CHAPITRE 7 : L'Eloge Funèbre du Ministre
Quand Hermione se réveilla, Malefoy n'était plus là.
Son absence fut la première chose qu'elle remarqua. Alors qu'elle regardait par l'entrée de la grotte vers un cercle de ciel bleu brillant de la taille d'un galion, elle réalisa qu'il n'y avait plus de forme sombre blottie près de l'entrée.
Pas d'oreillers transfigurés. Pas de draps. Aucun corps de grande taille qui s'éloignait d'eux d'un air déterminé, presque irrité.
Hermione fut debout en quelques secondes. Non, pensa-t-elle, se précipitant vers l'entrée aussi vite qu'elle le pouvait sans réveiller Harry et Ron. Malefoy n'était sûrement pas parti. Des pensées sur la Carte et la Cape lui vinrent à l'esprit, mais elle s'était recroquevillée avec le sac de perles dans sa poche, voulant s'assurer que le diadème soit protégé. Lorsqu'elle toucha sa poche, la grosse bosse était toujours là, donc il n'avait rien pu prendre.
Elle sortit la tête de la grotte. Pré-au-lard se trouvait à quinze minutes de marche plus loin, au pied d'un chemin rocailleux et sinueux, et elle pouvait déjà voir du mouvement dans ses rues. Les funérailles devaient commencer plus tard dans la matinée.
Malefoy n'était nulle part en vue.
Il est parti se promener, se dit-elle. C'est tout. Il est parti se promener plus haut dans les montagnes pour se vider la tête.
Ce n'était pas très convaincant. Il avait voulu partir depuis leur arrivée l'après-midi précédent. Son inquiétude pour ses parents avait-elle augmenté du jour au lendemain au point qu'il était parti les retrouver lui-même ? Ce n'était pas une idée si ridicule. Il avait trahi Voldemort pour eux, après tout.
— « Malefoy ? » dit-elle, n'osant pas trop élever la voix. Elle ne savait pas si le son résonnait dans ces contreforts. « Malefoy, tu es là ? »
Un long moment passa sans rien d'autre que du vent.
Hermione était sur le point de rentrer dans la grotte quand une voix basse dit : « Pourquoi, Granger ? Tu avais peur que m'enfuisse et que je vous trahisse ? »
Elle laissa échapper un long soupir et se tourna vers sa voix. « C'est une bonne chose que tu ne l'aies pas fait », dit-elle. « Il aurait été… »
— « ... stupide, ouais, je sais. C'est pourquoi je suis toujours là. »
La désillusion de Malefoy s'estompa et il réapparut des pieds à la tête : les robes froissées à cause du sommeil, les mains tenant une baguette sombre, les épaules étroites affaissées contre un rocher à flanc de colline. Alors que son visage réapparaissait du menton pointu aux cheveux blonds, elle le regarda un instant de trop, fronçant les sourcils. Elle pensait qu'il avait l'air différent d'une manière ou d'une autre. Moins familier. À Poudlard, son visage, son attitude, tout en lui n'était qu'un avatar de son aversion. Elle regardait maintenant l'égratignure sur sa tempe, celle qu'il avait reçue lorsqu'il l'avait projetée au sol, et au lieu de voir la blessure, elle sentit la collision. Elle jeta un coup d'œil dans ses yeux incolores, qui étaient froids et brillants sous le soleil du matin, et se souvint du regard déstabilisé qu'il avait arboré dans la chambre de Ron lorsqu'elle regardait sa marque.
C'était comme une sorte de cécité faciale, pensa-t-elle en détournant les yeux. Certaines parties de lui étaient devenues invisibles pour elle, ou du moins impénétrables.
— « Bien, » dit Hermione. « Au fait, je ne pensais pas que tu étais parti pour nous livrer. »
— « Oh, vraiment ? Pas même un tout petit peu ? Tu n'as pas vérifié ton sac pour t'assurer que je n'avais pas pris cette cape ? »
Hermione rougit. « Je… ce n'est pas… »
Malefoy laissa échapper un rire sans humour. « Je le savais. »
— « Tu aurais fait la même chose », dit-elle sur la défensive. « Tu continues à penser au pire de nous aussi, alors que tout ce que nous avons fait c'est essayer de t'aider. »
Il réfléchit une seconde, puis haussa les épaules, remettant ses cheveux en place.
Hermione soupira. Cela avait été très productif.
— « Je vais aller au village chercher nos provisions. Dis à Harry et Ron où je suis allé quand ils se réveilleront, s'il te plaît. »
Elle partit sans attendre sa réponse.
Au moment où elle arriva à Pré-au-lard, elle était complètement transfigurée. Ses cheveux étaient courts, fins et auburn, sa peau s'était considérablement éclaircie et elle avait modifié ses traits au point qu'elle pouvait à peine se reconnaître dans le miroir à main qu'elle avait apporté. La plupart des occupants du village semblaient prendre leur petit-déjeuner aux Trois Balais, qui avaient aménagé une section extérieure qui était bondée. Hermione décida de tenter sa chance à la Tête de Sanglier pour un stock de bières au beurre et de jus de citrouille, mais même l'auberge habituellement vide était presque pleine. Lorsqu'elle demanda au barman deux douzaines de bières au beurre et deux fûts de jus de citrouille, il la regarda si férocement qu'elle recula d'un pas.
Ce n'est que lorsqu'il eut posé son chiffon sur le bar et se dirigea vers l'arrière du bar qu'elle comprit pourquoi son cœur battait si vite. Elle connaissait ces yeux, leur bleu si perçant. Elle les avait vus la semaine précédente, alors qu'Albus Dumbledore l'avait aidée à monter sur ce Sombral.
Le barman revint, faisant rouler une petite charrette. « Et comment comptez-vous les transporter, exactement ? » dit-il d'un ton bourru alors qu'Hermione lui tendait une paume d'argent. « Je n'ai pas le temps de pousser tout ça dans le village. »
— « Oh, ce n'est pas nécessaire, » dit-elle rapidement en s'accroupissant. Elle fit léviter d'abord les fûts puis les paquets de bière au beurre dans son sac perlé, que le barman observait avec une certaine curiosité. Alors qu'elle se redressait, elle poursuivit : « Euh, je me demandais… monsieur, vous ne seriez pas… eh bien, lié à… ? »
— « Il y a une file derrière vous, mademoiselle », aboya-t-il.
Soudain, Hermione eut honte. C'était le jour des funérailles du professeur Dumbledore. Si cet homme lui était apparenté, elle lui rappelait un parent décédé lors d'une journée déjà douloureuse.
— « Oui, bien sûr. Je suis désolé. »
Il s'était penché pour parler à la cliente suivante avant même qu'elle ait prononcé les mots. Hermione soupira et partit.
Au moment où elle avait franchi les files d'attente chez l'épicier du village et chez Honeydukes, certains des visiteurs partaient déjà pour le parc de Poudlard. Elle se dirigea dans la direction opposée, vers le tourniquet. Une fois qu'elle fut un peu dans les collines, elle s'arrêta pour lancer quelques sorts de froid sur les aliments périssables et se détransfigura.
Elle retourna à la grotte et trouva un silence inconfortable. Malefoy était appuyé contre le mur, les bras étroitement croisés, l'air agacé. Harry et Ron marmonnaient sombrement dans leur barbe, mais quand ils la virent, leurs visages s'éclairèrent.
— « Enfin, » dit Ron. « Qu'est-ce qui t'a retenu ? »
— « Les files d'attentes étaient absolument ridicules. Je suis désolé, vous devez tous mourir de faim. »
Elle s'accroupit et sortit quatre petits déjeuners complets provenant du petit café attenant à l'épicier. Elle disposa les assiettes composées d'œufs brouillés moelleux, de bacon épais et de pain grillé beurré qui fumaient dans l'air frais.
Ron laissa échapper un léger gémissement. « Hermione, je t'aime, » dit-il en saisissant une assiette et en commençant à mettre rapidement les œufs dans sa bouche.
L'estomac d'Hermione effectua à nouveau cette embardée de plomb. « Eh bien, je... nous n'avons pas dîné, alors j'ai pensé... oui. »
— « Merci, » marmonna une voix calme sur son épaule. Hermione leva les yeux avec surprise, mais Malefoy était déjà en train de sortir avec son assiette.
Elle le regarda reculer avec curiosité pendant un moment avant de s'installer à côté de Harry et Ron.
