Merci beaucoup à ceux / celles qui ont laissé une petite review pour dire qu'ils étaient là et qu'ils lisaient l'histoire ! C'est vraiment gentil :) ! Je continue donc... bonne lecture :)

Le lendemain matin, au petit-déjeuner, Ron s'étonna à voix haute de l'absence du professeur Lupin.

- Remus est parti pour la pleine lune, l'éclaira Tonks. Ça débute ce soir.

Harry et Ron échangèrent tous deux un regard, la même question au bord des lèvres : avait-il oui ou non bu le sang de Lyro ?

Et, le cas échéant, allait-il avoir l'effet escompté ?

Tonks avisa quelques secondes Harry sans dire un mot de plus, laissant ce dernier imaginer qu'elle était au courant pour le sang de Lyro, mais peut-être n'était-ce qu'une impression.

Après le petit-déjeuner, Harry se dirigea vers Sirius et s'assit près de lui. Le parrain passa une main affectueuse sur la nuque du jeune sorcier qui sourit. Il adorait ce genre de gestes, à la fois tendres et bienveillants. Son Maître en avait aussi eu au cours des cinq dernière années. Ils n'avaient jamais été nombreux, mais Harry les avait toujours appréciés.

- Est-ce que je peux te parler un instant, s'il te plaît ? demanda Harry.

Sirius acquiesça de suite et lui offrit toute son attention.

- Lorsque monsieur Lupin a récupéré le collier, souffla Harry en désignant son cou. Il... Il m'a interdit de me transformer ou d'user de mes dons sans permission. Je lui ai expliqué que le soir de la pleine lune, il m'était impossible de ne pas me transformer.

- On est au courant, oui, l'éclaira son Parrain. Remus nous a prévenu hier avant de partir.

Harry hocha la tête, rassuré que l'information soit déjà passée.

- Le soir de la pleine lune, on est plusieurs à veiller, intervint subitement Tonks en débarrassant son petit-déjeuner. Tu n'auras qu'à rester avec nous, si tu veux ?

Surpris, Harry acquiesça une fois de plus avant de demander pour quelle raison ils veillaient.

- On est tous plus ou moins solidaire de Remus, précisa Sirius. J'ai commencé mes nuits blanches ces soirs là quand j'étais à Poudlard.

Le sorcier esquissa un sourire alors que quelques souvenirs lointains semblaient lui traverser l'esprit.

- En attendant, est-ce que l'on aurait le droit de profiter du jardin ? intervint subitement Ginny. J'ai trouvé plein de vieux balais dans une réserve au troisième. On pourrait faire une partie de Quidditch ?

Harry, qui n'avait pas eu le loisir de monter sur un balai depuis une éternité, senti une pointe d'excitation monter en lui.

- On peut essayer d'organiser ça, oui, acquiesça Tonks, mais je dois ajuster quelques sortilèges en extérieur alors. Donnez-moi une heure.

- Yes ! s'écria Ron. Enfin un truc cool ici.

- Je garantie pas pour les balais, marmonna Sirius, un air un peu taquin au fond des yeux. Certains risquent fort d'être un peu capricieux.

- Ça ajoutera du défi, commenta Fred avec entrain.

Harry réalisa très vite qu'il n'était pas le seul à trouver la proposition de Ginny plutôt géniale.

En fin de matinée, ils furent autorisés à se rendre dans le jardin, armés de leurs vieux balais. Harry resta quelques instants de plus à terre, songeant malgré lui à son Maître. Il ne l'aurait pas forcément privé de ce moment de jeux, mais Harry n'était pas certain pour autant qu'il aurait estimé normal qu'il s'amuse en semaine alors que Lord Voldemort était là, dehors. Ces cinq dernières années, il n'avait été question que "d'être à la hauteur de le combattre", "sauver le monde", "protéger la magie". Jouer au Quidditch était proscrit.

- Tu as le droit de t'amuser un peu, tu sais, souffla Sirius comme s'il avait lu dans ses pensées.

