Bienvenue dans cette nouvelle aventure, cette nouvelle histoire d'amour entre nos deux protagonistes favoris, Harry et Draco. Cette fois-ci, un troisième personnage court sur pattes s'invite dans le paysage et vous êtes obligés de l'adorer !

Cette histoire est en 3 parties qui sont toutes achevées et que je posterai sans doute courant de semaine.

Et pour ceux que ma dernière histoire a laissé traumatisés, ne vous inquiétez pas, celle-ci se finit bien, c'est promis !

Disclaimer : Les personnages et l'univers appartiennent à JK Rowling et je n'en tire aucun profit.

Rating : Mature

Attention, cette histoire parle d'une histoire d'amour entre deux hommes et contient des scènes intimes. Personne ne vous oblige à lire si ça ne vous plaît pas.

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Aux secondes chances.

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ÉCRIRE UN FUTUR – PARTIE 1

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S'il y a une chose dont je suis certain, c'est que je fais rarement ce que je n'ai pas envie de faire et les seules fois où ça arrive, c'est généralement pour James. C'est exactement pour cela que je me retrouve un samedi après-midi dans la librairie Fleury et Bott à faire la queue pour faire dédicacer le livre préféré du moment de mon fils. En soit, ça ne me gêne pas, j'aime passer du temps avec lui les semaines où j'ai sa garde et, le week-end on essaye toujours de faire quelque chose qu'il aime. Alors aller à une séance de lecture par l'auteur, suivie d'une dédicace pour lui faire plaisir n'a franchement rien d'une corvée. Au contraire. Non, ce qui m'embête dans tout ça, c'est l'identité de l'auteur en question.

D. Black est un écrivain pour enfants sorciers qui fait un carton depuis quelques années. Si le premier lui a été offert alors qu'il avait deux ans, James a presque tous ses livres, aujourd'hui. Chaque soir, je me coltine une des aventures loufoques du petit sorcier Loulou, ou d'un de ses nombreux amis. Bon, là encore ça ne me gêne pas, puisque ces livres sont bien écrits, magnifiquement illustrés et toujours originaux et drôles. Là encore, c'est plutôt qui est derrière la plume, le problème et, apparemment, je suis un des seuls au monde à le savoir. Ce n'est pas très étonnant qu'il ait gardé son identité secrète, au final, puisque ses livres se seraient probablement moins bien vendus si les gens avaient su que derrière le pseudonyme de D. Black et ses adorables personnages se cachait en fait Draco Malfoy. Personne ne le sait ou presque et, franchement, c'est bien mieux comme ça.

De mon côté, je le sais parce que dans le monde sorcier, il existe certains noms qui ne peuvent être utilisés aussi facilement et Black en fait partie. Le nom des Black est si bien protégé que seul un sorcier ayant du sang de la famille Black dans les veines peut en porter le nom. Et des Black, il n'en reste pas énormément. À vrai dire, il ne reste aujourd'hui que Teddy, sa grand-mère Andromeda, Narcissa Malfoy et Draco. Du coup, vu l'initiale choisie, D. Black ne peut être que Draco. Ah oui, et il y a aussi le fait que je l'ai vu lire une de ses histoires à Teddy quand il était bébé, avant même la publication de son premier livre. Ça aussi, ça aide.

Donc, vu mon passif avec Malfoy, je dois avouer que passer l'après-midi à l'écouter lire et à faire la queue pour avoir sa signature ne fait pas partie de mon top trois d'activités préférées. Mais j'aime James à la folie et je n'ai pas pu résister longtemps à sa petite bouille quand il m'a supplié d'y aller. Après tout, il ne pouvait pas rater l'opportunité de rencontrer son auteur préféré. À tout juste six ans, cela aurait, pour sûr, gâché sa vie.

"Regarde, Papa, la queue avance vite ! C'est bientôt à nous."

"Oui mon cœur, c'est super. Tu as préparé ton livre, hein ?"

"Oui, il est prêt Papa. Tu vois ?"

"Génial. Ne soit pas trop énervé quand tu seras devant lui. Tu veux faire bonne impression devant lui, n'est-ce pas ?"

"Oui, oui. Je vais être sage. Comme pendant l'histoire."

C'est vrai que pendant la lecture, James a été étonnamment calme, écoutant avec attention Malfoy raconter les aventures de Coco l'Hippogriffe à une assemblée d'une quarantaine d'enfants et de leurs parents, tous sous le charme de l'écrivain. Franchement, je ne vois pas ce qu'ils lui trouvent, tous. Certes, avec ses lunettes et ses cheveux courts, bien plus courts qu'avant, il a l'air moins snob, mais ça reste Malfoy. Chose que tous ici ont l'air d'ignorer. Suis-je le seul à le reconnaître ? Vraiment ? Bon, il a un peu changé, c'est vrai, mais ça reste... ouais, Malfoy. Ses cheveux sont toujours aussi blonds, son nez toujours aussi pointu et ses yeux... James et moi étions assis assez loin de lui, mais je suis persuadé qu'ils sont toujours du même gris hypnotisant qu'avant. Pas hypnotisant pour moi, hein, juste... peu importe.

"Viens Papa, c'est à nous juste après !"

L'excitation de James me fait rire. Même pour Noël, il n'est pas aussi énervé. Non, c'est faux. Rien ne surpasse Noël.

Comme la table de dédicace est juste devant nous, j'ai une vue parfaite sur le blond. J'ignore s'il m'a vu et reconnu. Je n'ai pas tant changé que ça, mais ça fait huit ans depuis Poudlard, donc... À l'instant où il relève la tête pour sourire à la petite fille devant lui et lui donner son exemplaire signé du livre, ma respiration se bloque dans ma poitrine.

Magnifique.

Certes, ce mot contredit absolument tout ce que je viens de penser à propos de Malfoy, mais c'est exactement ce que je ressens. De près, il est magnifique. Bien plus qu'il y a toutes ces années à Poudlard. J'avais raison, ses yeux sont toujours aussi exceptionnels mais j'avais tort sur son nez, il n'est plus aussi pointu. À vrai dire, il l'est probablement toujours, mais Malfoy semble avoir pris un peu de poids et son visage est plus rond qu'avant, ce qui le transforme et l'adoucit considérablement. Ajoutez à cela son sourire lumineux et je comprends enfin pourquoi personne ne le reconnaît.

Enfin, la petite fille et sa mère s'en vont après une photo et notre tour arrive. Les yeux gris se posent immédiatement sur James et toute l'attention de Malfoy se tourne vers lui et uniquement lui.

"Bonjour jeune homme, comment t'appelles-tu ?"

"Bonjour Mr Black. Je m'appelle James. J'ai six ans et j'ai tous vos livres à la maison."

"Vraiment ? Merci beaucoup. Lequel est ton préféré ?"

"C'est celui où Loulou va aider les dragons dans la forêt et devient copain avec Toufou."

"Ah oui, il est chouette celui-là. Est-ce que tu aimes le nouveau livre ?"

"Oui ! Il est trop bien ! Même que mon papa a déjà volé sur le dos d'un Hippogriffe. Hein Papa ?"

À ces mots, James lève le nez vers moi, les yeux brillants et le blond suit le mouvement. Au manque de surprise dans son regard quand il me voit, je devine qu'il m'a sûrement repéré un peu plus tôt, mais ça ne m'empêche pas de piquer un fard.

"Heu, oui. Enfin... Je t'ai déjà raconté ça plein de fois, James." Je m'éclaircis la gorge, franchement mal à l'aise et le petit rire de Malfoy n'arrange rien à mon état.

"Oui mais Mr Black ne la connaît pas, Papa."

"Il y a du monde qui attend, James."

"Ne t'en fais pas, James. Je connais déjà cette histoire. D'ailleurs..." Il se penche sur la table et fait signe à James de se rapprocher, comme s'il voulait lui faite une confidence. "J'étais présent ce jour-là, alors je l'ai vu voler sur l'Hippogriffe."

J'ai beau ne pas voir son visage, je sais déjà que mon fils est bouche-bée.

"Tu étais là ?" Il se tourne vers moi. "Papa ! Tu connais Mr Black ? C'est vrai de vrai ?"

Je secoue la tête, dépité, mais finis par lui sourire. "Oui, mon cœur, je connais Mr Black. On est allé ensemble à Poudlard. Mais c'était il y a longtemps."

"Huit ans." Ajoute Malfoy et nous échangeons un regard.

"Mais... mais... alors vous êtes copains ? Comme moi et Freddie ?"

Alors qu'il commence à sautiller sur place, je pose mes mains sur ses épaules. "Jamie, qu'est-ce qu'on a dit à propos de rester calme et de faire bonne impression ?"

"Mais Papa..."

"Pas de mais. Calme-toi. On en parlera à la maison. Maintenant, donne ton livre à D- à Mr Black pour qu'il le signe, les autres enfants attendent leur tour."

James s'exécute en grognant tandis que Malfoy arbore toujours le même sourire amusé.

"Tu ne peux pas le renier celui-ci, Potter."

"J'ai essayé, pourtant."

"Il est adorable. Tiens, James, il est signé."

"Mr Black, est-ce que tu pourrais signer mes autres livres ? Tu pourrais venir à la maison ce soir et je te montrerais ma bibliothèque ! Papa fera à manger."

"James..." Indigné, je regarde mon fils avec des yeux ronds. Il ne viendrait tout de même pas d'inviter Draco Malfoy à dîner chez nous, si ?

"Mais Papa, vous étiez copains et ça fait longtemps et... s'il te plaît !"

Le voilà, le regard de chien battu auquel je ne peux rien refuser. Je m'acharne à essayer pourtant, mais je connais déjà l'issue.

"James... Ce n'est pas... Mr Black a sûrement quelque chose de prévu, ce soir."

"Non, rien du tout, en fait."

