Et voici la dernière partie d'Écrire un Futur.
En espérant qu'elle vous plaise et que vous me fassiez un retour ou pas, savoir que vous avez lu et aimé cette histoire me réchauffe le cœur.
Un grand merci.
Theodora.
ÉCRIRE UN FUTUR – PARTIE 3
Le lendemain matin, je suis réveillé par les gloussements étouffés de James. J'ouvre un œil, puis le second, mais je suis seul dans la chambre de Draco. Ni James, ni blond sexy à l'horizon. Quand un nouveau gloussement retenti, cependant, je comprends qu'il ne vient pas de la chambre, mais de derrière la porte entrebâillée.
"Attention, Jamie. Ne fait pas tomber le plateau. Tu veux que j'ouvre la porte pour toi ?"
"Oui, s'il te plaît. Tu crois que Papa dors encore ?"
"S'il dors, tu vas pouvoir le réveiller. Donne-moi le plateau."
"En lui sautant dessus ou avec des bisous ?"
"Saute-lui dessus, c'est bien plus marrant. Chut, allons-y à petits pas de loup."
"Comme Loulou dans la grotte du dragon !"
"C'est ça."
Amusé, je referme les yeux et fais semblant de dormir. Hors de question de gâcher la joie de mon fils même s'il va sûrement m'enfoncer quelques côtes au passage. Je me vengerais sur Draco, il m'a tout l'air d'être le cerveau dans cette histoire. Une seconde plus tard, je sens le poids de James affaisser le lit tandis qu'il grimpe dessus, puis il saute sur moi, riant et criant à tue-tête.
"Papa ! C'est le matin, réveille-toi ! Papa !"
"Oh ! Aïe, aïe, aïe ! Mais quel est ce petit monstre qui me saute dessus de si bon matin ? Je vais devoir le dévorer tout cru !"
Le cri strident qu'il pousse quand je l'attrape pour le chatouiller aurait pu réveiller un mort. En tout cas, je suis à moitié sourd.
"Papa !"
"Bonjour mon amour. Tu as bien dormi ?"
"Oui. Avec Draco, on a préparé le petit déjeuner, regarde."
Draco se tient au pied du lit, un plateau bien garni dans les mains. "Je vois ça. C'est que pour moi ?"
"Non, c'est pour tout le monde. On partage, Papa."
"Mais j'ai faim, moi. Je vais devoir te manger, si je n'ai pas assez."
Un nouveau cri, une nouvelle oreille perdue.
"T'es trop bête Papa, tu manges pas les enfants !"
"Tu as raison, j'ai d'autres choses à manger bien plus délicieuses que les enfants." Mon regard coule vers Draco qui pique un fard.
"Comme les gaufres ? Parce qu'on en a fait plein !"
"Tu as fait des gaufres ? Chouette !"
"Oui, avec Draco."
Souriant, Draco pose le plateau sur le lit avant de s'asseoir à mes côtés, Jamie entre nous. "C'est lui qui a mélangé la pâte et saupoudré le sucre glace dessus."
"Je suis très fier de toi, mon cœur. Je suis sûr qu'elles vont être délicieuses."
"Café ?"
"Oui, s'il te plaît. Quelle heure il est ?" Je demande tandis que Draco me verse une tasse de café et me la tend.
"Neuf heures. On doit être à quelle heure chez Andromeda ?"
"Midi. On a le temps."
"Tu viens chez Tata Andy, Draco ? Trop bien ! Il y aura Teddy."
"Je sais Jamie, j'ai hâte de voir tout le monde. Tu crois que le Père Noël est passé chez eux aussi ?"
"Oui, il est passé chez nous pour Teddy et pour Tata."
"Oh, donc tu as sûrement raison."
"Jamie, vu qu'on a le temps, est-ce que tu veux aller essayer ton vélo au parc, tout à l'heure ?"
"Oui, trop bien ! Tous les trois ?"
"Oui mon cœur. Si Draco veut venir avec nous."
"J'adorerais."
Je vois dans ses yeux qu'il sait à quel point c'est un grand pas pour moi. Il ne s'agit pas de nous afficher devant nos proches, mais dehors, devant des inconnus et de potentiels journalistes. Si l'un d'eux nous voit et nous prend en photo, ce sera dans tous les journaux dès demain. Une pointe d'angoisse me serre la poitrine et je dois me concentrer sur le bavardage incessant de James pour me calmer. Tout va bien, c'est juste une balade en famille au parc du coin. Et peu importe si quelqu'un nous voit, ils peuvent dire ce qu'ils veulent. C'est ma vie.
"Hey." M'interpelle Draco une fois le petit-déjeuner terminé. Nous avons débarrassé, James est parti s'habiller et se laver les dents et nous, nous faisons la vaisselle ensemble. "Je ne suis pas obligé de venir, tu sais ?"
"Je veux que tu viennes. Je veux aller me balader avec toi pendant que James essaie son nouveau vélo. C'est ce que je veux."
"Okay, alors..." Il réfléchit quelques secondes. "Il y a un parc juste en bas. Si tu vas chercher son vélo, on pourrait y aller. On a moins de chances d'être repérés ici que près de chez toi. Les journalistes ne campent pas pour me voir prendre le bus."
"Je sais que tu es jaloux de ma célébrité, avoue."
"Terriblement." Il se penche et nous échangeons un baiser qui me laisse pantelant. "Va te préparer, je termine la vaisselle. Ensuite, tu pourras aller chercher le vélo."
"Okay. Merci, Draco." Je ne le remercie pas vraiment pour la vaisselle et je crois qu'il le comprend.
Je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter d'avoir Draco dans ma vie. Peu de mecs auraient été aussi patients que lui et auraient accepté de rester dans l'ombre, caché pendant trois mois, jusqu'à ce que je trouve enfin le courage de m'assumer. Peu de mecs seraient restés. Mais lui, il l'a fait. Et non seulement il est resté, mais il continue à m'encourager et à me protéger quand il voit que j'ai du mal ou que je stresse. Je sais d'avance que peu importe ce qui se passera ensuite, une fois que tout le monde sera au courant, je ne regretterais jamais de l'avoir fait pour Draco.
.
Alerte potin !
Le célibataire le plus connu de Grande-Bretagne n'est plus un cœur à prendre !
Ce mardi matin, Harry Potter, célèbre héros de la Seconde Guerre des Sorciers, a été repéré se baladant main dans la main avec sa nouvelle conquête. Et quelle conquête !
Il semblerait que notre héros national, qui est depuis des années engagé dans la protection des enfants sorciers, a retrouvé l'amour dans les bras de nul autre que Draco Malfoy.
Cet ex-Mangemort repenti et lui se connaissent bien, puisqu'ils ont fréquenté l'école de Poudlard en même temps et étaient même, selon certaines sources, les pires ennemis à l'époque. Clairement, le temps a fait son œuvre et les deux tourtereaux ont réussi à mettre leurs différents de côté afin de goûter au bonheur de l'amour ensemble.
Ils étaient accompagnés dans leur promenade matinale par le fils de Mr Potter, James, 6 ans, qu'il a eu d'une précédente union avec l'autre héroïne de guerre et actuelle Capitaine de l'équipe de Quidditch des Holyhead Harpies, Ginny Weasley. Pour rappel, les deux s'étaient mariés après la guerre pour divorcer trois ans plus tard. Pour le moment, la réaction de l'ex Mme Potter ne nous est pas connue.
Pour notre part, à la Gazette du Sorcier nous sommes ravis de voir Mr Potter visiblement heureux et amoureux et nous leur souhaitons le meilleur, même si nous espérons en savoir plus sur les circonstances qui les ont amenés à se fréquenter.
En attendant de plus amples informations, vous retrouverez tout notre dossier sur Mr Potter et Mr Malfoy en page 3 de votre journal.
.
"Je n'en reviens pas ! Je me prends la tête pendant des mois, des années et quand l'info sort, ils sont plus intéressés par le fait que je sors avec toi et pas que tu sois un mec ? J'hallucine !"
"Je t'avais dit, que ça n'avait pas d'importance. Surtout dans notre monde." Me répond Hermione alors que Draco se contente de ricaner, le nez dans son verre de vin.
"Je sais, mais quand même. Je me sens... complètement stupide."
"Ce qui est stupide, c'est de ne pas nous avoir dit que tu sortais avec Malfoy. Trois mois, Harry. Franchement."
"Désolé, Ron. J'avais peur que tout le monde le sache si on s'affichait trop. Je sais, c'est con."
"En tout cas, j'admire ta patience, Malfoy. À ta place, ça ferait longtemps que je serais parti en claquant la porte."
"Je sais, je suis une perle rare."
"Il ne te mérite pas, clairement. Tu devrais le faire payer pour tous ces mois d'attente. Ou le larguer."
"J'en ai encore l'utilité. Mais je devrais trouver des moyens intéressants pour le punir."
"Je ne veux rien savoir. Mais fais-toi plaisir."
Je lève les yeux au ciel. Génial, il ne manquerait plus que mon meilleur ami et mon petit-ami se liguent contre moi. Mon pire cauchemar, en somme.
"Ce qui m'étonne," reprends Hermione, "c'est qu'ils ne mentionnent pas que tu es auteur. Tout le monde connait tes livres, pourtant."
"C'est parce que le nom des Black est protégé par la magie. Ils ne peuvent pas faire le lien aussi facilement, sauf si je le décide. Harry le savait parce qu'il m'a vu lire à Teddy avant que je prenne le nom de Black et parce qu'il est l'héritier de Sirius. Et vous, vous le savez à travers lui. Mais ça s'arrête là. Même mon éditrice ne connait pas mon vrai nom."
"Ça ne m'étonne pas trop, ce genre de vieilles familles a accumulé tout un tas de protections au fil des siècles. J'ai lu quelque part qu'une famille – je ne sais plus le nom – avait fait en sorte qu'à la mort du dernier homme de la lignée, toutes leurs terres meurent avec lui. Ça avait posé problème pour sa veuve qui avait quatre filles à nourrir, mais elle n'a rien pu faire."
"C'est vrai, les vieilles familles de Sang-Pur ont tendance à écarter les femmes des héritages. D'ailleurs, c''est aussi le cas chez certaines famille nobles Moldues."
"Oui ! D'ailleurs j'ai lu un livre très intéressant l'autre jour-"
Je soupire et me tourne vers Ron qui secoue la tête, amusé.
"Ça y est, on les a perdus."
"Remarque, je préfère qu'ils discutent de ça entre eux, ça nous évite d'avoir à participer."
"Pas faux. Tu veux un autre verre ?" Me propose-t-il en se levant.
"Je veux bien. Je vais aller vérifier que les enfants ne font pas de bêtises, c'est affreusement calme."
"Bonne idée. S'ils ont écrit sur les murs, je blâmerais ton fils."
"Ça marche. Et s'ils ont bouché les toilettes avec du papier, ce sera ta fille."
"Heureusement qu'Hugo n'a que huit mois, ce serait un enfer."
"On arrêtera de venir dès qu'il commencera à marcher."
"Faux frère."
Bizarrement, James et Rose sont sages comme des images et jouent dans la chambre de la petite fille sans bruit tandis que son frère, Hugo, dors déjà dans la sienne. Du haut de ses quatre ans et demi, Rose est déjà aussi débrouillarde que James et la différence d'âge ne semble pas les déranger outre mesure. J'adore leur relation, ils me font plus penser à des frères et sœur qu'à des cousins, mais je n'ai pas franchement eu le meilleur des exemples sur ce sujet, donc...
Ils finissent par s'endormir dans le lit de Rose vers vingt-deux heures et c'est délicatement que je récupère mon fils pour le ramener à la maison deux heures plus tard.
"Ça s'est plutôt bien passé, non ?" Me demande Draco une fois que nous sommes couchés dans mon lit.
"Oui, je ne pensais pas que Ron allait réagir comme ça."
"Par réagir, tu parles de son manque de réaction, n'est-ce pas ?"
"Tout à fait. Je pensais qu'il allait s'étouffer, s'énerver ou faire une remarque du genre, Malfoy ? Tu veux me tuer, ou quoi ?"
"Visiblement, ça ne lui pose pas de problème."