Harry s'était contenté de sourire avant d'enfourcher son balai.

Lorsqu'ils durent rentrer, Harry ravala avec difficulté sa frustration. Il était si bien dehors, si bien libre dans les airs. Évidemment il ne laissa rien paraître contrairement aux enfants Weasley qui exprimèrent leur indignation avec vélocité. Harry, lui, songeait qu'en tant que disciple, un simple regard contrarié aurait pu lui valoir une punition ou, au moins, une remontrance.

En fin d'après-midi, Harry sentait beaucoup de stress et d'émotions, sans doute exacerbés par l'arrivée de la pleine lune. Lyro était agité, comme toujours dans ces moments. En plus de quoi, la marque dans le cou du jeune sorcier était comme irritée. Le simple contact du col de son T-shirt lui était désagréable. Juste après l'heure du goûter, il s'assoupit quelques instants à la table de cuisine et son subconscient le ramena auprès de son Maître.

- Non, non et non ! tempêta Severus Rogue avant de jeter le livre ouvert sur le bureau de son disciple qui sursauta craintivement. Tu la connais ou pas cette potion ? Tu as étudié hier soir ?

Harry pinça les lèvres jusqu'à ce que Rogue frappe dans ses mains, ce qui lui délia brutalement la langue.

- Oui, Maitre, j'ai étudié. Mais... mais...

- Mais quoi ? aboya-t-il.

- Je... Je me sentais épuisé alors je me suis couché sans être vraiment certain de... certain de bien connaître ma leçon.

- Et te lever plus tôt pour la retravailler avant de te présenter devant moi ne t'a évidemment pas effleuré l'esprit ?

Mortifié, Harry baissa honteusement la tête. Non, il n'y avait pas pensé, mais ce n'était pas la peine de le préciser. Son Maître le connaissait que trop bien.

- Viens ici, siffla Rogue, dur.

Inquiet, le cœur battant, Harry contourna son bureau et se plaça devant son Maître, mains derrière le dos. Après avoir sèchement soupiré, Rogue attrapa son disciple par les cheveux qu'il tira en arrière. Harry retint tout juste un gémissement.

- Tu crois vraiment qu'on est là pour s'amuser ? gronda-t-il.

Il raffermit sa prise, lui arrachant quelques cheveux au passage, avant de hurler :

- C'est ce que tu crois ?

Harry se redressa d'un bond, pris d'un accès de panique. Dans la cuisine où les Weasley, Sirius, Tonks et Hermione se tenaient, tous les verres et la vaisselle sur la table valsèrent pour s'écraser avec violence contre les murs. Harry se leva précipitamment alors que tout le monde s'était figé ; par miracle, personne n'avait été blessé.

Effrayé et dérouté, Harry recula de deux pas en levant légèrement les mains.

- Pa... Pardon, je suis désolé.

C'était bien la première fois en deux ans qu'il perdait ainsi le contrôle de sa télékinésie.

Arthur Weasley, qui se trouvait le plus proche d'Harry, tenta de s'approcher pour le rassurer, mais le premier réflexe du jeune disciple fut de se plaquer contre le mur.

- Je suis désolé, je ne voulais vraiment pas, je...

- Harry, calme-toi, le rasséréna monsieur Weasley. Il n'y a pas de mal, personne n'est blessé.

Sirius se dépêcha de rejoindre son filleul. Il l'avisa avec réserve et tenta de lui faire signe de ne pas s'agiter.

- C'est rien, tu as fait un mauvais rêve, rien de plus, assura-t-il.

- J'aurais pu faire mal à quelqu'un, s'étrangla presque Harry. Je ne suis pas supposé perdre le contrôle ainsi, je...

- Tu n'as pas à te mettre dans un tel état, coupa Sirius, plus ferme. Personne n'est en colère après toi.