Je lui lance un regard noir qui le fait sourire encore plus. Derrière nous, un certain brouhaha monte dans la file d'attente et ça me met la pression. Merlin...

"Tu peux être chez nous pour dix-huit heures ?"

"Bien sûr. Donne-moi juste l'adresse, j'apporterais le dessert."

Je hoche la tête et note l'adresse de notre maison tandis que James fait une danse de la joie. Ce petit monstre... Avant de partir, j'adresse un regard d'excuses aux gens derrière nous et tire James par la manche, laissant Malfoy avec ses autres fans. Heureusement qu'un sort d'intimité entoure la table et que personne n'a pu nous entendre, sinon tous les enfants suivants lui auraient demandé de venir dîner chez eux également.

En attendant, il va réellement venir chez nous et, franchement, je ne suis pas prêt pour ça.

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Il est un peu moins de dix-huit heures quand on sonne à la porte. J'entends les pas précipités de James dans l'escalier et lève les yeux au ciel quand il court vers la porte d'entrée en criant :

"Je vais ouvrir, Papa !"

Il a passé le reste de l'après-midi à ranger sa chambre et à organiser les livres dans sa bibliothèque, tandis que j'ai passé le mien à faire à manger. Je n'avais vraiment pas prévu de recevoir quelqu'un ce soir et j'étais sensé faire de la soupe, mais j'ai dû revoir mes plans. Hors de question que je serve une simple souple de potiron à Draco Malfoy. Pas que je veuille l'impressionner, loin de là, mais ce n'est pas suffisant quand on a un invité. Peu importe qui est l'invité en question.

Depuis la cuisine, j'entends James accueillir Malfoy et souris quand il lui propose de prendre son manteau. J'ai beau détester cette situation, je trouve ça adorable de voir James comme ça, déterminé à impressionner Malfoy du haut de ses six ans.

"Allez, viens voir ma chambre, c'est là que j'ai mis mes livres."

"James." Je sors enfin de la cuisine pour aller à la rencontre de notre invité. "Laisse-le arriver. Tu ne peux pas l'attirer comme ça dans ta chambre où il va penser que c'était un piège."

"C'est pas un piège, Papa. Qu'est-ce que tu racontes ?"

Le blond éclate de rire. "Ça va, Harry. Je suis venu pour ça après tout, non ? Tiens, j'ai fait une tarte aux pommes."

Je prends le plat qu'il me tend et manque de m'étrangler en l'entendant prononcer mon prénom comme ça, sans une once de haine ou de mépris comme c'était le cas auparavant. J'ignore si j'aime, ou si je déteste, mais ça me fait quelque chose et je déteste ça.

"Okay, montre-lui ta chambre. Mais pas longtemps, on dîne dans vingt minutes."

"D'accord Papa. Merci Papa."

Je le regarde disparaître dans les escaliers et lance un regard désolé à Malfoy. "Crie si tu as besoin que je vienne te sauver."

"Ça devrait aller, mais merci."

Ce répit me permet de terminer le dîner et de mettre la table, puis je monte pour les rejoindre dans la chambre de James.

"Et là, c'est mon deuxième préféré. Celui avec le gentil troll qui a besoin de lunettes."

"Est-ce que tu veux que je le signe, lui aussi ?"

"Oui ! Trop génial !"

Un coup d'œil sur le lit de James me permet de voir qu'il a déjà fait signer la moitié de sa bibliothèque à Malfoy. Et même après ça, il est toujours aussi souriant. Je m'approche et sors un livre du petit tas, puis manque de m'étrangler de rire.

"James, celui-ci n'est pas de Dra- de Mr Black. C'est tante Luna qui te l'a offert l'an dernier, elle l'a acheté en France."

"Je sais, Papa. Mais je l'aime beaucoup aussi et Mr Black veut bien signer tous mes livres préférés."

"Tous tes livres préférés de lui, pas d'un autre auteur."

"C'est pas grave, Papa." Râle-t-il en remettant le livre sur la pile.

Je lève les yeux au ciel et Malfoy hausse les épaules, apparemment pas du tout perturbé.

"Si tu savais le nombre de fois où j'ai signé des livres écris par quelqu'un d'autre. Si ça peut rendre un enfant heureux, je signerais une boîte de céréales."

James a à peine le temps d'ouvrir la bouche, je lève la main vers lui. "N'y pense même pas, jeune homme ! Allez, il a été super gentil en te signant tous ces livres, mais ça suffit. C'est l'heure de manger. Va te laver les mains et descends."

James sort de la chambre en traînant des pieds et Draco et moi le suivons.

"Moi aussi, je dois me laver les mains ?" Me demande-t-il en se retournant, hilare.

"Ça dépend où tu as traîné avant de venir."

Le rouge envahi mes joues instantanément. Je ne sais même pas pourquoi j'ai dit ça. En tout cas, ça a le mérite de le faire éclater de rire et, comme à la librairie, je le trouve magnifique. À Poudlard, il était toujours si sérieux, si snob, tandis qu'aujourd'hui, il sourit constamment et il a l'air... libre, heureux. Cette constatation ne m'aide pas vraiment. Au contraire, elle me perturbe au plus haut point, parce que s'il était facile pour moi de détester Malfoy à cause de son attitude quand nous étions à Poudlard, c'est tout le contraire aujourd'hui. Pour la première fois depuis huit ans, des sentiments et sensations que j'ai enfouis très profondément refont surface et j'ai bien peur de ne pas pouvoir les réprimer, cette fois-ci.

"Désolé de m'être invité comme ça. J'avoue que ça m'a intrigué de te voir à la librairie avec ton fils et que j'ai eu envie d'en voir plus. Harry Potter papa, c'est quelque chose."

Je hausse les épaules en entrant dans la salle à manger. "Pour moi, c'est la vie de tous les jours. Et puis tu ne t'es pas invité, James l'a fait. Ce petit monstre pourrait obtenir n'importe quoi de moi."

"Les enfants sont notre faiblesse."

"Est-ce que tu en as ?"

Après la guerre, je ne me suis pas vraiment intéressé à la vie de Malfoy et à part deux ou trois fois en coup de vent chez Andromeda et Teddy, je ne l'ai pas revu depuis non plus. Mais j'ai toujours supposé qu'il s'était marié avec une autre Sang-Pur et avait au moins un héritier, maintenant.

"Non. Je ne suis pas marié non plus."

"Ah bon ? J'avais entendu dire que tu étais déjà fiancé, à Poudlard. C'était en sixième année, je crois."

"Oui, avec Astoria Greengrass. Mais j'ai mis fin à nos fiançailles après la guerre. Je ne me voyais pas l'épouser et continuer à mentir comme ça."

"Mentir ? À propos de quoi ?"

"Je suis gay. Donc si je l'avais épousée, nous aurions tous les deux été malheureux."

"Oh." J'ai du mal à intégrer ses paroles. Malfoy est gay ? Il l'était depuis toutes ces années ? "Et... tu le sais depuis quand ?"

Il hausse les épaules. "Depuis toujours, ou presque. J'ai juste mis du temps à l'annoncer à mes parents, mais quand ils ont commencé à parler du mariage après la fin de la guerre, je n'ai pas pu continuer."

"Comment ont-ils réagi ?" Mal, probablement. Connaissant Lucius Malfoy, il ne doit pas être ravi d'avoir un fils gay et, surtout, de ne pas avoir d'héritier. Pourtant, il me surprend avec sa réponse.

"Étonnamment bien. Mon père a eu plus de mal, mais il a compris. Ma mère m'a juste pris dans ses bras et m'a dit qu'elle m'aimait. J'imagine qu'après avoir survécu à la guerre, ils ne voulaient pas risquer de me perdre."

"C'est bon, Papa ! Mes mains sont propres et je me suis lavé les dents !"

"Les dents, c'est après manger, James." Décidemment, il veut vraiment impressionner Malfoy.

"C'est pas grave, comme ça c'est déjà fait."

"Ce n'est pas comme ça que ça marche, mon cœur. Allez, assieds-toi. Toi aussi, Mal- Black ?"

"Draco, ça ira."

"O-okay, Draco."

"Draco, c'est ton prénom, Mr Black ?"

"Oui."

"Comme le cousin de Teddy ?"

"C'est le cousin de Teddy, James."

Ses yeux deviennent deux immenses soucoupes "C'est vrai ? Teddy le sait que Mr Black- je veux dire Draco, est son cousin ?"

Draco et moi éclatons de rire.

"Bien sûr qu'il le sait, James. Allez, à table. Je n'ai pas fait compliqué, Draco. Tu aimes le curry ? Je ne le fais pas trop épicé pour James."

"J'aime tout, ne t'en fait pas."

Je sers du curry de dinde à Malfoy puis prépare l'assiette de James avec de la viande, du riz et des légumes sautés.

"Un peu moins, Papa."

"Il y a juste ce qu'il faut. Tu dois manger plus de légumes. Rappelle-toi ce que Maman a dit."

"Okay." Marmonne-t-il avant de commencer à trier le contenu de son assiette.

Je soupire, prêt à un nouveau bras de fer avec mon fils. Chaque repas est compliqué avec lui. Un jour il ne veut pas manger ses légumes, le lendemain c'est la viande qui ne lui plaît pas. On a eu beau l'habituer tout petit à divers aliments, il est de plus en plus difficile.

"C'est délicieux, Harry." Me dit le blond et je ne peux m'empêcher de sourire. J'aime cuisiner et j'aime encore plus qu'on apprécie mes talents de cuisinier.

Ce compliment a un autre bénéfice car James, voyant Malfoy manger avec appétit sa viande et ses légumes, se met à avaler lui aussi le contenu de son assiette. Si j'avais su que la clé pour le faire manger était d'inviter son idole à dîner... Ginny ne va pas en revenir.