— « Qu'est-ce qui se passe avec lui ? »
Harry jeta un regard sombre à l'entrée de la grotte. « Il se plaignait du temps que tu prenais, ne cessait de parler de ses parents. Alors je lui ai dit ce que je pensais que ses parents pouvaient faire, pour ce que j'en à faire. »
— « Oh, Harry, tu n'as pas fait ça. » Hermione soupira et jeta un coup d'œil à Ron. « Et je suppose que tu es d'accord. »
Ron, la bouche pleine, lui lança un regard incrédule. « Bien sûr que je le suis », dit-il indistinctement. Il déglutit et continua. « Hermione, as-tu oublié que Lucius Malefoy a essayé de nous tuer tous ? En fait, de nous tuer personnellement ? »
Harry hocha la tête, un air inhabituellement amer sur le visage. « Je me souviens exactement de ce qu'il a dit au Département des Mystères. Je l'entends encore le dire. Vous pouvez tuer les autres si nécessaire. Comme si ça ne lui aurait rien fait de vous tuer tous les deux, ou Luna et Neville, ou… ou Ginny. »
— « Je sais, » soupira Hermione. « Il est horrible. Mais ça ne sert à rien de contrarier inutilement Malefoy. »
Ron secoua les épaules. « Qu'importe ? Il ne sera plus dans nos pattes dans quelques heures, et bon débarras. »
Hermione baissa la voix. « Je ne sais pas, Ron. As-tu pensé à ce que nous allons faire si nous ne pouvons pas le ramener chez ses parents ? » Elle hésita. « Je veux dire, s'ils ont été emmenés dans un refuge auquel nous ne pouvons pas accéder parce qu'il a été rendu impénétrable, ou fortement protégé, ou… ou si quelque chose leur est arrivé… »
Ils mangèrent en silence pendant un moment.
— « Ouais, » admis Harry. « J'y pensais quand nous étions dans la Salle sur Demande hier. De plus, la chasse aux Horcruxes pourrait en fait être plus sûre s'il reste ici, où nous pouvons garder un œil sur lui. »
— « Quoi, dans la grotte ? » dit Ron en regardant autour de lui.
— « Non, je veux dire, avec nous, » dit Harry.
Il y eut une longue pause, pendant laquelle Ron regarda tour à tour Harry et Hermione avec la plus grande incrédulité.
Finalement, Ron trouva sa voix. « Vous devez plaisanter. Vous plaisantez, n'est-ce pas ? Je ne me promène pas à travers le pays avec ce petit rat ! Absolument pas. Après ce qu'il a fait à Bill ? »
— « Je sais, Ron, » dit Hermione, essayant d'avoir un ton apaisant. « Je sais que ce ne serait pas idéal du tout. Mais… je veux dire, il a déjà été utile. Avoir quelqu'un avec une perspective tellement différente de nous trois… »
— « Nous n'avons pas besoin de lui pour avoir des idées », déclara Ron. « Pas maintenant que nous avons ce diadème. »
Hermione réfléchit à cela, sa main s'égarant vers le sac. Elle savait qu'ils devraient se méfier de l'Horcruxe. Elle avait lu qu'il était dangereux de trop dépendre d'un Horcruxe ; elle avait dit exactement cela à Harry et Ron il y a seulement quelques jours… et pourtant elle se retrouvait à penser avec mélancolie à la clarté que cela lui avait apporté. Cela avait été si utile hier, juste au moment où ils en avaient eu besoin.
— « Le diadème ne peut cependant pas nous donner des informations que nous n'avons pas, » dit Harry.
— « C'est vrai, » dit Hermione. « C'est plus comme une Pensine : elle t'aide avec tes propres pensées, mais elle ne peut pas te donner ce que tu ne sais pas déjà. Mais Malefoy pourrait peut-être nous parler des Mangemorts. Pour l'amour de Merlin, son propre père a eu un Horcruxe entre les mains. Il lui faisait assez confiance. Il pourrait détenir le genre d'informations qui pourraient nous être vraiment utiles, même s'il ne le sait pas. «
Ron soupira, jetant un coup d'œil vers l'entrée de la grotte. « Ouais, mais je ne… »
Un bruit l'interrompit, les faisant sursauter tous les trois. Une voix lointaine se dirigeait vers eux, mais avec la façon dont elle résonnait sur les murs, Hermione pouvait à peine distinguer un mot.
Harry et Ron avaient sorti leurs baguettes. « Qu'est-ce que c'est ? » dit Harry.
Hermione leva la main pour le faire taire, tendant l'oreille. Elle avait entendu quelque chose de reconnaissable. Un nom.
— « C'est l'enterrement », dit-elle doucement. « Quelqu'un fait un éloge funèbre. »
Elle jeta un coup d'œil à Harry, qui avait l'air d'avoir reçu un violent coup au ventre. Il déglutit, ce qui sembla demander un certain effort, et baissa les yeux sur son petit-déjeuner. Il commença à manger machinalement.
Hermione croisa le regard de Ron, et celui-ci secoua légèrement la tête pour lui faire signe de ne pas demander à Harry ce qu'il ressentait.
Hermione soupira, mais il était généralement préférable de faire confiance au jugement de Ron sur ce genre de choses.
Ils mangèrent pendant cinq, puis dix minutes, entendant de temps en temps des mots venant de l'extérieur. Impact indéniable… réalisations… Monde sorcier. Finalement, Ron replaça sa propre assiette vide sur le sol.
— « Vous pensez qu'aucun membre de l'Ordre n'est venu aux funérailles, n'est-ce pas ? » dit-il avec inquiétude. « Je veux dire, ils ne voudraient pas que l'Ordre se rencontre ici, et maintenant que le Ministère a été pris, ils pourraient simplement inventer une excuse pour nous attraper à vue, n'est-ce pas ? »
— « Non, tu as raison, » dit Hermione. « Mais l'Ordre le saura aussi. » Hermione fit à Ron, un sourire se voulant rassurant.
— « Il n'y a aucune chance que ta mère laisse venir un membre de ta famille, après hier. »
— « Ouais. Ouais, c'est vrai. » Ron avait l'air légèrement rassuré. « Merde, cependant, tu penses que Tu-Sais-Qui a tué Scrimgeour lui-même ? »
— « Il n'a pas pu le faire, » dit Harry. « Il est à l'étranger. » Il avait levé les yeux de son assiette. « Je voulais vous le dire. »
— « Comment sais-tu ça ? » dit Ron, les yeux écarquillés.
— « Tu sais quand tu m'as entendu parler dans mon sommeil ? Dire Gregorovitch ? Eh bien, Gregorovitch est un fabricant de baguettes. Krum me l'a dit au mariage. Et Vol… »
— « Ne fais pas ça, » dit Ron
Harry laissa échapper un son exaspéré. « Très bien, mais écoutez. Il s'en prend à Gregorovitch maintenant. Je ne sais pas où il est, mais il n'est pas en Grande-Bretagne. »
— « Je ne comprends pas, » dit Hermione, son rythme cardiaque s'accélérant. Harry parlait à nouveau avec ce ton étrange et factuel. « Es-tu en train de dire que ta cicatrice te l'a montré ? »
Il évitait son regard, ce qui était une confirmation pour Hermione.
— « Mais cette connexion était censée être fermée ! Tu ne devrais plus le voir ! »
— « Ce n'est pas important, » dit Harry avec impatience. « Hermione, je te le dis, il recherche les fabricants de baguettes. Cela veut dire quelque chose. La nuit où j'ai quitté Privet Drive, la nuit où tu… nous pensions que tu étais… » Il secoua la tête. « Eh bien, je l'ai vu cette nuit-là, je l'ai combattu à nouveau, et ma baguette s'est comportée de façon bizarre, d'accord ? Elle a lancé un sort sans que je le veuille. Cela l'a battu. Et plus tard dans la nuit, il a torturé Ollivander. Il en était furieux. … Mais tu ne vois pas ? Il a déjà Ollivander, et maintenant il s'en prend à Gregorovitch. »
— « Je… je ne… » Hermione se sentit dépassée. « Tout d'abord, ta baguette n'aurait pas pu lancer un sort ta volonté. Ce n'est tout simplement pas… »
— « Je te le dis, c'est… »
— « Vous trois. »
Ils ont tous levé les yeux. Malefoy se tenait à l'entrée de la grotte.
— « Quoi ? » dit Ron grossièrement.
Malefoy secoua la tête et montra la sortie.
— « Nous ne sommes pas encore prêts à partir, Malefoy, » dit Harry. « Quelques minutes de plus ne feront pas la différence entre… »
— « Ce n'est pas ça, Potter. Tu voudrais entendre ça »
Ils échangèrent des regards, puis se levèrent et suivirent Malefoy.
Depuis le chemin à l'extérieur de la grotte, ils pouvaient voir la foule rassemblée sur le terrain de Poudlard, une mer de robes noires. La voix qui traversait l'eau était audible, voire nette, grâce au lac. Hermione réalisa immédiatement que ce n'était pas la même voix qui avait prononcé l'éloge funèbre. Alors que cette voix était vieille et sifflante, celle-ci était plus jeune, plus puissante et carrément nasillarde.
