Chapitre 13 - Epilogue

Elle était si belle.

C'était ce à quoi songeait Severus Snape, complètement ailleurs en fixant Hermione au loin danser en ricanant avec Harry Potter qui la suivait maladroitement, d'un pas gauche.

« Vous devriez fermer la bouche, Severus, glissa Minerva en prenant place à côté de son collègue. Sinon, votre mâchoire risque de tomber par terre.

_ Ah bon, répondit-il d'un ton monotone, n'accordant strictement aucune importance aux mots sortant de la bouche de la directrice de Poudlard.

_ J'ai cru voir le flaireur de Miss Granger il y a quelques jours. Elle lui courrait après parce qu'il s'était échappé de ses quartiers.

_ J'ai été lui chercher dans la forêt interdite, balança Snape en ne détachant pas son regard de la Gryffondor, accoudé à la table.

_ Vous avez cherché un chat dans toute la forêt ?!

_ Ça m'a prit une dizaine d'heures de ratissage, répondit-il d'un ton automatique digne d'un robot.

_ Dix heures ?! s'écria Minerva, abasourdie.

_ Plus ou moins, oui. »

La directrice leva les sourcils, avant secouer la tête en guise de lassitude. Elle suivit le regard du maître des potions et tomba sur Hermione Granger qui tourna ses yeux au même instant vers les siens avant de lui offrir un léger sourire timide. Minerva le remarqua, et soupira de lassitude.

C'était le bal de fin d'année. Et elle avait tenu bon. Tout s'était passé sans accroc, ou presque. Et il lui sembla alors qu'elle n'avait jamais attendu à ce point les vacances d'été.

« Maintenant que vous n'êtes plus son professeur, vous comptez faire… quoi au juste ?

_ Faire quoi, répéta-t-il bêtement, ne lui accordant aucune attention alors qu'il se mettait à sourire comme un idiot d'un air rêveur.

_ Continuer de sourire comme débile en attendant que le temps passe ?

_ Mmmh, laissa-t-il planer alors qu'il la trouvait si adorable, à rougir et à ne pas vraiment parvenir à cacher l'éclat de son regard.

_ Vraiment Severus, tu es un sorcier aveugle et borné. Moi qui craignait que vous ne fassiez une bêtise lorsque j'ai explosé ce jour-là en te disant que tu étais amoureux d'elle, il est maintenant de mon devoir de te dire que je le pensais ! Voilà, j'avoue tout ! se mit-elle à hurler en commençant enfin à tutoyer son collègue. »

Minerva, emportée par son propos, ne remarqua aucunement Severus et Hermione qui s'observaient tous les deux avec un regard bien trop transpirant de tout autre chose que d'amitié.

« Oui, vous êtes dingue l'un de l'autre, alors arrêtez de vous voiler la face et… faites quelque chose ! s'agaça la directrice.

_ Oh, mais je ne me voile pas la face, répondit-il, un peu ailleurs.

_ Vous ne… »

Minerva fronça les sourcils et remarqua enfin leur petit manège. Alors, son regard s'arrondit de terreur.

« Severus, je peux savoir ce que tu as fais ?

_ Faire… quoi ? »

Oh, elle en avait assez ! S'il continuait de lui répondre autant à côté de la plaque, elle finirait par imploser. Encore.

« En fait… dit-il soudain d'une voix murmurante et contemplative. »

Snape fronça les sourcils dans le vide, avant de cligner des paupières vers la directrice qui semblait aussi pâle qu'un fantôme.

« En fait, c'est plutôt… ironique.

_ Qu'est-ce qui est ironique ?

_ Je viens de songer qu'il semblerait que vous soyez à l'origine de tout ce bazar, Minerva. »

La directrice leva les sourcils, sans un mot, affichant un air totalement ahurie.

« Mais qu'est-ce que tu raconte enfin, pouffa-t-elle d'une rire sans joie, un rire jaune et inquiet.

_ Tout d'abord, le nom d'Hermione Granger qui est sortie du choixpeau de votre main, ce qui, accordons nous là dessus, n'est que le pure fruit du hasard, j'en conviens. »

Minerva déglutit soudain, car elle était certaine, oui, certaine que tout ceci n'allait pas lui plaire. Et non, elle n'avait pas trafiqué les résultats de la pioche ! Enfin… peut-être pas. Peut être pas !

