Petit mot de l'auteure : il y avait des viennoiseries au séminaire. C'était bon.
Jour 3 : Corps
Contexte : pas de contexte précis
Quand Nick avait dit avoir quelque chose de sérieux à lui dire, Charlie avait pensé à beaucoup de choses : il allait déménager, avait enfin trouvé une idée de déguisement en couple pour Halloween ou voulait le quitter. Néanmoins, ce fut une toute autre phrase qui sortit de sa bouche :
- Charlie je... je pense que je suis non-binaire.
Oui, ça, Charlie devait admettre qu'il ne l'avait pas vu venir. Il resta donc quelques secondes debout sans trop savoir quoi répondre, médusé par la surprise. Toutefois, il tâcha de reprendre ses esprits bien rapidement : assis sur son lit, Nick se grattait la paume des mains, dans un geste manifeste de stress. Il comprit alors qu'il s'inquiétait de sa réaction.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ? demanda-t-il donc le plus doucement possible en venant s'asseoir à ses côtés.
- Je... je ne me suis jamais sentit bien dans mon corps. Comme si quelque chose n'était pas moi. Quand j'ai découvert que j'étais bisexuel, je me suis dit que ça venait de là. Mais la sensation désagréable est restée. J'ai tenté d'oublier, de la faire taire. En vain. Et quand nous sommes allés à la Marche des fiertés, j'ai vu des gens prôner leurs non-binarité. Et ça... je ne sais pas, ça a fait écho en moi. Je me suis renseigné. Et plus je lisais des articles parlant d'acceptation de soi par rapport à ça, plus je m'y reconnaissais.
Charlie médita ses propos quelques instants, avant de lui offrir son sourire le plus rassurant.
- Et bien, généralement, quand on se reconnaît dans quelque chose, ce n'est pas pour rien. Je suis heureux si tu as pu te trouver. Et je suis aussi heureux que tu m'en aie parlé. Merci pour ta confiance.
Il allait lui offrir un petit baiser, mais Nick dit quelque chose qui le stoppa :
- Alors... tu n'es pas... fâché ?
- Fâché ? balbutia-t-il. Mais pourquoi est-ce que je serai fâché ?
- Je ne suis pas vraiment ce que tu pensais que j'étais. Je veux dire, tu es gay, tu aimes les hommes, et moi je n'en suis pas.
- Nick... murmura-t-il en lui prenant la main. Je suis peut-être gay. Mais je suis avant tout Charliesexuel. Ce qui veut dire que je t'aime toi, pour qui tu es. Donc je ne vais pas cesser de t'aimer, ni aujourd'hui, ni demain. Ni aucun jour après. D'accord ?
- D'accord, souffla avec soulagement Nick.
Charlie se pencha de nouveau pour l'embrasser et, cette fois ci, Nick franchit la distance qui séparaient leurs lèvres. Quand ils se séparèrent, Charlie demanda :
- Comment veux tu que je t'appelle ? Et quels pronoms je dois utiliser ?
- Nick, ça ira très bien. Je me sens bien dans mon prénom. Et pour les pronoms... j'avoue que je ne sais pas encore. Je te l'ai dit presque juste après l'avoir compris, à vrai dire. Je n'y ai donc pas encore vraiment réfléchi.
- C'est pas grave. On aura tout le temps d'y réfléchir ensemble.
Six mois après, Nick paradait à la Marche avec un drapeau arc-en-ciel et un drapeau jaune, blanc, violet et noir. Et à chaque fois que Charlie laissait son regard se perdre sur sa moitié, il en revenait toujours au même constat : il était fier d'ellui.