— « ... vous assure que les prétendus conflits de Dumbledore avec le Ministère ont été inventés par des journalistes opportunistes. Avant la mort de Dumbledore, nous travaillions en étroite collaboration avec lui pour trouver une voie à suivre pour la sécurité de l'ensemble du monde sorcier. »
— « Quoi ? » dit Harry.
Hermione le fit taire, essayant d'écouter.
— « Albus Dumbledore, directeur dévoué, » poursuivit la voix, « il pensait que la ligne de conduite la plus sûre pour nos enfants était de mettre en œuvre une politique de présence obligatoire à l'école de Poudlard. Ici, ils peuvent être protégés par une vingtaine d'enseignants compétents, ainsi que les enchantements et protections réglementés par le ministère. Dans les semaines à venir, le ministère enverra des formulaires d'inscription à travers le pays pour s'assurer que chaque enfant sorcier de Grande-Bretagne soit pris en compte, en demandant sa localisation et des informations démographiques de base. »
Malefoy fit un petit bruit dans sa barbe. Hermione lui jeta un coup d'œil, mais ses yeux étaient fixés sur les funérailles et sur les minuscules personnages en noir devant la foule.
— « De plus... » soupira l'annonceur. « Nous sommes réticents à annoncer cette nouvelle dans un moment aussi sombre, mais nous le faisons en sachant qu'une action immédiate et énergique du ministère est impérative en ces temps incertains. Nous sommes attristés et troublés de dire que notre enquête a révélé que la mort d'Albus Dumbledore n'était pas accidentel, comme on le croyait initialement. Nous pouvons confirmer que la cause de sa mort était le sortilège de mort. Tandis que… »
Les sons de la foule dérivaient indistinctement à travers le lac, même si, avec des voix non amplifiées, ils sonnaient dix fois plus loin que l'annonceur.
— « Bien que, » répéta-t-il, « nous ayons peu d'informations sur les circonstances de la mort d'Albus Dumbledore, nous savons que la nuit en question, il était accompagné d'Harry Potter, un individu instable qui a laissé derrière lui beaucoup de morts mystérieuses et d'accidents supposés pendant des années … »
Un cri indistinct sortit de la bouche d'Hermione avant qu'elle ne puisse se retenir.
— « Non, » rugit Ron. À côté d'eux, Harry était devenu aussi raide qu'une planche.
Hermione se tourna vers Malefoy. « Qui est-ce ? » a-t-elle demandé. « Qui est-ce qui parle ? »
— « Pius Thicknesse, » dit Malefoy. « Ancien chef du Département de l'application des lois magiques. Ils ont dit qu'il avait succédé à Scrimgeour en tant que ministre. »
Thickesse parlait toujours. « … célèbre pour sa réapparition à la fin du Tournoi des Trois Sorciers, tenant le cadavre d'un camarade, Cédric Diggory. Potter a également été impliqué dans des incidents entraînant la mort d'un professeur de Poudlard, Quirinus Quirrell, et la perte de mémoire permanente d'un autre, l'auteur renommé Gilderoy Lockhart. Ces incidents étant particulièrement remarquables par le fait que Potter n'avait que onze ans au moment de son implication avec le premier, douze dans le cas du second. A quinze ans, Potter et plusieurs complices ont fait irruption illégalement dans le Ministère de la Magie pour voler un artefact précieux et classifié, une intrusion qui a impliqué plusieurs Mangemorts connus et a entraîné la mort de Sirius Black, disculpé à titre posthume. Nous avons des raisons de croire que Potter a fait un raid similaire au ministère pas plus tard que cette semaine, et il y a seulement quelques mois, il a failli être expulsé de l'école de Poudlard à cause de l'utilisation violente d'un sortilège des ténèbres sur un camarade, ce qui a failli entraîner une nouvelle mort. »
Les ongles d'Hermione lui transperçaient les paumes. Parlaient-ils de l'incident de Sectumsempra ?
— « Comment savaient-ils... » commença Ron.
— « Rogue, » dit Harry d'un ton sourd. « Rogue leur a dit tout ça. » Il laissa échapper le rire le plus dénué d'humour qu'Hermione ait jamais entendu. « Ce sont de très bon faits contre moi, n'est-ce pas ? »
Hermione était tellement en colère qu'elle pouvait à peine secouer la tête. Comment osent-ils utiliser la mort de Sirius contre Harry ? Et Cédric ? Après tout ce qu'Harry avait enduré, entendre ces gens cruels et méchants déformer tout cela…
— « Harry, » dit-elle, la voix tremblante, « ce n'est pas un… personne de sensé ne le croira… »
Mais le discours de Thicknesse était terminé et Harry retournait déjà dans la grotte.
— « Allez, » dit-il par-dessus son épaule. « Nous perdons du temps. »
Ron et Hermione échangèrent un autre regard. « Je vais lui parler, » dit Ron à voix basse.
Hermione hocha la tête. Elle savait qu'elle ne serait pas d'une grande consolation pour Harry, de toute façon, avec ses poings serrés et tremblante de rage, bien consciente que la foule était probablement pleine de gens qui achèteraient chaque mot grossier de la bouche de Thicknesse. Elle ne pouvait pas mentir à Harry dans cet état.
Alors que Ron suivait Harry dans la grotte, Hermione jeta un coup d'œil à Malefoy. Il regardait toujours la scène de l'autre côté de l'eau. Elle suivit son regard et le vit aussi. Le service était terminé et un long objet blanc s'était formé, brillant, devant la foule.
Même d'ici, elle pouvait dire qu'il s'agissait d'un magnifique tombeau de marbre, brillant comme un feu sous le soleil d'été.
Hermione fixa la tache blanche et sentit sa rage évoluer vers une sorte de désir furieux, qui lui faisait aussi mal que si un tissu mou en elle se déchirait. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'elle réalisa à quel point elle aurait souhaité que tout soit différent. Elle aurait aimé avoir poussé le Sombral au bon moment pour sauver Dumbledore. Elle aurait souhaité que Scrimgeour tienne le coup un jour de plus et qu'ils soient assis dans cette foule, capables de se dire au revoir. Elle aurait souhaité que le chemin devant eux ne paraisse pas si long et semé d'épines.
Puis un bruit retentit sur l'eau. C'était le cri aigu et mélodieux d'un phénix, majestueux et pourtant rempli de la douleur de la perte, ou peut-être majestueux en raison de la force pénétrante du sentiment. C'était le son de la douleur qui se déployait de manière colorée dans la poitrine d'Hermione comme les pétales d'une fleur. Quand la plainte s'envola dans les airs, quelque chose de rouge et d'or zébrait le ciel bleu comme un tison, et les respirations d'Hermione commencèrent à devenir irrégulière alors qu'elle regardait la trace de Fumseck disparaître, comme une dernière chose brillante qui restait de Poudlard et de la vie qu'elle avait aimée. Elle pensa aux visages excités de ses parents sur le Chemin de Traverse, aux lits à baldaquin du dortoir des filles, à l'odeur poussiéreuse de la bibliothèque, à Harry et Ron riant avec elle sur la pelouse, et ses joues devinrent soudainement humides et chaudes. Elle sanglotait en faisant de petit bruits. Malefoy se tourna à moitié vers elle, elle ne s'était pas protégée le visage. Elle ne pensait pas que tout cela était destiné à se cacher. Elle enroula ses bras autour d'elle et sentit son diaphragme se contracter, sentit ses côtes se serrer fort autour de son cœur, sentit son corps contenir tout cela d'une manière ou d'une autre.
Alors que la chanson du phénix atteignait son apogée, elle se retrouva à regarder Malefoy. Il s'était retourné vers le tombeau blanc, ou peut-être vers Poudlard lui-même. Ses lèvres étaient entrouvertes et il avait l'air décomposé. Il respirait comme quelqu'un qui aurait fui très vite quelque chose d'indescriptible. Il avait l'air plus jeune.
La lamentation s'est estompée. Il tourna son visage et rencontra son regard, et Hermione n'avait aucune idée de quoi dire. Il y eut un long moment de silence comme le moment entre le lancement d'un sort et un impact explosif. Elle baissa légèrement la tête. Il en fit de même.
Cinq minutes plus tard, ils avaient transplané avec les autres, et Hermione savait qu'ils n'en parleraient jamais. Ça restera dans le passé, comme beaucoup d'autres de ses souffrances.
Crac.
Ils étaient dans un petit mais luxueux bureau. Les papiers étaient empilés sur deux bureaux identiques, et derrière eux, deux personnes identiques se levèrent d'un bond en poussant un cri.
Drago se tourna vers les fenêtres et agita sa baguette. Les rideaux se refermèrent, bloquant la lumière du soleil. Potter fit la même chose avec la porte, qui se ferma, cachant la plaque qui disait : Weasley, Farces pour sorciers facétieux : Fred et George Weasley, propriétaires.
