Attention ce chapitre commence avec une assez hard :). Bonne lecture !
La cravache cingla l'air et s'abattit une énième fois sur ses fesses. Harry gémit, retenant tant que possible ses cris et ses larmes. Bien qu'il portait un bas de jogging, la douleur était cuisante, innommable. La ceinture lui paraissait si douce comparativement, qu'il aurait supplié pour en retrouver la morsure de suite si cela avait arrêté son Maître. La cravache était de loin la correction ultime, celle de la limite de trop dépassée. Et comme Harry regrettait d'avoir écrit toutes ces lettres de plaintes à Ron. Des lettres qu'il ne lirait jamais ! Qui ne viendront jamais jusqu'à lui ! Pourquoi avait-il été aussi bête ?
Severus cessa de châtier son disciple dont seuls les gémissements étouffés et la respiration hachée résonnaient dans la pièce. Le Maître, insatisfait de la correction, attrapa Harry par le bras afin de le redresser. Ce dernier trembla ouvertement sous la poigne de son Maître. Maître qui, contrairement à ce qu'Harry aurait cru sur l'instant, ne le poussa pas rudement vers la sortie. Il posa la main sur le jogging et commença à l'abaisser. Harry fondit en larmes sans retenue.
- Maître, non, non. Pitié. Pas ça, non.
Mais Severus Rogue n'avait jamais de pitié. Il baissa le vêtement et poussa à nouveau Harry à se pencher, sans faire cas de ses pleurs comme de ses supplications.
Dix coups de fouet fendirent l'air et s'abattirent à même la peau du disciple insolent. Les larmes et les hurlements du jeune sorcier étaient sans retenus, il n'en était pas capable alors qu'il sentait sa peau s'ouvrir, se déchirer. Des gouttelettes de son sang souillèrent le sol sans émouvoir le Maître.
Lorsque Rogue estima la correction suffisante. Il prit une fois de plus son disciple par le bras. Celui-ci, terrifié, garda le regard baissé. Satisfait, Rogue poussa rudement vers la sortie son élève qui tituba et tomba à plat ventre.
- Interdiction de te soigner ou d'apaiser la douleur, ordonna froidement Rogue. Je vérifierai.
Il quitta la pièce sans un regard supplémentaire et Harry fondit d'autant plus en larmes. Ses doigts s'appuyèrent avec force sur le sol froid alors que la douleur sur ses fesses et le haut de ses cuisses était intenables. Il savait qu'il ne pourrait pas s'asseoir pendant des jours, peut-être même des semaines. Son Maître serait impitoyable pendant aussi longtemps au moins.
Il regrettait tellement d'avoir été aussi impertinent. Plus jamais il ne manquerait de respect à son Maître.
Plus jamais.
Harry se redressa d'un bond, tétanisé. Son regard croisa celui de Ron qui était tout juste en train de sortir du lit. Tremblant du souvenir abominable qui venait d'habiter son sommeil, Harry pouvait encore sentir la morsure du fouet. Des larmes embuèrent ses yeux, ce qui précipita Ron vers le lit. Il s'assit près de Harry qui s'attendait à un "est-ce que ça va ?" de plus. À sa grande surprise, Ron lui serra la main.
- Tu veux que j'aille chercher quelqu'un ? proposa-t-il.
Harry secoua rapidement la tête, inquiet.
- C'est... C'est... rien, articula-t-il, les lèvres tremblantes. Juste... un mauvais rêve.
- Violent le mauvais rêve, murmura Ron, inquiet.
Harry serra un peu la main de son meilleur ami sans commenter davantage. Il n'avait pas idée à quel point. Ronald finit par récupérer sa main et se lever du lit.
- Qu'est-ce que tu vas faire ? s'inquiéta Harry.
- Un mauvais rêve ne peut nous rattraper que dans un lit, lança-t-il en haussant les épaules. Alors, viens, on sort de là.
Ron poussa les couvertures et découvrit les jambes d'Harry qui tremblaient encore un peu. Harry savait que cette correction magistrale datait de plusieurs années. Il en était guéri physiquement depuis belle lurette, pourtant, il avait l'impression que cela venait à peine de lui tomber dessus. Il ne ressentait pas la douleur, même si le souvenir de celle-ci lui semblait frais, mais les émotions remontaient à un point qu'il n'aurait pas pu imaginer.
- Je ne sais pas si je vais pouvoir bouger, avoua Harry avec hésitation.
- Si tu peux, assura Ron. Mets tes jambes en dehors du lit.