« Mais ensuite… Ensuite, vous m'avez dit d'être gentil avec elle, de la ménager. Chose que j'ai faite. Sans compter sur le fait que vous avez eu cette idée prodigieuse de ramener Horace avec nous pour cette année, ce qui a eu pour conséquence le fait que j'ai été très peu, voir pas du tout impliqué dans sa scolarité. »

La directrice prit une inspiration, sans toutefois répondre quoique ce soit.

Oui, elle avait fait cela bien sur, et alors ?

« Et vous vous souvenez de cette soupe abominable que vous avez demandé à Miss Granger de me forcer à ingurgiter ?

_ Oui… répondit Minerva avec suspicion.

_ Ce soir-là, je me souviens que cela m'avait énormément ouvert l'appétit. J'ai donc commencé à passer mes soirées à manger avec elle dans nos quartiers, ce qui, avouons le, nous a assez rapproché. »

Et ça ne signifiait rien, se répéta Minerva avec inquiétude.

« Puis, vous avez programmé cette réunion stupide à la dernière minute et j'ai du prendre ma douche avec elle pour être à l'heure, songea-t-il tout haut.

_ Vous avez pris votre douche ensemble ! Par Merlin, j'en étais sure, accusa Minerva d'un doigt dressé vers lui.

_ Plus tard, continua Snape, imperturbable, vous avez donné une autre réunion à cause de laquelle je suis rentré extrêmement tard, ce qui m'a permis de tomber sur une Hermione Granger tellement triste que je lui ai proposé de venir en Italie avec moi. Voyage qui d'ailleurs, a été initié et pris en charge totalement par vous.

_ Nous en avons déjà parlé, je ne t'ai jamais demandé de prendre Miss Granger avec toi, trancha la directrice, la mâchoire serrée.

_ Oui, mais j'étais déjà impliqué et c'est vous qui m'aviez dit d'être serviable avec elle, non ? »

Quel Serpentard, songea la professeur en levant les yeux au ciel.

« Admettons, grogna la sorcière.

_ Mais le pire, c'est quand vous avez débarqué comme une fleur la veille de notre départ.

_ Oui, car tu t'étais trompé de jour.

_ Tu t'étais trompé de jour, rectifia Snape, employant le tu à son tour une bonne fois pour toute, J'ai vérifié. Mais peu importe, puisque cela a eu pour conséquence que nous ayons du dormir dans le même lit, étant donné que tu occupais la seule autre chambre disponible. »

Pardon ?

« Attends, je pensais que tu avais dormi dans le canapé, anticipa Minerva.

_ J'avais besoin de passer une nuit convenable, surtout après que tu nous ai annoncé aussi brutalement la fin de notre cohabitation forcée.

_ Mais enfin, ce n'est pas une raison ! bafouilla-t-elle. »

Minerva arrondit soudain le regard et manqua, cette fois réellement de s'évanouir.

N'était-elle pas à deux pas de la chambre voisine ce soir-là ? Merlin, heureusement qu'elle était assise.

« Severus, rassure-moi. Ce soir-la, vous n'avez quand même pas… murmura la directrice gravement.

_ Grand Dieu non ! s'exclama Snape, horrifié. »

La vieille sorcière porta sa main à sa poitrine de soulagement en expirant longuement l'air qu'elle y avait contenu.

« Enfin, pas tout à fait, rectifia le maître des potions en sirotant son verre avec innocence.

_ Tu as fais des choses avec Miss Granger alors que j'étais dans la pièce d'à côté ?! se mit-elle à hurler, hors d'elle.

_ Oh non, j'ai fais des choses à Miss Granger, mais cela aurait pu s'arrêter là si tu n'avais pas accéléré le processus d'obtention de ses ASPICS. Cela nous a permis de passer bien plus de temps ensemble, sans compter sur cette fois où tu m'as balancé, à bout de nerfs, que j'étais amoureux d'elle. Si tu croyais que j'allais garder pour moi une information aussi importante ! J'ai bien du finir par lui en parler, et nous nous sommes fortuitement embrassé ce jour-là. Ce n'était pas vraiment prévu au programme alors nous avons bien été obligé d'en discuter, ce qui nous a amené à coucher ensemble. Mais une fois encore, cela aurait pu se limiter la si tous ces événements ne m'avaient pas mis tant à fleur de peau que j'ai craqué lorsque Potter m'a fait la leçon sur le fait que nous devenions ridicules, ce qui a fait que nous avons fini par… »

Snape mima l'acte en bafouillant soudain de gêne. Minerva eut la bouche si grande ouverte qu'une nuée de mouches auraient pu s'y introduire sans problème.

