Auteur: Kuro-Hagi – 22/10/2023

Genre: Romance – Yaoi

Disclaimer: Tout ce monde et ces personnages appartiennent à Tadatoshi Fujimaki.;

Notes/Remerciements : Un chapitre un peu plus long et un peu moins doux aussi, je préfère prévenir ;) Enjoy ! (encore de gros problèmes avec ce site, je vois que le chapitre posté hier n'apparaît pas... Et je n'ai plus accès aux reviews... Sinon encore une fois, celle-ci ainsi que toutes mes fics sont sur AO3)


One Step Closer

Chains

Kin jappe en le voyant et il ne peut s'empêcher de sourire. Elle sait toujours quand c'est l'heure de quitter le refuge et rentrer chez elle. On peut dire que la jolie chienne a connu une certaine amélioration de sa qualité de vie : passer du refuge où elle devait dormir dans une cage avec d'autres canidés au château de Taiga. Elle a gagné quelques points d'amélioration c'est certain. Et puis Taiga est totalement fan d'elle, elle est la reine de son royaume. Et malgré les craintes du basketteur, elle s'est très rapidement habituée à son nouvel environnement.

"Hey ma belle ! Viens-là. C'est l'heure de rentrer."

Elle se dirige aussitôt vers lui et il s'accroupit, la guidant de ses mains pour qu'elle lui accorde un câlin bien mérité. Il enfouit ses doigts dans son doux pelage avec plaisir. Elle se laisse faire, c'est devenu un petit rituel entre eux, avant de lui remettre son harnais, cette étreinte. Quand elle en marre, pas qu'elle soit avare de câlin, mais elle est toujours pressée de retrouver son château et son maître, elle donne quelques coups de langue sur sa joue. Il rigole et s'écarte.

"Oui oui je sais. Mais pas la peine d'être si impatiente. C'est que toi et moi ce soir."

Il soupire et marmonne, en lui enfilant son harnais.

"Encore dix jours… Mais t'en fait pas, il nous a pas abandonné. Il va revenir…"

Honnêtement, heureusement que Kin est là et que Taiga lui a confié en son absence, sinon il serait très certainement en train de se morfondre, à ruminer. Le rire de Mari le fait sursauter.

"Au moins avec elle tu restes le même gars jovial et souriant… Avec nous tu es presque insupportable. Il faut qu'on tienne encore dix jours c'est ça que je dois comprendre."

Il rougit et se cache dans l'encolure de la chienne et grogne doucement. Ok. Il se morfond, rumine et est aigri depuis que Taiga est parti pour quinze longs jours pour un entraînement spécial avec son équipe, dans les montagnes et une connexion au réseau médiocre. Il sait qu'il est irritable depuis que son homme est parti, il est nerveux, il se sent vulnérable et en insécurité. Taiga n'a rien dit ou fait pour qu'il s'inquiète et se sente aussi peu confiant. Le mec lui a confié sa chienne et sa maison, c'est pas rien. Non, il n'est pas en cause, c'est lui, juste lui qui n'arrive pas à faire confiance, à ignorer les démons du passé, et cette petite voix dans sa tête qui lui dit que Taiga ne lui a donné les clés de chez lui que pour lui permettre de s'occuper de Kin, qu'il est beaucoup trop tôt dans leur relation pour s'engager, que Taiga découvre mais finira par se lasser, que Taiga se réveillera un jour pour lui dire qu'il a fini d'explorer et qu'il désire trouver une femme pour pouvoir s'afficher avec elle en public.

Il soupire et se redresse pour faire face à Mari, achevant de fixer la laisse qui n'est que là par sécurité, mais dont Kin n'a absolument pas besoin. Même dans les transports en commun la chienne a appris à suivre l'un de ses humains, collée à leurs jambes elle se laisse guider par les légère touches sur sa tête et ayant mémorisé le chemin qu'ils empruntent toujours le même, rien que pour elle.

"Ouais… Peut-être bien… Désolé. Je suis… hm… pas vraiment dans mon assiette.

— J'ai constaté."

Elle lui sourit mais ne lui fait aucun reproche. Elle salue gentiment Kin et lui demande de fermer derrière la porte principale derrière lui en partant. Il acquiesce et la regarde partir en soupirant de nouveau. Il se fatigue lui-même à être aussi invivable. Kin laisse une petite plainte filtrer alors qu'elle pousse son museau contre sa cuisse, comme pour lui demander de se mettre en mouvement ou le consoler.

"Oui. Excuse-moi. On y va."

Il garde dans sa main gauche la laisse qui ne sert pas et son autre main se pose sur la tête de la chienne pour la guider. Ils sortent du refuge, il referme derrière lui, puis il part au pas de course, Kin à ses côtés suit son rythme, son corps chaud contre sa jambe droite, lui accordant toute sa confiance alors qu'il la fait traverser le terrain un peu accidenté. Quand ils en ressortent, ils ne cessent de courir qu'une fois en haut des marches descendant dans le métro. Il la félicite et ils descendent les marches, slalomant entre les autres passagers du métro.

