiffres. Ça ressemble beaucoup à quelque chose que tu as déjà étudié avec tes précepteurs de la forteresse nord.
-Oui, oui, marmonna le cadet des trois princes en appuyant sa tête sur l'épaule de son frère. Si tu le dis.
-J'ai demandé à mes servants de nous apporter des boissons chaudes, indiqua Léo en lui tapotant la tempe avec son stylet pour qu'il se réveille. Ne t'inquiète pas, elles te donneront un coup de fouet. »
Les bruits subtils de la nuit qui leur parvenaient du dehors rendirent cette séance d'étude plutôt agréable. Et puis, on était quand même bien plus à l'aise le dos callé par une pile d'oreillers que par l'absence de dossier d'un siège curule !
« Corrin, ne t'endors pas tout de suite, souffla Léo en passant ses doigts dans la frange de cheveux blancs de son aîné. Je sais que c'est difficile, mais tu y es presque.
-Heureusement que j'ai un excellent professeur, marmotta le jeune prince en enfouissant son nez dans son cou.
-Merci, répondit son cadet, un petit rictus au coin des lèvres. Mais ne pense pas que les compliments suffiront à endormir ma rigueur au travail. Allez, prends encore une gorgée de cette infusion ! Un dernier exercice et ce sera fini. »
Corrin acquiesça et s'exécuta, non sans avoir pincé son frère sous la couverture pour se venger de son acharnement.
« C'est toi qui m'as demandé de te faire étudier et tu savais à quoi tu t'engageais, lui rappela son professeur.
-Je sais, mais tu restes mon frère ! lui rétorqua le prince dragon. »
Ils se remirent à leur cours, mais bientôt, la douceur et le confort de ce moment finirent par les rattraper. Corrin appuya sa tête contre le ventre de son cadet dès que celui-ci referma son livre et les deux frères bordèrent chacun la couverture de leur côté du lit.
« Est-ce que j'ai le droit de me la couler douce jusqu'à des heures indues, moi aussi, si je dors avec toi ? le titilla Léo mi en tirant, mi en caressant les cheveux plus longs de sa nuque.
-Ne raconte pas n'importe quoi, rétorqua son frère en lui donnant une pichenette. J'ai juste besoin de plus de sommeil que toi. »
Il fit une pause, puis ajouta, les yeux clos :
« Surtout que je sens que je vais rêver de x + 1 toute la nuit. »
Léo sourit et s'enfonça lui aussi dans les oreillers. Il souffla la lampe à huile puis passa son bras autour des épaules de Corrin pour s'endormir.
Il était heureux que son aîné lui ait demandé de le faire étudier. Ils pouvaient enfin passer un peu de temps tous les deux.