Le choc des jumeaux ne dura pas longtemps. Ils sautèrent d'abord sur leur frère, l'enveloppant dans une étreinte féroce. Puis ils passèrent à Harry et Hermione, frappant dans leur dos, examinant leurs blessures. Ils jetèrent à Drago un regard et un signe de tête à contrecœur, et il hocha la tête en retour sans réfléchir, se sentant toujours perturbé par le chant du phénix.
— « Vous avez l'air d'aller bien tous les quatre, » dit George, semblant impressionné. « Vous vous êtes éloigné du mariage, alors, n'est-ce pas ? »
— « Et vous ? » dit Ron.
— « Nous sommes restés », a déclaré Fred. « Nous ne voulions pas laisser la famille. Ils vont tous bien. »
— « Les Mangemorts ont vu la goule, » dit George. « Vous avez également fait un travail décent. Ils ne voulaient pas s'approcher à moins de 2 mètres de la chose. Dégoûtant. »
— « Super, » dit Ron.
— « Et les autres ? » dit Granger anxieusement. Son visage était toujours rouge et ses yeux toujours gonflés et rouge également.
— « Eh bien, ils nous ont tous interrogés, n'est-ce pas, » dit Fred. « Pendant quelques heures. » À l'expression de son visage, il ajouta précipitamment : « Pas de torture pure et simple, ou quoi que ce soit. Il y a eu beaucoup de menaces, et George a reçu une gifle pour été trop bavard, mais il méritait ça. Idiot. »
Georges sourit. « Pour ma défense, il ressemblait à un chat sans poils qui aurait essayé de se reproduire avec une pomme de terre. »
Drago retrouva enfin sa voix. « Et mes parents ? Sont-ils allés chez Shacklebolt ? »
— « Chez Shacklebolt ? » dit Fred. « Malefoy, les Mangemorts ont vu Kingsley sur un balai avec moi la nuit où nous avons sorti Harry de Privet Drive. Ils savent qu'il est à au moins des contacts avec l'Ordre. Maintenant que le Ministère est à la disposition des Mangemorts, il a été attaqué et interrogé avec nous tous. »
— « Tonks a évacué tes parents, » dit George, « après avoir fait sortir Hagrid. Elle a été rapide, je vais te le dire. Cela lui a pris environ quinze secondes au total. »
— « Et ? » dit Drago avec impatience. « Où sont-ils ? Dans un refuge ? »
Fred soupira. « N'avons-nous pas déjà dit qu'aucun de nos refuges n'était plus sûr ? Les Mangemorts ont détruit toutes les maisons connectées à l'Ordre dans le pays hier. Elle ne les aura emmenés nulle part à notre connaissance, mais elle n'est pas revenue au Burrow, en tout cas, donc nous n'en avons aucune putain d'idée. »
— « Vous… Vous ne savez pas ? » Sa voix s'élevait maintenant. « Alors, comment suis-je censé les rejoindre ? Où est-elle ? Tonks ? Comment puis-je lui parler ? »
Fred secoua la tête, avec quelque chose comme de la pitié dans son expression. « Tu n'écoutes pas, Malefoy. Tonks, Kingsley et notre père sont les seuls membres de l'Ordre qui travaillent encore au Ministère, et elle a un enfant en route avec Lupin, qui est… oh, c'est vrai… un autre membre de l'Ordre connu. Ils seront surveillés à chaque seconde, tous les jours. »
Drago avait l'impression qu'une cape froide était tombée sur ses épaules. Il revit l'image de ses parents sous polynectar scrutant frénétiquement la foule au mariage, à sa recherche. Maintenant, ils étaient partis. Il n'avait aucun moyen de les retrouver, aucun moyen de savoir s'ils étaient en sécurité, aucun moyen de leur faire savoir qu'il était en sécurité. Sa mère devenait probablement folle d'inquiétude.
Pour une raison quelconque, il se retrouva à regarder vers Granger. Elle le regardait avec ce qu'il reconnaissait désormais comme de l'inquiétude. C'était de la même manière qu'elle avait regardé Potter pendant le discours de Thicknesse.
Drago détourna rapidement le regard, fixant l'élégant tapis, essayant de penser à un plan, à un autre moyen de s'en sortir. Pour le bien de Merlin, il avait trouvé un moyen d'introduire des Mangemorts à Poudlard sous la surveillance d'Albus Dumbledore. Il pourrait sûrement résoudre ce problème.
— « Attendez…, » dit Ron, même si Drago l'entendait à peine. « Etes-vous en train de dire… on dirait que vous dites que l'Ordre est terminé. »
— « Pas exactement », dit George. « Ceux d'entre nous qui prétendent encore être des membres respectables de notre nouvelle société dirigée par les Mangemorts… » Il redressa sa veste en peau de dragon « …devons sauver les apparences, c'est vrai. Mais nous trouverons des moyens de provoquer un peu le chaos. J'espère que nous répandrons la vérité au plus grand nombre de personnes possible. »
Fred haussa les épaules. « Et s'ils nous surprennent… eh bien, quand ils nous surprendront, cela ne pourra pas durer éternellement… alors nous partirons en fuite. Nous avons déjà préparé nos sacs, au cas où. J'espère que nous pourrons nous regrouper avec d'autres membres de l'Ordre, quelque part et former une véritable résistance souterraine. »
Georges soupira. « Les risques sont élevés, cependant. Les Mangemorts qui sont allés chez les parents de Tonks n'étaient pas... eh bien, ils n'étaient pas aussi doux que les nôtres avec nous. »
— « Pas aussi doux ? » dit sèchement Potter. « Que leur est-il arrivé ? »
— « Le Doloris, bien sûr, » dit Fred.
La bouche de Drago devint sèche. Sa main, qui était enroulée autour de la baguette dans sa poche, se resserra sur l'arme. Une sensation de picotement envahit son corps comme si des fourmis se précipitaient sur chaque centimètre carré de sa peau. Il sentit le parquet contre son dos. Il entendit sa mère crier. Un avant-goût, dit le Seigneur des Ténèbres avec mécontentement.
Ron jura bruyamment. « Est-ce qu'ils vont bien ? »
— « Nous ne savons pas », déclara George. « Ça va être difficile de communiquer à partir de maintenant. Personne ne risquera plus les patronus messagers. Les Mangemorts ont promis qu'ils viendraient nous surveiller au hasard. Ils ont fait cet endroit il y a trois heures et ils nous ont fait brûler toutes les marchandises mentionnant Vous-Savez-Qui. Oh, ouais, en parlant de ça, ça me rappelle. Vous quatre êtes de foutus idiots. »
— « Des idiots spectaculaires », a ajouté George.
— « Des imbéciles de classe mondiale avec des veracrasses à la place du cerveau, » approuva Fred. « Au nom de Merlin, qu'est-ce que vous pensiez faire, transplaner dans le bâtiment le plus connu comme étant connecté à l'Ordre en Grande-Bretagne sans avertissement ? »
La main de Drago était si serrée autour de sa baguette maintenant qu'il pensait qu'il pourrait la casser. Les jumeaux avaient raison. Cela avait été une décision idiote. A partir de maintenant, ils ne transplaneraient que sous la cape de Potter, ou désillusionnés.
Cette pensée l'alarma. A partir de maintenant… allait-il vraiment rester avec ces trois-là ? Potter, l'homme le plus recherché de Grande-Bretagne, et ses acolytes ?
Mais que pouvait-il faire d'autre ? Plus il s'éloignait de l'Ordre, plus il s'éloignait de ses parents. Tonks trouverait sûrement un moyen de dire aux autres membres de l'Ordre où ils se trouvaient ? Sûrement Potter, Granger et Weasley reviendraient dans le giron de l'Ordre pendant leur mission ? S'il s'éloignait d'eux, il serait peut-être plus en sécurité, mais sans ses parents, à quoi cela servirait-il ?
— « Nous ne sommes pas venus ici juste pour discuter, » dit Potter, les joues rougies. « Nous avons besoin de votre aide. »
Les visages des jumeaux devinrent sérieux et suspicieux.
— « Attends, » dit George. « Est-ce qu'on va enfin savoir ce que vous avez fait exactement tout l'été ? »
— « Maman était apoplectique », a déclaré Fred. « Nous avons passé quinze bonnes minutes à l'entendre crier à votre sujet au mariage. »
— « Au fait, merci pour ça, » ajouta George. « C'est une bonne distraction du fait que nous avions métamorphosé la décoration du gâteau en bougie Joyeux 78e anniversaire. »
Ron renifla. Potter ne sourit pas. « Je suis désolé », dit-il, « mais nous ne pouvons pas vous dire ce que nous faisons. C'est plus sûr pour vous si vous ne le savez pas. »
— « C'est plus sûr pour nous ? » dit Fred avec indignation. « Nous, puis-je vous le rappeler, avons deux ans de plus que vous trois. » Il jeta un coup d'œil à Drago. « ... vous quatre. »
— « Nous n'essayons pas d'être des héros, ou quoi que ce soit, » dit rapidement Ron. « Je le jure. Nous faisons juste ce que Dumbledore nous a dit. »
Les regards renfrognés des jumeaux disparurent. Ils échangèrent un long regard, puis poussèrent un soupir à l'unisson.