Elle était tout bonnement sans voix.

« Enfin, je suppose que je dois te remercier. Si tu ne t'en étais pas mêlé, je pense que nous y aurions encore été dans dix ans, ricana Snape en terminant sa boisson, les yeux rivés sur la piste de danse. D'ailleurs, j'imagine que cela ne te dérange pas que nous gardions cette colocation.

_ Garder… répéta Minera, ahurie.

_ J'ai épluché le règlement, et figure-toi qu'un professeur est en droit d'avoir un colocataire, ponctuel ou régulier pour tant est qu'il soit validé par la direction. Il s'avère qu'un accord existe entre son université et Poudlard. J'imagine que cela pourrait arranger tout le monde que je garde ses quartiers, et elle avec, balança-t-il avec fierté.

_ Vous voulez vraiment continuer de vivre ensemble ?!

_ Pourquoi pas ?

_ Ecoute Severus. Je ne pensais pas que vous vous entendriez si bien, et j'imagine que c'est une bonne chose, mais…

_ Mais tu suggère qu'elle emménage avec d'autres personnes totalement inconnues alors que je suis là et qu'elle a une cheminée pouvant communiquer avec cette foutu école se trouvant à pétaouchnock ?!

_ Oh, je vois… »

Minerva laissa s'échapper un léger sourire, un peu moqueur peut-être, mais aussi teinté d'un soupçon de tendresse.

Il n'avait plus envie qu'elle s'éloigne de lui, il tenait à elle, et quelque part, malgré tous les tumultes de leurs colocations, Minerva ne put s'empêcher de se sentir un peu touchée par ce sentiment inattendu qui transparaissait du maître des potions, même si elle bouillonnait d'une colere sourde. Il avait couché avec elle ! Dieu, ils avaient eu des relations sexuelles alors qu'elle était encore son élève ! Et tout était de sa faute !

Albus avait raison, se répétait-elle désormais.

« Je suppose que je dois y réfléchir cette fois, gronda la directrice.

_ Cette fois ? »

Minerva ferma soudain la bouche, presque en apnée.

« Tu me caches quelque chose, accusa Snape. Qu'est-ce que tu as encore fait ?! Depuis le début, tu remues ciel et terre pour t'impliquer de façon bizarre dans ma vie de toute façon, alors j'aimerais pour une fois que tu fasse preuve d'un minimum de franchise nom d'un chien, histoire que tu me donnes au moins une justification plausible à un potentiel refus !

_ Très bien ! explosa Minerva. J'ai trafiqué les papiers dans le choixpeau. »

Snape ouvrit soudain la bouche en grand comme une carpe, totalement outré. Voilà. C'était dit… Enfin, enfin, Minerva avait fini par cracher cette vérité qu'elle rongeait depuis des mois et qui la rendait complètement folle.

Elle l'avait enfin avoué. Elle avait lancé un sort ce jour là aux bulletins pour que le choixpeau lui accorde la meilleure option de colocation, à savoir : Hermione Granger. Cela avait échappé à son contrôle et tout ce temps, Minerva n'avait cherché qu'à rattraper sa terrible erreur. Pourquoi avait-elle fait une chose pareille ?! Probablement car elle avait voulu la paix pour Drago, éviter la mort d'un autre Weasley, préserver le karma de Padma Patil qui avait déjà une colocation avec sa sœur, et la gaminerie des autres. Hermione était la plus à même de le supporter, avec sa maturité, son sens de l'écoute, sa bonté, sa patience…

« Tu as triché ! s'exclama-t-il d'un ton indigné.

_ Oui, j'ai triché, finit par hurler Minerva. C'est moi qui ait fait en sorte que le nom de Miss Granger soit inscrit sur ce fichu bulletin, parce que j'étais persuadé qu'elle serait la seule à te supporter le temps nécessaire pour que je puisse faire réparer les cachots, mais par Merlin, si j'avais su que cela irait si loin ! »

Minerva se pinça alors l'arête du nez, dépitée.

« C'était comme une locomotive infernale, qui s'emballait chaque fois que je tentais de rectifier mon erreur. Et maintenant, tu vas te marier avec elle et vous allez avoir des bébés, finit-elle par sangloter d'émotion.

_ Mais ça va pas ?! On ne va pas se marier.

_ Qui ne va pas se marier ? demanda Hermione en arrivant à la hauteur de Snape. »

Le maître des potions se leva précipitamment, en manquant de renverser la table avec ses jambes alors qu'il jura devant la douleur lancinante qui venait de lui envahir les genoux.