"On dirait."
"Tu as l'air déçu."
"Quoi ? Non ! Pas du tout. Je me sens juste con parce que je t'ai fait poireauter pendant des mois en stressant pour rien alors qu'au final, tout s'est bien passé. Tout le monde s'en fou que je sois gay, ou que je sorte avec toi, on est loin du scandale affreux que je m'étais imaginé et qui me faisait autant paniquer. Je crois que je me suis donné beaucoup trop d'importance sur ce coup-là."
Draco ricane gentiment avant d'embrasser mon épaule nue.
"C'était normal de stresser. Un coming-out, ce n'est jamais simple et l'angoisse empire les choses. Mais tout va bien, maintenant, on peut oublier tout ça et se concentrer sur ce qui est important. Nous, Jamie..."
"Tu as raison. Qu'est-ce que tu fais demain ? Je pensais l'emmener à l'aquarium."
"J'aurais adoré le voir s'extasier sur les poissons et les tortues, mais il faut que je travaille. Je n'ai rien écris depuis des jours et comme on part samedi, il faut que je m'avance un peu si je ne veux pas que Juliet m'assassine."
"Ton éditrice est une personne très effrayante. Mais je comprends, je suis désolé de t'avoir empêché de travailler."
"Non, tu n'y es pour rien. À vrai dire, je manquais d'inspiration ces derniers temps. Mais grâce à toi et à Jamie, je crois que j'ai trouvé une idée. C'est pour ça que je dois bosser, il faut que je mette tout ça sur papier avant que ça ne m'échappe."
"Ok. Dis-moi si et quand tu veux qu'on se voie. Sinon, le Portoloin est à quinze heures samedi. Rendez-vous ici un peu avant ?"
"Ça marche." Me répond la voix fatiguée de Draco.
"Hey, je t'aime, tu sais ?"
"Moi aussi, je t'aime."
.
.
Le samedi arrive rapidement et après des aurevoirs avec James que j'ai déposé chez Ginny le matin, j'ai pu boucler ma valise à temps pour l'arrivée de Draco. Nous avons ensuite transplané ensemble avant d'attraper la tasse en porcelaine qui nous servait de Portoloin. Alors qu'il était quinze heures à Londres, il est dix heures du matin à New York, de quoi profiter de cette première journée dans les meilleures conditions. Après un crochet par l'hôtel pour déposer nos affaires, nous allons nous balader sur Times Square où les préparatifs du réveillon sont déjà bien entamés. Demain à cette heure, les rues seront déjà certainement bondées.
Nous remontons tranquillement les rues de Manhattan jusqu'à Central Park, nous émerveillant de chaque détail, des taxis jaunes si emblématiques qui passent en klaxonnant, des stands de hot-dogs au coin des rues et de toutes ces choses qui nous font réaliser où nous sommes. Malgré le froid mordant, nous marchons des kilomètres sans ressentir la fatigue, avant de nous écrouler sur notre lit à la fin de la journée.
"Je n'en peux plus. Je crois que mes doigts de pieds sont tombés, je ne les sens plus." Se plaint Draco, le visage enfoui dans un oreiller moelleux.
"Je vais nous faire couler un bain, ça va nous réchauffer. Est-ce qu'on commande au room service pour le dîner ? J'ai un peu la flemme de ressortir."
"Ça me va. Hamburgers ?"
"Va pour le cliché. Je les appellerais quand le bain sera prêt."
"Merlin, je n'avais pas vu la salle de bain. C'est magnifique !" S'exclame-t-il une fois notre bain prêt.
"Je sais, c'est en partie pour ça que j'ai choisi cet hôtel, les photos m'ont donné envie. Et la baignoire est assez grande pour nous deux. Viens."
Nous nous glissons tous deux dans la grande baignoire blanche en soupirant de bonheur. Draco se laisse aller contre mon torse.
"Ça fait tellement de bien... Je ne sais pas quelle température il fait demain, mais on n'est pas loin du froid polaire. Il va falloir qu'on pense à lancer un sort un peu plus puissant pour nous protéger du froid. Surtout pour la soirée."
"Je crois aussi. On aurait dû le faire tout à l'heure aussi."
"Pas vraiment, ça ne me dérange pas de me réchauffer avec toi, donc..."
"Profiteur." J'embrasse son épaule et glisse ma main le long de sa cuisse, sous l'eau. "Est-ce que tu es heureux d'être ici, pour le moment ?"
"Oui, c'est génial. New York... je ne sais pas pourquoi, mais c'était mon rêve de venir ici."
"Pourquoi ne pas être venu avant ?"
"Je n'en sais rien. Je crois que je voulais venir avec la bonne personne, tu vois ?"
"Je crois, oui." L'entendre insinuer que je suis cette bonne personne est un bonheur pour mes oreilles encore à moitié gelées. "Je suis heureux d'avoir eu cette idée. Il faudra qu'on revienne avec Jamie."
"Quand il fera moins froid. On l'emmènera au zoo de Central Park et on mangera des hot-dogs. Je suis sûr qu'il va adorer."
Les quelques jours qu'on a passé ensemble après Noël ont été les meilleurs depuis longtemps. Voir Draco et mon fils évoluer dans le même environnement, discuter, jouer et rire ensemble... c'était génial. Ils s'entendent à merveille et ça me remplit de bonheur. J'ai réalisé, quand on a mangé le petit-déjeuner au lit chez Draco, qu'ils étaient la famille dont j'ai toujours rêvé. Mon fils et l'homme que j'aime. Le tableau parfait.
"Je t'aime, tu sais ?" Je murmure en l'entourant de mes bras et en enfouissant mon nez dans ses cheveux à humides. "Tu me rends tellement heureux... toi et James, vous êtes ce que j'ai de plus précieux au monde." À ma grande surprise, Draco se détache de moi et quand il se retourne pour me faire face dans la baignoire, ses yeux gris sont humides. "Draco ?"
"Tu sais, j'ai toujours rêvé d'avoir une famille, des enfants. Alors quand j'ai compris que j'étais gay, j'ai commencé à faire le deuil d'une famille classique. Au final, je me suis dit que si je rencontrais quelqu'un qui m'aimerait pour ce que je suis, ce serait amplement suffisant. Et puis tu as réapparu dans ma vie et j'ai compris que tu pouvais être cet homme, celui qui me rendrait heureux, sauf qu'en bonus, il y a Jamie. Je l'aime, Harry. Comme un fils et... je ne sais pas si j'ai le droit de le penser au risque de vous perdre mais lui et toi, vous êtes exactement la famille dont je rêvais. Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureux quand je suis avec vous. J'ai l'impression que mon cœur peut exploser à chaque instant tellement je vous aime."
Dans un souffle, je l'attire à moi et le serre contre ma poitrine. Les larmes coulent silencieusement sur mes joues pour aller s'écraser dans ses cheveux.
"C'est effrayant, non ? De ressentir ce genre de choses après si peu de temps ?" Demande Draco au bout d'un long moment.
"Oui, un peu. Je t'avoue que j'ai peur de me réveiller et de réaliser que ce n'était qu'un rêve. Ou alors qu'on n'était pas sensé le vivre et qu'on nous retire tout ça."
"On les en empêchera, pas vrai ? Et en attendant, autant en profiter au maximum."
"J'y compte bien. Mais il faut qu'on se promette de se dire les choses. Si l'un de nous doute, ou en a marre, si quelque chose ne va pas..."
"On se le dit. Oui, ça me va."
"Parfait."
"Tu crois qu'on va mettre de l'eau partout si on fait l'amour dans la baignoire ?"
Sa question me fait pouffer et, pour toute réponse, je le redresse et l'installe sur mes genoux. La baignoire a beau être immense, il n'est pas simple de s'y mouvoir à deux. Tant pis, j'aime les défis.
"Il y a des chances, oui. On dira qu'il y a eu une fuite."
"Une grosse fuite, alors. On a combien de temps avant qu'ils nous montent notre dîner ?"
"Probablement pas assez. Tu veux commencer en attendant ?"
"Pour s'arrêter en plein milieu ? Non merci."
"Donc, tu comptes manger avec cette érection ?"
L'excitation le rend fébrile et, le connaissant, je doute qu'il attende le dessert avant de me sauter dessus. Pas que je m'en plaigne, mais j'avoue avoir faim.
"Je me disais que si j'enduisais ma queue de mayonnaise, ça te donnerait envie de la sucer."
"Beurk ! Tu veux me tuer, ou quoi ?"
Mon air dégoûté doit être hilarant car il éclate de rire avant de se détacher de moi.
"Allez, lavons-nous avant que tu te mettes à vomir."
Quand un employé de l'hôtel toque enfin à la porte une dizaine de minutes plus tard, nous sommes tous les deux propres et enveloppés dans des robes de chambres douillettes. Bien sûr, comme je commence à le connaître par cœur, Draco n'attend effectivement pas le dessert avant de monter sur mes genoux pour réclamer mon attention et, rapidement, nous nous retrouvons au lit, nos assiettes à moitié vides complètement oubliées sur la table du salon.
"Merlin..."
Devenu un mélange de cris et de gémissements incompréhensibles, Draco se tortille sur le lit tandis que je le torture gentiment, ma bouche sur sa peau et ma langue taquinant son entrée encore et encore. Le conduire au bord de l'orgasme plusieurs fois en le suçant n'a peut-être pas été une si bonne idée car, maintenant, la frustration commence à le rendre dingue.
"Putain de m- Harry !"
Dingue et vulgaire, apparemment.
"Oui ? Tu as une requête ?"
"Mais baise-moi, à la fin ! Qu'est-ce que tu fabriques avec ta langue, là ? Tu cherches l'Atlantide ?"
Je reste abasourdi pendant quelques secondes avant d'éclater de rire.
"L'Atlantide ? Carrément ? J'adore tes références, mon amour."
"Oui eh bah magne-toi, ou c'est moi qui te prends."
"Tu veux ?"
Je le sens hésiter pendant qu'il considère cette possibilité. Malgré les dizaines de fois où nous avons fait l'amour, il a toujours été passif et moi actif. Ce n'est pas que je n'aime pas l'inverse, au contraire j'adorerais le voir me faire l'amour, mais ça ne s'est juste jamais présenté. Lui et moi, ça se fait toujours si naturellement et j'avoue ne jamais m'être demandé s'il voulait échanger.
"Ça ne me dérange pas, tu sais ? J'aime bien le faire comme ça aussi, de temps en temps."
"Hum... peut-être un autre jour. Ce soir, je te veux en moi."
"Okay. Demain ?"
Il glousse et se relève sur ses genoux, me repoussant en même temps.
"On verra. Prends-moi comme ça ?"
"Vos désirs sont des ordres, Mr Malfoy."
Tandis que je m'enfonce en lui lentement, prenant possession de son corps de la façon la plus intime qui soit, mon regard est attiré par la fenêtre et, dehors, par les milliers de flocons qui ont commencé à tomber sur Manhattan. Demain, les rues seront blanches et l'air sûrement glacial mais, en attendant, nous sommes au chaud dans notre chambre d'hôtel, nos corps et nos gémissements se mêlant alors que nous faisons l'amour encore et encore jusqu'à tomber d'épuisement.
.
.
"5 !"
Nos regards sont levés vers le One Times Square devant nous et, au sommet, la boule géante et lumineuse qui s'apprête à tomber le long du mât.
"4 !"
Malgré le froid et la neige qui tombe depuis ce matin, je me sens enveloppé d'une douce chaleur et, au fond de moi, je sais que ce n'est pas dû aux sorts qui nous protègent.
"3 !"
Fébrile, je sautille presque sur place alors qu'une vague d'excitation traverse la foule, contagieuse.
"2 !"
Je serre un peu plus Draco contre moi et sens sa main enlacer la mienne et la serrer. Même si je ne vois pas son visage, je sais qu'un immense sourire l'illumine.
"1 !"
Je retiens mon souffle et ouvre grand les yeux, bien décidé à ne rien manquer du spectacle à venir.
"BONNE ANNÉE !"