— « Très bien, » dit Fred.
— « Qu'est-ce que vous voulez ? » dit Georges.
— « La Guilde des Charognards », dit Potter. « Ou pouvons-nous les trouver ? »
— « La… » Fred avait l'air déconcerté. « Pourquoi en avez-vous besoin ? »
— « Nous sommes… » Potter échangea un regard impuissant avec Granger et Weasley. « Nous essayons, euh, de trouver quelque chose. »
— « Si vous voulez des objets potentiellement illégaux et malodorants pourquoi ne demandez-vous pas simplement à Mondingus ? » demanda George
— « Ils ne peuvent pas lui demander à Dung, » fit remarquer Fred. « Il a disparu… »
— « Mondingus ! » ne put se retenir Granger.
Drago sursauta. Les autres se tournèrent tous vers elle.
— « Désolé, » murmura-t-elle, les mains sur la bouche. Elle regardait Potter. « Harry, tu… tu te souviens quand nous l'avons vu à Pré-au-lard l'année dernière ? Qu'est-ce qu'il tenait ? »
Drago n'avait aucune idée de ce dont elle parlait, mais Ron et Potter étaient bouche bée eux aussi.
Potter se ressaisit et se retourna. « Comment pouvons-nous trouver Mondingus ? » dit-il.
— « C'est ce que je disais justement, mon pote, » dit Fred avec une légère exaspération. « Il a disparu. Parti. Personne ne l'a vu depuis que nous t'avons emmené de Privet Drive la semaine dernière, et nous étions censés recevoir une livraison de sa part lundi et une autre mercredi. Il n'a jamais manqué une livraison auparavant. »
— « Lâche connard, » marmonna George.
— « C'est un connard non rentable », a ajouté Fred.
— « Il ne peut pas partir, » dit Potter, semblant paniqué. « Pourquoi ? Où est-il allé ? »
Fred haussa les épaules. « Aucune idée. À l'étranger, probablement. »
— « À l'étranger ? »
— « Ouais, » soupira George, « mais c'est évident pourquoi, n'est-ce pas ? Il s'est enfui la nuit où nous sommes venus te chercher. Je parie qu'il pense que nous l'avons tous pris pour un traître. »
— « Je ne suis toujours pas convaincu que ce n'était pas lui, » dit sombrement Fred. « Je n'ai jamais eu de problème avec lui auparavant, mais il n'est pas... eh bien, il n'y a pas grand-chose dans sa tête, si vous voyez ce que je veux dire. »
— « Ouais, » dit George. « Sans la protection de l'Ordre, Dumbledore mort et Fol-Œil mort sous sa surveillance… qu'est-ce qui le retient ? Mondingus est seul. Il n'a pas de famille. Pas de vrais amis, pour autant que je sache. Un peu triste, honnêtement. Ce n'est pas une surprise qu'il est voulu disparaître ».
Drago crut sentir Ron lui jeter un regard, mais quand il lui envoya un regard aigu en retour, le roux détourna ses yeux vers ses frères. Drago sentit une chaleur mutine dans sa poitrine. Il n'avait rien de commun avec un sale voleur. Drago ne voulait pas aller à l'étranger parce qu'il était un lâche, il était juste un pragmatique. D'ailleurs, il ne voulait même pas vraiment aller à l'étranger, il y était contraint par les circonstances, et de plus, il n'était pas encore allé à l'étranger précisément parce qu'il avait de la famille et des amis, donc Weasley pouvait garder ses analogies incorrectes et s'étouffer avec.
Des pas craquèrent sur les bois durs du hall. Ils se sont tous figés.
George jura dans sa barbe. « Fred ! »
Fred hocha la tête, bondit vers Drago et Ron et les saisit par les bras pendant que George faisait de même avec Granger et Potter. Les jumeaux se retournèrent sur place, et avec un craquement, ils disparurent tous, réapparaissant dans une pièce de mêmes dimensions, construite dans le même bois sombre. Drago avait l'impression qu'ils étaient seulement allés dans une autre partie du même bâtiment. Ils se tenaient dans une sorte de salon, rempli de meubles flashy et légèrement criards de quelqu'un qui avait soudainement obtenu une grande quantité d'or et ne savait pas comment le dépenser correctement. Une série de photos de divers Weasley lui indiqua que les jumeaux les avaient emmenés dans leur appartement.
— « Que faites-vous tous les deux ? » dit Ron, regardant alternativement Fred et George. « Pourquoi sommes-nous ici ? »
Fred griffonnait quelque chose avec une plume de paon sur un morceau de parchemin, tandis que George sortait une malle d'une armoire et en sortait un paquet écarlate de tissu et d'épingles.
— « Nous vous l'avons dit, » dit Fred avec urgence, « aucun d'entre vous n'est en sécurité ici. N'importe qui pourrait être là-bas. Harry, voici comment trouver la guilde des Charognards. » Il tendit le morceau de parchemin à Potter.
George poussa le paquet de tissus dans les bras de Ron. « Notre tente. Nous allions l'utiliser nous-mêmes, mais nous pouvons en obtenir une nouvelle à tout moment. Prenez celle-ci et sortez du Chemin de Traverse. »
— « Hors de Londres, » dit fermement Fred.
— « Merci, vous deux, » dit Potter. « Nous vous sommes redevables. »
Drago entendit des pas dans un escalier à proximité et se précipita vers Potter et Granger, qui s'étaient déjà donné les bras. Le visage de Ron était tendu. Le plus jeune Weasley avait l'air de vouloir serrer ses frères dans ses bras, ou dire quelque chose. Les jumeaux durent le comprendre, car ils reculèrent comme un seul et sifflèrent : « Allez-y »
— « Maintenant »
— « A bientôt, » dit Ron, sentant une boule de tristesse se former dans sa gorge.
Drago prit le bras de Granger, et Ron prit celui de Potter. Quelqu'un frappa à la porte juste avant qu'ils ne disparaissent dans un craquement.
Ils apparurent dans une clairière et lâchèrent les bras de chacun.
— « Je suis sûr que ce n'était rien de dangereux, » dit immédiatement Potter à Weasley. « Quand avez-vous déjà entendu un Mangemort frapper poliment ? »
— « Ouais, » dit Weasley en hochant la tête. « Ouais. Je sais, mon pote. Tout va bien. »
— « Où sommes-nous ? » demanda Malefoy en jetant un coup d'œil autour de la clairière. « Est-ce … »
— « La forêt où ils ont organisé la Coupe du Monde de Quidditch, oui, » dit Granger, marchant déjà autour de la clairière en formant un cercle et agitant sa baguette pour faire apparaître des taches chatoyantes dans l'air, comme de la chaleur.
Drago bougea inconfortablement. Pourquoi les avait-elle emmenés ici ? Avait-elle voulu lui rappeler comment ils s'étaient tous rencontrés le soir de la Coupe, lorsque son père était parti défiler ? Il ne se souvenait que de bribes de leur conversation. Il se souvenait surtout d'avoir regardé la marche depuis la lisière de la forêt, d'avoir entendu les gens crier alors que leurs tentes étaient emportées par le vent. Il se souvenait de ce qu'il avait ressenti en regardant. À l'époque, il avait pensé que ce sentiment était de l'amusement ou de l'exaltation, mais rétrospectivement, il réalisa qu'il s'était simplement senti en sécurité, c'est tout. D'autres personnes étaient en danger, mais pas lui. Il avait été dans les arbres, caché dans le noir, et il savait que même si l'un des mangemorts le trouvait, il était un Malefoy, et ils le dépasseraient, peut-être même lui feraient un signe de tête avec déférence. Il était au-dessus du danger.
— « Pourquoi sommes-nous ici ? » demanda-t-il
Quelque chose a dû transparaître dans sa voix, car Granger lui jeta un coup d'œil. « Aucune raison », dit-elle. « C'est le premier endroit qui m'est venu à l'esprit. Qu'est-ce que tu croyais ? »
Il haussa les épaules. « Je ne faisais que demander. »
Ses yeux se plissèrent légèrement.
— « Continue à me regarder comme ça, Granger, » dit-il, « et je pourrais commencer à te prendre pour ton hideux chat. »
— « Ce n'est pas ta meilleure réplique, Malefoy, » dit-elle, se retournant vers le bord de la clairière et agitant à nouveau sa baguette. « Tu perds la main ? »
— « Oh, je suis vraiment désolé de ne pas être assez spirituel après avoir passé la nuit dans une grotte, » dit-il avec aigreur.