Harry se força à obéir et Ron l'aida à tirer ses jambes qui semblaient peser soudain une tonne. Puis, Ron lui sourit et lui tendit la main, prêt à l'aider à se relever. En voyant cela, quelques uns des flots de larmes que le Survivant retenaient s'échappèrent pour rouler sur ses joues.
- Si tu savais... à quel point tu m'as manqué toutes ces années, confia Harry.
Ron, visiblement surpris, resta un instant immobile avant d'attraper la main de son meilleur ami et de le relever pour le serrer contre lui. Lorsqu'ils se séparèrent, les tremblements d'Harry s'étaient arrêtés.
- Merci, souffla ce dernier avec reconnaissance.
Ron allait répliquer lorsque la porte de la chambre s'ouvrit sans que le visiteur n'ait annoncé son arrivée.
Severus Rogue entra et Harry recula légèrement. Ronald se positionna sans gêne entre le Survivant et le professeur. Rogue baissa un regard noir sur son élève.
- Monsieur Weasley, auriez vous l'obligeance de vous écarter de mon chemin. Monsieur Potter n'a pas besoin de garde du corps, si vous voulez mon avis.
Ronald ne bougea pas d'un pas et le regard de Rogue devint singulièrement noir. Le jeune sorcier fit un pas de côté sans cesser de défier du regard son professeur.
Rogue, qui n'appréciait que peu la situation, fit un pas vers Harry qui plaça ses mains dans son dos.
- Oui, monsieur ?
- Je voulais seulement vous informer que je m'occuperai seul de la fin des évaluations de vos capacités. Lupin ne se sent pas bien.
- À cause de la pleine lune qui approche ? intervint Ron.
Le professeur accorda à son élève le coup d'œil que l'on accorderait à un nuisible, puis il fixa à nouveau le Survivant.
- Prenez votre douche et votre petit-déjeuner, puis rejoignez-moi dans la même salle qu'hier matin.
- Bien, monsieur. Je ne traînerai pas.
L'instant suivant, Rogue fit volte-face et quitta la pièce sans un mot de plus. Ronald fixa quelques secondes la porte de la chambre après son départ, songeur.
- Je n'imagine pas l'horreur que ça a dû être cinq années seul avec lui.
Il se tourna vers son meilleur ami, visiblement dans l'attente d'une réaction de ce dernier.
- C'est compliqué, admit Harry avec réserve. Il n'était pas vraiment comme ça avec moi.
Ron afficha une grimace qu'Harry ne sût pas interpréter. Toutefois ses pensées s'éloignaient déjà de cette discutions pour se focaliser sur Remus Lupin.
- Ron, pourrais tu me rendre un service, s'il te plaît ?
Le jeune sorcier acquiesça, une lueur de curiosité au fond des yeux.
- Je voudrais que tu trouves quelque chose pour moi, aujourd'hui, si tu peux.
- Dis-moi tout. Ce n'est pas le temps qui me manque pour chercher...
- Je voudrais une fiole en verre. Une petite, comme pour une dose de potion.
- Une forme particulière ?
- Non, juste en verre, s'il te plaît.
- OK ça doit bien pouvoir se trouver... Il te la faut pour quand ? Et... pour quoi ?
- Pour ce soir, ce serait parfait. C'est pour aider le professeur Lupin. Je t'expliquerai quand on se couchera, mais n'en parle à personne. Ok ?
Ron esquissa un sourire amusé.
- Je te retrouve un peu on dirait, le taquina Ronald. Compte sur moi.
Lorsqu'Harry pénétra dans la salle où Severus Rogue se trouvait déjà, son cœur était lourd. Le souvenir de la correction mémorable qu'il avait pris un soir d'été de sa deuxième année de disciple tintait encore à ses oreilles. À l'époque, à défaut de pouvoir retourner dans son temps auprès des siens, il écrivait régulièrement des courriers à son meilleur ami qu'il gardait rangés sous son matelas. Il savait bien que ce n'était pas une bonne idée, mais il en avait en eu besoin, surtout les premiers mois seul avec Rogue. Se soumettre à l'autorité du sorcier avait été une épreuve terrible, les châtiments corporels avaient fait parti de son quotidien les douze premiers mois. Harry avait écrit ces lettres comme un journal intime. Et certaines étaient indignent d'un disciple, sans aucun doute. Dans l'une des premières, il avait traité Rogue de salopard, de tortionnaire qui se réjouissait de pouvoir enfin se venger de James Potter. Les lettres les plus récentes au moment de leurs découvertes étaient plus douces, plus respectueuses, mais le Maître n'en avait pas été moins furieux. Ou si cela avait été le cas, Harry ne l'avait pas perçu lorsque le fouet l'avait corrigé. Il était arrivé à plusieurs reprises au Maître d'Harry de le déculotter pour une correction à la ceinture, mais au fouet ce fut la seule fois et Harry en remerciait le ciel ; il avait souffert le martyr.