La précision de Sirius poussa Harry à se figer, interdit. Instinctivement, il chercha Rogue du regard, bien qu'il savait qu'il n'était pas son Maître. C'était malgré tout plus fort que lui. Et là, en cet instant, il ne savait plus comment penser ni réagir. Son Maître avait eu tort de le renvoyer si tôt, il l'avait laissé seul sans lui apprendre comment vivre et se comporter sans lui. Au même moment, la marque dans son cou chauffa, comme un écho à ses pensées.

Harry plaqua ses mains sur son visage, incapable de retenir ses larmes. Quelques secondes plus tard, Sirius l'attira contre lui.

- C'est rien, assura-t-il. C'est rien.

Il fallut une bonne minute à Harry pour retrouver son calme et ses esprits. Lorsqu'il quitta l'étreinte de son parrain, il présenta une nouvelle fois ses excuses et se dépêcha d'aider Tonks et Ginny qui ramassaient les derniers débris.

- Par curiosité, c'était quoi ton cauchemar ? lança Georges et enlevant un bout de verre des cheveux d'Hermione.

- Ce n'était... qu'un souvenir, marmonna Harry avec distance.

Le regard de Ron dévia tout de suite vers lui et son meilleur ami ne douta pas qu'il songeait à ce qui s'était passé plus tôt le matin même.

- Souvenir de quoi ? s'étonna Fred.

- Lâchez-le, marmonna Ron.

Mal à l'aise, Harry avisa la petite fenêtre qui donnait sur le jardin où l'agréable après-midi qu'il avait passé sur son balai lui semblait trop lointaine. Il constata avec soulagement que la nuit était tombée. Il se tourna vers Sirius, le regard plein d'espoir.

- S'il te plaît, je peux me transformer pour le reste de la nuit ?

- On a pas dîner, commenta Molly, ouvertement inquiète pour le jeune homme.

- S'il vous plaît, souffla Harry.

Les adultes échangèrent quelques regards, puis Sirius abdiqua.

- Mais j'espère que ton renard mangera un morceau, précisa-t-il.

Harry esquissa un sourire docile avant de hocher la tête, après quoi son parrain lui fit signe d'y aller. Le jeune sorcier ne se fit pas prier et se transforma sous les regards curieux. Dans la pièce, seul Ronald avait pu le voir sous sa forme Animagus. Les exclamations fusèrent dans l'instant, chacun exprimant son avis sur la beauté inédite de l'Animagus. Harry passa le long des jambes de chaque sorcier et sorcière présents, comme il faisait habituellement avec son Maître. Il sentit des mains le caresser et il se laissa attraper lorsque Tonks glissa sa main sous son ventre pour le soulever et le prendre dans ses bras. Elle lui gratta quelques instants le cou avant de se rasseoir à table et de le déposer sur ses genoux. Harry hésita un instant avant de se rouler en boule contre elle. La sorcière continua de le caresser doucement tandis que Mme Weasley servait le dîner. Harry finit par s'assoupir, apaisé de toutes les émotions qui l'avaient submergé quelques minutes plus tôt.

Plus tard dans la soirée, Harry mangea l'assiette que madame Weasley lui avait gardé de côté. L'appétit revenait un peu mais Harry savait que l'influence de Lyro était plus forte que jamais cette nuit. Il ressentait sa force, sa volonté, son énergie. Ce n'était pas vraiment la sensation de partager son corps avec un autre esprit, même si, d'une certaine manière il y avait de cela, mais c'était surtout des ressentis, des sensations. Lyro était moins impressionnable que le Harry disciple, plus téméraire. Il s'abaissait par exemple beaucoup plus difficilement face à son Maître sous forme Animagus. il obéissait mais ne tremblait jamais, même lorsque la situation était tendue avec le sorcier.

Harry découvrit avec amusement qu'Hermione et Ginny étaient sous le charme de Lyro. Elles ne cessèrent de le caresser, même de jouer avec lui. Lorsque Ginny commença à agiter le manche d'une cuillère en bois devant son nez, Harry l'observa avec perplexité avant de se prêter au jeu. Ginny déposa un baiser sur le dessus de son crâne lorsque Ron lui rappela que c'était Harry et pas un animal de compagnie.