« Hermione, bafouilla-t-il. Personne, personne ne va…

_ Vous allez finir par vous marier, continua la directrice en insistant. Regardez-vous enfin, il veut vivre avec vous et il voudra finir ses jours avec vous c'est évident !

_ Quoi ?! s'exclama la jeune femme, si bien apprêtée pour le bal signant la fin de l'année scolaire.

_ Severus, rassure-moi et dis-moi que tu lui as au moins parlé de cette idée de prolonger votre colocation ?! »

Le sorcier, qui n'avait toujours pas eu l'opportunité d'en placer une, se mit à serrer les poings en levant les yeux au ciel pour se retenir de ne pas étriper l'ancienne directrice des Gryffondors sur place.

« Elle a trafiqué les papiers quand j'ai tiré au sort la personne qui devrait partager ses quartiers avec moi, annonça-t-il soudain d'un ton accusateur. »

Hermione se figea soudain, le dos crispé.

Lentement, l'ancienne Gryffondor se tourna vers celle qui avait été sa directrice de maison durant huit longues années. Elle vit la vieille sorcière représentant pourtant la sagesse, un soutien indéfectible, la droiture académique, se ratatiner sur sa petite personne comme une petite fille prise en faute.

« C'est… c'est vrai ? demanda Hermione en un murmure. »

Minerva soupira, se passant une main fatiguée sur le visage.

« Oui, souffla-t-elle.

_ Mais… pourquoi ? couina Hermione.

_ Parce que vous êtes patiente Miss Granger, vous êtes intelligente et censée. Voyons les choses en face, personne d'autre n'aurait pu vivre avec Severus hormis vous, pas même moi ! J'aurais pu demander à un professeur de faire un effort, mais je ne voyais que vous dans l'équation. Alors voilà, j'ai agi bêtement et… »

Soudain, la phrase de Minerva se fit interrompre par Hermione, Hermione qui l'enlaça avec brutalité et qui lui coupa la respiration momentanément.

« Miss Granger ? demanda la directrice avec perplexité, grimaçante.

_ Merci. Merci, merci, répéta-t-elle en la serrant un peu plus fort.

_ Hermione, tu es si mélodramatique, soupira Snape en levant les yeux au ciel.

_ Si je l'étais, je lui dirais qu'elle sera la marraine de notre premier enfant, marmonna la Gryffondor, la joue collée à la cape stricte de son ancienne directrice de maison de façon à lui déformer la prononciation de ses mots.

_ Alors là, tu divagues. »

xXx

Quelques notes de piano fluettes et légères s'échappaient du salon, raisonnant dans toute la maisonnée. L'air ici était toujours aussi pur que iodé, amenant à un peu de calme et de sérénité, ce qui n'empêchait pas Minerva de s'activer sur la table de sa salle à manger avec nervosité.

Les jeux d'eaux de Ravel, mélodie qui soigneusement égayait ses oreilles ne suffisaient pas à calmer son agitation et la sorcière soupira en levant le regard vers l'instrument.

Derrière ce dernier se tenait, concentré, un jeune homme aux cheveux mi-longs noirs et à l'air concentré.

« Isaac, mon petit. Viens aider un peu la vieille Mamy décrépie que je suis, tu veux ? »

L'homme, âgé d'une vingtaine d'années, leva la tête de son clavier, les sourcils froncés.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il en soupirant. »

Elle ne le vit même pas s'avancer avant qu'il ne soit à sa hauteur et que ses mains n'amène à son regard noisette le tas de paperasse que la sorcière essayait tant bien que mal d'organiser.

« Une Mamy qui crapahute dans tous les coins durant une matinée toute entière, en voilà une drôle de définition.

_ Fait attention, le prévient l'ancienne directrice. Pour un peu, tu ressemblerais à ton vieux père. »

L'homme souffla par son nez un léger rire d'amusement. Minerva leva les yeux pour capter son regard et se sentie presque émotive. Il lui ressemblait tellement.

« Il faut que tu amène tout ça dés que tu prendras ton portoloin et que tu le donne discrètement à ta mère. J'espère que je n'ai rien oublié, s'inquiéta Minerva.

_ Je suis sûr que non. Mais tu es si secrète. Qu'est-ce que tu as encore derrière la tête ?

_ Des broutilles, bafouilla-t-elle.