Comme un seul homme, la foule explose tandis que, là-haut, la boule dégringole de plusieurs étages et que des feux d'artifices envahissent le ciel. Emportés par les milliers de personnes qui nous entourent, Draco et moi nous mettons à sauter et à crier avant qu'il se retourne dans mes bras et saute à mon cou. Nous nous embrassons longuement, partageant notre premier baiser de l'année comme si nous étions seuls au monde et quand nous nous séparons enfin, les joues rouges de Draco et son sourire éclatant me paraissent bien plus magnifiques que tous les feux d'artifices du monde.
"Bonne année, Harry."
"Bonne année, Draco. Je t'aime."
"Moi aussi, je t'aime. Et j'espère qu'on passera cette nouvelle année ensemble, jusqu'au tout dernier jour."
"Je ferais tout pour ça, mon Cœur."
.
.
Les semaines et les mois qui suivent sont à la fois bien trop lents et beaucoup trop rapides. Ma vie est partagée entre le travail, James et Draco. Si nous ne vivons pas ensemble officiellement, le blond et moi passons quasiment toutes nos nuits ensemble, soit chez moi, soit chez lui et il est rare que je m'endorme sans qu'il soit dans mes bras. Il est devenu l'une des constantes de ma vie, comme James, comme mes amis et ma famille. Sans lui, je souris un peu moins, je me sens moins heureux et, quand il est là, tout est parfait, comme si l'univers était enfin complet. Surtout les semaines où James est avec nous. Ces moments-là, à trois, sont juste... oui, parfaits.
En février, nous profitons des vacances de Jamie pour partir une semaine dans la maison de campagne des Malfoy que ses parents ont gentiment proposé de nous prêter. Draco avait raison, ils ont plutôt bien pris la nouvelle de notre relation et Narcissa comme Lucius adorent James, ce qui est assez étrange à voir. Lui est juste heureux comme tout d'avoir de nouveaux grands-parents susceptibles de le gâter autant que Molly et Arthur et, à première vue, il y a des chances qu'ils soient même pires de ce côté-là. Nous passons cette semaine tous les trois, entourés de la nature, des animaux et du grand air. Draco apprend à James à monter à cheval tandis que je les regarde faire, terrifié de le voir sur un animal aussi grand et résolu à ne jamais le laisser approcher un Hippogriffe de toute sa vie. Et tant pis si je dois soudoyer Hagrid en whisky hors de prix pour m'en assurer.
Cette semaine passée tous les trois m'a conforté dans l'idée qu'ils sont mon monde et que, pour être heureux, j'ai besoin d'eux avec moi tout le temps. Depuis, une idée bien précise tourne dans ma tête et, si j'hésite à en parler avec Draco, je sais que c'est exactement dans ce sens-là que je veux voir évoluer ma vie. Vivre ensemble, sous le même toit, comme une vraie famille. Cependant, j'ignore si lui le voudrait et s'il est prêt pour ça. Les choses ont beau être géniales entre nous, ça ne veut pas dire qu'il veut la même chose que moi.
D'ailleurs, j'aurais dû me douter que tout était trop parfait et que ça n'allait pas tarder à capoter. Après tout, je ne suis pas connu pour avoir une chance illimitée dans la vie et il était évident que celle-ci allait finir par tourner ou, qu'au moins, quelques nuages allaient finir par faire leur apparition.
Ces nuages prennent la forme de notre première vraie dispute. Si nous nous entendons très bien la majeure partie du temps, il nous arrive de nous prendre la tête comme tous les couples sur terre et généralement pour des broutilles, mais nous nous réconciliions assez rapidement. La plupart du temps, en tout cas. Seulement cette fois-ci, il ne s'agit pas de broutilles et sans l'intervention de nos amis, cette dispute aurait sans doute sonné la fin de notre relation.
Le mois de mars est déjà bien avancé et James a repris l'école depuis quelques semaines déjà. Ce matin, je le dépose à l'école comme d'habitude avant de partir au bureau, tout en laissant Draco à la maison. Celui-ci est en pleine écriture de son nouveau livre et il passe généralement la journée à écrire là où l'inspiration le trouve. Aujourd'hui apparemment, elle l'a trouvé sur mon canapé. Après une journée passée entre le bureau et l'orphelinat, je retourne directement à l'école de James pour le récupérer et le ramener à la maison avec dans l'idée de lui préparer un gros goûter avant d'aller faire un peu de vélo. Avec un peu de chance, Draco aura terminé de bosser et pourra se joindre à nous pour un moment en famille.
Seulement, arrivé à l'école de mon fils, je ne le vois pas dans la salle de garderie où il va généralement quand je termine un peu plus tard que prévu. Je regarde de nouveau, me disant que j'ai sans doute mal regardé ou qu'il se cache sous une table, une chaise ou, qui sait, derrière la maîtresse qui surveille les enfants à cette heure, mais non, toujours rien.
"Excusez-moi ?"
La femme lève les yeux vers moi et me sourit. "Oh, Mr Potter, comment allez-vous ?"
"Bien, merci. Où est James ?"
"James ?" Elle regarde à droite puis à gauche, semblant dévisager les enfants, puis de nouveau vers moi. "Il n'est pas là."
"Oui, je le vois bien, merci. Où est-il ?"
"Hum... je pensais que vous ou votre ex-femme l'aviez récupéré. Sa maîtresse ne me l'a pas déposé avec les autres, donc... j'ai supposé qu'il était déjà parti."
Mon cœur se met à battre plus vite et un sentiment d'urgence m'envahi. "Vous en êtes certaine ? Où est sa maîtresse ? Qui est venu le prendre ?"
"Je ne sais pas... Mme Newton ne m'a rien dit et elle est déjà partie. Je peux lui envoyer un Patronus, si vous voulez."
"Faites ça, oui. Et envoyez-moi sa réponse aussitôt. Je vais vérifier chez sa mère, elle l'a peut-être récupéré."
Je n'y crois pas tellement, mais je ne vois que cette explication pour ne pas paniquer. Même si c'est ma semaine d'avoir James, elle a peut-être eu besoin de passer le chercher pour une raison ou une autre, pour un rendez-vous chez le dentiste ou quoi que ce soit d'autre qui n'impliquerait pas un malade ravisseur d'enfants ou un ancien ennemi désireux de se venger sur ce que j'ai de plus cher.
À peine ai-je quitté les locaux sécurisés de l'école, je transplane chez Ginny qui me regarde débarquer dans sa cuisine avec des yeux ronds. Vue sa tenue, elle revient vraisemblablement d'un entrainement où les enfants ne sont généralement pas les bienvenus.
"Harry ? Qu'est-ce que tu fais là ?"
"Est-ce que James est ici ?"
"Quoi ? Non, pourquoi ? Il n'est pas à l'école ?"
"Non, j'en reviens. Il n'était pas à la garderie et je pensais... j'espérais que tu étais passé le récupérer."
"Pourquoi est-ce que j'aurais fait ça ? Harry... où est Jamie ?"
"Je n'en sais rien." J'essaie d'ignorer son regard affolé pour réfléchir, mais ma propre panique ne tarde pas à me submerger, empêchant toute pensée rationnelle de pénétrer mon cerveau.
"Harry ! Réfléchi. Qui aurait pu passer chercher James ? L'école est ultra-sécurisée, avec des barrières magiques dignes de Poudlard. C'est pour ça qu'on l'a choisie. Personne n'aurait pu enlever notre fils. Et puis tu le connais, il n'est pas du genre à partir avec un inconnu."
"Je sais... je ne vois pas qui-" Soudain, l'image du blond que j'ai laissé sur mon canapé le matin-même envahi toutes mes pensées. "Draco."
"Quoi ? Tu crois qu'il serait allé le chercher à l'école ? Est-ce que vous en aviez parlé ?"
"Non, c'est toujours moi qui vais le chercher et Draco le sait, mais il est déjà venu avec moi plusieurs fois donc il sait où c'est et les enseignants le connaissent."
"Tu crois qu'il l'aurait... enlevé ?"
"Quoi ? Non, bien sûr que non. Pourquoi est-ce qu'il aurait fait ça ?"
"Je ne sais pas, pour te faire du mal ? C'était peut-être son plan depuis le début ?"
Je réfléchis à toute vitesse mais ne parviens pas à trouver une logique dans son raisonnement. Draco et moi, on s'aime, il ne ferait jamais ça. Ces six derniers mois ne peuvent pas n'avoir été que du cinéma. C'est impossible. C'est ce que je réponds à Ginny qui m'observe, sceptique.
"Écoute, on réfléchira à ça plus tard. Pour le moment, il faut trouver James. Va voir chez toi, je vais vérifier au Terrier. Maman a peut-être eu envie de le voir et n'a pas pensé à nous prévenir."
"Peut-être." Je sais que je devrais bouger, mais j'en suis incapable. Tout mon corps est paralysé par la peur. James... mon bébé a disparu. Et s'il lui était arrivé malheur ? Je crois que je ne m'en remettrais jamais.
"Harry !" Mon ex-femme s'approche de moi et me prend par les épaules. "Regarde-moi. J'ai besoin de toi, là. Il faut qu'on le retrouve et, pour ça, il faut qu'on bouge. Alors tu transplane chez toi et le premier qui a des infos envoie un Patronus à l'autre. Compris ?"
"O-ouais, compris." Je me sens un peu stupide, mais ça passe rapidement pour laisser la place à l'adrénaline qui prend enfin le contrôle de mon corps.
En quelques secondes, je suis chez moi et après une rapide inspection, je ne peux que constater que la maison est vide. Pas de Draco en vue et encore moins de James. Cependant, sur la table du salon, je trouve un parchemin déplié sur lequel on peut lire quelques lignes :
Mr Potter, votre fils James se sent mal depuis ce midi. Il semble avoir de la fièvre et se plaint de maux de ventre et de tête. Je pense qu'il vaudrait mieux passer le récupérer et l'emmener voir un médecin. Merci de venir dès que possible, il sera à l'infirmerie en vous attendant.
Mme Erin Newton.
"Putain..."
Ce mot n'était pas là avant, il a donc dû arriver dans la journée et, Draco étant là, il a certainement dû le lire et aller à l'école récupérer Jamie. Alors qu'une vague de soulagement me submerge en comprenant enfin une partie de ce qu'il s'est passé, je me sens tout autant en colère. Si Draco a reçu ce courrier et est allé chercher mon fils à l'école, pourquoi ne pas m'avoir prévenu ? Pourquoi ne pas m'avoir envoyé de Patronus ou de hibou, ou m'avoir laissé un simple mot sur la table ? Et où sont-ils maintenant ? À l'hôpital ?
C'est ce qui me semble le plus logique puisque le Médicomage de James y travaille et c'est là que je décide d'aller ensuite, bien décidé à trouver mon fils et à comprendre enfin le fin mot de cette histoire. Une chose est sûre, je ne risque pas de le quitter des yeux de sitôt !
Je crois avoir déjà mentionné ma chance légendaire auparavant, ou plutôt mon absence de chance. Cette fois-ci ne déroge pas à la règle puisque, bien entendu, personne n'a vu James de la journée. Pas un Médicomage, pas une infirmière, personne. De nouveau la panique m'envahi et les paroles de Ginny me reviennent. Non, Draco ne ferait rien à mon fils. Jamais. Rien à part l'extraire de l'école alors qu'il est malade et disparaître sans prévenir personne.
Il me faut de longues minutes de réflexion et de respiration avant de réaliser que le prochain endroit où me rendre est assez logique et d'y transplaner immédiatement.
"Draco ?" Je fais quelques pas dans le salon vide du blond avant de l'appeler plus fort. "Draco !"
"Harry ?" Encore une fois, la colère prend le pas sur le soulagement quand je vois le sourire sur son visage. "Ça va ?"
"Où est James ?"
Une vague de surprise traverse son visage pendant une seconde. "Au lit. Il s'est endormi."
Sans lui laisser le temps d'ajouter quoi que ce soit, je passe devant lui et me précipite vers la chambre où James dors quand nous sommes chez Draco. Il est bien là, minuscule dans son lit, son ours en peluche serré contre lui. Je n'ose pas le réveiller mais l'air rentre enfin dans mes poumons pour la première fois depuis près d'une heure. Les minutes s'égrènent et je reste à le regarder dormir jusqu'à ce que mon rythme cardiaque redevienne normal et que je me sente enfin capable de le quitter de nouveau du regard.