Nous mangeons en discutant tranquillement, ou plutôt, James assaille Malfoy de questions sur ses livres et sa vie d'écrivain. Où est-ce qu'il écrit, qu'est-ce que Loulou va faire pour ses prochaines aventures, est-ce que l'ogre Mangetout reviendra... Je ne peux qu'écouter et rire à chaque exclamation et nouvelle question de mon fils. Je n'ai clairement pas fini de lui lire ces histoires le soir.

Au moment du coucher, c'est tout naturellement que Draco propose à James de lui lire un de ses livres, non sans m'avoir consulté avant. Le petit garçon saute presque au plafond et court se réfugier sous ses draps, son ours en peluche bien serré contre le lui, prêt à réaliser l'un de ses rêves. Je dois bien avouer qu'entendre Draco Malfoy lire une histoire à mon fils a quelque chose de particulier. Sa voix douce et posée me donnerait presque envie de dormir et elle fait des merveilles sur James qui s'endors avant la dernière page. Malfoy se lève alors sans bruit, pose le livre sur la table de nuit et quitte la chambre, me laissant le champ libre. J'en profite pour border mon fils, lui embrasser le front et je lui murmure que je l'aime avant d'éteindre la lumière.

"Papa ?" Sa petite voix m'appelle de sous les draps, je m'accroupi devant lui.

"Oui, mon cœur ?"

"Est-ce que Draco sera encore là demain quand je me réveillerais ?"

"Non, Jamie. Draco va rentrer chez lui pour dormir."

"Mais il reviendra, hein ?"

"On verra, mon cœur. Dors bien."

"Toi aussi, Papa. Je t'aime."

"Je t'aime aussi."

Quand je redescends, Draco est en train de débarrasser la table.

"Tu n'as pas besoin de faire ça, je m'en occuperais tout à l'heure."

"Ça ne me dérange pas."

"Tu veux un café avant de partir ? Je reprendrais bien une part de tarte, elle est délicieuse."

"Okay."

Je nous sers du café pendant que Draco découpe deux parts et les dispose sur des assiettes, puis nous migrons vers le salon.

"Désolé, James est un peu... encombrant parfois."

"Il est adorable."

"Ça aussi. J'espère que tu n'as rien annulé pour venir ici."

"Je te l'ai dit, je n'avais pas de projets ce soir. Et puis je ne regrette pas d'être venu, c'était délicieux."

"Merci. Il y avait beaucoup de monde à la librairie."

"Et encore, on a dû limiter le nombre de personnes pour la lecture, mais d'autres ont attendu dehors pour venir à la dédicace."

"Ce nouveau tome est un succès, on dirait. Comme tous les autres, d'ailleurs."

"Oui. J'avoue que j'ai toujours du mal à comprendre."

"Quoi ? Pourquoi les gens aiment tes livres ?"

"C'est ça. À la base, j'écrivais pour Teddy. Et puis des amis m'ont conseillé de les publier et ça a tout de suite marché."

"Je ne sais pas pour les autres, mais je peux te dire que dans mon cas, tes livres m'ont sauvé la vie à de nombreuses reprises."

Le blond pouffe, sa tasse à quelques centimètres de ses lèvres. "Ah oui ?"

"James est une vraie pile électrique parfois et il avait du mal à se poser le soir et finissait par s'endormir beaucoup trop tard. Mais quand on a commencé à lui lire tes histoires, il était tellement absorbé qu'il s'est calmé. Ensuite, il attendait son histoire du soir avec une telle impatience, que le coucher est devenu un vrai bonheur."

"Tout ça grâce à moi ? J'en suis flatté."

"Ne prends pas trop la grosse tête. C'est surtout grâce à Ginny qui a vu un de tes livres dans une librairie et l'a acheté."

"Comment James a-t-il pris votre divorce ?"

"Plutôt bien, mais il était petit. L'important pour lui, c'est de pouvoir voir ses deux parents autant l'un que l'autre et Ginny et moi... disons qu'on s'entend encore mieux maintenant que pendant notre mariage, alors ça rend tout plus simple."

"Vraiment ? Vous ne vous compreniez pas, peut-être ?"

"Si, on se comprenait peut-être un peu trop, en fait."

J'hésite avant de continuer. Je n'ai pas forcément envie d'aller sur ce terrain, pas ce soir, pas devant Malfoy et, surtout pas alors qu'il vient de m'annoncer être gay. Je pourrais, ça ferait écho à son aveu, mais je ne sais pas, j'aurais juste l'impression de faire mon opportuniste. Lui dire que je suis gay alors qu'il vient de me dire que lui aussi ? Bizarre, non ? Si on ajoute à cela le fait que je fantasme sur lui depuis nos premières années à Poudlard, ça devient franchement flippant. Je n'ai aucune envie qu'il pense que je dis ça uniquement pour le mettre dans mon lit. Parce que ce n'est pas le cas. Certes, je flashais sur lui quand on était à l'école, mais ça ne veut pas dire que c'est toujours le cas. Et le trouver magnifique maintenant qu'il est devant moi n'a absolument rien à voir. Si ? Non !

Et puis si je lui dis ça, je devrais lui avouer pourquoi j'ai toujours prétendu le détester toutes ces années, pourquoi j'ai pensé qu'il serait plus simple d'être son ennemi plutôt qu'avouer mon attirance pour lui. J'étais déjà Harry Potter, l'Élu, je n'allais pas en plus être gay, si ? Alors le gosse de treize ans que j'étais a juste cherché à se protéger en continuant à se battre avec lui. C'était plus facile, ça me permettait de me mentir à moi-même et, ainsi, de mentir à tout le monde.

Depuis, j'ai fait mon coming-out à mes amis les plus proches et, surtout, à ma femme. Elle a compris, elle s'en doutait. On s'est séparé quand James a eu deux ans et, depuis, nous sommes encore plus amis qu'avant. Je pensais vraiment avoir enterré ces sentiments pour Malfoy, mais ce n'était visiblement pas assez profond si on en croit les palpitations de mon cœur tandis qu'il me regarde en souriant. Je me souviens à quel point ça a été dur pour moi de refouler tout ça à l'époque et, honnêtement, je ne suis pas sûr de pouvoir le refaire aujourd'hui. Surtout maintenant que je sais qu'il est gay, lui aussi.

"Disons qu'on a mieux réussi notre divorce que notre mariage." Je parviens à dire au bout d'un moment.

Draco hoche la tête sans rien ajouter. Il n'insistera pas, je le sais.

"Il y a certaines personnes pour qui ce n'était pas sensé arrivé, c'est tout. Et d'autres pour qui c'est le contraire. J'aime penser que si on est destiné à aimer quelqu'un, on trouvera cette personne quoi qu'il arrive."

"Le destin... j'ai toujours eu du mal à y croire. Mon destin était de mourir la même nuit que mes parents, puis cette nuit-là dans la forêt. Mon destin n'était pas de vivre, d'aimer, de fonder une famille…"

Il hausse les épaules. "Peut-être que si. Peut-être que, justement, tu étais sensé survivre à tout ça. Peut-être que tu étais sensé avoir James. Même cet instant, toi et moi, c'était peut-être destiné, qui sait ?"

"Qui sait..." Je répète, sans le quitter des yeux. Destiné à survivre ? Destiné à avoir un fils fan des livres de Malfoy ? Destiné à le recroiser et à avoir cette conversation ? Je ne sais pas vraiment si ça me fait me sentir mieux, ou pire. "Et toi ? Est-ce que tu as fini par trouver celui à qui tu es destiné ?"

"Non, je n'ai pas encore eu cette chance. Mais je ne m'inquiète pas, ça viendra en temps et en heure. Pour toi aussi, ne t'en fait pas."

"Je ne m'inquiète pas. Ma priorité, c'est Jamie. L'amour c'est... secondaire."

"L'amour ne devrait jamais être secondaire. Tu dois être heureux pour montrer à James que c'est ok de l'être et surtout que lui ne t'empêche pas de l'être."

"Ce n'est pas le cas !"

"Je sais. Mais dans quelques années il te demandera pourquoi tu n'es avec personne et si tu lui dis que tu as mis l'amour de côté parce qu'il est ta priorité, que va-t-il en déduire, à ton avis ?"

"Qu'il m'a empêché d'être heureux." Je soupire. Bon sang, je n'avais pas pensé à ça sous cet angle. "C'est juste que... c'est compliqué de rencontrer quelqu'un."

"Parce que tu es Harry Potter ?"

"Oui. Même après tout ce temps, je ne sais jamais si la personne s'intéresse à moi pour moi ou pour qui je suis. C'est frustrant. Et puis il y a la presse."

Je ne peux pas lui dire que ce qui m'embête réellement, c'est qu'ils me voient avec un autre homme et l'annoncent dans les journaux avant que je ne sois réellement prêt. Parce que faire mon coming-out auprès de mes amis, c'est une chose, mais le dire au public, ç'en est une autre. Ça devrait être ma vie privée et, pourtant, ils n'hésiteront pas à l'étaler dans la presse.

"Ils sont toujours aussi pénibles avec toi ? Je me rappelle qu'au moment de votre divorce, ils sortaient un article par jour. Et les photos..."

"Je sais. Je n'ai rien dit au début, jusqu'à ce qu'ils publient une photo de James. Ça m'a rendu dingue. Ginny et moi, on est adultes, on fait nos propres choix et on les assume. Mais Jamie... il n'a pas choisi tout ça, il ne mérite pas de voir sa photo en première page de ces torchons. Je veux le préserver de tout ça, pour que quand il sera grand, il puisse lui aussi faire ses propres choix et avoir une vie normale, loin de tout ce cirque. J'exagère probablement."

"C'est une réaction plutôt saine, au contraire. Tu es un bon père, Harry. N'en doute jamais."

Je l'observe un moment avant de sourire. "Tu te rends compte que c'est la première fois depuis qu'on se connaît qu'on a ce genre de conversation ? Franche, polie... agréable."