_ Des broutilles qui amèneront mes parents ici en quatrième vitesse ou des broutilles qui feront jurer Papa sur toute la lignée des Serpentards cinq fois de suite ?

_ Je retire ce que j'ai dis : tu ressemble à ta mère.

_ D'accord, d'accord, pouffa le garçon. Donne-moi ça, et retourne sur ton canapé, je ne voudrais pas que tu continue à te faire du mauvais sang.

_ Est-ce que tu as nourri le saule cogneur ? demanda Minerva en allant difficilement jusqu'à son sofa.

_ Oui, répondit Isaac en levant les yeux au ciel.

_ Est-ce que tu as bien enfermé Pattenrond ? Et ta valise ? Est-ce que…

_ Bien sûr que oui enfin, et de toute façon, où veut-tu que ce fléreur aille ? Cet animal va bientôt avoir cinquante ans. Tiens regarde. »

D'un pas las, le sorcier se dirigea vers la place à gauche de Minerva, et en souleva un vieux chat dormant depuis surement plus de 6 heures consécutives sans qu'il n'y oppose aucune résistance.

Son pelage roux était devenu un peu blanc par endroit, et n'étaient guère aussi touffu qu'autrefois, sans parler de son oeil plus fatigué que vif, mais il avait le don d'avoir perdu tout sens de la résistance, du moins dans les mains de l'homme qui le tenait.

D'ailleurs, ce dernier le montra comme une évidence à la vieille sorcière qui venait de s'asseoir à l'aide de sa canne. Puis, il matérialisa sa cage dans laquelle il la déposa, toujours en se laissant faire comme une poupée de chiffon.

« Tu es un bon petit, soupira l'ancienne Gryffondor. Allez. File, je ne veux pas que tu rates le portoloin. »

Le sorcier lui adressa un léger sourire affectueux, avant de la prendre dans ses bras.

« Merci, lui dit-il en la serrant un peu fort. Je reviendrais vite. »

Minerva sourit affectueusement avant que le jeune homme ne se recule.

« Tu prends soin de toi, d'accord ? Je ferais venir Dinky pour qu'elle t'amène les graines qu'il faut pour ton potager.

_ Parfait.

_ Mais n'en fait pas trop, le prévint-il avec une certaine autorité.

_ Dis donc, c'est ta mère qui t'as demandé de me materner ?

_ Presque. »

Minerva McGonagall rit un peu en secouant la tête, puis laissa enfin le jeune homme devant elle s'en aller. Elle le suivit du regard, jusqu'au jardin donnant sur la mer, un jardin fleuri, remplis de plantes aromatiques, de tomates et d'un saule cogneur qui avait atteint un bon trois mètres. Ce dernier se plia lorsque Isaac se glissa dessous, comme pour lui laisser le passage avant qu'il ne disparaisse en un pop rapide.

Minerva soupira alors, sentant ce silence habituel, uniquement brisé par les vagues au loin avant qu'elle ne s'empare d'un exemplaire de la gazette du sorcier que le petit lui avait amené, petit qu'elle continuait indubitablement d'appeler de la sorte d'ailleurs.

Elle s'abreuva ainsi des nouvelles de la Grande Bretagne magique avant de sursauter lorsqu'un nouveau bruit éclata dans son jardin prés d'une heure plus tard.

« Severus ! entendit-elle après un cri d'effroi. »

Minerva arrondit le regard de peur lorsqu'elle vit le drôle de mouvement que venait de produire son saule cogneur. Avec difficulté, la sorcière se leva avec sa canne et marcha le plus vite qu'elle le put jusqu'à l'extérieur.

De là, elle ouvrit la bouche en voyant nul autre que Severus Snape, par terre, jurant sur hé bien, toute la descendance de Serpentard sur dix bonnes générations.

« Je suis trop vieux pour ces conneries, oui, trop vieux !

_ Severus enfin, mais arrête de dire des bêtises, et lève toi, râla Hermione en tirant son bras.

_ Cet arbre m'en veut à mort depuis que je lui ai mis une raclée quand il n'était une pousse !

_ Arrête de faire ta tête de mule, jura Hermione avec difficulté en tirant comme elle le pouvait la main de l'homme qui essayait de se remettre sur ses pieds. »

La jeune femme, plus vraiment toute jeune d'ailleurs, cria à son tour quand elle glissa pour s'écrouler sur Severus Snape qui retomba tout aussi sec sur la pelouse. Sa respiration se coupa et il eut à peine le temps de cueillir sa femme au passage pour éviter qu'elle ne se fasse mal.