Rogue remarqua de suite l'arrivée d'Harry dans la salle. Il lui désigna un pupitre qu'il avait installé pour l'occasion. Harry s'en approcha et s'inclina devant son professeur. En étant seul avec lui, il se posa moins de question sur son comportement et le regard des autres. Il s'abaissa plus bas, et lorsqu'il se redressa, il alla près du fauteuil qui lui était évidemment destiné sans s'y asseoir.
- Assis, Potter, ordonna l'homme.
Harry obéit et attendit que le sorcier se positionne face à lui pour relever les yeux. Ils s'observèrent quelques secondes en silence. Pour n'importe qui le regard de Rogue était noir et hostile, mais Harry, lui, voyait la lueur d'intérêt qui brillait derrière tout ça. La curiosité du sorcier était éveillée. Sans doute n'était-il pas encore convaincu qu'une version de lui-même avait bel et bien éduqué Harry, mais en même temps le comportement du concerné l'intriguait. Et si Harry voyait tout ça en quelques secondes, c'était parce que Severus Rogue n'avait pas été seulement impitoyable durant cinq années. Ils étaient seuls, constamment, sans répit. Ils avaient créé des liens. Lorsque l'on était seul les nuits glaciales d'hiver dans une maison lugubre, on racontait des histoires, des souvenirs. Harry se rappelait de chacun d'eux.
- Lors de nos... retrouvailles, vous avez prétendu être désormais doué en potions. Alors nous allons commencer par évaluer ça, et par écrit, car nous ne voulons pas d'accident.
Rogue s'éloigna et ramassa par terre un parchemin qui se tenait sur une pile conséquente d'autres parchemins. Harry compris qu'ils lui étaient destinés et que la matinée, voire la journée, allait être longue et fastidieuse.
Et ce fut le cas. La matinée ne fut pas suffisante à Harry pour venir à bout de la pile de devoirs. Il rendit le dernier au professeur de Poudlard sur les coups de 16h. Son poignet était douloureux, mais il n'était pas inquiet de la qualité de son travail. Rogue l'avait sous-estimé en lui donnant beaucoup d'exercices de niveau inférieur à celui qu'il devrait avoir s'il était en classe. Quelques questions autour de potions de sixième et septième années devraient donner une chance au Survivant de montrer à son professeur qu'il était bien plus doué que cela désormais.
- Bien. On fera un point sur tout cela demain. Vous êtes libre pour le reste de la journée.
- Merci, monsieur, acquiesça Harry.
Il s'inclina, puis se tourna pour quitter les lieux, mais Rogue l'interpella. Harry se replaça devant lui, les mains dernier le dos. Le professeur l'observa avec attention.
- Oui, monsieur ?
Le regard de Rogue dévia un instant sur la porte qu'Harry savait close.
- Dans ce futur où vous prétendez avoir passé l'année passée, vous et moi étions seuls ? Personne ne venait ?
- Je n'ai jamais vu personne, Monsieur. Il vous arrivait de quitter la maison quelques heures dans la semaine, mais je n'ai jamais eu le droit de vous accompagner.
- Et cette maison était comment ?
- Grande et sombre, monsieur. Nous nous éclairions souvent à la bougie, même en journée. Il y avait un rez-de-chaussée avec une cuisine, un salon et une salle de potions. L'étage était divisé en deux ailes. Une avec ma chambre, une salle de bain et une chambre inoccupée. L'autre aile vous appartenait et elle m'était interdite.
Rogue, l'air concentré, croisa les bras sur sa poitrine.
- Vous n'avez jamais visité cette aile ?
Surpris, Harry secoua légèrement la tête avant de se reprendre.
- Non, monsieur, elle m'était interdite.
- Et depuis quand ce mot a un sens pour vous ? questionna-t-il du bout des lèvres.
Harry demeura silencieux et se contenta de baisser le regard.
- Filez maintenant.
Harry hésita. Son silence était peut-être tendancieux. Sans doute aurait-il dû répondre qu'une punition pour quelque chose d'aussi futile ne lui avait jamais semblé digne d'intérêt.