"Je dois avouer qu'il est plutôt facile de parler avec toi. Je me demande pourquoi on n'a pas été capables de le faire, avant ?"

"Parce qu'on était ennemis ?"

"Je sais, mais pourquoi ? On aurait pu... pas être amis, mais... ne pas s'entretuer ?"

"On était cons. Jeunes et cons. On était des crétins les premières années et ensuite..." Je souffle, baisse le nez sur ma tasse presque vide. "Ensuite tout s'est compliqué. Autour de nous, en nous. J'ai dû me débattre avec tellement de choses ; entre Voldemort et mes sentiments, je ne sais pas ce qui a été le pire. Je ressentais toutes ces choses que je ne comprenais pas et je refusais d'être différent. Encore plus différent, je veux dire. C'est pour ça que j'ai demandé à Ginny de m'épouser juste après la guerre, même si je savais d'avance que je ne pourrais pas la rendre heureuse. Je le voulais tellement, pourtant. Je voulais tellement être normal, avoir une vie normale, une femme, des enfants... je ne voulais pas désirer un autre homme et surtout pas celui que j'étais sensé détester. Celui contre qui j'ai passé des années à me battre pour ne pas qu'on devine ce que je ressentais vraiment." Je me rends à peine compte de ce que je dis mais une chose est sûre, je n'ai plus envie de me taire. Ça fait bien trop longtemps que j'aurais dû avouer tout ça. "Ensuite, on a eu Jamie très rapidement et j'ai cru que ça m'apaiserait, que ça me suffirait... mais non. Je crois que c'est lui qui m'a donné le courage de tout avouer à Ginny. Elle s'en doutait et elle a été géniale, elle m'a aidé à y voir plus clair et... à m'accepter. On a divorcé, mais tout ça nous a rapproché."

Je n'ose pas le regarder en face, de peur d'y voir... quoi ? De la colère ? De la joie ? Même moi j'ignore ce qui me ferait le plus peur.

"Celui que tu étais sensé détester ? Est-ce que c'est... moi ? Tu... tu avais des sentiments pour moi ? Toutes ces années ?" Me demande-t-il au bout d'un long silence et alors seulement, je lève les yeux vers lui. Il n'a pas l'air d'être en colère, ni même heureux. Juste surpris. Comme je ne réponds rien, il s'agite nerveusement sur le canapé. "Alors tu es gay, toi aussi ? Pourquoi ne pas me l'avoir dit tout à l'heure ?"

"J'avais peur que tu penses que j'essayais de profiter de la situation ou quelque chose du genre."

"C'est complètement con."

Sa remarque me fait rire. "Je sais. Tu as toujours été le plus intelligent de nous deux."

"Je ne te laisserais jamais oublier que tu as dit ça. Et..." Son hésitation, sa nervosité sont palpables. Tous mes sens sont en alerte. "Et ces sentiments ? Que sont-ils devenus, aujourd'hui ?"

"Je pensais qu'ils avaient disparus. Depuis toutes ces années, j'ai arrêté de penser à toi de cette façon parce que tu n'étais plus sous mon nez constamment comme à Poudlard. Je pensais que c'était terminé. Et puis je t'ai vu cet après-midi à la librairie. Tu étais..." Magnifique est sur le bout de mes lèvres, mais je ne peux me résoudre à le dire. J'ai encore un ou deux neurones qui fonctionnent. "Tout m'est revenu avec autant de force qu'avant et j'ai compris que... je n'arriverais probablement jamais à te faire sortir de ma tête. Tes putains d'yeux et toi, vous y êtes marqués au fer rouge, on dirait. Je pourrais continuer comme à Poudlard, mais je n'ai juste plus la force de te détester. J'en ai marre de mentir."

"Tu sais ce qui est drôle ?" Me demande-t-il au bout d'un moment. "C'est que pendant toutes ces années, j'étais tellement persuadé que tu me détestais réellement, que j'ai fait la même chose juste par principe. La vérité c'est que je rêvais que tu me souris. Que tu me parles comme tu le faisais avec tes amis, je rêvais d'être à tes côtés, de te faire rire... je rêvais de toi, littéralement. Mais j'ai tout gardé pour moi parce que tu me détestais et que j'étais dans le placard, destiné à me marier avec une femme à la fin de nos études. Puis il y a eu la guerre et, non seulement tu me détestais, mais on était dans deux camps opposés. On s'est fait du mal, puis on s'est sauvés mutuellement et je me suis persuadé que c'est tout ce que j'aurais de toi. Bizarrement, c'est justement ce qui m'a poussé à tout avouer à mes parents. Je ne pouvais pas t'avoir, mais ça ne voulait pas dire que je devais m'enfermer dans une relation dont je ne voulais pas. Pour les mêmes raisons, j'ai fait exactement l'inverse de toi, en fait. Et te revoir aujourd'hui... ça m'a rappelé à quel point je te voulais."

"On est vraiment des crétins, je crois." Je murmure, une fois qu'il s'est tu.

Draco se contente de sourire, se penche vers la table basse pour y déposer sa tasse vide, puis il se lève. Je le regarde s'approcher sans comprendre. Est-ce qu'il va me frapper ? Juste quitter la maison sans rien dire ? Bien entendu, il ne fait rien de tout ça. Au contraire, il me retire ma tasse des mains pour la poser elle aussi, avant de s'asseoir à califourchon sur mes genoux, ses bras autour de mes épaules. Instinctivement, mes mains se posent sur ses hanches, comme pour le tenir plus près de moi et l'empêcher de partir une fois qu'il aura réalisé ce qu'il fait.

"La question est : est-ce qu'on va continuer à être des crétins ? Ou est-ce qu'on va se comporter en adultes, pour une fois ?"

Je n'ai pas besoin de répondre à cette question. J'ai envie d'être très, très adulte, ce soir. Alors j'approche mon visage un peu plus du sien, glisse une main dans son dos jusqu'à sa nuque et l'embrasse. Immédiatement, une bouffée de bonheur m'envahi, rapidement rejointe par un désir brûlant, dévorant. C'est comme si le contact de ses lèvres avait réveillé quelque chose en moi, ce que je ressentais pour lui et que j'ai enfoui pendant toutes ces années. Plus nous nous embrassons, plus je sens le désir affluer dans mon entrejambe. Si on continue...

"Draco." Je souffle contre ses lèvres, pantelant. "On ne devrait pas..."

"On devrait. Si tu en as envie." Ajoute-t-il précipitamment, comme s'il réalisait que ce n'est peut-être pas ce que je veux. Alors je m'empresse de le rassurer.

"J'en ai envie. Très envie. Mais... toi ?"

"Moi aussi, j'en ai envie." Dit-il en écrasant son entrejambe contre le mien, me permettant de sentir son érection naissante. Effectivement, ça ne fait aucun doute. "Ça fait des années que j'ai envie de toi, Potter."

"Alors reste. Reste pour la nuit."

Une lueur d'inquiétude voile son regard. "Tu ne vas pas le regretter demain matin, n'est-ce pas ?"

"Non. Et toi ?"

"Aucune chance."

"Parfait." D'un mouvement, je me lève en l'entraînant avec moi. "Ma chambre est à l'étage. Sauf si tu veux une autre part de tarte ?"

"On la mangera demain. Je te suis."

Une fois à l'abri dans l'intimité de ma chambre, il réclame mes lèvres de nouveau et je le dévore, impatient de découvrir chaque millimètre carré de son corps avec la plus grande attention. Je rêve de le posséder depuis si longtemps qu'il est hors de question de bâcler ça en quelques minutes. Si ça doit être la seule et unique fois avec lui, autant la rendre mémorable pour nous deux.

Pendant une bonne partie de la nuit nous ne parlons presque pas, nous nous contentons de ressentir. Ses mains sur mon corps, sa peau sous mes doigts, ses lèvres dans mon cou, sa langue contre la mienne. Et sa chaleur intime, si douce autour de moi, le plaisir qui monte et explose en milliers de particules, les grognements et les plaintes, les gémissements et le bruit de nos peaux claquant l'une contre l'autre... toutes ces choses s'assemblent pour former un moment hors du temps, un moment que j'aimerais infini mais qui se termine finalement en apothéose, dans un mélange de cris et de mots incompréhensibles.

Quand lui et moi finissons de jouir, il nous faut un long moment pour redescendre sur Terre et un encore plus long pour bouger. Finalement, je me retire de son corps et m'allonge à ses côtés, lui faisant face.

"Merci." Je murmure quand il tourne son visage si parfait vers moi. "C'était génial."

Ses yeux fatigués me regardent, sourient et il se penche pour m'embrasser à nouveau. "Je devrais peut-être partir." Finit-il par dire et cette idée me révolte.

"Reste."

"James..."

"James comprendra. C'est toi qui m'as dit que je ne pouvais pas m'empêcher d'être heureux pour lui. Reste."

Il hésite, puis hoche la tête lentement. "D'accord."

"Est-ce que ça va ? Si tu veux vraiment rentrer..."

"Non, j'ai envie de rester. Et oui, ça va. J'ai juste du mal à réaliser ce qui vient de se passer. J'ai rêvé de ce moment tellement de fois que ça me paraît irréel de le vivre."

"Je sais, je ressens la même chose. J'ai peur que tout ça ne soit qu'un nouveau rêve et que je me réveille seul demain matin. Comme d'habitude."

"Je serais là, c'est promis."

Le soulagement retire un tel poids de ma poitrine que j'ai l'impression de respirer normalement pour la première fois depuis longtemps.

"Est-ce que... c'est la seule fois où... toi et moi ?"

Draco fait courir des doigts légers sur mon torse. "Est-ce que tu as envie que ça se reproduise ?"

"Toi ?"

"J'ai posé la question en premier."