« Hé, arrêtez de faire des cochonneries dans mon jardin !

_ J'essaie de la pousser, mais cette femme en veut à mon corps depuis plus de vingt ans, gronda Snape. »

Hermione râla bruyamment, avant de parvenir à se relever pour mieux lui frapper le bras lorsqu'elle l'aida enfin à faire de même.

« Minerva ! »

Snape se détacha soudain d'Hermione Granger pour s'avancer vers la sorcière. Cette dernière resta plantée là, observant son ancien collègue à la mine toujours aussi dure, mais cette fois avec les cheveux grisonnants plus que noirs se diriger vers elle d'un pas vif.

C'était rare, mais elle était vraiment effrayée. Snape arriva soudain devant elle et la prise par les épaules avant de la tâtonner comme un policier sur le point de lui faire une fouille au corps.

« Severus, enfin ! le réprimanda Hermione.

_ Tu vas mourir ? Tu es malade ? Qu'est-ce qu'il se passe ? la harcela-t-il, sur le point de la secouer comme un prunier.

_ Severus, sois raisonnable bon sang. »

Hermione soupira en arrivant à sa hauteur et en retirant les mains de son mari de sur les bras de l'ancienne directrice qui était vraiment en train de se demander de quelle façon elle tuerait son petit filleul la prochaine fois qu'il viendrait passer ses vacances chez elle.

« Pourquoi tout ces papiers, pourquoi maintenant ?

_ Ce n'est qu'une question administrative concernant ma succession, et je ne t'en ai pas parlé exactement pour cette réaction, accusa Minerva d'un index pointé sur lui. »

Cela ne parut vraiment pas le rassurer d'un iota. Minerva leva alors les yeux au ciel avant de rendre le sourire poli que venait de lui adresser Hermione. Le temps n'avait pas fait pâlir sa beauté, et malgré les quelques rides barrant le coin de ses yeux, malgré ses cheveux maintenant tirés en un chignon qui dégageait son long cou, Hermione Granger était toujours aussi ravissante. Quand à Snape, ses cheveux grisonnants l'avait convaincu à les raccourcir un peu. Il avait pourtant l'air toujours aussi sévère, et assez vif.

« Je sais tout ! 'Cessation de propriété', c'est ce qu'indiquent les papiers.

_ Severus, s'il te plaît, soupira la vieille dame. A qui voulais-tu que je lègue cette maison hormis vous ? Sois lucide deux minutes… Je ne suis ici que le temps que les travaux à Poudlard pour aménager ma chambre soient terminés. Ensuite, je tiens à ce que cette habitation devienne enfin officiellement la vôtre.

_ Mais…

_ Vous y avez habité durant près de quinze ans, argua-t-elle de sa voix chevrotante. Ce qui est un miracle étant donné que ce saule conteur t'en veut à chaque fois que tu reviens.

_ J'ai une théorie la dessus, intervint Hermione.

_ Non, vraiment ? ironisa Snape. Hermione a une théorie.

_ Il croit que Severus l'a abandonné.

_ N'importe quoi, pouffa le maître des potions.

_ Remarque comme il se plie à Isaac chaque fois qu'il l'approche depuis qu'il a appris à marcher et que te concernant, il s'est soudain mis à s'en prendre gratuitement à toi depuis cet hiver, quand Minerva est venu ici pour se reposer.

_ C'est possible, mais ce n'est pas le sujet. Minerva, tu n'es pas malade au moins ?

_ Severus je ne vais pas mourir, s'agaça la sorcière.

_ Tu es sûre de ça ? Parce que rien ne nous le garantie. »

La concernée soupira en se retournant pour revenir vers son salon puis, son canapé. Snape lui ôta sa canne des mains avant de lui proposer son bras à la place.

« Je te trouve fatiguée, continua le maître des potions avant de l'accompagner jusqu'à ce qu'elle s'assoit avec difficulté.

_ J'ai 124 ans Severus. Bien sûr que je suis fatiguée, soupira-t-elle.

_ Hermione, tu aurais pu me le dire ! accusa-t-il enfin. Après tout ce temps, je t'ai déjà dis que…

_ La communication, bla bla bla. Écoute Severus, on ne voulait pas t'inquiéter, surtout Minerva en réalité. Pour ma part, vivre avec toi depuis toutes ces années va de l'ordre de l'inquiétude constante.

_ Hilarant.

