Petit mot de l'auteure : je lis "Les enfants de Venise"


Jour 27 : Regret

Contexte : 2x07


- Est-ce que tu regrettes ?

Nick savait qu'il aurait dû poser une autre question. Quelque chose du genre « Ca va ? » ou « Comment tu vis le fait d'avoir hurlé à son père toutes les choses que tu ressassais depuis des années, tout en sortant du placard par la même occasion ? ». Cela aurait été plus poli, moins centré sur lui-même. Pourtant, à cet instant, c'est bel et bien la seule réponse qui l'intéresse. Si Charlie s'est énervé, c'est bien à cause de lui ; ou, du moins, à cause du fait que son père n'avait de cesse de lui souhaiter des histoires d'amours féminines. Si il n'avait pas été dans l'équation, jamais Charlie n'aurait explosé. Il ne peut donc pas s'empêcher de culpabiliser. Alors oui, sa première question est bien la suivante : est-ce qu'il regrette ?

Ainsi, quand il le voit hausser les épaules, son cœur se tord. Il s'apprête à s'excuser – encore une fois, il a gâché la vie de quelqu'un – quand Charlie soupire.

- J'aurais aimé lui dire autrement. Lors d'une soirée tranquille, où nous aurions été tous les deux. Mais c'est bien ça le problème. Ce genre de soirée n'arrive jamais ; il est toujours en costard-cravate, prêt à s'envoler rejoindre des affaires plus importantes que nous, alors je pense que cela devait forcément finir comme ça. Je le sais, j'avais même cessé d'espérer je pense, mais ça m'attriste quand même un peu.

- Il avait besoin d'entendre que son comportement n'était pas exemplaire, murmura Nick.

- Oui. Et puis, ça m'a conduit à lui dire pour nous. Ça, je ne pourrai jamais le regretter.

Charlie lui offrit un petit sourire, auquel il s'empressa de répondre en lui prenant la main.

- Et comment tu te sens ? lui demanda-t-il.

- Bien. Je suis heureux d'être enfin moi-même avec lui. Et puis... même s'il n'a pas fait de danse de la joie ou qu'il n'a pas sorti le champagne, il a plutôt bien réagit. Il a dit à mon abruti de frère de la boucler. Et juste avant de repartir, il m'a dit que tu avais l'air d'être un garçon bien. C'est une approbation, venant de lui.

- C'est une bonne chose, murmura Nick. Et qui sait ? Peut-être qu'un jour, vous arriverez à construire une relation plus solide.

- Pour ça, il faudrait qu'il abandonnent ses enveloppes classées défenses et ses rendez-vous sans fin quand nous sommes ensemble. Mais... tu as raison. Maintenant que les choses sont dites, il y a une possibilité.

- La balle est dans son camp, conclua-t-il.

- Charlie Spring ? Rigola alors Nick. Je rêve ou tu viens d'utiliser une analogie sportive ?

- Mon enseignement au rugby commence à payer !

Pour appuyer ses dires, il enveloppa Nick de tous ses bras dans l'espoir de le plaquer au sol. Malheureusement, celui-ci ne bougea pas d'un poil ; il fallait dire qu'il tenait plus du chat, tandis que comparé à lui, Nick était un berger allemand solide comme un roc. L'effet fut ainsi plutôt raté. Néanmoins, comme Nick éclata dans un rire attendri avant de l'embrasser, Charlie songea que tout n'était pas perdu.