Petit mot de l'auteure : le boulot me tue (dans le bon sens du terme)


Jour 11 : Alerte

Contexte : pas de contexte précis (post CO Nick)


Charlie le senti dès qu'ils rentrèrent dans le magasin. Une impression étouffante, faite de murmures glacés et de regards désapprobateurs. Il n'y eu aucune remarque, aucune phrase injurieuse, et pourtant, tous ses sens étaient en alerte. Pendant des mois, il avait en effet subit des moqueries. Il avait donc développé un sixième sens, une sorte d'instinct qui lui disait quand une situation était dangereuse. Et là, tous ses voyants étaient au rouge... Presque automatiquement, sa main se détacha de celle de Nick, dans un réflexe de protection. Peut-être la sensation partirait maintenant, pensa Charlie.

C'était sans compter Nick.

Charlie ne pouvait pas vraiment lui en vouloir de ne pas avoir perçu cette ombre latente. Après tout, cela ne faisait que trois semaines qu'il avait fait son coming-out. De plus, excepté quelques commentaires sur ses réseaux et son idiot de frère, tout son entourage avait bien réagit. Son doux et encore naïf de petit-ami était encore bien préservé de la réalité du monde... Ce fut donc tout naturellement que Nick rechercha sa main pour la récupérer.

Il n'eut pas le temps de lui expliquer son geste qu'un groupe de quatre adolescents sortirent d'un rayon. Charlie comprit immédiatement que son malaise venait de leur présence. Même si il ne les avait pas vu en entrant, leur aura était si mauvaise qu'il n'avait pu que la percevoir. Et là, alors qu'ils les avisaient, il ne put qu'en avoir la confirmation : ces gamins de leur âge étaient néfastes.

- Putain, mais ils étaient en train de se tenir la main ? s'écria l'un d'entre eux en les montrant du doigt.

De là, jaillirent les rires, bêtes et cruels, ponctués de ces insultes qui meurtrissaient sa chair et son âme. Devant la violence des railleries, Charlie se sentit défaillir, ramené comme il était à une époque plus ancienne, où il était seul pour affronter un monde étriqué. Les rires se transformèrent en eau, en un raz-de-marée prêt à le terrasser.

Pourtant, le tsunami ne vint pas.

Un barrage s'était placé devant lui : Nick.

- Oui, je lui tiens la main.

Ce n'était pas une répartie cinglante, ni une ironie déstabilisante. C'était un simple constat, donné avec tant de sincérité que l'attaque devenait inutile ; car comment agresser ce qui n'était que la plus pure des réalités ? Charlie reprit alors pied, réaffirmant sa prise autour des doigts de Nick. Ce fut alors seulement qu'il se rendit compte que ceux-ci tremblaient. Lui aussi avait peur... Peur du jugement, peur que les mots violents deviennent agressions, peur du rejet, mais il ne le montrait pas. Charlie n'avait pas le droit de le laisser seul.

- Oui, il me tient la main, dit-il alors.

Sa voix n'était pas plus assurée que celle de Nick, sa réplique pas plus brillante. Pourtant, à cet instant, il eut l'impression qu'ils venaient d'offrir la meilleure réponse possible : leur cohésion.

Quand les adolescents partirent enfin, Charlie songea que malheureusement, de telles rencontres seraient inévitables. Néanmoins, une chose avait changé : aujourd'hui, il n'était plus seul pour les affronter.