Elle a ri. En fait, un rire, claire et franc qu'il n'avait jamais entendue dans une conversation avec elle auparavant. « Spirituel ? » dit-elle. « Est-ce que c'est ce que tu penses être, d'habitude ? »
Il ricana à l'arrière de sa tête. « Eh bien, je te pardonnerais de ne pas reconnaître l'esprit quand tu le vois, vu le genre de compagnie que tu as. »
— « Malefoy, » dit Potter, « as-tu l'intention de faire quelque chose d'utile ? »
Drago se retourna. Weasley et Potter avaient presque fini de monter la tente.
— « Quelle est ma motivation, exactement ? » dit Drago.
Weasley et Potter se renfrognèrent à l'unisson et agitèrent leurs baguettes. L'épine dorsale de la tente s'est mise en place, lui donnant à peu près la forme d'une petite maison avec un pignon. Elle était soyeuse, cramoisie et visiblement chère, même si, comme le reste des biens des jumeaux, elle était plutôt insipide, avec des pompons dorés qui y pendaient et des fils d'or éclaboussés sur ses murs, comme si un lion de Gryffondor avait vomi dessus. Drago ne voulait même pas penser à ce que son père aurait dit, sachant qu'il allait dormir dans un endroit comme celui-ci.
Weasley se baissa et laissa échapper un faible sifflement. « Harry, Hermione, venez voir ça »
— « Oh, ne vous occupez pas de moi, » dit Drago à l'ensemble de la clairière tandis que Granger entrait après Potter. « S'il vous plaît, continuez à m'ignorer. »
Pas de réponse, alors Drago se laissa aller à rouler des yeux et ouvrit le rabat de la tente pour suivre les autres à l'intérieur. La tente s'ouvrait sur un salon confortable avec un long canapé moelleux et deux fauteuils en cuir, des planchers scintillants et un système sans fil sorcier perché sur une cheminée, encore une fois fièrement décoré de photographies de Weasley. Toutes les autres surfaces étaient encombrées de produits, de designs ou de produits de test de Weasley : Farces pour sorcier factieux. Alors que Drago traversait une cuisine équipée d'une grande cuisinière, il jeta un coup d'œil à plusieurs carnets de croquis que les jumeaux avaient laissés ouverts sur la table en chêne. Les pages étaient couvertes d'idées griffonnées, l'écriture de chaque jumeau annotant celle de l'autre :
Une montgolfière qui souffle du chewing-gum ?
- Je ne sais pas si nous voulons être un concurrent des Ballongomes de Bullard.
- Atterrir à Honeydukes pourrait être génial cependant.
Des deltaplanes de poche ?
- Peut-être. Pourrait-on en faire des deltaplanes artisanaux et pliables comme des avions en papier ?
- Pense-tu que nous devons savoir comment fonctionne un avion pour charmer quelque chose comme ça ?
- Je pourrais toujours demander à papa
- NON
Chewing-gum pétard
- Il est bon celui-là ! Murlap pour la réduction des blessures ici !
- Non, espèce d'idiot, quel goût penses-tu que ça aurait
- J'écoute ton idée alors
Drago trouva sa bouche se contracter, menaçant de sourire. Avant qu'un des Gryffondors puisse le voir, il se glissa dans l'une des chambres. Il avait un lit à baldaquin un peu comme les lits des dortoirs des Serpentards, bien que tendu de rideaux rouges et dorés plutôt que verts et argentés. La lumière du soleil tombait en cascade à travers une série de porte-fenêtre encastrées dans le mur et illuminait les draps impeccables du lit, qui coulaient sur un matelas King-size.
— « Il y a des lits pour nous tous, » dit Weasley depuis un autre endroit dans la tente. « Il y a une chambre libre. » Il laissa échapper un rire incrédule.
Je ne veux même pas imaginer à quel point ces deux-là seraient riches s'ils avaient ouvert cette boutique sans qu'une guerre n'éclate.
Après avoir rangé les affaires des jumeaux dans diverses malles, tiroirs et commodes et déballé certaines affaires de Granger du sac de perles, ils retournèrent dehors pour déjeuner. C'était une magnifique journée d'été, suffisamment chaude pour qu'ils abandonnent tous leurs robes extérieures sur l'herbe et retroussent leurs manches de chemise.
Drago était partagé entre s'il devait les rejoindre ou manger ailleurs. D'un côté, il ne voulait pas qu'aucun d'entre eux pense qu'il les appréciait réellement. D'un autre côté, c'était ennuyeux de manger seul, et cela aurait probablement l'air mesquin, voire carrément ridicule, de s'asseoir ailleurs dans la clairière. Il coupa la poire en deux : il s'assit dans le cercle de la clairière mais il se mit à face aux autres, comme s'il n'était là que pour admirer les arbres.
Pendant qu'ils mangeaient leur soupe aux tomates et leur pain au levain, les autres parlaient surtout de la Coupe du Monde de Quidditch. Drago, encore une fois, se sentit déchiré. À un moment donné, Weasley et Potter se disputaient sur le but le plus excitant marqué par l'équipe irlandaise, et ils oubliaient évidemment le spectaculaire retour que Troy avait réussi à la douzième minute. Si cela avait été Crabbe et Goyle, Drago serait intervenu et l'aurait raconté avec des détails merveilleux, mais l'idée de s'enthousiasmer sur le Quidditch avec ces trois-là sonnait profondément faux.
— « Je pensais que l'aspect congrégationnel était très intéressant », déclara Granger. « Je veux dire, quelle autre chance avons-nous de nous réunir à une si grande échelle ? J'aurais aimé que nous puissions rencontrer davantage de personnes d'autres pays. »
— « Mm, » grogna Weasley. « Je pense que nous avons rencontré beaucoup de gens d'autres pays cette année-là. »
Granger devint rouge et Drago réalisa de quoi Weasley parlait. Il se souvenait de Granger descendant le grand escalier au bal de Noël avec Viktor Krum, ses cheveux retenus de son visage et de son cou, sa robe bleue semblant flotter autour d'elle. Lui et Pansy n'avaient pas pu avoir une véritable conversation pendant dix minutes après cela. Quand ils avaient essayé de se moquer de Granger, c'étaient des critiques sur les goûts de Krum qui semblaient stupides même à dire, alors finalement ils avaient simplement laissé tomber et étaient partis à la recherche des autres.
Une fois leurs bols vides, les discussions sur la Coupe se sont finies. Il fallait revenir à la réalité.
— « Alors, » dit Weasley. « Quel est notre plan ? »
Drago s'inclina légèrement davantage vers le groupe.
— « Nous avons besoin de l'épée pour nous débarrasser de ce diadème, » dit Potter. « Mais comment sommes-nous censés savoir où le Ministère le garde ? »
— « J'y ai pensé aussi, » dit Granger. « Et je ne pense plus que l'épée soit au Ministère. »
— « Pourquoi pas ? »
— « N'as-tu pas entendu ce qu'ils ont dit pendant ce discours ? Quand ils parlaient de tout ce que tu étais censé avoir fait ? »
L'expression de Potter s'assombrit. « C'était difficile de le rater, Hermione. »
— « Non, non, » dit-elle rapidement. « Je veux dire, ils ont mentionné le Département des Mystères, mais ensuite, juste après, ils ont dit : Nous avons des raisons de croire qu'il a effectué une descente similaire sur le Ministère pas plus tard que cette semaine. Et j'ai pensé, eh bien, c'est un drôle de mensonge à inventer, d'autant plus que le reste était constitué de choses qui s'étaient produites, mais qu'ils tournaient pour te mettre sous un jour négatif. Mais et s'ils n'inventaient rien ? Et si quelque chose avait été volé au Ministère, quelque chose ayant un lien avec vous ? »
Drago se sentait légèrement incrédule. C'était une chose de mémoriser des lignes de manuels mais Granger se souvenait-elle aussi de chaque mot qu'elle avait entendu ?
— « Mais c'est encore pire, » dit Weasley. « Si quelqu'un a pris l'épée, et nous ne savons pas qui, cela nous empêche encore plus de mettre la main dessus. »
Drago secoua la tête. « C'est mieux que le Seigneur des Ténèbres l'ait. »
— « Ah ouais ? » dit Weasley. « Comment savons-nous que ce n'est pas un Mangemort qui l'a piqué ? »
— « Je ne pense pas, Ron, » dit Granger. « Si elle était avec un Mangemort, cela n'aurait pas semblé être un problème pour Thicknesse, n'est-ce pas ? » Elle se mordit la lèvre. « Je pense que Malefoy a raison. Peut-être que nous sommes plus loin de l'épée, mais au moins nous savons qu'elle n'est pas sur le point d'être transformée en un autre Horcruxe. C'est déjà quelque chose. »
— « Mais est-ce qu'on le sait, vraiment ? » dit Weasley. « Je veux dire, c'est une excellente théorie, Hermione, mais ce n'est pas vraiment une preuve solide, n'est-ce pas ? »
— « Non, ça ne l'est pas », dit Potter.