"Harry ? Tout va bien ?" Me demande Draco quand je reviens dans le salon.
Je prends le temps d'envoyer un Patronus à Ginny pour la rassurer avant de me tourner vers lui et de prendre une grande inspiration. Ne pas s'énerver, essayer de comprendre.
"Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"
"Quoi ? Comment ça ?"
"Qu'est-ce qu'il s'est passé, Draco ? Pourquoi mon fils a-t-il disparu de l'école sans que je sois au courant ? Ça fait une heure qu'on le cherche partout avec Ginny ; on pensait qu'il avait été enlevé." J'ai beau essayer de rester calme, la colère transparaît dans ma voix.
"Je ne comprends pas... je t'ai envoyé un hibou au Ministère et... je pensais que tu savais où il était."
"Visiblement non. Explique-moi tout depuis le début, s'il te plaît."
Il a l'air tellement perdu mais j'ignore si c'est la situation ou ma colère qui le trouble le plus.
"O-okay... hum, j'étais à la maison et un hibou a tapé à la fenêtre en début d'après-midi. Il venait de la maîtresse de Jamie qui-"
"Je sais, j'ai vu le mot."
"Oh... et donc je t'ai envoyé un hibou pour te prévenir que j'allais le récupérer. Je savais que tu avais beaucoup de travail alors... je me suis dit que ce serait mieux que j'aille le chercher pour ne pas le laisser à l'infirmerie trop longtemps et qu'il puisse voir un Médicomage rapidement."
"Justement, tu ne l'as pas emmené à Sainte-Mangouste. J'y suis passé et personne ne l'a vue là-bas."
"Oui, je ne savais pas qui était son Médicomage, on n'en a jamais parlé. Alors j'ai envoyé un hibou à Blaise pour qu'il nous rejoigne ici. Je... je me suis dît qu'il valait mieux le faire venir chez moi plutôt que chez toi comme tu n'y étais pas et que Blaise n'est jamais venu chez toi. Enfin... bref. Blaise l'a ausculté et ce n'est rien de très sérieux. Il lui a prescrit quelques potions pour faire passer la fièvre entre autres et ça va déjà mieux. Il a mangé un peu de soupe et il s'est endormi il y a une petite heure."
Je hoche la tête, tentant de digérer tout ce qu'il vient de me dire.
"Okay, mais... tu aurais dû me prévenir. J'ai vécu la pire heure de ma vie en imaginant tout ce qui avait pu se passer."
"Je suis désolé, Harry. Vraiment. Mais je t'ai envoyé un hibou et-"
"J'ai passé les trois-quarts de la journée en-dehors du Ministère. Ton hibou attend sûrement encore sur mon bureau à l'heure qu'il est ! Alors quoi ? Je l'aurais su demain ? Ou j'aurais dû deviner qu'il était là ?"
"Comment est-ce que je pouvais savoir que tu ne serais pas au bureau ? J'ai fait ce que je pensais être le mieux ! Jamie était malade ! Qu'est-ce que j'étais sensé faire au juste ? Le laisser à l'infirmerie jusqu'à ce que tu rentres ?"
"Tu aurais dû me prévenir ! C'est mon fils !"
"Mais putain ! Je t'ai envoyé un hibou ! Et j'ai laissé un mot chez toi !"
"Celui de la maîtresse, j'ai vu."
"Non ! Un autre où je te disais que je l'emmenais ici et que j'appelais Blaise."
"Il n'y avait aucun autre mot à la maison, Draco."
"Alors il a dû glisser par terre, je n'en sais rien. Mais je n'avais aucun autre moyen de te joindre, de toute façon."
"Et un Patronus ? C'est plus rapide qu'un hibou et tu étais sûr de me joindre au moins."
"Je... je ne pouvais pas."
"Bien sûr que si. Tu-" Avant que je puisse terminer, un cheval argenté apparaît devant nous et la voix de Ginny envahi la pièce.
'Je vais chez toi. Ramène-le.'
"On parlera plus tard. Je dois y aller."
"Tu devrais le laisser dormir."
"Draco, je récupère mon fils maintenant. Merci de l'avoir ramené."
James grogne un peu quand je le soulève dans mes bras mais ne se réveille pas, ni quand nous empruntons la cheminée pour rentrer à la maison. Là, Ginny nous attend en compagnie de Molly et d'Arthur visiblement aussi secoués que nous. Mon ex-femme me prend immédiatement James des bras et le serre contre elle si fort qu'elle finit par le réveiller.
"Maman ? T'es là ?"
"Oui mon cœur. Comment tu te sens ?"
"J'ai un peu mal à la tête. Je peux encore faire dodo ?"
"Bien sûr mon amour. Papa va aller te remettre au lit."
"Papa ?"
"Bonjour mon cœur. Allez, on monte."
"Il est où Draco ?"
Une hésitation et je décide de lui répondre ou il ne me lâchera pas. "Il est resté chez lui. Il a du travail."
"D'accord. Il viendra me faire un bisou ? Il est venu me chercher à l'école tu sais ? Parce que j'étais malade."
"Je sais, Jamie."
"Et il m'a fait de la soupe avec des petites lettres dedans. On a regardé la télé aussi, mais il a dit que je devais faire dodo après. Pourquoi t'es pas venu, Papa ?"
Mon cœur se serre et je réprime une nouvelle vague de colère. "Je suis désolé mon cœur, j'étais au travail. Allez, dors encore un peu, je viendrais te réveiller pour manger."
"D'accord, Papa. Je t'aime."
"Moi aussi je t'aime, Jamie."
De retour dans le salon où les Weasley m'attendent toujours, je me laisse tomber sur le canapé en soufflant. Enfin, je relâche la pression et m'autorise à respirer réellement.
"Alors ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"
"Jamie était malade. Sa maîtresse a envoyé un hibou ici mais comme Draco était tout seul, il a été le chercher. J'imagine que la maîtresse ne l'a pas dit aux autres."
"Il l'a emmené à Ste Mangouste ?"
"Non, il ne savait pas qui est son Médicomage. Il a appelé Zabini pour qu'il vienne l'ausculter chez lui et il lui a prescrit des potions." Je grogne en réalisant que je n'ai rien emmené d'autre que Jamie. Il va falloir que je retourne chez Draco pour récupérer son traitement et savoir ce que Blaise lui a diagnostiqué. "Jamie dormait quand je suis arrivé."
"Okay, je vois. Il aurait pu te prévenir, quand même."
"Il l'a fait, apparemment. Il a envoyé un hibou au Ministère, mais je n'y étais pas. Il a dit." Je fronce les sourcils et me lève pour regarder sur la table de la salle à manger, puis dessous, mais aucune trace de son mot. "Il a dit qu'il m'avait aussi laissé un mot, mais il n'y a rien."
"Tu crois qu'il t'a menti ?"
"Je n'en sais rien. Il avait l'air sûr de lui. Franchement, je ne sais pas quoi croire. Je suis bien trop énervé pour réfléchir correctement pour le moment."
"Vous devriez en discuter à tête reposée demain. Vous y verrez tous les deux plus clair à ce moment-là."
"Oui, sans doute."
"Allez, on va te laisser. Je suppose que Jamie n'ira pas à l'école demain, tu veux me le déposer ?"
"Non, je vais prendre ma journée pour rester avec lui, ça ira." Je me frotte le visage en soupirant. Maintenant que l'adrénaline était retombée en partie, je me sens épuisé.
Finalement, Ginny et ses parents m'embrassent avant de disparaître par la cheminée, me laissant seul avec mes pensées. Ma dispute avec Draco me rend dingue ; je n'arrive pas à comprendre comment on a pu en arriver là. Tout se passe pourtant bien entre nous et nous sommes généralement sur la même longueur d'ondes, alors pourquoi Draco a-t-il agit comme ça ? Pourquoi ne pas avoir pris trente secondes pour m'envoyer un Patronus qui m'aurait immédiatement trouvé au lieu d'un hibou qui doit encore m'attendre dans mon bureau ? C'est ridicule. Pour la première fois depuis qu'on est ensemble, je doute de pouvoir lui faire confiance et ça, plus que tout le reste, ça me brise le cœur.
Un peu avant l'heure du dîner et alors que James dort toujours dans sa chambre, la cheminée s'active et la voix de Draco s'élève dans le salon.
"Harry ? Est-ce que je peux venir ? Tu n'as pas pris les médicaments de Jamie."
Je prends une profonde inspiration avant de grogner, clairement pas prêt à l'affronter aussi rapidement.
"Ouais, vas-y."
Quelques secondes plus tard, le blond se tient devant moi, se balançant d'un pied à l'autre, visiblement nerveux.
"Tiens." Dit-il en me tendant un sac en kraft. "Blaise a noté toutes les instructions à l'intérieur. Il faut lui en donner matin et soir pendant trois jours. Enfin... tu peux l'emmener voir son Médicomage bien sûr si tu veux confirmer tout ça."
"Okay." est tout ce que je peux répondre en faisant mine d'observer le sac.
"Harry, je... est-ce qu'on peut parler ?"
"Franchement ? Je ne préfèrerais pas."
"Pourquoi ? On ne peut pas rester sur une dispute. On doit en parler."
"Pas maintenant." La colère à peine contenue gronde dans ma voix, faisant frissonner Draco.
"Harry..."
"Mais merde ! Je t'ai dit pas maintenant !" D'un geste, le sac de médicaments vole à travers la pièce et je sers les poings. J'ai horreur de m'emporter et savoir que c'est contre Draco m'enrage encore plus. "Qu'est-ce que tu ne comprends pas là-dedans, au juste ? Je ne veux pas te parler maintenant parce que si je le fais, je vais dire des trucs qu'on regrettera tous les deux. Alors laisse tomber et rentre chez toi, tu veux ?"
"Je... je suis désolé, Harry, mais je ne comprends vraiment pas pourquoi tu te mets dans cet état. Tu t'es inquiété pour James, je le comprends, mais il était avec moi, il n'était pas en danger et je t'ai envoyé-"
"Si tu me parles encore de ton putain de hibou, je te le fais bouffer plume par plume. Pareil pour ton mystérieux mot que je ne trouve nulle part. Comme par hasard !"
"Comme par... tu ne me crois pas en fait, c'est ça ? Tu penses que je te mens pour me couvrir ou je ne sais quoi d'autre ? Eh bah ce n'est pas le cas. Je t'ai laissé un mot tout comme je t'ai envoyé un hibou. Désolé, mais c'est le mieux que je pouvais faire à ce moment-là. Quoi ? J'aurais dû partir à ta recherche pendant que James était tout seul et malade ?"
"Bien sûr que non, mais tu aurais pu m'envoyer un Patronus. C'est simple et quasi immédiat, je l'aurais su tout de suite au lieu de passer une heure à imaginer les pires choses au monde ! Tu te rends compte que pendant une seconde, j'ai cru que tu l'avais enlevé ? Que tout ça..." Je fais un geste de la main entre nous deux tout en tentant d'ignorer les larmes dans ses yeux. "Que tu m'avais séduit dans l'unique but de me faire du mal en t'en prenant à mon fils ?"
"Tu n'as pas pu penser ça..."
"Pendant une seconde, si. Je me déteste pour ça, mais je crois qu'une part de moi te déteste aussi pour m'y avoir conduit."
Draco secoue la tête. Les larmes dévalent désormais ses joues sans plus aucune retenue. "Je n'arrive pas à croire que tu puisses penser ça de moi. Après tous ces mois... je t'ai dit que je t'aimais, Harry, et je n'ai jamais pensé cela aussi intensément qu'avec toi, qu'avec Jamie. Je pensais... je pensais que tu me faisais confiance, qu'on était... un couple, une famille, mais... c'est faux, entièrement et tu ne m'as jamais fait confiance, en fait."
"Bien sûr que si."