_ Severus, tu as habité ici depuis la naissance du petit. C'est ici qu'il a grandit, ici que vous vous êtes marié, sur cette poutre que vous avez gravé chaque centimètre qu'il a pu prendre d'année en année, montra la directrice en désignant l'encadré de la porte à sa droite. Vous y avez tant de souvenirs. Je ne peux pas concevoir que cette maison ne soit pas officiellement la vôtre avant que je m'en aille.

_ Minerva… »

Snape s'agenouilla difficilement devant la directrice, plus toute jeune maintenant, il est vrai. Le regard brillant, il se rua vers elle soudain en une étreinte aussi puissante que salvatrice, qui la fit néanmoins se figer avant qu'elle ne darde un regard inquiet vers Hermione qui avait elle aussi, arrondit les yeux.

« Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-elle en retenant son souffle.

_ Tu as tellement fait pour nous, lâcha-t-il avec émotion. »

Au loin, Hermione le regarda faire, ne pouvant cacher son émotion elle aussi. Minerva soupira avant de maladroitement, tapoter le dos de Severus Snape qui commençait à lui mouiller l'épaule.

« C'est l'âge, lui balança Hermione en guise de demi-excuse avant de l'aider à se redresser.

_ Oh alors toi ! »

xXx

« Tu as l'air grognon, souleva le portrait de Minerva McGonagall devant la touffe noire de Isaac Snape qui tournait en rond comme un lion en cage au beau milieu de la cuisine.

_ Mamy, tu étais si préoccupée que tu m'as suivi de Poudlard jusqu'ici ?!

_ Tu sais bien que les tableaux communiquent entre eux. Allez. Viens donc parler avec ta vieille marraine, je ne suis pas de si mauvais conseil.

_ Pas toujours, intervint Snape, dos à eux et s'affairant devant son chaudron sur la paillasse de la cuisine, les manches relevées.

_ Severus ! »

Isaac ne releva pas, alors qu'il souriait un peu malicieusement. Il prit enfin place devant le tableau de feu Minerva McGonagall, qui prit place sur son fauteuil pendant que le jeune homme retirait le jeu d'échec qu'elle avait en cours avec son père.

« C'est à propos de la nouvelle professeur de divination, Rose Weasley, celle qui remplace Sibylle.

_ Oh j'ai bien connu Sybille, argua Minerva. Une fois, totalement pompette, elle a essayé d'embrasser ton père qui a manqué de faire une syncope en passant trois jours à se rincer la bouche à l'eau de javel.

_ Je confirme : c'était une horreur. Mais Weasley ? demanda Snape en relevant sa tête de son chaudron. Encore une Weasley ? De quelle mariage celle-là ?

_ Son père est Ronald Weasley, répondit le garçon.

_ C'est bien ce que je dis, de quel mariage. Le quatrième ou le cinquième ?

_ Papa, monsieur Weasley n'a été marié « que » trois fois et j'ignore quel dent tu as encore contre lui parce qu'il est vraiment charmant je dois dire.

_ Oh tu veux savoir pourquoi je le déteste ? Hé bien c'est simple : c'est parce qu'il a pris la levriginité de ta mère.

_ La quoi ?

_ Sa lévriginité. C'est moi qui aurait du l'embrasser pour la première fois, pas ce fou lapin de… »

Hermione au loin, qui s'affairait en cuisine devant ses lasagnes, leva les yeux au ciel, puis s'approcha de son mari pour l'embrasser rapidement sur ces lèvres qui ne purent continuer leur juron.

Snape la regarda un instant. Ils s'observèrent avec cette même étincelle, se voyant tels qu'ils étaient dans les yeux de l'autre, omettant les cheveux grisonnants et les marques du temps.

Quelque part, il avait l'impression en sa présence, d'être toujours ce maître des potions aux cheveux noirs qui se savonnait avec son shampooing à la pêche, et elle, son étudiante qui le harcelait et le gavait de cheeseburger tous les vendredi soirs.

« Continue mon chéri, dicta-t-elle à son fils alors que Severus Snape lui envoyait un espèce de sourire idiot.

_ Elle me rend dingue, finit par éclater Isaac en s'écroulant contre son dossier. Elle est la seule Serdaigle de sa famille, ce qui la rends particulièrement pénible et surtout, pédante. Sans compter sur le fait que la divination est une matière complètement idiote et dépassée, elle se mêle de mes affaires, et ne cesse de me chercher des noises avec ses questions idiotes. Sache que je suis à deux doigts de l'étriper et il n'y a que Neville qui est capable de se mettre entre nous pour empêcher une telle chose.