— « Tu ferais mieux d'espérer qu'elle a raison, » dit Drago. « Quelle est votre alternative, si l'épée est toujours là ? Te presser au Ministère pour qu'il fasse exactement ce qu'il vient de prévenir à un millier de personnes que vous feriez ? »
— « Nous pourrions trouver un moyen, » dit Potter, lançant un regard noir à Drago.
Drago haussa les épaules. « Ouais, bien sûr. Et combien de temps cela prendra-t-il ? Un mois ? Si les Mangemorts n'ont pas déjà réalisé que les affaires de Dumbledore se trouvent au Ministère, ses funérailles le leur rappelleront sûrement. Elles auront lieu demain, sinon plus tôt. »
— « Nous pourrions utiliser le diadème, » dit Granger.
Ils hésitèrent tous, regardant le sac de perles de Granger, qui gisait sur l'herbe entre eux. Comme personne ne s'y opposait, elle tendit la main, en sortit le diadème et le plaça sur sa tête.
Comme hier, le diadème semblait effacer toutes les fines rides d'inquiétude sur le visage de Granger. Drago se demanda si la célèbre et vaniteuse Serdaigle y avait aussi ajouté une sorte de charme de beauté, car avec le délicat diadème sur son front et ses yeux fermés, le tumulte de ses cheveux éclairés par derrière par le soleil de l'après-midi, Granger avait soudain l'air… eh bien, beaucoup plus comme la fille du bal de Noël.
— « Alors, des ondes cérébrales ? » demanda Weasley.
Granger ne répondit pas. Une autre minute s'écoula avant qu'elle n'ouvre les yeux.
— « Je ne pense pas qu'il nous manque quoi que ce soit », a-t-elle déclaré. « Pas de liens évidents ni de petits raccourcis comme les crocs de Basilic. Quant aux moyens d'entrer au Ministère, je pense que la plupart de ces scénarios nécessiteraient à la fois un lot de Polynectar et une très bonne organisation. Je pense que c'est vraiment notre meilleure chance d'espérer que quelqu'un d'autre ai pris l'épée. »
— « Super, » dit Weasley d'un ton maussade, s'allongeant sur l'herbe et regardant les nuages blancs duveteux.
— « Ce discours, » dit Potter en fronçant les sourcils. « Il y a des parties que je ne comprends pas. La présence obligatoire à Poudlard ? De quoi s'agissait-il ? »
— « Informations démographiques, » dit Drago.
Ils le regardèrent tous.
— « Ils ont dit que les formulaires d'inscription incluraient des informations démographiques de base, » dit Drago, arrachant plusieurs brins d'herbe du sol et séparant les longs brins verts. « Cela signifie le statut sanguin. Si vous notez sang-mêlé, il y aura des lignes pour que vous puissiez indiquer le statut sanguin de vos parents, et si vous notez le statut sanguin de vos parents, comme étant des Sang-de… » Il s'interrompit. Il y eut une pause courte mais extrêmement inconfortable. « Né Moldu, » marmonna-t-il, « Alors, eh bien. Ils le sauront, n'est-ce pas. »
Lorsqu'il leva les yeux vers les autres, ils parurent tous légèrement abasourdis.
— « Quoi ? » leur lança-t-il d'un ton sec.
Potter et Weasley détournèrent immédiatement le regard. Drago jeta un coup d'œil à Granger, qui arborait ce regard surpris et curieux qu'elle avait arboré dans la chambre de Weasley, lorsqu'elle avait vu sa marque. La surprise, réalisa-t-il, était qu'il ne lui avait pas fait de mal.
À son immense irritation, il sentit ses joues devenir légèrement chaudes. Il se moquait d'elle, plus pour quelque chose à voir avec son visage qu'autre chose, et baissa les yeux sur l'herbe dans sa paume, la déchirant avec plus de véhémence.
— « Est-ce un plan dont tu les as entendu parler ? » dit Potter. « L'année dernière ? »
Drago laissa échapper un rire moqueur. C'était un soulagement de laisser échapper un peu de tension.
— « Mon Dieu, Potter, tu penses vraiment qu'ils m'ont laissé entendre quelque chose d'important l'année dernière ? J'étais censé mourir en tuant Dumbledore. Dumbledore est un Legilimens. Réfléchis. » Il jeta l'herbe de sa main. « C'est pourquoi Bellatrix voulait que j'apprenne l'Occlumencie, je suppose, mais si Dumbledore avait vraiment voulu obtenir quelque chose de moi, il aurait pu. » Il secoua la tête. Maintenant qu'il y pensait, il était idiot que Dumbledore n'ait pas au moins jeté un regard sur le contenu de son esprit pour s'assurer qu'il n'avait pas menti sur tout.
— « Alors comment savais-tu tout cela à propos des formulaires ? » dit Weasley.
Drago haussa les épaules. « C'est juste… c'est ce que cela signifie. Des informations démographiques. Les gens parlent de statut sanguin quand ils disent cela. »
— « Je n'ai jamais entendu ça, » dit Weasley.
Drago haussa un sourcil. « Ouais, eh bien, tu n'étais pas vraiment dans les bons cercles pour ça, n'est-ce pas, Weasley. »
— « Bien, » répliqua Weasley.
Drago soupira. Mon Dieu, il était tellement épuisant.
— « Et, euh, que feront-ils une fois qu'ils seront au courant de… tout ça ? » demanda Potter.
— « Dis-moi, Potter. Ils sont évidemment en train de faire une liste. Je ne sais pas ce qu'ils vont faire, mais je ne voudrais pas y figurer. »
Weasley et Potter regardèrent tous les deux Granger. Elle leva les épaules.
— « Je ne pense pas que cela compte vraiment pour moi », a-t-elle souligné, « car je suis en fuite avec Harry Potter. »
Potter laissa échapper un petit rire. « Très bien, » dit Weasley, semblant légèrement rassuré.
— « Hermione, » dit Potter quelque peu soudainement. « Tu portes toujours le diadème. »
Une de ses mains se leva pour le toucher. « Et ? »
— « Je ne pense pas que nous devrions le porter plus que nécessaire. »
— « Harry, je me sens bien. S'il y avait eu une malédiction dessus, elle aurait été activée immédiatement. »
— « Mais nous n'en avons pas besoin pour le moment, » dit Weasley, regardant également le diadème avec méfiance. « Range-le, tu veux ? »
— « Je ne sais pas… »
Drago tendit la main et arracha le diadème des cheveux de Granger.
Au moment où il quitta sa tête, il vit ses épaules s'affaisser d'un pouce et l'inquiétude revint dans son expression.
Elle cligna rapidement des yeux, comme si elle sortait d'une transe, et lança à Drago un regard agacé.
— « Tu n'avais pas besoin de faire ça, » dit-elle assez brusquement, lui arrachant le diadème des mains.
Drago ne répondit pas, l'étudiant tandis qu'elle replaçait le diadème dans le sac. Il y avait quelque chose d'un peu trop prudent dans la façon dont elle s'y prenait.
Potter ne l'avait pas vu. Il scannait le parchemin que Fred lui avait donné.
— « Si nous n'avons pas de piste pour l'épée, alors nous pouvons essayer cette piste pour le médaillon. Il semblerait que la guilde des charognards vienne sur le Chemin de Traverse une fois par mois, à la nouvelle lune. » Il leva les yeux vers le ciel. La lune pendait dans le ciel de l'après-midi, légèrement oblongue, comme un ongle. Il fronça les sourcils. « Donc ils ne seront pas là avant quelques semaines. … Mais Fred nous a donné un mot de passe pour entrer dans les arrière-salles et parler aux Charognards eux-mêmes. Il dit d'apporter de l'or pour marchander si ce sont des informations que nous voulons. »
Drago se tourna enfin pour leur faire face à tous les trois. « Très bien, » dit-il. « Comme il semble que je vais m'occuper de ça… de ta quête jusqu'à ce que je découvre où sont mes parents, tu peux aussi bien me dire ce que tu sais. Comment as-tu découvert ces choses Horcruxes ? Dans quelle grotte étais-tu ? Celle dont tu parlais, hier »
Tous les trois échangèrent un de leurs regards.
— « Très bien, » dit Potter. « Nous n'avons pas beaucoup d'informations avec lesquelles travailler, mais… »
— « Non, » éclata Weasley.
Trois paires d'yeux se fixèrent sur son visage couvert de taches de rousseur.