"Non ! Si c'était le cas, tu n'aurais pas pensé tout ça, tu ne m'aurais pas cru capable d'une chose pareille. Tu aurais su que j'aimais trop Jamie pour le laisser souffrir et que mon premier réflexe, avant toute chose, a été de penser à lui et de faire ce qui est bon pour lui. Si c'était le cas, je n'aurais pas besoin de prouver que j'ai essayé de te prévenir, parce que tu me croirais sans l'ombre d'un doute. Si tu m'aimais... si tu me connaissais réellement, tu saurais que la raison pour laquelle je ne t'ai pas envoyé de Patronus, c'est parce que je ne sais pas comment faire. Parce que je n'ai jamais réussi, parce que je n'ai jamais eu de souvenirs heureux suffisamment puissants pour me permettre d'apprendre. Pas comme toi, pas comme tes amis. Je suis désolé, Harry. Désolé que tu aies vécu toutes ces horreurs dans ta vie qui ne te permettent pas de faire confiance aux autres aujourd'hui. Et je suis désolé de t'avoir inquiété. C'est peut-être mieux si on ne se voit plus avant de se faire souffrir plus que maintenant. Je... je vais y aller. Embrasse Jamie pour moi."
Incapable de réagir, je le regarde tourner les talons et disparaître dans la cheminée puis, de nouveau seul, je me laisse tomber sur une chaise derrière moi.
"Merde..."
Draco ne sait pas lancer un Patronus. Quelque chose qui me semble si simple et évident depuis près de quinze ans ne l'est en fait pas pour tout le monde et surtout pas pour Draco. Bien sûr qu'il n'a pas pu me prévenir de cette façon, bien sûr qu'il n'a alors pu que m'envoyer un hibou, ça me parait si logique, désormais.
Soupirant, je me lève pour aller récupérer le sac de médicaments qui a atterrit au pied du canapé et, en me penchant, je remarque un bout de papier sous le meuble. Je le ramasse, le retourne et me fige en découvrant l'écriture si nette du blond.
Harry,
Je vais chercher Jamie à l'école, il est malade. Je t'ai envoyé un hibou, mais au cas où tu rentrerais avant qu'il n'arrive jusqu'à toi, je te laisse ce mot. On sera chez moi, j'ai appelé Blaise pour qu'il passe l'ausculter.
À tout à l'heure.
Je t'aime,
Draco.
PS : Il faut vraiment qu'on discute des directives médicales pour James au cas où ça se reproduit.
"Putain... quel con." Je jure en relisant encore et encore les mots couchés sur le papier.
Il n'a pas menti. La voilà cette fameuse note et, comme un con, je ne l'ai pas cru. Enfin si, au fond de moi, je savais qu'il ne mentait pas, je n'arrivais pas à y croire complètement mais, aveuglé par la colère, je lui ai fait penser que je ne le croyais pas et, pire que tout, que je ne lui faisais pas confiance.
Je suis vraiment un connard.
Et en même temps... Merde quoi, j'ai bien le droit d'avoir eu peur pour mon fils, non ? Et pourquoi ne m'a-t-il pas dit qu'il ne savait pas lancer de Patronus ? J'ai utilisé ce sort des dizaines de fois devant lui depuis qu'on sort ensemble, alors pourquoi ne m'en a-t-il pas parlé ?
Je sais que je devrais m'excuser, lui courir après et le supplier de me pardonner, mais j'ai ma fierté et, une chose est sûre, lui aussi a ses torts. Ouais, je ne vois pas pourquoi c'est moi qui devrais présenter mes excuses. Pas moyen.
Pourtant, alors que je me couche ce soir-là, seul dans mon lit pour la première fois depuis longtemps, je ne peux empêcher les yeux noyés de larmes de Draco de me hanter dès que je ferme les miens.
.
.
Trois jours.
Il me faut trois jours pour ravaler ma fierté et me décider à enfin parler à Draco.
Trois jours pendant lesquels je me suis senti minable, misérable et le plus mal possible.
Et encore, si j'ai fini par envoyer un hibou à Draco, c'est uniquement sous la contrainte de Ginny et de mes amis. Même Walter s'y est mis ! Parce qu'apparemment, je suis insupportable et qu'il faut que je me bouge le cul pour le récupérer avant que je rende tout le monde dingue et que l'un d'eux finisse par me tuer et jeter mon corps dans un talus. La plupart des personnes que je connais en sont capables, c'est ça le pire.
Du coup, une fois rentré chez moi, j'ai pris une feuille de papier et un crayon et ai écrit à Draco.
Draco, peut-on se voir pour discuter ?
S'il te plaît.
Harry.
Pas de je t'aime, pas de je suis désolé... non pas que je ne le pense pas, au contraire, mais après trois jours, je préfère le lui dire de vive voix plutôt que sur papier. Comme ça, il pourra voir dans mes yeux que je dis la vérité.
Parce que je suis désolé. J'ai été con et borné et je regrette absolument tout de A à Z. Et bien entendu que je l'aime, il est l'homme de ma vie, j'en suis persuadé et je refuse de le perdre comme ça, sans me battre pour lui, pour nous.
Je ne sais pas si c'est mon côté Serpentard, mais ma fierté a pris le dessus ces derniers jours et il m'a fallu une bonne remontrance de la part de Ginny pour me remettre les idées en place. Elle a raison, si je n'essaie pas de recoller les morceaux, si j'attends qu'il soit trop tard, je le regretterais toute ma vie. Et il ne fait pas bon de vivre avec des regrets dans ce monde.
Donc me voilà, à dix-neuf heures un mardi soir, assis dans mon salon à regarder la cheminée vide, espérant y voir apparaître des flammes vertes d'une seconde à l'autre. Il n'a pas répondu à mon message et n'est toujours pas là... Peut-être n'est-il pas chez lui ? Peut-être aurais-je dû lui envoyer un Patronus ? Non, ça ne ferait que remuer le couteau dans la plaie. Et si j'allais chez lui, plutôt ? Bon, il y a des chances qu'il ait bloqué la cheminée de son côté, mais bon... au moins je serais fixé, dans un sens.
J'en suis là de mes réflexions quand la cheminée s'anime enfin, me faisant légèrement sursauter. D'un mouvement du poignet, j'autorise la personne à passer sans même attendre qu'elle s'annonce et laisse échapper un soupir de soulagement quand Draco apparaît enfin devant moi, pour la première fois depuis trois jours.
"Salut." Je me lève et lui sourit, mais son visage fermé me stoppe net. Okay, ça paraît mal barré. "Hum, merci d'être venu."
Il hoche la tête et s'installe sur le fauteuil au lieu du canapé que je lui désigne.
"Euh... tu veux boire quelque chose ?"
"Non, c'est bon. Tu avais quelque chose à me dire ?"
Bien, j'imagine qu'il vaut mieux passer au vif du sujet, alors.
"Je suis désolé."
Les lèvres de Draco tressautent et ses sourcils se froncent, comme s'il hésitait entre éclater de rire ou se mettre en colère.
"J'ai été con. Non, pire que ça, j'ai été un connard. J'étais inquiet et terrifié à l'idée que quelque chose soit arrivé à James, que j'ai arrêté de réfléchir pendant un instant. Tout ce que je t'ai dit, je ne le pensais pas et c'est pour éviter ça que je ne voulais pas parler sur le moment, il fallait que je me calme et tu-"
"Ce sont des excuses, ou des justifications ?"
"Quoi ? Oh, ouais. Désolé. Donc je disais..."
"Que tu étais un connard."
"C'est tout ce que tu as retenu, hein ?"
"C'est tout ce qui me semble être sensé pour le moment, donc..."
"Ouais. Bref, je suis vraiment désolé de t'avoir dit tout ça et, comme je le disais, je ne le pensais pas. Bien sûr que j'ai confiance en toi. Je te confierais ma vie et celle de Jamie sans l'ombre d'un doute. Je sais que tu es parfaitement capable de prendre soin de lui parce que tu le fais depuis des mois, déjà. Avec lui et avec moi. J'aurais dû savoir qu'il allait bien s'il était avec toi, c'était logique mais... et la panique m'a empêché de réfléchir logiquement. Et j'en suis désolé. Je sais que je t'ai blessé et que tu dois probablement me détester, mais... je t'aime, Draco. Comme un fou et je ne peux plus imaginer ma vie sans toi. Ça, c'est de ta faute, mais je suis loin de t'en vouloir. Je t'aime. Toi et Jamie, je vous aime plus que tout. Dis-moi comment je peux me faire pardonner ? Comment je peux me rattraper ? Je t'en supplie..."
"Je..." Draco ferme les yeux et enfoui son visage dans ses mains. Il a l'air complètement perdu et désespéré et savoir que je suis celui qui l'a mis dans cet état me rend dingue.
"Draco... je suis désolé, mon cœur."
"Je pensais que c'était fini."
"Hein ?"
"Quand j'ai reçu ton message, j'ai cru que tu me demandais de venir pour m'annoncer que tu ne voulais plus de moi. Il m'a fallu plus d'une heure pour rassembler mon courage et venir ici, pour me blinder contre ce que j'allais entendre. Et toi, tu me dis que tu es désolé et que tu m'aimes ? J'ai cru que..." Un sanglot s'échappe de ses lèvres et, en une seconde, je l'ai rejoint sur le fauteuil et le serre contre moi.
"Oui, je suis désolé et je t'aime. J'ai eu tort d'agir comme ça et je te promets que ça n'arrivera plus jamais. Est-ce que tu me pardonnes ? Est-ce que tu me donnes une seconde chance ?"
"Oui. Si toi aussi tu fais la même chose."
"Tu n'as rien fait de mal. C'est moi qui-"
"Si, j'aurais dû trouver un moyen de te prévenir. Ou alors contacter quelqu'un d'autre, les Weasley, tes amis... je n'avais qu'un hibou, mais j'aurais pu-"
"Ne dit pas n'importe quoi. Tu as agi dans l'urgence et avec les moyens que tu avais sous la main. Je suis parti du principe que tu pouvais lancer un Patronus simplement parce que moi je peux le faire, mais c'est égoïste comme réflexion. J'étais en colère, j'avais peur et la seule chose que je sais faire quand j'ai peur, c'est attaquer. Je suis désolé que tu en aies fait les frais, ça n'aurait pas dû arriver. Donc, tu n'as rien à te faire pardonner, seulement moi et si tu veux bien me donner une nouvelle chance..."
"On se donne une nouvelle chance, alors."
"Oui, ça me va."
"Okay." Draco soupire et ferme les yeux avant de laisser tomber son front contre le mien. "Tu m'as manqué."
"Toi aussi. J'ai cru devenir dingue ces derniers jours. Et je suis apparemment passé à deux doigts de me faire assassiner par à peu près tout le monde."
"C'était à ce point-là ?"
"Ouais. J'étais trop fier pour te contacter et c'est grâce à eux, à leurs menaces, que je me suis décidé à t'écrire."
Le blond pouffe et me caresse la joue d'une main. "Je croyais que c'était moi le Serpentard. Comment ça se fait que tu es plus fier que moi ?"
"Hey ! C'est quand même moi qui ai fait le premier pas, je te signale. Niveau fierté, tu me bats."
"Oui, mais si on t'écoute, c'est toi qui avais tort, donc je ne vois pas pourquoi j'aurais fait le premier pas."
Je secoue la tête, un sourire amusé aux lèvres. "Je ne gagnerais pas, hein ?"
"Aucune chance."
"Est-ce que je peux t'embrasser ?"
Sans perdre de temps à me répondre, Draco se penche et scelle nos lèvres, nous arrachant tous deux un soupir de bien-être. Qu'est-ce que ses lèvres m'ont manqué. Qu'est-ce qu'il m'a manqué. J'enroule mes bras autour de ses hanches pour le rapprocher de moi, le plus près possible, comme si je pouvais fusionner avec lui. Puis, nous nous séparons et je plante mon regard dans le sien, prenant note de tous les détails de ses iris pour ne jamais les oublier.
"Pourquoi ne pas m'avoir dit que tu ne pouvais pas lancer de Patronus ? Je l'utilise souvent devant toi."
"Je sais ; je n'ai pas osé, je crois. J'imagine que j'avais honte parce que tout le monde sait le faire sauf moi. Enfin, théoriquement je le sais, je n'ai juste jamais réussi à sortir quoi que ce soit à part une vague brume. Severus disait que je n'avais pas de souvenir assez puissant pour un tel sort. De souvenirs heureux."