- J'ai dit : filez, répéta-t-il plus sèchement.
Harry s'inclina rapidement et quitta la pièce sans se retourner. Instinctivement, il frotta la marque dans son cou. Depuis ce matin, il ressentait une forme de gêne pile là où elle se dessinait. En tant que disciple, ne pas être sous l'autorité d'un Maître était contre nature. Il savait que la gêne deviendrait à terme douloureuse jusqu'à ce qu'il soit à nouveau lié un sorcier. Cette pensée lui enserra le cœur. Il était terrifié à cette idée. Surtout à celle d'être lié à Severus Rogue. Étant donné l'animosité du sorcier à son égard, il allait se faire fouetter à tour de bras durant des mois. Un frisson le poussa à frotter ses bras.
- Harry, ça va ?
Ce dernier sursauta violemment. Sirius s'approcha d'un pas rapide et posa une main douce sur son bras.
- Oui, tout va bien, pardon, assura-t-il, plus craintivement qu'il l'aurait voulu.
- Il s'est passé quelque chose avec Rogue ? Il n'a pas le droit de te faire le moindre mal, tu m'entends ?
Harry secoua tout de suite la tête.
- Non, non, ne t'en fais pas.
- Tu dois me le dire s'il n'est pas correcte, insista Sirius.
Harry pinça les lèvres avant de réaliser que se confier à son parrain n'était pas si difficile qu'il était en train de l'estimer.
- Non, c'est ma marque qui me fait mal. Enfin... ça me gêne, comme si elle me démangeait.
Tout en l'écoutant, Sirius lui fit signe de se tourner, ce qu'Harry fit sans broncher. Après quelques secondes, Sirius se plaça face à son filleul.
- Elle n'est pas rouge ni rien. Tu n'as pas mal du tout pour le moment ?
Harry fit un signe de dénégation.
- Bien, souffla-t-il. Remus et Rogue nous ont dit que tu ne pourras pas rester sans maître indéfiniment. La marque devrait en appeler un nouveau d'une manière ou d'une autre.
Entendre ce qu'il savait déjà fut plus douloureux qu'il l'aurait cru. Harry pinça les lèvres et acquiesça. Son parrain l'attira doucement vers lui et le serra dans une étreinte douce et affectueuse.
Le soir venu, après dîner, une fois dans leur chambre, Ron et Harry se retrouvèrent seuls. Ron ouvrit le tiroir de la table de chevet branlante près de son lit et en tira sans un mot une fiole en verre. Harry sourit et Ron referma le tiroir sur l'objet.
- J'ai droit à quelques détails ? interrogea-t-il.
Harry sourit.
- Nous en aurons besoin cette nuit. Lorsque le soleil sera couché et que tout le monde dormira à peu près. Je prendrai ma forme Animagus et je voudrais que tu prennes de mon sang et que tu remplisses la fiole. Entièrement, d'accord ?
- Tu veux que je te prélèves du sang ?
- Tu connais la formule ? demanda Harry après avoir acquiescé.
- Oui, souffla Ron. Mais c'est pour faire quoi ?
- Pour aider le professeur Lupin.
Face au regard perplexe de Ron, Harry précisa.
- Lyro dispose de pouvoirs puissants qu'il tirent de la lune. Mon Maître a beaucoup étudié son sang, ses propriétés et fait aussi beaucoup d'expériences avec des potions. Il a pu constater que certaines propriétés de mon sang sous forme animale se recoupaient avec la potion tue loup qu'il a à de nombreuses reprises confectionnée pour monsieur Lupin. Selon mon Maître mon sang est d'ailleurs plus puissant et plus complexe à ce niveau. Sa théorie était qu'il aurait la possibilité de l'empêcher de muter en loup garou, potentiellement même l'en guérir, puisque j'ai le don de soigner, mais sans certitude.
La bouche de Ronald forma un "o".
- Ce serait carrément dingue, finit-il par expirer.
Harry sourit.
- Le seul moyen de savoir c'est de tenter.
- Mais Lupin t'a interdit de te transformer, précisa Ron.
Harry déglutit malgré lui.
- Je lui demanderai pardon pour ça et je ne me transformerai que le temps que tu prélèves mon sang. Je resterai sous ton regard et je t'obéirai. Si tu es ok pour faire cette petite entorse à la règle avec moi, je pense pas que nous aurons des ennuis. Surtout si cela fonctionne.
- Évidemment que je suis d'accord, rit Ron. J'ai hâte de te voir sous forme de renard.
Harry sourit, lui avait hâte de se transformer.
