Prompt : Second essai


Second essai.

C'était un moment de silence. Bakugo et Izuku étaient seuls, assis l'un à côté de l'autre, et se taisaient. La télévision parlait pour eux. C'était une émission sur All Might et son parcours. Quelque chose pour redonner le moral aux gens, ou pour nourrir les fans. Izuku avait les yeux brillants, Bakugo le cachait, mais intérieurement il jubilait. Ils avaient beau connaître All Might en chair et en os, il restait leur héros. Celui qui les avait boostés dès l'avance, à qui ils avaient voulu ressembler, et qu'ils désiraient dépasser.

Izuku se mit à chuchoter malgré lui et Bakugo tapa son genou dans celui de l'adolescent :

— La ferme le nerd !

Aussitôt izuku se frotta les cheveux et s'excusa. Il ne se rendait pas toujours compte de ses chuchotis. Il était pris par le moment, et les mots sortaient naturellement de sa bouche.

Bakugo dut le rappeler à l'ordre encore deux fois. Puis il perdit patience, et posa sa main sur la bouche de son ami d'enfance. Izuku se raidit et redevint silencieux.

C'est à ce moment-là que l'ambiance devint bizarre. Avoir la bouche d'Izuku contre sa paume était une sensation étrange pour Bakugo.

Et bizarrement très agréable.

Bakugo se tourna vers Izuku, qui rougissait et le regardait.

L'émission était oubliée, pour l'un comme pour l'autre. La main de Bakugo glissa et retomba mollement sur le canapé. Les deux garçons se fixaient. La paume du blond lui paraissait brûlante et il perdit l'esprit. Les lèvres d'Izuku était-elle aussi chaude ou était-ce l'émotion ? Il voulait tester. Il se rapprocha sans en prendre conscience.

Izuku ne se recula pas. Attiré par toute la tension qu'il y avait soudain dans l'air.

La télé causait, mais elle avait perdu ses deux spectateurs silencieux.

Jusqu'à ce que Kirishima bondisse au-dessus du canapé entre les deux garçons et sans se rendre compte qu'il venait d'interrompre quelque chose, il demanda :

— On peut changer de chaîne ? Ya un match.

Bakugo le fusilla du regard comme s'il allait le faire exploser dans les prochaines secondes.

— Oh allez Bakugo, vous connaissez l'histoire d'All Might par cœur, je n'ai pas envie de rater le match.

Kirishima se méprenait sur la colère de son ami. Bakugo se leva d'un coup, enfonça les mains dans ses poches et beugla :

— Je vais me coucher.

Puis il disparut de la pièce. Kirishima se tourna alors vers Izuku :

— J'ai dit un truc qu'il ne fallait pas ?

Izuku dont les joues chauffaient toujours se contenta de secouer la tête.

Il se sentait encore retourné, mais peut-être que lui et Bakugo avaient juste perdu la tête durant une seconde, peut-être que tout ça n'était qu'une hallucination. Il finit par se lever pour rejoindre sa chambre à son tour.

xxx

Izuku et Bakugo avaient combattu tous les deux un vilain particulièrement récalcitrant, ce qui leur avait pris du temps et beaucoup de leur force. On les avait mis tous les deux dans la même chambre d'hôpital et Bakugo ne cessait de râler et ronchonner, comme quoi il allait très bien, bien mieux que cet imbécile de Deku qui ne prenait pas soin de lui. L'autre restait calme et zappait avec la télécommande de la télé, jusqu'à ce que ça énerve Bakugo, qui se leva d'un bond – preuve qu'il allait parfaitement bien selon lui – et se jeta presque sur Izuku pour avoir la télécommande. Ils se taquinèrent pour l'appareil. Le garçon aux cheveux verts ne voulait pas lâcher et Bakugo tentait de l'attraper. Le blond finit par trébucher et tomber à moitié sur Izuku. Quand il se redressa, il se rendit compte que leurs visages étaient très près l'un de l'autre. Trop près. La scène était tout ce qu'il y avait de plus cliché, et les stéréotypes emmerdaient Bakugo, n'empêche que les lèvres d'Izuku étaient plus que tentantes. Surtout que l'adolescent se les mordit, sans doute à cause de la gêne.