"C'était vrai à l'époque, mais maintenant ?"
Il hausse les épaules et son petit sourire triste me tord le cœur alors que j'imagine l'ado se rendant compte qu'il n'avait pas assez de bonheur dans sa vie pour lancer un Patronus. Soudain, il devient évident que si ce n'est pas vital, réussir ce sort est important pour Draco et, pour une fois, je peux l'y aider.
"Tu sais à quoi j'ai pensé la première fois que j'ai lancé un Patronus ? À mon premier vol sur un balai. Mais ce n'était pas assez puissant, alors j'ai pensé à ma mère, à sa voix. Ensuite, ça a changé plusieurs fois au cours des années, mais la naissance de Jamie m'a permis de créer des Patronus plus puissants que jamais. Son premier sourire, ses premiers mots, son rire, sa voix quand il me dit 'je t'aime'. Tout ça s'additionne et me donne une réserve infinie de souvenirs heureux à exploiter. Mais depuis quelques mois, d'autres se sont ajoutés." Je pose une main sur sa joue doucement et continue quand je vois qu'il ne recule pas. "Notre premier baiser, ton visage le matin au réveil, te voir lire une histoire à James, le Nouvel An à New York avec toi, t'entendre me dire 'je t'aime' quand on fait l'amour... Tu fais partie de mes souvenirs les plus heureux, Draco et c'est toute la puissance dont j'ai besoin." Du pouce, j'essuie une nouvelle larme qui dévale sa joue. "Je t'apprendrais à lancer un Patronus. Et si tous ces bonheurs ne sont pas suffisants, je redoublerais d'efforts jusqu'à ce qu'ils le soient."
Draco renifle et fait une moue que j'ai instantanément envie d'embrasser.
"C'est toi qui aurais dû être écrivain, Potter."
"Non, tu fais ça bien mieux que moi. Je suis désolé, Draco. J'étais stressé et terrifié et j'ai oublié de réfléchir pendant cinq minutes. Si je l'avais fait, j'aurais réalisé que James ne pouvait pas être plus en sécurité qu'avec toi. Je suis désolé de t'avoir parlé comme ça et de t'avoir blessé." J'ai l'impression de me répéter, mais j'ai besoin qu'il comprenne.
"C'est moi qui suis désolé. J'aurais dû trouver une autre solution pour te prévenir, j'aurais dû deviner que-"
"Deviner quoi ? Que le mot allait glisser sous le canapé ? Que j'allais passer la journée en dehors du bureau et ne pas recevoir ton hibou ? Que la maîtresse de James partirait plus tôt en oubliant de dire aux autres professeurs qu'il était avec toi ? Tu n'es pas Dieu, mon cœur. Tu ne pouvais pas savoir tout ça."
"Quand même, je suis désolé."
"Moi aussi."
"Okay, on l'est tous les deux. Alors quoi ? Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?"
"On se réconcilie ? Sur l'oreiller, de préférence." En voyant un grand sourire orner ses lèvres, je m'autorise à respirer de nouveau. "Je t'aime, tu sais ?"
"Je sais, oui. Mais j'en ai pas mal douté ces derniers jours. Il va falloir me le redire souvent pour que je m'en souvienne."
"Pas de problème."
"Est-ce qu'on peut juste... j'ai besoin que tu me tiennes dans tes bras. Est-ce qu'on peut faire juste ça ?"
"Bien sûr."
Je l'attire sur le canapé cette fois-ci et nous y installe confortablement en le gardant bien serré contre mon cœur. Nous restons comme ça un long moment, nous embrassons de temps en temps et échangeons quelques mots mais, dans l'ensemble, nous ne disons rien et profitons juste l'un de l'autre. Quand nos ventres commencent finalement à gargouiller, nous décidons de dîner rapidement avant d'aller au lit où nous faisons l'amour encore et encore jusqu'au petit matin.
Le lendemain, j'arrive au bureau épuisé mais ravi et mon changement d'humeur semble évident pour tout le monde, surtout pour mon collègue.
"Eh bah, j'en connais un qui s'est rabiboché avec son cher et tendre. La nuit a été courte ?"
"La ferme, Walt. C'est quoi tout ça ?" Je demande en désignant la pile de papiers trônant sur mon bureau. Je sais que j'avais la tête ailleurs ces derniers jours, mais je suis persuadé que tout ça n'était pas là hier soir.
"Ce sont les nouveaux dossiers à traiter. Demandes d'adoptions, nouveaux enfants à placer, quelques enquêtes à mener... On doit aussi convenir d'un rendez-vous avec le Ministre pour discuter des subventions pour l'orphelinat. J'ai déjà envoyé une note à sa secrétaire."
"Parfait. Bon, bah on s'y met alors."
Noyé sous la paperasse, je ne vois pas la journée passer et quand je lève le nez, il est déjà presque dix-huit heures.
"Merde." Draco et moi avons prévu d'aller dîner au restaurant pour fêter notre réconciliation et je devrais déjà être chez moi à prendre ma douche.
Grognant, je range les derniers papiers qui traînent, laisse un dossier urgent sur le haut de la pile et enfile ma veste avant de sortir de mon bureau. Quasiment tout le monde est déjà parti et seuls deux ou trois retardataires sont encore assis derrière leurs bureaux. Je les salue, me dirige vers l'ascenseur et, quand les portes s'ouvrent, tombe nez à nez avec Hermione.
"Harry ! Tu termines tard !"
"Toi aussi. Tu veux échapper à tes trois monstres ?"
"Que deux, Rose est un ange en ce moment."
Nous éclatons de rire et je la rejoins dans l'ascenseur.
"Tu as l'air de meilleure humeur. Tu as parlé avec Draco ?"
Je lève les yeux au ciel. C'est donc si évident pour tout le monde ? "Oui, on a parlé hier soir et on s'est réconcilié. Je me suis excusé et on se donne une seconde chance."
"Génial, je suis soulagée. Du coup, on voulait vous inviter à dîner vendredi soir, mais j'attendais de voir si vous alliez vous remettre ensemble ou pas."
"On ne s'était pas séparés, tu sais ?"
"Oui, oui. Alors, est-ce que vous venez ?"
"Je suis ok, mais il faut que je demande à Draco. Je t'envoie une note demain, tu seras au bureau ?"
"Comme toujours."
Tout en discutant, nous sommes arrivés devant les grandes cheminées dans le hall du Ministère. Là, je l'embrasse et lui fait signe avant de disparaître dans les flammes vertes.
J'ai à peine le temps de me doucher et de me changer, Draco débarque dans mon salon, plus beau que jamais avec son sourire ravageur et ses merveilleuses fesses parfaitement moulées dans son pantalon gris.
"Salut, tu n'es pas prêt ?"
"Si, si, j'arrive. Je suis parti tard du bureau. Désolé."
"Non, ça va. J'ai appelé le restaurant pour réserver tout à l'heure, on a encore le temps."
"Ne me dis pas ça, ou je vais avoir envie de t'enlever ce pantalon. Tu es sublime, là-dedans."
"Tu trouves ? Je l'ai acheté l'autre jour."
En souriant, je m'approche de lui et l'embrasse tandis qu'une de mes mains glisse sur ses fesses.
"Bah les pattes, Potter. On a une réservation et je tiens à l'honorer."
"Moi, ce sont tes fesses que j'aimerais honorer."
Il lève les yeux au ciel mais son sourire amusé le trahi. "Crétin."
"Allez, on y va ? Je meurs de faim et si je ne peux pas te dévorer, autant qu'on aille manger de la vraie nourriture."
"Et moi qui espérais que tu serais sage aujourd'hui."
"Jamais quand tu es dans les parages, mon amour."
Nous transplanons dans le centre et marchons les derniers mètres séparant la zone de transplanage du restaurant, puis suivons un serveur jusqu'à notre table. Nous sommes déjà venus plusieurs fois pour des rendez-vous, mais cette fois-ci semble différente. Comme si notre dispute avait changé les choses, nous avait fait passer à un autre niveau.
Durant le dîner, nous discutons tranquillement de notre journée et de nos projets pour la fin de la semaine. Il accepte d'aller dîner chez Ron et Hermione et me propose d'aller passer le week-end en Écosse rien que tous les deux, histoire de nous retrouver. J'adore la maison de campagne des Malfoy et à l'idée d'y être seuls tous les deux, mon cœur s'emballe.
Puis, alors que nous attendons nos desserts, quelque chose que j'ai appris dans la journée me revient et si j'hésite à lui en parler maintenant alors que nous sommes détendus, je sais qu'il n'y aura de toute façon pas de bon moment et que, peu importe quand, cela lui fera du mal.
"Un couple veut adopter Elliot."
Draco, qui observait les passants dans la rue à travers la fenêtre tourne la tête vers moi et me regarde, les yeux ronds. "Q-quoi ?"
"Elliot. Ils veulent le rencontrer dans la semaine."
"Oh, OK. C'est… bien. Bien pour lui."
Son air perdu me brise le cœur, mais je refuse de lui mentir ou de lui cacher des choses car si le couple en question fini par adopter Elliot et que Draco le découvre après coup, ça lui fera bien plus de mal. Autant qu'il y soit préparé.
Au fil des mois et des visites à l'orphelinat, Draco s'est attaché à ce petit garçon de deux ans haut comme trois pommes et aux yeux bleus charmeurs. Il ne m'en parle pas mais je vois bien les rouages tourner dans son cerveau quand il regarde le petit ou son sourire quand il joue avec lui. Il aime cet enfant et, j'en suis sûr, une part de lui aimerait devenir sa famille. Mais l'autre part... je ne sais pas s'il a peur ou s'il pense ne pas en avoir le droit, que je ne l'accepterais pas ou autre, mais quelque chose l'empêche d'envisager sérieusement d'adopter Elliot. Résultat, le petit garçon pourrait très bien trouver une famille dans les prochains jours. Ce qui est génial, vraiment, mais savoir que cette famille aurait pu être Draco ainsi que James et moi... Sauf qu'il ne le veut peut-être pas, au final.
De mon côté, je ne dirais pas non à cette idée d'agrandir la famille. Notre famille. Et puisqu'on ne peut pas avoir d'enfants lui et moi, adopter serait la seule solution pour ça.
"Draco..."
"Hum, ils passent quand à l'orphelinat ?"
"Je ne sais pas encore."
"Okay."
"Je ne peux pas les empêcher de l'adopter s'ils le souhaitent."
"Je sais, Harry. Je n'ai rien dit."
"Non, mais tu le penses."
"Quoi ? Tu crois que je suis du genre à souhaiter qu'il ne trouve pas de famille ? Pourquoi est-ce que je ferais ça ?"
"Ce n'est pas ce que j'ai dit. Mais peut-être que, justement, tu voudrais que cette famille ce soit toi et pas d'autres personnes."
"Je... je ne peux pas l'adopter."
"Et pourquoi pas ? Tu es génial avec James, il te considère comme un deuxième papa et tu serais un père génial pour Elliot. En plus, il te connait et t'adore déjà, donc..."
"Ce n'est pas... je ne peux pas. On vient tout juste de trouver notre équilibre et... ça compliquerait trop les choses. James est plus grand, donc ça ne le dérange pas de passer de chez sa mère à chez toi et à chez moi, mais Elliot a deux ans et après l'orphelinat, il a besoin de stabilité. D'un vrai foyer."
"Alors offrons-lui-en un."
"Harry..."
"Non, ça fait un moment que j'y pense. Depuis cette semaine qu'on a passée dans la maison de campagne de tes parents, en fait. J'ai adoré vivre avec toi tout le temps, dans une même maison. On pourrait arrêter de passer de chez moi à chez toi et trouver un endroit qui nous plaise à tous."
"Une maison ? Tu veux qu'on emménage ensemble ?"
"Pourquoi pas ?" Après tout, ce n'est pas Elliot le fond du problème. Nous sommes arrivés à un point dans notre relation où la prochaine étape est relativement logique. Je veux passer tout mon temps avec Draco et vivre ensemble est le meilleur moyen pour ça. Alors si en plus ça apporte à Draco la stabilité dont il a besoin pour élever un enfant, c'est tout bonus. "Je sais que moi, j'en ai envie. Mais je comprendrais que ce ne soit pas ton cas, bien sûr."
