Auteur: Kuro-Hagi – 23/10/2023
Genre: Romance – Yaoi
Disclaimer: Tout ce monde et ces personnages appartiennent à Tadatoshi Fujimaki.;
Notes/Remerciements : Désolée... la page des reviews ne fonctionnent toujours pas. Je vois que vous en laissés mais je ne peux pas y répondre :( Ce sera fait dès que la situation sera rétablie ! En attendant... Un grand merci et voici la suite !
One Step Closer
Celestial
Il sort du métro, Kin fidèle compagne de ses errances. Cette semaine il n'a pas pu se cacher derrière ses excuses pour ne pas voir ses amis. Il a dû donner le change, faire comme si tout allait bien, prétendre. Il est devenu maître à ce jeu-là pendant la maladie et la dépression. Et il n'a pas perdu la main. Mais c'est toujours aussi épuisant.
Il lève les yeux, la lune est ronde et pleine, elle illumine la nuit indifférente à toute la noirceur qui s'est invitée dans son cœur et sa tête. Kin gémit à côté de lui et il réalise qu'il s'est figé en pleine contemplation du corps céleste et gonflé qui le fascine chaque jour.
"Pardon."
Il suit la chienne qui à partir de là connaît très bien le chemin et peut le parcourir jusqu'à la maison sans encombre, en frôlant les murs. Mais comme toujours elle l'attend, s'ajustant à son rythme malgré son impatience. Il sort les clés quand il arrive en vue de la maison. Taiga rentre demain et il ne sait plus s'il a hâte de le retrouver ou peur de le revoir. Il n'a pas osé avancer son rendez-vous avec son psy et il sait que c'est une erreur. Mais il a tellement cru qu'il allait mieux, qu'il avait mis derrière lui toutes ces inquiétudes, toutes ces angoisses, tous ces traumas. Pourtant il le sait, on ne guérit jamais vraiment, juste on apprend à naviguer dans les eaux troubles et à ne plus s'y noyer. Mais voilà un coup de faiblesse et c'est comme s'il ne savait plus nager, comme s'il avait perdu son cap. Alors il ne sait plus s'il veut revoir Taiga ou non. Avant Taiga, c'était plus facile, certes il n'était pas aussi heureux, mais les chutes étaient aussi moins rudes, les abysses sous-marins moins profonds. Il devrait peut-être renoncer à cette relation, la vie est plus facile, plus automatique quand elle est moins intense.
Kin jappe en arrivant devant la maison, il fronce les sourcils elle est pourtant du genre discrète, mais il a vraiment dû trop traîner et sa patience aussi à des limites.
"Shh… Oui oui. On est arrivé."
Il déverrouille la porte et Kin se faufile à l'intérieur, elle s'élance dans la même maison avant même d'avoir retiré son harnais. Il l'appelle en vain, il marmonne en retirant ses chaussures et au moment de les ranger, il se fige. Dans l'espace resté vide pendant dix jours, les baskets de Taiga sont là. Son cœur s'affole un peu dans sa poitrine, il sent tout son corps trembler. Il lève la tête vers le salon. Taiga est là, le harnais de Kin à la maison et un sourire tendre étire ses lèvres, même si son regard est moins brillant qu'à l'accoutumé. En trois enjambés Taiga est près de lui, il n'a même pas réussi à bouger que le basketteur sans une hésitation referme ses bras autour de lui.
"I missed you so much…"
Le nez de Taiga s'enfouit dans son cou. Ses cheveux sont encore humides de la douche qu'il vient de prendre. Il reste pétrifié, alors que l'émotion lui serre la gorge et que son cœur semble vouloir déborder de toutes ces émotions qui le tiennent prisonnier. Un sanglot traître lui échappe et il laisse tomber au sol ses chaussures qu'il n'a pas rangées pour s'agripper au sweat de Taiga, se mordant la lèvre le visage enfoui dans son épaule pour ne pas pleurer. Les doigts de Taiga se glissent sur sa nuque et dans ses cheveux, massant doucement pour l'apaiser et sa voix est un peu étranglée quand il souffle au creux de son oreille.
