Je n'ai pas besoin de chance, je n'en veux pas. J'ai toujours dû lutter et me battre et cela m'a rendu fort. Cela a fait de moi ce que je suis."
- Zuko dans Avatar le dernier maître de l'air
Prise d'une insomnie, Jade passait le début de sa nuit à se retourner et à trembler dans ce lit au matelas trop dur pour son dos. Grâce à la carte de Poudlard, elle avait trouvé sa chambre, celle réservée aux invités. Un je-ne-sais-quoi d'austère planait comme un vent glacial.
Elle comptait sur ses pensionnaires pour passer un meilleur moment. Jade espérait qu'ils profitent de la chaleur de la tour des Gryffondor en grignotant des sucreries cachette.
Titouan était le fils unique d'Alecto Carrow, et Asthon était l'un des enfants
d'Amycus Carrow, le frère d'Alecto. Le duo fraternel avait occupé des postes d'enseignants durant l'année de pouvoir de Voldemort, ils étaient parmi ses fervents fidèles. Cela ne devait pas être facile pour des enfants si jeunes de porter un nom de famille à l'histoire aussi dramatique. À la différence de la police magique, l'éducatrice essayait dans la mesure du possible de les appeler par leurs prénoms.
Après plusieurs efforts pour essayer de basculer vers le sommeil, la grande horloge sonna trois heures du matin lorsqu'elle se résigna, décidée à mettre un terme à ses tentatives.
Elle quitta ses draps pour ouvrir son petit sac blanc et se saisit de sa baguette, celle que Rogue lui avait donnée après l'avoir confisqué à un mangemort. Oui, car bien évidemment, offrir ce genre de cadeau devait être tout à fait logique pour lui. Le bâton noir émettait une lumière blanche, le sortilège de Lumos faisait encore son effet même après plusieurs mois. Jade se mit à l'observer sous toutes ses coutures en la passant de sa main droite à sa main gauche.
Cette dernière n'avait rien d'extraordinaire, c'était juste une baguette légère, sans reliefs particuliers. Sa surface était lisse et son coeur lui était inconnu, tout comme l'identité de son propriétaire.
Par curiosité, elle commença à l'agiter dans le vide et à prononcer des incantations, mais il ne se passa rien. Bien que la jeune femme ait très tôt étendu ses connaissances sur les sortilèges, les souvenirs des mouvements à effectuer s'étaient progressivement effacé de sa mémoire. Elle avait cessé de s'intéresser à la magie vers ses quatorze ans, trop abattue de n'arriver à rien, trop envieuse de voir ses deux jeunes cousines briller de talents à Beauxbatons tandis qu'elle était dans un simple collège communal.
Se souvenant néanmoins du Alohomora qui permettait le déverrouillage des portes, la jeune femme se dit que rien ne lui coûtait de tenter le coup. Il s'agissait en définitive d'un sortilège de base, même les sorciers les plus médiocres parvenaient à l'utiliser sans complications. Et justement, elle se trouvait défectueuse et incapable. Ses capacités étaient indétectables. À tel point qu'en vingt-neuf ans d'existence, ni elle, ni sa famille n'avait été capable d'en détecter la moindre once de magie. Le ministère lui-même n'avait rien constaté de particulier chez elle.
Toutefois, vivre dans l'ignorance n'avait pas été la pire chose qu'il lui soit arrivée. Finalement, sa magie était si médiocre qu'elle aurait pu devenir la risée de n'importe quelle école de sorcellerie et ses notes auraient été à la hauteur de ses incompétences. Sa magie était " bien cachée" comme lui avait dit le Moine. À la différence que dans sa vie à la moldu, elle avait toujours été considérée comme une étudiante studieuse et brillante.
Il avait cependant fallu qu'elle rencontre Rogue, lui et ses satanées capacités à analyser quiconque croiserait son chemin. Personne n'avait de secrets pour lui. Ses ressentis envers cet homme divergeaient, comme coupés en deux parties bien distinctes. Elle le détestait mais lui faisait confiance à la fois. À en croire son odeur de tout à l'heure, il avait passé sa journée à boire, son état était pitoyable. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il s'était plus facilement livré, c'était la première fois qu'il lui avait parlé sans retenue. Qu'adviendrait-il de cette nouvelle journée? Se demanda Jade en regardant par la fenêtre. Avait-il seulement une chance pour que Rogue se souvienne de leurs conversations malgré l'alcool? Certainement que oui, il oublait jamais rien, à son grand désarroi.
Toujours sa baguette en main, elle arrêta de se morfondre et coupa le fil de ses pensées. Après une bonne gifle mentale, elle verrouilla la porte de sa chambre d'hôte et en retira la clé. Elle allait essayer pour de vrai, avec la bonne technique. Qui avait raison? Rogue et le Moine, ou tout le reste du monde? Elle devait en avoir le cœur net. Après avoir vérifié que la porte était bien fermée, elle se concentra et pointa sa baguette vers la poignée, puis changea de cible en se rectifiant vers le verrou.
- Alohomora ! Incanta-t-elle.
Le cliquetis de la porte se tourna, et la porte se déverrouilla. Merlin.
Elle posa sa main tremblante sur la poignée de la porte et l'ouvrit complètement, donnant vu sur le couloir désert. C'était impossible, il devait y avoir une erreur. Peut-être que la porte était juste mal verouillé. Comme si elle était tombée dans une boucle temporelle, Jade refit la même opération plusieurs fois, toujours en vérifiant avec soin si la porte était bien fermée, allant même jusqu'à la forcer pour s'en assurer. Le résultat fut le même à chaque fois : le cliquetis de la porte se tournait, la porte se déverrouillait.
La nouvelle sorcière sentit une sorte de connexion se sceller entre sa baguette et sa main. Une sensation nouvelle qui la fit se sentir plus complète que jamais, il n'était plus question de se sentir loin d'elle.
Il fallait qu'elle dise cela à Rogue. Elle ouvrit de nouveau son petit sac blanc en espérant qu'il lui restait quelques notes de service, ce qui fut heureusement le cas bien qu'elle était un peu chiffonnée.
" Professeur Rogue,
Vos intuitions s'avèrent êtres vraies...
Je viens à l'instant d'ouvrir une porte par la magie. Je ne sais que dire et que penser. La surprise est de taille.
Jade Stis "
Tout comme la fois précédente, Rogue lui répondit plutôt rapidement. Le petit avion de papier passa sous la porte vola sur son deuxième oreillé. Elle se demandait s'il avait fait exprès de le faire atterrir ici... Drôle de piste d'atterrissage.
" Miss Stis,
Ce n'était pas des intuitions, c'était l'inéluctable vérité.
Dormez à présent je vous prie. "