Son regard déterminé me fait rire. "Oui, j'en ai envie. Si tu le veux aussi, j'aimerais qu'on se revoie. Pas seulement pour le sexe, même si c'était génial, mais aussi pour discuter, passer du temps ensemble..."

"Est-ce que tu me demandes de sortir avec toi, Potter ?"

"Et si c'était le cas, tu dirais quoi ?"

"Je dirais oui. J'aimerais bien essayer, même si une part de moi est persuadée que je ne peux pas être assez chanceux pour devenir le petit-ami de Harry Potter. J'ai l'impression d'être en plein délire."

"On peut peut-être délirer ensemble, alors. Je ne sais pas si ça va fonctionner, toi et moi, mais j'ai envie d'essayer. Je m'en voudrais si on ne tente pas le coup."

"Pareil. Mais... qu'est-ce qu'on va dire à James ? Il va bien voir que je suis encore là, demain matin."

"Il a six ans, il sera juste ravi de te revoir. Ensuite... on verra où ça nous mène, j'imagine. Si ça devient sérieux, ce que j'espère, je lui parlerais. Mais il t'adore déjà, donc ça ne devrait pas trop le chambouler."

"Et les autres ? Tes amis, ton ex ?"

"Même chose, on peut attendre un peu pour leur en parler. Ils veulent juste que je sois heureux et ils se fichent d'avec qui je suis."

"Même moi ?"

"Même toi." Je fais glisser ma main sur sa hanche et dans son dos pour l'attirer vers moi, le faisant gémir quand mon début d'érection rencontre son entrejambe. "Est-ce que tu es très fatigué ?" Je souffle sur ses lèvres.

"Oui. Mais pas suffisamment pour ne pas remettre ça."

"Cool."

Son rire disparaît dans nos baisers tandis que je m'allonge entre ses jambes et que je réclame son corps une nouvelle fois, puis nous sombrons dans le sommeil, son corps bien en sécurité dans mes bras.

.

.

"Papa ! Je suis réveillé !"

Je grogne sans ouvrir les yeux. J'ignore l'heure qu'il est, mais il est bien trop tôt pour être réveillé par ma tornade de fils.

"Papa ! Ta porte est fermée ! Pourquoi ? Tu es là ? Papa !?"

Ses cris font lentement leur chemin dans mon cerveau. Porte fermée ? Ah oui, ça explique pourquoi je sens un corps chaud dans mes bras.

"Papa !" Hurle James, toujours dans le couloir.

"Merlin... ton fils a du coffre."

Je pouffe et frotte mon nez dans le cou de Draco avant d'ouvrir les yeux et de les plonger dans le regard gris devant moi.

"Je blâme sa mère pour ça."

"Papa..." Cette fois-ci, ce ne sont plus des cris mais des sanglots.

James vient toujours me réveiller dans mon lit le matin. Toujours. Alors trouver ma porte fermée et ne pas avoir de réponse à ses appels... bien sûr qu'il ne comprend pas.

"Je reviens."

Draco hoche la tête et s'étire tandis que je me lève pour enfiler un pantalon et aller ouvrir la porte. J'évite de l'ouvrir en grand pour que James ne voit pas Draco tout de suite. Dans son excitation, il sauterait sur le lit et après tout ce qu'on y a fait une grande partie de la nuit, il ne vaut mieux pas. En plus, le blond est toujours nu sous les draps.

"Je suis là Jamie. Tout va bien mon cœur."

"Pourquoi tu répondais pas, Papa ? Et la porte..."

"Je sais, désolé. Mais je suis là maintenant, okay ?" Je m'agenouille et le prends dans mes bras pour le couvrir de bisous comme tous les matins, ce qui le fait éclater de rire. "Tu as bien dormi, mon ange ?"

"Oui Papa. J'ai rêvé que Draco me racontait plein d'histoires et que je volais sur un Hippogriffe. Est-ce que je pourrais voler sur un Hippogriffe moi aussi quand je serais à Poudlard ?"

"On en a déjà parlé, James. À Poudlard, tu feras exactement ce que les professeurs te disent de faire. Ni plus, ni moins."

"Okay, Papa."

Juste à cet instant, Draco éternue dans la chambre et je me fige. Et merde.

"Papa ? Il y a qui dans ta chambre ?"

"Hum... personne ?" Quoi ? Ça ne coûte rien d'essayer, si ?

"Personne a éternué, alors ?"

"Écoute, et si tu allais te débarbouiller rapidement avant qu'on aille prendre le petit-déjeuner ? Et Nounours reste dans ton lit, tu le sais."

"Okay..." Râle-t-il avant de faire demi-tour en traînant des pieds.

J'en profite pour retourner dans ma chambre et pousse la porte derrière moi.

"Désolé. Ce sont mes allergies, je n'ai pas pris mon traitement hier soir."

Draco arbore une mine déconfite que je m'empresse d'embrasser. "Ce n'est rien. On devrait s'habiller avant qu'il ne revienne."

Mais au lieu de ça, je l'embrasse de nouveau et il m'attire sur lui en gloussant. Merlin, ce son est délicieux.

"S'il n'y avait pas ce petit machin, je te retournerais sur le matelas et-"

"Mr Draco ? Papa ! Mr Draco est là ! Il a dormi ici ? Pourquoi est-ce que tu l'embrasses ?"

Re merde.

.

.

"Papa ? Pourquoi est-ce que Mr Black a dormi dans ton lit ? Il n'a pas de chez lui ? Tu m'as dit qu'il ne serait plus là ce matin."

"Trop de questions à la fois, Jamie. Et vide ta bouche avant de parler, tu veux ?"

Je sais, j'essaie juste de gagner du temps et c'est malhonnête de ma part, mais je n'y peux rien. J'avoue ne pas vraiment savoir comment présenter les choses à James. Est-ce que je dois lui dire que Draco et moi sortons ensemble alors qu'aujourd'hui est techniquement le tout premier jour de notre relation ? Même si j'ai très envie que ça dure, ça me paraît un peu prématuré.

"Hum... Draco était dans mon lit parce que... il était tard hier soir, alors..."

"Il n'y avait plus de taxis pour que je rentre chez moi. Ton Papa a bien voulu que je reste dormir."

Je remercie silencieusement Draco pour son aide et il me sourit, le nez dans sa tasse de thé.

"Mais pourquoi il a pas dormi dans la chambre d'amis ? Le lit est pas bien ?"

"C'est ça, le mien est plus confortable."

"Le mien aussi il est confortable. La prochaine fois, tu pourras dormir avec moi, Mr Black."

Je lève les yeux au ciel sans pouvoir m'empêcher de sourire. Ce gosse m'épuise.

"On verra ça, Jamie. Allez, mange tes céréales, on doit se préparer pour aller au Terrier."

"Est-ce que Draco peut venir avec nous, Papa ? C'est l'anniversaire de ma mamie Molly, tu sais ? Je pourrais te présenter à tous mes cousins."

"Hum..."

Je n'avais pas pensé à ça. Qu'est-ce que je suis sensé dire ? On a décidé de sortir ensemble, mais de prendre notre temps avant de l'annoncer alors c'est logique qu'il ne vienne pas, pas vrai ? Même si j'en ai terriblement envie. Là encore, c'est Draco qui me sauve.

"C'est gentil James, mais je ne peux pas venir. J'ai déjà quelque chose de prévu."

"Oh, dommage. Tu reviens quand à la maison ?"

"On verra, James. Arrête d'embêter Draco et mange, s'il te plaît."

À la fin du petit-déjeuner, je laisse ma salle de bain à Draco pendant que je prépare James, puis je le laisse jouer dans sa chambre pour filer sous la douche. En chemin, je ne peux m'empêcher de réclamer un baiser du blond, qu'il me donne de bon cœur.

"Désolé pour tout à l'heure, j'espérais éviter un interrogatoire."

"Ça va, ne t'en fais pas."

"Tu as vraiment quelque chose de prévu ? Sinon tu peux venir, je-"

"Je déjeune avec Mère et tante Andromeda, ce midi. Teddy sera là aussi."

"Ah, super. Salue-les de ma part."

"Vraiment ? Tu connais Andy, et ma mère est pire. Elles voudront savoir où, quand, comment et pourquoi on se fréquente. Ce sera pire que l'inquisition."

"Je vois. Ne les salue pas, alors. Merde, James va forcément dire à tout le monde que tu as dormi ici."

"Probablement."

"Je n'arrive pas à décider si c'est une bonne ou une mauvaise chose."

"Une bonne ? Juste... un peu tôt ?"

"C'est ça. Je trouverais quelque chose. Il faut que j'aille me doucher."

"Est-ce que je peux aller voir James ?"

"Oui, bien sûr. Hey..." Je l'attire à moi et l'embrasse profondément, le laissant pantelant. "Merci pour hier soir. Et pour ce matin." Dis-je contre ses lèvres avant de disparaître dans la salle de bain.

Une fois douché et habillé, il est temps de se séparer. Ça a beau faire quelques heures seulement, j'ai l'impression d'être avec Draco depuis bien plus longtemps et le quitter me serre la poitrine. Après un câlin à James à qui j'ordonne d'aller mettre ses chaussures, Draco se tourne vers moi avec un air nerveux sur le visage.

"Bon..."

"Hum, est-ce qu'on peut se revoir bientôt ? Je laisse James à Ginny ce soir pour toute la semaine donc, si tu veux passer..." Merlin, j'ai l'impression d'avoir à nouveau quatorze ans et d'inviter Cho Chang au bal. Vu le peu de succès à l'époque, j'espère m'être amélioré.

"Je pars en tournée toute la semaine, donc... tu récupères James quand ?"

"Dimanche prochain."

"Je serais à Édimbourg vendredi pour une séance de dédicace, mon éditrice m'a réservé un hôtel pas très loin du château. Je peux lui demander de prolonger d'une nuit et tu pourrais me rejoindre... ?"