- Tu es jaloux, se moque Ginny, pas un brin gênée par la remarque.

- J'aurais adoré avoir de jolies sorcières pour me gratter le cou, moi aussi, lança subitement Sirius en se servant un verre d'alcool. Moi, j'avais James et Peter.

Il leva les yeux au ciel et Tonks partit dans un fou rire.

Vers minuit, les enfants Weasley et Hermione partirent se coucher. Molly suivit peu après et Harry se retrouva en compagnie de Sirius, Arthur et Tonks. Tous les trois étaient autour d'un verre et discutaient de tout et de rien. Harry était couché sur son parrain, les yeux fermés et immobile. Il se sentait bien, vraiment bien, et ce pour la première fois depuis son retour. Son apaisement était tel que les trois sorciers durent penser qu'il dormait ; ainsi Harry assista à une conversation qu'il n'aurait sans doute pas dû entendre.

- Vous avez vu la démonstration de télékinésie ? souffla Tonks, pas trop fort. Impressionnant.

La main de Sirius se posa sur le pelage du renard et Harry demeura statique. Il savait qu'il n'avait pas le droit de faire ça. Jamais il n'aurait osé avec son Maître, même sous forme de Lyro probablement, mais la tentation était grande. Il avait envie d'écouter.

- Une chance que personne n'ait été blessé, précisa Arthur calmement.

- Harry a eu l'air très surpris. Déstabilisé, ajouta Tonks. Effrayé aussi, mais sans doute plus par les conséquences, je pense.

Il y eut un silence, puis Tonks reprit :

- Une chance surtout que Maugrey n'ait pas été là. Il en aurait fait des tonnes à la réunion après la pleine lune.

- N'empêche, il n'a peut-être pas tort sur le fait qu'il faudrait qu'Harry ait un Maître. Sans doute aurions-nous dû régler cela depuis plusieurs jours déjà.

Le cœur d'Harry s'emballa à la remarque. Qu'elle fut formulée par monsieur Weasley le déstabilisa au point qu'il lui fut difficile de demeurer immobile.

Sirius grogna, littéralement.

- Je ne parle pas du professeur Rogue, précisa le sorcier, sans doute en direction de Sirius. Je pense seulement à quelqu'un qui l'aidera et le guidera. On a tous pu voir qu'il avait beaucoup changé. Ses pouvoirs sont sûrement bien plus grands que nous l'imaginons et ce malgré les premiers retours de Remus. Il a l'air perdu et c'est sans doute compréhensible quand on a passé cinq années dans une maison avec un Maître sans voir personne d'autre ni même l'extérieur. Il manque de codes, de limites. Il a besoin de quelqu'un qui lui apprendra à être disciple dans notre société, parmi d'autres sorciers. Comment voulez-vous le renvoyer à Poudlard dans la situation actuelle ?

- Il n'a pas besoin d'un Maître, répliqua Sirius avec moins de délicatesse que son vis-à-vis. On peut commencer par parler de sa réaction quand il a vu ce qu'il a fait tout à l'heure. Il avait peur, il pensait qu'il allait être frappé, c'est évident que ce connard de Rogue s'en donnait à cœur joie. Je ne vois pas un disciple, moi, je vois un enfant qui a été battu et rabaissé pendant cinq longues années.

Le cœur d'Harry se serra et il redressa la tête.

- Excuse-moi, souffla-t-il en direction de son filleul avant de plaquer rudement sa main sur le dessus de son crâne pour le caresser. Dors.

La conversation s'arrêta là, mais une tension palpable demeura de longues minutes dans la cuisine. Harry aurait voulu avoir son mot à dire. Il n'était d'accord avec personne. Il ne voulait pas avoir de nouveau Maître et celui qu'il avait eu n'avait pas été odieux en tout temps. Personne ici ne savait vraiment comment s'était passée sa vie là bas.

Personne.