"Je veux vivre avec toi. J'en ai vraiment envie, en fait. Mais... c'est une grande étape. Vraiment grande et ça me fait un peu peur."
"Je sais, moi aussi. Mais si on le veut tous les deux, pourquoi attendre ? On peut essayer et voir ce que ça donne."
"Essayer ? Chez toi ou chez moi, tu veux dire ?"
"Oui, pendant un temps. Et si ça fonctionne et qu'on en a toujours envie, on pourra chercher autre chose. Ou rester là où on est, peu importe. Mais si on décide d'agrandir la famille, il va nous falloir une maison plus grande. Même ton appartement va commencer à être trop petit."
"Harry... emménager ensemble me fait déjà flipper et, toi, tu veux en plus qu'on adopte un enfant ?"
"Je sais, ça fait beaucoup. On n'en est pas obligés bien entendu, mais si tu veux qu'Elliot-"
"Elliot aura de nouveaux parents dès la semaine prochaine. Il n'a pas besoin de moi et je ne serais pas celui qui privera ces gens d'avoir un enfant."
"Ce n'est pas..." Je me tais et décide de ne pas aller plus loin. Il a raison, dans un sens et je ne veux pas lui forcer la main. Les choses se feront en temps voulu et si je sais qu'il va forcément souffrir du départ d'Elliot, mon seul rôle dans tout ça est d'être présent pour lui, pas plus, pas moins. "Okay, je comprends. Mais si tu as besoin d'en parler..."
"Je sais. Merci Harry."
Nos desserts arrivent et je le regarde jouer avec sa tarte aux noix de pécan avec le bout de sa fourchette pendant un moment, puis décide de changer de sujet pour l'aider à penser à autre chose.
"Donc... est-ce qu'on vient vraiment de décider de vivre ensemble ?"
Il lève la tête, me sourit et porte enfin un premier morceau à sa bouche. "Je crois, oui. Tu penses qu'on va y survivre ?"
"Si on a survécu à cette dispute, on peut clairement survivre à tout."
"Tant que tu ne laisses pas traîner tes chaussettes partout, ça devrait aller. Tu veux qu'on commence quand ?"
"Dès que possible ? Je ne sais pas, je n'ai pas envie de perdre plus de temps. Trois jours sans toi... c'était l'enfer."
"Ne m'en parle pas." Nous échangeons un regard entendu qui me rappelle que j'ai bien failli le perdre.
"Est-ce que tu veux qu'on vive chez toi ou chez moi ?"
"Peut-être chez toi, non ? J'adore mon appartement, mais une maison c'est plus pratique. Mais... je ne suis pas sûr de vouloir le vendre. Pas tout de suite. Tu sais, au cas où..."
Je sais parfaitement à quoi il pense. S'il s'avère que nous sommes incapables de vivre ensemble et que cette expérience sonne la fin de notre couple, il ne veut pas se retrouver à la rue et préfère se garder une porte de sortie. Je ferais exactement la même chose.
"Tu crois que c'est trop tôt ?"
"Je n'en sais rien. Peut-être ? Mais si on n'essaie pas, on ne le saura jamais."
"Tu as raison. Okay, alors. Je propose que tu ramènes certaines de tes affaires à la maison petit à petit, histoire de te l'approprier et que ça se fasse naturellement. Moi, je vais te faire de la place dans mon placard à chaussettes."
"Il va me falloir bien plus qu'un placard à chaussettes, mon chéri. Crois-moi."
"Je regrette déjà."
.
.
Je n'ai pas regretté, bien entendu. Au contraire. Le petit à petit nous a rapidement paru trop lent et au bout d'une semaine nous avons rapatrié le plus gros de ses affaires chez moi.
James est ravi d'avoir le blond à la maison, même s'il réclame de temps en temps d'aller à l'appartement parce qu'il aime bien la vue depuis sa chambre. Quand il est avec nous, c'est Draco qui lui lit une histoire avant de faire dodo et nous l'emmenons à l'école ensemble tous les matins. Il sait tout de notre vie, désormais. Le nom du pédiatre de James, les adresses de Ginny et des Weasley, celle de Ron et d'Hermione, il connaît même nos groupes sanguins à tous les deux et le numéro de mon coffre à Gringotts. Bon, ça ce n'était pas franchement nécessaire mais, je ne sais pas, ça m'a paru important sur le moment. En tout cas, ça l'a bien fait rire et il m'a donné le sien également. Juste au cas où.
Cela fait presque trois mois que nous vivons ensemble désormais et, pour la première fois, nous organisons un déjeuner à la maison réunissant nos deux familles et amis pour l'anniversaire de Draco. Aujourd'hui, il a vingt-sept ans et pour son premier anniversaire depuis que nous sommes ensemble, j'ai envie que tout soit parfait.
À quelques minutes de l'arrivée des invités, je vérifie la cuisson du repas tandis que Draco met la table dehors, aidé par un James tout heureux d'avoir du monde à la maison.
Les Malfoy sont les premiers arrivés et je les salue avant que mon fils n'accoure en criant pour se jeter dans les bras de Lucius qui le fait immédiatement décoller du sol pour l'embrasser. J'ignore pourquoi James aime autant cet homme, mais ça semble réciproque et voir Lucius Malfoy lui faire des câlins, un grand sourire sur le visage me laisse toujours aussi perplexe, même après des mois. Dès qu'elle en a l'occasion, Narcissa embrasse également James et lui glisse une pièce dans la main que mon fils s'empresse d'aller cacher dans sa tirelire.
"Mère, tu n'as pas à lui donner de l'argent à chaque fois que tu le vois, tu sais ? Il va s'habituer et va finir pourri gâter."
"Je sais mon chéri, mais je n'y peux rien, c'est plus fort que moi. Il a l'air toujours si heureux, ça me fait fondre."
Draco me regarde, blasé et je hausse les épaules en riant. Même moi je sais qu'il ne sert à rien de contredire Narcissa Malfoy, alors à quoi bon. Et puis ce ne sont que quelques noises, donc rien de bien méchant. Pourtant, voir que Draco prend son rôle de parent de plus en plus à cœur me rend bien trop heureux pour mon propre bien.
Le reste des invités arrive et, rapidement, le jardin est rempli de discussions et de rires. À notre grande surprise, la présence des Malfoy ne semble pas perturber grand monde et voir Lucius et Arthur discuter posément me demande une minute d'adaptation à chaque fois. À croire qu'on est dans un monde parallèle. Les enfants sont réunis autour de Narcissa qui leur fait la lecture avec autant de talent que son fils tandis que Molly profite de ce moment de liberté pour boire un verre en les regardant. Et du côté de nos amis, Gryffondor et Serpentard se mélangent dans le jardin comme s'il n'y avait jamais eu de conflit entre nous.
Tout ça est bien trop parfait et je suis persuadé que ça ne peut pas durer et que le ciel va forcément nous tomber sur la tête, alors autant en profiter tant que ça dure !
C'est au moment du dessert que Draco et moi nous levons et après avoir échangé un regard nerveux, j'attire l'attention des invités.
"Okay, normalement c'est à Draco de recevoir des cadeaux, vu que c'est son anniversaire, mais on voulait profiter de cette occasion où vous êtes tous réunis avec nous pour faire une annonce."
"Deux annonces, en réalité."
"Le mariage !"
Je regarde la brune qui vient de crier et lui lance un faux regard noir. "Chut, Parkinson, ne lui mets pas des idées dans la tête. Donc non, rien à voir. Avec Draco, on a décidé il y a quelques mois de vivre ensemble ici pour voir si on pouvait se supporter sur le long terme. Et vu qu'on est tous les deux toujours vivants, on en a déduit que c'était possible."
"Je ne dis pas que je n'ai jamais été tenté de l'enterrer dans le jardin une ou deux fois, mais je m'accroche."
"Il fait frais à Azkaban en cette saison !"
"Merci George, ne l'encourage pas trop. Bref, on s'entend bien, on adore vivre ensemble et on se débrouille plutôt bien pour prendre soin de James quand il est avec nous. Hein, Jamie ?"
"Ouais Papa ! C'est trop cool !" Crie mon fils depuis les genoux de sa mère avec qui j'échange un regard complice.
"Donc on s'est dit qu'il était temps de passer à la prochaine étape et de trouver notre chez nous. On a décidé d'acheter une maison ensemble."
Une vague d'excitation traverse l'assistance.
"C'est génial !"
"Est-ce que vous avez déjà trouvé ?"
"Oui, on a eu le coup de foudre pour une maison dans le Kent." Répond Draco, l'excitation clairement évidente dans sa voix. "Elle est superbe avec du terrain, cinq chambres..."
"Et des cheval !"
"Des chevaux, mon cœur. Et on n'a pas encore décidé pour les chevaux."
Draco lève les yeux au ciel. "Harry a peur des chevaux."
"Faux. J'ai peur de voir James sur un cheval, nuances."
"Je plussoie !"
"Mais maman, ils sont trop gentils !"
"Certainement mon ange, mais si tu ne veux pas que maman fasse une crise cardiaque, tu resteras loin de ces animaux de malheur."
"Mais euh !"
"Bref, on devrait emménager d'ici la fin de l'été, donc on aura certainement besoin de votre aide."
"Hey, j'ai une question : qu'est-ce que vous allez faire de cinq chambres ?"
"Eh bien... j'ai dit qu'on avait deux annonces à faire."
"Morgane ! Draco est enceinte ?"
"Pans' !"
J'éclate de rire tandis que Draco pique un fard tout en jetant des coups d'œil affolés à ses parents. Les Malfoy, eux, se contentent de sourire, amusés.
"Non, Pansy, il ne l'est pas. Je ne comprends pas, pourtant je-" La main que plaque Draco sur ma bouche et son regard menaçant me stoppent net.
"Si tu termines cette phrase, tu es un homme mort, Potter. Réfléchis bien."
"Okay, okay." Je lève les mains en signe de soumission mais tout le monde, hilare, remarque le clin d'œil à peine dissimulé que je fais à sa meilleure amie qui glousse, ravie. "Bref, j'en étais où ? Ah oui ! On souhaitait avant tout changer de maison parce que celle-ci va devenir trop petite. Draco et moi avons décidé d'adopter un petit garçon."
Cette fois-ci, des cris de surprise et de joie accueillent la nouvelle. Je prends la main de Draco dans la mienne avant de la serrer fort tandis qu'il continue.
"Il s'appelle Elliot, il a deux ans et demi et il est adorable. Ça fait quelques mois que j'y pense, mais je ne pensais pas être capable d'élever un enfant tout seul. Mais grâce à Harry, je ne suis plus tout seul et je sais désormais que j'en suis tout à fait capable. À deux on peut agrandir la famille, offrir un foyer à cet enfant et un petit frère à James."
Toujours sur les genoux de Ginny, James nous observe avec ses petits sourcils froncés et la bouche tordue dans une moue étrange. Est-ce qu'il a compris ce que ça voulait dire ? Est-ce qu'il en est malheureux ? Je suis heureux qu'on adopte Elliot, j'ai toujours voulu plus d'enfants, mais si mon fils est triste, je sais que cela compliquera les choses pour moi. Son bonheur est ma priorité, même si celui de Draco l'est tout autant désormais.
"Jamie ? Est-ce que ça va ?"
Sans rien dire, James saute des genoux de sa mère et trottine vers nous mais, quand je m'apprête à le prendre dans mes bras, il continue vers Draco et tire sur sa manche pour attirer son attention. Attention qu'il avait déjà complètement, bien entendu, et Draco se rassoit sur sa chaise pour se mettre à son niveau.
"Draco, est-ce que Elliot va venir habiter dans la nouvelle maison ?"
"Oui, mon cœur. Il va même venir avant ça, ici."
"Et est-ce que tu vas devenir son papa ?"
"Oui."
"Et... Papa aussi sera son papa ?"
Le blond me regarde avant de lui répondre. "Oui, Jamie. Harry aussi sera son papa."