"Tu m'as tellement manqué…"
Il déglutit et il ne peut que murmurer sur le même ton, qu'il lui a manqué aussi. C'est trop tard pour s'enfuir, les bras rassurants de Taiga l'enveloppe et réchauffe son coeur, faisant fuir un peu les eaux sombres, et la noirceur, elles restent là tapie dans l'ombre non loin de son coeur, mais Taiga est tellement rayonnant, tel le corps céleste diurne, qu'il les tient facilement en respect, les empêchant de l'absorber totalement.
Taiga est rentré, il doit être fatigué de son voyage, et pourtant il est là encore à s'agiter dans la cuisine à réchauffer les plats qu'il a préparé en l'attendant, alors que lui, qui a passé la même journée que la veille et que l'avant-veille est épuisé. Mais Taiga lui a demandé expressément de ne rien faire, de savourer sa bière et de l'attendre dans le canapé après l'avoir abreuvé de ses baisers et lui avoir soufflé tel un secret à quel point il était content de le revoir. Pourtant, en y regardant bien, il voit que la noirceur a terni un peu le regard habituellement si lumineux de Taiga. Il est inquiet, même s'il essaie de se dire que ce n'est qu'un signe de la fatigue qui doit quand même se faire sentir. Parce que même si parfois, il se pose la question face à la constitution exceptionnelle de son petit ami, Taiga n'est pas un surhomme.
Ils n'ont échangé que quelques mots, quelques banalités, comme s'il ne savait plus comment parler à Taiga, les paroles restent coincées dans sa gorge et de son côté, le basketteur semble résolument décidé à ne pas s'exprimer. Encore une fois, ça doit être la fatigue, après les mots, les baisers et les étreintes quelques instants plutôt.
Il déglutit et son ventre se noue légèrement. Il ne peut s'empêcher de s'inquiéter.
Taiga s'assied à côté de lui, très près de lui, leurs cuisses se touchent. Il lui tend un bol de ramen fumant. Il le prend par automatisme, malgré son manque d'appétit et Taiga vient tendrement caresser sa cuisse.
"Mange… S'il te plaît. Ça te fera de bien."
Taiga n'attend pas pour se jeter sur son propre bol. Il mange plus lentement, la bonne odeur et le mets délicieux lui ouvrent suffisamment l'appétit pour lui permettre d'en manger un peu. Mais il a à peine mangé la moitié quand Taiga repose son bol, parfaitement nettoyé. Mais il ne semble pas s'offusquer de son peu d'enthousiasme à dévorer son repas, il jette un œil à son bol et semble satisfait, et il revient glisser sa main sur sa cuisse.
"Je suis désolé que ces dix jours aient été difficiles… On était pas préparé…"
Il déglutit cette fois, l'appétit totalement coupé, il repose son bol sur la table basse. Il regarde Taiga se demandant où il veut en venir. Son homme se rapproche un peu de lui et prend ses mains dans les siennes.
"Pas prêt ? Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Je vais avoir besoin que tu m'expliques ce qui s'est passé. Tu m'as manqué. Terriblement. Mais de ton côté, il est évident que je t'ai pas juste manqué… Et je veux comprendre ce qui se passe dans ta tête… Ce qui empoisonne ton esprit. Je suis là Daiki. Je pars pas. Et je compte bien rester avec toi. Tu n'es pas obligé de m'expliquer ce soir ok ? Là… Je veux juste te prendre dans mes bras, qu'on s'allonge dans le lit et qu'on se rappelle qu'on est ensemble. Ok ?"
Il est soulagé que Taiga ne le presse pas de question ce soir alors qu'il se sent à fleur de peau, si vulnérable, près à craquer à tout instant et à se liquéfier dans ses larmes entre ses bras. Il hoche la tête ne faisant pas confiance à sa voix affaiblie et marmonne une approbation.