Il reste debout entre deux plateformes, une main sur le col de Kin qui reste bien sagement entre ses jambes, de l'autre main il navigue sur son téléphone, lisant les derniers messages de ses amis et se désespérant de ne pas en avoir de Taiga, même s'il sait que ce n'est pas étonnant. L'entraînement là-bas est particulièrement intense et il n'a pas son téléphone avec lui. Mais toujours cette petite voix le titille et serre son cœur, respirer lui semble plus difficile et sa gorge se noue. Chaque jour, la voix et les mots de Taiga le rassurent mais chaque jour, ses craintes, la boule qui serre son ventre se resserre et devient de plus en plus douloureuse et surtout beaucoup plus tôt. Il sait qu'il ne pourra pas parler à Taiga avant encore trois bonnes heures. Et chaque jour quand sa voix vient apaiser son coeur, il ne dit rien. Il parle de Kin, il parle du boulot, il écoute Taiga parler de ses journées, mais jamais il lui dit à quel point c'est dur, à quel point il lui manque et surtout à quel point il a peur.

Il lève son regard de son téléphone quand Kin se redresse indiquant qu'ils arrivent à leur station, comment la chienne est capable de savoir qu'ils sont arrivés l'impressionne toujours, mais ça lui évite de compter les stations et surveiller les arrêts. Il glisse son téléphone dans sa poche et revient poser ses doigts sur sa tête. Elle attend son signal pour avancer et sortir de la rame de métro. Ils suivent les dédales des souterrains pour enfin ressortir dans la rue. Il est content de retrouver l'air libre. Ils sont bientôt à la résidence de Taiga, il tape le code qui lui ouvre le portail et il sort les clés pour ouvrir la porte. Ils entrent, il referme derrière lui, coupe l'alarme, puis il se penche sur Kin et lui retire son harnais, dès qu'elle est libérée elle part faire le tour de la maison, il crie derrière elle, même s'il sait que c'est vain.

"Cherche pas il est pas là !"

Surtout qu'elle sait que quand Taiga est là, il les rejoint dans l'entrée pour saluer sa chienne dès son arrivée, et oui il passe en second après Kin, mais pour ça il ne peut pas en vouloir à Taiga. Il range le harnais, retire ses chaussures et les mets dans l'espace qui leur est réservé. Il allume les lumières et traverse l'appartement, pianotant sur son téléphone pour mettre un peu de musique, un peu anxieux dans le silence de cette grande maison, et rejoint la cuisine où il remplit en priorité les gamelles de Kin d'eau fraîche et de croquettes. Il se désaltère à son tour et file se doucher.

En jogging et t-shirt, il jette un œil à son téléphone espérant y voir des nouvelles de son homme, sachant pourtant qu'il est peu probable qu'il en est et, il prend une bière et sort pour s'installer sur la terrasse.

Son regard se perd sur le jardin, les arbres et l'étendue herbeuse où Kin est en train de batifoler gentiment. Quand il est installé à cet endroit, il a l'impression qu'il n'y a pas de voisins et la sensation d'être seul en plein milieu de la nature est très apaisante. Habituellement.

Il laisse un soupire lui échapper encore une fois, alors que l'inquiétude pèse sur sa poitrine. Il a l'impression que les chaînes du passé, tiennent son cœur prisonnier et se resserrent chaque jour un peu plus pour le faire saigner. L'ironie c'est que l'homme qui l'a fait souffrir est aussi un autre homme qui l'a aidé à se remettre sur pieds, tomber amoureux de son kiné a été, probablement, sa pire erreur. A un moment où il était si vulnérable, Akito était fun, toujours une plaisanterie et un mot gentil pour lui. Malgré la difficulté de l'effort qui lui était demandé, les séances de kiné étaient plus douces en sa présence. Il s'est énormément confié à lui, ils ont parlé basket, maladie et dépression. Il a fait confiance en cet homme, il s'est entièrement ouvert à lui, jusqu'à lui dire qu'il était homosexuel. Alors tout à changé, Akito a trouvé en lui un nouvel intérêt, il s'est montré encore plus doux, plus proche et un jour lui a avoué être attiré par lui. Il sait que c'était vrai qu'Akito était vraiment attiré par lui et sûrement par d'autres hommes même s'il ne l'a jamais dit comme ça. Ils ont commencé à se fréquenter en dehors de la rééducation, toujours chez lui, Akito ne lui a jamais donné son adresse et ils ne communiquaient que sur son numéro de téléphone professionnel. Il a fait confiance à cet homme et il est tombé amoureux. Ils se sont fréquentés pendant plusieurs mois, Akito a pris tout ce qu'il voulait de lui, son corps, son coeur et un soir il a tout brisé. C'était fini, il avait une petite amie et il allait se marier. Merci pour tout c'était fun et au revoir.

Son cœur se serre à ses souvenirs et les larmes s'accumulent sous ses paupières. Et le plus ironique dans tout ça ? C'est qu'Akito était jaloux de Taiga, lui rapprochant de n'en avoir que pour son idole au basket. Et aujourd'hui ? Il reproduit la même erreur avec Taiga. Lui aussi va finir par se lasser, c'est évident. Lui non plus n'est pas "gay". Taiga n'a jamais mis d'autre mot sur sa sexualité autre que "hétérosexuel" même si c'était avant de le rencontrer.

Il a promis à Taiga de lui parler, de lui faire part de ses peurs. Mais elles sont restées discrètes jusqu'à ces derniers jours, il pensait même qu'elles l'avaient désertées. En réalité, les chaînes s'étaient juste détendues autour de son cœur, mais elles n'ont jamais disparu, elles sont là et à présent se resserrent peu à peu alors qu'il se retrouve seul avec lui-même.