_ Neville, pouffa Snape, le nez dans son chaudron avant que Hermione ne lui frappe de nouveau le bras.

_ J'ai bien une idée, finit par glisser Minerva, pensive. Enfin, si c'est la paix que tu cherche.

_ Tout pourvu qu'elle se taise, par pitié.

_ J'ai aussi connu un professeur qui s'est, figure toi, retrouvé dans la même situation que toi, malheureusement, à râler à chaque réunion et se plaindre des bla-bla incessants de cette jeune femme qu'il menaçait d'envoyer par la fenêtre à la moindre occasion, et crois-moi que ça n'a vraiment pas était évident de gérer cela en tant que directrice.

_ Vraiment ? s'avança Isaac d'un air intéressé, voyant au loin Severus Snape plisser les yeux.

_ La classe de divination est toujours en haut de la tour des Serdaigle si je ne m'abuse.

_ Oui, en effet, pourquoi ?

_ Je peux m'arranger pour demander à Peeves de faire exploser le dôme du dessus, qui est en piteux état d'ailleurs, afin que Miss Weasley se retrouve sans quartiers.

_ Oh mon Dieu, Minerva ! »

Snape en fit exploser son chaudron et Hermione lâcha soudain sa louche en bois dans sa marmite, ce qui fit éclater une énorme tache de sauce tomate sur sa robe.

« C'était lui ! s'exclamèrent-ils d'une même voix.

_ Quoi ? Qui ? demanda le jeune homme, perdu.

_ Je vais le tuer, balança Snape en retirant son tablier avec précipitation.

_ Mais enfin Severus, tu n'es plus professeur à Poudlard depuis prés de sept ans et Peeves est un fantôme, souleva la directrice. Cette histoire de cachots date de…

_ J'en ai rien à foutre, cet esprit frappeur va entendre parler de moi, je vais en faire de l'ectoplasme dont je filerais la gelée aux centaures !

_ Papa ! tenta de l'arrêter le jeune sorcier, sans grand succès alors que l'ancien maître des potions courait dans tous les sens.

_ Il a bousillé mes quartiers, ce putain de fantôme à noyé mes précieux cachots ! Hermione, ma baguette ! »

L'air de rien, la jeune femme lui envoya l'objet qu'il attrapa au vol avant qu'il ne court vers son jardin, évitant au passage les poings du saule cogneur cherchant à l'atteindre.

« Peeves, gronda-t-il en s'évaporant en un plop retentissant, la mâchoire serrée. »

Hermione prit une longue inspiration, qu'elle laissa s'échapper avec lassitude.

« Moi qui pensait naïvement qu'il avait oublié cette histoire… marmonna la directrice en s'écroulant dans son fauteuil. J'aurais du écouter Albus.

_ Vous connaissez Severus, Minerva. Il n'oublie jamais rien.

_ Mais… enfin, en quoi éclater la classe et les quartiers de Rose Weasley résoudrait mon problème au juste ? finit par percuter Isaac en fronçant les sourcils dans le vide. »

Hermione fixa son fils, aussi tête de mule, aveugle et borné que son père. Oh oui, il était son portrait tout craché et, lorsqu'elle y songeait, un mince rictus sur le coin de ses lèvres se formait, avant qu'elle lui passe maternellement sa main dans les cheveux.

« Viens ici mon chéri, à moins que tu ne veuilles que Minerva te raconte comment ton père m'a détesté pendant plus de dix ans avant de vivre avec moi.

_ Il ne t'a jamais détesté, répondit affectueusement la vieille directrice d'un regard doux.

_ Vous le saviez, n'est-ce pas ?

_ Bien sûr que je le savais. Tout le monde le savait et je crois que même quand j'ai fais apparaître ton nom sur ce bulletin que j'avais pioché, je le savais déjà. »

Hermione pouffa un peu avant secouer la tête, et lui envoyer un sourire timide.

« Prépare une bassine tu veux ? demanda Hermione à son fils en retournant en cuisine.

_ Une bassine ? Pour quoi faire ?

_ Pour préserver mon tapis quand ton père reviendra couvert de miasmes de la tête aux pieds. »

Isaac leva un sourcil, circonspect et soupira. Il s'exécuta, avant d'entendre sa mère crier au loin.

« Et sort lui une de ces serviettes roses du placard ! Ça lui rappellera de bons souvenirs. »

FIN.