Alors Taiga débarrasse rapidement les bols, puis l'emmène dans la chambre. Tout est resté comme il l'a laissé le matin, ses vêtements qui traînent au sol, les draps défaits, les volets encore fermés. Il pensait avoir la soirée pour ranger avant le retour de Taiga, il se sent un peu honteux et rougit en entrant dans la chambre, mais Taiga ne fait aucune réflexion. Il se contente d'ouvrir les volets pour laisser l'astre nocturne baigner la pièce de sa douce lumière apaisante et il le déshabille avec tendresse et douceur.
Il se laisse faire, il se laisse réconforter par chacun de ses gestes. Il laisse les émotions plus douces, plus chaudes envelopper son cœur, même si elles sont tout aussi responsables de le maintenir dans cet état de vulnérabilité, son cœur à nu, laissé à la merci des intempéries, de ses émotions qui bataillent en lui, tourbillonnant comme les vents violents.
Taiga le déshabille entièrement et il se débarrasse rapidement de ses propres vêtements et l'entraîne avec lui sous les couvertures, collant son corps nu et chaud contre le sien, l'enveloppant de sa tendresse et l'invitant à reposer sa tête sur son torse. Il reste silencieux, ses mains caressant tendrement sa peau, massant légèrement, apaisantes. Ils sont là étendus dans le lit, sous le regard bienveillant de l'être céleste qui les berce et finalement quand il lui semble que ses pensées se sont calmées qu'il se sent un peu plus apaisé, Taiga murmure, comme pour respecter le silence de la nuit qui s'est installé.
"Tu as vu les autres hier soir ?
— Ouais. Je t'avais dit que j'irai…
— Comment ça s'est passé ?
— Bien. C'était cool."
Les lèvres de Taiga se posent tendrement sur sa tempe et cette réponse ne semble pas le satisfaire puisqu'il demande encore.
"Tu as parlé à Setsu ?
— De quoi ?
— De ce qui se passe dans ta tête…
— Non.
— Pourquoi ? Je croyais que c'était la seule qui savait comme ça a été difficile pour toi…"
Il ne peut s'empêcher de penser qu'elle n'est plus la seule puisqu'il le lui a confié, même s'il n'est pas allé dans les détails, même s'il n'a jamais mentionné son ex.
"Ça aurait pu te faire du bien non ?
— Et je lui aurai dit quoi ?
— La vérité. Que je te manque…
— …
— Daiki ?
— Et passer pour un idiot qui ses morfond en l'absence de son meilleur ami ?"
Les mouvements de Taiga se figent et il s'écarte légèrement pour le regarder relevant son menton pour l'obliger à croiser son regard.
"La vérité Daiki… Que tu te sens seul, et que ton petit ami te manque. J'ai confiance en tes amis… mes amis… Je veux pas qu'on continue à faire semblant. Tu as besoin de tes amis… Tu as besoin de pouvoir compter sur eux quand je suis pas là… et ne pas avoir à prétendre que tout va bien… Et, puis… j'ai envie qu'on soit nous-même quand on est avec eux."
Son cœur se met à battre plus fort à cette perspective. Cacher leur relation pour le bien de la carrière de Taiga lui allait bien, c'était aussi pour lui une façon de se protéger. Quand Taiga va le quitter il n'aura besoin de prévenir personne, de s'expliquer auprès de personne.
"Et… Si ça se sait ? Ta carrière ?
— On ne peut pas se cacher éternellement…"
Taiga resserre les bras sur lui et souffle.
"Je veux juste… Que tu saches que je te demande pas de garder le secret… Je suis ok pour que tu le dises à tes amis, à tes proches. Comme moi je l'ai déjà partagé avec Tatsuya et je compte bien en parler à mon père… Réfléchis-y ok ?
— OK."
