Petit mot de l'auteure : la journée a été si longue, mais je suis repartie au moins avec des Barbapapa
Jour 20 : Tour d'ivoire
Contexte : UA Hunger Games ; dans cet UA les deux tributs peuvent être deux filles ou deux mecs et on peut se porter volontaire pour quelqu'un qui n'est pas de notre genre, parce que ça m'arrange
- Harry est mort.
Peut-être était-ce parce que ce fut la première phrase qu'il entendit en se réveillant, peut-être était-ce parce qu'il n'avait aucune idée de pourquoi le blond du District 1 lui disait ça au lieu de le tuer, ou peut-être était-ce parce qu'il ignorait qui était Harry, mais Charlie fronça les sourcils.
Son interlocuteur sembla imputer cette incompréhension à cette dernière hypothèse puisqu'il explicita son propos :
- Le tribut du district 2. C'est bien lui que tu chassais, non ?
Ah, oui, lui. Charlie devait admettre qu'il n'avait absolument pas absolument pas retenu son prénom. Tout ce qu'il savait, c'était que le dénommé Harry l'avait prit en grippe dès l'entraînement. Bien évidemment, son aversion pour lui ne s'était pas améliorée dans l'arène. Charlie avait ainsi tout fait pour se tenir le plus possible de lui. À vrai dire, il avait tâché de se tenir le plus possible éloigné de tout le monde, comme lui avait recommandé Farouk, l'espèce d'homme aigri qui devait lui servir de mentor. Néanmoins, il avait bien compris que si Harry était aussi souvent dans ses pas, ce n'était pas une coïncidence. Celui-ci le traquait lui. Tant bien que mal, il avait essayé de retourner la situation et de prendre le tribut par surprise. En vain, puisqu'il avait finit par terre, l'épée d'Harry dans le ventre. La question qui se posait donc désormais était la suivante : pourquoi Harry était mort et lui non ? Et pourquoi le blond était là ? Bien, Charlie avait désormais deux questions. C'était toujours deux de trop. Trop fatigué pour essayer d'y répondre par lui-même, il se contenta d'éluder l'interrogation du tribut pour croasser :
- Qu'est-ce qui c'est passé ?
- J'étais équipier avec Harry. J'étais donc dans le coin quand il t'as attaqué.
Ah bon ? Charlie ne l'avait même pas remarqué. Une nouvelle preuve s'il en fallait qu'il n'avait vraiment rien à faire dans cette arène – il n'avait aucun talent en survie ! Cependant, il ne fut pas surpris outre mesure par cette information. Harry et le garçon blond venaient des districts 1 et 2. Dans les grands Hunger games, ces districts jouaient dans une autre catégorie. Dès leur plus jeune âge, ils apprenaient à répandre le sang de leurs adversaires, à faire du feu, à distinguer les poisons des plantes comestibles. Ils en venaient à considérer les jeux comme un honneur, et ne sortaient de leur tour d'ivoire que pour mieux se porter volontaires. Dans le district 12, ils avaient pour surnom les « rugbymen » car tous étaient conscients que ces tributs étaient des joueurs professionnels comparés à eux.
- J'ai tué Harry, lui révéla alors Nick. Et je t'ai soigné.
Là, Charlie aurait sûrement dû le remercier. Néanmoins, il ne parvint qu'à dire une seule chose :
- C'est absurde.
Et ça l'était complètement. Généralement, les rugbymen formaient des alliances entre eux, avant de se tuer lors des dernières marches des jeux. Or, leur édition n'avait commencé que deux jours avant. Nick n'avait donc aucune raison de trahir son co-équipier si tôt. Et surtout pas pour le sauver !
- Pourquoi avoir fait ça ? insista-t-il donc.
- Parce que je préfère faire alliance avec toi plutôt qu'avec lui.
- Mais je ne vaut rien, je...
Il savait qu'il aurait dû plaider sa cause, ne pas lui faire regretter sa décision. Mais il était si abasourdit qu'il ne pouvait que relever l'absurdité de la situation.
- Je n'ai aucun talent ! Même un chat me ferait mordre la poussière. Je ne sais même pas comment je suis encore là, je... Je vois vraiment pas pourquoi tu t'encombrerais de moi.
- Parce que tu as sauvé ta sœur. Tori, c'est ça ?
Le cœur de Charlie se serra en entendant ce prénom. Celui-ci n'aurait jamais dû sortir. Pourtant, quand la main de la représentante avait plongé pour se saisir d'un petit papier blanc, c'était bel et bien le nom de Tori Spring qui avait retentit. Avant même qu'il n'ait vraiment réalisé ce qu'il avait fait, Charlie s'était détaché du rang en hurlant qu'il était volontaire. Après une certaine confusion, il s'était retrouvé sur le promontoire, aux côtés d'une pauvre fille dont le nom était aussi sortit. À cet instant, il était bien conscient qu'il avait autant de chances de survie qu'un cheval envoyé à l'abattoir. Pourtant, il n'avait pas une seule seconde regretté son acte.
Cela ne voulait pas dire qu'il appréciait voir le blond remuer cette histoire.
- Qu'est-ce que ça peut te faire, pour ma sœur ? demanda-t-il donc brusquement.
- Et bien... j'ai trouvé ça courageux. Et humain. Je préfère être avec quelqu'un comme toi plutôt que quelqu'un comme Harry. Depuis le début, il n'a fait que se moquer des tributs des autres districts. Comme quoi ils ne valent rien. Mais ce sont des êtres humains ! Nous sommes des êtres humains. Je sais qu'on doit s'entre tuer, mais cela ne veut pas dire qu'on doit oublier notre humanité, notre compassion ou notre dignité. Non ?
Si il y avait bien trois mots que Charlie n'aurait pas appliqué aux Jeux, c'étaient bien ces trois là. Il était ainsi un peu perturbé par le fait que le tribut les utilise. Pourtant, étrangement, cela lui fit du bien. Il lui offrit donc un sourire un peu hésitant.
- Je suppose que non.
Il le regarda quelques secondes, avant de lui tendre la main.
- Charlie.
- Nick, répondit le blond.
Quand leurs mains rentrèrent en contact, Charlie songea qu'il venait peut-être de faire la plus grosse erreur de sa vie en décidant de lui faire confiance.
Il ignorait encore que de ce simple geste naîtrait une romance que l'histoire retiendrait sous le nom des amants maudits.