Je reste interdit. Un week-end ensemble en Écosse ? Est-ce que c'est trop rapide ? En fait, je m'en fous royalement, j'ai très envie d'y aller.

"Ça me plairait bien, oui. Je termine à quatre heures vendredi soir. Le temps de passer ici récupérer quelques affaires et je pourrais transplaner à Édimbourg."

"Génial, je... je t'enverrais un hibou avec l'adresse."

"Okay. À vendredi, alors ?"

"Ça marche."

Après une seconde d'hésitation, Draco se penche vers moi pour un baiser que je fais durer en lui bloquant les hanches contre les miennes. Si seulement il n'y avait pas James... mais le petit monstre n'est jamais loin et, justement, il débarque dans le salon, tout sourire.

"Je suis prêt, Papa. On peut y aller ? Tu n'as pas mis tes chaussures. Est-ce que vous vous faites des bisous comme les amoureux ?"

"Okay, on va y aller."

"Oui, moi aussi. Bonne journée. À vendredi."

"Il y a quoi vendredi ?"

J'ouvre la porte pour Draco et grogne, ce qui le fait rire, puis je le regarde disparaître dans la rue pendant quelques instants. Une fois nez à nez avec James, mon cerveau tourne à plein régime. Il est clair que mon fils va tout raconter à tout le monde à la minute où on posera le pied au Terrier. Je pourrais inventer une gastro foudroyante pour qu'on reste à la maison, mais Jamie se fait une joie de jouer avec ses cousins et Molly serait déçue de ne pas nous avoir pour son anniversaire. Et je le connais suffisamment pour savoir que même la menace ne le fera pas taire très longtemps. Je ne vais quand même pas oublietter mon fils, si ? Finalement, je m'agenouille devant lui et lui prend la main en souriant.

"Jamie, mon cœur, écoute-moi c'est très important."

"Oui, Papa."

"Tu sais, je crois qu'il ne faut pas qu'on dise à tout le monde que Draco est venu à la maison."

"Ah bon ? Pourquoi ?"

"Parce que... parce que tout le monde sera jaloux, si on leur dit ! Et puis si tout le monde le sait, ils voudront que Draco aille chez eux aussi et ça voudrait dire qu'il ne pourrait plus venir ici. Ce serait dommage, tu ne crois pas ?" Père indigne.

"Je veux que Draco revienne."

"Moi aussi, mon cœur. Alors pour être sûr que ça arrive, on ne doit rien dire. Ce sera notre secret, d'accord ?"

"D'accord, Papa. Notre secret."

"Génial. Je vais mettre mes chaussures et on pourra y aller. Est-ce que tu peux prendre le cadeau pour mamie ? Il est dans le salon."

"Papa ?"

"Oui, mon cœur ?"

"Est-ce que Draco c'est ton amoureux ?"

"Qu'est-ce qui te faire dire ça ?"

"Vous vous faisiez des bisous tout à l'heure. Et maman m'a dit que c'est les amoureux qui se font des bisous sur la bouche."

"C'est... Draco et moi on s'aime beaucoup, mais on n'est pas amoureux. C'est... plus compliqué. Tu veux bien qu'on en parle plus tard, mon cœur ?"

"Okay, Papa."

"Allez, on y va."

.

.

Par miracle, James n'a pas craché le morceau. Enfin... il n'a pas dit que Draco était venu à la maison, ni qu'il avait passé la nuit avec moi. Ce qu'il a dit en revanche, c'est qu'il avait un secret mais qu'il n'avait pas le droit de le raconter. Et que ce secret était trop top mais qu'il ne pouvait pas le dire parce que tout le monde serait jaloux et que le secret ne pourrait plus revenir dormir dans le lit de papa. Bref, j'ai failli m'étrangler et il a rendu tous ses cousins et cousines dingues. Ajoutez à cela les questions et regards curieux des adultes et la journée a été très, très longue.

Comme bien sûr j'ai oublié les affaires de James en partant de la maison, on a dû y repasser avant d'aller chez Ginny pour sa semaine. J'ai bien vu à son regard que mon ex-femme se retenait de me questionner, mais c'était sans compter sur James qui, apparemment, en avait marre de garder son secret. Ça ou il considère qu'il n'a pas de secret pour sa mère ce qui, en soit, est une bonne chose. Pas à cet instant, mais en général. À peine a-t-on atterri dans la cheminée qu'il sautille vers Ginny avec un grand sourire innocent.

"Tu sais pas quoi, Maman ? Papa il a un amoureux."

"Ah oui ? Qui ça ?"

"James..." Je gronde, déjà dépité.

"Mr Black."

"Mr Black ? Qui est Mr Black ?"

"Mais tu sais bien, Maman, Mr Black qui écrit les livres que j'aime. Il s'appelle aussi Draco. Et Papa dit que c'est le cousin de Teddy, mais il est beaucoup plus grand que Teddy et, mes cousins à moi, ils sont pas plus grands que moi."

"Draco, hein ? Eh bien mon cœur, Papa et Maman vont avoir beaucoup de choses à se dire, on dirait."

"Papa ! N'oublie pas de dire à Maman que Draco a dormi dans ton lit, hein ? On a un autre lit dans la maison, mais celui de Papa est plus confortable. La prochaine fois, il peut dormir avec moi ?"

"Jamie, va jouer maintenant avant que Papa s'énerve."

"D'accord Papa. Tu viendras me faire un bisou avant de partir ?"

"Oui, mon grand."

"Alors ? Malfoy ?"

"Je sais. Inutile d'en rajouter."

"J'ai toujours cru que tu ressentais autre chose que de la haine pour lui, à l'époque. J'avais raison, apparemment."

"Je déteste ton fils."

"Tu te tapes son idole, en fait ! C'est très moche, de faire ça."

"Ferme-la."

"Café ?"

"Au point où j'en suis."

"Raconte-moi tout. Je ne savais pas que toi et Malfoy vous vous étiez revus."

"C'est arrivé hier."

"Hier ? Et vous êtes déjà amoureux ?"

Je déteste son petit sourire espiègle. James a le même quand il planifie une bêtise qui va me rendre dingue.

"On n'est pas amoureux ! On a juste... Merlin. J'ai emmené Jamie à Fleury et Bott hier après-midi. Malfoy y faisait une lecture de son dernier livre et des dédicaces ensuite. Tu connais notre fils, il n'a pas pu s'empêcher de raconter sa vie à Malfoy et, pour faire court, il l'a invité à dîner. Bien entendu, Malfoy étant Malfoy, il a accepté."

"Il est venu dîner chez toi hier soir ?"

"Oui, Jamie était dingue. Il lui a fait dédicacer la moitié de sa bibliothèque, même des livres qui ne sont pas de lui." Son éclat de rire se répercute sur les murs, me faisant glousser à mon tour.

"Pauvre Malfoy."

"Il a été génial avec lui. Et patient. Bref, on a dîné, James a été se coucher et on s'est retrouvés à discuter dans le salon. Et de fil en aiguille..."

"Il s'est retrouvé dans ton lit si confortable."

"C'est ça. J'étais attiré par lui à Poudlard. Je ne voulais juste pas me l'avouer et ça me mettait en colère de me sentir différent... encore."

"Je comprends. Et lui ?"

"Pareil. Il ne pensait pas qu'on pourrait être ensemble un jour vu que je le détestais, donc il a agi comme moi."

"Tu parles d'une bande de bras cassés."

"Je sais."

"Est-ce que vous sortez ensemble, ou c'est juste du sexe ?"

"On veut essayer d'être plus. On veut se donner une chance et rattraper le temps perdu à cause de la guerre et de notre idiotie." Je lève les yeux vers elle, perdu. "Je l'aime vraiment bien, Gin. Et au lit... bon sang, je ne devrais même pas te dire ça, tu es mon ex-femme."

"Justement, je suis probablement la personne qui te connais le mieux et... je ne t'ai jamais vu parler de quelqu'un comme ça, Harry. Si tu l'aimes bien, fonce. Tu as raison, vous avez perdu trop de temps."

"Ça ne te déranges pas ?"

"Quoi ? Que tu fréquentes quelqu'un, ou que ce quelqu'un soit Draco Malfoy ?"

"Les deux ?"

"Je t'aime, Harry et tout ce que je veux, c'est que tu sois heureux. Si tu es heureux, Jamie le sera aussi. Et je te connais assez pout savoir que si tu envisages de sortir avec lui, ça veut dire que Malfoy est quelqu'un de bien, qu'il a changé."

"C'est vrai. Il est génial. Et magnifique. Et son corps... Merlin."

"Si tu as une érection dans ma cuisine, Potter, je te castre."

"Désolé. J'ai l'impression d'avoir à nouveau quatorze ans avec lui."

"Vous allez vous revoir cette semaine ?"

"Vendredi soir. Il a une séance de dédicace à Édimbourg et je le rejoins pour le week-end. Ne t'en fais pas, je serais à l'heure pour récupérer James."

"Pas de problème. Juste... sois prudent Harry. Avec James, je veux dire. Je ne voudrais pas qu'il s'attache à Malfoy et que quand... si ça ne fonctionne pas, il en souffre lui aussi."

"Je sais, c'est pour ça qu'on veut y aller doucement et que je ne voulais pas qu'il en parle. Il n'est même pas censé être au courant, il nous a juste vu nous embrasser ce matin et en a déduit qu'on était amoureux puisqu'une certaine personne lui a dit que seuls les amoureux se faisaient des bisous."

"Sur la bouche. Des bisous sur la bouche. C'est juste de l'éducation de base ; tu ne voudrais pas que notre fils embrasse toutes les personnes qu'il croise, si ?"

"Je sais, je déconne."

"Et donc, Édimbourg ?"

.

.