Du coin de l'œil, je peux voir Molly s'éponger les yeux avec un mouchoir tandis que des reniflements retentissent un peu partout.
"Donc... comme vous êtes tous les deux mes papas aussi, alors je serais son frère, non ?"
"C'est exactement ça. Tu seras son grand frère, si tu le veux bien."
Un silence lui répond, puis James se jette dans ses bras et éclate en sanglots. Mon cœur se serre. Voilà, c'est exactement le scénario qui me faisait peur. Jamie déteste l'idée et il va nous falloir batailler pour le lui faire accepter parce qu'il est hors de question qu'on abandonne Elliot.
Je me penche à mon tour et caresse ses cheveux, dépité. "Jamie ? Je suis désolé si ça te rend triste."
"Non ! Je suis pas triste. Je suis content, Papa !"
"Tu es... quoi ?"
"Je vais être un *sanglot* grand frère ! C'est trop bien !"
Nous restons interdits un moment, puis éclatons de rire, clairement soulagés de la tournure des évènements. Bon, encore une fois, mon fils me surprend !
"Oh, génial alors. Si ça te rend heureux. Il faudra que tu prennes bien soin de lui, d'accord ? C'est un rôle important d'être un grand frère."
"Je sais, Maman m'a dit."
Il faut quelques secondes pour que ses mots montent à mon cerveau et quelques autres avant que les neurones se connectent.
"Maman a dit ça ? Mais Maman ne savait pas pour Elliot." Je fronce les sourcils et regarde mon ex-femme qui sourit doucement. "Comment tu as deviné ?"
"Je n'ai pas deviné."
"Mais..."
"Harry."
Je regarde Draco, encore plus perdu quand lui a l'air de savoir exactement ce qu'il se passe. Je plonge mes yeux dans les siens, comme si ça me permettait de lire dans ses pensées et, dans un sens, ça fonctionne parce que je comprends soudain.
"Oh... oh !"
"Adorable idiot."
"Je comprends rien du tout." Marmonne Ron tandis que certains semblent, comme moi, avoir compris.
"C'est la journée de Draco. Je comptais vous l'annoncer un autre jour, mais..."
"Est-ce que tu es enceinte, ma chérie ?"
"Oui, de trois mois et demi. On ne voulait pas en parler trop tôt. Jamie est le seul à être au courant."
À côté d'elle, Jacob, son compagnon, lui prend la main et la porte à ses lèvres pour l'embrasser. Cela fait près d'un an qu'ils sortent ensemble. Ils se sont rencontrés lors d'un entraînement, alors que Jacob venait de rejoindre l'équipe de préparation physique des Harpies et, depuis, ils ne se sont plus quittés. Il y a quelques mois, ils ont emménagé ensemble et, apparemment, ils sont désormais prêts à passer à l'étape supérieure. Tout comme nous, d'ailleurs.
D'un coup, tout le monde se lève pour nous féliciter tous les quatre. Jamie reste agrippé à Draco tandis que nous les embrassons les uns après les autres et je reste ému en voyant Narcissa enlacer longuement son fils. Si elle adore James et le considère comme son premier petit-fils, Elliot est particulier puisqu'il sera officiellement le fils de Draco autant que le mien.
"Je suis tellement heureuse pour toi, mon chéri, pour vous. Vous allez faire une famille formidable et j'ai hâte de rencontrer ce petit ange."
"Je ne comprends pas, est-ce que c'est le même Elliot qui était à l'orphelinat ? Je croyais qu'il avait été adopté par un couple depuis un bon moment ?" Demande Hermione en venant nous féliciter à son tour.
"Oui, c'est bien lui. Le couple en question l'a adoré et a commencé toutes les démarches, ils ont fait plusieurs visites, ont passé du temps avec lui, tout ça pour se désister au dernier moment."
"Quoi ? Mais c'est horrible !"
"Oui, je ne sais pas. On était assez énervés contre eux, mais au bout du compte, on ne peut forcer personne à adopter un enfant. C'est une énorme responsabilité."
"Tu crois qu'ils n'étaient pas prêts et qu'ils s'en sont rendu compte au dernier moment ?"
"Peut-être, ou alors ils n'ont pas réussi à développer un lien avec Elliot. Il faut dire qu'il s'était déjà lié à quelqu'un." Mon regard croise celui de Draco qui rougit. "Ces deux-là ont développé un truc particulier depuis que Draco passe du temps à l'orphelinat. Et puis..."
"Et puis quoi ?"
"Il y a quelques inconnues sur Elliot et sa famille. On sait qu'au moins un de ses parents est issu du monde magique, mais c'était un Cracmol, donc il est possible qu'Elliot ne développe jamais de pouvoirs, surtout si l'autre parent était Moldu. Peut-être qu'ils se sont dit qu'élever un Moldu ou un Cracmol ne leur convenait pas."
"C'est ridicule." La voix de Lucius Malfoy s'élève entre nous, nous faisant presque sursauter. "Ce qui compte c'est cet enfant, qu'il soit aimé et choyé. S'il s'avère être un sorcier, tant mieux, mais la présence ou l'absence de pouvoirs ne devrait pas entrer en ligne de compte quand on décide d'être parent. Même en donnant naissance à ses enfants, il n'est pas assuré qu'ils soient des sorciers."
Décidément, entendre Lucius parler de cette façon est vraiment très étrange. Une preuve de plus que nous sommes dans un monde parallèle !
"Tu as raison, Père. Ça n'a aucune importance pour nous et c'est d'ailleurs pour ça qu'on a décidé d'adopter Elliot. Nous l'aimerons de la même façon que James et s'il s'avère qu'il n'est pas un sorcier, alors tant mieux, ça voudra dire qu'on n'aura pas à voir nos deux garçons partir à Poudlard."
J'enlace un bras autour des épaules de Draco et lui embrasse la tempe, sentant son émotion.
"Oui, on va l'aimer vraiment très fort."
"Quand vous sera-t-il confié ?"
"Probablement le mois prochain. On doit suivre la procédure comme tout le monde et faire les différentes visites à l'orphelinat et à domicile, même si on le voit là-bas depuis des mois déjà. Ce ne serait pas normal qu'on soit privilégiés et qu'on saute ces étapes. Elles sont là pour une raison."
"C'est vraiment une super nouvelle ! Je sais que tu aimais beaucoup ce petit, Draco."
Voyant Ginny s'approcher du coin de l'œil, je les laisse discuter et me dirige vers elle pour la serrer dans mes bras.
"Félicitations, Harry. Pour la maison et pour Elliot."
"Merci. Félicitations à vous deux aussi. Je suis tellement heureux pour toi. Et pour Jamie qui va être deux fois grand frère dans la même année."
"Oui, c'est dingue, hein ?"
"Dingue, mais génial. Tu as déjà informé l'équipe ?"
"Oui, J'ai prévenu le coach le mois dernier dès qu'on l'a su. Je ne voulais pas prendre le risque de me prendre un cognard ou de tomber à l'entraînement ou pendant un match, donc je reste sur le banc pour le moment. Ce n'est pas officiel, bien sûr, on l'annoncera à la presse le mois prochain, avant le dernier match de la saison. Je compte sur toi et Draco pour entraîner Jamie à devenir un bon grand frère."
"T'inquiète, il sera au top dans six mois."
"Ça va certainement chambouler toute notre organisation, non ?"
"Probablement, oui. Mais ce n'est pas grave. On a la chance de bien s'entendre, donc on s'adaptera aux besoins de l'un et de l'autre."
"Tu as raison, on va y arriver. Harry ?"
"Oui ?"
"Je t'aime, tu sais ?"
Je souris, ému et enlace mon ex-femme pendant de longues secondes, jusqu'à ce que je sente la présence de Draco dans mon dos, rapidement suivie de sa main sur mes reins.
"Est-ce que je dois être jaloux ?"
"J'allais poser la même question." Blague Jacob qui nous a rejoint lui aussi.
Ginny et moi nous détachons en riant avant d'enlacer nos partenaires respectifs.
"Aucune raison d'être jaloux, mon cœur. Tu es le seul à avoir une place dans mon placard à chaussettes."
"Me voilà soulagé."
"J'imagine que c'est censé être romantique dans votre monde, mais là..."
L'air dubitatif de Ginny nous fait glousser puis nous retournons à table pour le dessert et une coupe de champagne que je sers à tout le monde d'un coup de baguette magique.
Nos amis partent à la nuit tombée, nous laissant tous les trois avec Jamie. À l'heure du coucher, celui-ci nous mitraille de questions sur Elliot, il veut savoir quand il arrivera, où il dormira, s'il pourra jouer avec lui ou s'il devra partager ses jouets. Nous tentons d'y répondre au mieux, conscient qu'il a besoin d'être rassuré même si, dans les faits, il est heureux d'accueillir Elliot dans notre famille. Ça reste un enfant, après tout et ces préoccupations sont normales pour lui et il est important d'y répondre dès maintenant pour éviter tout problème à l'arrivée d'Elliot.
.
.
C'est au début de l'été que nous ramenons le petit garçon chez nous définitivement. Au début, Elliot est un peu perdu et nous aussi mais la présence de Jamie l'aide beaucoup à se mettre à l'aise et nous prenons rapidement confiance dans notre rôle de parents. Ça a beau ne pas être nouveau pour moi, c'est tout comme et je me rends compte que je m'appuie énormément sur Draco depuis l'arrivée d'Elliot. Il est un véritable repère pour le petit garçon, sa présence le rassure et il faudra certainement du temps avant qu'il soit aussi à l'aise avec moi. Mais ça ne me dérange pas, au contraire.
En août, nous partons pour la première fois en vacances avec nos deux fils. Nous choisissons le sud de la France parce que ce n'est pas loin et que les Malfoy y ont une maison et nous passons notre temps entre balades, plage et jeux. L'important, c'est d'être ensemble, tous les quatre.
C'est aussi cet été là que James montre pour la première fois des signes de magie en empêchant Elliot de tomber dans la piscine un après-midi. Nous étions en train de préparer le goûter après la sieste et j'ai tourné la tête une demi-seconde quand le cri de James nous a alerté. Aucun de nous n'a eu le temp de réagir et en nous retournant, nous avons vu Elliot penché au-dessus de l'eau, figé en plein mouvement et James, à quelques mètres, les mains tendues devant lui et le visage tordu par la panique.
Nous avons tous deux accouru pour éloigner Elliot de l'eau et une fois sûr qu'il allait bien, j'ai serré mon fils très fort dans mes bras. Plus tard, il nous a raconté qu'il voulait empêcher son petit frère de tomber à l'eau et qu'il y a pensé tellement fort que ça a marché. Je ne sais pas si Elliot a compris ce qu'il s'était passé, mais il n'a plus quitté James jusqu'à la fin des vacances après ça.
Cet épisode m'a fait réaliser à quel point le temps passe vite. Mon fils grandi, dans quelques années, il nous quittera pour aller à Poudlard, puis ce sera le tour d'Elliot s'il s'avère que c'est un sorcier lui aussi. Je ne pense pas être prêt pour ça, mais notre famille n'en est qu'à ses débuts et j'ai le temps de m'y préparer.
Et puis, je sais que je peux compter sur Draco qui sera à mes côtés quoi qu'il arrive. Il va continuer à écrire des histoires, certaines inspirées par notre vie, notre famille, tandis que moi, je continuerais de protéger les enfants et de leur trouver un foyer pour qu'ils soient aussi heureux que nous.
Comme tout le monde, j'ignore ce que le futur nous réserve, mais avec Draco, James et Elliot, je n'ai pas peur de l'écrire petit à petit, chapitre après chapitre. Un livre long, très long et niais au possible bien sûr.
D'ailleurs pour le prochain chapitre, je crois que je devrais commencer à chercher une bague. Le genre qui ne s'enlève jamais parce que, lui et moi, c'est pour toujours.
.FIN.
J'espère sincèrement que cette histoire vous aura plu, personnellement, j'ai beaucoup aimé l'écrire et j'ai hâte d'avoir vos retours (toujours) si bienveillants.
À très vite pour une prochaine histoire (d'amour, bien sûr)
Theodora.