— Kacchan ?

Sa voix était faible, un murmure, une hésitation. Est-ce qu'il en avait aussi envie ? Est-ce qu'il voulait comme Bakugo se rapprocher, et se rapprocher encore.

Ils sursautèrent quand la porte de la chambre s'ouvrit.

Shôto entra dans la pièce et les regarda :

— Vous êtes en train de vous disputer ? demanda-t-il.

Bakugo attrapa la télécommande des mains d'Izuku et grommela un « tu fais vraiment chier double face » à la tête de Shôto et retourna dans son lit. Izuku était écarlate et son ami lui demanda s'il avait de la fièvre.

— Non répondit-il, ce n'est rien.

Bakugo et Izuku avaient raté leur second essai, leur seconde chance.

Le garçon aux cheveux verts n'arrivait toujours pas à déterminer si quelque chose aurait vraiment pu se passer ou si ce n'était que son imagination.

Bakugo était boudeur. Et plus impatient qu'Izuku, il comprit qu'un truc était en train d'arriver, un truc étrange, un peu angoissant, mais aussi terriblement tentant. Il ignora double face et Izuku qui parlaient à côté et mit une chaîne au hasard, attendant que les battements de son cœur se calme.

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Bakugo avait tendance à trop souvent regarder les lèvres d'Izuku. Si on le surprenait à être pensif et les yeux rivés vers le nerd, il cachait ce qu'il ressentait sous un flot d'engueulades et de mauvaise foi et il détournait les yeux. Izuku surprenait parfois son petit manège, peut-être parce qu'il n'était pas complètement innocent non plus à regarder la bouche de Kacchan. Il avait peur de se faire des films, parce que même s'il connaissait Bakugo par cœur, il n'avait pas suffisamment confiance en lui-même pour imaginer le blond désirer la même chose que lui.

Mais d'ailleurs que désirait-il au juste ?

Bakugo n'aimait pas perdre du temps, s'il voulait un truc, il n'allait pas tourner autour du pot pendant cent-sept ans et il allait juste se servir. Vivre à l'internat avec toute une bande de gens ne facilitait pas l'intimité, et il avait l'impression que chaque fois qu'il pouvait se retrouver ENFIN seul avec le nerd, quelqu'un débarquait. Comme un fait exprès. Et ça commençait à sérieusement à l'emmerder le Bakugo, il allait devoir botter des culs ou buter tout le monde, s'il voulait pouvoir parler à Izuku.

Parler.

Ou autre chose.

La frustration et la tension entre eux grandissaient au fur et à mesure des actes manqués. Izuku se sentait tellement bizarre en présence de Bakugo qu'il finissait par l'éviter, rendant le blond encore plus fou. Depuis quand d'abord ce crétin de Deku n'allait pas au-devant du danger ? Il l'avait toujours suivi, même quand Bakugo avait été ce con brutal, Deku avait toujours été derrière lui.

Et maintenant, lorsque Bakugo se tenait à ses côtés, ce débile allait se mettre plus loin, trouvant n'importe quelle excuse pour s'éloigner, pour s'échapper.

Le pire c'est quand le blond le surprenait à faire des petits sourires à la tête d'œuf, alors que lui n'avait le droit qu'à… un « oh Kacchan, désolé je suis occupé ailleurs ».

Et plus Deku fuyait Bakugo, plus le blond avait envie de l'étriper.

Il allait bien falloir qu'un des deux assume ce qu'il était en train de se passer, et Bakugo, qui en avait marre de stagner, fut le premier à baisser les bras. Remisant sa fierté au placard pour une fois, il admit qu'il avait une sacrée envie d'embrasser le nerd. Genre vraiment. Ce n'était pas un caprice, une lubie qui finirait par passer. C'était quelque chose de bien plus fort, qui s'encrait dans son corps et son sang.

L'idée ne passait pas, parce que c'était un truc qu'il désirait de tout son cœur. Et il allait agir.