Il est près de vingt-et-une heure quand je rentre enfin chez moi. Ginny m'a cuisiné bien comme il faut avec tout le talent dont elle est capable. Ce qui signifie qu'elle sait tout, bien sûr. On pourrait croire que mon ex et moi sommes discrets sur nos vies respectives et que notre divorce a érigé un mur entre nous, mais c'est tout le contraire. J'ai perdu ma femme, mais j'y ai gagné une seconde meilleure amie et comme toutes les meilleures amies, je peux absolument tout lui dire. Elle connaît donc tous les détails de ma soirée et, oui, de ma nuit avec Draco et, franchement, ça m'a fait du bien de lui en parler, d'avoir son point de vue extérieur sur la situation.

Est-ce que je fais une connerie en sortant avec lui ? Est-ce que je m'emballe pour rien ? Elle a raison, je dois être prudent pour protéger James, mais aussi pour me protéger moi. Je n'ai pas été dans une relation sérieuse depuis un moment et... eh bah c'est Malfoy, quoi.

Pourtant une fois de retour dans ma maison vide, je me rends compte d'une chose : j'ai envie de revoir Draco. Et pas sûr de vouloir attendre vendredi pour ça. Je veux le toucher, l'embrasser. Ses lèvres... j'en ai rêvé toute la journée, depuis qu'il a franchi la porte ce matin. Une nuit n'était clairement pas suffisante.

Je grogne de frustration alors que je m'apprête à monter me coucher, mais des coups sur la porte d'entrée m'en empêchent. Je fronce les sourcils. Qui pourrait venir chez moi à cette heure ? Et par la porte ? Je m'avance prudemment, la main posée sur ma baguette dans ma poche, on ne sait jamais, mais quand j'ouvre la porte et tombe nez-à-nez avec Malfoy, je me fige.

"Draco ?"

"Hum, salut. Je ne te dérange pas ?"

"Quoi ? Non, bien sûr que non. Entre." Je m'efface pour le laisser entrer et ferme derrière lui. "Est-ce que tu as oublié quelque chose ce matin ?"

"Non, je... je suis désolé, je n'aurais pas dû venir, mais j'avais envie... je ne voulais pas attendre vendredi et comme je pars demain en tournée, je me suis dit que... qu'on pourrait peut-être se voir ce soir en plus et..."

Je finis par prendre pitié de lui et abrège ses souffrances en l'attirant vers moi pour l'embrasser.

"Tu sais quoi ? J'étais justement en train de me dire que je n'allais pas pouvoir attendre vendredi pour te revoir."

"Les grands esprits se rencontrent."

"On dirait. Est-ce que tu veux un verre ?" C'est l'hôte bien élevé en moi qui demande ça parce que, très franchement, j'ai simplement envie de l'emmener dans ma chambre et non de lui offrir un verre.

"Pas vraiment. J'ai juste envie de t'embrasser."

"Tant mieux."

Je le fais reculer jusqu'à ce qu'il s'appuie sur la porte d'entrée et réclame ses lèvres de nouveau. Merlin, ce qu'elles m'ont manqué. Comment est-ce que quelque chose que je ne connaissais pas il y a vingt-quatre heures peut me manquer à ce point ? Je crois que je suis déjà accro à ses baisers.

Au bout d'un moment, Draco gémis, mais pas de plaisir. "Attends... la poignée me rentre dans le dos."

"Allons là-haut. Enfin... tu veux ?"

"Oui. Okay."

Il me suit à l'étage et, comme hier, je lui saute dessus à peine la porte de ma chambre fermée.

Cette fois-ci, je sais ce qui nous attend, je sais le plaisir que son corps va me procurer. Je le déshabille avec précipitation, le prépare de mon mieux mais sans perdre de temps et quand je m'enfonce enfin en lui, nos deux soupirs de soulagement se mélangent. Enfin, nous sommes de nouveau connectés, enfin je peux sentir chaque centimètre carré de son corps se mouvoir contre le mien, écouter ses plaintes et gémissements, le faire mien entièrement jusqu'à ce qu'il se liquéfie et explose et que je le rejoigne quelques secondes plus tard.

"Harry... encore."

J'obtempère de bon cœur et repars à l'assaut de son corps et de son plaisir, le faisant couiner tandis que je le pénètre encore et encore. Cette fois-ci, c'est moi qui atteins l'orgasme en premier, déversant ma jouissance en lui jusqu'à l'épuisement. Pourtant, je ne m'arrête pas et le conduis jusqu'au bord du précipice d'où il saute dans un long gémissement.

Pantelants, nous restons collés l'un à l'autre sans pouvoir bouger. Je devrais me lever et aller chercher de quoi nous essuyer, ou au moins attraper ma baguette, mais je n'en ai pas la force. Finalement, je marmonne un sort et grimace en sentant ma magie caresser mon corps puis celui de Draco. Sans baguette, le sort est un peu moins puissant, mais ça suffira pour le moment.

"Merci." Murmure Draco en déposant un baiser sur mon torse.

"Tu restes, hein ?"

"Je n'ai pas la force de bouger, de toute façon. Est-ce que tu travailles, demain ?"

"Oui. Je pars à neuf heures."

"Moi aussi."

"Réveil à huit ?"

"Okay."

À sa voix, je devine qu'il dort presque déjà, alors je remonte la couverture sur nous et l'entoure de mes bras, déterminé à le garder le plus près possible toute la nuit. Après ça, je ne le reverrais pas avant vendredi alors autant profiter de son contact tant que je le peux. C'est complètement repu et épuisé que je finis par m'endormir avec la peau chaude de Draco contre la mienne et ses cheveux me chatouillant les narines.

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"Il faudra faire des copies pour tout le service pour la réunion de lundi. Ensuite, pense à envoyer une note au bureau du Ministre pour qu'il soit au courant. Même s'il ne la lit pas, on l'aura au moins envoyée. Voilà, je crois que c'est tout, sauf si tu penses à autre chose."

"Non, on a tout vu Harry. Et il est pile quatre heures, vous allez pouvoir partir en week-end l'esprit tranquille."

Je soupir de soulagement. Un gros dossier m'est tombé dessus ce matin et j'ai bien cru que j'allais devoir annuler mes projets avec Draco pour rester à Londres ce week-end. Mais, avec l'aide de mon assistant, j'ai pu tout régler et me voilà prêt à partir.

"Super, je vais filer alors. S'il y a le moindre problème, envoie-moi un hibou."

"Hors de question. Profite de ton week-end en amoureux."

Je reste interdit quelques secondes et fixe Walter qui me regarde en souriant. "Ce n'est pas... okay, laisse tomber. À lundi !"

"Bon week-end, à lundi !"

Inutile de perdre du temps à tenter de nier. Walter a la fâcheuse tendance d'avoir un train d'avance sur tout le monde, donc je ne réussirais qu'à me mettre en retard et après cinq jours, je n'ai qu'une envie, transplaner et retrouver Draco le plus vite possible.

Me réveiller dans ses bras lundi matin pour la seconde fois de suite a été génial et j'aurais aimé qu'il ne soit ainsi les matins suivants. Nous avons pris une douche ensemble, pris le petit-déjeuner en discutant tranquillement avant de nous quitter avec un baiser. C'était simple, paisible et tout ce à quoi j'ai toujours aspiré. Alors survivre cinq jours sans tout ça, sans pouvoir le voir ou le toucher a été une vraie torture et, tous les soirs, j'espérais le trouver sur le pas de ma porte. En vain.

Donc hors de question de perdre du temps maintenant que je peux aller le retrouver.

Après un crochet chez moi pour récupérer mon sac, je transplane pour Édimbourg, dans la zone de transplane près de laquelle Draco et moi nous sommes donnés rendez-vous. Il n'est pas encore là quand j'arrive, alors j'en profite pour observer les environs et les passants. Édimbourg est une ville magnifique, surtout la vieille ville avec son château perché sur la colline, sa cathédrale et la multitude de petites rues pavées où se perdre.

J'attends un bon quart d'heure avant de voir apparaître à quelques mètres un blond haletant, les joues rouges qui se précipite vers moi.

"Harry ! Désolé, la dédicace a pris plus de temps que prévu et je n'ai pas réussi à m'échapper."

"Tu n'avais pas besoin de courir, j'aurais pu attendre encore un peu. Rien ne presse." En fait si, je suis pressé de pouvoir l'embrasser, mais je n'ose pas. Pas en public comme ça. Imaginer que quelqu'un pourrait nous vous et nous reconnaître me stresse bien plus que je le pensais.

"Je sais, mais... j'avais peur que tu changes d'avis et que tu repartes."

"Aucune chance."

Draco me répond d'un sourire avant de regarder autour de lui. "Est-ce que tu veux aller prendre un café ou te balader ? On peut aussi aller déposer tes affaires à l'hôtel, si tu veux."

"Hum... café ensuite balade ? Je mangerais bien un truc, je n'ai pas déjeuné ce midi."

"Pourquoi ? Trop de travail ?"

Tout en parlant, nous nous mettons à marcher en direction du centre historique où on trouve toutes sortes de cafés et boutiques.

"Ouais, un dossier nous est tombé dessus ce matin et j'ai travaillé non-stop toute la journée. C'était le seul moyen pour terminer à temps et pouvoir venir. Heureusement, on a pu trouver une solution rapidement."

"Tu travailles toujours pour le Ministère ?"

"Oui, au département de la Justice Magique. Je l'ai intégré après la guerre pour venir en aide aux enfants qui ont perdu leurs parents et j'y suis resté. On s'occupe principalement d'affaires familiales, de placement de mineurs dans des foyers ou des familles d'accueil. Je n'aurais jamais pensé qu'il y en avait autant besoin, avant de voir la pile de dossier s'agrandir sur mon bureau."

Nous entrons dans un café non loin de la cathédrale St Giles et passons commande avant de nous installer sur l'une des tables près des fenêtres.