— « Écoute, je suis désolé, » dit-il, « mais Harry, je ne pense pas que nous devrions lui dire autre chose. Et Malefoy, une fois que nous aurons une idée de l'endroit où sont tes parents, je pense que tu devrais accepter que nous procédions à un charme de mémoire sur toi. »
Drago se redressa. « Excuse-moi ? »
Weasley n'était pas déconcerté. « Tu m'as entendu. Ensuite, tu pourras retourner te cacher et tu ne seras pas tenté d'aller voir Tu-Sais-Qui avec tout ça. Je sais, je sais, Dumbledore a dit que tu ne pouvais pas revenir en arrière parce que tu n'avais pas fait ton travail. Mais Dumbledore est mort maintenant. Cela n'a pas tellement d'importance que tu ne l'aies pas fait. Peut-être que Tu-Sais-Qui accepterait de te reprendre. »
— « Ron, » marmonna Potter, l'air mal à l'aise, « est-ce que tu essaies de le convaincre ? »
— « Non, je ne le suis pas. Mais c'est comme ça qu'il a pensé toute sa vie. Il est resté coincé avec nous jusqu'à présent parce que c'était pratique. Il ne se soucie pas vraiment de détruire les Horcruxes. Il ne se soucie pas vraiment de combattre les Mangemorts, ou de tout ce qu'ils représentent. Pas vrai ? » dit Weasley en se tournant vers Drago.
Drago se sentait complètement aveuglé. Il ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit.
— « Tu vois ? » dit Weasley. « Il n'est même pas capable de le dire ! Il ne mentira même pas pour sauver sa peau ! »
— « Ron, » dit doucement Granger. « Je ne sais pas si tu es juste. »
— « Je ne suis pas juste ? envers lui ? »
— « Nous savons comment Vous-Savez-Qui traite les Mangemorts, » dit Granger, sans regarder Drago. « Tu sais ce qu'il… » Elle déglutit et répéta, « comment il les traite. Si on t'avait inculqué ce genre de loyauté… »
— « Mais cela ne lui a pas été imposé, Hermione, » insista Weasley, « c'est ce qu'il a choisi, toute sa vie. Regardez comment il traite Hagrid. Vous souvenez-vous de la cinquième année ? Rita Skeeter ? N'étais-tu pas celle qui était si furieuse que tu avais déclaré la guerre à cette femme ? Regarde comment il traite tout le monde. Même ses propres amis ! »
Drago ressentit une pointe de colère. « Comment sais-tu comment je traite mes amis ? » cracha-t-il. C'était assez surréaliste que Weasley reste assis là et dise ces choses comme s'il ne pouvait pas les entendre, mais pour se souvenir de ses amis, qu'il ne reverrait peut-être jamais, qui pensaient qu'il gisait dans un complot funéraire…
— « Parce que nous avons des yeux et des oreilles, Malefoy, » dit Weasley avec un rire incrédule. « Oh, et peut-être parce qu'au cours de notre deuxième année, Harry et moi nous nous sommes transformé en Crabbe et Goyle grâce au polynectar pour pouvoir te parler sans que tu le saches. C'est comme ça que nous avons su où se trouvait la salle commune des Serpentard. Je veux dire, Merlin, tu n'es même pas gentil avec eux. Tout ce que tu leur dis n'est qu'un rappel de la grandeur que tu penses être, de l'importance que tu accordes à ta vie. Je n'aurais jamais pensé sympathiser avec Crabbe et Goyle, mais je ne sais pas comment ils ont fait pour te supporter. »
— « Tais-toi, » grogna Drago. « Tu te tais à propos de mes amis, Weasley. Je te préviens. » Il était debout, regardant les trois Gryffondors. Ils se levèrent également. « Merlin, tu es insupportable. Tu as eu une conversation avec moi en deuxième année et tu penses comprendre… »
— « Je comprends que tu ferais tout pour sauver ta peau. Et tu sais quoi ? » Weasley leva les mains. « Comme tu veux. Fais comme tu veux. Sois le genre de personne horrible que tu veux être. Mais ne t'attends pas à ce que l'on te fasse confiance. » Il laissa échapper un rire sans humour. « Tu te souviens de ce que tu as dit à Hermione la dernière fois que nous étions ici ? Tu as laissé entendre qu'elle n'était même pas une sorcière. »
— « Ron, » dit Granger. « S'il te plaît, ne fais pas … »
— « Alors quoi, tu oublies tout ça et je suis censé avoir pitié de toi ? » demanda Weasley. « Je ne crois pas. Tu peux venir avec nous si tu le souhaites, jusqu'à ce que tu puisses retourner chez tes parents. Mais je ne te dis pas un mot, et… » Il se tourna vers Granger et Potter, qui avaient tous deux l'air assez surpris. « … vous pouvez faire ce que vous voulez, évidemment, mais je pense que vous seriez vraiment idiots de lui faire confiance. Je suis sérieux. »
Drago laissa le silence s'envenimer pendant un moment. Puis il dit : « As-tu fini, Weasley ? Tu te sens comme un homme maintenant ? »
Weasley laissa échapper un autre petit rire. « Tu vois ? » il a dit. « Complètement inutile. »
Il entra en trombe dans la tente. Potter le suivit immédiatement, même s'il lança un regard quelque peu paniqué à Granger.
Drago restait là en silence avec elle, attendant qu'elle suive les autres. Elle ne le fit pas.
— « Quoi ? » dit-il grossièrement. « T'essaies de réfléchir pour ajouter quelque chose ? Je suis presque sûr que Weasley a tout couvert. »
— « Non, je ne pense pas qu'il l'ait fait. »
Il la regarda avec incrédulité. Allait-elle vraiment en rajouter après ça ?
Puis elle a dit : « Tu... tu m'as sauvé la vie au mariage. »
Le cœur de Drago semblait manquer un battement.
— « Et tu as toujours la Marque. Tu aurais pu amener Tu-Sais-Qui ici, et je pense qu'il t'aurait même pardonné si tu lui avais donné Harry. Mais tu ne l'as pas fait. Pourquoi ? »
Drago leva les yeux vers le ciel bleu et voulait désespérément être seul, ou avec ses parents, qui auraient connu les réponses à ces questions et les auraient acceptées en silence, sans rien exiger de lui.
Granger soupira. « C'est ce que j'essayais de lui dire », a-t-elle déclaré. « Il n'y a pas que les questions incriminantes auxquelles il est difficile de répondre. »
— « Granger, je n'ai pas besoin de ta charité, » rétorqua Drago. Mais alors même que ces mots sortaient, il ne savait pas pourquoi il les prononçait. Elle n'agissait pas comme Weasley. Il avait fait la même chose ce matin-là, à flanc de montagne ; il l'avait accusée de soupçonner le pire de sa part, il le lui avait arraché. Essayait-il de la faire agir comme Weasley ? Essayait-il de la forcer à avouer, de lui faire admettre qu'elle aussi le détesterait toujours, qu'elle ne le considérerait jamais comme étant pardonnable ou même compréhensible ?
— « Je suis désolé, » dit-il soudainement, avec tout aussi peu de contrôle. « Je ne l'ai pas fait… je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. »
Ils se regardèrent. Il se rendit compte qu'il ne s'était jamais excusé auprès de personne à Gryffondor pour quoi que ce soit auparavant, et qu'il ne s'était peut-être jamais excusé auprès d'aucun de ses camarades de classe.
Il écarta ses cheveux de ses yeux. Cela devenait trop long, des brins de cheveux se mettaient toujours en périphérie de sa vision.
— « Est-ce que tes parents savent ce que tu fais ? » demanda-t-il. « Est-ce qu'ils savent que tu fais des choses comme... comme mettre ce truc sur ta tête sans même savoir si cela allait essayer de te tuer ? Ne penses-tu pas que les Mangemorts les poursuivront dès que tu seras repéré avec Potter ? »
— « Bien sûr qu'ils le feront, » dit Granger. « C'est pourquoi je les ai envoyés loin. »
— « C'est … quoi ? »
Elle tenait le sac de perles dans sa main et baissa les yeux sur ses chaussures.
— « J'ai modifié leurs souvenirs. Ils sont partis en Australie, et si je ne brise pas le charme, ils ne reviendront pas. Ils y seront en sécurité, là-bas »
— « Tu as dit qu'ils étaient en vacances. Quand nous étions chez toi, tu as dit… »
— « J'ai menti, Malefoy. »
Il dut chercher ses mots pendant plusieurs longs instants, mais quand il dit : « Comment as-tu pu… »
— « Parce que je devais le faire, évidemment. » l'interrompit-elle.
— « Tu n'étais pas obligé. Tu aurais pu abandonner cette quête insensée et partir avec eux. »
— « Quoi, et laisser tout le monde ici souffrir de ce qui se passe ? » dit-elle en élevant la voix. « Harry et Ron et tous les autres nés-moldus du pays ? Quand cette quête insensée pourrait mettre fin à tout ça ? »
Oui, pensa Drago. Vous choisissez ce dont vous voulez vous occuper et vous en prenez soin. Laisse le reste.
Elle secoua la tête. « Reste juste loin de Ron pour le moment. Il met du temps à se calmer. Je… je vais aller lui parler. »
Elle hésita devant le rabat de la tente, mais se faufila sans se retourner.