Izuku marchait dans le couloir pour rejoindre l'internat à la fin de la journée, innocemment, il chuchotait à voix basse à propos de ce qu'il avait appris aujourd'hui et ne remarqua pas l'ombre qui s'approchait de lui. On le tira par le poignet, le forçant à entrer dans une classe vide, et on ferma la porte derrière lui.

Izuku se retrouva face à face à Bakugo, il s'éloigna brusquement se retrouvant au milieu de la classe, à quelques mètres de son ami d'enfance qui paraissait sur le point d'exploser.

— Kacchan, couina Izuku.

— Va falloir que tu m'expliques un truc Deku.

Izuku savait de quoi il voulait parler, mais il ignorait quoi lui répondre.

— Pourquoi tu m'évites ?

— Je… euh…

— Parce que tu vois, le fait que tu m'évites, ça m'énerve, et je suis énervé que ce truc m'énerve et je vais finir par vraiment exploser tellement je suis énervé.

Plus Bakugo parlait et plus il s'approchait d'Izuku, et plus il s'approchait, plus Izuku se reculait, jusqu'à se retrouver acculer contre le mur. Des étincelles sortaient des doigts de Bakugo, comme s'il allait réellement exploser.

— Je ne t'évite pas vraiment, tenta Izuku.

— Fous-toi de moi !

— Je… En fait… C'est parce que…

Bakugo avançait, avançait et ne paraissait ne jamais vouloir s'arrêter. Il était si près qu'Izuku pouvait sentir la chaleur qui se dégageait de son corps. Et pourtant, Bakugo se rapprochait encore.

Est-ce qu'Izuku devenait complètement fou ou est-ce que le visage de Bakugo devenait vraiment trop proche.

— Si tu ne me réponds pas, je… commença Bakugo.

Mais le corps d'Izuku réagit avant son cerveau, comme ça pouvait arriver quand il voulait sauver quelqu'un, sauf que là il ne sauvait personne.

Son front cogna celui de Bakugo tant il se précipita et leurs dents se rencontrèrent de façon très désagréable. Izuku se recula d'un coup et se frotta le crâne. Il voulut s'excuser, mais Bakugo l'attrapa par le col des deux mains et murmura :

— Okay, second essai.

Et il posa délicatement sa bouche sur celle d'Izuku. Pour Bakugo, ce fut comme exploser d'un coup, tout entier, mais surtout au niveau du cœur. Cette sensation se répandit dans le corps d'Izuku, qui était brûlant comme si ses veines s'étaient remplies de lave.

Il n'avait donc pas eu d'hallucination.

Lui et Bakugo se tournaient vraiment autour, avaient réellement failli s'embrasser, avant d'enfin y arriver.

Quand ils se séparèrent, ils respiraient tous les deux forts et se regardaient droit dans les yeux, jusqu'à ce que Bakugo attire Izuku contre son corps. Sans doute pour cacher le fait qu'il rougissait et était content. Le câlin dura longtemps, jusqu'à ce que d'une petite voix, Izuku demande :

— On pourra recommencer ?

Izuku entendit Bakugo rire doucement :

— Tu peux en être sûr, le nerd, on pourra non seulement recommencer, mais en plus on ne va jamais s'arrêter !

Izuku qui avait refermé ses bras autour de son Kacchan sourit. C'était un bon plan. Il n'y voyait aucun inconvénient. Mais un doute lui parvint soudain et il demanda :

— Ce n'est pas juste pour s'amuser n'est-ce pas ?

Bakugo se recula et le fixa de ses yeux rouges remplis de colère :

— Non Deku, tu es coincé avec moi désormais.

Izuku lui fit son sourire le plus grand, celui qui désarmait le blond.

— Ça me va, fit le petit nerd.

— Bon ben si ça te va, je vais encore t'embrasser.

Et Bakugo le fit.

Et maintenant, il pourrait le faire aussi souvent qu'il le voudrait, et, ouais, ça le rendait heureux.

Fin.

L'autatrice : j'ai utilisé le prompt dans deux sens possibles dans cette petite fic que j'ai trouvé amusante à écrire.