"Je vois pourquoi tu as voulu faire ça. Tu aurais probablement voulu que quelqu'un le fasse pour toi quand tu étais enfant, non ?"

"C'est ça. Dumbledore a décidé de me placer chez ma tante et je comprends ses raisons. La magie du sang tout ça, tout ça. Mais mon enfance a été horrible, ils me détestaient. J'aurais pu être élevé par Remus, ou même par Sirius si le Ministère avait correctement fait son travail. Même une famille d'accueil aurait été mieux pour moi. Alors je ne veux pas que ça arrive à d'autres. Le nombre d'orphelins a explosé pendant la guerre et, même aujourd'hui, le boulot n'est pas fini. Teddy par exemple. Heureusement, il avait encore sa grand-mère, mais si Andy n'avait plus été de ce monde, ça aurait été un vrai casse-tête de trouver où le placer. Même moi en tant que son parrain, j'aurais eu du mal. Il n'y avait pas de réel département pour gérer ce genre de problèmes avant donc les choses étaient plus compliquées. Mais maintenant, on peut réellement les aider à trouver une famille, à se sentir aimés et en sécurité. C'est tout ce qu'on peut souhaiter pour un enfant."

"Tu as l'air vraiment passionné par ton boulot."

"C'est vrai. J'ai l'impression de faire une différence et c'est agréable. Et puis, s'il devait m'arriver quelque chose, j'aimerais que quelqu'un se démène pour James aussi."

"J'ai l'impression que nos vies à tous les deux tournent autour des enfants, pas vrai ?"

"Je n'y avais pas pensé comme ça, mais tu as raison."

"J'ai entendu dire que tu avais parrainé l'ouverture du nouvel orphelinat. Tu y vas souvent ?"

"J'essaie. Mais entre le travail et James, j'ai de moins en moins de temps. Je l'y amené quelques fois et il aime bien jouer avec les enfants là-bas, mais il pose toujours beaucoup de questions ensuite."

"C'est compliqué à comprendre pour lui, non ? Que des enfants doivent grandir sans leurs parents."

"Eh bien, il sait que mes parents sont morts il y a longtemps, mais je ne pense pas qu'il comprenne ce que ça veut dire réellement. Tout comme il ne fait pas le lien avec les enfants de l'orphelinat. Je lui expliquerais plus clairement, un jour."

"Je ne sais pas s'ils aiment mes livres, mais... je serais ravi de venir faire une lecture de temps en temps à l'orphelinat. Bénévolement, bien sûr.

"Ce serait génial. Ils seront ravis, ils les adorent."

"Je leur apporterais quelques exemplaires des plus récents, dans ce cas. Mon agent appellera directement l'orphelinat pour organiser ça."

"Super."

Mon ventre se met à gargouiller quand on dépose notre commande sur la table et que je découvre l'énorme roulé à la cannelle de Draco et ma part de gâteau à la carotte.

"Tu ne vas pas me le piquer, n'est-ce pas ? Tu as un air de prédateur fou, là."

J'éclate de rire. "Mais non, je ne me permettrais pas. Et puis, si j'ai encore faim après, j'ai autre chose à manger."

Il lui faut quelques secondes pour comprendre que l'autre chose, c'est lui. Ensuite, une adorable teinte rosée envahi ses joues, me donnant encore plus envie de l'embrasser.

"Arrête, tu vas me donner une érection." Marmonne-t-il, le nez dans son thé.

"Et toi, comment s'est passé ta semaine ? Tu as charmé tous les petits sorciers à portée de voix ?"

"C'était génial. Les tournées sont épuisantes, mais j'adore voir les enfants dans chaque ville, leurs petits visages fascinés quand je lis, les étoiles dans leurs yeux quand je signe leur exemplaire... c'est magique et ça vaut bien un peu de fatigue."

"Il te reste beaucoup de dates ?"

"Non, c'était la dernière. Je vais faire une lecture spéciale pour Noël à Londres, mais rien d'ici-là. Je suis libre ! Enfin... libre d'écrire le prochain livre, plutôt."

"Encore un ? Tu viens de sortir celui-là."

"Pas de repos pour les braves Potter." Blague-t-il. "En fait, celui-ci est terminé depuis quasiment un an déjà. Mais entre les corrections, l'illustration, les relectures, l'impression et tout le côté marketing, ça prend du temps pour publier un livre. Du coup si on ne veut pas laisser trop de temps entre deux publications, il faut que je m'y remette rapidement."

"Et tu te reposes quand, dans tout ça ?"

"Je suis écrivain, Harry. Mon travail consiste à tapoter sur mon ordi deux ou trois heures par jour à la recherche de l'inspiration en buvant des litres de thé. Le reste du temps, je fais ce que je veux. Ce n'est pas comme si je travaillais à l'usine, ou dans un bureau huit heures par jour. Ça c'est fatigant. Je ne me plains pas."

"C'est vrai que vu comme ça... Donc ça veut dire que tu vas avoir beaucoup de temps libre dans les prochains mois, pas vrai ?"

"Exact. Pourquoi ? Est-ce que tu as une idée de la façon dont je pourrais remplir tout ce temps libre ?"

"Peut-être. Je vais étudier la question et je te soumettrais quelques idées."

"Très bien, j'attends de la créativité, Potter."

Après notre goûter, nous décidons d'aller nous balader dans Édimbourg et de monter jusqu'au château pour profiter du soleil d'automne et il est presque vingt heures quand nous allons enfin à l'hôtel. À la seconde où nous fermons la porte de la suite derrière nous, je me jette sur Draco et le plaque contre le mur pour l'embrasser.

"Merlin... ça m'a manqué. Tu m'as manqué."

"Tu veux qu'on s'envoie en l'air maintenant, ou on va manger d'abord ?"

Je n'ai même pas besoin de réfléchir. Mon deuxième cerveau a pris le contrôle. "On s'envoie en l'air."

"Merci, Circé. J'espérais que tu dirais ça."

Sur le chemin de la chambre, nos vêtements tombent sur le sol un à un et nous sommes nus quand nous atteignons le lit. Je serais bien incapable de décrire la couleur des draps, ou même des murs. Rien ne détourne mon regard de l'homme magnifique devant moi, de son corps tellement délicieux, tellement...

"Sexy."

Je bave littéralement sur lui. Comment suis-je censé résister ? J'aimerais être plus fort, profiter de ce week-end pour parler et nous découvrir, construire une relation solide sur autre chose sur le sexe mais... je répète ma question : comment suis-je sensé lui résister ? Il est absolument parfait, exactement tout ce dont je rêve, ç'en est presque surnaturel. Ou louche.

"Qui t'a envoyé pour me torturer comme ça ? Quelqu'un veut ma mort, n'est-ce pas ?" Je lui demande après une bonne heure d'ébats torrides qui nous ont laissés haletants et couverts de sueur. Les draps sont abandonnés au pied du lit et les oreillers éparpillés sur le sol tandis que je caresse paresseusement son dos du bout des doigts.

"Si seulement. Ce serait tellement plus simple si c'était un piège."

"Comment ça plus simple ?"

"Je ne sais pas. J'ai juste l'impression que... ça va trop vite ? Pas nous, juste... ce que je ressens. Ce que tu me fais ressentir. Ça paraît trop fort."

"Je sais, je le ressens aussi." Je me redresse sur un coude et observe son visage à moitié caché dans ses bras croisés. Il a les yeux fermés et un sourire apaisé orne ses lèvres rougies par mes baisers. "J'ai l'impression d'être pressé, comme si je pouvais rattraper le temps perdu. En tout cas, j'ai envie de te sauter dessus dès que je te vois. Dans le café tout à l'heure, si on n'avait pas été en public..."

"Pareil. Tu sais, je doute que quiconque nous reconnaisse, ici."

"Peut-être pas toi, mais moi... ils sont partout, crois-moi. Pendant le divorce, je suis parti quelques jours sur la côte, à Brighton pour souffler. J'étais arrivé depuis moins d'une heure qu'une dizaine de photographes m'entouraient déjà. Ils sont partout." Je répète, dépité.

"Je suis désolé. Tu ne devrais pas subir tout ça."

"Je suis surtout désolé que ça nous empêche de faire ce qu'on veut là dehors. Si tu savais à quel point j'avais envie de te prendre la main quand on se baladait tout à l'heure. Mais... je ne suis pas prêt à voir cette partie de ma vie privée étalée dans les journaux, tu vois ?"

"Oui, je vois parfaitement."

"Je comprendrais si ça te saoule et que..." Je n'ai pas envie de le dire. Je n'ai pas envie que Draco me dise qu'il préfère arrêter là parce que je ne suis pas prêt à assumer ma sexualité.

"Hey." Il s'assoit et prend mon visage entre ses mains pour planter ses yeux gris dans les mieux. Ils sont tellement magnifiques. "Je comprends, Harry. Ne t'en fait pas pour ça, jamais je ne te forcerais à faire ton coming-out public. Jamais. Tout ce qui m'importe, c'est d'être avec toi. Et si on doit rester enfermés dans cette chambre d'hôtel pour ça, je ne vais franchement pas m'en plaindre."

"C'est vrai, il y a plein de chose à faire dans cette chambre. Comme jouer au scrabble."

"Je n'ai aucune idée de ce qu'est le scrabble."

"Un jeu de société Moldu."

"Oh, je vois. Je ne pensais pas tellement à ça, mais..."

"C'était ironique. On a bien mieux à faire que de jouer à des jeux. Sauf si ces jeux impliquent ton corps sous le mien. Nu de préférence."

"Il a l'air marrant ce jeu. Il s'appelle comment ?"

"Il s'appelle 'on ne sortira jamais de cette chambre'."


La partie 2 arrive très vite !

Et pour ceux que ça intéresse, pour l'hôtel à Édimbourg, je me suis inspirée de l'Intercontinental Edinburgh The George 5*. Une vraie pépite !