Prompt : Une auréole et des ailes


Regardez-le.

Tch.

Regardez-le ce héros.

Il a sauvé tout le monde, il a arrêté tous les méchants, et il n'y a presque pas de dégâts.

Et pourtant, il flippe devant les caméras, il est tendu, il se frotte les cheveux, pas sûr de lui.

Il me donne envie de mordre. Je vais le buter quand il aura fini.

Mais les journalistes dégoulinent de questions, les gens clament son nom « Deku, Deku », et l'autre là, le petit héros aux cheveux verts, avec son regard d'ange, il n'arrange rien. Il manque une auréole et des ailes, et on le croit venu droit du paradis.

Qu'est-ce que ça m'énerve.

Il manque de punch.

Et tout à coup c'est la logorrhée parce que quelqu'un lui pose une question spécifique sur un de ces nouveaux pouvoirs. Et il parle, il explique, on ne l'arrête plus. Je vais lui lancer des pierres pour l'assommer.

Il n'était pas seul hein. On interroge aussi double face et tête d'œuf aussi. Bien sûr j'étais là, j'ai tout fait exploser et les journalistes s'approchent avec timidité de mon côté, comme si j'allais leur péter la gueule. C'est bien ce que je voudrais faire, tiens. Mais j'ai du mal à me concentrer sur ce qu'on me raconte, mes yeux ne cessent de retourner vers Deku.

Être aussi mignon devrait être interdit par la loi. Et si je pense que ce type est mignon, c'est vraiment que ça va mal. J'ai reçu plusieurs coups sur la tête, ça doit expliquer. Ou bien c'est double face qui m'a gelé quelques neurones.

Reprends-toi Katsuki.

Mais regardez-le ce héros. Gueule d'ange qui sourit, quand bien même il est blessé, je suis même presque sûr qu'il a une côte fêlée, et l'un de ses poignets a une position bizarre. Il ne s'est pas préservé, comme d'hab. Je devrais lui refaire la face pour qu'il comprenne qu'on peut sauver personne si on meurt.

— Bakugo, un petit mot sur votre attaque en commun avec Deku ?

— C'était pas une attaque en commun, je grimace, j'ai donné l'ordre et il a obéi.

En vrai, ça ne s'est pas passé comme ça. On s'est juste regardé et je ne sais pas, y a eu ce truc entre nous, et on savait tous les deux ce qu'on devait faire. Ce n'était pas un truc magique, mais je connais ce nerd par cœur, faut pas oublier qu'on a passé notre enfance ensemble.

Mais comment je pourrais expliquer ça à des putains de journaliste qui ne comprendraient rien ?

Les gens continuent de crier « Deku, Deku, Deku ». Y a trop de bruit, trop de monde, et trop de Deku. Je finis par gueuler un truc comme quoi si on a gagné c'est juste que je suis le meilleur et puis je me casse.

Les bras croisés, adossé à un mur, j'attends que les autres aient fini. Double face me rejoint le premier, je lui lance à peine un regard et il me dit :

— On a bien travaillé ensemble.

— Qui a travaillé ensemble crétin ?

C'est une question rhétorique, mais ce mec prend tout au premier degré et me répond :

— Ben toi, Uraraka, Deku et moi.

Je me tais et l'ignore.

La tête d'œuf arrive, elle nous sourit, elle me débecte. Je ne vais pas mentir, elle a super bien géré tout à l'heure, mais sa tête ne me revient pas. Pourquoi je dois me la coltiner ? Et qu'est-ce que fout Deku pour ne pas nous rejoindre ? Il faut l'emmener à l'hosto, le faire soigner, et s'occuper de lui. Et si les gens continuent à le retarder, je vais tout faire exploser.

Et finalement il arrive.

Ce héros.

Son sourire.

Ses yeux grands ouverts sur le monde.

Ses blessures qu'il ne semble même pas sentir.

Il nous fait un signe de la main. Tête d'œuf et double face lui répondent. Je me contente de beugler :

— Allez grouille ton cul, tu dois te faire soigner.

— Kacchan, m'appelle-t-il. Tu as été incroyable et vous autres aussi.

— Bien sûr je suis le meilleur blablabla, dépêche !

Sans réfléchir, je lui prends le poignet. Pas celui qui lui fait mal, l'autre, je suis colérique, pas sadique. Et j'évite son regard, j'évite son sourire, j'évite de penser à mon cœur qui bat si fort. Sans doute un contrecoup de cette journée pourrie.

À l'hôpital, on se retrouve seuls tous les deux avec un médecin. Double face et tête d'œuf ont leurs propres blessures à se faire soigner. Moi ça attendra, je n'ai que quelques égratignures et je veux être sûr et certain que Deku va bien.

— Tu peux y aller Kacchan, je vais bien.

— Comme si j'allais te croire, marmonnai-je. Va falloir que t'arrêtes de sortir de chaque combat cassé en petit morceau.

— Mais ça va, insiste Deku.

Mais je fronce les sourcils, je bouillonne, j'attends qu'on le soigne et je ne bouge pas. Quand on en a fini avec lui, je me rapproche et le fixe.

Ce héros.

Celui qui sauve et qui gagne, celui qui ne fait pas assez attention à lui.

Ses yeux vert émeraude, ses taches de rousseurs et son putain de sourire hésitant quand il me regarde.

Alors j'attrape son poignet à peine soigné, délicatement, je ne suis pas un monstre. Deku ne comprend rien, jusqu'à ce que ma bouche se pose sur son poignet.

Ensuite je le relâche, je me recule, je lui tourne le dos pour qu'il ne voit pas à quel point je rougis, puis je lui dis :

— Ton putain de poignet, il est important, et ton corps aussi alors arrête de le casser.

Deku bafouille.

— D…D… D'accord… Kacchan.

Sur ce, je sors de la pièce et je claque la porte.

Putain de nerd aux allures d'anges.

Putain de cœur.

Va falloir que je me fasse soigner. Et pas que les blessures.

Je crois que je perds la tête.

Mais je m'éloigne de la pièce, et sur mon visage, je sens mes lèvres s'étirer en un fin sourire satisfait.

Fin.

L'autatrice : personne n'a dit que les baisers devaient être sur la bouche. Je voulais un petit moment de tendresse.